Noé de Darren Aronofsky
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Noé de Darren Aronofsky
Pas vu le film dans des conditions optimales mais bon, j'essaye de retourner quelques cartes:
La question du sacrifice est centrale, sans étonnement;
les wicked, ceux qui ont péché, qui dévorent la chair animale, qui se livrent à la violence, au stupre et à la fornication, ne seront pas sauvés, ni acceptés dans l'arche.
Je crois qu'ils portent la malédiction de Cain? j'ai pas trop suivi lol
Grand nettoyage de printemps et aube écologique nouvelle qui annonce le retour du paradis terrestre.
Mais une question se pose à Noé; si l'humanité a péché, ne doit il, lui même, et sa famille, disparaître à l'issue du commandement divin de recueillir un couple de chaque espèce animale? Jusqu'à quel point va le sacrifice?
Questionnement intrinsèque, au mythe d'Adam et Eve, créatures de lumières dans le film, et de l'origine des sociétés humaines, de la formation des alliances, l'organisation dualiste du mariage, la propagation de l'espèce.
Noé recueille une fillette isolée, sans histoire ni passé, qui n'est pas de sa fratrie;
elle a reçu une blessure au ventre qui l'a rendue infertile. Elle formera plus tard un couple avec un fils de Noé. Mais elle ne sera pleinement intégrée au groupe qu'à la suite d'un rituel magique opéré par le patriarche, le grand père, qui lui donne ce qu'il aime et désire le mieux, une baie rouge, peut être une groseille, trouvée dans un buisson. Pulsion du désir du corps vertueuse par le souci de la procréation.
A contrario, son autre fils, attiré par la personnalité intrépide du roi, tel qu'il s'est proclamé, des terres alentour, va visiter le camp où il prépare l'assaut de l'arche en forgeant des armes d'acier. Alchimie contre foi lol.
Il tombe dans une crevasse pestilentielle dans laquelle une fille vit au milieu des cadavres: mauvais désir qui ne tend pas vers le vie. La fille sera tuée, abandonnée par Noé, son corps foulé et piétiné par la masse.
Ca rigole pas trop.
De même, les jumeaux mis au monde par le jeune femme recueillie enfant n’existent à l'image qu'au moment où Noé se penchent sur eux avec un poignard; auparavant, ils ne sont que cris, chaos sonore, hors du champ du visible, hors de l'existant.
On revient à la question du sacrifice; de la frontière tenue par des anges déchus ayant pris forme de géants de pierre, des machines parfaites qui se battent pour les hommes véritables, en retrait dans l'arche; ils fauchent les masses de synthèse, la piétaille humaine, comme blé mûr (Balthazar avait parlé de cela dans le hobbit). C'est assez stupéfiant ce goût pour les massacres.
Formellement, c'est assez nul je trouve. 70% de gros plans de visages entrelacés de plans de coupe. Lumière à la Brando dans apocalypse now ... lol
La question du sacrifice est centrale, sans étonnement;
les wicked, ceux qui ont péché, qui dévorent la chair animale, qui se livrent à la violence, au stupre et à la fornication, ne seront pas sauvés, ni acceptés dans l'arche.
Je crois qu'ils portent la malédiction de Cain? j'ai pas trop suivi lol
Grand nettoyage de printemps et aube écologique nouvelle qui annonce le retour du paradis terrestre.
Mais une question se pose à Noé; si l'humanité a péché, ne doit il, lui même, et sa famille, disparaître à l'issue du commandement divin de recueillir un couple de chaque espèce animale? Jusqu'à quel point va le sacrifice?
Questionnement intrinsèque, au mythe d'Adam et Eve, créatures de lumières dans le film, et de l'origine des sociétés humaines, de la formation des alliances, l'organisation dualiste du mariage, la propagation de l'espèce.
Noé recueille une fillette isolée, sans histoire ni passé, qui n'est pas de sa fratrie;
elle a reçu une blessure au ventre qui l'a rendue infertile. Elle formera plus tard un couple avec un fils de Noé. Mais elle ne sera pleinement intégrée au groupe qu'à la suite d'un rituel magique opéré par le patriarche, le grand père, qui lui donne ce qu'il aime et désire le mieux, une baie rouge, peut être une groseille, trouvée dans un buisson. Pulsion du désir du corps vertueuse par le souci de la procréation.
A contrario, son autre fils, attiré par la personnalité intrépide du roi, tel qu'il s'est proclamé, des terres alentour, va visiter le camp où il prépare l'assaut de l'arche en forgeant des armes d'acier. Alchimie contre foi lol.
Il tombe dans une crevasse pestilentielle dans laquelle une fille vit au milieu des cadavres: mauvais désir qui ne tend pas vers le vie. La fille sera tuée, abandonnée par Noé, son corps foulé et piétiné par la masse.
Ca rigole pas trop.
De même, les jumeaux mis au monde par le jeune femme recueillie enfant n’existent à l'image qu'au moment où Noé se penchent sur eux avec un poignard; auparavant, ils ne sont que cris, chaos sonore, hors du champ du visible, hors de l'existant.
On revient à la question du sacrifice; de la frontière tenue par des anges déchus ayant pris forme de géants de pierre, des machines parfaites qui se battent pour les hommes véritables, en retrait dans l'arche; ils fauchent les masses de synthèse, la piétaille humaine, comme blé mûr (Balthazar avait parlé de cela dans le hobbit). C'est assez stupéfiant ce goût pour les massacres.
Formellement, c'est assez nul je trouve. 70% de gros plans de visages entrelacés de plans de coupe. Lumière à la Brando dans apocalypse now ... lol
Dernière édition par erwan le Mar 15 Avr 2014 - 21:15, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Noé de Darren Aronofsky
C'était vraiment horrible et pourtant je suis une fan des péplums bibliques et j'y allais avec une grande envie de trouver ça très bien. Mais c'est vraiment nul.
Deux plans me restent, les reptiles entrant dans l'arche, les oiseaux. Les fauves aussi c'était pas mal, mais Aronofsky s'en fout des animaux, les plans ne duraient qu'une dizaine de secondes (alors que c'est quand même un des grands passages obligés de Noé, l'arrivée des animaux dans l'arche). Les animaux, c'est nul, les hommes qui sont carnivores sont des barbares et Aronofsky préfère les fleurs. Mais il aurait mieux fait de lire la Bible. A la fin, Dieu dit à Noé "Tout ce qui remue et vit vous servira de nourriture, comme déjà l'herbe mûrissante, je vous donne tout".
Outre le fait que Russel Crowe, comme on l'a mis sur le facebook des Spectres, a plus une tête de tueur en série psychopathe que d'un vieux sage et qu'on a l'impression qu'il porte un jean la plupart du temps, on peut quand même se poser la question de quelques pitites différences entre la version biblique de l'histoire et celle d'Aronofsky. Déjà, Noé a 600 ans au début du Déluge. Ensuite, ses fils sont mariés et il n'y a nulle part trace d'une jolie Hermione adoptée et stérile. Au contraire, tout le monde est hyper fertile dans la Genèse, même les vieillards de 800 ans. Ensuite, y'a pas de Toubal-Caïn qui arrive à entrer subrepticement dans l'arche, ni Cham qui essaye de tuer son père, tout ça tout ça. Il faudrait essaye de voir pourquoi Aronofsky a ajouté ce qu'il a ajouté…
"En l'an six cent de la vie de Noé, au deuxième mois, au dix-septième jour du mois, ce jour-là tous les réservoirs du grand Abîme furent rompus et les ouvertures du ciel furent béantes".
Ça a plus de gueule que n'importe quel plan d'Aronofsky avec ses pauvres géants de pierre tout handicapés, même si, stylistiquement, la TOB n'est pas terrible.
Deux plans me restent, les reptiles entrant dans l'arche, les oiseaux. Les fauves aussi c'était pas mal, mais Aronofsky s'en fout des animaux, les plans ne duraient qu'une dizaine de secondes (alors que c'est quand même un des grands passages obligés de Noé, l'arrivée des animaux dans l'arche). Les animaux, c'est nul, les hommes qui sont carnivores sont des barbares et Aronofsky préfère les fleurs. Mais il aurait mieux fait de lire la Bible. A la fin, Dieu dit à Noé "Tout ce qui remue et vit vous servira de nourriture, comme déjà l'herbe mûrissante, je vous donne tout".
Outre le fait que Russel Crowe, comme on l'a mis sur le facebook des Spectres, a plus une tête de tueur en série psychopathe que d'un vieux sage et qu'on a l'impression qu'il porte un jean la plupart du temps, on peut quand même se poser la question de quelques pitites différences entre la version biblique de l'histoire et celle d'Aronofsky. Déjà, Noé a 600 ans au début du Déluge. Ensuite, ses fils sont mariés et il n'y a nulle part trace d'une jolie Hermione adoptée et stérile. Au contraire, tout le monde est hyper fertile dans la Genèse, même les vieillards de 800 ans. Ensuite, y'a pas de Toubal-Caïn qui arrive à entrer subrepticement dans l'arche, ni Cham qui essaye de tuer son père, tout ça tout ça. Il faudrait essaye de voir pourquoi Aronofsky a ajouté ce qu'il a ajouté…
"En l'an six cent de la vie de Noé, au deuxième mois, au dix-septième jour du mois, ce jour-là tous les réservoirs du grand Abîme furent rompus et les ouvertures du ciel furent béantes".
Ça a plus de gueule que n'importe quel plan d'Aronofsky avec ses pauvres géants de pierre tout handicapés, même si, stylistiquement, la TOB n'est pas terrible.
adeline- Messages : 3000
Re: Noé de Darren Aronofsky
Adeline a écrit:Outre le fait que Russel Crowe, comme on l'a mis sur le facebook des Spectres, a plus une tête de tueur en série psychopathe que d'un vieux sage
quelques correspondances graphiques avec le jeu vidéo aussi. Le résumé de l'histoire de dark souls est intrigant.
wikipedia a écrit:(...) Des siècles, puis des millénaires passèrent et, parmi les Dieux salvateurs, les humains s’élevèrent. Leur ancêtre, le Pygmée, lui aussi étant détenteur d'un pouvoir du Feu, les affubla de la Marque Sombre. Les humains se transformèrent petit à petit en Carcasse, état entre la mort et la folie.
