Notre musique

C'est plutôt "la musique des parents si ils l'avaient écoutée" que la notre, mais il y a quelques semaines on a fait un peu de foin parce ques ayants droits de Randy California affirmaient que l'intro de Staiway To Heaven était copiée sur un morceau de Spirit.

L’accusation n'était pas très convaincante, mais du coup je me suis arrêté sur les pochettes de leurs albums (souvent très belles) et ai loué "Twelve Dreams of Dr. Sardonicus", un concept album de 1970, sur un thème assez écolo, la destruction la nature, la déconnexion des politiciens, et la convergence du tout dans la  la rupture amoureuse. On sent que la phrase de Ian Hunter s'applique aussi à eux "on est des mecs normaux, il nous manque l’instinct du tueur pour être des stars", c'est à la fois un peu maladroit et boursouflé et bon et varié, un écart assez attachant. L'identité du groupe est pas très marqué cela oscille entre rock psychédélique (rappelant les Nazz en plus folk) et un aspect Funk ("Mr Skin" pompage des Temptations de la même époque en  un peu  alourdi  et moins sociologiquement aiguisé, mais somme toute très bon titre ) et jazz-rock, voire quelques expérimentation avec des synthé,; mais comme gimmick plaqué sur une forme assez pop, pas encore comme colonne vertébrale des chansons. Il y a même un titre en hébreux sur leur second album (mais dans la mesure ou certains trucs des Electric Prunes évoquent la musique grecque). L'accent est plus mis sur la production et la texture du son que le songwriting. Par moment Randy California chante comme Bono ou le chanteur des Chameleons une quinzaine d'années plus tard (pas tellement finalement).
Bien meilleurs musiciens que des trucs comme Iron Butterfly ou les Electric Prunes, moins kitsch et plus novateurs, moins collés au blues-rock.

J'ai écouté le deuxième album de Spirit, "the Famiy that plays Together", vraiment excellent, pas du tout anecdotique. Leurs premiers albums ont chacun un son bien distinct (le premier jazz-rock, le second une pop à la fois délicate et psychédélisante proche des Beatles d'Abbey Road et des Beach Boys, le quatrième oscillant entre hard et le funk). Chaque membre du groupe écrivait des chansons, bien reconnaissable (Randy California plus hard, Jay Ferguson plus délicat)
Certains titres sont des merveilles pop, grosse influence sur Jeff Buckley ou Eliott Smith







Leur troisième album, "Clear", est en partie la BO d'un film de Jacques Demy ("Model Shop")

Une rythmique de ouf, avec une guitare qui fait un concours de beauté. Et un clip comme ils devraient tous être, avec des gens qui dansent (je sais pas si c'est le clip official, mais c'est pas grave).

Trouvé le morceau ici, téléchargeable dans une version plus courte, mais de meilleure qualité que celle de YouTube:
http://blogs.voanews.com/african-music-treasures/2009/04/30/la-rumba-centrafricaine/
L'article donne toute l'histoire (compliquée) du groupe et des infos sur le style musical:

they called their style of music the ‘Montè-Nguènè’, which translates as joy or pleasure. Their music drew on the traditional repertoires of the Ngbaka, Mbati, and Monzombo ethnic groups; the guitar parts in particular were inspired by the ‘N’Gombi’ or 10-string harp popular in the Lobaye region.

Pour "Affaire visa":

The track was recorded, in 2005, by Zokela de Centrafrique at Bangui’s Studio Bonga Bonga. The song was composed by Kaida Monganga, and feature the exciting guitar playing of Tongo Star. "Affaire visa", the group’s biggest hit, tells the story of their difficulties with the French embassy. In 2004, the group was preparing for a tour of France and after weeks of gathering contracts, affidavits, passports and deposits, the French embassy, on the day they were to fly out of Bangui, scuttled the trip. Kaida expressed his frustrations in this song.

Via le forum de FdC, je viens seulement de percuter que Mica Levi, qui a écrit la bo du Glazer, est aussi Micachu & The Shapes (dont j'adore le 1er album, grâce à Careful qui l'avait mis sur ce topic).

Belle interprétation d'une de mes pièces préférées de ce cher Ralph Vaughan Williams: Five variants of Dives and Lazarus, sur un air folklorique du 16è s.




Difficile de ne pas citer, du coup, par les mêmes, sa Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis (pour cordes, avec un quatuor à cordes caché dedans) :





Philippe Sarde lui a tout piqué. Mais ça, on sait.

Spoiler:

Aguas de março. La plus belle chanson de Jobim. Enfin, pour moi.


Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c’est un peu solitaire
C’est un éclat de verre, c’est la vie, le soleil,
C’est la mort, le sommeil, c’est un piège entrouvert
Un arbre millénaire, un noeud dans le bois,
C’est un chien qui aboie, c’est un oiseau dans l’air
C’est un tronc qui pourrit, c’est la neige qui fond
Le mystère profond, la promesse de vie
C’est le souffle du vent au sommet des collines,
C’est une vieille ruine, le vide, le néant
C’est la pie qui jacasse, c’est l’averse qui verse,
Des torrents d’allégresse, ce sont les eaux de mars
C’est le pied qui avance à pas sûr, à pas lent
C’est la main qui se tend, c’est la pierre qu’on lance
C’est un trou dans la terre, un chemin qui chemine,
Un reste de racine, c’est un peu solitaire
C’est un oiseau dans l’air, un oiseau qui se pose
Le jardin qu’on arrose, une source d’eau claire
Une écharde un clou, c’est la fièvre qui monte
C’est un compte à bon compte, c’est un peu rien du tout
Un poisson, un geste, c’est du vif argent
C’est tout ce qu’on attend, c’est tout ce qui nous reste
C’est du bois, c’est un jour le bout du quai
Un alcool trafiqué, le chemin le plus court
C’est le cri d’un hibou, un corps ensommeillé,
La voiture rouillée, c’est la boue, c’est la boue
Un pas, un pont, un crapaud qui croasse
C’est un chaland qui passe, c’est un bel horizon
C’est la saison des pluies, c’est la fonte des glaces
Ce sont les eaux de mars, la promesse de vie
Une pierre, un bâton, c’est Joseph et c’est Jacques
Un serpent qui attaque, une entaille au talon
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine,
Une reste de racine, c’est un peu solitaire
C’est l’hiver qui s’efface, la fin d’une saison
C’est la neige qui fond, ce sont les eaux de mars
La promesse de vie, le mystère profond
Ce sont les eaux de mars dans ton coeur tout au fond
Un pas...
Un pas une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c’est un peu solitaire...

syndic des dockers a écrit:
Philippe Sarde lui a tout piqué. Mais ça, on sait.

Tu penses au score de Tess en particulier ? J'adore Philippe Sarde. Par exemple



Ce qui ne m'a pas empêché d'écouter Ralph Vaughan Williams : magnifique.


Moi en ce moment, j'écoute beaucoup Randy Newman et Harry Nilsson.

Tout est parti de la réécoute de ce morceau de Eels :

Ca m'a rappelé Randy...


...puis Harry reprenant son pote.

Ah mais ça ne m'empêche pas d'apprécier Philiippe Sarde, qui est (fut, car il a plus ou moins arrêté) un de mes compositeurs de musiques de film préférés.   

Je lui avais réservé tout un post dans le topic "musiques originales de film" ***


(Je pense à Un taxi Mauve - avec les Chieftains -, Barocco, J'ai épousé une ombre, Hôtel des Amériques... )


***
https://spectresducinema.1fr1.net/t1268-les-musiques-originales-de-film#30790

Spoiler:

And now something (presque, car la rencontre avec lui fut déterminante pour RVW) totaly different: j'ai commencé La maison des bois et je découvre que Pialat a choisi comme générique cette sublime petite pièce de Ravel: la seconde des 3 chansons:

salut Jerzy,

Jerzy a écrit:Aguas de março. La plus belle chanson de Jobim. Enfin, pour moi.

Classe (j'adore le petit "break" à 01'47).

Sans tout connaître de Jobim, ma préférée, c'est "Bôto", que je mettrais dans un Top 10 de tous les temps, sans hésiter. J'ai déjà dû la poster, mais bon, quand c'est tellement parfait que c'est unique, on ne peut que répéter:




Gertrud, tu voulais de la complexité harmonique et des morceaux de plus d'un accord, t'es servi.   

Somnium (2001) is an album by the American ambient musician Robert Rich. It is a seven-hour album on a DVD-video and is based on Rich's sleep concert series of the early 1980s. Like those concerts, the music on this album was composed to influence the dreams and pre-REM hypnogogic visions of the listener. For this purpose it is suggested that the volume be kept down to the threshold of perceptibility, ideally with speakers surrounding the listener's bed. Rich also recommends this album for conventional listening.

For a brief period at the beginning of the album there is a slightly more active texture while the listener adjusts the volume and settles down to sleep. As the music progresses it slowly drifts through a variety of electronic drones as well as acoustic source material and nature recordings. The third and final track gradually fades into a morning atmosphere filled with bird songs.

