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Les Berkman se séparent (Noah Baumbach- 2005)

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Message par Borges Sam 22 Juin 2013 - 10:32

Eyquem a écrit:Je n'ai pas parlé de "Margot" ici, à vrai dire je ne me souviens plus bien du film.
"Les Berkman", je dirais pas que c'est triste; c’est pas dans la veine mélancolique dépressive de "Greenberg" : c’est plus drôle et plus cruel; c'est un film très vif, qui va à toute vitesse.
Ca commence sur une partie de tennis en famille : la mère et le fils cadet contre le père et le fils aîné. Pour les deux derniers, c’est pas parce qu’on joue en famille qu’il faut se faire des cadeaux : le jeu, c’est de gagner, ils misent tout sur le revers de la mère, qui est faiblard, et la mère, ça l’amuse pas du tout, elle se fout en rogne, pour elle c’est plus du jeu. Le jeu, c’est de jouer ou c’est de gagner ? Avec qui faut jouer pour jouer, avec qui faut jouer pour gagner ?
La partie va durer tout le film, mais pour l’essentiel, elle se joue pas avec des balles de tennis : comme on est chez des intellos de Brooklyn, elle se joue avec des titres de livres, des noms d’écrivains, des revers du type « Le copain de ta mère, c’est un philistin », ou des smashs du genre « Je vais être publiée par le New Yorker » (bim : prends ça dans les dents). Toute la famille est mise en pièces par cet esprit de compétition, où c’est pour les livres et les films comme pour le tennis : il faut toujours être le meilleur, sélectionner ce qui est le meilleur (on lit pas "Gatsby" parce que c’est un beau livre mais parce que c’est le meilleur de Fitzgerald, et même on n'a plus besoin de le lire, du moment qu'on sait que c'est celui qu'il faut avoir lu). Et pour les sentiments, c’est pareil (mais je veux pas trop en dire si tu l’as pas vu).
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Message par Invité Dim 23 Juin 2013 - 22:35

J'ai gardé après 8 ans un très bon souvenir de ce film, qui m'avait touché, beau personnage de Laura Linney (la scène où son fils lui fait un chantage aux sentiments en l'accusant de détruire la famille en divorçant, et où elle lui répond que sa souffrance n'est pas une excuse et que s'il est assez manipulateur pour la culpabiliser, c'est qu'il s'est déjà reconstruit). Il y avait en fait deux films en un: du côté des adultes une comédie sociale sur les intello new yorkais, du côté du plus jeune des fils, un enfer qui pouvait  détruire complétement sa sexualité. Le titre anglais c'est d'ailleurs "the squid & the Whale", l'enfant est fasciné par une mise en scène taxidermique du Musée d’Histoire naturelle de New York où une pieuvre et une baleine s’affrontent à mort: le gamin croît alors vraiment être le fils de ces animaux, mais le fit de voir la sculpture le rassure, transforme sa phobie en spectacle et en promesse. En fait le film montrait à la fois la légende terrorisante de Chronos du point de vue des enfants, et la comédie sociale universitaire à la David Lodge du côté des adultes, sans que les deux univers communiquent.


Dernière édition par Tony le Mort le Mar 25 Juin 2013 - 18:30, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 24 Juin 2013 - 20:08

Ouais le plus triste dans cette histoire où l'on ne se fait pas de cadeaux c'est que la Kultur ne protège de rien, en tous cas de ce que l'on peut trouver dans les divorces. C'est à mettre en perspective avec le récent Passé. Ici le film est sauvé par le rythme effréné comme a dit Eyquem, sur une trame assez banale. 
Le point fort du film est la transmission entre les générations qui ne parvient pas à se faire. Les deux parents sont écrivains mais l'ado le plus âgé demande à son père des informations sur les livres dont il se sert sans les lire. Le plus jeune rêve de devenir prof de tennis.

J'ai préféré de loin les deux paumés de Greenberg. Le film est moins conventionnel.

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Message par Invité Mar 25 Juin 2013 - 5:02

Pour ma part, ce film ne m'a laissé quasi aucun souvenir, et le peu que j'ai retenu était de l'ordre d'une purge qu'on m'infligeait. Je l'ai effacé de mon disque dur aussitôt après l'avoir vu, ce qui est généralement chez moi un signe de mauvaise humeur, voire d'exaspération, car mon disque dur est infesté de daubes en tous genres qui y trainent mollement sans attirer une ire particulière.

