Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
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Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Je dois pour commencer, préciser que je considère que la carrière de Woody Allen s'est arrêtée avec "Tout le monde dit I love you", et que ce film fut la porte d’entrée d’un cinéaste que j’estimais dans le monde dorée de la bourgeoisie. C’est-à-dire la marque d’un renoncement qui consiste à élucider toutes les images, à réduire les doutes pour s’assurer d’un confort mental. A choisir la voie de l’apaisement, plutôt que le conflit dans les représentations.
Match Point est un grand miroir vide, qui sous couvert de dépeindre une classe sociale ne fait qu’énumérer des lieux communs et qui puise dans le téléfilm son scénario vaguement repiqué sur Agatha Christie et la collection Arlequin.
Il n’y a plus que des surfaces dans le cinéma de Woody Allen, plus que des apparences de réalité et rien n’est plus interrogé avec cette fébrilité comique, maladroite qui faisait tout son sel. Désormais, c’est un Woody intégré, light qui découpe des figures en deux dimensions et les déplace sans bonheur du jeu, sans grande inventivité dans des sortes de maisons de poupée.
Voilà un film en papier glacé et dont les enjeux ont disparus, ont été remplacés par des imitations. Ce n’est plus du cinéma, c’est une vitrine.
C’est une capitulation complète devant l’esprit bourgeois du temps et les produits intellectuels chics et tocs.
Et Woody ne semble plus en mesure de disputer à son modèle, sa part artistique. On est même à deux doigts de la parodie (au sens originel de ce mot, celui de copie dévaluée). Une polycopie faite rapidement à la machine qui reprend les grands traits d’une œuvre, sans en écouter la substance.
Bref, j’ai été désolé durant tout le film. Et je n’ose répéter tout ce qui m’est passé par la tête, le regardant. Je pourrais presque devenir insultant. Car je n’ai jamais eu aucun respect pour les imitateurs qui désincarnent les images pour en faire des vignettes.
Sinon, le film n’est pas nul. Il fait beaucoup pour le faire croire. A un spectateur insensible, il offre même un joli défilé de ce qu’il est en droit d’attendre, il déploie sa petite féérie de thèmes convenus, de beaux garçons, de blondes sensuelles, façon figaro Madame sur musique d’opéra.
Et c’est un naufrage sous l’image léchée. Ou plutôt une croisière avec buffet. Un naufrage demande de l’ambition…
Alors qu’ici, on reste tranquillement dans le premier degré de l’image. Ce que je vois est ce qui est. Il n’y a rien en dehors, ni au-dessus, ni en bas.
Et le tout est chapeauté par une sorte de bon goût un peu faisandé pour la culture (ici l’opéra) pour faire accroire au spectateur qu’il s’agit d’un spectacle de qualité. Et qu’il y a encore un capitaine à bord qui possède un point de vu alors que tout est perverti.
J'ai été d'autant plus surpris de ne pas supporter "Matchpoint" qu'autour de moi, et partout dans les journaux, personne ne semble s'apercevoir de la supercherie et que tous considèrent ce Woody Allen comme une oeuvre importante de l’auteur. Le film fut d'ailleurs un grand succès au box-office.
Alors je vous pose la question, non pas pour savoir si vous avez aimé ou pas, mais si regardant le film vous avez ressenti son échec. Si effectivement, vous voyez à l’écran ce que j’ai vu : un parfait exemple de pharisaïsme.
Et je précise que Vicky Barcelona, est à mes yeux encore pire. Et pour le coup, un mauvais petit fantasme de vieux touriste séducteur qui a trop lu « Maisons et jardins ».
Match Point est un grand miroir vide, qui sous couvert de dépeindre une classe sociale ne fait qu’énumérer des lieux communs et qui puise dans le téléfilm son scénario vaguement repiqué sur Agatha Christie et la collection Arlequin.
Il n’y a plus que des surfaces dans le cinéma de Woody Allen, plus que des apparences de réalité et rien n’est plus interrogé avec cette fébrilité comique, maladroite qui faisait tout son sel. Désormais, c’est un Woody intégré, light qui découpe des figures en deux dimensions et les déplace sans bonheur du jeu, sans grande inventivité dans des sortes de maisons de poupée.