C’est dans ce contexte que le joueur incarne un de ces humains. Marqué et emprisonné avec les autres de son état, il s’échappera du refuge et deviendra l’Élu. L’Élu d’une nouvelle ère, d’un nouvel Âge. (...)
Invité- Invité
Re: Noé de Darren Aronofsky
Hi;
Que c'est mauvais, ce film. On a du mal à imaginer ce que l'on pourrait en dire, tellement c'est con. C'est le premier film de Darren Aronofsky que je vois. J'espère pour lui que ses autres trucs valent un peu plus, sinon il doit se classer parmi les pires supercheries de l'histoire du mauvais cinéma. Et dire que certains abrutis parlent d'audace, d'invention folle. Y a rien d'audacieux dans ce film, rien de fou, rien de malade. N'est pas fou ou malade qui veut, ou voyant. C'est un truc fait par un type sans la moindre imagination, sans le moindre sens de l'image, du rythme, de la mise en scène, de la scène, du personnage, du récit, ne parlons pas de son absolue insensibilité à la transcendance, à l'infini. Qu'on vienne pas me raconter qu'il se situe au-delà du récit, qu'il interroge la transcendance et la religion, ou je sais pas, il se situe nulle part, il n'interroge rien. Si je suis super honnête, je sauve deux ou trois moments, que l'on regarde, un peu intéressé, un peu saisi, sinon, c'est affligeant, honteux. Dès le début, à la première image, à la première musique, je me suis dit, c'est pas possible, on ne peut pas être aussi crétin. Et tout le long du film DA prouve le contraire, et sans le moindre effort.
Qu'a voulu faire ce type ? Quel problème a-t-il essayé de construire, de nous proposer. Aucun sans doute. Rien n'a d'intérêt dans sa réécriture, dans sa traduction cinématographique du monde biblique. On dit parfois que tout film est le documentaire de son propre tournage ; Noah est le documentaire de la connerie de DA.
La seule manière de s'intéresser à ce film c'est de de le relier à la bible et à l'histoire du péplum biblique, et à son retour. Les mauvais films hollywoodiens à super spectacle, les blockbusters, auront toujours un intérêt, si on les laisse tomber pour aller vers leurs sources, leurs origine, vers les textes, les mythes, les affects, les angoisses, les thèmes qu'ils réécrivent et transforment en clichés ; si cette connerie conduit certains à lire les quelques pages de la genèse consacrée à Noé, sera un peu justifiée.
Le seul ennemi des artistes, comme disait deleuze à propos de la peinture, c'est les clichés, c'est à eux que l'on doit s'attaquer, c'est à eux que l'on doit réserver le déluge. DA fait exactement le contraire, il noie les idées sous un déluge de clichés. Combien le récit biblique et ses différentes lectures sont plus riches, plus amusants, plus tout ce que vous voulez. Mauvais choix, noyer les idées, et sauver les clichés.
Que c'est mauvais, ce film. On a du mal à imaginer ce que l'on pourrait en dire, tellement c'est con. C'est le premier film de Darren Aronofsky que je vois. J'espère pour lui que ses autres trucs valent un peu plus, sinon il doit se classer parmi les pires supercheries de l'histoire du mauvais cinéma. Et dire que certains abrutis parlent d'audace, d'invention folle. Y a rien d'audacieux dans ce film, rien de fou, rien de malade. N'est pas fou ou malade qui veut, ou voyant. C'est un truc fait par un type sans la moindre imagination, sans le moindre sens de l'image, du rythme, de la mise en scène, de la scène, du personnage, du récit, ne parlons pas de son absolue insensibilité à la transcendance, à l'infini. Qu'on vienne pas me raconter qu'il se situe au-delà du récit, qu'il interroge la transcendance et la religion, ou je sais pas, il se situe nulle part, il n'interroge rien. Si je suis super honnête, je sauve deux ou trois moments, que l'on regarde, un peu intéressé, un peu saisi, sinon, c'est affligeant, honteux. Dès le début, à la première image, à la première musique, je me suis dit, c'est pas possible, on ne peut pas être aussi crétin. Et tout le long du film DA prouve le contraire, et sans le moindre effort.
Qu'a voulu faire ce type ? Quel problème a-t-il essayé de construire, de nous proposer. Aucun sans doute. Rien n'a d'intérêt dans sa réécriture, dans sa traduction cinématographique du monde biblique. On dit parfois que tout film est le documentaire de son propre tournage ; Noah est le documentaire de la connerie de DA.
La seule manière de s'intéresser à ce film c'est de de le relier à la bible et à l'histoire du péplum biblique, et à son retour. Les mauvais films hollywoodiens à super spectacle, les blockbusters, auront toujours un intérêt, si on les laisse tomber pour aller vers leurs sources, leurs origine, vers les textes, les mythes, les affects, les angoisses, les thèmes qu'ils réécrivent et transforment en clichés ; si cette connerie conduit certains à lire les quelques pages de la genèse consacrée à Noé, sera un peu justifiée.
Le seul ennemi des artistes, comme disait deleuze à propos de la peinture, c'est les clichés, c'est à eux que l'on doit s'attaquer, c'est à eux que l'on doit réserver le déluge. DA fait exactement le contraire, il noie les idées sous un déluge de clichés. Combien le récit biblique et ses différentes lectures sont plus riches, plus amusants, plus tout ce que vous voulez. Mauvais choix, noyer les idées, et sauver les clichés.
Deleuze a écrit:Les clichés ils sont déjà sur la toile avant que le peintre ait pris son pinceau. Le pire est déjà là. Toutes les abominations de ce qui est mauvais dans la peinture est déjà là. La peinture est nécessairement un déluge - Va falloir noyer tout ça. Empêcher tous ces dangers qui pèsent déjà sur la toile en vertu de son caractère pré- pictural ou de sa condition pré-picturale. Il faut défaire ça, et même si on ne les voit pas ils sont là, dans la tête, dans le coeur, ils sont partout, dans la pièce. C'est épatant, c'est des fantômes quoi... Si vous ne passez pas votre toile dans une catastrophe de fournaise ou de tempête, vous ne produirez que des clichés. On dira : "oh ! il a un joli coup de pinceau, ah c'est bien ça". "Oui c'est bien, c'est joli ! c'est bien fait". Un décorateur quoi, un décorateur ou bien un dessin de mode. Les dessinateurs de mode ils savent bien dessiner et c'est de la merde en même temps. Ca n'a aucun intérêt, rien, zéro quoi. Zéro...
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
Sans remonter au cheval de Béla Tarr, dernièrement au cinéma, on a eu le chat des brothers Coen, la taupe de Resnais. Des bêtes qui ont suscité des discussions, de l’intérêt, parce qu'elles existaient, avaient une présence, un rôle de figurant essentiel. Aronofsky, lui, ce qui montre l'étendue de son talent et l'authenticité de son truc, en filmant tous les animaux de la création n'a pas réussi à en individualiser un seul. Pour un film à prétention écologiste ou comme il vous plaira de le qualifier, c'est étonnant. Pas un plan un peu long sur un animal. Pas un chat, un corbeau, un serpent, une colombe qui sorte de la masse, qui existe en soi, qui se détache, qui soit porteur d'un récit, d'un affect, même minuscule, pas un animal arraché à son anonymat et qui entre dans une relation vivante avec Noé ou les membres de sa famille. Si ? Je m'en souviens pas.
Et là où cette relation aurait pu se créer, dans l'arche, où ils ont tout de même passé un an, le scénario, bêtement, s'arrange pour les endormir et nous emmerder avec les problèmes complètement artificiels de Noé. Endormir les animaux, comme c'est con; comme si on était dans un voyage intergalactique, à bord du Nostromo, par exemple, à quoi rassemble d'ailleurs l'arche. Y a même un Alien, le méchant roi. On croit comprendre qu'ils ont fait ça pour n'avoir pas à gérer la violence de ces bêtes. C'est con, encore plus, parce que l'arche est un espace qui reproduit les conditions de l'existence édénique, si je me trompe. Le loup et l'agneau y coexistent paisiblement. Dans la Genèse, mais aussi dans le film de Huston, Noé et sa famille s'occupent des bêtes. Il les nourrissent, les aident à mettre bas. Chez DA, y a pas un moment où Noé semble avoir la fibre animale. Pas même au début. C'est pas le chien tué qui l'intéresse mais les tueurs de ce chien, à qui il a envie de mettre une raclée; ce qu'il fait juste après avoir baratiné son gentil fils : faut pas arracher les fleurs. On ne doit prendre que ce dont on a besoin. Belle morale. Mais quel besoin il a ensuite de tuer ces types ? Aucun. Fallait juste nous rappeler que derrière Noé, fallait voir RC, et que le mec n'a rien perdu de ses penchants à la castagne, des ses talents de gladiateur, de boxeur, d'archer...
Les Américains semblent incapable d'imaginer un type juste, un juste, qui ne soit pas aussi un tueur. C'était la grande leçon de Tarantino dans son film nazi sur les nazis : nous autres juifs, faut pas croire tout ce que Levinas raconte à notre propos, nous ne sommes pas des obsédés du commandement que nous adresse le visage de l'autre, la trace de l'infini : "tu ne tueras pas". Nous aussi nous sommes capable de tuer, comme s'il fallait le prouver. Même topo avec Django. Pour l'idéologie hollywoodienne, on est un homme quand on peut tuer; c'est la morale du roi méchant dans le film. Noé, le gentil petit vieux à la barbe blanche de la Bible ne suffit pas à DA et à l'idéologie apocalyptique des blockbusters, il leur faut un juste, qui soit aussi un tueur, un juste qui surpasse dieu, sinon en capacité de destruction, du moins en désir de mort.
Qu'est ce qu'elle fout dans cette histoire Patti Smith ? Sa chanson est vraiment nulle, digne de la merde du dernier Hobbit. Je me demande si elle croit ce qu'elle raconte sur le film ou si elle fait juste son job de promotion. Ce qui serait normale, faut aider à vendre la soupe, même si c'est de la soupe de sorcière. N'est pas Brando qui veut.