Chais pas, j'avais trouvé ça plein de tics pseudo-auteurisants, psychologisant et sur-signifiant au possible, sans compter la tonalité intello-new-yorko-névroso-familialo-nombrilo-woodyallenienne-like, un truc que je supporte plus depuis des lustres. Tout ce petit monde là, c'est peu dire, ne m'a ni touché ni ému ni fait rire ni concerné en quelque manière, juste horripilé au point d'avoir envie de gifler tous les membres de cette famille, du début à la fin.

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Message par Eyquem Mar 25 Juin 2013 - 18:23

Baudouin a écrit:ce film ne m'a laissé quasi aucun souvenir, et le peu que j'ai retenu était de l'ordre d'une purge qu'on m'infligeait. Je l'ai effacé de mon disque dur aussitôt après l'avoir vu.
C'est scandaleux.

...juste horripilé au point d'avoir envie de gifler tous les membres de cette famille, du début à la fin
Ca ne te fait pas rire, quand le père sort des phrases du style: "Kafka, c'est fantastic. Un de mes prédécesseurs" ?
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Message par Invité Mar 25 Juin 2013 - 20:46

Hello Eyquem, ça fait plèze de pouvoir te causer après tout ce temps. Wink


Ben non, ça m'a pas fait rire, c'est hypertéléphoné, ce genre de vanne dans ce genre de film. Désolé. lol.

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Message par Eyquem Mer 26 Juin 2013 - 8:18

'jour Jerzy,
Hello Eyquem, ça fait plèze de pouvoir te causer après tout ce temps. Wink
Wink   Pareil.

C'est dommage que tu n'aimes pas ce film. Je pensais que sa description de la mauvaise foi t'intéresserait.


salut Tony,
Tony le mort a écrit:Il y avait en fait deux films en un: du côté des adultes une comédie sociale sur les intello new yorkais, du côté du plus jeune des fils, un enfer qui pouvait  détruire complétement sa sexualité. Le titre anglais c'est d'ailleurs "the squid & the Whale", l'enfant est fasciné par une mise en scène taxidermique du Musée d’Histoire naturelle de New York où une pieuvre et une baleine s’affrontent à mort
En fait, c'est pas le plus jeune des deux frères qui est terrorisé par la scène du Museum, c'est l'aîné (Jesse Eisenberg); c'est lui qui se rend au musée dans la dernière scène et on suppose que c'est lui qui représente Noah Baumbach (puisque le film s'inspire plus ou moins de l'histoire de sa famille, je crois). Le plus jeune des deux frères, lui, se concentre sur une image porno déchirée dans un magazine.

Tony a écrit:le fait de voir la sculpture le rassure, transforme sa phobie en spectacle et en promesse
Oui, en un sens, le film raconte comment il devient cinéaste. Juste avant la dernière séquence au musée, il y a une scène où toute la famille panique parce que le chat a détalé et que tout le monde a peur qu'il se perde ou se fasse écraser. Le chat se planque sous une voiture; on voit alors le père et le fils aîné se mettre à plat ventre pour l'attraper. Mais le fils, au lieu de s'occuper du chat, d'un seul coup, regarde son père. C'est comme s'il faisait son premier cadrage : le visage de son père lui apparaît pour la première fois, dans le cadre improvisé que forment le châssis de la voiture et le bitume, et au lieu de voir Dieu sur terre comme auparavant, il voit un pauvre zigue, désemparé et au bout du rouleau.

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(entre parenthèses, je trouve les acteurs du film vraiment géniaux.)
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Message par Invité Mer 26 Juin 2013 - 9:58

C'est un scène très forte mais dit cela reste assez classique : c'est quasi une situation de western qui livre la vérité du film, et le fils (tiens c'est aussi l'acteur du Social Network, j'avais pas fait le rapprochement) est assez indifférent à la misogynie et la violence symbolique de son père envers sa mère, et ne se met à le juger que quand il prend conscience que c'est un loser (sans doute plus à cause de ce que l'on suppose: c'était un étudiant de gauche dans les années 60, qui a pu apparaître comme un intellectuel prometteur, mais n'a jamais pris conscience de son embourgeoisement et de son manque de talent).
Il y a quand-même un truc à analyser dans le film: les mouvements par lequel les fils critiquent leur parents pour leur violence domestique, et ceux par lesquels on leur reproche l'échec (la défaite) politique sont confondus.