Voilà un film en papier glacé et dont les enjeux ont disparus, ont été remplacés par des imitations. Ce n’est plus du cinéma, c’est une vitrine.
C’est une capitulation complète devant l’esprit bourgeois du temps et les produits intellectuels chics et tocs.
Et Woody ne semble plus en mesure de disputer à son modèle, sa part artistique. On est même à deux doigts de la parodie (au sens originel de ce mot, celui de copie dévaluée). Une polycopie faite rapidement à la machine qui reprend les grands traits d’une œuvre, sans en écouter la substance.
Bref, j’ai été désolé durant tout le film. Et je n’ose répéter tout ce qui m’est passé par la tête, le regardant. Je pourrais presque devenir insultant. Car je n’ai jamais eu aucun respect pour les imitateurs qui désincarnent les images pour en faire des vignettes.
Sinon, le film n’est pas nul. Il fait beaucoup pour le faire croire. A un spectateur insensible, il offre même un joli défilé de ce qu’il est en droit d’attendre, il déploie sa petite féérie de thèmes convenus, de beaux garçons, de blondes sensuelles, façon figaro Madame sur musique d’opéra.
Et c’est un naufrage sous l’image léchée. Ou plutôt une croisière avec buffet. Un naufrage demande de l’ambition…
Alors qu’ici, on reste tranquillement dans le premier degré de l’image. Ce que je vois est ce qui est. Il n’y a rien en dehors, ni au-dessus, ni en bas.
Et le tout est chapeauté par une sorte de bon goût un peu faisandé pour la culture (ici l’opéra) pour faire accroire au spectateur qu’il s’agit d’un spectacle de qualité. Et qu’il y a encore un capitaine à bord qui possède un point de vu alors que tout est perverti.
J'ai été d'autant plus surpris de ne pas supporter "Matchpoint" qu'autour de moi, et partout dans les journaux, personne ne semble s'apercevoir de la supercherie et que tous considèrent ce Woody Allen comme une oeuvre importante de l’auteur. Le film fut d'ailleurs un grand succès au box-office.
Alors je vous pose la question, non pas pour savoir si vous avez aimé ou pas, mais si regardant le film vous avez ressenti son échec. Si effectivement, vous voyez à l’écran ce que j’ai vu : un parfait exemple de pharisaïsme.
Et je précise que Vicky Barcelona, est à mes yeux encore pire. Et pour le coup, un mauvais petit fantasme de vieux touriste séducteur qui a trop lu « Maisons et jardins ».
Dernière édition par Rotor le Mar 22 Fév 2011 - 13:07, édité 1 fois
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Hello,
J'ai un souvenir assez vague de Match Point, mais un souvenir plutôt bon, d'un film cruel et ludique. Pourtant je ne crois pas que le film résisterait à une nouvelle vision tant tout ce que tu en dis s'applique effectivement à Vicky... et à J'ai rencontré un bel et sombre inconnu.
Maintenant, j'arrête de voir ses films, comme Eastwood du reste...
Certains cinéastes devraient prendre leur retraite à 60 ans, non ?
J'ai un souvenir assez vague de Match Point, mais un souvenir plutôt bon, d'un film cruel et ludique. Pourtant je ne crois pas que le film résisterait à une nouvelle vision tant tout ce que tu en dis s'applique effectivement à Vicky... et à J'ai rencontré un bel et sombre inconnu.
Maintenant, j'arrête de voir ses films, comme Eastwood du reste...
Certains cinéastes devraient prendre leur retraite à 60 ans, non ?
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
En réalité, je crois que la supercherie de ce film est plus profonde. Que ce n'est pas seulement un film moyen, ou limité mais un parfait exemple de fausse monnaie.
Quelque chose qui sous le déguisement est devenu entièrement mécanique. Que c'est film d'automate. Qui n'est pas du tout ludique en réalité (puisque le jeu suppose une innocence, une gratuité, une dépense) alors qu'ici Woody Allen a complètement bradé son cinéma du contre-pied, pour le remplacer par une sorte d'apparence vertueuse de ce qui était autrefois son don.
Ce n'est pas qu'il s'imite lui-même (ce qui est courant chez les cinéastes vieillissants), c'est qu'il se ment à lui-même, qu'il a renoncé à toutes les spécificités de son cinéma pour adopter le style international, médiatique, de communication.
