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36 vues du Pic saint Loup

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Message par Borges Mer 14 Oct 2009 - 13:37

Il me paraît y avoir dans la ribambelle de tissus colorés au bord du fleuve, une image prégnante de l'épopée du film.

c'est plutôt une idée du cinéma; revenue à paris, dans sa boutique, les couleurs lui paraissent moins adéquate à son désir; la question alors est de savoir pourquoi cet écart : la différence est-elle dans le sujet, dans la lumière du lieu, affaire de matière...image plutôt impossible que prégnante; l'essentiel c'est l'écart, la différence...

beau développement ensuite sur l'idée en création, un idée bonne ou mauvaise est une idée, elle peut mener à une bonne idée... d'idée en idée... la question alors est de savoir si Rivette a trouvé son idée pour ce film, et quelle idée; c'est l'approche axiomatique du cinéma, du film, selon Badiou : dire, nommer l'idée dont il est la visitation...




jamais eu le sentiment d'un bloc devant un personnage de Rivette, au contraire; plutôt des traces, des deuils, des affects de perte...

pour la légende, oui, quelque chose dans le genre; mais je dirais plus du mythe que de la légende...


sinon, je ne te suis pas trop;


que pensez du numéro des clowns?

pas un numéro
une entrée, dit-il

tout le film est lié au langage; encore une fois, des êtres qui parlent plusieurs langues; choisissent bien leur mot; "outrecuidant" demande-t-il, quel mot, dit-elle...



une entrée pas un numéro






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Message par Invité Mer 14 Oct 2009 - 20:15

une hantrée

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Message par adeline Jeu 15 Oct 2009 - 21:52

Hello ici,
je l'ai vu aussi, et on était quatre !

Flavien, je ne te suis pas du tout dans ton parallèle avec le cinéma des frères Lumière. Moi j'y ai plutôt vu du Méliès un peu partout, que l'on peut beaucoup plus rapprocher des fêtes foraines que le cinéma des Lumière, je crois. L'acrobat sur la piste du cirque, avec le trucage que l'on voit tout à fait, Kate qui fait le funambule et comme la caméra la recadre soudain marche dans l'air, et justement, ces deux séquences dont tu parles, la lumière qui éclaire le café, puis le devant de la "scène", puis le café, etc., et la fin du film, avec ces adresses au spectateur : j'y vois beaucoup plus de l'art du trucage et du cinéma comme magie que comme ce qu'on fait les frères Lumière.

Le plan des tissus qui sèchent au bord de la rivière, c'est un très beau plan, un vraiment très beau plan.

Les plans de Rivette sont rarement fixes : il y a un nombre incalculable de travelling en tous genres...

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Message par Largo Jeu 15 Oct 2009 - 22:08

Ah oui le plan où il joue avec les éclairages pour révéler le premier et l'arrière-plan successivement, c'est le seul qui m'ait plu et surpris...
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Message par Invité Ven 16 Oct 2009 - 9:19

adeline a écrit:

Les plans de Rivette sont rarement fixes : il y a un nombre incalculable de travelling en tous genres...

Hello,

Oui, Rivette procède à de nombreux magnifiques recadrages qui font généralement sens, il me semble.

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Message par Flavien Sam 17 Oct 2009 - 13:00

adeline a écrit:Moi j'y ai plutôt vu du Méliès un peu partout, que l'on peut beaucoup plus rapprocher des fêtes foraines que le cinéma des Lumière, je crois. L'acrobat sur la piste du cirque, avec le trucage que l'on voit tout à fait, Kate qui fait le funambule et comme la caméra la recadre soudain marche dans l'air, et justement, ces deux séquences dont tu parles, la lumière qui éclaire le café, puis le devant de la "scène", puis le café, etc., et la fin du film, avec ces adresses au spectateur : j'y vois beaucoup plus de l'art du trucage et du cinéma comme magie que comme ce qu'on fait les frères Lumière.

L'art du trucage : l'apanage de Méliès dont les Lumière serait dépourvus ? Pas si sûr. Pas si simple. Ne serait-ce que la façon dont toute l'oeuvre des "vues" Lumière accomplit sur la durée le Laocoon de Lessing. J'écris cela, mais c'est sur la pensée de Rancière et de son "Tartuffe muet" dans La fable...
Rivette c'est un peu Murnau, parce qu'il y a chez les deux du Lumière et du Méliès, de l'épiphanie du vérisme et du montage des artifices.

