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La vie et ses copies : le cinéma de Kiarostami

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La vie et ses copies :  le cinéma de Kiarostami - Page 2 Empty Re: La vie et ses copies : le cinéma de Kiarostami

Message par Eyquem Jeu 21 Oct 2010 - 16:35

Dans le Trafic n°75, il y a un très bon article de Youssef Ishaghpour. Des choses comme ça :
Si le spectateur y voit de véritables retouvailles et une querelle conjugale, certes un peu bizarre et complexe, il passe à côté du film. Mais s'il ne doute jamais qu'il s'agit d'un faux, le film se réduit à un exercice intellectuel.
...
Le tour de force consiste à avoir traité un problème abstrait, "ontologique", concernant la réalité, l'art et le cinéma, sans avoir l'air d'y toucher, comme s'il ne s'agissait que d'une histoire qu'on suit pas à pas, dans un film extrêmement concret et présent.
...
A ce titre, il fait le lien avec Marienbad, mais aussi l'Antonioni du début des années 60.
Tout ce qu'ils racontent peut être imaginaire, sauf ce qui se passe, ici et maintenant, entre eux.
La difficulté, c'est évidemment de définir ce que c'est que cet "ici et maintenant".

Il termine son article :
- en expliquant que la possibilité de la communication s'établit ici sur l'absence de relations entre les mots et les choses ;
- en évoquant, à travers le personnage de James et les précédents films de Kiarostami, la nostalgie d'une présence au monde immédiate, d'avant le sens, d'avant le langage (et à ce titre, il fait le lien avec ce chant d'amour idéal que serait le bégaiement du mari à la soeur) ;
- en liant "Copie conforme" aux dernières expositions photographiques du cinéaste (où l'image se donne, non comme une fenêtre, mais comme surface et comme cadre, comme une copie sans modèle).


C'est vraiment résumé à la louche.



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La vie et ses copies :  le cinéma de Kiarostami - Page 2 Empty Re: La vie et ses copies : le cinéma de Kiarostami

Message par Invité Mer 23 Fév 2011 - 11:17

Close up, un film de 1990.
j'en parle ici parce que le sujet est proche par certains aspects de celui de Copie Confome. un gars, Sabzian, est obsédé par les films de Moshen Makhmalbaf à qui il se trouve qu'il ressemble vaguement. il s'introduit dans une famille petite bourgeoise, les Ahankha, et raconte qu'il va se servir de leur maison pour son prochain film et qu'il va y faire jouer les fils de la famille. tout se passe très vite. il vient chez eux pour la première fois le mardi, revient le jeudi et passe la nuit, revient le samedi où il se fait arrêter parce que la supercherie a été éventée par le père. accusé d'escroquerie et de tentative d'escroquerie, il passe en procès, explique qu'il ne s'agit pas d'escroquerie mais d'un rapport frustré à la création artistique et les Ahankha finissent par lui pardonner et retirer leur plainte. Kiarostami filme l'histoire en faisant jouer aux protagonistes leurs propres rôles, puis il filme le procès (ou une reconstitution?). et l'intérêt, c'est bien sur que tous, juge compris jouent pour le cinéma leur propre rôle social. et qu'ils n'en sont pas dupes. c'est ça le plus incroyable et qui donne sa force au film. tout se fait à découvert. c'est très étonnant, et touchant, cette naïveté consciente d'elle-même.

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La vie et ses copies :  le cinéma de Kiarostami - Page 2 Empty Re: La vie et ses copies : le cinéma de Kiarostami

Message par Borges Mer 20 Juil 2011 - 18:51

je repensais à ce film, en lisant, dans la petite bibliothèque des CDC, "abbas kiarostami" :

-Vous pourriez faire un film en dehors de l'Iran?

(demandent jousse et Toubiana)

-Je suis Iranien, comme ce village est iranien. Je suis nourri par ma culture iranienne. J'ai la possibilité de faire un film ici. Je suis comme un fotballeur qui joue mieux sur son terrain. Les règles du foot son universelles, le ballon rond partout, on n 'a pas besoin de connaître la langue du pays où l'on joue; mais on joue mieux sur son terrain."


à propos de Tarkovski (une de ses références) : "pour moi, il n'était pas un cinéaste soviétique. Il venait d'un autre monde qu'on appelle le Cinéma."


à propos de "sailor et lula" : "ce film est tellement violent que j'en ai eu des vertiges pendant 2 jours."
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Message par Invité Mer 20 Juil 2011 - 19:18

J'ai vu "copie conforme".
Je suis fan de Kiarostami, mais là, je dois dire que ça m'a paru vain et complètement artificiel: des clichés à la pelle, des discours bateaux sur l'art, l'amour, la passion, de la philosophie de grand bazar, une Italie de carte postale, un couple antipathique auquel on a constamment envie de mettre des baffes tant leur crise "relationnelle" semble bourgeoisement privée et hors du monde...