Et pour moi, c'est exactement comme s'il avait réalisé son film avec Hugues Grant à lui. Et que le geste créateur était devenu publicitaire.
Voir Woody Allen tenter d'imiter les recettes des articles de magazines masculins, épouser l'idéologie de la séduction, du glamour factice et se prendre pour un esthète, c'est assez risible pour un intellectuel juif, qui a réalisé tant de films excellents sur le doute, l'humour et la peur de déplaire. Qui était incapable d'aborder une idée sans la rendre délicieusement bavarde. Qui faisait germer ses dialogues dans un esprit buissonnier. Et tout son génie était dans ce charme maladroit, qui avait ses racines dans la psychanalyse et la judéité.
Alors que dans Match Point, tout est truqué et les fleurs sont en plastique. Ça sent l'esprit d'entreprise et la moquette de grand hôtel et ça me choque énormément de sa part qu'il se laisse aller à croire que là est sa nouvelle vie.
Sinon pour Eastwood, je ne peux pas vous répondre, il n'a jamais été à mes yeux un cinéaste majeur et je n'ai suivi qu'épisodiquement. Si je devais comparer ce qui arrive à Woody Allen, je penserai plutôt à Polanski dont la carrière a connu une éclipse totale de 1979 à 2010.
Quelque chose qui sous le déguisement est devenu entièrement mécanique. Que c'est film d'automate. Qui n'est pas du tout ludique en réalité (puisque le jeu suppose une innocence, une gratuité, une dépense) alors qu'ici Woody Allen a complètement bradé son cinéma du contre-pied, pour le remplacer par une sorte d'apparence vertueuse de ce qui était autrefois son don.
Ce n'est pas qu'il s'imite lui-même (ce qui est courant chez les cinéastes vieillissants), c'est qu'il se ment à lui-même, qu'il a renoncé à toutes les spécificités de son cinéma pour adopter le style international, médiatique, de communication.
Et pour moi, c'est exactement comme s'il avait réalisé son film avec Hugues Grant à lui. Et que le geste créateur était devenu publicitaire.
Voir Woody Allen tenter d'imiter les recettes des articles de magazines masculins, épouser l'idéologie de la séduction, du glamour factice et se prendre pour un esthète, c'est assez risible pour un intellectuel juif, qui a réalisé tant de films excellents sur le doute, l'humour et la peur de déplaire. Qui était incapable d'aborder une idée sans la rendre délicieusement bavarde. Qui faisait germer ses dialogues dans un esprit buissonnier. Et tout son génie était dans ce charme maladroit, qui avait ses racines dans la psychanalyse et la judéité.
Alors que dans Match Point, tout est truqué et les fleurs sont en plastique. Ça sent l'esprit d'entreprise et la moquette de grand hôtel et ça me choque énormément de sa part qu'il se laisse aller à croire que là est sa nouvelle vie.
Sinon pour Eastwood, je ne peux pas vous répondre, il n'a jamais été à mes yeux un cinéaste majeur et je n'ai suivi qu'épisodiquement. Si je devais comparer ce qui arrive à Woody Allen, je penserai plutôt à Polanski dont la carrière a connu une éclipse totale de 1979 à 2010.
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
il joue surtout à persécuter Scarlett, enfin il fait persécuter l'américaine par les anglais ( ou l'art contre la finance ..).
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Ah ! Je ne vois pas trop en quoi Scarlett est persécutée. Vous devriez m'expliquer.
D'ailleurs, c'est le seul personnage intéressant du film, qui dénote un peu. Qui paraît hors-cadre.
Malheureusement, personne n'accède à l'existence dans ce long-métrage, même pas Scarlett qui reste tout de même très conventionnelle dans son rôle de blonde sensuelle qui se laisse dévorer.
Regardez en comparaison "Hanna et ses soeurs" où les motivations de chacun sont infiniment moins soulignées, moins lisibles, et plus justes. Ou écoutez les dialogues de Keaton et Allen dans "Manhattan", où la parole n'est pas seulement un énoncé mais va puiser dans le second degré.
C'est très fragile, peut-être un peu délicat mais dans l'intervalle, il y a vraiment un monde entre le Woody performatif d'aujourd'hui (culturiste de la culture) et l'ancien Pierrot si intelligent.
