Post Tenebras Lux - Carlos Reygadas (2012)
Post Tenebras Lux - Carlos Reygadas (2012)
Psychédélique, pas besoin de LSD, pas besoin d'effets speciaux, les effets spaciaux de la superbe photographie de Post Tenebras suffisent.
La première séquence m'emmène directement dans un mode onirique, je le verrais bien en vidéo pour un clip imaginaire d'Autechre (dont acte : voire plus bas), et cela me met dans les bonnes dispositions pour apprécier l'objet filmique : contemplativement, un peu comme la scène inaugurale de Satantango.
Je fais la pute pour ces images. Que c'est beau ! A lêcher, à tomber, par moment j'ai envie de les baiser ces images.
Reygadas me semble être un des très rares à maîtriser la couleur (s'entend sans se limiter à une palette limité à quelques tonalitées) à moins que cela soit dû à la photographie, à Alexis Zublé qui officiait déjà sur le magnifique Stellet Licht (Reygadas est travaillé par la lumière depuis le magnifique Japon, plongé dans une lumière plus blanche que blanche, à l'occasion j'y suis retourné : la lumière mexicaine inonde le canyon de telle sorte qu'il brûle plus l'image que les blanches chemmises).
S'il n'y avait que la photographie à jouir, je n'aurais toutefois pas regardé haletant et émerveillé avant de revoir et me serait contenté de faire du montage audio par dessus les plus belles séquences comme ici https://www.dropbox.com/s/893vlzwiit9gwnw/PTL%2BVietrmx.mkv (ça spoile pas vraiment, c la séquence inaugurale, SURTOUT SURTOUT ne pas aller à la facilité en cliquant "play", l'image serait de très mauvaise qualité, cliquer en haut sur Télécharger, la musique : Autechre - Vietrmx21 de l'album Tri Repetae++).
On ne parle pas de Reygadas par ici, et par moment on ne parle que de Mallick, mais les deux derniers films de ces deux là se rejoignent dans une magnificence éclairée, comme une lettre d'amour, une lettre qui craindrait d'être une lettre d'adieu à la pellicule (encore un appel vers Bela Tarr et son désespoir digital).
Depuis Japon je suis un peu fan j'en conviens, Reygadas fait partie des rares dont j'attends beaucoup, bien que le premier film soit déjà un chef-d’œuvre (ou bien le pendant mexicain de Paris, Texas), même quand il me semblait se rater (Batalla en el cielo) l’échec me semblait sublime, aussi je rêve, je m'imagine à Cannes après la projection me levant et insultant à gorges déployées la salle huée.
C'est assez rare que je note et retienne le nom du responsable de la photographie, mais là après ce film je retient Alexis Zublé, me demande s'il ne faudrait pas le suivre et chercher les précédentes sorties du gars.
Ceci étant dit le film m'apparaît assez réaliste, c'est très léger, simple comme une belle épure qui laisse espace et temps pour rêver : les souvenirs, les scènes de vies fantasmées ou déplorées s'enchaînent comme elles s'enchaînent dans ce qu'est le cours d'une conscience j'imagine à peu près moyenne d'homme blanc mondialisé.
Un détail à retenu mon attention : le père de famille, autoritaire, refuse des tissus à motifs trop compliqués. Là j'imagine tout de suite Reygadas imposant sa doctrine esthétique à la maison (après coup en me renseignant effectivement le film est fortement autobiographique). Puis ça creuse : le refus du mélange, l'aveu caché que les cultures indiennes espagnoles et américaines ne pourront jamais s'agencer harmonieusement ? La maison est entouré de métisses, des visages pâles errent ça et là dans la région, alternants entre condescendances et commandes, la maison se veut refuge, la pauvreté à visage latino semble se presser aux fenêtres, l'intrusion du réparateur métisse comme menace au foyer.