In order to allow for the album's seven-hour length it was released on the DVD-video format instead of DVD-Audio. Rich also wanted to avoid the digital artifacts caused by compression. To achieve this the frames of video that a DVD player uses to navigate inside a chapter were not included. In spite of this, the second track had to be compressed using Dolby AC-3 encoding in order to maintain the album's length.

It has been estimated that this is the longest single piece of music ever committed to a commercially recorded format, until that record was broken by the release of the 24 hour long "7 Skies H3" by psychedelic rock group The Flaming Lips.[citation needed], however, "7 Skies H3" was not released commercially.

(960 mo en mp3 320 kbits)


http://www.scaruffi.com/avant/rich.html#som

Au hasard d'une liste établie par Jerzy sur FDC, je suis tombé sur ça :



Ça fait une semaine que je l'écoute et je ne m'en suis toujours pas lassé. C'est peut-être pas la meilleure interprétation, pas assez calé, curieux,...pour le dire, mais celle-ci me convient bien. En plus, comme on dit dans les commentaires sur YT, ils sont tellement jeunes. Ça impressionne.

Salut Gertrud,

ouaip, superbe orchestre, superbe son, et une lecture qui dépote bien.

C'est marrant, je me faisais exactement la même réflexion en regardant une vidéo du Youth Orchestra of Venezuela exécutant la 5è de Prokofiev.

J'ai la version du Berliner Philharmoniker sur DG par Ozawa: eh ben elle est pas aussi bonne.






La 10è de Shosta est un des sommets de son cycle symphonique. Un autre sommet, c'est la 8è (ma préférée). Une version quasiment parfaite à mon sens, et très bien enregistrée, est celle du WDR Symphony Orchestra, par Rudolf Barshai. Je la replace ici:

Quelle chanson magnifique (tout à la fin de l'album, elle est encore plus belle.)


Good feeling,
Won't you stay with me just a little longer?
It always seems like you're leaving
When I need you here just a little longer

Hello Eyquem,

On peut lire ça sur Wiki : leur chanson Good Feeling est la chanson préférée de Lily et Marshall dans How I Met Your Mother. Tu connais ?

Sinon, j'ai comme l'impression que tu bloques sur le 1er album des VF, ça fait plusieurs fois que tu l'évoques. Faudrait voir à pas oublier leur second chef d'oeuvre : Hallowed ground.



Les VF, je me souviens que je les avais découverts en 85 en arrivant en France, je veux dire en Métropole. Pour être tout à fait précis, c'était à l'armée, j'avais 18 ans et faisais mon service, c'est-à-dire des trucs de bidasse aussi bêtes et marrants (avec le recul) que ce qu'on voit dans Les combattants. Dans ma chambre, il y avait un type, un peu à part, qui lisait Libé. De temps en temps, je le lui piquais et lisais, surtout les pages culture. Un certain Bayon écrivait des trucs très étranges, pour ne pas dire incompréhensibles, dans les pages rock où il disait beaucoup de bien des VF. C’est resté inscrit dans un coin de ma mémoire.
En 1988, j’ai acheté le hors-série de Libé dans lequel des gens aussi différents que Drucker et July ou Ardisson et Labro avaient établi leur liste des 100 meilleurs albums rock des 20 dernières années. Et je me souviens que dans une interview, à la question : quels artistes manquent dans ce classement ? Bayon avait cité Certain General et VF. Ça m’a décidé à les écouter mais ce fut en fait un faux départ car le 1er album acheté était en réalité leur 3ème, celui produit par le mec des Talking heads. Or, le son n’est pas du tout celui du groupe. Jerry Harrisson l’a complètement aseptisé. Mais faut croire que les chansons étaient bien car je n’en suis pas resté là, j’ai acheté leurs 2 précédents et ai enfin découvert les vrais VF.
En 1989 ou 90, quand ils ont sorti leur 4ème album qu’ils ont intitulé 3 (ce qui en dit long sur ce qu’ils pensaient du précédent), je suis allé les voir en concert malgré le sentiment que le meilleur de VF était déjà derrière eux. Ils ont joué toutes les chansons du 1er album et quasiment toutes celles du second. C’était cool. J'étais avec un ami qui n'est plus là aujourd'hui, alors forcément le souvenir de ce concert, c’est un peu émouvant de l’évoquer.