D'ailleurs, c'est le seul personnage intéressant du film, qui dénote un peu. Qui paraît hors-cadre.
Malheureusement, personne n'accède à l'existence dans ce long-métrage, même pas Scarlett qui reste tout de même très conventionnelle dans son rôle de blonde sensuelle qui se laisse dévorer.
Regardez en comparaison "Hanna et ses soeurs" où les motivations de chacun sont infiniment moins soulignées, moins lisibles, et plus justes. Ou écoutez les dialogues de Keaton et Allen dans "Manhattan", où la parole n'est pas seulement un énoncé mais va puiser dans le second degré.
C'est très fragile, peut-être un peu délicat mais dans l'intervalle, il y a vraiment un monde entre le Woody performatif d'aujourd'hui (culturiste de la culture) et l'ancien Pierrot si intelligent.
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Hello,
Je me souviens pas du tout de ce que j'avais pensé de Match Point, je m'intéressais pas vraiment au cinéma à l'époque, j'avais dû juste me dire en sortant de la salle que je trouvais pas ça si bien que tout le monde le disait. Je crois en fait que j'avais rien compris au film. Depuis j'ai vu d'autres films de WA, ceux que tu cites, les "classiques", et Vicky Christina Barcelona, etc, et je crois que j'en ai aimé aucun.
Je vois pas vraiment la différence entre tous ces films, à mon sens y a pas d'un côté les bons, de l'autre les mauvais.
Simplement, c'est toujours la même chose, toujours Woody Allen, non pas le style, mais l'homme, un sûrement très sympathique joueur de clarinette, un type qui a de l'humour, qui fait rire, mais pas du tout un cinéaste.
Par contre je crois pas que Match Point soit un mauvais film parce que ça sent l'esprit d'entreprise et la moquette de grand hôtel. Dans beaucoup de films de Godard, de Lubitsch, etc., ça sent la moquette de grand hôtel, beaucoup de romans de Balzac l'esprit d'entreprise.
Et ce que tu dis ici Rotor :
me semble bien plus correspondre à un film comme "Hannah et ses soeurs", par exemple (la déclaration d'amour à telle page de tel livre très rare de poésie dans une librairie new-yorkaise très pittoresque...).
Si j'ai le courage un jour de revoir Match Point, peut-être trouverais-je ce film le moins pire de tous les Woody Allen, finalement... c'est peut-être celui qui lui est le plus étranger.
Je me souviens pas du tout de ce que j'avais pensé de Match Point, je m'intéressais pas vraiment au cinéma à l'époque, j'avais dû juste me dire en sortant de la salle que je trouvais pas ça si bien que tout le monde le disait. Je crois en fait que j'avais rien compris au film. Depuis j'ai vu d'autres films de WA, ceux que tu cites, les "classiques", et Vicky Christina Barcelona, etc, et je crois que j'en ai aimé aucun.
Je vois pas vraiment la différence entre tous ces films, à mon sens y a pas d'un côté les bons, de l'autre les mauvais.
Simplement, c'est toujours la même chose, toujours Woody Allen, non pas le style, mais l'homme, un sûrement très sympathique joueur de clarinette, un type qui a de l'humour, qui fait rire, mais pas du tout un cinéaste.
Par contre je crois pas que Match Point soit un mauvais film parce que ça sent l'esprit d'entreprise et la moquette de grand hôtel. Dans beaucoup de films de Godard, de Lubitsch, etc., ça sent la moquette de grand hôtel, beaucoup de romans de Balzac l'esprit d'entreprise.
Et ce que tu dis ici Rotor :
Et le tout est chapeauté par une sorte de bon goût un peu faisandé pour la culture (ici l’opéra) pour faire accroire au spectateur qu’il s’agit d’un spectacle de qualité. Et qu’il y a encore un capitaine à bord qui possède un point de vu alors que tout est perverti.
me semble bien plus correspondre à un film comme "Hannah et ses soeurs", par exemple (la déclaration d'amour à telle page de tel livre très rare de poésie dans une librairie new-yorkaise très pittoresque...).
Si j'ai le courage un jour de revoir Match Point, peut-être trouverais-je ce film le moins pire de tous les Woody Allen, finalement... c'est peut-être celui qui lui est le plus étranger.
