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The Deep Blue Sea (Terence Davies)

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The Deep Blue Sea (Terence Davies) Empty The Deep Blue Sea (Terence Davies)

Message par Eyquem Jeu 28 Juin 2012 - 9:42

Eyquem a écrit:Vu "The Deep Blue Sea" de Terence Davies.

En résumé :


The Deep Blue Sea (Terence Davies) Anarch10



Voilà : c'était "The Deep Blue Sea" de Terence Davies.


DB a écrit:C'est très drole ça !

Eyquem a écrit:salut DB,
j'avais eu un fou rire en tombant sur ce dessin sur le forum enculture, il y a quelque temps...

Tony le mort a écrit:"Of Time and the city" avait déjà le charme anticonformiste des vidéos de classes vertes. L'arrivée des Beatles était déplorée sur le même ton que la construction d'un parking bâti à la place d'un coron.

Je l'avait vu à l'Ecran Total au temps de l'Arenberg. Moyenne d'âge dans la salle: 75 ans.
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The Deep Blue Sea (Terence Davies) Empty Re: The Deep Blue Sea (Terence Davies)

Message par Eyquem Jeu 28 Juin 2012 - 10:20

Le film est une adaptation d'une pièce de Terence Rattigan, dont Wikipedia écrit ceci :

Rattigan explained that he wrote his plays to please a symbolic playgoer, "Aunt Edna", someone from the well-off middle-class who had conventional tastes; his critics frequently used this character as the basis for belittling him.
...

He disliked the so-called Swinging London of the 1960s and moved abroad, living in Bermuda, where he lived off the proceeds from lucrative screenplays including The V.I.P.s and The Yellow Rolls-Royce.

J'ai souvent pensé à "Mélo" : Resnais, lui aussi, partait d'une pièce datée, mais il en tirait un film vraiment émouvant, je trouve, et sans cette nostalgie qui empèse le film de Davies.


J'y allais pour voir un beau mélo et j'ai pas été ému une seule seconde tellement le film est amidonné et repassé : y a pas un seul faux pli, ma parole. On va dire : "C'est le sujet. La passion étouffée par l'hypocrisie sociale, vaincue par le temps".
Ouais bon : en termes de "critique sociale", on a fait plus rock n'roll que cette scène, vue un milliard de fois, où une vieille dame très comme il faut sert le thé tout en persiflant sur sa belle-fille et son désir d'émancipation. On a l'impression d'avoir cent ans quand on regarde un truc pareil.

La seule chose qui passionne Davies, c'est le temps, c'est-à-dire la perte, la ruine. C'est pas du tout la passion, dont le film ne fait rien ressentir : c'est la passion chaque fois déjà perdue au moment même où son héroïne la vit, c'est le "trop tard", le "plus jamais". L'histoire d'amour est entièrement filmée depuis sa fin, le moment où elle finit: c'est sans doute ce qui fait qu'on n'est pas touché, on n'a jamais le sentiment que cette passion se perd, s'étiole, qu'on perd quelque chose, que quelque chose échoue, tout est perdu d'entrée, et il ne nous reste plus qu'à prêter une oreille compatissante aux lamentations d'Hester sur l'absence de vraie vie, la vie jamais vécue, qui lui aura toujours échappé. Il y a le burial, mais jamais le wonder, pour reprendre le texte de Borges sur le site.

On comprend tout ça dès le début. Tout le film est pris entre deux scènes identiques, deux mouvements de caméra symétriques qui ouvrent et ferment le film.
En ouverture : la caméra glisse dans la nuit, capte des étincelles, des lueurs incertaines, remonte le long d'un réverbère pour aller capter, à sa fenêtre, la mélancolique Hester, prête à ouvrir le gaz, désespérée de se sentir abandonnée par son amant.
A la fin : la même Hester, toujours désespérée, toujours prête à ouvrir le gaz, se ravise, ouvre grand les rideaux de son appartement-tombeau. La caméra refait le même chemin qu'au début, en sens inverse : elle descend de la fenêtre, le long du réverbère ; dans la rue, le laitier livre le lait, les passants passent, les enfants jouent, la vie continue, et la caméra termine son lent mouvement en cadrant la maison voisine, complètement effondrée et en cendres depuis le Blitz.
Ah ciel, que c'est triste, que c'est beau, que c'est lent: l'amour et la perte, la vie et la mort, dans un seul mouvement continu.


Bon, cela dit, Davies n'est pas un manchot non plus : la scène de rupture, à la fin, est assez belle : tout en champs-contrechamps, plats et écrasants, avec quelques mots d'au revoir jetés au milieu d'un silence plombant. Ca c'est pas mal du tout, quelque chose passe.

Mais pour le reste, je suis pas convaincu du tout : ni par les acteurs, ni par le choix des lumières, ni par la reconstitution d'époque, vraiment chichiteuse, ni par cette bonne vieille nostalgie du bon vieux temps de la guerre où on chantait tous ensemble, nous autres Londoniens, de bonnes vieilles chansons populaires en se serrant les uns contre les autres dans les abris, tandis qu'au dehors les bombes pleuvaient sur la ville.