J'ai peut-être mal vu la présence de Lumière chez Rivette puisqu'elle semble, tu as raison de la rappeler Adeline, ne se faire qu'à la condition de Méliès. Il n'y a du fantastique (la remarquable séquence des jeux de lumière sur le ponton, le fabuleux numéro du voltigeur cablé...) et du naturel. Non seulement entre les séquences mais jusque dans les situations. C'est là qu'on peut jouer sur l'hantrée de JM.
C'est peut-être aussi pour cela que Rohmer vient à l'esprit, pour le jansénisme avec lequel traite le film. Il y a les désirs de l'homme (de Castellito notamment) et le déterminisme qui lui échappe (et que un passé obscur s'empresse de rappeler).

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Message par Invité Lun 26 Oct 2009 - 22:18

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Les Clowns (1970), F. Fellini.

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Message par Invité Mar 10 Nov 2009 - 7:30

Le cirque est le cœur vibrant du dernier film de Jacques Rivette, 36 vues du Pic Saint Loup. Le cinéaste conçoit la scène circulaire, l'intérieur du petit cirque itinérant de province, comme un lieu mental. Rivette morcelle le spectacle qui s'y déroule en plusieurs brefs extraits de numéros noyés dans l'obscurité et aux sonorités tranchantes, s'incrustant dans le cerveau des spectateurs comme autant de symboles des conflits intérieurs de Kate (Jane Birkin). Ici jonglerie périlleuse avec des torches brûlantes, là acrobate rivé comme une marionnette à un attirail qui le fait voler en rond autour de la piste. L'une des grandes idées du cinéaste, magistralement menée, est de rendre poreuse la frontière entre la scène et la vie des acteurs autour du cirque. Là, avec cette dimension du cirque comme lieu de l'âme et de l'inconscient, la vie de l'artiste et la représentation s'interpénètrent mutuellement.

Le personnage de Kate, écorchée vive revenant participer au cirque après des années d'absence, est sympathique. Il porte sur ses frêles épaules l'intégralité du film même s'il est en marge de celui-ci. Kate évolue en effet au bord du fil(m), à l'image de ce beau plan où elle s'entraîne à marcher sur un fil tendu au dessus du vide, recadré par Rivette juste au raz du fil afin que nous ne le voyons quasiment plus. Prenant le contre-pied du gros du cinéma d'aujourd'hui mais aussi du tout venant télévisuel, le cinéaste n'hésite pas à nous proposer une histoire dont les personnages principaux sont secrets, fuyant le moment où il faudrait nécessairement qu'ils en viennent à parler d'eux même. On le sait, le secret est thème rivettien par excellence, mais le cinéaste semble ici plus qu'ailleurs développer un programme sciemment pensé contre quelque chose, contre la débauche vulgaire de la moindre parcelle de vie privée de chaque individu qui s'étale et s'impose partout aujourd'hui dans les différents médias (1). Dans 36 vues du Pic Saint Loup, les spectateurs sont confrontés à des individus lacunaires, sans réelle prise les uns sur les autres.