Et là où cette relation aurait pu se créer, dans l'arche, où ils ont tout de même passé un an, le scénario, bêtement, s'arrange pour les endormir et nous emmerder avec les problèmes complètement artificiels de Noé. Endormir les animaux, comme c'est con; comme si on était dans un voyage intergalactique, à bord du Nostromo, par exemple, à quoi rassemble d'ailleurs l'arche. Y a même un Alien, le méchant roi. On croit comprendre qu'ils ont fait ça pour n'avoir pas à gérer la violence de ces bêtes. C'est con, encore plus, parce que l'arche est un espace qui reproduit les conditions de l'existence édénique, si je me trompe. Le loup et l'agneau y coexistent paisiblement. Dans la Genèse, mais aussi dans le film de Huston, Noé et sa famille s'occupent des bêtes. Il les nourrissent, les aident à mettre bas. Chez DA, y a pas un moment où Noé semble avoir la fibre animale. Pas même au début. C'est pas le chien tué qui l'intéresse mais les tueurs de ce chien, à qui il a envie de mettre une raclée; ce qu'il fait juste après avoir baratiné son gentil fils : faut pas arracher les fleurs. On ne doit prendre que ce dont on a besoin. Belle morale. Mais quel besoin il a ensuite de tuer ces types ? Aucun. Fallait juste nous rappeler que derrière Noé, fallait voir RC, et que le mec n'a rien perdu de ses penchants à la castagne, des ses talents de gladiateur, de boxeur, d'archer...
Les Américains semblent incapable d'imaginer un type juste, un juste, qui ne soit pas aussi un tueur. C'était la grande leçon de Tarantino dans son film nazi sur les nazis : nous autres juifs, faut pas croire tout ce que Levinas raconte à notre propos, nous ne sommes pas des obsédés du commandement que nous adresse le visage de l'autre, la trace de l'infini : "tu ne tueras pas". Nous aussi nous sommes capable de tuer, comme s'il fallait le prouver. Même topo avec Django. Pour l'idéologie hollywoodienne, on est un homme quand on peut tuer; c'est la morale du roi méchant dans le film. Noé, le gentil petit vieux à la barbe blanche de la Bible ne suffit pas à DA et à l'idéologie apocalyptique des blockbusters, il leur faut un juste, qui soit aussi un tueur, un juste qui surpasse dieu, sinon en capacité de destruction, du moins en désir de mort.
Qu'est ce qu'elle fout dans cette histoire Patti Smith ? Sa chanson est vraiment nulle, digne de la merde du dernier Hobbit. Je me demande si elle croit ce qu'elle raconte sur le film ou si elle fait juste son job de promotion. Ce qui serait normale, faut aider à vendre la soupe, même si c'est de la soupe de sorcière. N'est pas Brando qui veut.
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
je vais passer un peu de temps dans les parages de ce film...
Des fragments, rien de plus.
Détruire, disent-ils.
Mais c'est quoi détruire ?
Au fond, c'est quoi cette histoire de Noé, de déluge, d'arche, sinon une histoire de création.
L'arche, c'est l'œuvre d'art; Noé, c'est l'artiste. John Huston, dans son adaptation de la Bible joue Noé. DA, lui, se projette sans doute dans la figure du guerrier misanthrope psychopathe, qui veut tout détruire; c'est pas con en soi : il faut toujours détruire avant de créer; détruire, ce qui précède, ce qu'on n'aime pas, ce dont on n'est pas satisfait, en soi, hors de soi… dans les mondes de l'art et dans le monde tout court.
Qui ne détruit rien ne crée rien, ne recrée rien.
Les commentateurs de foot disent toujours c'est plus facile de détruire que de créer; c'est vrai au foot, et ailleurs, mais en art... le plus difficile, c'est détruire. Au sens ordinaire du mot, n'importe quel idiot pourrait vous détruire tous les musées du monde, toutes les galeries, toutes les bibliothèques en un rien de temps, si on lui en donnait les moyens; ça ne prendrait pas une vie. Mais on peut se demander s'il pourrait effectivement tout détruire, absolument tout détruire, si une œuvre ou l'autre n'arrêterait pas son geste… un peu comme Noé, dans le film…
Détruire, le plus difficile.
Barthes disait quelque part que le boulot de l'écrivain, de tout artiste, se résume à deux opérations : écrire, c'est ajouter des mots aux mots, des phrases aux phrases, et soustraire, effacer, enlever, réduire. Quand y a pas assez on ajoute, quand il y a trop, on enlève. Le problème, c'est pas la fameuse page blanche, mais la page trop remplie, le trop plein. On a toujours trop de mots, trop d'idées, et quand il s'agit de soustraire, on n'y arrive pas. Pour toutes les raisons qu'il vous plaira d'imaginer, dont la plus évidente est qu'on tient à ce qu'on a produit, même quand on n'en est pas très satisfait, même quand c'est nul.
Aristote : comme les parents aiment plus leurs gosses que les gosses n'aiment leurs parents, les artistes aiment plus leurs œuvres… qui ne les aiment pas du tout d'ailleurs.
C'est un autre en général qui se charge de la destruction, relative : l'éditeur, quelqu'un qui accompagne l'œuvre en progression. Proust était incapable de passer à l'opération de correction, de soustraction. Quand on lui rapportait des épreuves à corriger, ses corrections ça consistait à ajouter, à étendre sans fin ses phrases, ses analyses…
c'est très curieux, pour un type qui, malade, dans son lit, travaillait sous la menace de la mort et s'identifiait à la conteuse des 1001 nuits… et à Noé.
"Quand j’étais tout enfant, le sort d'aucun personnage de l'histoire sainte ne me semblait aussi misérable que celui de Noé, à cause du Déluge, qui le tint enfermé dans l'arche pendant quarante jours. Plus tard, je fus souvent malade, et pendant de longs jours je dus rester aussi dans l'"arche". Je compris alors que jamais Noé ne put si bien voir le monde que de l'arche, malgré qu'elle fût close et qu'il fit nuit sur la Terre." (Proust)
Magnifique.
Le problème avec le Noé de DA, c'est pas qu'il veuille détruire l'humanité, c'est qu'il désire l'effacer absolument, totalement, sans trace, sans retour, sans mémoire, sans survie. C'est un nazi, en somme, un nihiliste absolu. Ce type semble tout droit sorti des fantasmes de pureté de Travis Bickle, qui lui aussi appelait un déluge pour nettoyer le monde de ses animaux, de ses saletés, ordures, sang, putes, foutre…
Un film se voit souvent mieux depuis un autre film. Débarrassé de ses allures de héros tourmenté de dark fantasy, le Noé de DA n'est qu'un pauvre type à l'esprit dérangé...
Des fragments, rien de plus.
Détruire, disent-ils.
Mais c'est quoi détruire ?
Au fond, c'est quoi cette histoire de Noé, de déluge, d'arche, sinon une histoire de création.
L'arche, c'est l'œuvre d'art; Noé, c'est l'artiste. John Huston, dans son adaptation de la Bible joue Noé. DA, lui, se projette sans doute dans la figure du guerrier misanthrope psychopathe, qui veut tout détruire; c'est pas con en soi : il faut toujours détruire avant de créer; détruire, ce qui précède, ce qu'on n'aime pas, ce dont on n'est pas satisfait, en soi, hors de soi… dans les mondes de l'art et dans le monde tout court.
Qui ne détruit rien ne crée rien, ne recrée rien.
Les commentateurs de foot disent toujours c'est plus facile de détruire que de créer; c'est vrai au foot, et ailleurs, mais en art... le plus difficile, c'est détruire. Au sens ordinaire du mot, n'importe quel idiot pourrait vous détruire tous les musées du monde, toutes les galeries, toutes les bibliothèques en un rien de temps, si on lui en donnait les moyens; ça ne prendrait pas une vie. Mais on peut se demander s'il pourrait effectivement tout détruire, absolument tout détruire, si une œuvre ou l'autre n'arrêterait pas son geste… un peu comme Noé, dans le film…
Détruire, le plus difficile.
Barthes disait quelque part que le boulot de l'écrivain, de tout artiste, se résume à deux opérations : écrire, c'est ajouter des mots aux mots, des phrases aux phrases, et soustraire, effacer, enlever, réduire. Quand y a pas assez on ajoute, quand il y a trop, on enlève. Le problème, c'est pas la fameuse page blanche, mais la page trop remplie, le trop plein. On a toujours trop de mots, trop d'idées, et quand il s'agit de soustraire, on n'y arrive pas. Pour toutes les raisons qu'il vous plaira d'imaginer, dont la plus évidente est qu'on tient à ce qu'on a produit, même quand on n'en est pas très satisfait, même quand c'est nul.
Aristote : comme les parents aiment plus leurs gosses que les gosses n'aiment leurs parents, les artistes aiment plus leurs œuvres… qui ne les aiment pas du tout d'ailleurs.
C'est un autre en général qui se charge de la destruction, relative : l'éditeur, quelqu'un qui accompagne l'œuvre en progression. Proust était incapable de passer à l'opération de correction, de soustraction. Quand on lui rapportait des épreuves à corriger, ses corrections ça consistait à ajouter, à étendre sans fin ses phrases, ses analyses…
c'est très curieux, pour un type qui, malade, dans son lit, travaillait sous la menace de la mort et s'identifiait à la conteuse des 1001 nuits… et à Noé.
"Quand j’étais tout enfant, le sort d'aucun personnage de l'histoire sainte ne me semblait aussi misérable que celui de Noé, à cause du Déluge, qui le tint enfermé dans l'arche pendant quarante jours. Plus tard, je fus souvent malade, et pendant de longs jours je dus rester aussi dans l'"arche". Je compris alors que jamais Noé ne put si bien voir le monde que de l'arche, malgré qu'elle fût close et qu'il fit nuit sur la Terre." (Proust)
Magnifique.