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The Deep Blue Sea (Terence Davies) Empty Re: The Deep Blue Sea (Terence Davies)

Message par Invité Ven 29 Juin 2012 - 16:46

salut Eyquem,
personnellement j'ai été agréablement surpris par ce film alors que le début m'a littéralement rebuté, jusqu'au moment où elle s'extrait du rêve mélancolique auquel elle s'abandonne, en tentant de se suicider, par lequel elle recompose une rencontre maladroite, presque risible (comble de l'originalité, le type lui confit, embarrassé, « i never met so attrative a woman before »), et un amour idéalisé, ringard. Péniblement, un violon agresse nos tympans comme si Holmes faisait ses gammes dans la pièce attenante.
Jusqu'au moment en fait où elle vomit les cachets ingérés dans une bassine, entourée de ses voisins, fin de l'interlude romantique, retour au réel, au sordide _ à la candeur de ses illusions, enfin presque.
L'image possède une qualité singulière, on est un peu troublé au début, comme si la lumière se diffusait dans un air plus dense, comme si l'air avait l'épaisseur du verre. Il y a de nombreux miroirs dans l'appartement miteux qu'elle partage avec son concubin, dans la cage d'escalier qui y mène, un dessin de bouquet de fleurs découpé et collé en son centre.
En fait c'est comme si elle était piégée dans la plaque de verre, entre la surface polie réfléchissante et l'air extérieur, incapable de décider de quel côté elle doit vivre ou mourir. Cette indécision est marquée par la belle et énigmatique expression auquel le titre du film empreinte : « between the devil and the deep blue sea », expression d'un dilemme insoluble.
Eyquem a écrit:toujours prête à ouvrir le gaz, se ravise, ouvre grand les rideaux de son appartement-tombeau
là elle allume le réchaud en fait, elle opte pour le diable de l'expression. Elle retourne à la vie, au monde dans la rue en bas, comme le mouvement de caméra l'indique. Enfin c'est mon interprétation.
Je suis pas trop d'accord non plus avec l'idée qu'il y a un éloge du bon vieux temps sous le blitz ... enfin je crois pas Wink
Mais Tony a raison, moyenne d'âge de 75 ans en salle lol

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Message par Eyquem Ven 29 Juin 2012 - 20:33

'soir Erwan,
là elle allume le réchaud en fait, elle opte pour le diable de l'expression. Elle retourne à la vie, au monde dans la rue en bas, comme le mouvement de caméra l'indique. Enfin c'est mon interprétation.
Ce dernier mouvement de caméra est vraiment trop appliqué, presque scolaire. Effectivement, elle désespère, ouvre le gaz puis la vie est plus forte, elle ouvre les fenêtres de son tombeau, surmonte sa douleur; mais le plan final, sur les ruines, contredit ce retour à la vie, il me semble.

(j'aurais préféré qu'elle crève de douleur à ce moment-là : ça aurait été plus "senti" parce que c'était dans la logique de la scène : elle vient de se faire plaquer par son amant, elle pleure sur les gants qu'il a laissés là ; mais ni une ni deux, elle se ressaisit et se console, comme si soudainement le struggle for life, sorti d'on ne sait où, sinon d'un scénario trop écrit, lui foutait un bon coup de pied au cul et lui redonnait goût à la vie : la transition est trop rapide, on n'y croit pas une seconde : c'est censé être un film sur le temps, mais le film ne le donne pas du tout, le temps, à ce moment-là.)

(et je préfère même pas parler du côté parfaitement momifié de la reconstitution de la rue dans cette scène : on est censé se dire que la vie continue parce qu'on voit les gens, les enfants de la rue, vivre leur vie : mais faut vraiment se forcer pour sentir la vie souffler sur cette scène, tant le laitier est apprêté dans son costume années 50, tant les enfants semblent à peine plus vifs que sur un story board. Le retour à la vie est "signifié" mais on le sent pas du tout.)


Ce qui me fait dire que le film fait l'éloge du bon vieux temps du Blitz, c'est le long travelling dans la station de métro. Hester est prête à se jeter sous une rame de métro, quand soudain elle se souvient de ce moment où tout le monde chantait sous les bombes ; et c'est ce qui la retient de se suicider à ce moment-là.
Son amant lui-même ne cesse de dire qu'il n'a jamais retrouvé l'état d'excitation et de peur qu'il a connu pendant la guerre ; il fait bien comprendre à Hester que c'est là qu'il s'est senti le plus vivant, et non auprès d'elle.
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Message par Eyquem Sam 30 Juin 2012 - 9:20

Le début de "Distant voices", son chef d'oeuvre, selon J.Rosenbaum :

Distant Voices, Still Lives from Coolio68 on Vimeo.


The film opens with the sound of thunder and rain followed by a radio announcer giving a weather report; then we see a frontal shot of the Davies house in the rain, and the mother (Freda Dowie) opens the front door to collect three bottles of milk. In a closer frontal shot inside the house, she calls up the front stairway to her three children to come down to breakfast (”It’s seven o’clock”), then returns a moment later to call them again. The camera remains fixed on the empty stairway, though we hear the footsteps and voices of the children descending. A woman’s offscreen, unaccompanied voice begins to sing “I Get the Blues When It’s Raining” as the camera slowly moves forward, then turns right and makes a 180-degree pan to the closed front door, and the sound of the rain outside starts up again.

