Leviathan (L.Castaing-Taylor, V.Paravel)
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wootsuibrick
Eyquem
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Re: Leviathan (L.Castaing-Taylor, V.Paravel)
ça me fait penser à ce que disait je ne sais plus qui à propos de Zao Wou-Ki, mais qui pourrait s'appliquer à pas mal de gens qui ont fait de l'abstraction... comme quoi (en gros) entre les murs tachés de son atelier et ses oeuvres, il n'y avait que le cadre du tableau pour créer une séparation.Je voulais réagir à ça, parce que c'est peut-être une part du problème. À la sortie du cinéma, j'ai eu l'impression qu'en faisant éclater la structure - narrative, temporelle -, le film aurait tout aussi bien pu s'étendre aux 150 heures de rushes que les réalisateurs ont réunis, qu'à une vingtaine de minutes sur lesquelles on aurait pu tomber dans une exposition. (Je me demande justement comment ils ont déterminé la durée du film - 1h30 -, qui est typiquement la durée canonique d'une diffusion en salle).
Re: Leviathan (L.Castaing-Taylor, V.Paravel)
Salut Béhémoth,
Est-ce que tu te souviens si ces deux images se suivent dans le film? c'est-à-dire: est-ce que la symétrie que tu décris est directement suggérée par le montage, ou bien est-ce toi qui rapproches ces deux images éloignées l'une de l'autre dans le film?
Dans leur entretien (sur le blog documentaire), ils appellent ça des "esprits": "nous avons fouillé le film, passé au crible ses 130 500 images, une à une, pour en sortir 646 images que nous appelons des Esprits. Car ce sont des apparitions dont il est question — soldats, marins, guerriers, esclaves, monstres, serpents, bêtes, squelettes, démons. Ces apparitions nous renvoient non seulement à une archéologie de l’océan, mais aussi à une archéologie de l’image."
On s'est peut-être pas assez interrogé d'ailleurs sur ce qu'ils entendaient par "archéologie".
Béhémoth a écrit:Par exemple, il y a deux plans qui se répondent qui m'ont enthousiasmé :
- celui où l'on voit le filet rouge, encore rempli, mais vu d'en dessous et qui laisse s'échapper de petits résidus (parfois ça ressemble à des étoiles de mer, mais je ne suis pas certain)
- celui / ceux où on voit le vol des mouettes la nuit, au ras de l'eau, comme si (c'est drôle) on était les poissons sur le point de se faire attraper. Ce sont les images où le mouvement de l'eau et la vitesse sont assez prononcés.
Est-ce que tu te souviens si ces deux images se suivent dans le film? c'est-à-dire: est-ce que la symétrie que tu décris est directement suggérée par le montage, ou bien est-ce toi qui rapproches ces deux images éloignées l'une de l'autre dans le film?
D'ailleurs, au début de ton texte, tu indiques que les auteurs ont eux-mêmes sélectionné pour leur installation des photogrammes où apparaissaient des figures (des visages, etc)Je crois qu'il faudrait peut-être creuser par là, sur cet échec relatif du film, puisque c'est un peu la preuve qu'en voulant se détacher d'un point de vue anthropocentrique, on en revient toujours à répéter les ressemblances, à retrouver des similitudes dans ces images que nous projetons sur elles et c'est en même temps assez touchant, parce que ça donne l'impression d'une participation de la nature avec elle-même, d'un réseaux constant de rappels (les signatures), mais je ne sais pas du tout si c'est un impensé du film, ou ce qui fait son intérêt
Dans leur entretien (sur le blog documentaire), ils appellent ça des "esprits": "nous avons fouillé le film, passé au crible ses 130 500 images, une à une, pour en sortir 646 images que nous appelons des Esprits. Car ce sont des apparitions dont il est question — soldats, marins, guerriers, esclaves, monstres, serpents, bêtes, squelettes, démons. Ces apparitions nous renvoient non seulement à une archéologie de l’océan, mais aussi à une archéologie de l’image."
On s'est peut-être pas assez interrogé d'ailleurs sur ce qu'ils entendaient par "archéologie".
Eyquem- Messages : 3126
Re: Leviathan (L.Castaing-Taylor, V.Paravel)
Salut,
Ah non, les images ne se suivent pas directement.. je crois me souvenir que chronologiquement il y a un premier plan avec les mouettes, le jour, puis plus tard le filet rouge sous l'eau, puis encore plus tard le plan renversé des mouettes la nuit (du coup ce dernier réagit comme un écho aux deux en même temps). Tu crois que ça change quelque chose, que le rapport ne soit pas continu ? - autrement, je ne comprends vraiment pas pourquoi le plan est à l'envers, haha, mais c'est peut-être une anecdote de tournage...
