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Au hasard, Béla Tarr

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Message par Borges Jeu 15 Déc 2011 - 14:14


"Jean-Paul Sartre a écrit, en même temps que des oeuvres philosophiques considérables, des romans, des pièces de théâtre et des essais critiques qui ne le sont pas moins"

(Blanchot, les romans de sartre, la part du feu)
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Message par Eyquem Sam 17 Déc 2011 - 0:54

Blanchot : "Il y a dit-on une communauté du malheur, mais il y a un point où ce qui est souffert ensemble, ne rapproche pas, n'isole pas, ne fait que répéter le mouvement d'un malheur anonyme, qui ne vous appartient pas, et ne vous fait pas appartenir à un espoir, à un désespoir communs."
Je ne sais pas si vous avez eu le même sentiment que moi, mais pendant tout le film, j'ai attendu un échange, une parole, entre le père et la fille. Certes, ils se parlent, mais c'est comme si quelque chose était suspendu, était tu, dans ce qui les lie. Quand la fille habille le père, il la regarde, on croit qu'il va dire quelque chose, demander je ne sais quoi. Mais rien n'est dit, si bien que leurs liens semblent de plus en plus se distendre. A la fin, ils sont à table, ils ne mangent pas, ils ne parlent pas, ils ne se regardent même pas.

Et avec chaque passant, c'est la même chose. Le père écoute celui qui est venu lui demander une bouteille, mais à la fin, tout ce qu'il trouve à dire, c'est "Foutaises !" Et quand les tziganes sont de passage, il les chasse aussitôt.
J'ai repris espoir au moment où le livre atterri sur la table. Je me suis dit : "tout n'est pas perdu". Mais le livre disparaît aussi vite qu'il est apparu.

Jamais rien n'est mis en question ou déploré. Aucune question n'est posée, il me semble : pourquoi le cheval ne veut plus avancer ; pourquoi les termites se sont tus ; pourquoi le vent souffle depuis des jours. Pourtant à la campagne ou ailleurs, quand il y a un coup de vent comme ça, mon dieu mais c'est des heures de conversations entre voisins pour en parler, savoir combien de temps ça va durer, et depuis quand on n'avait pas vu ça. En voyant le film, on se prend à regretter ce bavardage humain, cette plainte commune. lol
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Message par Largo Sam 17 Déc 2011 - 14:58

Oui ce silence, ce refus du moindre commencement de début d'explication, c'est ce qui rend le film aussi pesant, aussi angoissant, je trouve.

Tu as compris quelque chose au monologue du type ? C'est assez obscure dans mon souvenir...
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Message par Largo Sam 17 Déc 2011 - 15:01

Et puis cette musique, elle me hante comme rarement une BO m'avait hantée.
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Message par Eyquem Sam 17 Déc 2011 - 18:19

salut Largo,
Tu as compris quelque chose au monologue du type ? C'est assez obscure dans mon souvenir...
Je ne m'en souviens plus dans le détail, mais le type explique que ce monde ne vaut plus rien du tout, car tout ce qui était bon, beau et noble, a disparu, a cessé d'exister.

Au moins, cet homme croit que quelque chose de noble a existé un jour, et cette beauté lui manque sans doute (c'est peut-être pour ça qu'il boit, lui).
Le père, en concluant "Foutaises !", indique simplement que cette beauté, cette noblesse, pour lui, n'ont jamais été. Ce monde est vide, mais il ne manque de rien. Il n'est pas vide parce que le noble, le beau, ont disparu. Il a toujours été vide. Cette vie a toujours été une vie de merde, c'était pareil hier, ce sera pareil demain. Même ce que l'autre appelait beauté, pour lui, c'était aussi des foutaises, de la merde, du néant. C'est ça, être "le dernier des hommes", je crois (pour en revenir à Nietzsche).
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Message par Borges Sam 17 Déc 2011 - 18:48

La merde est cosmique dirait Béla Tarr... dans les films précédents, les personnages écoutaient encore les prophètes-manipulateurs, là, ça ne prend plus... L'illusion d'un âge d'or passé, d'un avenir idéal ne font plus illusion, ne prennent plus...

Je crois que j'ai pas beaucoup de sympathie pour Tarr... Je le crois plus proche de Cioran que de Nietzsche, finalement, mais bon, j'ai déjà dit...