Conscient sans doute de la fragilité de sa position "rétrograde", à l'instar des derniers clowns qui travaillent encore dans le cirque, Rivette approche le suspens de l'étalage voyeuriste de soi-même des personnages sur le mode comique. Ainsi, par exemple, le refus un peu trop systématique de Kate - possible alter-ego du cinéaste - de se livrer à Vittorio (Sergio Castellitto) passera-t-il à chaque moment où les deux se rencontrent par le comique. Du "mécanique plaqué sur du vivant" (2), pour paraphraser Bergson. Kate joue avec les mots, se moque d'abord gentiment de Vittorio qui n'en prononce aucun dans la scène d'ouverture alors qu'il réparait sa voiture restée en panne sur le bord de la route, puis, lorsque celui-ci commence à lui parler avec un certain style, elle le reprend sans cesse sur ceux qu'il choisit tout en lui affirmant qu'elle l'aime bien parce qu'il trouve toujours les bons. Ce "spectacle" est absurde, certes, mais pas autant qu'il y paraît, car il semble que Kate construise son propre monde en ne concevant pas de toucher autrement la justesse que par approches successives. Contrairement à ce que Vittorio lui propose, elle affirme qu'il est "inquisiteur" plutôt qu'"outrecuidant", qu'elle est "en déplacement" plutôt que "déplacée"… les mots à son encontre semblent, pour Kate, autant de croche-pieds risquant de la faire tomber du fil ténu sur lequel elle se déplace. Ces réflexes provoquent le rire, peut-être un rire qui en appelle "à un petit fonds de méchanceté, ou tout au moins de malice que la nature a laissé dans les meilleurs d'entre les hommes" (3), pour reprendre l'argumentation de Bergson dans son livre déjà évoqué au-dessus. Autant dire qu'il n'y a là pour Rivette aucune opération de rachat tardif de cette sainteté perdue il y a bien longtemps déjà lorsqu'il choisit le métier d'artiste (4).

Pourquoi semble-t-il si permis de rire ? Parce que Rivette s'intéresse tout particulièrement aux clowns de son cirque, et que le ton donné aux tête-à-tête entre Kate et Vittorio ressemble à s'y méprendre à celui de l'"entrée" des clowns que nous découvrons petit à petit au cours du film. Il y a, comme nous l'évoquions précédemment, une interpénétration de la scène avec l'extérieur. Le clown à moitié démaquillé assis devant sa caravane est-il moins comique que lorsqu'il figure sur la scène ? Est-il moins sérieux dans son "entrée" que lorsqu'il prend sa pause ? Cette dualité de l'esprit des clowns, qui se loge également dans les mots ("parfois rien c'est tout, et tout c'est rien"), se dissémine parmi les autres membres de la troupe jusqu'à ce que Vittorio qui suit la troupe de loin finisse lui aussi sur les planches pour un ultime numéro qui lui révèlera que sous ce chapiteau se trouve l'endroit "le plus dangereux au monde". Il a été dit, à sa sortie, que ce nouveau film de Rivette évoquait, devant ceux qui restent, la "crise des spectateurs". Mais c'est aussi la profession du clown en elle-même qui est mise en crise, dans le même temps où ceux-ci s'attaquent au monde du travail dans leur sketch. Ils racontent sur le mode de la farce la même histoire que celle de Samir dans Adieu Gary, obligé de porter un costume de souris humiliant pour travailler dans les rayons du supermarché.

Kate revient au cirque, dit-elle, parce qu'elle a rêvé qu'elle devait y revenir. Elle y retourne aussi afin de se rapprocher de la nature d'où elle peut tenter d'extraire les couleurs qu'elle recherche pour son travail parisien de styliste professionnelle. A Paris, loin du cirque, Rivette enserre Kate dans un plan d'une extrême dureté. Elle est assise, prisonnière entre des barreaux épais en premier plan derrière lesquels est placé la caméra, et la circulation ininterrompue et bruyante des voitures de la métropole dans la profondeur de champ. Elle est séparée. Mais enfin, si elle rêve de revenir au cirque, c'est qu'elle souhaite, inconsciemment donc sans probablement être capable de le formuler, se rapprocher de son âme (forclose dans le cercle du cirque). Il faudra toute l'attention et la curiosité de Vittorio et la mise en scène qu'il organise en fin de film pour que l'âme de celle-ci s'unifie enfin, résorbe une blessure. Une âme devenue "semblable à une nappe d'eau bien tranquille" ? (5)


(1) Reprenons ici les propos de Serge Daney : "(..) La question "donnez-moi des nouvelles du monde ?", des fois, tu dis "pas trop quand même" parce que si chaque individu devient une véritable énigme pour lui-même, pour les autres, avec son narcissisme, son "moi", son "sur-moi", son "ça", son psy etc… on va asphyxier. C'est pour ça que des fois, le cynisme qu'on a par rapport à la télé, ou l'indifférence qu'on a par rapport au sort des autres, est presque un truc de sauvegarde. On dit : "on oublie les autres parce que maintenant les autres, c'est un par un." Et on sait pas les histoires qui correspondent au un par un alors qu'on connaît assez bien les histoires qui correspondaient aux classes." Serge Daney, Du cinéma à la télévision, propos d'un passeur, 1991.