A vrai dire, j'étais séduit par la première partie: je croyais qu'on avait affaire à un trip "borderline" ou l'homme ne connaît pas la femme et joue à être la "copie conforme" de son époux. J'étais à fond dans cette histoire de simulacre qui me paraissait passionnante, et voilà qu'on comprend - apparemment - qu'ils sont bien mari et femme. Du coup, ça a perdu tout son intérêt pour moi.
Ou alors, une fois de plus, j'ai rien compris: le simulacre a continué jusqu'au bout? lol

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Message par Eyquem Mer 20 Juil 2011 - 19:42

'soir Jerzy,
Jerzy a écrit:J'étais à fond dans cette histoire de simulacre qui me paraissait passionnante, et voilà qu'on comprend - apparemment - qu'ils sont bien mari et femme.
Tiens ? Qu'est-ce qui t'a convaincu finalement qu'ils étaient bien mari et femme ? Pour moi, c'est resté jusqu'à la fin indécidable, et c'est ça qui m'a donné des vertiges (en tout cas plus que Sailor et Lula).
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La vie et ses copies :  le cinéma de Kiarostami - Page 2 Empty Re: La vie et ses copies : le cinéma de Kiarostami

Message par Invité Mer 20 Juil 2011 - 20:21

'lut Eyquem,

ben, selon moi y a un moment de bascule très clair (faudrait que je me repasse le film pour te dire quand ça arrive précisément ; c'est peu après la scène du café - je peux préciser au besoin) où cette "indécidabilité" n'est plus "indécidable" du tout.
Je me disais quelque chose comme: cette femme est "folle", ou du moins fort névrosée. L'homme, pour se protéger de cette inconnue, en même temps que par goût du jeu trouble entre copie et original (c'est presque un thriller d'angoisse psychologique à ce moment là, dans ma vision initiale du film), joue l'identification. A partir de là, ce que je ressentais, c'était qu'effectivement, comme on l'a suggéré plus haut, le rapport entre le" mari original" et son imitation est affolé par le jeu de la répétition, de la duplication. Il n'y a pas de couple original ou propre, se dit-on alors. Que ces deux là se connaissent d'avant ou non, c'est pareil: toute rencontre ou relation a lieu "in absentia", hors de ou au delà de la singularité des "personnes", renvoie à un passé qui n'a jamais été présent.

Bien sûr, si le film commence sur cette ambiguïté, on est autorisé à penser que ce n'est pas anodin; qu'elle se maintiendra plus ou moins jusqu'au bout, la suite pouvant se comprendre comme une sorte de "thérapie" ou "catharsis" borderline, disais-je, entre deux inconnus.

Mais cette ambiguïté est plus ou moins annulée, à un moment de bascule, donc, par une ambiguïté plus restreinte, qui "révèle" la teneur de la première partie en contribuant selon moi à l'affadir: ils sont en effet mari et femme (des révélations, des détails précis, circonstanciés, sont alors donnés, qui ne pourraient se déduire d'un seul jeu de rôles improvisé, et je ne vois vraiment pas qu'à partir de ce moment là, on puisse encore soutenir que tout ça est encore indécidable). On est invité à "relire" la première partie selon la logique d'un temps antérieur précis, situé, de leur relation singulière ou propre (non pas une temporalité originaire, une "secondarité originaire", qui aurait été plus affolante, au bord du fantastique, du côté de la hantise): quand le film commence, ils étaient déjà en train de jouer à être des inconnus l'un pour l'autre. Un vieux couple qui s'essaie à réanimer la passion (et là, c'est très con je le concède, mais je pensais constamment à "Fanfan", ce film magnifique du grand écrivain Alexandre Jardin, avec S. Marceau et T. Lhermitte. Et ça a un peu pourri le truc...).


Et tout ça se dirige désormais vers une classique crise conjugale prélude de leur séparation, sur fond de mariage local, de resto où l'on peste sur le service, le vin bouchonné, etc. Puis la touche vaguement "vacances culturelles pour club-med-seignor", avec l'intervention de JC Carrère et la dissertation sur la statue de la place du village, non c'est trop je peux pas, là.
On a certes encore un peu le vertige des faux-semblants, mais à partir de là, ça devient plutôt selon moi une "mise en abyme" fort ennuyeuse d'un couple par lui-même, à partir des schèmes théoriques énoncés au début lors de la conférence sur l'art, etc.
Bref, ça tend à se transmuer en "longue séparation conjugale pétrie de nostalgie," un poco lourdingue, à l'issue d'un jeu intellectuel sans doute brillant, mais au final bien artificiel et masquant mal les platitudes de ses considérations.

