Apache Drums de Hugo Fregonese (1951)
Apache Drums de Hugo Fregonese (1951)
un western qui débute au son d'une voix désincarnée, une simili voix indienne, la complainte pathétique d'un fantôme ;
La vie n'y est plus ; n'est plus ; dans son mouvement, cyclique, générationnel, attachée au corps de l'indien, qui ne peut procréer désormais, comme si une malédiction divine l'écrasait, le frappait d'extinction dans le désert.
Il ne reste plus aux quelques guerriers de Victorio à aller au devant de la mort.
Marionnettes peintes qui en la menaçant, synthétise et soude l'esprit à une communauté .
La lutte pour la terre est mise au ban du présent : le texte introductif encense l'esprit d'expansion des colons américains et la richesse extraite par les travailleurs des mines, et redéfinit d'emblée la représentation comme l'affrontement inégal de deux spiritualités.
D'ailleurs le film en sa substance mise sur un rapport dialectique des choses et des êtres.
Quelle est la communauté désirée ? Comment l 'inventer ?
le maire est aussi forgeron ; son activité est indissolublement liée à celle du village. Le pasteur l'enjoint à expulser les mauvais éléments, ceux qui ne profitent pas à, qui n'ont pas d'utilité sociale bénéfique, qui risqueraient de fragiliser l'alliage qui compose le groupe (les filles de joie et un noir qui les accompagne, tués opportunément par les indiens par la suite, alors qu'ils quittent Spanish boot pour silver spring).
Le maire se confronte à celui qui se vit hors des frontières du village, l'itinérant :
le personnage de McNally, au départ du film, est représenté comme une brebis galeuse, un type sans attache à la communauté s'il n'était épris d'une de ses membres (classiquement, comme dans toute histoire Hollywoodienne), un type qui ignore la valeur chrétienne du travail, du lien, au profit du jeu et de la ruse, de la distance cynique.
C'est pourtant grâce à lui que le village est prévenu des exactions de Victorio. Il est la relation entre la territoire, il conduit un convoi jusqu'à l'eau synonyme de vie, et les hommes qui le peuple. Il est également le tueur, la main armée de la communauté, qui prévient le passage du mal et de la mort.
Là est son utilité. Il compose avec le forgeron le couple figurant l'autorité désirée _ tel Janus et Saturne?
La dernière séquence est forte, Fregonese a un petit talent de mise en scène _ peut être Val Lewton, à la prod, y est il pour quelque chose:
huis clôt à l'intérieur de l'église cernée ;
murs gris et ouvertures hautes et réduites laissant entrevoir des portions rectangulaires de ciel qui a chaque instant menace d'être occulté par l'apparition d'un guerrier apache (« only the empty sky will know the voice of the mescaleros »).
La musique et le chant se mesurent l'une à l'autre :
les tambours funestes des indiens, mains anonymes frappant la toile tendue sur laquelle les ombres exécutent une sarabande de tous les diables ;
tandis qu'à l'intérieur le chant de guerre gallois initié par le pasteur, échappé du sérail de Ford, est repris par les retranchés ; l'ombre des hommes et des femmes découpée nette sur les murs du temple ou sur le corps des amis.
Il y a également le bugle annonçant la charge du corps de cavalerie.
La peinture de l'indien est duelle : à côté du sauvage, dont la culture disparaît, qui n'habite plus le désert mais le hante, tel un spectre, s'adjoint la figure du scout de l'armée, celui qui a prêté serment sur le livre des blancs.
L'alcool et l'eau jouent des rôles importants.
En effet la région du sud ouest est décrite comme étant de « waterless mountains ». L'attaque des mescaleros coupe les villageois de leur approvisionnement en eau.
Mais la loi interdit au scout indien de boire de l'alcool;
plus tard, l'attaque suicide des indiens survient au terme d'une cérémonie où ils en consomment afin de ne plus ressentir de peur face à la mort ou à la souffrance.
Lors du siège, au cours du combat, le scout est blessé, mais c'est au chevet d'un blanc alité que la caméra s'attarde. Si le scout est fidèle à sa promesse, il n'en devient pas pour autant un membre à part entière du groupe.
Lorsque McNally alimente le feu provoqué par les mescaleros pour détruire la porte de l'église, il reste à l'écart et contemple perplexe les blancs jeter bancs de prière et planches extirpées de l'estrade du choeur (khoros, « ensemble des chanteurs ») dans le brasier qui empêche l'accès à l'intérieur de l'édifice.
La vie n'y est plus ; n'est plus ; dans son mouvement, cyclique, générationnel, attachée au corps de l'indien, qui ne peut procréer désormais, comme si une malédiction divine l'écrasait, le frappait d'extinction dans le désert.
Il ne reste plus aux quelques guerriers de Victorio à aller au devant de la mort.
Marionnettes peintes qui en la menaçant, synthétise et soude l'esprit à une communauté .
La lutte pour la terre est mise au ban du présent : le texte introductif encense l'esprit d'expansion des colons américains et la richesse extraite par les travailleurs des mines, et redéfinit d'emblée la représentation comme l'affrontement inégal de deux spiritualités.
D'ailleurs le film en sa substance mise sur un rapport dialectique des choses et des êtres.
Quelle est la communauté désirée ? Comment l 'inventer ?
le maire est aussi forgeron ; son activité est indissolublement liée à celle du village. Le pasteur l'enjoint à expulser les mauvais éléments, ceux qui ne profitent pas à, qui n'ont pas d'utilité sociale bénéfique, qui risqueraient de fragiliser l'alliage qui compose le groupe (les filles de joie et un noir qui les accompagne, tués opportunément par les indiens par la suite, alors qu'ils quittent Spanish boot pour silver spring).