(2) Le rire, Henri Bergson.

(3) Le rire, H. Bergson, p. 151.

(4) Référence à ses propos avec Serge Daney : "Je ne me suis jamais senti aucune disposition pour la sainteté. J'ai préféré choisir la voie de l'art même très imparfaite. (..) Un artiste n'est jamais innocent pour moi, il y a une part de crapulerie fondamentale. Non, ils [les artistes] ne sont pas du côté de la sainteté. Parce qu'il n'y a pas d'oubli de soi comme il peut y avoir dans l'enfant (..)" dans Cinéma, de notre temps : Jacques Rivette, le veilleur de Claire Denis.

(5) "(..) Ainsi qu'il fallait s'y attendre, et comme on a pu voir par ce qui précède, le comique de mots suit de près le comique de situation et vient se perdre, avec ce dernier genre de comique lui-même, dans le comique de caractère. Le langage n'aboutit à des effets risibles que parce qu'il est une œuvre humaine, modelée aussi exactement que possible sur les formes de l'esprit humain. Nous sentons en lui quelque chose qui vit de notre vie ; et si cette vie du langage était complète et parfaite, s'il n'y avait rien en elle de figé, si le langage enfin était un organisme tout à fait unifié, incapable de se scinder en organismes indépendants, il échapperait au comique, comme y échapperait d'ailleurs une âme à la vie harmonieusement fondue, unie, semblable à une nappe d'eau bien tranquille. (..)" Le rire, H. Bergson, p. 99.

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Message par Invité Ven 11 Déc 2009 - 14:06

Comme votre film "Boxes", 36 vues du pic Saint-Loup" est un film peuplé de fantômes...

J. Birkin : Oui, décidément... Mais je savais pas du tout ce que j'allais jouer. J'ai dit oui parce que c'était un rêve de faire 3 films avec Rivette, avec de longs intervalles. Je mesure le temps qui passe à travers mes enfants : le premier film, c'était L'Amour par terre, Charlotte avait 9 ans, Lou était bébé, Pour La Belle Noiseuse, Lou avait 7 ans, elle s'amusait avec les enfants de Piccoli parce qu'on était tous dans la même maison. Cette fois, Lou a 27 ans... Rivette m'avait parlé de ce projet il y a quelques années. Il m'a juste dit "C'est sur un cirque". J'ai dit " Super, j'adore les animaux !", mais il a ajouté : "Ah non, il n'y aura pas d'animaux." Puis il a tourné Ne touchez pas la hache. Et il est revenu à cette idée qui lui était chère sans doute, et qui date peut-être de l'époque de La Belle Noiseuse, parce que ça se passe au même endroit, dans cette région du Pic Saint-Loup.

http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18481764.html

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Message par Flavien Mar 22 Déc 2009 - 9:45

Indice chez l'artiste de cirque Alexis Grüss : l'art, c'est du travail effacé par du travail. N'est-ce pas foncièrement caractéristique du rossellinien Rivette ?

Comolli dans Cinéma contre spectacle : "Il y aurait peut-être à caler le cirque dans l’arbre généalogique du cinéma. Là aussi, des machines et des corps, des hommes et des bêtes, des lumières et des spectateurs."

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Message par balthazar claes Mar 22 Déc 2009 - 11:47

J'ai relevé aussi la citation dans le Comolli. Il a plutôt l'air de conclure que la phrase de Gruss ne peut pas s'appliquer au cinéma, lequel serait plutôt : le travail même de l'effacement.

Il y aurait peut-être à caler le cirque dans l'arbre généalogique du cinéma. Là aussi, des machines et des corps, des hommes et des bêtes, des lumières et des spectateurs. Et puis cette phrase magnifique d'Alexis Gruss (je cite de mémoire) qui répond à qui lui parle de son "art" : l'art, c'est du travail effacé par du travail. Peut-on déplacer cette formule vers le cinéma ? Je ne le crois pas, dans la mesure exacte où l'on passe par des machines. Enregistrement et production, analyse et synthèse vont au cinéma de pair. Chaque "image", chaque photogramme ne peut apparaître fugitivement que s'il efface du même coup son prédécesseur, comme il est lui-même aussitôt effacé par son successeur. Apparition et disparition, inscription et effacement sont une seule et même chose. Ce qui est effacé est ce qui s'inscrit comme trace. L'effacement laisse des traces et ces traces sont celles du non-effacement du travail.