Du moins, les autres Kiarostami me semblaient prospecter des zones, des enjeux, des désirs plus intéressants, plus vastes, ouverts sur le monde, la géographie, le rapport social ("close up", "où est la maison...", "et la vie continue", "le vent nous emportera", "le passager"...), moins "bourgeois" donc, que ces petites histoires confinées de couples, qui je le reconnais me lassent quand bien même elles tendraient à "l'universel"...





[ps: j'ajouterais que perso j'ai pas du tout trouvé Binoche émouvante, frêle, intime et charnelle ou que sais-je - ses larmes vraies et tout le bataclan - mais parfaitement crispante: perpétuellement au bord de la crise de nerf surjouée façon théâtre de Boulevard, avec les mimiques à la (mime) Marceau et la voix de virago afférentes. Elle jouait déjà comme une savate dans "caché" de Haneke - et il fallait faire tout un effort pour s'en abstraire. C'est pas pour faire mon Depardieu bourré, mais je la trouve assez surestimée, comme actrice... Quant à William Shimell s'évertuant à détacher toutes ses syllabes à la perfection, comme si on était dans un séminaire de phonétique appliquée (- j'ai cru comprendre que c'est un grand baryton d'opéra et ma foi, c'est formidable -), il a beau mouiller sa chemise avec bcp de panache, il ne peut enlever à ce film son cachet "casting-international-de haute volée-totalement burlesque" dont les co-productions mk2 semblent avoir le secret. Me suis fadé le making off et les interviews sur le bonus, et tout ça sent un peu le "chef d’œuvre pré-commandé". Mutatis mutandis comme pour la trilogie kieslovskienne "bleu-blanc-rouge", un feu d'artifice censé honorer un grand cinéaste dans la Francophonie, mais qui à l'arrivée a plus les allures d'un pétard mouillé aux senteurs d'opération artistico-marketing prestigieuse ]

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Message par Invité Jeu 21 Juil 2011 - 8:42

Stephane a écrit :

Comme dans tous les Kiarostami ou presque, il y a une scène dans une voiture. Sa capacité à renouveler le motif est assez hallucinante. Ici, Binoche et Shimell sont filmés à travers le pare-brise avant, elle conduit, ils discutent.





il serait sans doute intéressant de faire une recension de l'utilisation de la voiture au cinéma.
déjà, gros à parier, que son importance vient juste après celle de la musique ( quand elle n'en tient pas lieu ).

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Message par Eyquem Jeu 21 Juil 2011 - 10:51

hello Jerzy,
Jerzy a écrit:ben, selon moi y a un moment de bascule très clair (faudrait que je me repasse le film pour te dire quand ça arrive précisément ; c'est peu après la scène du café - je peux préciser au besoin) où cette "indécidabilité" n'est plus "indécidable" du tout.
...
ils sont en effet mari et femme (des révélations, des détails précis, circonstanciés, sont alors donnés, qui ne pourraient se déduire d'un seul jeu de rôles improvisé, et je ne vois vraiment pas qu'à partir de ce moment là, on puisse encore soutenir que tout ça est encore indécidable)
Je n'ai pas revu le film depuis sa sortie ; autant dire que j'ai oublié trop d'éléments du récit pour te répondre précisément. Mais j'étais resté sur cette idée de Youssef Ishaghpour, qui me semblait juste :
Si le spectateur y voit de véritables retouvailles et une querelle conjugale, certes un peu bizarre et complexe, il passe à côté du film. Mais s'il ne doute jamais qu'il s'agit d'un faux, le film se réduit à un exercice intellectuel.
Je ne sais pas si on peut trancher dans un sens ou dans l'autre, celui du vrai ou du faux, en s'appuyant sur les "souvenirs" partagés par le couple, étant donné que nous, spectateurs, nous ne disposons d'aucun élément extérieur qui permettrait de vérifier dans quelle mesure ces souvenirs s'accordent ou non aux faits.
Ou bien alors, il faudrait que les deux personnages évoquent des souvenirs communs sans en avoir parlé ensemble auparavant ; je crois me rappeler que c'est le cas quand le mari évoque la rencontre d'une femme sur une grande place, au pied d'une statue (et on croit comprendre à ce moment-là qu'il raconte sa "première" rencontre avec Juliette Binoche, parce qu'elle avait évoqué cette scène un peu avant, mais pas avec lui, le mari) ; mais bon, c'est flou comme "preuve".
Dans tous les cas, ça rejoint ce que dit Ishaghpour : on ne peut pas trancher pour le vrai ou le faux sans continuer de douter.