Leurtillois- Messages : 131
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Rotor a écrit :
Ah ! Je ne vois pas trop en quoi Scarlett est persécutée.
c'est vrai elle est larguée deux fois par ces ploucs, c'est une actrice à la manque, elle avorte plus d'une fois et quand lessivée, elle n'en peut plus, elle ne veut plus, tout même ce parasite minable, elle en perd la vie, à part ça la vie est belle
Dernière édition par slimfast le Mar 22 Fév 2011 - 18:02, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
je regarde les films de Moretti en ce moment et je me demande ( d'ailleurs indépendamment de Woody Allen ) s'il arrêtera de jouer dans ses films un jour ?
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
je trouve le film assez divertissant et je dirai même qu'il y a des hitchcock beaucoup plus ennuyeux.
l'auteur est une notion dépassée. celui qui fait des films dont on reconnait la grosse patte ...
j'aime beaucoup l'idée programmatique du film dite au début en voix off " il vaut mieux avoir de la chance que du talent ".
et le coup de l'alliance est un coup de génie, in fine le mac-guffin.
coup de patte contre ce que représente l'alliance, non ?
l'odeur de la moquette, bla bla .. rien senti.
la morale : n'avoir ni chance ni talent, et on est mis en joue. jouissif.
l'auteur est une notion dépassée. celui qui fait des films dont on reconnait la grosse patte ...
j'aime beaucoup l'idée programmatique du film dite au début en voix off " il vaut mieux avoir de la chance que du talent ".
et le coup de l'alliance est un coup de génie, in fine le mac-guffin.
coup de patte contre ce que représente l'alliance, non ?
l'odeur de la moquette, bla bla .. rien senti.
la morale : n'avoir ni chance ni talent, et on est mis en joue. jouissif.
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
on parlait d'eastwood plus haut : match point est à rapprocher de mystic river...
glj- Messages : 518
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Dixit slimfast : Elle est larguée deux fois par ces ploucs, c'est une actrice à la manque, elle avorte plus d'une fois et quand lessivée, elle n'en peut plus, elle ne veut plus, tout même ce parasite minable, elle en perd la vie, à part ça la vie est belle.
Je ne sais pas. Dans le film, elle est inexistante, elle sort d'un magazine pour y retourner. C'est une invention de papier glacée. D'ailleurs, tous les personnages sont des pantins dans "Match Point". En dehors des scènes où ils jouent, ils n'existent plus.
Ils apparaissent à l'écran pour réciter un texte assez convenu, puis referment la porte et retournent au vide.
C'est du mauvais classicisme. C'est bourgeois. C'est un film en stuc avec des moulures qui imitent le marbre.
Désolé ! Et Vicky Barcelona est un film mensonger, nouveau-riche, et touristique. Quant à "Vous allez rencontrer un sombre inconnu", je n'en parle même pas, c'est juste un grand verre de lait tiède avec des cookies...
Je ne sais pas. Dans le film, elle est inexistante, elle sort d'un magazine pour y retourner. C'est une invention de papier glacée. D'ailleurs, tous les personnages sont des pantins dans "Match Point". En dehors des scènes où ils jouent, ils n'existent plus.
Ils apparaissent à l'écran pour réciter un texte assez convenu, puis referment la porte et retournent au vide.
C'est du mauvais classicisme. C'est bourgeois. C'est un film en stuc avec des moulures qui imitent le marbre.
Désolé ! Et Vicky Barcelona est un film mensonger, nouveau-riche, et touristique. Quant à "Vous allez rencontrer un sombre inconnu", je n'en parle même pas, c'est juste un grand verre de lait tiède avec des cookies...
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
oui on est bien d'accord mais Allen n'est pas le premier venu et son histoire peut en cacher une autre ... d'ailleurs quand il perd ses personnages, pour nous laisser face aux conjectures des deux policiers Dupond en nous effrayant avec leurs possibles conclusions justes, c'est au final très drôle.
et dans cette histoire selon laquelle, malicieusement , la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, non vraiment, si je n'y vois rien de transcendant, je n'y vois rien non plus de bourgeois, quelle idée ?
et dans cette histoire selon laquelle, malicieusement , la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, non vraiment, si je n'y vois rien de transcendant, je n'y vois rien non plus de bourgeois, quelle idée ?