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Message par Borges Mar 22 Déc 2009 - 12:54

j'avais pensé, il y a quelques jours, à citer aussi ce passage

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Message par balthazar claes Mar 22 Déc 2009 - 13:12

Mais si on me demande de fournir une citation qui conviendrait vraiment à la question de ce film, je préfère celle que tu as proposée ailleurs :

Qu'est-ce que va faire l'analyste par cette notion de la relation d'objet ? (…) chez l'auteur dont je parle. Vous y verrez que la façon de manier la relation d'objet dans ce cas, consiste très exactement à faire quelque chose qui serait analogue de ce qui se passerait si assistant à une scène de cirque où l'un et l'autre s'administrent une série de paires de claques alternées, ceci consisterait à descendre dans l'arène et à s'efforcer d'avoir peur de recevoir des gifles.

(Lacan, La relation d’objet)

C'est ce que fait Vittorio dans le film, monter sur scène pour faire semblant d'être un clown. Les clowns traînent leur numéro d'un air las ; lui, le seul à rire, se lance dans une improvisation ratée, dit qu'il comprend tout à coup que cet endroit, la piste, est "le plus dangereux du monde", il se met à croire à la scène plus que les autres. Mais son objectif est bien d'"analyser" le problème de Kate, de la guérir de sa morosité. Analyste free-lance et en plein air ; et que son statut d'"analyste" rend irrémédiablement étranger, malgré tout, à la petite vie du théâtre, à laquelle il ne s'intégrera pas : sa place est alors celle de "l'évité d'honneur".


Borges a écrit:Lors du numéro du fouet, qui va libérer J. B. le mec déchire un numéro du canard enchaîné, en gros titre, première page, on peut lire : " Le Dalaï Lama, "c'est l'évité d'honneur." C'était en pleine polémique J.O., recevoir le DL ou pas... on s'en souvient encore, (pas tellement en fait)

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Message par Flavien Mar 22 Déc 2009 - 17:26

Je crois que la phrase de Grüss, qui selon moi entend que le cinéma est un travail qui laisse des traces mais en effaçant le geste, s'applique très bien à Rivette. Rivette est un metteur en scène rossellinien travaillant en même temps à la trace d'une oeuvre et à l'effacement de son geste. Page à côté de celle de la citation que tu as donné balthazar :

Mais comment ne pas savoir aussi que toute posture de retrait dans la mise en jeu d'une prise est un piège; que l'effacement du cinéaste est un artifice peut-être plus puissant que la plus voyante marque d'un style, d'une volonté; que la stratégie du camouflage ou du pas en arrière est tout aussi artificielle et artificieuse qu'une plus obscène manipulation et qu'elle ne se fait entrevoir que masquée, maquillée d'innocence et de discrétion ? Rivette, le rossellinien par excellence, voyait le metteur en scène comme un vampire. Un vampire qui ne sévit pas que la nuit.
Et Rivette, en tant que rossellinien est justement un metteur en scène car bien que Rossellini prodiguait de ne pas manipuler le réel, puisqu'il est , Comolli rappelle que :
dans son premier film, Fantasia sottomarina (1936), Rossellini n'hésite pas à pratiquer la plus naïvement exquise des manipulations. Les poulpes et poissons qui jouent dans un aquarium cette brève histoire d'amour et de peur sont animés par des fils tirés par le jeune Rossellini lui-même. Et ces fils se laissent voir, tels ceux des marionnettes jouées par Toto, Ninetto, Laura Betti dans Che cosà sono le nuvole (Pier Paolo Pasolini, 1968). (...) Le monde pour Rossellini est là, sans doute, mais le cinéma ne le laisse pas tranquille.
Le cinéma, même chez Rossellini, quelques premiers Truffaut et Rivette, est un travail qui s'efface au profit de l'art. Rivette et ses vues se retrouvent chez Grüss, il me semble.

