Un débat facebook que j'ai eu récemment...

Oshima était apparemment plus au courant de ce que représentait Godard en Europe que Godard n'était au courant de ce que représentait Oshima au japon.
Je suis à peu près d'accord avec ce que tu dis, c'est bien pour cette raison que pour moi le parallèle à faire est technique. La rupture cinéma de studio et productions plus légères mettant en avant la notion d'auteur. Sinon je pense qu'Oshima a quand même dialogué avec la Nouvelle Vague, ce qu'il fait pour "A propos de chanson paillarde japonaise" par exemple, ressemble à de la déstructuration à la Nouvelle Vague. Sa manière d'intégrer du discours dans l'espace filmique y ressemble fort.
Sinon moi aussi je trouve ça bizarre qu'on appelle tous ces mouvements cinématographiques qui rompent avec la politique des studios "Nouvelle Vague". C'est un peu facile.

Merci JM. Je ne sais pas non plus si ça répond à une question, mais ça apporte à la discussion.

JM a écrit:En particulier au passage avec l'enfant dans "Ici et ailleurs". Cet enfant palestinien qui récite un poème de Darwich devant le théâtre de la guerre avec la gestuelle d'un révolutionnaire français de 89.

J'y avais pas pensé, mais c'est très vrai.
D'ailleurs le commentaire en voix-off sur cet image s'achève sur : "Elle est innocente, mais peut-être que cette forme de théâtre l'est moins".

Ce que je voulais dire aussi c'est que je ne comprends pas certaines remarques à propos d'une possible résurgence communiste au Japon, je ne vois pas ce que cela a de si ahurissant, c'est déjà arrivé par le passé, dans les années 60-70

Ce qui est "surprenant", c'est que suite à l'affaire du chalet d'Asama (que décrit le film de Wakamatsu) la sympathie pour les mouvements de gauche a radicalement baissé au Japon, qui depuis a été très méfiant vis à vis du "communisme".

wootsuibrick a écrit:Mais il semblerait qu'il n'en fasse pas un portrait glorieux. J'ai vu un autre de ses films traitant de thèmes proches, et là aussi ça n'était pas glorieux pour le groupuscule d'extrême gauche.

En effet, ce n'est pas très glorieux.
Ceci n'engage que moi, mais il me semble qu'il y a chez Wakamatsu une certaine nostalgie devant le gâchis qu'à été la lutte armée au Japon (qui n'a rien fait d'autre que s'entredéchirer, et n'a finalement pu survivre qu'à l'international).

Pour en revenir à JM qui se demande comment le film peut être perçu, United Red Army est un film qui montre les événements du point de vue des membres de l'Armée Rouge Unifiée - point de vue en partie motivé par le traitement ordinaire du sujet, du point de vue de la police (Le Choix d'Hercule de Masato Harada) - il faut en avoir conscience en le regardant. Cela dit, c'est sans doute le plus documenté sur le sujet.

L'autre film dont Mounir parle doit être L'extase des anges (sorti en mars 72, soit à peine une dizaine de jour après Asama !) qui raconte les luttes internes d'une organisation terroriste et la scission d'une des factions.

Sur l'Armée Rouge Japonaise je pense à deux films de Masao Adachi (ancien scénariste de Wakamatsu et lui-même membre de l'ARJ) :
- Déclaration de guerre mondiale : Front Populaire de Libération de la Palestine / Armée Rouge Japonaise (1972, coréalisé avec Wakamatsu), sur le FPLP et les liens que l'ARJ entretenait avec. Attention, grosse propagande inside ^^
- Prisoner/Terrorist (2007), sur l'emprisonnement de Kozo Okamoto, membre de l'ARJ ayant participé à l'attentat de l'aéroport de Tel-Aviv.
(le premier est trouvable sur surealmoviez, le second n'a à ma connaissance été montré qu'en festival et n'est dispo nulle part, ce qui est dommage car c'est du très lourd)


Mazette vous écrivez vite !