Je suis bien d'accord avec ce que tu dis du jeu de Binoche, qui joue comme dans un "drame bourgeois" à la Téchiné (on voit la différence, par exemple, avec le jeu délibérément faux et distancé des comédiens de Marienbad, auquel Copie conforme peut être comparé). Mais ça ne m'a pas gêné parce que ça me semblait le sujet même du film : il s'agit, en même temps, de faire jouer les conventions du jeu "réaliste", de telle manière qu'on puisse y croire, et d'exhiber ces conventions comme telles, comme quelque chose de faux, de "joué", de telle sorte que cette croyance soit sans cesse "déjouée", qu'elle prenne conscience d'elle-même. C'est-à-dire que dans chaque scène, on doit croire au personnage tout en voyant bien que c'est une actrice qui joue. Tout le film me paraissait se tenir là, dans cet espace de décollement où les choses et les êtres n'adhèrent pas à eux-mêmes. Si bien que le jeu de Binoche, par son outrance même, m'a semblé la note "juste" pour le film - en ce que celui-ci tente justement de désajuster toute idée de justesse. (lol)


Puis la touche vaguement "vacances culturelles pour club-med-seignor", avec l'intervention de JC Carrière et la dissertation sur la statue de la place du village, non c'est trop je peux pas, là.
La présence de JC Carrière, je l'ai vue comme un hommage indirect à Bunuel (le Bunuel qui faisait jouer le même rôle par deux actrices différentes dans le même film).
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Message par Invité Jeu 21 Juil 2011 - 11:05

Borges a écrit :


je repensais à ce film, en lisant, dans la petite bibliothèque des CDC, "abbas kiarostami" :

-Vous pourriez faire un film en dehors de l'Iran?

(demandent jousse et Toubiana)

-Je suis Iranien, comme ce village est iranien. Je suis nourri par ma culture iranienne. J'ai la possibilité de faire un film ici. Je suis comme un fotballeur qui joue mieux sur son terrain. Les règles du foot son universelles, le ballon rond partout, on n 'a pas besoin de connaître la langue du pays où l'on joue; mais on joue mieux sur son terrain."



j'aime beaucoup cette affirmation presque naïve et féconde d'un ancrage du cinéma.

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Message par Eyquem Jeu 21 Juil 2011 - 11:39

Une amie qui parle couramment l'italien m'a appris que le titre reposait sur un jeu de mots : "Copia conforme" (Copie conforme) s'entend aussi comme "Coppia conforme" (Couple conforme).
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Message par Invité Jeu 21 Juil 2011 - 14:56

J'avais bien compris que Carrère, c'était pour un "hommage à Bunuel. Je l'ai même mentionné puis effacé, en me disant: "ben oui, chaque fois que Carrère apparaît quelque part, c'est en "hommage à Bunuel".


Pour le reste, j'ai douté, Eyquem, oh oui, j'ai douté, avec ferveur, même. Le truc, c'est qu'au bout d'un moment, même en doutant, le dispositif me paraissait perdre de plus en plus de son intérêt.
Cette phrase de Ishaghpour me semble un peu contraignante, car elle escamote une troisième possiblité: que tout en doutant, le spectateur passe à côté du film, pour la raison que le film passe "à côté de lui-même" et que son dispositif ne donne pas grand chose d'intéressant.

J'ai vu des films bien plus ambigus, où je doutais bcp, et qui m'ont marqué. J'ai vu bcp de Kiarostami, où je n'avais pas besoin de douter pour trouver le film magnifique. Ce film ne m'a pas laissé d'empreinte

Je vois ce que tu veux dire pour l'adéquation du jeu de Binoche, finalement, à un "drame bourgeois" qui serait son "imitation", donc surjoué, comme tous les "drames bourgeois". Je sais pas trop. Faut vraiment avoir la foi du charbonnier pour sauver ainsi les meubles à tout prix.


Pour ce qui est des éléments extérieurs (souvenirs communs) que les personnages évoquent sans en avoir parlé ensemble auparavant, je donne un exemple, vers 1h20:



[C'est le moment où elle lui reproche de s'être endormi la veille au soir sans même la toucher (alors que c'était l'anniversaire de leur 15 ans de mariage), pour en conclure qu'il ne l'aime plus. Il lui répond que c'est parce qu'il était très fatigué et qu'elle a mis un temps fou à se pomponner avant de le rejoindre au lit. "Bien sûr, je me suis pomponnée pour me faire belle et te plaire le soir de nos 15 ans de mariage!", lui répond-elle, outrée. Tout ceci pouvant appartenir au tout-venant ou au fond commun "universel" de la routine conjugale, certes. Mais que penses-tu du dialogue qui s'ensuit?]

Lui: "simple question, simple réponse, d'accord? Tu te souviens m'avoir raconté la route que tu avais faite de Rome à Florence?

Elle: "bien sûr, j'ai fait ce trajet, je ne sais pas, au moins mille fois..."

Lui: "D'accord. La fois dont je parle, c'était il y a 5 ans. C'était la nuit et notre fils dormait à l'arrière, tu te souviens? Il faisait sombre et tu as senti deux mains venir de l'arrière, pour te cacher les yeux, et dire "devine qui c'est?"

Elle: "Oui, et je suis censée me rappeler de quoi? Vas-y!"