Par ailleurs, Comolli s'avoue lui-même un metteur en scène du "travail qui efface le travail" :
Comme Rossellini, j'avais rêvé de n'intervenir que le moins possible dans ce que j'étais en train de filmer (La Cecilia (1976). Et plus tard (On ne va pas se quitter comme ça, 1981), j'avais tiré parti des auto-mises en scène que favorisent les tournages documentaire.


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Message par Borges Mar 22 Déc 2009 - 17:36

balthazar claes a écrit:J'ai relevé aussi la citation dans le Comolli. Il a plutôt l'air de conclure que la phrase de Gruss ne peut pas s'appliquer au cinéma, lequel serait plutôt : le travail même de l'effacement.

Il y aurait peut-être à caler le cirque dans l'arbre généalogique du cinéma. Là aussi, des machines et des corps, des hommes et des bêtes, des lumières et des spectateurs. Et puis cette phrase magnifique d'Alexis Gruss (je cite de mémoire) qui répond à qui lui parle de son "art" : l'art, c'est du travail effacé par du travail. Peut-on déplacer cette formule vers le cinéma ? Je ne le crois pas, dans la mesure exacte où l'on passe par des machines. Enregistrement et production, analyse et synthèse vont au cinéma de pair. Chaque "image", chaque photogramme ne peut apparaître fugitivement que s'il efface du même coup son prédécesseur, comme il est lui-même aussitôt effacé par son successeur. Apparition et disparition, inscription et effacement sont une seule et même chose. Ce qui est effacé est ce qui s'inscrit comme trace. L'effacement laisse des traces et ces traces sont celles du non-effacement du travail.

dans le même ordre :

Je crois que Daney centrait son approche de « la belle noiseuse » autour de l’idée de travail ; on pourrait partir de là, et de quelques remarques de jlComolli ;

« La règle d’or de l’illusion – à commencer par celle du cirque, qui suppose justement l’innocence du spectateur – veut qu’aucun effort ne puisse se remarquer, sauf s’il est lui-même pris comme élément du jeu : ainsi les acrobates feignent-ils au moins une fois de rater leur numéro (…) rien donc ne doit effacer le sourire du virtuose, rien transpirer de ses peines (…) monter un spectacle, jouer, représenter, c’est feindre quoiqu’il arrive ; mais c’est d’abord feindre de ne pas peiner à le faire : le travail doit rester invisible, comme ne doit pas être dévoilée l’exploitation de ceux qui, de hollywood à disneyland, travaillent au spectacle qui dénie leur travail. »
(voir et pouvoir, 563)

en filmant ce cirque minable, les trucs, les échecs, le danger, le traumatisme d’un échec absolu, Rivette va au-delà de la règle essentielle du monde du spectacle, qui veut que l’on mette de côté, dénie, voile le négatif, la mort, le travail ; les numéros filmés ne sont jamais séparés de l’apprentissage, de la fragilité… ils ne sont jamais brillants ; nous ne sommes jamais dans le simple spectacle, dans la maîtrise; dans le spectacle de la maîtrise ; le spectacle, c’est toujours une affaire de maîtrise, de brio, de virtuosité, un monde où la mort n’est pas risquée ; on n’irait pas au cirque, sans cela, sans cette idée, dans l’angoisse que cela pourrait foirer ; avec Rivette, le cirque devient le lieu, l’endroit le plus dangereux du monde ; dans la bande des quatre, la prof de théâtre disait à ses étudiantes qu’elles auront toujours affaire à la destruction ; la destruction est inséparable du spectacle ;on se souvient que le père de JB refusait d’arrêter les représentations, pas même un jour ; the show must go on ; elle refuse ; elle est perdue pour le cirque…que signifie son retour, l’acceptation de cette loi, de ce must ; a différence avec le cinéma évidemment c’est que la mort au travail fait ici des fantômes ; au fond, c’est l’anti avatar.
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Message par Borges Mar 22 Déc 2009 - 17:38

Je comprends jamais rien de ce que tu dis flavien
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Message par Flavien Mar 22 Déc 2009 - 17:47

Ça ne fait rien.

