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Harvey Milk

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Message par ^x^ Lun 16 Mar 2009 - 17:33

Oh! un lecteur de Vacarme bounce

Il me semble que Stone voulait piquer le projet à GVS...ou bien il souhaitait le produire je ne sais plus...
Le visage de Dave White...Le visage de W.Bush de Stone...Josh Brolin...
^x^
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Message par ^x^ Lun 16 Mar 2009 - 17:37

...Et le projet de réaliser un film sur le premier élu municipal ouvertement gay des Etats-Unis est un projet ancien de Gus Van Sant. Il y avait travaillé au début des années 1990. Le film devait être tourné fin 1993 avec Robin Williams dans le rôle de Milk. Mais divers désaccords entre le cinéaste et sa production (parmi laquelle se tenait Oliver Stone, tellement impliqué qu’il a un temps envisagé de le réaliser lui-même) l’ont amené à abandonner...
^x^
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Message par adeline Lun 16 Mar 2009 - 17:55

Merci de l'interview Marco, je n'étais pas au courant de cette proposition 8, et je ne comprenais pas à quoi Careful faisait allusion.

Donc ce n'est pas totalement à côté de la plaque de trouver qu'HM n'a pas que des aspects positifs...

Marco, je repense à ce que tu écrivais avant toute cette histoire,
On ne devrait pas ici, je pense, faire abstraction de la spécificité du mouvement gay et lesbien, de ce que celui-ci implique dans ses pratiques, dans ses actes, et pouvant se prolonger, se construire aussi bien avec « des politicards, des représentants costumés et gominés.... », sans oublier les crottes de chiens.
moi c'est cela que je ne comprends pas très bien... Quelles sont ces spécificités qui expliqueraient une telle manière de faire ?
Je me demandais aussi s'il n'y avait pas une grande différence de situation entre les gays de l'establishment, qui vivent en ville (ceux qui refusent de soutenir Milk lorsqu'il leur demande n'ont pas l'air de s'en sortir trop mal), et ceux des milieux pauvres, ruraux, etc.

J'ai l'impression que vouloir discuter du film plus largement qu'autour de ce qu'il dit de la lutte des homosexuels est compris comme une volonté de minimiser l'importance de celle-ci, ou de ne pas vouloir en parler. Je comprends qu'on puisse avoir cette impression, mais je suis sûre que personne ici ne discute dans cette optique, et que nous sommes tous d'accord avec l'importance du film par rapport à ce qu'il défend. Mais je ne crois pas qu'il exige pour autant de nous qu'on se restreigne à cet angle-là, si d'autres nous viennent à l'esprit...

adeline

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Message par Le_comte Lun 16 Mar 2009 - 21:50

Le film ne tombe pas dans les pièges des films sur les homos, comme malheureusement le film de Ang Lee à un certain moment. C'est déjà un atout majeur; malgré le ton convenu du film, ce rapprochement permet encore mieux de sentir le talent de Van Sant et sa capacité d'épure et d'agencement

Le_comte

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Message par Eyquem Lun 16 Mar 2009 - 22:15

'soir Careful,
Careful a écrit:
Le visage de Dave White...Le visage de W.Bush de Stone...Josh Brolin...

Ah oui, intéressant ça. Dans "Elephant", la ressemblance physique entre le père de John et Bush avait déjà été notée par certain aveugle clairvoyant (si je me souviens bien).
Eyquem
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Message par Invité Lun 16 Mar 2009 - 22:41

Eyquem a écrit:'soir Careful,
Careful a écrit:
Le visage de Dave White...Le visage de W.Bush de Stone...Josh Brolin...

Ah oui, intéressant ça. Dans "Elephant", la ressemblance physique entre le père de John et Bush avait déjà été notée par certain aveugle clairvoyant (si je me souviens bien).

Qui ne s'en souvient pas !? Wink

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Message par balthazar claes Mar 17 Mar 2009 - 9:56

Marco, si tu veux écrire quelque chose sur ce film (et éventuellement expliquer à quel point nous sommes tous ici des psychorigides de la révolution), les colonnes de la revue te sont évidemment ouvertes.

balthazar claes

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Message par Invité Mar 17 Mar 2009 - 15:31

il y a une forme de masochisme - à la fois il aime souffrir et il aime souffrir en faisant souffrir l'autre - en Harvey Milk, de désespérance ontologique que le terrain social sur lequel il s'engage - à la manière d'un illuminé agi confusément n'épuise pas.

C'est à la lisière de ce ces deux sphères que le film est passionnant.

