"L'Harmonie" de Blaise Harrison ou comment la frustration connaît un crescendo
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"L'Harmonie" de Blaise Harrison ou comment la frustration connaît un crescendo
On avait déjà parlé ici du précédent film de Blaise Harrison, Armand 15 ans l'été que j'avais beaucoup aimé. Mine de rien en y passant.
Mais on était en lieu de s'interroger sur le fait que le film ne racontait rien, se regardait se filmer, soignait ses cadres, était attentif à annoncer que la vacuité était son sujet. C’était un film sur une sorte d'adolescence, sur la longue sortie pas encore annoncée de l'enfance, l'entrée retardée dans l'age adulte.
D'accord, d'accord.
Aujourd'hui, Blaise est de retour et nous refait le même coup pour L'Harmonie; je ne raconte pas d'histoire, je n'ai pas de sujet. En soit, c'est très bien, pourquoi pas; c'est très dur, est ce que ça peut marcher ? Parce qu'il y a un pas entre dire j'écris, je filme, je monte un documentaire structuré comme une interprétation musicale et le faire. Franchir ce pas, c'est immense, s'en approcher, ce serait déjà pas mal.
Comment ne pas se sentir frustré devant cette intention qui fait mine de dérouler un programme en répétant son dispositif sans sourciller ? Répétition collective : activité solitaire ; moments communs : respiration individuelle. Qui sont les hommes et les femmes qui font cette petit utopie musicale ? Blaise s'en fout, il fabrique un grand œuvre de l'ordre du ressenti. On pouvait se dire, Armand, le personnage, l'adolescence, le sud, l'été des grandes vacances justifiaient tous les choix de mise en scène : ici on les retrouve quasi à l’identique.
Il faudrait introduire des dissonances dans l'harmonie de Blaise.
C'est pas très étonnant, le film finit de façon très belle, un montage très élégant, des cadres très beaux, tout ça; mais il se conclue dans le froid. Rapide raccourci : il est glacial le cinéma de Blaise.
Mais on était en lieu de s'interroger sur le fait que le film ne racontait rien, se regardait se filmer, soignait ses cadres, était attentif à annoncer que la vacuité était son sujet. C’était un film sur une sorte d'adolescence, sur la longue sortie pas encore annoncée de l'enfance, l'entrée retardée dans l'age adulte.
D'accord, d'accord.
Aujourd'hui, Blaise est de retour et nous refait le même coup pour L'Harmonie; je ne raconte pas d'histoire, je n'ai pas de sujet. En soit, c'est très bien, pourquoi pas; c'est très dur, est ce que ça peut marcher ? Parce qu'il y a un pas entre dire j'écris, je filme, je monte un documentaire structuré comme une interprétation musicale et le faire. Franchir ce pas, c'est immense, s'en approcher, ce serait déjà pas mal.
Comment ne pas se sentir frustré devant cette intention qui fait mine de dérouler un programme en répétant son dispositif sans sourciller ? Répétition collective : activité solitaire ; moments communs : respiration individuelle. Qui sont les hommes et les femmes qui font cette petit utopie musicale ? Blaise s'en fout, il fabrique un grand œuvre de l'ordre du ressenti. On pouvait se dire, Armand, le personnage, l'adolescence, le sud, l'été des grandes vacances justifiaient tous les choix de mise en scène : ici on les retrouve quasi à l’identique.
Il faudrait introduire des dissonances dans l'harmonie de Blaise.
C'est pas très étonnant, le film finit de façon très belle, un montage très élégant, des cadres très beaux, tout ça; mais il se conclue dans le froid. Rapide raccourci : il est glacial le cinéma de Blaise.
DB- Messages : 1528
Re: "L'Harmonie" de Blaise Harrison ou comment la frustration connaît un crescendo
Dès les premiers plans pris d'hélicoptère, où on pourrait se croire dans "Shining", le film apparait comme très difficile à assumer en tant que documentaire. Tellement sur de son élégie, de son truc, dès le commencement, que je n'y suis jamais entré.
Le souci n'étant pas que ce soit "élégant" et "beau", mais plutôt où ces éléments semblent apparaitre dans la conception du film. A la vision du film, on imagine BH se dire "Allez, on va faire un grand truc".
Après les fictions voulant donner l'illusion d'éliminer la fiction, pour faire "vrai", (car ouais, quand même, faut que le spectateur puisse y croire. Plus de croyance en l'illusion aujourd'hui, un magicien doit s'habiller discrètement en homme normal pour qu'on croit à son tour), voilà qu'on doit se farcir les documentaires qui veulent faire fiction...
Le souci n'étant pas que ce soit "élégant" et "beau", mais plutôt où ces éléments semblent apparaitre dans la conception du film. A la vision du film, on imagine BH se dire "Allez, on va faire un grand truc".
Après les fictions voulant donner l'illusion d'éliminer la fiction, pour faire "vrai", (car ouais, quand même, faut que le spectateur puisse y croire. Plus de croyance en l'illusion aujourd'hui, un magicien doit s'habiller discrètement en homme normal pour qu'on croit à son tour), voilà qu'on doit se farcir les documentaires qui veulent faire fiction...
dreampeace- Messages : 140
Re: "L'Harmonie" de Blaise Harrison ou comment la frustration connaît un crescendo
Salut dreampeace,
je ne suis pas non plus rentré dans le film. J'y suis resté complètement extérieur, comme figé devant ces successions de tableaux.
Oui, le début fait penser à Shining, la fin aussi, la neige qui recouvre tout...
BH se regarde beaucoup faire probablement, et on sent que le choix de montage par exemple se décide plus sur ce qui sera impressionnant, sur le "beau plan" plutôt que sur ce qu'il peut construire ou raconter. À aucun moment je n'ai trouvé
Un documentaire qui se donne les alibis de la fiction, je ne sais pas (et en soit, ce n'est pas gênant) mais par contre un film qui plaque son discours, son écriture, ses intentions sur ses images, c'est certain. C'est ce qui pour moi tue tout le reste. Il y a la pesanteur d'une intention, faire grand, faire beau (faire cinéma ?) qui écrase alors tout.
je ne suis pas non plus rentré dans le film. J'y suis resté complètement extérieur, comme figé devant ces successions de tableaux.
Oui, le début fait penser à Shining, la fin aussi, la neige qui recouvre tout...
BH se regarde beaucoup faire probablement, et on sent que le choix de montage par exemple se décide plus sur ce qui sera impressionnant, sur le "beau plan" plutôt que sur ce qu'il peut construire ou raconter. À aucun moment je n'ai trouvé
Un documentaire qui se donne les alibis de la fiction, je ne sais pas (et en soit, ce n'est pas gênant) mais par contre un film qui plaque son discours, son écriture, ses intentions sur ses images, c'est certain. C'est ce qui pour moi tue tout le reste. Il y a la pesanteur d'une intention, faire grand, faire beau (faire cinéma ?) qui écrase alors tout.
DB- Messages : 1528
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