Elle et lui
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Eyquem
adeline
6 participants
Elle et lui
Hier soir, j'ai voulu regarder la télé. J'ai zappé, sur les cent vingt-trois chaînes de ma freebox. Et rien. Comme j'ai souscrit l'abonnement supplémentaire de 2,50 euros par mois pour recevoir TCM, j'enregistre régulièrement des classiques, souvent américains. J'avais "Elle et lui" sur mon magnéto.
Je me suis dit, ça, ça sera bien à regarder.
Je l'avais vu adolescente. Je ne sais plus si j'avais pleuré ou non. Je n'avais pas trouvé ça aussi marquant qu'une copine me l'avait promis, mais ça m'avait bien plu. Je me souviens que le titre, "Elle et lui", nous avait été d'une grande aide, à cette copine et moi, pour un concours d'affiches contre le sida. C'était parti de "Elle et lui" et on avait décliné "elle et elle", "lui et lui", et la phrase-choc : "mais surtout lui" sous un préservatif. L'affiche avait été exposée un mois à Beaubourg, si si.
Bref, je me suis dit que j'allais le regarder.
Je me suis pelotonnée sous ma couverture en polaire blanche. C'est pas qu'il fasse déjà froid, mais même en été, la couverture, c'est pour les films. Et c'était parti.
J'ai pleuré.
Je le savais bien que j'allais pleurer, mais on est toujours étonné de voir que ça marche encore. Le cinéma je veux dire, que ça marche.
J'ai trouvé que c'était plein de maladresses, des drôles de raccords, un arrière-plan mondain assez bizarre. La future femme éconduite est jouée par la même actrice que la femme éconduite par Jerry Mulligan dans "Un Américain à Paris". Je ne l'aime pas trop.
Mais Deborah Kerr, quelle grande classe. Et quelle bonté.
A vrai dire, tout est un peu bizarre dans le film. L'accident survient de nulle part. La "déchéance financiaire" des deux amoureux est un peu surfaite, comme l'était la renommée de Nickie Ferrante au début (j'ai même pensé à un moment, on dirait Paris Hilton au masculin). Est-ce que j'ai grandi, ou est-ce que je me trompe, j'ai trouvé que tout était maladroit, un peu à côté, pas tout à fait adéquat.
N'empêche, j'ai préféré que le souvenir que j'en avais.
Est-ce qu'on peut dire d'un film que c'est un bon film, non pas parce qu'il est top, mais parce que l'ensemble du scénario, des idées, des caractères, des actions dedans sont bons ?
Je me suis dit, ça, ça sera bien à regarder.
Je l'avais vu adolescente. Je ne sais plus si j'avais pleuré ou non. Je n'avais pas trouvé ça aussi marquant qu'une copine me l'avait promis, mais ça m'avait bien plu. Je me souviens que le titre, "Elle et lui", nous avait été d'une grande aide, à cette copine et moi, pour un concours d'affiches contre le sida. C'était parti de "Elle et lui" et on avait décliné "elle et elle", "lui et lui", et la phrase-choc : "mais surtout lui" sous un préservatif. L'affiche avait été exposée un mois à Beaubourg, si si.
Bref, je me suis dit que j'allais le regarder.
Je me suis pelotonnée sous ma couverture en polaire blanche. C'est pas qu'il fasse déjà froid, mais même en été, la couverture, c'est pour les films. Et c'était parti.
J'ai pleuré.
Je le savais bien que j'allais pleurer, mais on est toujours étonné de voir que ça marche encore. Le cinéma je veux dire, que ça marche.
J'ai trouvé que c'était plein de maladresses, des drôles de raccords, un arrière-plan mondain assez bizarre. La future femme éconduite est jouée par la même actrice que la femme éconduite par Jerry Mulligan dans "Un Américain à Paris". Je ne l'aime pas trop.
Mais Deborah Kerr, quelle grande classe. Et quelle bonté.
A vrai dire, tout est un peu bizarre dans le film. L'accident survient de nulle part. La "déchéance financiaire" des deux amoureux est un peu surfaite, comme l'était la renommée de Nickie Ferrante au début (j'ai même pensé à un moment, on dirait Paris Hilton au masculin). Est-ce que j'ai grandi, ou est-ce que je me trompe, j'ai trouvé que tout était maladroit, un peu à côté, pas tout à fait adéquat.
N'empêche, j'ai préféré que le souvenir que j'en avais.
Est-ce qu'on peut dire d'un film que c'est un bon film, non pas parce qu'il est top, mais parce que l'ensemble du scénario, des idées, des caractères, des actions dedans sont bons ?
adeline- Messages : 3000
Re: Elle et lui
Curieux : je pensais justement à ce film pour une raison tout à fait anecdotique. Dans le Oliveira, quand le garçon embrasse la jeune fille blonde, elle lève la jambe (c'est la photo dans les Cahiers).