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Message par gertrud04 Jeu 19 Mar 2009 - 21:44

La critique de JM Lalanne dans les inrocks du 3 mars est vraiment bien. Il y notait comme Borges la part d’antipathie que dégage le personnage. A propos du suicide de son ami, il écrit « le film dessine aussi une part de responsabilité dans l’égoïsme de ce personnage qui avance comme un tank, sans vraiment regarder ce qu’il écrase ».



La scène où il force ses collaborateurs à faire leur coming out auprès de leurs proches m’a à cet égard beaucoup plus choqué (notamment pour des raisons personnelles) que le fait de ne pas soutenir Dan White (que contrairement à Adeline, j’interprète plutôt comme une marque d’intégrité du personnage qui décide de ne pas soutenir une proposition à laquelle il ne croit pas).



Lalanne parle aussi comme Careful de la nudité de DW et de la référence à Elephant, la séquence du meurtre étant filmée de la même façon que les meurtres de Columbine.



Enfin, dans son article, JML décrit le générique comme une succession « d’images d’archives d’arrestations d’homosexuels dans les lieux publics » (ce qu’il me semblait). Largo plus haut parle en revanche d’images reconstituées. Qui dit vrai ?



Ces scènes NB de descente dans la bars gay m'ont d'ailleurs fait penser à une autre scène de bar filmée par Preminger dans Advise and consent, film qui mêlait déjà politique et homosexualite (sans la nommer).



Merci à Marco pour les extraits du livre de Didier Eribon. Je suis décidé à le lire.
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Message par Invité Jeu 19 Mar 2009 - 22:41

gertrud04 a écrit:
Ces scènes NB de descente dans la bars gay m'ont d'ailleurs fait penser à une autre scène de bar filmée par Preminger dans Advise and consent, film qui mêlait déjà politique et homosexualite (sans la nommer).

Salut gertrud04,

En effet, tout est sous-entendu dans le film de Preminger, mais c'est quand même assez clair. Par contre le lien entre politique et homosexualité est assez différent du film de GVS. "Advise and consent", que j'aime beaucoup, part il me semble d'une manière générale du postulat classique d'une séparation franche pour l'homme politiques entre sphère politique et sphère privée, et le film vise à mon sens à critiquer le moment où les deux sphères se rencontrent. On pense à cet homme bon père de famille dont le passé ressurgit, mais aussi à la relation de Fonda avec son fils ou aux deux scène avec Gene Tierney, la magnifique scène "rosselinienne" où Gene Tierney se transforme en guide avec son amie qui visite le Sénat, et celle ou elle flirte avec le sénateur en cachette. Il y a aussi le vieux loup solitaire joué par Laughton.. On pourrait plutôt rapprocher le film du "Che" de SS. Au début du deux, on voit le Che tranquille avec sa femme et ses gosses, dans leur confort petit-bourgeois, de retour de Cuba, avant d'aller en Bolivie ou au Congo. Séparation : d'un côté la révolution, le politique, de l'autre la famille, le privé.

Dans le film de GVS, étant donné son sujet, la sphère privée et la sphère politique publique s'entrecoupent nécessairement d'emblée.

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Message par gertrud04 Ven 20 Mar 2009 - 8:00

Bonjour JM,

Oui, oui les deux films sont très différents, en tout cas dans le traitement de l’homosexualité.

Dans celui de 1960, on a encore à faire à un personnage d’homosexuel « refoulé » victime de la machine politique (qui finit d’ailleurs par se suicider devant le crainte de voir son passé étalé en place publique, si mes souvenirs sont bons). L’homosexualité y est encore clandestine et ne peut être qu’un obstacle à une carrière politique digne de ce nom.

Tout le contraire de qui est montrée dans H M où l’homosexualité sort du métro new-yorkais pour être exposée en pleine lumière (de San Francisco) et débattue en place publique.
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Message par Largo Ven 20 Mar 2009 - 8:04

gertrud04 a écrit:

Enfin, dans son article, JML décrit le générique comme une succession « d’images d’archives d’arrestations d’homosexuels dans les lieux publics » (ce qu’il me semblait). Largo plus haut parle en revanche d’images reconstituées. Qui dit vrai ?

En fait, il faudrait que je revois le film mais dans mon souvenir, il mêle images d'archives et images qui sont censées être tournées par Milk et son ami, style caméra amateur.