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Message par Borges Mar 22 Déc 2009 - 18:02

ça fait tout, au contraire, parce que quand je ne comprends pas quelqu'un je me dis qu'il ne se comprend pas lui-même...partant de l'axiome de l'égalité des intelligences...
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Message par Flavien Mar 22 Déc 2009 - 18:12

Sans me comparer à J.L.G., c'est Godard qui s'entend dire par Ardisson, à propos de Soigne ta droite : "Moi je crois qu'y a rien à comprendre dans vot' film, je crois qu'y suffit d'regarder.
-Si, y a à comprendre mais qu'est-ce qu'on appelle comprendre... C'est pas grave, on comprend pas forcément tout, tout de suite."

http://www.ina.fr/ardisson/bains-de-minuit/video/I08046705/jean-luc-godard-a-propos-de-soigne-ta-droite.fr.html

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Message par Invité Mar 22 Déc 2009 - 18:13

Flavien a écrit:Sans me comparer à J.L.G., c'est Godard qui s'entend dire par Ardisson, à propos de Soigne ta droite : "Moi je crois qu'y a rien à comprendre dans vot' film, je crois qu'y suffit d'regarder.
-Si, y a à comprendre mais qu'est-ce qu'on appelle comprendre... C'est pas grave, on comprend pas forcément tout, tout de suite."

http://www.ina.fr/ardisson/bains-de-minuit/video/I08046705/jean-luc-godard-a-propos-de-soigne-ta-droite.fr.html

merde, donne pas ce plaisir à Borges, Flavien !

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Message par Borges Mar 22 Déc 2009 - 18:30

Flavien a écrit:Sans me comparer à J.L.G., c'est Godard qui s'entend dire par Ardisson, à propos de Soigne ta droite : "Moi je crois qu'y a rien à comprendre dans vot' film, je crois qu'y suffit d'regarder.
-Si, y a à comprendre mais qu'est-ce qu'on appelle comprendre... C'est pas grave, on comprend pas forcément tout, tout de suite."

http://www.ina.fr/ardisson/bains-de-minuit/video/I08046705/jean-luc-godard-a-propos-de-soigne-ta-droite.fr.html

sans me comparer à ardisson, en restant modestement moi-même, je précise que non seulement tu ne te comprends pas, mais que tu ne comprends non plus rien aux "auteurs" que tu cites...

(je pourrais le montrer depuis n'importe lequel de tes messages, mais je suis pas payé pour ça)

t'en fais pas, ça viendra dans quelques dizaines d'années, ou jamais

aucun plaisir à dire ça

c'est ainsi

(ne me cherches pas, tu ne me trouveras pas; t'as pas le niveau)

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Message par balthazar claes Mer 23 Déc 2009 - 12:24

Flavien a écrit:Je crois que la phrase de Grüss, qui selon moi entend que le cinéma est un travail qui laisse des traces mais en effaçant le geste, s'applique très bien à Rivette.

Le cinéma, même chez Rossellini, quelques premiers Truffaut et Rivette, est un travail qui s'efface au profit de l'art.


Faut reconnaître que ces phrases sont à la fois fausses et dépourvues de sens, en quelque sorte ; elles cumulent un peu tous les défauts possibles, de l'approximation au contresens.


La phrase de Grüss veut dire ceci : pour obtenir l'exécution parfaite de tel numéro de jonglage ou de dressage d'éléphants, il faut, non seulement travailler très dur, mais en plus, travailler encore pour donner l'illusion de la facilité. On peut plus ou moins l'entendre aussi comme banalité sur l'art en général.


Quand Rosselini dit « les choses sont là, pourquoi les manipuler ? » , ce qu'il veut dire a à voir avec l'idée de documentaire, en (très) gros : le meilleur sujet du monde, c'est une vraie pêche au thon, il n'y a rien de plus beau, de plus puissant, de plus artistique cinématographiquement parlant. La voie « documentaire » est pour lui la voie authentique du cinéma.


On ne peut pas faire plus différent. D'un côté Grüss s'intéresse au sens noble d'un « spectacle », qui est performance, et excellence de la performance, où tous les défauts d'exécution doivent être effacés ; de l'autre Rosselini rejette un « spectacle » qui se détourne du réel, de sa tragédie et ses souffrances.