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Ok. Je devrais normalement placer ici un argument massue qui ferait balle de match, mais je me suis fait un tennis elbow au poignet à force de cliquer avec ma souris.
Donc, on partage le point...
Et on attend le prochain Woody Allen pour voir si j'ai bien deviné sa nouvelle orientation...
Donc, on partage le point...
Et on attend le prochain Woody Allen pour voir si j'ai bien deviné sa nouvelle orientation...
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Ah, pour ça je crois que son cas est déjà réglé. Son tour operator l'a emmené voyager en "Dolce Francia", et il était apparemment entre de bonnes mains...
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
on ne peut pas refuser à Woody Allen l'importance qu'ont eus ses premiers films ( assez nombreux, même, du reste ... ).
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
Rotor a écrit:
Et le tout est chapeauté par une sorte de bon goût un peu faisandé pour la culture (ici l’opéra) pour faire accroire au spectateur qu’il s’agit d’un spectacle de qualité.
Misère.
Ca fait peur mais je suis pourtant sûr qu'on peut encore faire mieux (c'est le propre de le connerie: il est difficle de lui assigner un seuil mnimal mais son accroisssement n'admet pas de limites. Elle représente non seulement comme beaucoup l'ont relevé un scandale moral, mais, on l'a trop peu remarqué, également un mystère ontologique).
Par exemple: dans "To be or not to Be" Lubitsch met on scène des salauds de bourgeois qui vont au thêatre pendant que la Pologne et le monde s'écroulent autour d'eux. Quel film réactionnaire au service de l'aliénation objective des masses, loin des vrais problèmes! Et ce n'est pas un accident, dans "l'Eventail de Lady Windermere", "Angel" c'est encore des bourgeois, il s'agit là d'une tendance présente dès l'origine chez ce cinéaste à l'influence décidément funeste. Ne nous laissons pas abuser par "The Shop around thee Corner", "L'Homme que j'ai Tué" ou son sketch avec Laughton sur le chômage, cet homme ne comprenait rien au peuple.
Mais heureusement voici que la jeune garde arrive pour changer la donne et séparer le bon grain de l'ivraie dans nos étagères de DVD.
Sinon "Match Point" et "Vicky Christina Barcelona" sont des films que j'apprécie: ils comptent parmis les films les plus proches de Lubitsch que j'ai vus depuis des années, et restent toujours très pertinents pour décrire les moeurs et la culture actuelle de la bourgeoisie. Comme le disait une amie, les acteurs font semblant de désirer la passion mais à la fin de ces films ils finissent quand-même par rentrer chez eux comme si rien ne s'était passé (dans "Match Point" il faut passer par le meurtre pour refouler un sentiment devenu trop envahissant et en fait mettre fin à la culpabilité. Le film réussit la gageure de filmer cela sans recourir au second degré. C'est une situation très forte peu montrée au cinéma, sauf peut-être chez Chabrol et de manière plus métaphorique et indirecte Ferreri).
Il s'y était déjà essayé il y a 20 ans avec "September" mais c'était moins réussi car utilisant un dispositif trop proche du théâtre de Tchékov .
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
J'ai revu hier 'The Player" de Robert Altman qui est une sorte de "Match Point" réussi. Une véritable parodie très subtile de la bourgeoisie, du milieu du cinéma et où l'intrigue policière est nettement plus fine que celle proposée par Woody.
Altman s'il ne s'intéresse pas du tout à l'esthétique de ses films (c'est filmé à peine mieux qu'un Columbo) ne fait pas semblant de détester la bourgeoisie tout en cédant à la fascination de ses codes. Son regard est distancié et permet lentement une subversion délicate. Il ne joue pas à démonter des clichés. Dans Match Point, les personnages sont des Barbies et des Ken qui ne sortent jamais de leur rôle de figurines.
Chez Lubitsch, c'est très différent, il y a une aristocratie de l'esprit. On reste entre gens de goûts...