En ce qui concerne la frontière vie publique/vie privée, c'est vrai que c'est à la fois au fondement de la lutte (comme le dit JM) et assez choquant dans le film (comme le dit Gertrud Very Happy). C'est présenté comme un mal nécessaire...

Contrairement à la lutte pour les droits civiques des noirs, les gays doivent devenir visibles, pour qu'ils ne soient plus considérés comme marginaux, déviants, criminels etcc.
Largo
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http://www.raphaelclairefond.com/

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Message par DB Ven 20 Mar 2009 - 9:37

Pas vu la différence entre les images retournés et les images d'archives. Serait même impossible de dire !

Ni antipathique ni sympathique HM.

Par contre, tout comme vous, frappé par la reconstitution du meurtre et la sensibilité pour le personnage de DS.

Vous avez dit bien trop de choses intelligentes pour que je prenne part à ce débat sans rougir donc je continuerais à vous lire silencieusement.


Merci pour les articles sur la proposition 8 en californie je n'avais pas saisi.
DB
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Message par Invité Ven 20 Mar 2009 - 11:29

C'est la contradiction entre l'individu qui sort de son individualisme social pour se lancer dans une lutte politique collective et qui retrouve du coup une certaine forme d'individualisme dans sa vie personnelle sous la forme d'un sacrifice qui le rachète. On retrouve cet écueil un peu partout dans les films qui ont pour sujet un résistant, rouage classique dans les biopics hollywoodiens, récemment de Che à Valkyrie en passant par Hunger, la femme reste à la maison, ou se cache, invisible...

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Message par Borges Ven 20 Mar 2009 - 11:42

Toujours personne pour causer un peu d'opéra?

N'oublions pas qu'être gay ne vous empêche pas de rester Noir, Juif, Arabe, riche, pauvre, malade, beau, laid, loser, gagnant, nazi, communiste... dans le film, distinguez les figures sociales-ethniques du gay, les très riches, et les très exclus... par exemple le pote de HM, à la fois gay, latino (Mala Noche), et psychiquement "malade"... revenir à l'essentiel du cinéma de GVS, la lutte entre le haut et le bas, le visible et l'invisible...la relation entre HM et ses petits amis, reproduit le partage traditionnel, homme/femme; l'homme dehors, sujet politique, visible, bossant, la femme, dedans, sans boulot... etc; la question du cinéma de GVS, celle de la contre-culture, d'une certaine image de la contestation, de l'artiste, plus ou moins maudit, ou raté, comment réussir sans trahir, comment venir à la lumière sans rejeter les êtres qui sont dans les ténèbres; je vois pas pourquoi vous ne prenez pas le problème depuis les schèmes qui règlent le cinéma de GVS; c'en est décourageant; GVS n'aime pas le succès, la réussite, il y voit toujours une tricherie, et en même temps, il triche, passant du film exigeant, au film grand public ; une fois Hal, une autre Henry V; HM ne peut l'intéresser qu'en tant qu'il est assassiné par un loser; on est loin de Jesse James et de son lâche assassin; loin même de Judas et Jésus... qui sont les deux suicidés du film? Le petit ami, qui a besoin de lui, comme il dit, et le tueur... Relire Proust... la place du paria, la figure du paria...Pensez aussi au passage de Bourdieu cité par DB, à propos du devenir site des Spectres...Comparer HM à la fille de "Prête à tout"...aussi... à un moment, HM, dit : "Un homo avec du pouvoir, ça fait peur", ou quelque chose dans le genre... Qu'en pensez-vous?
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Message par Borges Ven 20 Mar 2009 - 11:57

Largo a écrit:

Contrairement à la lutte pour les droits civiques des noirs, les gays doivent devenir visibles, pour qu'ils ne soient plus considérés comme marginaux, déviants, criminels etcc.

C'est là précisément qu'est tout le problème; voir "my own private idaho"; c'est aussi la question du dernier film de PG...rester avec les "hommes infâmes", les dominés, les classes dangereuses, ou passer dans l'ordre du visible; le visible n'a pas un seul sens; il doit y avoir comme dirait Rancière une subjectivation politique qui permette d'être sans être...
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Message par Borges Ven 20 Mar 2009 - 13:58

"Ce n'est pas à la personne que le nom adhère, c'est au personnage.

Mais le personnage, affirme Deleuze, l'emporte sur la personne. Celle-ci ne fait que désigner la place incertaine d'un moi, tandis que le personnage regroupe les moments intenses, les traits forts, toutes les singularités qui font corps…

Le personnage est du côté de l'impersonnel, non de cet impersonnel qui est communément confondu avec l'indifférenciation, mais, du côté de celui qui libère les plus hautes différences. Le premier pourrait être appelé impersonnel abstrait, l'autre, impersonnel concret, consistant…
Ce sont cela les singularités qui tiennent à l'impersonnel ou encore au pré-individuel. Ce sont elles qui composent le personnage et découlent, en retour, de sa présence."