Le problème avec le Noé de DA, c'est pas qu'il veuille détruire l'humanité, c'est qu'il désire l'effacer absolument, totalement, sans trace, sans retour, sans mémoire, sans survie. C'est un nazi, en somme, un nihiliste absolu. Ce type semble tout droit sorti des fantasmes de pureté de Travis Bickle, qui lui aussi appelait un déluge pour nettoyer le monde de ses animaux, de ses saletés, ordures, sang, putes, foutre…
Travis Bickle a écrit:• Thank God for the rain which has helped wash away the garbage and trash off the sidewalks.
• All the animals come out at night – whores, skunk pussies, buggers, queens, fairies, dopers, junkies, sick, venal. Someday a real rain will come and wash all this scum off the streets.
Un film se voit souvent mieux depuis un autre film. Débarrassé de ses allures de héros tourmenté de dark fantasy, le Noé de DA n'est qu'un pauvre type à l'esprit dérangé...
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
Dieu n'est pas un artiste; c'est ce qu'il faudra montrer.
Dans la Bible, Dieu, le créateur comme on dit dans le film, se dit : ma création est nulle, je vais tout effacer. C'est aussi ce que se dit l'artiste, selon Deleuze, ou Blanchot, mais on pourrait en citer bien d'autres, Nietzsche, par exemple. L'intéressant avec Blanchot et Deleuze, c'est qu'ils ont recours à l'image du déluge, de manière très différente.
D'abord, Deleuze et le déluge. J'ai cité le passage du cours plus haut; j'aurais pu partir d'un autre passage de son œuvre, celui où il lie le déluge au capitalisme; le capitalisme disait-il avec Guattari n'a peur que d'une chose, le déluge, parce qu'il décode tout.
L'idée de Deleuze est qu'il n'y a jamais de page blanche. La condition de la pré-création, ce sont les clichés, sur la feuille, la toile, sur l'écran, dans la tête, partout, partout, comme il dit. On connaît bien ce thème, et même sa définition du cliché : un cliché est ce qui provoque une réponse sensori-motrice. Face à un cliché vous n'êtes jamais impuissant, vous savez toujours quoi faire; un cliché fait réagir; entre l'excitation et la réponse, l'intervalle est minimal. En voyant une jolie fille dans les trucs de tex avery le loup salive; il voit un cliché, et c'est à un cliché qu'il réagit. Une jolie fille, ça fait saliver; c'est à baiser. Y a très peu de film qui ne provoquent pas, n'appellent pas ce type de réponse, et saliver c'est bien entendu montrer qu'on est un mec, un vrai, un gars plein de désir. Les filles, c'est à baiser, et les méchants, c'est à tuer, c'est la grande leçon du mauvais cinéma. Les Indiens, dans le mauvais western et même dans les bons, c'est à tuer. Y a une scène comme ça, dans je ne sais plus quel western des débuts. Un train, des voyageurs, et au loin un Indien qui se précipite vers le train, tout content, pour le saluer. Un des mecs dans le train sort sa carabine et l'abat. Il a vu un cliché, et a réagi très vite, en cliché. C'est toujours un cliché qui réagit à un cliché. Les héros du cinéma us d'action, mais pas seulement, c'est toujours des clichés en action. On n'est pas entouré d'images disait Deleuze, mais de clichés. Le monde, c'est du cliché-mouvement.
Dans ses cours sur la peinture, c'est un peu différent. Les clichés sont comparés à des spectres, à des fantômes… ce qui veut dire qu'il faut avoir l'œil pour les voir. Pour nous, une toile avant que le peintre ne se mette au boulot est vierge; idem pour la pellicule; la page est blanche. On peut passer sa vie sans sentir la présence de ces bêtes, autre mot de deleuze, sans jamais se rendre compte qu'on vit de clichés. C'est pas juste une question de regard, c'est une question de vie; on voit comme on vit, ou ne vit pas, c'est selon. Pour vous ou moi le monde n'est pas aussi peuplé de fantômes, de spectres, qu'il l'est pour un dingue de l'exorcisme comme Cézanne. Ces clichés au niveau de l'existence, c'est un peu l'existence inauthentique, inappropriée de Heidegger, c'est l'existence sous la dictature du "on". On lit ce qu'on lit, on dit ce qu'on dit, pense ce qu'on pense; on se distingue comme on se distingue… Je compare à Heidegger, mais on peut remonter bien plus loin bien entendu, même si la valeur des analyses est différentes : à Platon, of course. Les clichés, c'est les ombres de l'existence sensible.
Avant de créer faut passer au déluge les clichés; le monde doit passer par la catastrophe, et parfois il n'en sort rien. Détruire ne garantit pas la création.
"Et certains peintres nous parlent de cette catastrophe par laquelle ils passent, non pas personnellement, encore que ça puisse avoir beaucoup de conséquences personnelles sur leur propre équilibre ; c'est la peinture, c'est leur peinture qui passe par la catastrophe. Et le texte, presque le plus frappant, c'était celui de Paul Klee, quand il parle du point gris comme chaos et du point gris qui saute par dessus lui-même pour se déployer comme germe de l'espace. Le gris noir-blanc saute par dessus lui-même, il devient le gris vert-rouge, c'est-à-dire la matrice de la couleur. Le peintre se met comme dans la situation d'une création du monde ou d'un commencement du monde. Il passe par ce chaos catastrophe, il l'instaure sur la toile pour que, en sorte quelque chose, qui n'est évidemment plus le monde des objets mais le monde de la lumière-couleur. Si vous passez pas par la chaos-catastrophe, vous resterez prisonnier des clichés."
(Deleuze)
Il dit pas autre chose, finalement, si on y pense dans ses cours sur le cinéma. Pour devenir voyant, par exemple dans les films néoréalistes, chez RR, les personnages doivent passer par la catastrophe; c'est alors qu'ils dépassent les clichés et découvrent que l'usine est une prison. Faut l'expérience du volcan. L'expérience de la bombe, de la guerre, dans Hiroshima, pour que la femme puisse affirmer avoir tout vu; sans avoir rien vu.
Les mauvais films américains réduisent cette expérience de la catastrophe, ce passage par le point gris, à des clichés; combien de héros traumatisés, par la guerre, la perte d'un être aimé, l'apocalypse, ou je sais pas; la traversée du négatif les ramène toujours à la case départ; le monde n'est jamais recréé, il est toujours restauré. Y a qu'une chose qui fasse peur au cinéma hollywoodien, c'est la catastrophe, le déluge. Il passe son temps à l'exorciser, à feindre de l'affronter, à nous faire craindre le pire pour nous faire accepter la situation présente. Aucun désir d'apocalypse. Après la catastrophe, tout recommence comme avant. Il y a toujours un type ou l'autre qui restaure la situation détraquée. A travers ses récits d'apocalypse le cinéma us nous redonne le goût de l'ordre, du monde tel qu'il est, et tel qu'on y est finalement super bien. L'une des grandes affaires de "the walking dead"; c'est trouver à manger… Ah, la nostalgie des grandes surfaces…
Manger occupe aussi une place essentielle dans "Noah".
Hollywood machine de guerre contre l'apocalypse, contre la création, dans les deux sens du mot, et de manière extraordinairement curieuse. On détruit le monde, la création, et en même temps, on refuse toute création, au sens artistique du monde. J'ai dit on détruit le monde, en réalité on feint de le détruire, on le conserve, et c'est parce qu'on feint de le détruire qu'on s'oppose le plus radicalement à la création, au sens artistique. On ne peut créer que dans un certain amour de l'apocalypse. Faut aimer, vouloir l'apocalypse pour créer.
Sartre le dit mieux que moi dans ses Cahiers pour une morale, dans une tonalité très proche de Bataille :
"La société tout entière s'inquiète de la création. Car cela apparaît aussitôt comme bouleversement et négation de ce qui est. Le nouveau n'est pas demandé; les besoins se définissent dans le cadré de la société qui les satisfait. Le refus de l'Apocalypse et la volonté de demeurer en équilibre dans les cadres institutionnels ne font qu'un. Et la raison analytique considérant le nouveau comme scandale s'emploie (Bergson) à le réduire à l'ancien."
(Satre)
Le moment de la liberté dans le cinéma apocalyptique est toujours traduit en anarchie, en violence. Sans les institutions, sans les règles, les codes, les normes, la vie, nous dit-on ne serait que violence. Le faible serait livré aux forts, et la nature humaine aux pulsions les plus primaires : tuer, manger, baiser. C'est le point d'arrivée des récits d'apocalypse, il revient au héros de recoder les choses, les relations des hommes à la nature, des hommes aux hommes, aux femmes, et aux enfants.
Dans Noah, on a le mouvement inverse; la violences des hommes conduit à la violence divine, mais le mouvement est le même, revenir à la norme, depuis une humanité, plus ou moins pure. Noah se termine par une exclusion, un départ, celui de Cham, le mauvais fils, et un nouveau contrat, qui n'a rien de neuf bien entendu entre l'homme, Dieu et la nature. Dieu promet de ne plus détruire sa création, les hommes promettent de respecter ses règles. L'homme, la nature, sont soumis à la transcendance de la loi.
Ce qui effraye dans l'apocalypse dit Sartre, c'est qu'on se retrouve face à une humanité sans caractère; le caractère étant, selon lui, "l'ensemble stable des relations avec l'autre, avec les instruments et avec le monde, sous la pression des libertés extérieures. Le caractère est le produit d'une société institutionnelle et traditionaliste". Sans le caractère l'homme devient imprévisible, incalculable; on ne peut plus le prévoir; il nous surprend toujours. Sartre reprend ici, sans le citer, les analyses de Nietzsche, dans la généalogie de la morale : le but de toute société est de produire un être prévisible, un animal capable de promesse, et de mémoire, et cela passe nécessairement selon lui par la violence. L'homme ne se souvient pas naturellement; la mémoire est l'effet de la violence. Le déluge, c'est la violence exercée par Dieu sur l'homme afin qu'il ait bien en tête ce qui l'attend s'il s'écarte de ses lois.