Le premier métisse du film, il attend à distance respectable, le patron l'appelle en même temps que les chiens.. Un pâle semble s'enivrer avec un métisse, il est assis, l'autre égratigne la maison sur laquelle il est penché. Il casse la maison, le patron lui dit qu'il détruit les choses (en passant je suis par hasard tombé aujourd'hui sur l'état de l'art concernant l'origine des premières populations américaines, ils seraient en fait originaires de territoires recouvrants parties d'Espagne et de France, bref le conquistador aurait reconquis son ancêtre délocalisé).
Les identités les cultures sont perdues, rien de nouveau, juste la réalité des classes racialisées mexicaines et de la mondialisation, un employé en Lacoste, une gamine à parka de bidasse ouest-allemand, du nike de l'enchiladas et du domestique métisse au patron blanc qui doivent faire semblant de ne pas savoir, il fait un climat européen dans sa montagne, et c'est en Europe qu'on voit les corps suants et fornicants qu'il nous proposait habituellement in Mexico.
Bon il y a un thème du salut chez Reygadas que je le laisse le soin à d'autres de développer, mis à part noter que dans les œuvres Mexicaines cela passe par un amour métissant ou sur-métissant dans les apparences, je ne me sent pas compétent.
La première séquence m'emmène directement dans un mode onirique, je le verrais bien en vidéo pour un clip imaginaire d'Autechre (dont acte : voire plus bas), et cela me met dans les bonnes dispositions pour apprécier l'objet filmique : contemplativement, un peu comme la scène inaugurale de Satantango.
Je fais la pute pour ces images. Que c'est beau ! A lêcher, à tomber, par moment j'ai envie de les baiser ces images.
Reygadas me semble être un des très rares à maîtriser la couleur (s'entend sans se limiter à une palette limité à quelques tonalitées) à moins que cela soit dû à la photographie, à Alexis Zublé qui officiait déjà sur le magnifique Stellet Licht (Reygadas est travaillé par la lumière depuis le magnifique Japon, plongé dans une lumière plus blanche que blanche, à l'occasion j'y suis retourné : la lumière mexicaine inonde le canyon de telle sorte qu'il brûle plus l'image que les blanches chemmises).
S'il n'y avait que la photographie à jouir, je n'aurais toutefois pas regardé haletant et émerveillé avant de revoir et me serait contenté de faire du montage audio par dessus les plus belles séquences comme ici https://www.dropbox.com/s/893vlzwiit9gwnw/PTL%2BVietrmx.mkv (ça spoile pas vraiment, c la séquence inaugurale, SURTOUT SURTOUT ne pas aller à la facilité en cliquant "play", l'image serait de très mauvaise qualité, cliquer en haut sur Télécharger, la musique : Autechre - Vietrmx21 de l'album Tri Repetae++).
On ne parle pas de Reygadas par ici, et par moment on ne parle que de Mallick, mais les deux derniers films de ces deux là se rejoignent dans une magnificence éclairée, comme une lettre d'amour, une lettre qui craindrait d'être une lettre d'adieu à la pellicule (encore un appel vers Bela Tarr et son désespoir digital).
Depuis Japon je suis un peu fan j'en conviens, Reygadas fait partie des rares dont j'attends beaucoup, bien que le premier film soit déjà un chef-d’œuvre (ou bien le pendant mexicain de Paris, Texas), même quand il me semblait se rater (Batalla en el cielo) l’échec me semblait sublime, aussi je rêve, je m'imagine à Cannes après la projection me levant et insultant à gorges déployées la salle huée.
C'est assez rare que je note et retienne le nom du responsable de la photographie, mais là après ce film je retient Alexis Zublé, me demande s'il ne faudrait pas le suivre et chercher les précédentes sorties du gars.
Ceci étant dit le film m'apparaît assez réaliste, c'est très léger, simple comme une belle épure qui laisse espace et temps pour rêver : les souvenirs, les scènes de vies fantasmées ou déplorées s'enchaînent comme elles s'enchaînent dans ce qu'est le cours d'une conscience j'imagine à peu près moyenne d'homme blanc mondialisé.