Grâce à Genet, l'homosexualité, dans ses puissances où se mélangent et se confondent la vérité et le mensonge, en "un sens extramoral" comme le disait Nietzsche, passe du contenu fini d'un choix sexuel à la forme infinie des devenirs-autres. Devenirs toujours minoritaires qui permettent d'échapper à la représentation majoritaire de "l'homme"

Schérer, René, Regards sur Deleuze, Kimé (1998:25 et 84-85)

Marco avait dit du bien de ce livre; sur le forum des Cahiers, l'opposant à celui de Badiou; je crois me souvenir.




Genet ne s'est pas présenté aux élections pour lutter pour les droits des gays; il s'est engagé dans un devenir-palestiniens; autre manière de politiser le désir; il est vrai qu'il avait des petits amis "arabes".


René Schérer est aussi le frère du fameux Maurice Schérer ; ils se ressemblent assez ; je trouve :


https://www.dailymotion.com/video/x3kpoy_rene-scherer-minorites-1_politics


Causant d'un homo, dont nous a aussi causé Adeline :

https://www.dailymotion.com/relevance/search/ren%C3%A9+sch%C3%A9rer/video/x3xuqh_rene-scherer-sur-pasolini_politics

y a une suite 2, et 3; ainsi que d'autres vidéos intéressantes : ici

https://www.dailymotion.com/relevance/search/ren%C3%A9+sch%C3%A9rer


Dernière édition par Borges le Ven 20 Mar 2009 - 14:59, édité 2 fois
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Message par balthazar claes Ven 20 Mar 2009 - 14:07

Borges a écrit:

René Schérer est aussi le frère du fameux Maurice Schérer ; ils se ressemblent assez ; je trouve :



Ce faux air de Nosfératu. Mais à quoi pouvaient-ils bien ressembler jeunes ?

balthazar claes

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Message par Borges Ven 20 Mar 2009 - 14:12

Oui; à quoi? A qui? L'un a choisi les jeunes filles en fleur, l'autre Sodome et Gomorrhe; y a des "homos" dans le cinéma de Rohmer?
Borges
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Message par Eyquem Ven 20 Mar 2009 - 14:51

Borges :
GVS n'aime pas le succès, la réussite, il y voit toujours une tricherie, et en même temps, il triche, passant du film exigeant, au film grand public

Pas mal de critiques américains ont repris la formule de Shakespeare, "the milk of human kindness". Ca faisait un joli titre.

Mais dans la pièce (déjà citée dans Elephant, on s'en souvient), cette formule est de Lady Macbeth et continue ainsi :

...yet do I fear thy nature;
It is too full o' the milk of human kindness
To catch the nearest way: thou wouldst be great;
Art not without ambition; but without
The illness should attend it. What thou wouldst highly,
That wouldst thou holily; wouldst not play false,
And yet wouldst wrongly win...

... mais je crains ta nature,
Trop imprégnée du lait de la tendresse humaine
Pour couper au plus court ; tu voudrais être grand,
Tu n'es pas dénué d'ambition, mais il te manque
La malice pour l'escorter ; tu vises haut,
Mais tu voudrais atteindre saintement cette hauteur ;
Jouer franc jeu et n'en gagner pas moins coupablement...

C'est-à-dire que pour la furieuse Lady, le "lait de la tendresse humaine", ce n'est que ce que Macbeth met de lâcheté dans l'exécution de son projet (s'emparer du trône).

Il m'a semblé que ces lignes résonnaient assez bien avec le film. Milk, c'est celui qui vise haut, qui voudrait gagner sans tricher - mais qui s'aperçoit à la fin qu'il a gagné coupablement.

On peut effectivement poser pour le film la question de Deleuze : "qui est un traître ? qui n'est qu'un tricheur ?".
On ne peut trahir que dans un double détournement, écrit encore Deleuze (Dialogues, 51-53). Mais à quoi, à qui, tourne-t-on le dos ? Telle est la question, et il s'agit de ne pas se tromper, comme Scott, tournant le dos à Bob Pigeon, à la fin de My Own Private Idaho.