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
"La peur de l'apocalypse est une peur de la création, de la liberté, du risque, qui comme le jeu, rompt avec l'esprit de sérieux. Dépense des économies, ruine de la hiérarchie, anéantissement. La liberté fait exploser l'idéologie, la mythologie et les rites antérieurs : elle réalise la libération par la conduite et l'idée neuve. C'est le moment de l'Apocalypse (c'est aussi le moment de la fête). Seulement, l'Apocalypse fait place aussitôt à l'ordre. L'idée chrétienne s'aliène et devient la catholique, l'idée protestante s'aliène en puritanisme. L'idée marxiste s'aliène en socialisme d'Etat. Ainsi faut-il revenir à l'Apocalypse qui est nouvelle en tant qu'elle contient ce qu'elle détruit et qui s'aliénera à son tour. Telle est la vraie dialectique historique. Les trois termes en sont ; l'aliénation donnée, l'Apocalypse et l'aliénation de l'Apocalypse. On voit que le moment de l'effort humain c'est l'Apocalypse; le moment de la morale, c'est-à-dire de la libération de soi-même et d'autrui dans une reconnaissance réciproque. C'est aussi le plus souvent – paradoxalement le moment de la violence. Fête, apocalypse, Révolution permanente, générosité, création, voilà le moment de l'homme. Quotidien, Ordre, Répétition, Aliénation, voilà le moment de l'Autre que l'homme. Il ne peut y avoir de liberté que dans la libération. Un ordre des libertés est inconcevable parce que contradictoire. "
(Sartre, très condensé)
Dans les histoires apocalyptiques, il nous faut choisir entre l'ordre (le monde tel qu'il est) et la liberté, qui est toujours violence, sauvagerie, pulsion de mort… pas de mouvement dialectique, pas de moment de la reconnaissance, où les libertés s'accordent, se reconnaissent; il faudrait affiner, à propos de "The walking dead", mais dans le cas de Noah, c'est presque caricatural… Entre le roi et Noah, pas d'entente possible, ni de reconnaissance; c'est soit la soumission à la loi, soit la sauvagerie. Et le seul personnage qui soit double, traversé par la dualité, partagé, Cham est exclu à la fin du film; le film laissant assez lâchement son statut indécis. Il est à la fois la surconscience morale de Noé (qui a laissé mourir une fille bien, mais par réalisme, par nécessité…) et un crapule, par son alliance avec le roi, la pure affirmation de l'égo; "ce que je veux, je le prends". La fin du film ne nous aide pas à y voir plus clair.
Le seul film a mettre en scène l'apocalypse de manière courageuse récemment, c'est le loup de wall street; pas une seule récompense, si je ne me trompe pas. Et partout accusé de faire l'apologie du capitalisme sauvage, alors qu'il est l'apologie de la dépense, le contraire même du capitalisme.
(un chef-d'œuvre; un jour je le prouverai )
Le vrai rapport humain entre les libertés est toujours présent et toujours aliéné. Il y a toujours à la fois reconnaissance et asservissement. Il ne peut y avoir de relations humaines concrètes que par la suppression de l'élément de l'Autre. Mais cet élément insaisissable se glisse partout en histoire (clans, races, nations, classes, sexes, etc.) et vient justement de ce que l'Esprit est totalité détotalisée. Tant que la société considérée sera bornée par un Autre pour qui elle est l'Autre (par exemple : la nation par l'autre nation) l'aliénation pèse sur les rapports concrets. Il faut qu'elle reprenne un à un et dissolve en elle tous les rapports d'altérité. Alors l'unité sociale sera unité subjective (ce que n'avait pas vu Marx qui imagine malgré tout une unité objective). Mais même ainsi l'autre insaisissable c'est n'importe qui figeant le reste de la société en Autre.
Le cinéma us, comme sa politique, le cinéma us dominant, idéologique, le seul qui soit mondialement distribué, c'est une machine à construire de l'altérité négative, le méchant autre à l'éliminer, non pour construire cette société égalitaire utopique de la reconnaissance dont parle Sartre, mais pour le faire revenir sans cesse, encore plus fort, plus terrifiant, parce que comme disait Adorno des êtres vraiment méchants on n'imagine pas qu'ils puissent mourir; Hitler se réincarne sans cesse, comme les démons, les esprits... des trucs d'horreur, slasher, trasher, et autres conneries… Le méchant roi est tué dans Noah, comme tous les vilains, mais Cham est là, et l'héritage de Cain... : des fils de Noé, il est le seul à avoir tué. Noé, lui c'est pas grave, il a eu la permission divine, le double 00...
(Sartre, très condensé)
Dans les histoires apocalyptiques, il nous faut choisir entre l'ordre (le monde tel qu'il est) et la liberté, qui est toujours violence, sauvagerie, pulsion de mort… pas de mouvement dialectique, pas de moment de la reconnaissance, où les libertés s'accordent, se reconnaissent; il faudrait affiner, à propos de "The walking dead", mais dans le cas de Noah, c'est presque caricatural… Entre le roi et Noah, pas d'entente possible, ni de reconnaissance; c'est soit la soumission à la loi, soit la sauvagerie. Et le seul personnage qui soit double, traversé par la dualité, partagé, Cham est exclu à la fin du film; le film laissant assez lâchement son statut indécis. Il est à la fois la surconscience morale de Noé (qui a laissé mourir une fille bien, mais par réalisme, par nécessité…) et un crapule, par son alliance avec le roi, la pure affirmation de l'égo; "ce que je veux, je le prends". La fin du film ne nous aide pas à y voir plus clair.
Le seul film a mettre en scène l'apocalypse de manière courageuse récemment, c'est le loup de wall street; pas une seule récompense, si je ne me trompe pas. Et partout accusé de faire l'apologie du capitalisme sauvage, alors qu'il est l'apologie de la dépense, le contraire même du capitalisme.
(un chef-d'œuvre; un jour je le prouverai )
Le vrai rapport humain entre les libertés est toujours présent et toujours aliéné. Il y a toujours à la fois reconnaissance et asservissement. Il ne peut y avoir de relations humaines concrètes que par la suppression de l'élément de l'Autre. Mais cet élément insaisissable se glisse partout en histoire (clans, races, nations, classes, sexes, etc.) et vient justement de ce que l'Esprit est totalité détotalisée. Tant que la société considérée sera bornée par un Autre pour qui elle est l'Autre (par exemple : la nation par l'autre nation) l'aliénation pèse sur les rapports concrets. Il faut qu'elle reprenne un à un et dissolve en elle tous les rapports d'altérité. Alors l'unité sociale sera unité subjective (ce que n'avait pas vu Marx qui imagine malgré tout une unité objective). Mais même ainsi l'autre insaisissable c'est n'importe qui figeant le reste de la société en Autre.
Le cinéma us, comme sa politique, le cinéma us dominant, idéologique, le seul qui soit mondialement distribué, c'est une machine à construire de l'altérité négative, le méchant autre à l'éliminer, non pour construire cette société égalitaire utopique de la reconnaissance dont parle Sartre, mais pour le faire revenir sans cesse, encore plus fort, plus terrifiant, parce que comme disait Adorno des êtres vraiment méchants on n'imagine pas qu'ils puissent mourir; Hitler se réincarne sans cesse, comme les démons, les esprits... des trucs d'horreur, slasher, trasher, et autres conneries… Le méchant roi est tué dans Noah, comme tous les vilains, mais Cham est là, et l'héritage de Cain... : des fils de Noé, il est le seul à avoir tué. Noé, lui c'est pas grave, il a eu la permission divine, le double 00...
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
Je me suis dispersé ? pas tant que ça, suffit juste de savoir suivre plusieurs pistes à la fois.
Que dieu n'est pas un artiste, c'est ce qu'il fallait montrer;
Dieu doit détruire pour (re) créer, comme l'artiste, mais le jugement de dieu sur son œuvre est éthique; il se dit pas comme c'est moche tout ça, mais les hommes sont injustes, mauvais; ils se sont éloignés de leur image originaire, de mon image. Le jugement de l'artiste est esthétique.
Je dis ça, mais je suis pas très certain que ce ne soit pas plus compliqué. Affirmer que l'artiste ne détruit pas le monde, les œuvres de ses devanciers, et les siennes, parce qu'elles ne sont pas morales, c'est aller vite
- Et puis si Dieu détruit réellement le monde, dans la bible, DA ne tue personne. Il nous montre selon ses moyens comment dieu à détruit le monde, comme Homère nous raconte comment les Grecs ont détruit Troie. La destruction dans les deux cas est imaginaire. A un ambassadeur nazi qui lui demandait devant une photo de "Guernica" si c'était lui qui avait fait ça, Picasso répondit: "non, c'est vous".
C'est définitif en apparence comme différence. Avec Hegel et Blanchot, on pourrait compliquer les choses, ou se souvenir que le cinéma, c'est la mort au travail, et de la fin de "vivre sa vie". Godard lisant Poe :
Ce sera pour plus tard.
Je recommence autrement : dieu détruit le monde parce qu'il est mauvais, c'est une évidence. Il se dit pas : comme ce mec, cette femme, ces gens sont moches, je vais les effacer et les recommencer. Dieu s'en fout de le beauté, comme Noé, quand son gosse veut arracher une fleur qu'il trouve belle, il le lui interdit. Son critère c'est le besoin, c'est un être de besoin. De la petite fille blessée qu'il va adopter, on ne notera qu'une chose : elle ne pourra pas avoir d'enfants.
On me dira que c'est l'essentiel, dans ce monde, une fille qui ne peut pas avoir de gosse est inutile, aussi belle soit-elle, si on veut remplir le programme de Dieu, repeupler le terre; vrai, mais cette remarque intervient si je me trompe pas avant le déluge, ce qui n'élimine pas le problème. On se souvient du traitement dégueulasse et raciste que subit la jeune et grosse Indienne très moche, de "la prisonnière du désert". Dans les circonstances bibliques, celles du déluge, le comportement du jeune gars dont le nom m'échappe (un gosse adopté aussi, si je me souviens bien) aurait-il été différent ? Si son amour, la jolie fille blanche, avait été stérile l'aurait-il préférée à l'Indienne moche, mais qui peut avoir des gosses… ?
Je me pose de super questions, là.
