La Terre de la folie (L. Moullet)
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Re: La Terre de la folie (L. Moullet)
Ok, je retire ce que j'ai dit, je me basais sur des écrits de Daney (je ne sais plus où) qui disaient qu'il voulait parler de Bunuel avec Godard mais que celui-ci se montrait réfractaire...
Pour la voix-off, bien entendu que par sa subjectivité et son ironie elle diffère de la voix-off classique qui accompagne les reportages TV. C'est un fait. Mais, ce que je veux dire, c'est que cette voix, au final, et ce malgré sa différence, n'est pas si hétérogène que cela. La distance qu'elle crée ne renverse pas le rapport qui existe entre le spectateur et la réalité qu'on lui montre. Pour moi, je le répète, il n'y a pas de différences entre ce type de représentation et un documentaire TV. Seules les "structures d'agression", pour reprendre l'expression de Noël Burch, sont différentes. Elles cherchent à indigner le spectateur, à le faire réagir, et en cela on est pas loin d'autres types de reportages (abandonnons les reportages du JT, prenons des reportages classiques).
Je me trompe peut-être, je suis surement incapable d'effectuer une lecture critique de l'image comme tu dis bien, mais il n'y a quand même pas d'hétérogénéité "morale" ici : la parole n'est pas rendue à ces gens, la vision est unilatérale, le discours (et la mise en scène ?) l'emporte sur la réalité du quotidien en mouvement.
Pour la voix-off, bien entendu que par sa subjectivité et son ironie elle diffère de la voix-off classique qui accompagne les reportages TV. C'est un fait. Mais, ce que je veux dire, c'est que cette voix, au final, et ce malgré sa différence, n'est pas si hétérogène que cela. La distance qu'elle crée ne renverse pas le rapport qui existe entre le spectateur et la réalité qu'on lui montre. Pour moi, je le répète, il n'y a pas de différences entre ce type de représentation et un documentaire TV. Seules les "structures d'agression", pour reprendre l'expression de Noël Burch, sont différentes. Elles cherchent à indigner le spectateur, à le faire réagir, et en cela on est pas loin d'autres types de reportages (abandonnons les reportages du JT, prenons des reportages classiques).
Je me trompe peut-être, je suis surement incapable d'effectuer une lecture critique de l'image comme tu dis bien, mais il n'y a quand même pas d'hétérogénéité "morale" ici : la parole n'est pas rendue à ces gens, la vision est unilatérale, le discours (et la mise en scène ?) l'emporte sur la réalité du quotidien en mouvement.
Le_comte- Messages : 336
Re: La Terre de la folie (L. Moullet)
Mais bon, comme le dit Marco, on n'est plus dans le même monde, ni dans le même cinéma. Auraient-ils pu, comme je le dis plus haut, rendre la parole à ces gens ? Ce procédé était-il envisageable à l'époque ? S'il y a voix-off...
Le problème est donc large, il enveloppe plus jamais le contexte historique de l'apparition et de la nécessite d'un tel film, qui, à bien des égards, reste important.
Bon, je vous laisse parler de Moullet
Le problème est donc large, il enveloppe plus jamais le contexte historique de l'apparition et de la nécessite d'un tel film, qui, à bien des égards, reste important.
Bon, je vous laisse parler de Moullet
Le_comte- Messages : 336
Re: La Terre de la folie (L. Moullet)
(puis je me tais, pardon)
Mais plus encore que l'ironie ou la subjectivité, on pourrait parler de voix surréaliste. Celle-ci n'obéit plus à la langue de bois et aux règles de l'objectivité : donc, en quelque sorte, elle critique le reportage TV qui use d'un langage formaté, refoulé et hypocrite.
Las Hurdes ressemble ainsi à une grande catharsis. On pense ici à ce que disait Adeline à propos de l'église. C'est tout à fait juste : Bunuel répond à la rigidité et à l'absurdité de la situation, dans laquelle l'église occupe pourtant une place capitale.
Ce film devient alors une libération par l'image. Mais cela n'atténue pas la critique que j'ai formulé ci-dessus. Ce procédé est très intéressant, et assurément frontal et sans tricherie. Il reste pourtant au service d'un type de vision (en tout cas pour nous, aujourd'hui). Mais que deviennent les hommes et femmes ? Qu'est-ce le "réel" de cette situation ? Ce ne sont ni cette voix, ni ce règne du discours (du reportage ?), ni encore cette unilatéralité du regard qui vont rendre à la réalité son intégrité. On est donc toujours dans le règne de la voix.
Mais plus encore que l'ironie ou la subjectivité, on pourrait parler de voix surréaliste. Celle-ci n'obéit plus à la langue de bois et aux règles de l'objectivité : donc, en quelque sorte, elle critique le reportage TV qui use d'un langage formaté, refoulé et hypocrite.
Las Hurdes ressemble ainsi à une grande catharsis. On pense ici à ce que disait Adeline à propos de l'église. C'est tout à fait juste : Bunuel répond à la rigidité et à l'absurdité de la situation, dans laquelle l'église occupe pourtant une place capitale.
Ce film devient alors une libération par l'image. Mais cela n'atténue pas la critique que j'ai formulé ci-dessus. Ce procédé est très intéressant, et assurément frontal et sans tricherie. Il reste pourtant au service d'un type de vision (en tout cas pour nous, aujourd'hui). Mais que deviennent les hommes et femmes ? Qu'est-ce le "réel" de cette situation ? Ce ne sont ni cette voix, ni ce règne du discours (du reportage ?), ni encore cette unilatéralité du regard qui vont rendre à la réalité son intégrité. On est donc toujours dans le règne de la voix.
Le_comte- Messages : 336
Re: La Terre de la folie (L. Moullet)
Le_comte a écrit:la parole n'est pas rendue à ces gens, la vision est unilatérale, le discours (et la mise en scène ?) l'emporte sur la réalité du quotidien en mouvement.
Ah, mais là, je suis absolument d'accord avec toi, par contre. Je ne doute pas que Marco le sera aussi. Et Comolli a beau défendre le travail de Bunuel, perso je l'ai jamais vu travailler en adoptant cette manière de faire, pas plus qu'Adeline, d'ailleurs.
Invité- Invité
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