Est-ce que la fin de Milk ne nous montre pas justement Harvey, au moment de mourir, qui se retourne vers l'opéra, vers son enfance, vers son premier amant, tout ce à quoi, par ambition, il avait dû touner le dos ?

"Quelle erreur, doit penser Van Sant, d'avoir triché, d'avoir laissé partir Scott, d'avoir oublié l'opéra".
(et pourtant, c'est bien lui, le Gus qu'on voit dans le film, planqué derrière sa pancarte de soutien au candidat Milk, comme l'a remarqué Dreamspace)

Quel genre de vie faut-il mener pour qu'on n'ait pas, au moment de mourir, à regretter ses erreurs, ses tricheries, à murmurer le nom de son Rosebud ?
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Message par Borges Ven 20 Mar 2009 - 15:18

Très riche, cette intervention; Eyquem; merci; ça donne bien des choses à penser.

yet do I fear thy nature;
It is too full o' the milk of human kindness

Elle en a peur de cette nature pourtant; le milk, si je ne lis pas trop mal, c'est celui que l'on boit, gosse, celui de la mère...c'est la féminité (dont LM veut se libérer); elle lui reproche d'être trop fille, trop femme, en quelque sorte; lier cette kindness avec la douceur de Dieu dans le discours du prêtre dans le dernier Eastwood, qui lui aussi avait travaillé depuis la figure de Lady Macbeth, dans mystic river. Dans le film de Eastwood, règne le partage policier du sensible, comme dirait Rancière; les filles d'un côté, les garçons de l'autre; il s'agit aussi de savoir quel est l'attribut essentiel de Dieu? Dieu est-il tendresse, douceur? Quel est le mot américain dans "Gran Torino".


C'est pas l'ambition qui pousse HM vers la politique, mais le désir de visibilité (la scène où il embrasse son ami dans la rue, un mec ne supporte pas ce spectacle ; cette scène s’oppose naturellement à celle de la première rencontre, underground ); la visibilité n'est pas d'abord politique, mais théâtrale, opératique, scénique; naturellement, les deux sens ne sont pas séparables, opposables, simplement...

Y a un opéra sur HM.


Question trahison, une de ses grandes figures est empruntée par Deleuze-Guattari dans "Mille plateaux" à Shakespeare; c'est un roi; mais lequel, donc?
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Message par Invité Sam 21 Mar 2009 - 13:22

gertrud04 a écrit:Bonjour JM,

Oui, oui les deux films sont très différents, en tout cas dans le traitement de l’homosexualité.

Dans celui de 1960, on a encore à faire à un personnage d’homosexuel « refoulé » victime de la machine politique (qui finit d’ailleurs par se suicider devant le crainte de voir son passé étalé en place publique, si mes souvenirs sont bons). L’homosexualité y est encore clandestine et ne peut être qu’un obstacle à une carrière politique digne de ce nom.

Tout le contraire de qui est montrée dans H M où l’homosexualité sort du métro new-yorkais pour être exposée en pleine lumière (de San Francisco) et débattue en place publique.

Salut gertrud,

Absolument, d'un point de vue de la mise en scène on retrouve d'ailleurs au départ, comme tu dis, ce double mouvement descendant dans le club en sous-sol dans "Advise and consent" et dans le métro dans "HM". La remontée dans le film de Preminger s'accompagne de la pendaison de l'homme politique, dans "HM" elle s'accompagne d'une reconnaissance naissante vis-à-vis des homosexuels.

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Message par DB Sam 21 Mar 2009 - 17:29

Puisqu'on en est aux Homos qui ne s'assument pas, il y a aussi Cruising !
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Message par gertrud04 Dim 22 Mar 2009 - 0:57

A propos de Cruising, voici ce que Pascal Bonitzer écrivait de retour du festival de Berlin (CDC Mai 1980) :