Pour Dieu, la beauté et la laideur ne sont pas des critères; ce qui n'est pas le cas bien entendu à Hollywood, moins biblique en ce sens que grecque; païenne, si on veut. Pour Hollywood, le bien et le beau vont ensemble; si on est bon on est forcément beau, à moins que cela ne soit l'inverse. L'apparence est rarement trompeuse, si on excepte les femmes fatales, et quelques méchants.
Le bien est rarement une affaire d'intériorité, il se traduit toujours dans le sensible, sauf dans quelques trucs pour gosse, ou dans des comédies bidons, qui ne trompent personne, par exemple chez Jerry Lewis (The Nutty Professor), qui était "juif", et donc moins sensible à la belle apparence, à l'éclat de la forme que les grecs de Hollywood. Faudrait examiner ça de près, mais ça ne mènerait à rien, je crois…
on verra plus tard que cette histoire de beauté et de laideur n'est pas indifférente à l'histoire du Déluge, chez Hegel, notamment, quand il oppose le déluge grec au déluge biblique.
(La laideur est méchante, faut la détruire, c'est con comme idée, c'est enfantin, et pourtant comme disait Galileo Galilei, ça tourne : voyez les blockbusters, le seigneurs des anneaux… les trucs de zombies, pas un seuls zombies qui soit un peu beau; devenir zombies, c'est devenir à la fois horriblement laid, et terriblement méchant…)
Que dieu n'est pas un artiste, c'est ce qu'il fallait montrer;
Dieu doit détruire pour (re) créer, comme l'artiste, mais le jugement de dieu sur son œuvre est éthique; il se dit pas comme c'est moche tout ça, mais les hommes sont injustes, mauvais; ils se sont éloignés de leur image originaire, de mon image. Le jugement de l'artiste est esthétique.
Je dis ça, mais je suis pas très certain que ce ne soit pas plus compliqué. Affirmer que l'artiste ne détruit pas le monde, les œuvres de ses devanciers, et les siennes, parce qu'elles ne sont pas morales, c'est aller vite
- Et puis si Dieu détruit réellement le monde, dans la bible, DA ne tue personne. Il nous montre selon ses moyens comment dieu à détruit le monde, comme Homère nous raconte comment les Grecs ont détruit Troie. La destruction dans les deux cas est imaginaire. A un ambassadeur nazi qui lui demandait devant une photo de "Guernica" si c'était lui qui avait fait ça, Picasso répondit: "non, c'est vous".
C'est définitif en apparence comme différence. Avec Hegel et Blanchot, on pourrait compliquer les choses, ou se souvenir que le cinéma, c'est la mort au travail, et de la fin de "vivre sa vie". Godard lisant Poe :
Ce sera pour plus tard.
Je recommence autrement : dieu détruit le monde parce qu'il est mauvais, c'est une évidence. Il se dit pas : comme ce mec, cette femme, ces gens sont moches, je vais les effacer et les recommencer. Dieu s'en fout de le beauté, comme Noé, quand son gosse veut arracher une fleur qu'il trouve belle, il le lui interdit. Son critère c'est le besoin, c'est un être de besoin. De la petite fille blessée qu'il va adopter, on ne notera qu'une chose : elle ne pourra pas avoir d'enfants.
On me dira que c'est l'essentiel, dans ce monde, une fille qui ne peut pas avoir de gosse est inutile, aussi belle soit-elle, si on veut remplir le programme de Dieu, repeupler le terre; vrai, mais cette remarque intervient si je me trompe pas avant le déluge, ce qui n'élimine pas le problème. On se souvient du traitement dégueulasse et raciste que subit la jeune et grosse Indienne très moche, de "la prisonnière du désert". Dans les circonstances bibliques, celles du déluge, le comportement du jeune gars dont le nom m'échappe (un gosse adopté aussi, si je me souviens bien) aurait-il été différent ? Si son amour, la jolie fille blanche, avait été stérile l'aurait-il préférée à l'Indienne moche, mais qui peut avoir des gosses… ?
Je me pose de super questions, là.
Pour Dieu, la beauté et la laideur ne sont pas des critères; ce qui n'est pas le cas bien entendu à Hollywood, moins biblique en ce sens que grecque; païenne, si on veut. Pour Hollywood, le bien et le beau vont ensemble; si on est bon on est forcément beau, à moins que cela ne soit l'inverse. L'apparence est rarement trompeuse, si on excepte les femmes fatales, et quelques méchants.
Le bien est rarement une affaire d'intériorité, il se traduit toujours dans le sensible, sauf dans quelques trucs pour gosse, ou dans des comédies bidons, qui ne trompent personne, par exemple chez Jerry Lewis (The Nutty Professor), qui était "juif", et donc moins sensible à la belle apparence, à l'éclat de la forme que les grecs de Hollywood. Faudrait examiner ça de près, mais ça ne mènerait à rien, je crois…
on verra plus tard que cette histoire de beauté et de laideur n'est pas indifférente à l'histoire du Déluge, chez Hegel, notamment, quand il oppose le déluge grec au déluge biblique.
(La laideur est méchante, faut la détruire, c'est con comme idée, c'est enfantin, et pourtant comme disait Galileo Galilei, ça tourne : voyez les blockbusters, le seigneurs des anneaux… les trucs de zombies, pas un seuls zombies qui soit un peu beau; devenir zombies, c'est devenir à la fois horriblement laid, et terriblement méchant…)
Dernière édition par Borges le Dim 20 Avr 2014 - 10:00, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
La suite après; il reste tant de choses à dire, parler de Blanchot, Hegel, de Sheila et de sa superbe chanson : " L'arche de Noé ".
"Jean-Luc Godard ne veut plus tourner des films produits et consommés par une société dont il souhaite la destruction, il a raison, pour lui."
(Truffaut)
"Jean-Luc Godard ne veut plus tourner des films produits et consommés par une société dont il souhaite la destruction, il a raison, pour lui."
(Truffaut)
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
Borges a écrit:
Dans les histoires apocalyptiques, il nous faut choisir entre l'ordre (le monde tel qu'il est) et la liberté, qui est toujours violence, sauvagerie, pulsion de mort…
C'est aussi le cas dans le Western, le S/A/S. Pour que l'ordre et la liberté soit de retour dans la communauté, il faut passer par la violence, la mort, le fameux duel final où le vilain trouve la mort. Ce n'est, souvent, que par là que la ville et la communauté retrouve la paix originelle.
Le Western a également été un très bon prétexte pour qu'Hollywood réécrive l'histoire des USA. Se débarrassant coups sur coups du problème indien et, presque encore pire que tout, la guerre civile. Des américains qui se battent entre eux, qui n'ont pas la même vision globale, c'est un élément a effacer, éradiquer totalement. C'est un traumatisme qui hante un grand nombre de Western. J'en avais parlé quelque fois, mais souvent les confédérés sont présentés comme des hommes voulant défier Dieu. Ils sont régulièrement punit par les flammes et condamnés à l'enfer (comme Hayden dans "Hellgate", l'incendie dans "Gone With The Wind" etc... Certains finissent carbonisé) L'incendie d'Atlanta pendant le siège en 1864 étant un symbole récurrent de la "déchéance sudiste" à l'écran. Là encore, un ancien confédéré ne pourra quasiment jamais s’insérer dans la communauté, car cette dernière considère qu'il a participé à sa destruction par la sécession. Les USA doivent être un bloc uniforme, sans fêlures ou disparités.
Enfin, c'est totalement un autre sujet.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Noé de Darren Aronofsky
Hello,
Je n'ai pas vu le film, et je ne pense pas que j'irai maintenant.
Il veut avoir l'air très soucieux du sort de la planète, des animaux:
Faudrait savoir: c'est central ou c'est pas central, notre rapport aux animaux?
Sur ces questions, Life Of Pi (un mini-Déluge, à sa façon) paraît bien plus intéressant que ce Noé.
Je n'ai pas vu le film, et je ne pense pas que j'irai maintenant.
C'est la définition que donne Aronofsky dans cet entretien:Borges a écrit:Les Américains semblent incapable d'imaginer un type juste, un juste, qui ne soit pas aussi un tueur. [...] Pour l'idéologie hollywoodienne, on est un homme quand on peut tuer;
Aronofsky commence par définir l'homme par le mal: l'homme est mauvais, l'homme est le seul être à tuer par plaisir, etc. Et après, il dit qu'il est tourmenté: comment l'homme pourrait-il être moins mauvais? comment sortir de ce cauchemar? Vu sa définition de départ, il n'est pas près d'en sortir.Aronofsky a écrit:L’idée même du péché originel, c’est une manière symbolique de comprendre ce qui nous différencie du règne animal. Mon fils de 7 ans dit que nous sommes la seule espèce qui s’entretue. Il a raison. Bien sûr, il arrive de temps en temps qu’un hippopotame en tue un autre en le blessant mortellement pendant une rixe, mais nous sommes les seuls à avoir fait du meurtre un art. C’est vraiment tout ce qui m’intéresse.
Il veut avoir l'air très soucieux du sort de la planète, des animaux:
Mais dans le même entretien, il dit qu'il ne voulait surtout pas s'intéresser aux animaux dans l'arche (comment ils sont nourris, nettoyés, etc), parce que ce sont des "problèmes physiques", et que lui, il ne s'intéresse qu'aux "problèmes moraux", au péché et aux questions morales.Aronofsky a écrit:Je pense que nous sommes tous des animaux, mais il y a quelque chose qui nous distingue des autres mammifères. Où placer cette distinction ? Ce que je sais, c’est que ce qu’a fait l’homme au 20ème siècle a eu un impact sur la planète sans commune mesure avec l’activité des autres espèces. C’est une question centrale dans le film : ce qui nous a séparés du royaume animal et pourquoi nous avons développé à ce point notre domination de la planète.
Faudrait savoir: c'est central ou c'est pas central, notre rapport aux animaux?