Et puis je viens de lire un bouquin assez décevant mais intéressant de Serge Latouche sur son expérience de coopérant en RD Congo lors de l'Indépendance, où ils raconte (à propos du massacre d’aventurier italiens dans l'est) ce lieu commun que les colons blancs étaient pris à parti une fois au sol, et qu'il fallait éviter de tomber pour montrer que le blanc était mortel: cela me rappelle la scène du film, la situation permet de  trouver une explication anthropologique à une défaite politique.


Dernière édition par Tony le Mort le Mer 26 Juin 2013 - 16:02, édité 2 fois

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Message par Invité Mer 26 Juin 2013 - 15:18

Salut Eyquem,  


fort bien certainement, pour qui eût été mal avisé de nourrir quelque doute à ce sujet, le cinéaste raconte l'histoire de sa famille, et c'est épatant, comme est épatante la taxidermie.

Pour ma part, donc, j'ai ressenti l'univers de ce film, ses préoccupations, comme son milieu, comme tout à fait racrapotés, passé au tamis d'un oedipianisme psychanalytique que n'aurait certainement pas renié un woody allen.
Rien ne respire jamais, et en tout cas pas autrement que sous la forme permanente d'un rétrécissement de l'imaginaire autour des figures "papa, maman, la bonne et moi". La "mauvaise foi" du cinéaste, on pourrait en parler, et pas seulement en termes sartriens: en termes deleuziens, bien sûr. On peut aimer ça, je conteste pas, on peut trouver touchante, émouvante, drôle ou juste cette biographie maniérée ou tout, tout le temps, nous renvoie à l'inconscient théâtralisé qui ne cesse de tourner autour du "petit secret", papa et maman. Deleuze nous rappelait à quel point la littérature souffrait de devenir l'exposé douloureusement masochiste des petites affaires privées de son petit ego. Tout le monde (enfin, presque) a eu des parents qui divorçaient, une grand-mère qui mourait d'une triste et longue maladie, des amours malheureuses, etc mais ça ne fait pas automatiquement un bon roman ou un bon film. La littérature, et le cinéma, sans doute, c'est être projeté, basculé, d'emblée dans une "grande affaire universelle".
On ne délire pas autour de papa, maman, etc, on délire des océans, des meutes, etc etc. On va pas redire tout ça.
Je ne me rappelle plus grand-chose de ce film, il est vrai, mais ce dont je me rappelle surtout, et qui a suscité autant d'agacement et de soupirs, parce que c'était bien difficile de l'oublier et de penser à autre chose: c'était bien sa manière pontifiante de ramener toutes les "lignes de fuites" de l'imaginaire à une petite affaire de symboles et allégories lourdement signifiées, de schémas convenus qui font que partout où on regarde dans ce film, on est ramené de force à ce théâtre de marionnettes oedipiennees.
Tout le monde, dans ce film, a une trajectoire, un destin, un imaginaire, un désir, une pensée, etc, entièrement déterminés par la sphère familiale et sa triste, douloureuse ô combien, dislocation. Les grandes affaires de ce petit monde se résument entièrement à cette petite affaire ennuyeuse (pour moi): comment zig et puce vont s'en sortir, face à ce traumatisme lancinant, une fois cette sphère ontolochic fracturée, à savoir que papa et maman n'étaient pas ce centre du monde, ces petits dieux qu'il croyait qu'ils étaient, etc?
Mamma mia, ce ne sera pas une partie de plaisir, je vous prie de le croire. ça ne les laissera pas indifférents, et en tout cas il n'en sortiront pas tout à fait indemnes, comme on dit. Ben oui, ça les poursuivra toute leur vie, cette petite grande affaire passionnante, le divorce de leurs parents intello-littéraires de Brooklyn, dirait Françoise Dolto, et approuverait Gérard Miller. L'un sera hanté par une baleine et une pieuvre, qui, on l'imagine aisément,  quelque part au niveau de son vécu introspectif hypersensible, sont des symboles, ou des métaphores, de pôpô et de mômân. Je sais pas qui fait la pieuvre et qui fait la baleine, dans ce zoo bouffon, mais en tout cas une chose est claire, pour la baleine, c'est pas celle du capitaine achab... L'autre, le pauv'petiot, l'en aura la libido perturbée (ou enrichie, c'est pareil), tant il est vrai que le trauma d'une séparation de mom & dad éveille des centrations obsessionnelles de l'ordre du pornographisme.

