Zidane, un portrait du 21e siècle - D.Gordon et P.Parreno

Ce n'est pas tout à fait d'actualité, mais c'est quand même du foot, et puisqu'on n'a toujours pas trouvé le prochain Zidane de l'équipe de France, ça pouvait être une idée de voir ce film.

J'avais très envie de le voir, et j'étais très contente de le trouver pas trop cher dans le bac d'une grande enseigne de produits culturels française. Mais c'était quand même trop cher, je suis très déçue. Je n'avais lu aucune critique à l'époque (en 2006), quelqu'un se souvient de ce qu'il en avait été dit ? Je crois que les Cahiers, même s'ils en avaient fait leur couverture, n'aimaient pas trop.

Du début à la fin je n'ai pas très bien compris ce que je regardais. Un match de foot ? Non, on reste constamment à l'écart du match qu'on ne peut pas comprendre, qu'on ne voit pas, qui est complètement hors cadre. Un film sur Zidane, l'"homme" Zidane ? Non plus, à part quelques bribes de souvenirs sur le foot, en sous-titres, et quelques impressions sur ce qu'il vit sur un terrain, et à part sa tête et ses chaussures, il n'y a rien de lui. Ça serait peut-être un film sur le joueur de foot Zidane dans ce qu'il a de moins intéressant, ses pieds traînant sur le terrain, ses moments de repos, son regard impénétrable lorsqu'on ne sait pas ce qu'il regarde. Il y a beaucoup d'effets de montage, de flous, de nets, de décadrages ou je ne sais quoi. Il y a un travail énorme sur le son, la musique de Mogwaï, le souffle de Zidane, le silence de Zidane, la voix de Zidane, le bruit du public qui apparaît disparaît. Tout est très artificiel.

Evidemment, le pari du film était de faire ressentir le match selon ce que Zidane peut ressentir (le temps qui n'est plus le même, le son qu'on ne perçoit plus comme d'habitude, et qui change en fonction de la concentration). C'est idiot d'oublier que Zidane ressent un match avec le contexte et le contre-champ de lui-même. Il n'y a dans le film aucun hors champ, aucun contre champ, aucun contexte, donc, aucun match. Ne comprenant rien de ce qui est à l'origine de ce que Zidane ressent, comment pourrait-on ne pas trouver artificiel ce que l'on en voit et entend ?

Et puis, comment peut-on penser filmer un joueur de foot tout seul ? C'est un comble, un peu...

si on fait attention au titre, comme tu dis JM : Mais est-ce un portrait de zidane, du 21ème siècle, du 21ème à travers zidane, à moins que ne soit le mode cinématographique du portrait au 21ème siècle, ce qui serait bien bien ambitieux; en général, si je me trompe pas, le portrait extrait le portraité de tout contexte pour l'installer dans un temps sans temps, un espace sans espace, comme un visage, c'est un gros plan, ici, rien de tel, l'absence du contexte ne procède pas à cette décontextualisation spatio-temporel;

alors, c'est quoi un footbaliste un gars qui pense avec les pieds?

il y aurait encore des choses à dire...