There’s a dissolve to the same front door, now open to clear weather; a hearse slowly pulls up in front (as we soon discover, it’s about ten years later), and another offscreen, unaccompanied female voice begins to sing “There’s a Man Goin’ Round Takin’ Names.” This continues over a dissolve to the children, now grown –standing with their mother as if posing for a portrait in front of the photograph of the father, which the camera slowly approaches as the figures in the foreground step away [the photograph of the father on the living room wall — a pivotal reference point — is a photograph of Davies’s own father, not of the actor who plays him.] Another shot shows the four remaining members of the family entering the hearse, followed by a dissolve to the same family posing again, in the same spot, this time for Eileen’s wedding.
Rosenbaum place Davies au sommet, parmi les grands poètes de l'image-temps : Welles, Resnais, Marker.
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Message par Invité Sam 30 Juin 2012 - 19:25

J'ai un point de vue centriste sur "the Deep Blue Sea", entre Eyquem et Erwan.
J'ai bien aimé, en fait j'apprécie des romans comme "la Fin d'une Liaison" de Graham Greene qui racontent la même chose. Mais dans le roman, Greene évacue commodément le point de vue féminin en la faisant mourir dès le début sous un V1. Total, l'amant et le mari n'ont plus qu'à aller au pub ensemble et peuvent s'avouer mutuellement la vérité sur la mort de leur désir.
Beau portrait de femme, mais c'est vrai que la mise en scène est encaustiquée. Il y a une espèce de lumière David Hamilton, et dès que la caméra croise un ojet en laiton ou en cuivre (et il y en a baucoup dans la garçonnière d'Hester) il brille pendant 5 secondes (on dirait que les fermoirs de la valise de l'amant sans dans une balise HTML "Blink"). Il ya aussi la camionette du laitier, mise sur le même plan que le mari mourrant de la logeuse. Il y a aussi cette musique paganinienne crispante. C'est vrai que les personnages, une fois posés, évoluent peu, ils incarnent tous un sytème de valeur pleinement cohérent, ne parlent que pour informer les autres de leur vision du monde (le reste c'est la romance kitsch).
Pour autant je ne suis pas sûr que le film soit réactionnaire et nostalgique du patriotisme guerrier. Le jeune vétéran a en fait une mentalité qui touche au virilisme fasciste (son pire souvenir, c'est la visite au musée, et pilote d'essai dans l'Afrique du Sud, juste avant l'apartheid ou dans l'Amérique du Sud de l'époque, chouette perspective...), et l'humanisme blessé du vieux mari devient un objet de tendresse, mais est partiellement expliqué par son impuissance. Le réalisateur s'identifie au personnage de Rachel Weisz, qui est contrainte à prendre le risque du scandale sexuel pour déconstruire et la fierté virile de l'amant, et les bons sentiments du mari.
Il y a quand-même un savoir faire, et un beau sens du rythme.Le film passe vite, ce qui est uen qualité. Ma scène préférée, c'est la lente remontée psychique de la première tentative de suicide, où les voix des ersonnes qui la découvrent tissent un fil, qui finit par réinstaller la société entière, mais sans lourdeur, et montre qu'elle est irriguée à à la fois la culpabilié, et la mauvaise conscience d'entretenir artificiellement cette culpabilité, et qu'on n'en sort peut-être que par la capacité de compassion de cette même société.


C'est en fait assez proche d'un film comme "Charulata" de Satyavit Ray et le contraire de Bergman: , les personnages s'opposent parce qu'ils se connaissent complètement , le film s'ouvre lorsque l'affrontement est en fait déjà réglé, le film ne cherche pas à créer l'explication, c'est l'explication qui est le point de départ déjà donné (c'est aussi la raison pour laquelle S. Ray est pour moi plus important que Bergman, il travaille sur une piste plus rare).
Mais Ray, qui filmait de la colonie, est plus moderne que dans le cas de la même histoire filmée 40 ans après dans la métropole: Charulata arrive à changer la vie intellectuelle de son mari, et la connaissance qu'elle a d'ele-même est justement ce qui permet au film de se finir sur quelque chose d'incernable et d'inattendu. Il y a un raccord entre la préméditation du changement politique, la mise à jour de la détermination sociologique de la vie intime et le mystère du pur évènement .
Ici tout est joué au double sens du mot, le personnage d'Hester dit plusieurs fois: "j'aurais pû te mette au courant mais cela n'aurait rien changé" à la fois personnellement, politiquement. La seule personne qu'elle prend le risque de suprendre c'est la belle-mère. Mais ce n'est pas une opposition superficielle, c'est à elle qu'elle dit aussi une vérité importante sur elle-même: elle déteste complètement l'idée du sport qu'elle trouve puérile, alors que son amant n'existe plus que comme sportif dilettante. Donc qu'elle a une stratégie.
Mais je suis pas sûr qu'elle choisisse la vie: elle n'ouvre pas la fenêtre après tout.

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