Jerzy, j’ai écouté la 8ème de Chosto, c’est vraiment grandiose. Je mesure ce que des types comme Jerry Goldsmith lui doivent. Par exemple entre 50 : 16 et 50 : 34, cette succession descendante de 4 notes jouées à la flûte, je suis sûr de l’avoir entendu dans une de ses partitions. Je n’ai pas encore trouvé laquelle mais ça viendra.




En ce moment même, j’écoute le dernier album de Eels : The Cautionary Tales Of Mark Oliver Everett. Je l’aime beaucoup.

Salut Gertrud,

gertrud04 a écrit:Hello Eyquem,
On peut lire ça sur Wiki : leur chanson Good Feeling est la chanson préférée de Lily et Marshall dans How I Met Your Mother. Tu connais ?

Oui, j'ai regardé les premières saisons de cette série: j'ai piqué quelques fous rires et je m'y suis attaché. Pas de souvenirs qu'on y entende les Violent Femmes par contre: ça doit venir dans les dernières saisons, que je n'ai pas eu le courage de regarder (ça devenait mauvais, au fil du temps)

Sinon, j'ai comme l'impression que tu bloques sur le 1er album des VF, ça fait plusieurs fois que tu l'évoques. Faudrait voir à pas oublier leur second chef d'oeuvre : Hallowed ground.

lol; ce n'est que la 2e fois je crois. Je suis pour les fixettes et la réécoute intensive: quand c'est bien, faut pas passer trop vite à autre chose; faut profiter.

Une bonne âme (?) a mis l'intégralité de ce superbe album de Link Wray sur Internet. "Rise And Fall Of Jimmy Stokes" ça c'est de la drug song, à côté Lou Reed c'est Michel Sardou.

Le dernier Medesky, Scofield, Martin & Wood. Le retour aux sources du fameux "Louie Louie" de Richard Berry (rien avoir avec qui vous savez et Chuck) et la reprise des Kingsmen. Berry se serait largement inspiré d'une chanson cubaine nommée "Amarren Al Loco".

Clip réalisé par son ami Scorsese, tiré de son premier album (paradoxalement, le leader du Band est le seul de tous à avoir fait la carrière solo la plus chaotique et inintéressante. Alors que Helm, le seul non "auteur" du groupe, a enregistré la plus passionnante). "The Crazy River" est en fait une rivière de l'Arkansas près de chez Helm où Robertson allait parfois se réfugier entre quelques hivers canadiens rigoureux. Helm aurait eux quelques ennuis avec la police locale (il le raconte dans son autobio) après avoir apprit à Robbie comment pêcher à la dynamite. C'est quand même un grand raconteur d'histoires. La choriste du refrain semble d'ailleurs être une métisse amerindienne. Surement une référence au fait que Robertson est lui-même le fruit d'une union entre une Mohawk et un émigré juif.

Je me suis rendu compte ce matin en le revoyant avec ma fille, que ce clip pouvait m'aider à réfléchir à certaines notions, notamment comme illustration de l'idée de continuité-discontinuité, entre le décor construit par le champ qui cadre la fiction, le monde figuré, représenté et le hors-champ qui serait (dans un continuum) entre l'ordre de la fiction et l'ordre du réel (il y a carrément "synchronie" avec le réel lorsque le hors-champ et le hors-cadre ne font qu'un).
Dans ce clip y a un mouvement assez pervers qui fait que malgré que le décor apparaisse dans un studio (le studio supposé réel dans lequel a été filmé le clip) apparent dans le champ, l'effet "de réel" est neutralisé. L'emploi du fond vert vers la fin du clip va dans le même sens, il n'apparait pas comme un "envers du décor" malgré le fait qu'il le soit en effet.. mais plus comme un élément de la "fiction" du clip.
Le hors champs, qu'on suppose réel, vu que le décor nous apparait comme le lieu réel où a lieu l'enregistrement du clip, lui, est donc en continuité de ce qui est figuré... tout en étant pas dans une continuité donnée par un effet de réel qu'on trouve traditionnellement dans le genre "documentaire"... vu que l'effet "figural", "esthétique" est fort.
C'est assez paradoxal en faite.
Les boules à facettes qui participent aux décors en carton (qui font la fiction et l'univers kawaiikitsch de kyary pamyu pamyu), ainsi qu'à l'espace du studio, figurent cette ambiguité je crois...
Ce qui est hors cadre ici, donc le réel, est trés proche du hors-champs que laisse figurer les éléments et effets "fictionnels" qui se jouent dans le cadre. On a quelque chose de l'ordre du "making of", mais ce n'est pas un "making of".