Il me semble bien que Deborah Kerr aussi, quand Cary Grant l'embrasse dans l'escalier du bateau, non ?
Il me semble bien que Deborah Kerr aussi, quand Cary Grant l'embrasse dans l'escalier du bateau, non ?
Eyquem- Messages : 3126
Re: Elle et lui
Ouh là là, Deborah Kerr qui lève la jambe
Hi hi hi, non non, je ne crois pas qu'elle lève jamais la jambe. En fait le plan est ainsi : on ne voit que les jambes, qui descendent un escalier. Ses jambes, à DK, devant celles de Cary Grant. Et on comprend, quand ses jambes hésitent et se tournent pour remonter quelques marches, qu'elle l'embrasse. Alors que pourtant elle résistait tout ce qu'elle pouvait !
Hi hi hi, non non, je ne crois pas qu'elle lève jamais la jambe. En fait le plan est ainsi : on ne voit que les jambes, qui descendent un escalier. Ses jambes, à DK, devant celles de Cary Grant. Et on comprend, quand ses jambes hésitent et se tournent pour remonter quelques marches, qu'elle l'embrasse. Alors que pourtant elle résistait tout ce qu'elle pouvait !
adeline- Messages : 3000
Re: Elle et lui
C'est bien cette manière de parler des films (surtout vieux, et tout; les classiques, comme on dit) en les liant à la vie, à l'expérience, mémoire, désir, souvenirs... Du Cavell à la Salinger.
Borges- Messages : 6044
Re: Elle et lui
Je n'ai pas vu ce film mais ton texte est sympa Adeline.
Ccamille tu aurais pu nous dire qu'il y a Camille dans "Le Mépris", si je me souviens bien, qui fait un levé de jambe lorsqu'elle embrasse Paul dans l'appartement (mais entre les jambes de l'homme). Filmé aussi en plan rapproché, il me semble. Ca s'appelle comment un plan coupé à ce niveau-là de l'individu ? Si il n'y a pas déjà de nom, il faudrait en trouver un, non ?
Ccamille tu aurais pu nous dire qu'il y a Camille dans "Le Mépris", si je me souviens bien, qui fait un levé de jambe lorsqu'elle embrasse Paul dans l'appartement (mais entre les jambes de l'homme). Filmé aussi en plan rapproché, il me semble. Ca s'appelle comment un plan coupé à ce niveau-là de l'individu ? Si il n'y a pas déjà de nom, il faudrait en trouver un, non ?
Dernière édition par JM le Jeu 17 Sep 2009 - 9:09, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Elle et lui
ccamille a écrit:quelque chose comme du fétichisme, non ?
nan mais c'est super sérieux ! Je pensais d'une façon générale aux plans entre la taille et les pieds.
Invité- Invité
Re: Elle et lui
ccamille a écrit:le plus grand mélo de l'histoire du genre ...
Je suis très loin de partager ton avis.
Il y a tant de Sirk meilleurs, ou Minnelli; ou encore Lynch....
Mais qu'est-ce qu'un mélodrame, un drame accompagné de musique, le drame d'une femme inconnue; le contraire des comédies de remariage? Une femme qui n'arrive pas à trouver son "éducateur"?
Borges- Messages : 6044
Re: Elle et lui
j'aime beaucoup Sirk, j'aime beaucoup Minnelli, pour le premier la grâce, pour le second l'amour de la vie mais pour elle et lui ce charme dont parle Adeline, qui colle à la peau.
JM j'avais compris le sens de ta question : je n'ai pas de réponse sinon les plans d'une femme mariée de godard ou le générique de la collectionneuse de rohmer
JM j'avais compris le sens de ta question : je n'ai pas de réponse sinon les plans d'une femme mariée de godard ou le générique de la collectionneuse de rohmer
Invité- Invité
Re: Elle et lui
Merci Borges, JM, ccamille...
JM, ça serait un bas plan américain ? Un plan américain renversé ? Je sais pas trop...
Lynch Borges ? Tu penses à Sailor et Lula ? Je ne l'ai pas vu... Mais c'est sûr, Elle et lui, ça n'est pas vraiment comparable à un Sirk, ou Minelli... Il manque pas mal de choses, mais une impression quand même, qu'avec tous les défauts, quelque chose de fort émeut...
JM, ça serait un bas plan américain ? Un plan américain renversé ? Je sais pas trop...