Lui: "Il n'y avait personne dans la voiture. L'enfant dormait à l'arrière. Tu t'étais endormie, endormie au volant, à toute vitesse sur l'autoroute! Donc, simple question: pourquoi t'es tu endormie?"

Elle: " ... J'étais fatiguée"

Lui: "T'es tu endormie parce que tu n'aimais plus notre fils? Parce que tu ne m'aimais plus?"


Je veux bien que nous ne puissions jamais trancher, "qu'aucun élément extérieur ne permette de vérifier dans quelle mesure ces souvenirs s'accordent ou non aux faits".

Mais dans cet exemple, le premier aussi saillant d'après moi (à partir de là, y en aura constamment de cet ordre), qui concerne un élément qui n'a été mentionné nulle part depuis la "rencontre", il faut quand-même se contorsionner pas mal pour postuler que rien ne permet de dire que cette anecdote renvoie à un fait "vérifiable".

S'endormir il y a 5 ans sur l'autoroute, entre Rome et Florence, la nuit, à toute vitesse, et avoir imaginé que quelqu'un lui cachait les yeux en demandant: "devine qui c'est", c'est quand même pas vague et flou, non?

Vas-y, dis moi que tout au plus on pourrait voir là un formidable coup de poker consistant à invoquer une scène d'il y a 5 ans, une nuit sur l'autoroute, dont la protagoniste ne se souvient plus, ne pouvant donc la démentir, et que c'est impossible à "trancher" cyclops (car même dans ce cas, comment savait-il, lui, qu'elle faisait la route de Rome à Florence, la nuit, alors qu'elle n'en avait pas fait mention auparavant? Mh? Parce qu'en Toscane, toutes les galleristes font constamment la route de nuit entre Rome et Florence, c'est bien connu. Ok ok, je veux encore bien... rhaa Laughing )


Dernière édition par Jerzy P le Jeu 21 Juil 2011 - 15:33, édité 1 fois

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Message par Invité Jeu 21 Juil 2011 - 15:23

Ah ouai et comment ça se fait que les personnages font jamais pipi s'il s'agît d'un couple réel?

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Message par Eyquem Jeu 21 Juil 2011 - 16:22

Jerzy a écrit:Faut vraiment avoir la foi du charbonnier pour sauver ainsi les meubles à tout prix.
lol. Toujours avec la foi du charbonnier donc, je me souviens avoir regardé le film en partant du milieu, c'est-à-dire de la scène au café, où les deux personnages acceptent le jeu proposé par la femme au bar qui leur dit qu'ils forment un beau couple.
A partir de là, je me suis dit que les souvenirs communs qu'ils évoquaient, ils les inventaient au fur et à mesure chacun à partir de leur histoire - c'est-à-dire qu'ils partageant des souvenirs qu'ils n'avaient pas en commun et que le jeu consistait à faire comme s'ils étaient communs, à s'inscrire dans le passé de l'autre.

Si je reprends l'extrait que tu cites :
Lui: "simple question, simple réponse, d'accord? Tu te souviens m'avoir raconté la route que tu avais faite de Rome à Florence?
Si c'est un bien un jeu, ici c'est lui qui guide Binoche et qui lui demande de s'insérer dans son souvenir à lui : la question qu'il pose n'est pas une question, elle a juste à acquiescer et à attendre la suite. Et c'est ce qu'elle fait :
Elle: "bien sûr, j'ai fait ce trajet, je ne sais pas, au moins mille fois..."

Lui: "D'accord. La fois dont je parle, c'était il y a 5 ans. C'était la nuit et notre fils dormait à l'arrière, tu te souviens? Il faisait sombre et tu as senti deux mains venir de l'arrière, pour te cacher les yeux, et dire "devine qui c'est?"

Elle: "Oui, et je suis censée me rappeler de quoi? Vas-y!"
Son "je suis censée me rappeler de quoi", on peut alors le comprendre comme une demande d'en raconter davantage pour qu'elle puisse continuer le jeu avec lui - parce que ce souvenir, tel que je le vois, c'est un souvenir à lui, et pas à elle : elle le découvre au fur et à mesure qu'il le raconte et joue à prendre la place de sa femme à lui (pour autant, n'est-ce pas, que sa femme à lui, ce ne soit pas Binoche).

Je ne sais pas si c'est clair ; mais voilà ce qui m'avait troublé dans le film, tel que je l'ai compris. J'avais le sentiment que les deux personnages ne s'adressaient pas l'un à l'autre, mais à leur conjoint respectif à travers l'autre, dont celui-ci acceptait de prendre la place.

C'est un peu compliqué, mais on a la foi, ou on l'a pas.



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Message par Borges Jeu 21 Juil 2011 - 16:34

je ne me souviens plus très bien du film, qui ne m'a pas fort marqué, même si j'ai souvent envie de le revoir.