("le dernier homme"; "le derniers des hommes", c'est Murnau, le titre allemand d'ailleurs ne se traduirait pas par "le derniers des hommes", mais "le dernier homme", si je sais un peu d'allemand... "Der Letzte Mann")

je ne pense pas que "le dernier homme" de Nietzsche dirait que le monde c'est de la merde... au contraire : le dernier homme vit dans un monde idéal, sans manque... Le dernier homme, c'est tout le monde, c'est l'homme de la société occidentale démocratique, avec ses petites valeurs "socialistes", judéo-chrétiennes, égalitaires... Le confort, la consommation... l'autosatisfaction... l'homme de l'existence moyenne, qui poursuit son petit bonheur... sans rien risquer... parce que tout est bien, qu'il y a plus rien à vouloir... c'est en cela qu'il est "le dernier", il se juge comme la fin de l'histoire, ce qu'il y a de mieux...






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Message par Borges Dim 18 Déc 2011 - 13:41

rancière, dans son bouquin sur BTarr, prête au cheval plusieurs rôles : instrument du travail, moyen de survie du père et de la fille, objet de la violence, et " symbole de l'existence du cocher infirme et de sa fille, un frère du chameau nietzschéen, l'être fait pour se charger de tous les fardeaux possibles." (béla tarr, le temps d'après, p85)


Les trois premiers rôles ne sont que des descriptions, des évidences, le dernier est plus osé, risqué, assez hasardeux, simplement faux, même s’il permet par la jeux des différences et de la distance de saisir des choses, d’en penser quelques unes.

Rapprocher les personnages du film, le cheval du chameau, c’est ignorer l’essentiel, la série ; le chameau n’existe pas seul dans le texte de Nietzsche, c’est un moment dans le devenir de l’esprit. Il prend son sens dans une série de métamorphoses : il y a le chameau, qui devient lion, qui devient enfant.

Le chameau, c’est le temps d’avant, pas le temps d’après; le temps où la plus haute dignité de l’homme résidait dans le « port », dans le « porter » , dans la soumissions, le genou à terre, la prise en charge.

A ce moment de son devenir, l’esprit cherche tout ce qui pesant, lourd, pour s’affirmer héroïquement en le portant. L’esprit est bête de somme. Aucune faiblesse, physique, morale, mais une vie héroïque, qui n'est pas donnée à tous; il y faut de la force, du courage, de la vigueur, un sens du défi. Le chameau en veut toujours plus. Il veut porter ce qu’il y a de plus lourd. Le chameau se vit dans la condition de l’impératif, que cet impératif vienne de dieu, de la société, du maître, de je ne sais quel sens des responsabilités…


on peut distinguer, avec je ne sais plus qui, trois poids, celui de la transcendance, celui qu’on se met soi-même sur le dos, dans la responsabilité humaniste, quand l’homme se charge lui-même, de se donner des ordres, des lois morales, des fins, et, puis finalement, quand il y a plus rien à porter, reste le corps même, le poids de la vie, sans sens, vidée, d’autant plus lourde qu’elle doit seulement se porter elle-même, sans en tirer la moindre gloire…

Pas nécessaire d’être réduit à la misère, ou je sais pas, pour vivre en chameau ; l’essentiel est de se déterminer, de déterminer sa valeur, comme « porteur », dans le savoir, l’art, la religion, la morale…


je raconte pas la suite, le chameau dans le désert découvre le rien de tous ces impératifs, il se révolte contre tout, se décharge de tout, pour affirmer sa seule volonté…au « tu dois », succède le « je veux »…


ni devoir, ni volonté, ni innocence dans le film de tarr, plutôt l’inverse de la morale du chameau : des gens qui ne veulent rien porter, ne peuvent rien porter, non par révolte, mais vaincus, par fatigue, lassitude, "impersonnelle" (cosmiques), ne pouvant s’affirmer ni dans l’orgueil de l’humilité, ni dans la révolte de la volonté et encore moins dans l'innocence de l'enfant...

peut-être la fille n'a-t-elle pas le même rôle que le cheval et le père...

il faudrait distinguer les personnages,
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Message par Borges Mar 3 Jan 2012 - 12:26

un autre cheval, en pleine forme, plus proche de troie que de turin, de spielberg que de nietzsche, la ruse et la compassion...

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Message par wootsuibrick Jeu 23 Aoû 2012 - 10:02

Eyquem a écrit:salut Largo,
Tu as compris quelque chose au monologue du type ? C'est assez obscure dans mon souvenir...
Je ne m'en souviens plus dans le détail, mais le type explique que ce monde ne vaut plus rien du tout, car tout ce qui était bon, beau et noble, a disparu, a cessé d'exister.

En gros il dit que l'humanité a disposé de tout en le corrompant.
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