Lynch Borges ? Tu penses à Sailor et Lula ? Je ne l'ai pas vu... Mais c'est sûr, Elle et lui, ça n'est pas vraiment comparable à un Sirk, ou Minelli... Il manque pas mal de choses, mais une impression quand même, qu'avec tous les défauts, quelque chose de fort émeut...
adeline- Messages : 3000
Re: Elle et lui
Ouiiiii, merci Eyquem, j'ai cherché un jeu de mot tout l'après-midi, et je ne trouvais rien !
adeline- Messages : 3000
Re: Elle et lui
De rien - de toute façon, c'est plus joli que "gros plan" - ce qu'il est, à mon avis.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Elle et lui
Pas mal.
On pourrait sinon appeler ce plan un plan "tiers".
Je crois que Godard commence aussi la séquence avec l'indienne qui descend les escaliers avec un plan à cette hauteur, dans "Notre musique"..
On pourrait sinon appeler ce plan un plan "tiers".
Je crois que Godard commence aussi la séquence avec l'indienne qui descend les escaliers avec un plan à cette hauteur, dans "Notre musique"..
Invité- Invité
Re: Elle et lui
Hello Adeline; je pense que le cinéma de Lynch en général c'est du mélodrame.
Borges- Messages : 6044
Re: Elle et lui
David_Boring a écrit:Salut adeline, j'ai beaucoup aimé ce texte. Merci.
Toujours très encourageant de connaître ton avis, DB: merci, pour elle.
Borges- Messages : 6044
Re: Elle et lui
Pas vu mais du coup, Adeline, envie de le voir.
Je crois que je désirerais volontiers pleurer devant un film, un jour...
Je crois que je désirerais volontiers pleurer devant un film, un jour...
lorinlouis- Messages : 1691
Re: Elle et lui
Il y a de beaux passages de Derrida, sur l'oeil; je les avais utilisés pour lire la scène des pleurs devant "Jeanne d'arc" de "Vivre sa vie", dans un texte qui viendra peut-être un jour. Quelle est la fonction de l'oeil, demande-t-il? Toute la tradition, et nous avec, répondra, répond, "voir, regarder..."; et si c'était pleurer? demande Derrida. Oui, mais alors, qu'est-ce que pleurer au cinéma? comment pleurer au cinéma? Qui pleure ne voit pas. Pleurer au cinéma, c'est mettre en évidence, cette destination de l'oeil qui nie sa fonction naturelle. Ses larmes l'empêchaient de voir, dit-on. Qui pleure ne voit pas. Qui voit ne pleure pas. Le cinéma se relève quand il fait pleurer, ou quand il fait fermer les yeux devant l'horreur.
Borges- Messages : 6044
Re: Elle et lui
M'offrant un petit tour pour voir si des films vus récemment me permettent de lire de "nouveaux" topics, je suis bien content de tomber sur celui-là.
Le film est ressorti cet été à Paris, peut-être ailleurs, peut-être qu'il "tourne" un peu maintenant. C'était la première fois que je le voyais, je crois qu'il a été "super-restauré", en tout cas les couleurs pétaient bien, et c'était la fête.
D'ailleurs le texte d'Adeline, aussi.
A première vue, j'ai été très sensible au brio du premier mouvement (la comédie, je crois qu'on dirait dans le genre "screwball" ???), bien moins au mélo. Pas une position de principe, mais il me semble que le bas (nylon donc) blesse pas mal au niveau du récit. Cela dit, Deborah Kerr est assez fortiche pour l'emporter malgré tout puisque j'ai quand même versé ma larme à la fin.
Bref, j'attends de le revoir et ne désespère pas alors d'avoir quelque chose de plus intelligent à en dire
Tout de même :
En fait, c'est Cary Grant qui lève le jambe. Et quelque part, c'est pas rien.
Le film est ressorti cet été à Paris, peut-être ailleurs, peut-être qu'il "tourne" un peu maintenant. C'était la première fois que je le voyais, je crois qu'il a été "super-restauré", en tout cas les couleurs pétaient bien, et c'était la fête.
D'ailleurs le texte d'Adeline, aussi.
A première vue, j'ai été très sensible au brio du premier mouvement (la comédie, je crois qu'on dirait dans le genre "screwball" ???), bien moins au mélo. Pas une position de principe, mais il me semble que le bas (nylon donc) blesse pas mal au niveau du récit. Cela dit, Deborah Kerr est assez fortiche pour l'emporter malgré tout puisque j'ai quand même versé ma larme à la fin.
Bref, j'attends de le revoir et ne désespère pas alors d'avoir quelque chose de plus intelligent à en dire
Tout de même :
Eyquem a écrit:Curieux : je pensais justement à ce film pour une raison tout à fait anecdotique. Dans le Oliveira, quand le garçon embrasse la jeune fille blonde, elle lève la jambe (c'est la photo dans les Cahiers).
Il me semble bien que Deborah Kerr aussi, quand Cary Grant l'embrasse dans l'escalier du bateau, non ?
En fait, c'est Cary Grant qui lève le jambe. Et quelque part, c'est pas rien.
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