Le maire se confronte à celui qui se vit hors des frontières du village, l'itinérant :
le personnage de McNally, au départ du film, est représenté comme une brebis galeuse, un type sans attache à la communauté s'il n'était épris d'une de ses membres (classiquement, comme dans toute histoire Hollywoodienne), un type qui ignore la valeur chrétienne du travail, du lien, au profit du jeu et de la ruse, de la distance cynique.
C'est pourtant grâce à lui que le village est prévenu des exactions de Victorio. Il est la relation entre la territoire, il conduit un convoi jusqu'à l'eau synonyme de vie, et les hommes qui le peuple. Il est également le tueur, la main armée de la communauté, qui prévient le passage du mal et de la mort.
Là est son utilité. Il compose avec le forgeron le couple figurant l'autorité désirée _ tel Janus et Saturne?
La dernière séquence est forte, Fregonese a un petit talent de mise en scène _ peut être Val Lewton, à la prod, y est il pour quelque chose:
huis clôt à l'intérieur de l'église cernée ;
murs gris et ouvertures hautes et réduites laissant entrevoir des portions rectangulaires de ciel qui a chaque instant menace d'être occulté par l'apparition d'un guerrier apache (« only the empty sky will know the voice of the mescaleros »).
La musique et le chant se mesurent l'une à l'autre :
les tambours funestes des indiens, mains anonymes frappant la toile tendue sur laquelle les ombres exécutent une sarabande de tous les diables ;
tandis qu'à l'intérieur le chant de guerre gallois initié par le pasteur, échappé du sérail de Ford, est repris par les retranchés ; l'ombre des hommes et des femmes découpée nette sur les murs du temple ou sur le corps des amis.
Il y a également le bugle annonçant la charge du corps de cavalerie.
La peinture de l'indien est duelle : à côté du sauvage, dont la culture disparaît, qui n'habite plus le désert mais le hante, tel un spectre, s'adjoint la figure du scout de l'armée, celui qui a prêté serment sur le livre des blancs.
L'alcool et l'eau jouent des rôles importants.
En effet la région du sud ouest est décrite comme étant de « waterless mountains ». L'attaque des mescaleros coupe les villageois de leur approvisionnement en eau.
Mais la loi interdit au scout indien de boire de l'alcool;
plus tard, l'attaque suicide des indiens survient au terme d'une cérémonie où ils en consomment afin de ne plus ressentir de peur face à la mort ou à la souffrance.
Lors du siège, au cours du combat, le scout est blessé, mais c'est au chevet d'un blanc alité que la caméra s'attarde. Si le scout est fidèle à sa promesse, il n'en devient pas pour autant un membre à part entière du groupe.
Lorsque McNally alimente le feu provoqué par les mescaleros pour détruire la porte de l'église, il reste à l'écart et contemple perplexe les blancs jeter bancs de prière et planches extirpées de l'estrade du choeur (khoros, « ensemble des chanteurs ») dans le brasier qui empêche l'accès à l'intérieur de l'édifice.
Invité- Invité
Re: Apache Drums de Hugo Fregonese (1951)
hi;
erwan a écrit:le maire est aussi forgeron ; son activité est indissolublement liée à celle du village. Le pasteur l'enjoint à expulser les mauvais éléments, ceux qui ne profitent pas à, qui n'ont pas d'utilité sociale bénéfique, qui risqueraient de fragiliser l'alliage qui compose le groupe (les filles de joie et un noir qui les accompagne, tués opportunément par les indiens par la suite, alors qu'ils quittent Spanish boot pour silver spring).
pas vu, mais ton message donne envie; cette histoire de forgeron m'intrigue; faudrait voir le film depuis le livre de M. Eliade : "Forgerons et alchimistes."
Borges- Messages : 6044
Re: Apache Drums de Hugo Fregonese (1951)
merci Borges pour la référence ;
cette histoire m'intéresse également, de manière plus personnelle :)mon grand père était maréchal-ferrant, et il a également été élu maire d'une petite commune à deux ou trois reprises. Les deux fonctions sont elles inconsciemment, symboliquement, amenées à cohabiter (on devrait remonter aux âges farouches du bronze et du fer) lol?
Pernicieusement, dans le film, le type se fait passer pour un docteur auprès des mescaleros; leur chef est mortellement blessé et les villageois souhaitent gagner du temps.
Il dit à McNally, le rusé, le bluffeur, qu'il aura moins de difficulté que lui à revêtir cet habit puisqu'il lui arrive de s'occuper des bêtes ... les indiens au rang des animaux ...
cette histoire m'intéresse également, de manière plus personnelle :)mon grand père était maréchal-ferrant, et il a également été élu maire d'une petite commune à deux ou trois reprises. Les deux fonctions sont elles inconsciemment, symboliquement, amenées à cohabiter (on devrait remonter aux âges farouches du bronze et du fer) lol?
Pernicieusement, dans le film, le type se fait passer pour un docteur auprès des mescaleros; leur chef est mortellement blessé et les villageois souhaitent gagner du temps.
Il dit à McNally, le rusé, le bluffeur, qu'il aura moins de difficulté que lui à revêtir cet habit puisqu'il lui arrive de s'occuper des bêtes ... les indiens au rang des animaux ...
Invité- Invité
Re: Apache Drums de Hugo Fregonese (1951)
hi;
t'es une véritable créature mythologique
t'es une véritable créature mythologique
Borges- Messages : 6044
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