Le fait qu'ils aient entrepris ce travail de recherche dans les photogrammes m'intéresse justement pour ça, oui (même volonté / étonnement devant la capacité de la nature a créer des représentations dans les choses minuscules... c'est d'ailleurs peut-être une forme un plus postérieure du romantisme - j'ai revu L'Homme d'Aran hier soir, et c'est vrai qu'il est impossible pour nous d'adhérer à cette emphase devant la mer et ses grandes vagues, et les toutes petites silhouettes du pêcheur au milieu. Depuis Caillois, Ernst, Painlevé, Dubuffet peut-être, ça me semble en revanche plus évident pour nous d'être attirés par ces phénomènes de ressemblances dans un tas de poisson en très gros plan, ou dans une pierre.
Après, certains plans sont vraiment bizarres, voire un peu faible, comme celui où la caméra se concentre sur le tatouage du capitaine...
Ah non, les images ne se suivent pas directement.. je crois me souvenir que chronologiquement il y a un premier plan avec les mouettes, le jour, puis plus tard le filet rouge sous l'eau, puis encore plus tard le plan renversé des mouettes la nuit (du coup ce dernier réagit comme un écho aux deux en même temps). Tu crois que ça change quelque chose, que le rapport ne soit pas continu ? - autrement, je ne comprends vraiment pas pourquoi le plan est à l'envers, haha, mais c'est peut-être une anecdote de tournage...
Le fait qu'ils aient entrepris ce travail de recherche dans les photogrammes m'intéresse justement pour ça, oui (même volonté / étonnement devant la capacité de la nature a créer des représentations dans les choses minuscules... c'est d'ailleurs peut-être une forme un plus postérieure du romantisme - j'ai revu L'Homme d'Aran hier soir, et c'est vrai qu'il est impossible pour nous d'adhérer à cette emphase devant la mer et ses grandes vagues, et les toutes petites silhouettes du pêcheur au milieu. Depuis Caillois, Ernst, Painlevé, Dubuffet peut-être, ça me semble en revanche plus évident pour nous d'être attirés par ces phénomènes de ressemblances dans un tas de poisson en très gros plan, ou dans une pierre.
Après, certains plans sont vraiment bizarres, voire un peu faible, comme celui où la caméra se concentre sur le tatouage du capitaine...
Tu veux dire quoi par là, Borges ?Borges a écrit:C'est le point de vue inverse de Eyquem, finalement; libérer le monde de l'emprise humaine, en quelque sorte; mais je sais pas si le film y parvient, autrement que par des images... je ne crois pas que l'on puisse jamais libérer le hasard en plaçant des caméras de la sorte, même au fond d'un naufrage et en des circonstances éternelles...
(pour libérer la pomme de l'homme, et la faire surgir comme jamais avant, Cézanne n'a pas eu recours à une peinture automatique...)
Béhémoth- Messages : 5
Re: Leviathan (L.Castaing-Taylor, V.Paravel)
bonjour,
Non, ça ne change rien d'essentiel. Mais je me demandais si on pouvait trouver d'autres exemples dans le film, si ces effets de symétrie étaient sciemment recherchés par le montage.Béhémoth a écrit:Tu crois que ça change quelque chose, que le rapport ne soit pas continu ?
Eyquem- Messages : 3126
Re: Leviathan (L.Castaing-Taylor, V.Paravel)
hi;Béhémoth a écrit:Tu veux dire quoi par là, Borges ?Borges a écrit:C'est le point de vue inverse de Eyquem, finalement; libérer le monde de l'emprise humaine, en quelque sorte; mais je sais pas si le film y parvient, autrement que par des images... je ne crois pas que l'on puisse jamais libérer le hasard en plaçant des caméras de la sorte, même au fond d'un naufrage et en des circonstances éternelles...
(pour libérer la pomme de l'homme, et la faire surgir comme jamais avant, Cézanne n'a pas eu recours à une peinture automatique...)
oh, rien de particulièrement brillant ni de profond; comme je disais, le film m'a semblé un peu vain (gratuit), se limiter à un travail sur l'image, le son... c'est très formel; ça n'atteint pas à la pensée, peut-être parce que je me suis pas donné la peine de le regarder, et de le penser (je me suis ennuyé, ce qui ne prouve rien, bien entendu); je vais le revoir (depuis cette discussion) et peut-être changer d'idée...
Borges- Messages : 6044
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