Eastern Boys (R. Campillo)
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Eastern Boys (R. Campillo)
J'ai pas aimé du tout.
Je lis la critique des Inrocks, par exemple (faut savoir que la presse soutient massivement le film):
Et que penser de la fin de ce film? Garrel qui s'indigne d'une rafle, joue aux "artistes romantiques"; mais Campillo, en cinéaste qui pose les vraies questions, filme aussi une rafle, mais en nous mettant du côté des flics. C'est sûr qu'on gagne au change, en réalisme, et en non-romantisme.
Pour vous situer un peu la séquence finale, sachez que le personnage principal cherche à délivrer son protégé sans-papiers des griffes de sa bande de potes (une vraie mafia, sous la coupe d'un caïd tout ce qu'il y a d'inquiétant). Pour parvenir à le faire sortir de l'hôtel où il est retenu prisonnier, il appelle la police, qui fait pas dans le détail et se met à courser tous les sans-papiers présents, mafieux ou pas; grâce à quoi, notre héros peut s'enfuir avec son amoureux.
C'est terrible comme idée. Je pense pas que Campillo soit pour la chasse aux sans-papiers, mais son film réussit la prouesse de transformer une rafle en scène épique, avec musique, suspense et tout, où on se réjouit de voir les flics embarquer tout le monde pour le centre de rétention. C'est lamentable.
C'est pourtant pas comme ça que le film commençait. Au début, j'y ai un peu cru (quand on voit l'amoureux laisser les jeunes types dévaliser son appart', dans un happening inattendu qui semble tourner en ridicule la vie rangée, l'appart' bourgeois de son propriétaire). Mais au final, ça se termine par un beau retour à l'ordre, où ce qui prime sur tout le reste, c'est le fantasme familial débile du bourgeois, qui a décidé d'adopter son protégé, coûte que coûte, quitte à faire embarquer des dizaines d'autres sans-papiers, qui n'avaient rien demandé.
Je lis la critique des Inrocks, par exemple (faut savoir que la presse soutient massivement le film):
C'est quoi, l'intelligence politique selon les Inrocks? Faire des clandestins un objet de désir. Franchement, l'idée de montrer un clandestin qui couche pour 50 euros, je vois pas ce que ça a d'intelligent, de politique ou quoi que ce soit.Les Inrocks a écrit:Les ambitions [de Campillo] sont claires, frontales : “Parler des sans-papiers”, affirme le cinéaste dans sa note d’intention. Mais parler pour dire quoi ? Pour dire sa révolte de citoyen face à un Etat qui, même sous un gouvernement de gauche, continue de réprimer les immigrés clandestins ? Pour dire sa colère d’artiste romantique penché sur les affaires du monde, comme Philippe Garrel filmant de loin une arrestation de sans-papiers en marge d’Un été brûlant ? Lui, au risque de se rendre moins aimable, préfère poser les vraies questions, interroger notre regard sur les sans-papiers, ces sujets de fantasme et de répulsion qu’il aborde par le prisme le plus révélateur possible, celui du désir [...] Le film témoigne d’un sens de l’écriture aiguisé et d’une redoutable intelligence politique [...] .
Et que penser de la fin de ce film? Garrel qui s'indigne d'une rafle, joue aux "artistes romantiques"; mais Campillo, en cinéaste qui pose les vraies questions, filme aussi une rafle, mais en nous mettant du côté des flics. C'est sûr qu'on gagne au change, en réalisme, et en non-romantisme.
Pour vous situer un peu la séquence finale, sachez que le personnage principal cherche à délivrer son protégé sans-papiers des griffes de sa bande de potes (une vraie mafia, sous la coupe d'un caïd tout ce qu'il y a d'inquiétant). Pour parvenir à le faire sortir de l'hôtel où il est retenu prisonnier, il appelle la police, qui fait pas dans le détail et se met à courser tous les sans-papiers présents, mafieux ou pas; grâce à quoi, notre héros peut s'enfuir avec son amoureux.
C'est terrible comme idée. Je pense pas que Campillo soit pour la chasse aux sans-papiers, mais son film réussit la prouesse de transformer une rafle en scène épique, avec musique, suspense et tout, où on se réjouit de voir les flics embarquer tout le monde pour le centre de rétention. C'est lamentable.
C'est pourtant pas comme ça que le film commençait. Au début, j'y ai un peu cru (quand on voit l'amoureux laisser les jeunes types dévaliser son appart', dans un happening inattendu qui semble tourner en ridicule la vie rangée, l'appart' bourgeois de son propriétaire). Mais au final, ça se termine par un beau retour à l'ordre, où ce qui prime sur tout le reste, c'est le fantasme familial débile du bourgeois, qui a décidé d'adopter son protégé, coûte que coûte, quitte à faire embarquer des dizaines d'autres sans-papiers, qui n'avaient rien demandé.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Eastern Boys (R. Campillo)
Bien d'accord avec toi Eyquem. Le film s'appelle Eastern boys et on se dit en sortant que les gars de l'est, c'est vraiment tous maffia et compagnie.Y a rien à en tirer sauf Marek qui est l'exception qui confirme la règle.
En revanche, quand tu dis que ce qui prime à la fin sur tout le reste, "c'est le fantasme familial débile du bourgeois, qui a décidé d'adopter son protégé, coûte que coûte, quitte à faire embarquer des dizaines d'autres sans-papiers, qui n'avaient rien demandé".
Moi je ne l'ai pas vu comme ça : je ne pense pas que l'adoption soit une fin en soi pour le personnage. Il l'utilise à mon sens comme un instrument juridique pour faire échapper son amant à la clandestinité. Pour moi, c'est l'amour qui guide le personnage. Un amour cruel certes puisqu'il fait peu de cas des autres (clandestins). Mais un amour quand même.
En revanche, quand tu dis que ce qui prime à la fin sur tout le reste, "c'est le fantasme familial débile du bourgeois, qui a décidé d'adopter son protégé, coûte que coûte, quitte à faire embarquer des dizaines d'autres sans-papiers, qui n'avaient rien demandé".
Moi je ne l'ai pas vu comme ça : je ne pense pas que l'adoption soit une fin en soi pour le personnage. Il l'utilise à mon sens comme un instrument juridique pour faire échapper son amant à la clandestinité. Pour moi, c'est l'amour qui guide le personnage. Un amour cruel certes puisqu'il fait peu de cas des autres (clandestins). Mais un amour quand même.
gertrud04- Messages : 241
Re: Eastern Boys (R. Campillo)
Salut Gertrud,
Oui, c'est présenté comme une histoire d'amour. Mais je n'y ai pas cru: j'ai vu ça comme la version gay de vieux clichés exotiques: le parisien qui découvre les mystères ensorcelants de l'orient, et qui sauve le môme en le retirant de son milieu pour lui donner tout ce que l'orient ne connaît pas visiblement (l'amour, la sécurité d'un foyer, et le dernier I-Pod).
Oui, c'est présenté comme une histoire d'amour. Mais je n'y ai pas cru: j'ai vu ça comme la version gay de vieux clichés exotiques: le parisien qui découvre les mystères ensorcelants de l'orient, et qui sauve le môme en le retirant de son milieu pour lui donner tout ce que l'orient ne connaît pas visiblement (l'amour, la sécurité d'un foyer, et le dernier I-Pod).
Eyquem- Messages : 3126
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