"C'était le film le plus attendu. Le festival était bruissant du scandale que Cruising avait causé dans les milieux homos américains et de la toughness de son sujet : l'enquête d'un flic sur un trancheur fou dans le monde du SM new-yorkais. On a vite vu le produit : un pur navet. J'ai rarement vu dans un film américain, à ce niveau de production et de business, un scénario non seulement aussi nul et aussi bête, mais aussi absent. Rarement vu un film aussi peu inspiré dans la mise en scène, aussi grotesque dans la direction d'acteur. On en revient pas de voir Pacino se déhancher sur ses petites jambes dans un perfecto's trop grand pour lui, avec l'air niais et embêté d'un chien dans un jeu de quilles (si la métaphore est ici permise). Qu'on ne s'y trompe pas : il n' y a pas une once d'humour dans ce film, pas une ombre de suspense, de terreur, ni de malaise. Tout se passe comme si un copain homo de Friedkin lui avait fait visiter un soir une boite SM, comme si Friedkin s'était dit : mais oui, voilà une idée de film, on a jamais fait ça ! et puis s'en était tenu là. Malgré une fin tarabiscotée, incrédible et débile où pacino trouve le poignadeur fou, le poignadre à son tour et "devient lui" selon la formule Kurtz de Coppola (déjà passablement peu passable), le film consiste esentiellement en un circuit touristique des boites SM, avec une foule de figurants trouvés avec les décors au moment des repérages. Friedkin n' a pas su, pas pu ou pas voulu montrer réellement ce qui consitue le sujet latent bien que lourdement appuyé du film, la contagion de l'homosexualité et de la violence sadique chez un flic hétéro moyen. Friedkin n'a pas cherché si peu que ce soit à comprendre quoi que ce soit, à s'intéresser à quoi que ce soit dans ce qu'il a filmé, il a tout laissé au décorateur et à l'opérateur. Je ne sais pas si le SM est un bon sujet de film ou un faux bon sujet, le film de Friedkin ne permet même pas de répondre. Il y eut à la fin des sifflets et des injures, adressés sans ambiguïté, je crois bien, à la nullité du produit. Il y a tout de même, soyons justes, une scène assez drole : celle de la boite de "flic", décorée d'une gigantesque paire de menottes, et où une foule de déguisés dans les uniformes les plus divers suce des matraques réglementaires, etc...Survient Pacino, le seul vrai flic de toute cette masse humaine, doit-on légitimement supposer, mais aussi le seul sans uniforme. Et, bien sûr, il se fait virer Laughing ".

Plus billet d'humeur que véritable critique, écrit d'ailleurs un peu rapidement (la contagion de l'homosexualité : hum, hum...) mais quand même qui dit bien ce qu'il faut penser de ce film : plutôt du mal.

Serge Daney lui avait consacré aussi une notule dans le numéro ces CDC de novembre 1980 mais je ne l'ai pas en ma possession. Si quelqu'un veut bien...
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Message par ^x^ Dim 22 Mar 2009 - 9:12

Pr le ton cela donnait peut être ceci:

...En 1980 sort sur les écrans américains un film de William Friedkin, plongée quasi-documentaire dans le monde ‘cuir’ et sadomasochiste gay de New York : Cruising (1980, USA). Al Pacino y incarne un policier, Steve Burns, chargé d’infiltrer certains bars homosexuels pour traquer un ‘tueur de pédés’ : son physique colle au profil de deux victimes sauvagement assassinées. La nuit venue, délaissant son uniforme pour une panoplie SM, Burns s’immerge dans l’underground new-yorkais. Ce monde inconnu fait vaciller ses repères sociaux, moraux, affectifs et sexuels. W. Friedkin met en scène ses incursions dans les bars de Greenwich Village, filme un personnage sillonnant la ville jusqu’aux aires de drague de Central Park où se déroule la scène finale. La tension et les atmosphères oppressantes du film fonctionnent sur l’âpreté des situations, l’ambiguïté des personnages, l’opacité et le dédoublement de leurs identités morale et sexuelle. À sa sortie en France, Cruising est sous-titré : « La chasse ». Dans les cahiers du cinéma, Serge Daney reproche à W. Friedkin « sa tolérance bien-pensante et vaguement sociologique » et conclut à l’adresse des traducteurs de la version française : « Une dernière chose : Cruisin’, ça ne veut pas dire ‘La chasse’ (ce serait Huntin’), mais ‘La drague’. Tout est là ».[1]
1. Des métaphores à l’ethno(géo)graphie d’une pratique et d’une expérience

2 La précision de Serge Daney (l’intriguant ‘tout est là’), invite à décrypter le sens et les métaphores de la drague et du cruising. Dès lors que l’on constitue ce qu’ils désignent en objets sociologiques, le sens des mots et leurs référents métaphoriques méritent examen. Non pas à cause de la subjectivité et de l’approximation supposées du langage imagé, mais parce qu’il faut d’abord admettre qu’une métaphore a un autre sens que son sens littéral. Puis que son emploi est approprié, d’autant plus qu’il s’agit d’une ‘métaphore éteinte’ dont l’usage courant a fait disparaître la distinction entre sens propre et sens figuré (Barnes, 2000)...

http://echogeo.revues.org/index3663.html
^x^
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