Un détail à retenu mon attention : le père de famille, autoritaire, refuse des tissus à motifs trop compliqués. Là j'imagine tout de suite Reygadas imposant sa doctrine esthétique à la maison (après coup en me renseignant effectivement le film est fortement autobiographique). Puis ça creuse : le refus du mélange, l'aveu caché que les cultures indiennes espagnoles et américaines ne pourront jamais s'agencer harmonieusement ? La maison est entouré de métisses, des visages pâles errent ça et là dans la région, alternants entre condescendances et commandes, la maison se veut refuge, la pauvreté à visage latino semble se presser aux fenêtres, l'intrusion du réparateur métisse comme menace au foyer.
Le premier métisse du film, il attend à distance respectable, le patron l'appelle en même temps que les chiens.. Un pâle semble s'enivrer avec un métisse, il est assis, l'autre égratigne la maison sur laquelle il est penché. Il casse la maison, le patron lui dit qu'il détruit les choses (en passant je suis par hasard tombé aujourd'hui sur l'état de l'art concernant l'origine des premières populations américaines, ils seraient en fait originaires de territoires recouvrants parties d'Espagne et de France, bref le conquistador aurait reconquis son ancêtre délocalisé).
Les identités les cultures sont perdues, rien de nouveau, juste la réalité des classes racialisées mexicaines et de la mondialisation, un employé en Lacoste, une gamine à parka de bidasse ouest-allemand, du nike de l'enchiladas et du domestique métisse au patron blanc qui doivent faire semblant de ne pas savoir, il fait un climat européen dans sa montagne, et c'est en Europe qu'on voit les corps suants et fornicants qu'il nous proposait habituellement in Mexico.
Bon il y a un thème du salut chez Reygadas que je le laisse le soin à d'autres de développer, mis à part noter que dans les œuvres Mexicaines cela passe par un amour métissant ou sur-métissant dans les apparences, je ne me sent pas compétent.
Dernière édition par Eluent le Dim 11 Aoû 2013 - 14:39, édité 1 fois
Eluent- Messages : 43
Re: Post Tenebras Lux - Carlos Reygadas (2012)
salut Eluent,Eluent a écrit:https://www.dropbox.com/s/893vlzwiit9gwnw/PTL%2BVietrmx.mkv
merci pour le lien... ça me rappelle un court de Jonas Mekas, "extase de la première marche/course"...
mais toute cette puissance animale autour de l'enfant, l'orage et puis la musique, ça paraît très tarkovskien tout ça... Je ne connais absolument rien du film et de son réalisateur, cette séquence me plaît beaucoup.
J'ai trouvé un dossier de presse:
http://download.pro.arte.tv/uploads/POST_TENEBRAS_LUX_DP.pdf
Invité- Invité
Re: Post Tenebras Lux - Carlos Reygadas (2012)
Attention, la musique de la séquence je l'ai greffée dessus, non pas que la bande son démérite, mais je voulais voir si j'avais trouvé de l'image qui pouvait soutenir et s'unir avec cette musique; et le film se trouve si on veut entendre la fillette, les clapotis et les gouttes qui tombent.breaker a écrit:mais toute cette puissance animale autour de l'enfant, l'orage et puis la musique, ça paraît très tarkovskien tout ça... Je ne connais absolument rien du film et de son réalisateur, cette séquence me plaît beaucoup.
J'ai trouvé un dossier de presse:
http://download.pro.arte.tv/uploads/POST_TENEBRAS_LUX_DP.pdf
Reygadas se décide pour le cinéma quand gamin il voit du Tarkovsy, Stalker est peut-être mon film préféré, assurément celui qui m'amène, moi profane matérialiste en un lieu métaphysique, il y aurait aussi un lien entre eux autour du thème du salut.
Eluent- Messages : 43
Re: Post Tenebras Lux - Carlos Reygadas (2012)
Merci pour ce lien, par contre je recommande à ceux qui n'auraient pas vu le film de retarder sa lecture : Reygadas y explique tout.breaker a écrit:http://download.pro.arte.tv/uploads/POST_TENEBRAS_LUX_DP.pdf
Eluent- Messages : 43
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