Et tout ça, ma foi, sera bel et bien d'une importance déterminante, car ça donnera pour l'ainé une vocation d'artiste, de cinéaste, très concernée et très concernante sur le devenir-artiste-cultivé-intello dans le quartier de Brooklyn.
Comme dirait nathalie sarraute: "ouvrez! ouvrez!".  

Etc.

Maintenant, je ne dis pas que les acteurs de ce film subtil, délicat, douloureux et drôle ne sont pas absolument formidables.Ils peuvent être formidables à l'infini, cela ne change rien au fait qu'on sent trop qu'il sont comprimés de a à z dans la naphtaline chloroformée de l'imaginaire du metteur en scène, qui sent fortement le musée autour de son petit lui-même...

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Message par Invité Mer 26 Juin 2013 - 16:09

Contrairement à une tarte à la crème souvent rabâchée, j'ai l'impression qu'il n'y a en fait pas tellement de psychanalyse et de mise en scène de l'intérieur de la famille chez Woody Allen justement, en tout cas beaucoup moins que dans d'autres films dont parle ici (celui-ci ou les Farhadi), j'ai l'impression qu'il montre au contraire  souvent des personnages qui essayent de trouver des parades désespérées pour ne pas tomber dans le schéma œdipien, et rester absolument célibataires. Ils vont peut-être chez le psy, mais pour ne rien raconter.
Dans ses meilleurs film récents: Match Point et Vicky Christina le but des personnages est de revenir à la situation du début du film, d'annuler la relation que le récit à raconté, quitte à tuer.
Ses films sur la famille, comme Radio Days ou l'adaptation des Sœurs de Tchekhov jouent plutôt l'ampleur tragique de la littérature ou bien la cohérence du background sociologique juif laïc et agnostique contre la psychanalyse (dans Radio Days ses parents n'ont en fait aucun problème, rien ne sert de les emmener chez un psy, le fantasme de leur participation à un talk show matrimonial aplanit leurs problèmes: le but du film est bien de nous montrer que le monde de sa famille n'a rien laissé de traumatisant, que les valeurs et comportements privés correspondaient complétement à celle prévalant socialement aux USA dans  un intervalle entre la fin de la crise économique et le début de la guerre). A la limite Bergman et sa terreur physique des femmes est encore plus freudien que lui (dont les films sont aussi souvent des histoires d'intello, à part pour Monika il faut qu'il remonte au moyen-âge pour sortir du milieu bourgeois). The Squid & the Whale très proche de certains Bergman d'ailleurs aussi.

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Message par Invité Mer 26 Juin 2013 - 16:28

Tony le Mort a écrit:Il y a pas tellement de psychanalyse et de mise en scène de la famille chez Woody Allen justement, en tout cas beaucoup moins que dans d'autres films dont parle ici (celui-ci ou les Farhadi), j'ai l'impression qu'il montre souvent des personnages qui essayent de trouver des parades désespérées pour ne pas tomber dans le schéma œdipien


Mais c'est justement ça, l'oedipianisme, au sens où je l'évoque plus haut: chercher désespérément à fuir "papa-maman", et donc n'en jamais s'échapper puisque c'est le schème interprété (psychanalytiquement) comme moteur, déterminant le motif de la fuite. C'est la grand classique par excellence du freudisme à la "sauce new-yorkaise allenienne".
Il est vrai que le cinéma de WA a souvent consisté à montrer la famille comme le premier cercle d'un enfer oedipien (la sienne, ou celle de sa petite amie) qu'on cherche à briser, en vain: c'est justement ça qui constitue la mécanique oedipienne de WA: on n'en sort jamais. Cf le sketch (le complot d'oedipe) où sa mère a envahi le ciel de New-York. Et d'ailleurs, ça fait partie de "l'humour psychanalytique" que de tourner en dérision les schémas de la psychanalyse, ce qui les renforce et en augmente d'une certaine manière la pertinence.
La famille est omniprésente dans quasi tous les WA. C'est une donnée difficilement contestable. Y compris les Match Point et les Cassandra dream, etc. Je vais pas me lancer dans une analyse du cinéma de WA, là n'est pas mon propos. D'autant que, les années passant, je trouve son cinéma d'une grande pauvreté.

Ouaih. Bergman, vu par WA, quoi. Et dans l'héritage "intello-juif-newyorkais", ça donne "Berk-man". Pourquoi pas. Y a un freudisme assez commun et convenu chez les deux. Aucun problème, donc: je veux bien qu'on qualifie ce film de bergmanien. ça ajoute à son côté stéréotypé, si possible.