Sur ces questions, Life Of Pi (un mini-Déluge, à sa façon) paraît bien plus intéressant que ce Noé.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Noé de Darren Aronofsky
Eyquem a écrit:
Il veut avoir l'air très soucieux du sort de la planète, des animaux:Aronofsky a écrit:Je pense que nous sommes tous des animaux, mais il y a quelque chose qui nous distingue des autres mammifères. Où placer cette distinction ? Ce que je sais, c’est que ce qu’a fait l’homme au 20ème siècle a eu un impact sur la planète sans commune mesure avec l’activité des autres espèces. C’est une question centrale dans le film : ce qui nous a séparés du royaume animal et pourquoi nous avons développé à ce point notre domination de la planète.
Mais dans le même entretien, il dit qu'il ne voulait surtout pas s'intéresser aux animaux dans l'arche (comment ils sont nourris, nettoyés, etc), parce que ce sont des "problèmes physiques", et que lui, il ne s'intéresse qu'aux "problèmes moraux", au péché et aux questions morales.
Faudrait savoir: c'est central ou c'est pas central, notre rapport aux animaux?
Sur ces questions, Life Of Pi (un mini-Déluge, à sa façon) paraît bien plus intéressant que ce Noé.
Hi;
"life of Pi" est un film magnifique; un film affirmatif...
j'avais rien lu sur ce mec, aucun entretien ni rien...
Son truc c'est vraiment une arnaque, de quoi avoir les écolos, les religieux, les athées, les amis de l'homme, ses ennemis, les créationnistes, les évolutionnistes... dans la salle, et créer des polémiques bidons entre eux...
Il s'en tape des animaux, mais il coupe superbement les termes de l'alliance, lors de la séquence finale :
"Soyez féconds, multipliez, et remplissez la terre" ... la suite, moins écolo et consensuelle est coupée : "Vous serez un sujet de crainte et d'effroi pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour tous les poissons de la mer: ils sont livrés entre vos mains. "
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
Dr. Apfelgluck a écrit:Borges a écrit:
Dans les histoires apocalyptiques, il nous faut choisir entre l'ordre (le monde tel qu'il est) et la liberté, qui est toujours violence, sauvagerie, pulsion de mort…
C'est aussi le cas dans le Western, le S/A/S. Pour que l'ordre et la liberté soit de retour dans la communauté, il faut passer par la violence, la mort, le fameux duel final où le vilain trouve la mort. Ce n'est, souvent, que par là que la ville et la communauté retrouve la paix originelle.
Hi;
Le truc étonnant dans le mouvement dialectique de sartre, c'est que c'est l'apocalypse qui est le moment proprement humain, c'est alors que s'affirme la liberté, inséparable de la violence, alors que dans le cinéma ordinaire : l'apocalypse est le moment de la punition, de l'altérité...
Dans le film apocalyptique, comme dans le western, le film d'action en général, la violence (légale, légitime, héroïque) est un moyen de rétablissement de l'ordre... pour sartre l'ordre et la liberté s'excluent ...
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
J'aime pas les peplums, j'aime pas la mystique biblico-apocalyptique à la Mel Gibson, les paysages de Peter Jackson, et j'aime moyennement le fond édifiant des deux derniers Bresson, a priori je n'irais pas voir Noé qui a l'air de résumer tout cela. Mais je m'interroge sur la sorte de psychanalyse de l'eidos US entreprise ici.
Il y a quand-même une pelletée de films américains (westerns ou pas) qui reposent sur la division du pays, le clivage sudiste contre nordiste, côtes contre centre, fonctionnaires contre citoyens, et parcourent (il est vrai en les traversant) ses divisions. Sans y être jamais allé, on perçoit quand-même la complexité du truc.
A Noël j'ai été amené à voir Snow Dogs, un Disney pour enfant, ou Cuba Goodinng Jr, dentiste à Miami, découvrait que sa mère lui avait caché qu'il était le fils black qui s'ignorait de James Coburn, un trappeur alaskien misanthrope et redneck, genre l'oncle de Sarah Palin, et cherchait à être reconnu de lui en devenant un champion de chien de traineau, et sauvait la vie de celui-ci. Le film était bien nase, mais la recherche de la paternité était intéressante à suivre (on pouvait interprêter: le racisme est désamorcé uniquement quand le black se reconnaît un blanc pour père, ce qui valide et explique son appartenance à la middle class, mais cela n'a pas d'improtance car tout le monde est sympa mais un peu hystérique aussi: le film explique aux gamins que c'est la différence entre la société de consommation et l'ancien testament, pas complètement à tort). Dans la BD Jimmy Corrigan de Ware, à l'opposé esthétique et moral du Disney, il y a bizarrement un peu la même situation avec la demi-soeur cachée, mais traitée sur un mode réaliste et émouvant.
Mais en même temps les fictions françaises sont pire encore que les américaines dans le lissage des divisions, et se veulent à ce sujet concurrentes en populisme des Américains. On a tous vu au moins un épisode de Louis la Brocante, Commissaire Magellan et Julie Lescaux en faisant foi. Ces séries doivent en fait beaucoup à John Ford ou Capra, mais sous une forme Y et une vision politique Z. "La démocratie appartient à tous, donc aux populistes aussi, il faut causer plus longtemps qu'eux pour s'en différencier" chez Capra devient "arrêtez votre bordel on allez vous coucher, ta fille est rentrée et n'est pas enceinte, ou si elle l'est qu'elle se démerde" chez Victor Lanoux, mais les interactions entre les personnes sont les mêmes.
Ce n'est pas comme si on avait des millions de films sur les Chouans ou la Saint Barthélémy et maintenant qu'on a eu le Goncourt on peut espérer un film (un biopic de Pierre Messmer par le filleul de Matthieu Kassovitz?) situé dan les guerres au Cameroun ou à Madagascar vers 2035; qui déclenchera encore l'ire de quelques-uns. Et ironiquement, un des rares films qui fait de la Saint Barthelemy un symbole est Intolerance de Griffith, soit le prototype du film qui veut intentionnellement fonder une image nationale "pure" et monolithique, mais pour les USA: rien n'est simple et tout se complique.
Il y a quand-même une pelletée de films américains (westerns ou pas) qui reposent sur la division du pays, le clivage sudiste contre nordiste, côtes contre centre, fonctionnaires contre citoyens, et parcourent (il est vrai en les traversant) ses divisions. Sans y être jamais allé, on perçoit quand-même la complexité du truc.
A Noël j'ai été amené à voir Snow Dogs, un Disney pour enfant, ou Cuba Goodinng Jr, dentiste à Miami, découvrait que sa mère lui avait caché qu'il était le fils black qui s'ignorait de James Coburn, un trappeur alaskien misanthrope et redneck, genre l'oncle de Sarah Palin, et cherchait à être reconnu de lui en devenant un champion de chien de traineau, et sauvait la vie de celui-ci. Le film était bien nase, mais la recherche de la paternité était intéressante à suivre (on pouvait interprêter: le racisme est désamorcé uniquement quand le black se reconnaît un blanc pour père, ce qui valide et explique son appartenance à la middle class, mais cela n'a pas d'improtance car tout le monde est sympa mais un peu hystérique aussi: le film explique aux gamins que c'est la différence entre la société de consommation et l'ancien testament, pas complètement à tort). Dans la BD Jimmy Corrigan de Ware, à l'opposé esthétique et moral du Disney, il y a bizarrement un peu la même situation avec la demi-soeur cachée, mais traitée sur un mode réaliste et émouvant.
Mais en même temps les fictions françaises sont pire encore que les américaines dans le lissage des divisions, et se veulent à ce sujet concurrentes en populisme des Américains. On a tous vu au moins un épisode de Louis la Brocante, Commissaire Magellan et Julie Lescaux en faisant foi. Ces séries doivent en fait beaucoup à John Ford ou Capra, mais sous une forme Y et une vision politique Z. "La démocratie appartient à tous, donc aux populistes aussi, il faut causer plus longtemps qu'eux pour s'en différencier" chez Capra devient "arrêtez votre bordel on allez vous coucher, ta fille est rentrée et n'est pas enceinte, ou si elle l'est qu'elle se démerde" chez Victor Lanoux, mais les interactions entre les personnes sont les mêmes.
Ce n'est pas comme si on avait des millions de films sur les Chouans ou la Saint Barthélémy et maintenant qu'on a eu le Goncourt on peut espérer un film (un biopic de Pierre Messmer par le filleul de Matthieu Kassovitz?) situé dan les guerres au Cameroun ou à Madagascar vers 2035; qui déclenchera encore l'ire de quelques-uns. Et ironiquement, un des rares films qui fait de la Saint Barthelemy un symbole est Intolerance de Griffith, soit le prototype du film qui veut intentionnellement fonder une image nationale "pure" et monolithique, mais pour les USA: rien n'est simple et tout se complique.
Invité- Invité
Re: Noé de Darren Aronofsky
Tony a écrit:On a tous vu au moins un épisode de Louis la Brocante, Commissaire Magellan et Julie Lescaux en faisant foi. Ces séries doivent en fait beaucoup à John Ford ou Capra, mais sous une forme Y et une vision politique Z. "La démocratie appartient à tous, donc aux populistes aussi, il faut causer plus longtemps qu'eux pour s'en différencier" chez Capra devient "arrêtez votre bordel on allez vous coucher, ta fille est rentrée et n'est pas enceinte, ou si elle l'est qu'elle se démerde" chez Victor Lanoux, mais les interactions entre les personnes sont les mêmes.
Ce n'est pas comme si on avait des millions de films sur les Chouans ou la Saint Barthélémy et maintenant qu'on a eu le Goncourt on peut espérer un film (un biopic de Pierre Messmer par le filleul de Matthieu Kassovitz?) situé dan les guerres au Cameroun ou à Madagascar vers 2035; qui déclenchera encore l'ire de quelques-uns. Et ironiquement, un des rares films qui fait de la Saint Barthelemy un symbole est Intolerance de Griffith, soit le prototype du film qui veut intentionnellement fonder une image nationale "pure" et monolithique, mais pour les USA: rien n'est simple et tout se complique.
hi; pas vu un seul épisode de ces séries françaises, elles doivent sans doute des choses à ford, ou capra, mais pas l'essentiel, la valeur d'universalité, ou la prétention à l'universalité, qui tient évidemment à la position dominante de la culture, de la politique... américaine...Ces séries c'est des trucs français, liés à la france, à sa sociologie... Y a pas de traduction possible, enfin, j'exagère; la prétention à l'universalité doit être fondée par une position historique forte... les usa représentent le monde, dans les deux sens du mot, ou comme le chantaient Jackson et les autres : we are the world; c'est assez effrayant, si on y pense bien; plus terrifiant que "l'état c'est moi"...
je l'ai souvent dit, les français (l'europe en général, mais surtout les anglais et les français) ont inventé des personnages universaux au 19ème siècles, en littérature, puis plus rien : les mousquetaires, madame bovary, les vernes...mais au cinéma ce sont les américains qui les ont universalisés...