Je ne vais pas me répéter, mon argumentation a déjà été assez longue et fournie. Mais le film pêche selon moi, dans sa manière de prendre pour argent comptant toutes les images préformées de cette classe sociale. A la rigueur, Woody Allen devrait maintenant adapter du BE Ellis, s'il désire complètement poursuivre dans sa nouvelle voie de subversion des clichés années 90.
PS : Et si tu pouvais éviter de me traiter de débile profond en début d'argumentaire, je pense que ça serait appréciable.
Altman s'il ne s'intéresse pas du tout à l'esthétique de ses films (c'est filmé à peine mieux qu'un Columbo) ne fait pas semblant de détester la bourgeoisie tout en cédant à la fascination de ses codes. Son regard est distancié et permet lentement une subversion délicate. Il ne joue pas à démonter des clichés. Dans Match Point, les personnages sont des Barbies et des Ken qui ne sortent jamais de leur rôle de figurines.
Chez Lubitsch, c'est très différent, il y a une aristocratie de l'esprit. On reste entre gens de goûts...
Je ne vais pas me répéter, mon argumentation a déjà été assez longue et fournie. Mais le film pêche selon moi, dans sa manière de prendre pour argent comptant toutes les images préformées de cette classe sociale. A la rigueur, Woody Allen devrait maintenant adapter du BE Ellis, s'il désire complètement poursuivre dans sa nouvelle voie de subversion des clichés années 90.
PS : Et si tu pouvais éviter de me traiter de débile profond en début d'argumentaire, je pense que ça serait appréciable.
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
La grande différence entre Lubitsch et ces films de Allen n'est sans doute pas au niveau d'un rapport plus ou moins complaisant envers les codes culturels bourgeois ou à une aristocratie de l'esprit présente chez Lubitsch et qui manquerait à l'autre (70 après cela ne veut pas dire grand chose, d'une part on sait comment les films de Lubitsch étaient reçus à l'époque et quel était le public de ses comédies, d'autre part trois génération de cinéphiles ont déjà cukturellement consacrés son œuvre).
Elle tient sans doute plus dans le fait que Lubitsch donne souvent raison à ses personnages (il s'identifie complètement à la demi-mondaine à la fois repentante et insoumise Angel, dans Sérénade à Trois personne n'est exclus du trio ce qui rend le film complètement utopique, au nveau d'un pari à la Ernst Bloch) alors qu'Allen en fait les sacrifie tous et le film progresse toujours par le dévoilement l'opposition de leurs intérêts , même dans ses films légers comme Sweet & Lowdown ou Cookie's Fortune. Dans Wathever Works le film se finissait sur une forme de fusion des personnages qui parvenaient reconfiguraient leur identité sexuelle en 10 minutes, mais c'était parodique. Mais cette misanthropie n'est pas propre à Allen, elle est conforme à l'esprit des temps. Je pense pas qu'il soit réactionnaire marce qu'il montre un opéra, plutôt parce qu'Allen reproche à ses propres personnages d'aller à l'opéra sans l'apprécier et met cela sur le même plan due leur lâcheté ou leur absence d'état d'âmes.
Elle tient sans doute plus dans le fait que Lubitsch donne souvent raison à ses personnages (il s'identifie complètement à la demi-mondaine à la fois repentante et insoumise Angel, dans Sérénade à Trois personne n'est exclus du trio ce qui rend le film complètement utopique, au nveau d'un pari à la Ernst Bloch) alors qu'Allen en fait les sacrifie tous et le film progresse toujours par le dévoilement l'opposition de leurs intérêts , même dans ses films légers comme Sweet & Lowdown ou Cookie's Fortune. Dans Wathever Works le film se finissait sur une forme de fusion des personnages qui parvenaient reconfiguraient leur identité sexuelle en 10 minutes, mais c'était parodique. Mais cette misanthropie n'est pas propre à Allen, elle est conforme à l'esprit des temps. Je pense pas qu'il soit réactionnaire marce qu'il montre un opéra, plutôt parce qu'Allen reproche à ses propres personnages d'aller à l'opéra sans l'apprécier et met cela sur le même plan due leur lâcheté ou leur absence d'état d'âmes.
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
à propos de bourgeois, Le feu follet ce très beau film de Louis Malle, évincé, on ne sait pas pourquoi.