Ce film n'est pas, dans sa facture apparente, woody allénien (il se veut en effet plus sec et violent), mais pour moi c'est le même univers, avec les mêmes limites (y compris géographiques et sociologiques) et les mêmes obsessions. Il est oedipien, incontestablement, et gouverné par un hyper-determinisme psychanalytique de la "névrose de destinée", qui est revendiqué, dans le projet même du film, par le cinéaste, qui explique en quelque sorte comment il est devenu "cinéaste". C'est d'un convenu, et d'un nombrilisme très "sociopsychanalytiquement" déterminé.

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Message par Eyquem Mer 26 Juin 2013 - 16:51

Salut Jerzy,

oui, cette histoire joue certainement une énième fois un petit théâtre oedipien, mais quand Deleuze dit tout le mal qu'il pense de ce genre de récits, il insiste sur l'idée de secret, de mystère, sur la complaisance d'auteurs qui font un "drame" de leur petite histoire personnelle. Je ne sens pas la complaisance dans le film de Baumbach: il n'y a pas de secret, de grand mystère familial autour duquel tout le récit tournerait pour expliquer la souffrance du jeune héros et où celui-ci puiserait le petit drame personnel propre à donner une justification à son existence. Tout est à ciel ouvert et l'auteur n'y va pas avec des pincettes pour opérer délicatement un petit ego malade: il taille dans le vif, avec un super sens du timing. C'est peut-être Oedipe, mais pas la version du Dr Freud, plutôt celle du Dr Maboule.

un oedipianisme psychanalytique que n'aurait certainement pas renié un woody allen
On y pense forcément, mais je croyais que tu aimais certains de ses films ?

EDIT : écrit avant de lire les deux messages au-dessus
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Message par Borges Mer 26 Juin 2013 - 17:58

Eyquem a écrit: il n'y a pas de secret, de grand mystère familial autour duquel tout le récit tournerait pour expliquer la souffrance du jeune héros et où celui-ci puiserait le petit drame personnel propre à donner une justification à son existence. Tout est à ciel ouvert et l'auteur n'y va pas avec des pincettes pour opérer délicatement un petit ego malade: il taille dans le vif, avec un super sens du timing. C'est peut-être Oedipe, mais pas la version du Dr Freud, plutôt celle du Dr Maboule.

Hello à tous


-Pas vu le film; mais plutôt d'accord avec Jerzy, en attendant de voir le film...
-Freud est un immense penseur...
-Est-ce si simple que ça l'idée du secret, le rien à cacher de Deleuze? Faut pas confondre le "pas de secret"  de "on est comme tout le monde" ("je ne dirais plus jamais je suis ceci ou cela" de virginia woolf; les singularités, heccéité (univocité de l'être) : le ceci dont on ne peut rien dire, sinon qu'il est là, et qu'il échappe à toute qualité, qualification...le prolétaire de rancière, l'homme sans qualité... le mot important dans cette détermination du "pas de secret", c'est bien entendu "on", qui n'a rien à voir avec le "on"  de Heidegger...) et  "le pas de secret" de "on est tous une famille "moyenne" américaine"...qui est tout de même le comble de l'identité, de la détermination majoritaire de l'existence...le comble du "on" à la Heidegger...des êtres qui passent leur temps à se coder et décoder dans des clichés...

Deleuze a écrit:"Lorsqu'il n'y a plus rien à cacher, c'est ça le vrai secret, on est comme tout le monde ... On ne peut même pas dire que c'est la forme du secret sans contenu, le secret est là, complètement étalé et pourtant c'est de l'imperceptible. Quand est-ce que la personne est suffisamment défaite et avec suffisamment de précaution pour que je puisse dire : jamais plus je ne dirais que je suis ceci ou que je suis cela."

(je retiens ce mot "défaite")

-le problème avec une certaine conception de la psychanalyse, c'est pas le secret mais le décodage relatif : il y a un secret, je vais le trouver en te décodant depuis papa-maman... en te codant donc; la psy, c'est donc le contraire du secret, c'est le refus du secret, ou alors l'invention du sale petit secret (l'expression vient de DHLawrene, et le sale petit secret, c'est la masturbation..)

-je vois pas de films sur "le secret" au sens de deleuze; ou alors les films de ozu..