Daney disait : seuls les américains se sont emparés de l'histoire du monde (ils peuvent faire un truc de samouraïs, ou raconter la vie de zola) pour la raconter au monde, dans leur langage, et selon leurs intérêt; cela tient évidemment à leur position : fin et destinataires de l'histoire; héritiers de rome, de la grèce, de la bible, de tous les récits du monde...(cf deleuze sur le film historique hollywoodien)
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
Pour chercher de l'inspiration, me sortir de mes idées et sentiments, me donner l'envie, le désir de continuer, je me suis promené sur quelques sites, forums, et, sans hasard, il m'arrive d'y jeter un œil pour me détendre et rire, je suis tombé sur le topic que quelques membres de filmdeculte ont consacré au film.
Quelle bande de débiles mentaux, tout de même. Un certain FF, donne le ton, et quel ton; un ton d'une crétinerie à peine imaginable. Et après lui, y a pas un message qui vous donne une idée de l'humanité de ces types. Pas une remarque sensible, pas une sensation logique. Rien. Ca pleut des 6/6, ça parle de rien, ou alors de la taille des couilles de dieu, si grosse qu'on en croit pas ses yeux. Ils savent rien du récit biblique, ils savent rien de rien, mais mais ça ne les empêche pas de parler d'adaptation littérale, d'écarts, d'audace dans la mise en image, d'interrogations... Tous bien entendu nous font le coup de l'athéisme. Moi, j'aime pas la bible, moi je suis athée. Ils auraient bien entendu torturé les sorcières en d'autres temps. Comme si ça avait une quelconque importance croire ou ne pas croire en dieu pour voir ou ne pas voir un film "biblique", un truc religieux... Comme s'il fallait croire aux vampires pour aimer des trucs de vampires, aux Aliens pour aimer Alien, aimer les luges pour croire en Welles. Comme si on ne pouvait pas lire la bible, les textes sacrés ou saints, pour la puissance de son écriture, de son univers, sa poésie, ses histoires, son fond... Comme si le dieu biblique, ses prophètes, son peuple, ses justes et ses horribles, ses espaces, n'étaient pas des inventions "romanesques", des fictions, infiniment supérieures à tous les grands romans d'heroic, de dark fantasy...
La bêtise à un tel degré, c'est pénible. J'attends pas de tous les amateurs de cinéma qu'ils survolent les films en ballon comme Buster, mais ...
Ne me parlez pas de leurs élections, coupe du monde, comme ils appellent ça, je parie que leurs sensations en foot sont aussi primaires....
"Les élections, ce n'est pas un point local ni un jour à telle date. C'est comme une grille qui affecte actuellement notre manière de comprendre et même de percevoir. On rabat tous les événements, tous les problèmes, sur cette grille déformante. Les conditions particulières des élections aujourd'hui font que le seuil habituel de connerie monte.
Après ça, pour me calmer, et me redonner un peu de courage, j'ai relu le texte de deleuze dans "critique et clinique" sur DHL et l'Apocalype de jean; qui m'a convaincu que je perdais pas mon temps, ici : "l'actualité de l'Apocalypse, et celle de Lawrence qui la dénonce (…) ne consiste pas dans des correspondances historiques du type Néron = Hitler = Antéchrist. Pas davantage dans le sentiment supra historique des fins de monde et des millénaires, avec leur panique atomique, économique, écologique et science-fiction. Si nous baignons dans l'Apocalypse, c'est plutôt parce qu'elle inspire en chacun de nous des manières de vivre, de survivre, et de juger. C'est le livre de chacun de ceux qui se pensent survivants. C'est le livre des Zombies."
(Deleuze, critique et clinique)
Quelle bande de débiles mentaux, tout de même. Un certain FF, donne le ton, et quel ton; un ton d'une crétinerie à peine imaginable. Et après lui, y a pas un message qui vous donne une idée de l'humanité de ces types. Pas une remarque sensible, pas une sensation logique. Rien. Ca pleut des 6/6, ça parle de rien, ou alors de la taille des couilles de dieu, si grosse qu'on en croit pas ses yeux. Ils savent rien du récit biblique, ils savent rien de rien, mais mais ça ne les empêche pas de parler d'adaptation littérale, d'écarts, d'audace dans la mise en image, d'interrogations... Tous bien entendu nous font le coup de l'athéisme. Moi, j'aime pas la bible, moi je suis athée. Ils auraient bien entendu torturé les sorcières en d'autres temps. Comme si ça avait une quelconque importance croire ou ne pas croire en dieu pour voir ou ne pas voir un film "biblique", un truc religieux... Comme s'il fallait croire aux vampires pour aimer des trucs de vampires, aux Aliens pour aimer Alien, aimer les luges pour croire en Welles. Comme si on ne pouvait pas lire la bible, les textes sacrés ou saints, pour la puissance de son écriture, de son univers, sa poésie, ses histoires, son fond... Comme si le dieu biblique, ses prophètes, son peuple, ses justes et ses horribles, ses espaces, n'étaient pas des inventions "romanesques", des fictions, infiniment supérieures à tous les grands romans d'heroic, de dark fantasy...
La bêtise à un tel degré, c'est pénible. J'attends pas de tous les amateurs de cinéma qu'ils survolent les films en ballon comme Buster, mais ...
Ne me parlez pas de leurs élections, coupe du monde, comme ils appellent ça, je parie que leurs sensations en foot sont aussi primaires....
"Les élections, ce n'est pas un point local ni un jour à telle date. C'est comme une grille qui affecte actuellement notre manière de comprendre et même de percevoir. On rabat tous les événements, tous les problèmes, sur cette grille déformante. Les conditions particulières des élections aujourd'hui font que le seuil habituel de connerie monte.
Après ça, pour me calmer, et me redonner un peu de courage, j'ai relu le texte de deleuze dans "critique et clinique" sur DHL et l'Apocalype de jean; qui m'a convaincu que je perdais pas mon temps, ici : "l'actualité de l'Apocalypse, et celle de Lawrence qui la dénonce (…) ne consiste pas dans des correspondances historiques du type Néron = Hitler = Antéchrist. Pas davantage dans le sentiment supra historique des fins de monde et des millénaires, avec leur panique atomique, économique, écologique et science-fiction. Si nous baignons dans l'Apocalypse, c'est plutôt parce qu'elle inspire en chacun de nous des manières de vivre, de survivre, et de juger. C'est le livre de chacun de ceux qui se pensent survivants. C'est le livre des Zombies."
(Deleuze, critique et clinique)
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
"And when God put Noah in the ark, he told him to take two of everything. Cause god knowed that was right. And i guess he knowed what it was to be lonesome "
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
A quoi te sert le savoir si ce n'est pas pour aller vers les autres, pour chercher ?
Mets les mains dans la boue si la bêtise t'effare tant.
Ton discours est aussi stérile qu'un crachat s'évaporant lentement sur la chaussée.
Mets les mains dans la boue si la bêtise t'effare tant.
Ton discours est aussi stérile qu'un crachat s'évaporant lentement sur la chaussée.
Russeunpeuidiot- Messages : 1
Re: Noé de Darren Aronofsky
Russeunpeuidiot a écrit:A quoi te sert le savoir si ce n'est pas pour aller vers les autres, pour chercher ?
Mets les mains dans la boue si la bêtise t'effare tant.
Ton discours est aussi stérile qu'un crachat s'évaporant lentement sur la chaussée.
c'est joli, mais ni un peu russe ni un peu idiot.
Borges- Messages : 6044
Re: Noé de Darren Aronofsky
Jésus marie joseph, la purge... Quel effarant nanar débile et grotesque que voilà. Facilement un des trucs les plus prétentieusement ridicules (sans parler de la laideur) que j'ai vus cette année. Les mots sont impuissants pour...
Et dire qu'il s'en trouve pour se palucher, sans rire, sur cet étron cinématographique. Lui trouver on ne sait quelle qualité, intérêt, vertu, mérite, audace, message...
Comme disait l'autre : y a de plus en plus de cons chaque année, mais cette année, j'ai l'impression que les cons de l'année prochaine sont déjà là...
Le cinoche américain "blockbustéro-peplumo-biblico-pensumesque" pourra-t-il s'enfoncer encore plus bas sous le niveau de la calotte glacière? M'est avis que oui. A ce niveau, c'est plus une quête cinématographique de la bêtise interstellaire, ça devient une des plus fascinantes descentes spéléologiques dans les entrailles de la terre creuse. Comme l'amiral Byrd, on ne tardera plus trop à établir le contact avec ses glorieux habitants mystérieux qu'on nomme les intra-terrestres. Patience, donc.
Et dire qu'il s'en trouve pour se palucher, sans rire, sur cet étron cinématographique. Lui trouver on ne sait quelle qualité, intérêt, vertu, mérite, audace, message...
Comme disait l'autre : y a de plus en plus de cons chaque année, mais cette année, j'ai l'impression que les cons de l'année prochaine sont déjà là...
Le cinoche américain "blockbustéro-peplumo-biblico-pensumesque" pourra-t-il s'enfoncer encore plus bas sous le niveau de la calotte glacière? M'est avis que oui. A ce niveau, c'est plus une quête cinématographique de la bêtise interstellaire, ça devient une des plus fascinantes descentes spéléologiques dans les entrailles de la terre creuse. Comme l'amiral Byrd, on ne tardera plus trop à établir le contact avec ses glorieux habitants mystérieux qu'on nomme les intra-terrestres. Patience, donc.
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