L'Apollonide

Apologie du harcèlement sexuel sur RMC
par Ugo Palheta, le 5 octobre 2011

Ancien rugbyman, Vincent Moscato présente une émission consacrée au sport tous les soirs de la semaine sur RMC. Le 3 octobre 2011, lui et ses chroniqueurs reviennent sur la coupe du monde de rugby, plus particulièrement sur la défaite de l’équipe de France contre les Tonga et l’accusation de harcèlement dont font l’objet trois joueurs Anglais. L’occasion d’un déferlement de machisme et d’une apologie du harcèlement sexuel.

Avant d’être un film, L’Apollonide était le titre d’un drame lyrique de Leconte de Lisle devenu en 1899 (date à laquelle débute la fiction de Bertrand Bonello) un opéra bourgeois grâce aux efforts du compositeur Franz Servais qui, avec la complicité de Franz Liszt, mit vingt ans à achever son entreprise musicale. Le nom d’Apollonide, s’il possède aussi des résonnances autobiographiques (ce serait le nom d’une maison ayant appartenu au grand-père du cinéaste), est une déclinaison directe du nom d’Apollon, le dieu grec du chant et de la poésie comme de la guérison et de la divination. On sait également, depuis les historiens Plutarque et Jules Michelet, que Dionysos, dieu de la vigne et du vin comme de la tragédie et des excès, n’est jamais très loin quand Apollon est là.

on parle de la panthère, un peu, la rapporte au chat de manet; mais la piste de dionysos est plus intéressante, même si la couleur nous amène du côté de manet, pas l'esprit bien entendu; on dit parfois que la panthère de dionysos est une ménade métamorphosée (pas besoin de passer par tourneur, donc, dans cette strate de sens)


-du point de vue du sens, c'est pas dans la période 19ème qu'il faut voir manet, mais dans le passage du bordel à la rue, c'est là que la mythologie, le récit, font place, à la nudité non picturale (nude-naked); alors que tout le reste du film est anti manet à souhait. Dans le bordel, même quand les filles sont nues, on est toujours dans l'espace du vêtement, le corps, les êtres sont toujours habillés, sublimés, mythologisés, par la médiation de la grande peinture (devenue clichés), de couleur, de récit, de culture... ce que manet avait fait c'était montrer "un corps sans phrase"; "le corps sans phrase" dans le film, c'est les dernières images, notre époque, comme on dit prosaïque; laide comme un gorille; ce que la critique bête dit de ce réel, c'est ce qu'on disait de manet, alors... un film antimanet, donc...un film qui mythologise... ce que manet avait...

-"Racisme de l’ignorance", dit BB de "la vénus noire" de K; je savais pas ce que mec voulait dire ; puisque K nous montre bien les liens du racisme avec le savoir, la science… ce racisme n’est pas le produit de l’ignorance, par contre, il vise une ignorance. Le racisme, c’est jamais autre chose, c’est toujours un non-savoir, une infériorité dans l’ordre du savoir qu’il vise. Ce que dit BB, je pense qu'il faut le comprendre : "ce racisme était dirigé contre une ignorante, une fille sans éducation, bête, illettrée, ne parlant pas bien, ne parlant même pas"; la vénus était bête, au fond. BB reprend le jugement de l'époque; ce qui le montre, c'est que son bordel lui est peuplé par des filles "géniales", qui savent lire, parler... qui sont éduquées; lors de son casting dit-il, il voulait des filles intelligentes, comme la tenancière du bordel, qui exige des filles lettrées; le bordel est une école, un espace pour les élites (le pire qui pourrait arriver à ces filles c'est d'être baisées par le vulgaire) un modèle de société, de plaisir savant, de savoir érotique. Dans le film on cause à un moment de "la guerre des mondes", il faut voir ce passage en relation avec le bouquin que lit l'une des filles : socialiste, et tout, HGWells, était eugéniste (marqué par darwin); socialiste mais non démocrate, il voulait un" nouvel ordre mondial" dirigé par une élite, bref un racisme de l'intelligence, comme tous les racismes...dans ses bouquins on retrouve quelques idées sur les prostituées (à qui il doit sa première expérience sexuelle, il était bien entendu pour; comme nietzsche, dont on dit qu'il n'a pas eu d'autre expérience sexuelle que les prostituées, à qui il doit sa maladie...(cf docteur faustus)...



-agencer le film de NM et celui de BB : dès les titres, bien des choses sont dites, deux langues (mortes, l'une plus que l'autre), deux cultures, deux généalogies de l'Occident : l'occident est-il de la famille d'apollon ou de la famille du christ...? Nietzsche bien entendu; sommes-nous des descendants d'esclaves ou d'aristocrates-bourgeois; la démocratie ou l'aristocratie-ploutocratie?