Sur la "Nouvelle Vague Japonaise", si le mouvement est contemporain de la Nouvelle Vague bien de chez nous et s'il y a eu parfois influence réciproque (Oshima et Yoshida, notamment), ça reste assez différent du point de vue de la structure. La Nouvelle Vague Japonaise est un mouvement de studio (de la Shochiku), ce ne sont pas comme en France des critiques (sauf Oshima, justement).

C'est un mouvement de studio au départ. Il ne faut pas oublier que beaucoup de gens qu'on identifie comme appartenant à la nouvelle vague japonaise se sont retrouvé à l'ATG. Et c'est certainement pas à toi que je vais l'apprendre Epikt. lol
(D'ailleurs Nuit et Brouillard au japon, n'a-t-il pas été le film qui a signé la rupture d'Oshima d'avec son studio?)

Epikt a écrit:


L'autre film dont Mounir parle doit être L'extase des anges (sorti en mars 72, soit à peine une dizaine de jour après Asama !) qui raconte les luttes internes d'une organisation terroriste et la scission d'une des factions.

Oui c'est bien l'extase des anges. La distributrice du dernier film de Wakamatsu m'a dit avoir pu avoir les droits de pas mal de ses films des années 60-70.

Il faudrait certainement en parler plutôt ailleurs mais plus je découvre les films d'Oshima plus je le mets en opposition claire avec les films que je connais de Suzuki. Le second fait vraiment figure de "Warhol" du cinéma japonais assez superficiel à côté de l'engagement forcené d'un Oshima au cinéma très ancré profondément dans le réel.

(merci pour vos références, je reviendrai plutôt sur URA lorsque je l'aurai vu !)

JM a écrit:je le mets en opposition claire avec les films que je connais de Suzuki. Le second fait vraiment figure de "Warhol" du cinéma japonais assez superficiel à côté de l'engagement forcené d'un Oshima au cinéma très ancré profondément dans le réel.

Suzuki a aussi réalisé des choses comme La barrière de chair, Histoire d'une prostituée, ou Elégie de la bagarre... La politique n'est peut-être pas aussi lisible ou aussi polémique que chez Oshima, elle est du moins pas directement liée à une actualité de l'époque, mais il y a quand même des questionnement qui dépasse le soucis de l'esthétique. Mais sinon, formellement Suzuki a parfois fait des films qui allait assez loin dans l'expérimentation, sans pour autant que ce soit flagrant, j'aime beaucoup sa taisho trilogy.
Je ne suis pas de ceux qui croient que s'intéresser à la dialectique politique c'est être particulièrement ancré dans le réel.

wootsuibrick a écrit:
Je ne suis pas de ceux qui croient que s'intéresser à la dialectique politique c'est être particulièrement ancré dans le réel.

tu as raison wootsuibrick, certainement qu'il ne suffit pas de s'y intéresser !

ah oui mais dis moi donc ce qu'il faut de plus ?

Oshima : " Il est presque impossible que, dans le domaine de la politique, l'imaginaire puisse réaliser une action réelle. Mais je dis "presque" impossible. Quand cela se produit on a une révolution ".

N'est-ce pas du galimatias de réalisateur bourgeois pour qui le "presque" impossible est de filmer ensemble un singe et Charlotte Rampling ?

Désespérant.

Pas vue le film avec Rampling et le singe.
Et je comprend pas très bien à quoi s'adresse le "ah oui mais dis moi donc ce qu'il faut de plus?"

salut,

ça s'adresse à Jm

camille a écrit:ah oui mais dis moi donc ce qu'il faut de plus ?

Oshima : " Il est presque impossible que, dans le domaine de la politique, l'imaginaire puisse réaliser une action réelle. Mais je dis "presque" impossible. Quand cela se produit on a une révolution ".

N'est-ce pas du galimatias de réalisateur bourgeois pour qui le "presque" impossible est de filmer ensemble un singe et Charlotte Rampling ?

Désespérant.

Juste pour replacer la citation d'Oshima dans son contexte :

https://i.servimg.com/u/f87/13/27/83/32/oshima10.jpg

Entretien, par Pascal Bonitzer, Michel Delahaye et Sylvie Pierre, Cahiers du cinéma #218.

ouch... mal aux yeux.
ça s'agrandit cette image?