Alain Leroy en cure de désintoxication a fixé le date de sa mort le 23 juillet. Selon lui il fait mal l'amour aux femmes et il ne peut pas gagner d'argent. En fait il ne veux pas grandir, se compromettre avec la vie, on le comprend. Pasolini disait " ce que l'on vit existentiellement est toujours énormément plus avancé que ce que l'on vit consciemment ". Il est bien avancé. Il a fixé son sort il se suicide après avoir fait des allers retours entre son blockhaus ( sa chambre d'hôpital ) à Versailles et Paris où il fait une dernière fois la tournée des bars et de ses anciens amis qui le saoulent tout pareil, dans leur conformisme, leur décor baroque, leur image tout droit sortie du pire de la vacuité de sens d'un Antonioni.
Il se suicide donc hors cadre. Jacques Sicard dira dans son cinepoème ( dont c'est le printemps ) : " l'absence de corps attendue dans le suicide. Le don, définitif, de la bordure du cadre. ". Magnifique.
le film est une succession de plans pleins ( d'affects ) vides, puis pleins puis vides. Un morse à usage des atermoiements l'Alain dont il connaît l'issue.
ps il n'y a plus de bourgeoisie consciente mais une petite et une grande bourgeoisie existentielles.
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
J'imagine que tu es au courant que le film est une adaptation des derniers jours de Jacques Rigaut, écrivain surréaliste qui s'est suicidé de manière programmatique. Et qui était une connaissance de Drieu.
Par contre, dans le film on croise un poète égyptologue un peu mystique, et je me demande de qui il peut s'agir, d'un personnage inspiré d'Edmond Jabès ?
Par contre, dans le film on croise un poète égyptologue un peu mystique, et je me demande de qui il peut s'agir, d'un personnage inspiré d'Edmond Jabès ?
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
"Le Feu follet" est basé sur le livre PdLa Rochelle (même titre?) , inspiré par le suicide de JR...ami de drieu
http://membres.multimania.fr/stephanemillion/feu.html
http://membres.multimania.fr/stephanemillion/feu.html
Borges- Messages : 6044
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
c'est surtout la mort subite et inopinée de Roger Nimier dans un accident d'automobile qui aura inspiré Malle.
Oui bien sûr Rigaut et son " je serai sérieux comme le plaisir " mais aussi Camus et sa problématique du suicide.
Il y a d'ailleurs une allusion directe à Rigaut dans la scène ou Alain retrouve son amie à la galerie d'art. La caméra cadre un immeuble à colonnes, le temple de l'Amitié, détruit aujourd'hui ou Rigaud, dont l'oeuvre aura été la vie, rencontrera les surréalistes ( présence soulignée par la musique intelligemment utilisée d'Erik Satie ). L'adaptation du roman est très nouvelle vague.
Oui bien sûr Rigaut et son " je serai sérieux comme le plaisir " mais aussi Camus et sa problématique du suicide.
Il y a d'ailleurs une allusion directe à Rigaut dans la scène ou Alain retrouve son amie à la galerie d'art. La caméra cadre un immeuble à colonnes, le temple de l'Amitié, détruit aujourd'hui ou Rigaud, dont l'oeuvre aura été la vie, rencontrera les surréalistes ( présence soulignée par la musique intelligemment utilisée d'Erik Satie ). L'adaptation du roman est très nouvelle vague.
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
le dernier article de la revue des deux mondes mis en ligne par Borges est plutôt politiquement ... correctionnel dans sa façon arbitraire et infondée d'écarter Louis malle pour de mauvaises raisons, tout en étant gêné aux entournures.
il faut s'y résoudre : louis malle dérange. Et alors ?
il faut s'y résoudre : louis malle dérange. Et alors ?
Invité- Invité
Re: Match Point : Woody Allen, Ernst Lubitsch, Louis Malle
le feu follet est quasiment tout en plan subjectif et donne l'image d'un film qui avance à tâtons. j'ai vu yoyo ce soir, à l'inverse rien n'y est subjectivité, le gag, le numéro de cirque invite à la maîtrise érigée en style ( gags parfois excellents ).
on en revient à l'interrogation du monde, existentielle chez alain leroy, consciente chez yoyo. ma préférence va à malle.
on en revient à l'interrogation du monde, existentielle chez alain leroy, consciente chez yoyo. ma préférence va à malle.
Invité- Invité
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