Peut-être ne faut-il pas essayer de déterminer si c'est un couple réel ou imaginaire, une fiction, un jeu, qui se fait vrai, une vérité qui se fait jeu

(je pense ici à une nouvelle de kundera),

sans tenir compte de cette déclaration de Kiarostami, pour qui, comme pour JLGodard, la réalité est un film mal réalisé : " le cinéma ne nous informe pas d'un seul et unique monde, mais de plusieurs. Il ne nous parle pas d'une réalité mais d'une infinité de réalité." C'est une banalité, bien entendu, qui peut donner de grandes choses, ou des abstractions filmées; j'ai parfois le sentiment que c'est le cas avec ce film, mais je ne suis pas certain de ne pas me tromper.


J'ai envie de revoir le film, en me disant que nous ne savons pas grand chose du cinéma de K, et de ce film curieux, qui l'amène à jouer à l'extérieur, sur un terrain qui n'est pas le sien, peut-être assez mal

(vous me direz que l'afrique n'est pas non plus son terrain)


mais cela peut être aussi le sujet du film, l'étrangeté (les personnages sont à l'étranger), l'histoire d'un cinéaste qui ne peut pas filmer ce qu'il ne vit pas, ce qui lui est étranger : un espace, des temps, des corps, des langues, des émotions... qu'il ne peut filmer que du dehors, un peu en touriste culturel; tout est alors seulement apparence, jeu, fiction, au sens de la contingence de toute réalité sociale; il faut peut-être en tenir compte, même si le cinéma de K est un cinéma qui joue avec les apparences au-delà de la réalité, et avec la réalité au-delà des apparences....l'apparence serait ici redoublée, apparence d'apparence

(c'est un peu comme si un persan demandait : "comment peut-on être européen"? )



quoi de l'enfant dans le film?




Dernière édition par Borges le Jeu 21 Juil 2011 - 17:03, édité 1 fois
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Message par Invité Jeu 21 Juil 2011 - 16:35

Clair, t'as vraiment la foi, Eyquem. Respect pour ça Very Happy

ça se défend, ça se défend... Au prix d'une subtile capillotraction, mais ça se défend. Je suis presque convaincu. Je suis au bord de recevoir un pilier de Notre Dame sur le coin de la tronche. lol

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Message par Eyquem Jeu 21 Juil 2011 - 16:35

hello Borges,
J'y pensais, mais j'ai totalement oublié ce qu'il dit au début.
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Message par Invité Jeu 21 Juil 2011 - 16:38

Ah oui, l'enfant. J'y pensais souvent, à l'enfant.

C'est l'élément le plus moteur pour que le spectateur entre dans la logique des "deux inconnus". Il dit à sa mère: "j'ai bien remarqué que ce type t'intéressait".
Bon. Que peut-on dire à ce sujet? lol

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Message par Eyquem Jeu 21 Juil 2011 - 16:39

Je suis au bord de recevoir un pilier de Notre Dame sur le coin de la tronche.
lol. Mais il faut aussi tenir ta version en même temps, et là, tu auras l'illumination, la nuit de feu, du film sublime que c'est.
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Message par Invité Jeu 21 Juil 2011 - 16:43

Ce qui est marrant, c'est qu'en me repassant des séquences pour faire mes petites vérifications, j'avais envie de simplement continuer à regarder, pour le plaisir. Je trouvais le film de plus en plus intéressant Cool

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Message par Borges Jeu 21 Juil 2011 - 17:14

Jerzy P a écrit:Ce qui est marrant, c'est qu'en me repassant des séquences pour faire mes petites vérifications, j'avais envie de simplement continuer à regarder, pour le plaisir. Je trouvais le film de plus en plus intéressant Cool

exactement, ça m'arrive souvent, à propos de film qui m'indiffère parfois, mais n'est-ce pas ce que veut dire K, ce qu'on veut toujours dire finalement : "le cinéaste et le spectateur ont une part égale. Il arrive parfois que le spectateur imagine le film beaucoup mieux que son spectateur. Je crois en un cinéma inachevé qui se complète dans les rêves du spectateurs."




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Message par Borges Jeu 21 Juil 2011 - 17:29

"au travers des oliviers" et la suite de "et la vie continue" : dans "et la vie continue", Hossein prétend qu'il s'est marié avec la jeune fille qu'il aime, malgré les obstacles sociaux, les coutumes; dans "au travers des oliviers", il dit que ce qu'il avait alors dit est faux, il n'a pas épousé la fille. Il a donc menti. Non dit kiarostami : "En fait, devant la caméra Hossein n'avait pas menti! Mais face à la réalité amère d'une vie très dure, ce sont ses rêves et son idéal qu'il exprimait à travers son imagination. Rêver, c'est peut-être la chose la plus nécessaire qui soit, plus nécessaire encore que voir. "

c'est peut-être ça, finalement le film "copie conforme", une impossibilité de trancher entre "voir", et "rêver".

ce qu'on voit n'est jamais la copie conforme de ce qui est, parce que ce qu'on voit est aussi rêvé.

ils se rêvent en couple parfait...?

je sais pas;

le cinéma a substitué la croyance au savoir...

il y a le couple réel et le couple rêvé, celui que voit la propriétaire du café : ils s'introduisent dans ce rêve, qui n'est pas faux, pas vrai non plus...