Deleuze a écrit:Les personnages de Beckett sont en perpétuelle involution, toujours au milieu d'un chemin, déjà en route. S'il faut se cacher, s'il faut toujours prendre un masque, ce n'est pas en fonction d'un goût pour le secret qui serait un petit secret personnel, ni par précaution, c'est en fonction d'un secret d'une plus haute nafure, à savoir que le chemin n'a pas de début ni de fin, qu'il lui appartient de maintenir son début et sa fin cachés, parce qu'il ne peut pas faire autrement. Sinon ce ne serait plus un chemin, il n'existe comme chemin qu'au milieu.




Dernière édition par Borges le Mer 26 Juin 2013 - 18:59, édité 1 fois
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Message par Invité Mer 26 Juin 2013 - 18:00

Ce qui est intéressant dans le film c'est que le cadet qui s'enfonce échappe à ce déterminisme sociologique que B2dB relève. Il n'y aurait pas ce personnage, ce serait un truc assez chiant, un film comme "the Savages" serait meilleur. Mais la force du film c'est d'aller assez loin mais sans trop en faire dans la description du marasme psychologique du gamin, montrer que l'autre frère n'en perçoit rien, il assume ce personnage.

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Message par Invité Mer 26 Juin 2013 - 18:07

Borges a écrit:


-Pas vu le film; mais plutôt d'accord avec Jerzy, en attendant de voir le film...


C'est un peu comme dire "elle ne s'est pas encore qualifiée et la compétition sera peut-être annulée, mais moyennant ces restrictions, on peut dire que l'équipe de France a bien réussi sa coupe du monde au Brésil et fait enfin oublier 2010 en 2002, et que Ribéry était plus stable, et Benzema court moins mais cadre mieux, Eric Cantona inattendu dans le rôle de sélectionneur national, est en passe de devenir une légende" ou "avec le recul on peut dire la Révolution de 2047 en Chine a été une révolution bourgeoise pour contrer la tendance Cantona du Parti Altermondialiste International Unifié de la même manière que 1848 qui a débouché sur un syndicalisme populiste et césarien, à ceci près que le rôle des Orléaniste était joué par les maoïstes. Le tort du PAIU est d'avoir cru que leur victoire aux élections suffiraient à faire de l'aile libérale du PC une minorité".


Dernière édition par Tony le Mort le Mer 26 Juin 2013 - 18:14, édité 2 fois

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Message par Borges Mer 26 Juin 2013 - 18:12

Tony, jusqu'ici on avait discuté calmement...
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Message par Borges Sam 29 Juin 2013 - 8:13

Eyquem a écrit:J Toute la famille est mise en pièces par cet esprit de compétition, où c’est pour les livres et les films comme pour le tennis : il faut toujours être le meilleur, sélectionner ce qui est le meilleur (on lit pas "Gatsby" parce que c’est un beau livre mais parce que c’est le meilleur de Fitzgerald, et même on n'a plus besoin de le lire, du moment qu'on sait que c'est celui qu'il faut avoir lu). Et pour les sentiments, c’est pareil (mais je veux pas trop en dire si tu l’as pas vu).


j'avais oublié : pour le problème du secret et de devenir comme tout le monde, à partir de l'oeuvre de Fitzgerald, on peut opposer "Gatsby", l'histoire du mec qui a honte de ses origines et qui veut absolument briller, exister, se construisant une vie mystérieuse...et "tendre est la nuit", l'histoire d'un mec, un psy, qu'une histoire d'amour entraîne dans le monde de la très grande bourgeoisie, quand sa femme va mieux, à la fin du livre...(je raconte pas)... c'est un bouquin dont parle souvent deleuze, notamment dans "dialogues avec C.Parnet" : "Etre enfin inconnu, comme peu de gens le sont (...) C'est très difficile de ne plus être connu du tout, même de sa concierge, ou dans son quartier, le chanteur sans nom, la ritournelle. A la fin de "Tendre est la nuit", le héros se dissipe littéralement, géographiquement.  Le texte si beau de Fitzgerald, The crack up, dit: " Je me sentais pareil aux hommes que je voyais dans les trains de banlieue de Great Neck quinze ans plus tôt... "


La fin de "tendre est la nuit" est terriblement belle, émouvante; comme dans "Barry Lyndon", un même mouvement de la lumière à l'anonymat...

(mais c'est aussi le mouvement général des films de scorsese, dont parle ailleurs Eyquem...)

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Message par Invité Sam 29 Juin 2013 - 15:26

il y a à l'inverse celui qui perd le monde aussi, pas de ne plus être reconnu, mais de perdre la vue.

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