Et le numéro de cirque délibérément raté de Vittorio dans 36 Vues, on pourrait dire que c'est du non-travail non-dissimulé, de ce point de vue. Rivette s'intéresse ici justement à montrer le point où le masque tombe, où le rôle est pris en défaut.

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Message par balthazar claes Mer 23 Déc 2009 - 13:24

Borges a écrit:
Quelle rapport avec la légende?

(une des versions)



Au Moyen Age vivaient à Saint-Martin-de-Londres trois hommes riches et amoureux d’une même femme : Loup, Guiral et Clair.
Ayant avoué leur passion à la dame, cette dernière leur répondit qu’elle épouserait le plus glorieux. Tous les trois partir à la guerre.
Quelques années plus tard, ils revinrent couverts d’honneur mais inutilement car la jeune femme était morte pendant leur absence.
Fous de chagrin, ils décidèrent d’un commun accord de vivre en ermites. Ils montèrent chacun sur l’un des trois pics formant un triangle autour du village. Chaque année à Noël, ils allumaient un grand feu que l’on voyait de la plaine et qui signalait leur présence.
Un Noël, il n’y eut plus que deux brasiers. Puis un seul. Puis aucun.
Les trois ermites étaient morts.

En hommage à leur courage on appela les pics par leurs prénoms.
Celui sur lequel vivait Guiral devint Saint Guiral. Il est situé près du Mont Aigoual.
Celui sur lequel vivait Clair fut nommé Saint Clair. C’est à ses pieds qu’est bâtie la ville de Sète.
Celui sur lequel vivait Loup est devenu Pic Saint Loup, notre montagne emblématique.



On imagine ce que Rohmer aurait fait à la place de Rivette.



Ce n'est pas la première fois que Rivette s'intéresse aux belles mortes : Histoire de Marie et Julien.

Histoire de Marie et Julien : elle est morte
Ne Touchez pas la hache : elle est cloîtrée dans un couvent
36 Vues du pic Saint-Loup : elle est possédée par un mort, enfermée dans le passé


Cette légende du pic saint-Loup renvoie à l'amour courtois. Quand Vittorio arrive de nulle part dans sa belle voiture pour sauver Kate, on l'imagine en chevalier errant, venant se mettre au service de sa dame sans rien attendre en retour.

Alors que dans Ne Touchez pas la hache, on était dans les fièvres de l'amour romantique. Balibar "allume" Depardieu, fait la coquette, mais il n'accepte pas ce jeu, il exige qu'elle soit à lui, estime qu'il a le droit de se venger.


Peut-on voir l'alternance entre les pôles lunaire et solaire bien connus chez Rivette, 36 vues est un film plutôt lunaire, tourné vers la nuit et les spectres, Ne Touchez pas la hache un film solaire, tourné sous le feu du soleil méditerranéen ; d'un côté le feu de la passion, et du drame ; de l'autre douceur nocturne, calme et silence, réconciliation avec les ombres.


L'important dans la légende, c'est sans doute qu'ils étaient trois : trois amis fidèles, rivaux loyaux pour le coeur de la belle ; puis faisant ensemble voeu de solitude. Une espèce de "communauté sans communauté" veillant sur le village où avait vécu leur dame.

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Message par Borges Mer 23 Déc 2009 - 13:45

Ne Touchez pas la hache : elle est cloîtrée dans un couvent;
elle meurt aussi et devient poème de la mer, elle a ce qu'à la beauté : l'éternité
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Message par Borges Jeu 14 Jan 2010 - 13:01

dans le dernier numéro de Positif, un dossier sur le cirque, de chaplin (et bien avant) au dernier rivette...


A propos du dernier rivette, ils écrivent :

« Rivette conçoit la circularité de la piste, constamment surlignée par la mise en scène, comme une incarnation de l’inconscient dont il faut briser la clôture. D’où la possibilité, pour un observateur (sergio C), d’entrer dans le jeu. D’où encore, la tentation de remplacer la magie du spectacle par une métaphysique du rire et un questionnement existentiel qui contribuent à faire de la piste le lieu de la vérité du rapport humain. "

ce qui résume un peu notre discussion, je pense, mais ils ne citent personne, pas même lacan
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