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Message par Borges Sam 23 Juil 2011 - 10:18

Revu « Et la vie continue », ou plutôt vu, je ne me suis souvenu l’avoir vu que lors de l’épisode des deux petites filles ;

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tout le film est une recherche, après le tremblement de terre de 1990, en pleine coupe du monde, de deux garçons qui avaient joué dans « Où est la maison de mon ami » ; l’affiche du film sert d’avis de recherche ; tout le monde reconnaît les deux garçons ; ils étaient devenus très célèbres en Iran ; la télé iranienne était partie aussi à leur recherche.

Le film raconte donc une recherche ; scénario classique ; mais nous ne sommes ni dans « The searchers », ni dans « L’Aventurra » ; les personnages recherchés sont réels, et on les recherche à l’intérieur d’une fiction, qu’on a le plus grand mal à distinguer du documentaire ; comme le dit Kiarostami, tout a été reconstruit ; on n'y croit pas à cette reconstruction, effet inverse, renversement du problème de croyance, en général c'est à la fiction que l'on ne croit pas.

Étrange.

On ne croit pas que cela soit faux, que c'est de la fiction.
Je ne connais pas d'autres films qui produisent ce sentiment.


Cette ambiguïté est rendu très forte par la présence d’acteur-personnage de « Où est la maison de mon ami ? » dans le film : des enfants et surtout un vieux monsieur à qui il revient de poser le problème ; c’est le gosse, cette présence-non présente, comme le définit Kiarostami, qui lance la discussion ; nous sommes en voiture :

- Dans « Où est la maison de mon ami ? » vous étiez plus vieux, et vous aviez une bosse...

- Oui dit le monsieur, ils ont voulu, j’ai accepté, mais c’est pas juste de faire paraître plus vieux des gens jeunes ; l’art doit faire paraître plus jeune.

C’est l’éthique du film, en un sens : la vie continue, en luttant contre le négatif... en s'affirmant... sans se retourner sur la mort... reconstruire, travailler, se marier, pisser...

(le film de K fait énormément penser au dernier Malick : il s'agit de poser à Dieu la question de sa justice... qui a voulu ça ? Dieu ? La question de la théodicée, on le sait, doit énormément à un fameux tremblement de terre, celui de Lisbonne... il y a plusieurs siècles, déjà...)


La vie continue dit la grand-mère ; la mère refuse ; elle veut rejoindre son fils, mourir ; ici, on est à l'opposé de ce désir ; la vie continue ; elle continue de toute façon, c'est même ça la vie, ce qui continue, dans la nature, les arbres, les montagnes, mais aussi dans les volontés ; si la vie continue, naturellement, du côté de l'homme, après le malheur, il faut la volonté : il faut vouloir la vie qui continue, que la vie continue ; on peut être choqué, on l'est souvent, par le film... oui, c'est choquant que la vie continue, mais en même temps c'est la force de la vie ; le cinéma est du côté de la vie qui ressuscite... ici, plus simplement que dans le film de Malick.




la vie continue


Le titre rencontre l’éthique de Badiou, du moins, son énoncé principal, son impératif, qui est aussi celui de Beckett, il faut continuer ; la différence avec Beckett est que le cinéma de K doit rendre le monde, les gens dans leur jeunesse, effacer en un sens la puissance du négatif, la mort ; on ne voit pas un seul mort dans le film, pas de cadavre ; je n’étais pas là pour faire un reportage télé, dit Kiarostami. Je dis "effacer" le négatif, c'est pas exactement ça, comme le dit JLNancy, dans son livre sur K : la mort ici est plutôt un événement de la vie, elle fait partie de la vie, comme la naissance, l'amour, le spectacle d'une Coupe du Monde ou le tournage d'un film.

Avant de revenir sur l'impératif de continuité, et sur ce texte de Nancy, parlons du vieillard ; il jouait dans "Où est la maison de mon ami ?"; il se plaint d'avoir été vieilli, et enlaidi, parvenu devant une maison, le type qui joue le réalisateur de "Où est la maison de mon ami", donc K, lui dit :
- mais c'est pas la maison que tu habitais dans le film ?
- non, dit-il, cela c'était pas ma maison c'était juste ma maison dans le film, avant de rajouter, celle-ci aussi d'ailleurs est ma maison dans le film.

Comment comprendre?


Notons que le film est entièrement une variation, amplification du titre du précédent film, on y recherche sans arrêt des maisons, détruites, ou pas...


À la fin du film, on ne retrouve pas les deux gosses : mais deux autres, dont l'un avait aussi joué dans ce film.




la discussion entre le vieil homme, le père, et le fils :

"Le "vieux" : « Ces messieurs m'avaient mis cette bosse pour paraître plus vieux. J'ai obéi, mais je n'ai pas aimé ça. J'ai trouvé que c'était injuste. C'est quoi, cet art qui
montre les gens plus vieux et plus laids qu'ils ne sont? L'art c'est de montrer
l'homme plus jeune. Le contraire ce n'est pas de l'art.

Le père-cinéaste : « Grâce à Dieu tu as survécu et tu parais plus jeune.»

Le "vieux" : «Personne ne peut apprécier la jeunesse tant qu'il n'est pas vieux. Nul ne peut apprécier la vie tant qu'il n'a pas vu la mort. Si on pouvait mourir et ressusciter, on vivrait mieux."




Dernière édition par Borges le Sam 23 Juil 2011 - 18:03, édité 2 fois
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Message par adeline Sam 23 Juil 2011 - 10:51

Je me souviens des travellings dans la première ville, j'ai un mal fou à croire que le voyage est "joué", que c'est une fiction. Je me disais, si je me rappelle correctement le film, que seul des plans documentaires pouvaient aussi bien rendre l'état du monde quelques jours après un tremblement de terre. Et en même temps, je me souvenais de ce documentaire vu au Cinéma du Réel il y a un ou deux ans, 1428 d'un réalisateur chinois, sur le tremblement de terre du Sichuan, et je me disais que pas un seul plan de ce documentaire-là n'atteignait la force des travellings de Kiarostami.

Le père et le fils qui recherchent des maisons passent leur temps à rencontrer des hommes, des femmes, des fillettes, des garçons qui ont survécu car ils étaient, justement "dans la maison d'un ami", ou d'un oncle, ou d'une tante. Était-ce pour voir les matches de la coupe du monde ?

Je m'étais aussi fait la remarque de l'absence absolu de sentiment, de sentimentalisme, d'empathie presque, de la part du réalisateur pour les gens qu'il croise. Comme si, ça me vient comme ça, il les "décidait", au lieu de les plaindre, dans le sens où tu parlais de "décider" une femme dans le topic sur "Une séparation". Il décide de ne leur accorder que son admiration et sa force.

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Message par Invité Sam 23 Juil 2011 - 11:20

Borges a écrit:

On ne croit pas que cela soit faux, que c'est de la fiction.
Je ne connais pas d'autres films qui produisent ce sentiment.

peut-être L'évaporation de l'homme, de Imamura, qui est également le récit d'une recherche jouant sur l'ambiguïté du docu et de la fiction (un documentaire sur une fiction sur le documentaire d'une fiction documentaire, ou quelque chose comme ça Wink ).
mais ça fait bien longtemps que je l'ai vu - comme le film de Kiarostami, d'ailleurs.


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Message par Invité Sam 23 Juil 2011 - 11:38

dernièrement, vu les trois premiers courts de K.
EXPÉRIENCE (TADJROBEH)
de Abbas Kiarostami
Iran, 1973, 1h, VOSTF
avec Hossein Yarmohammadi, André Govalovich
Mohammad, adolescent de quatorze ans, est employé à tout faire dans une boutique de photographe. Il tombe amoureux d'une jeune fille d’un autre milieu social que le sien... Deux courts métrages du même réalisateur accompagnent ce film, trois fables d’enfants découvrant le monde des grands.


LA RÉCRÉATION (ZANGU-E TAFRIH)
Puni pour avoir brisé une vitre avec son ballon, un enfant doit rester dans le couloir de l’école…


LE PAIN ET LA RUE (NAN VA KOUTCHEH)
Un jeune garçon rentre chez lui après avoir acheté du pain. Dans une ruelle, un chien errant lui bloque le passage...

des films financés par une agence gouvernementale iranienne pour l'amélioration de l'existence des enfants.
déjà une volonté d'ambiguïté entre docu et fiction. disons : dans la démarche de témoignage reconstruit. ou : témoigner dans la reconstruction. parce que les deux termes sont également importants dans le filmage. soit poser la caméra comme si elle était cachée, hors d'une situation dont elle ne ferait qu'enregistrer le développement - mais alors l'angle de prise de vue est improbable et surtout donne l'occasion de compositions plastiques très belles et visiblement préméditées. soit rapprocher la caméra des protagonistes en avouant l'artificialité de ce qui est montré - mais à ce moment la composition est faible, quasi hasardeuse.
d'un bout à l'autre, une balance subtile entre ces deux aspects.

avec Expérience, j'ai redécouvert le sens du noir à l'écran. un cadrage incroyable, repris plusieurs fois, de deux fenêtres éclairées dans la nuit la plus impénétrable. jeu des formats inégaux des fenêtres et des rythmes de leurs illuminations.


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