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Poussières d'Amérique (A. des Pallières) sur Arte

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Message par adeline Mar 13 Sep 2011 - 18:15

POUSSIÈRES D’AMÉRIQUE le dernier film d'Arnaud des Pallières, est diffusé sur ARTE, le mercredi 14 septembre 2011à 23h50.

Je ne sais pas ce que promet ce dernier film d'A. des Pallières, s'il est plutôt de la teneur de Parc (tout à fait raté, malheureusement), ou de Disneyland…

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Message par Invité Mar 13 Sep 2011 - 18:59

De lui, je n'ai vu que "Parc". J'ai trouvé que c'était un exercice de style complètement toc, et prétentieux...

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Message par Largo Mer 14 Sep 2011 - 6:44

Ah cool, ça. D'après ce que j'ai cru comprendre, c'est entièrement un film basé sur le montage d'archives vidéo diverses...
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Message par Largo Mer 14 Sep 2011 - 6:46

La première chose que Poussières d'Amérique démontre, c'est la puissance de feu du monteur Des Pallières. Unique monteur de ses films, Arnaud Des Pallières a toujours revendiqué cette étape comme le réel temps de sa mise en scène, où l'intime de la station de montage se confond avec l'universel de la mise en confrontation de deux plans. Il fallait bien qu'un jour l'auteur de Disneyland, mon vieux pays natal en vienne au found footage : l'exploration libre d'une banque d'archives en ligne en est l'occasion.


De ces images perdues (chutes de films institutionnels, publicités, films de famille...) ayant pour dénominateur commun l'Amérique, Arnaud Des Pallières a enlevé le son pour mieux pouvoir les associer. Organisés thématiquement, les plans s'évadent de leurs bobines d'origine afin, adoptés par le numérique, de démarrer une nouvelle vie. Ainsi réagencés puis resonorisés, ils intègrent un nouveau récit scandé très régulièrement par des cartons imposants et suspensifs : en une poignée de mots par écran noir, les phrases sont soumises à un réel découpage cinématographique et prennent à leur tour valeur de plans, vecteurs de suspense autant que d'effet Kouletchov. Soient par exemple des plans successifs d'ouvriers au travail, bâtissant ensemble, avec sérieux mais dans la joie, un pavillon, une piscine, tout le confort du petit-propriétaire moderne. A chaque plan, un ouvrier différent, anonyme : qui occupé à couler une dalle de béton, qui à donner des coups de masse et ainsi de suite. Survient un premier carton (ici cité de tête, approximativement) : "Il lui arrivait parfois d'imaginer" ; retour au chantier, un homme manie une pelle : "qu'il pourrait quitter sa femme". Retour sur le même homme à la pelle, identification subite, attachement intime soudain, pour cet homme qui à la caméra sourit (car dans quel film de famille, dans quel film institutionnel, dans quelle publicité, tirerait-on la tronche en travaillant ?) tout en creusant son tombeau familial, son foyer de cauchemar...


Voilà donc pour le procédé, d'une efficacité narrative et émotionnelle redoutable. Et, de fait, bien sûr : aussi à redouter. C'est qu'en s'emparant du sujet canonique de l'Amérique, ses formes politiques, sa domination capitaliste, brutale et phallocrate, sa conquête spatiale, mais aussi ses puissances de storytelling de l'intime, Arnaud Des Pallières opte à son tour pour une "façon américaine", qu'à la fois il prouve être capable de mener, mais qu'à la fois, singulièrement, il rejette avec dégoût. Ce qui s'entend ici par "façon américaine", c'est cette façon de raconter des histoires de petit garçon pour narrer la Grande Histoire, des cow-boys et des Indiens, des ogives phalliques et des cosmonautes ombilicaux, des petits drames intimes à choisir sa femme, sa voiture ou sa maison, ramenés au grand drame du monde consumériste. Ce qui va avec cet individuel ramené au Monde, c'est encore une autre "façon américaine", à savoir une capacité démiurgique à choisir où appuyer pour faire venir l'émotion, quelle quantité de violons placer à quel endroit, à quel instant le "je" singulier devient le "je" commun, à quel moment la vie quotidienne se pare de grandiose ; bref, comment accoucher du Mythe.


Le déséquilibre de Poussières d'Amérique se loge ici, dans ce paradoxe sans doute terrible pour Des Pallières : c'est encore dans cette façon-là que le film réussit le mieux. Seulement Des Pallières n'est pas américain, le refuse, le dénonce (l'analyse des dominations langagières et symboliques made in USA n'est pas la plus grande légèreté du film...) et sa façon est française. Cette crise interne au film se dit dès les premiers cartons, encore une fois cités de mémoire. "Personnellement, je crois que l'Amérique est le plus grand pays de l'histoire" : archives spatiales stupéfiantes de beauté, comme l'extrême majorité des plans du film, et l'on s'attend à l'aveu émouvant d'un intellectuel français, reconnaissant à l'Amérique, bien malgré lui, bien malgré l'Impérialisme, bien malgré le despotisme souvent terrible des images états-uniennes, une supériorité certaine dans la représentation sensible ; "parce que c'est le pays du libre-échange", et soudain la recherche d'un effet d'ironie et de distanciation, "façon française", si j'ose dire*. C'est là tout le problème du film, partagé entre son lyrisme de l'intime et ses grandes leçons d'Histoire et de Politique, tantôt premier degré et bouleversant, disons vite spielbergien (les derniers mots du film émeuvent au plus haut point), tantôt dogmatique et professoral, comme lorsqu'à l'abord du troisième acte du film, Des Pallières reprend la question indienne comme l'on fait une synthèse en fin de dissertation, pour dire mal godardien (mal, car Des Pallières est trop sage, trop ordonné, trop bon élève pour être Godard, mais l'influence est là, flagrante). Toutes ces failles sont sans doute le signe d'un certain dévoiement du projet ; mais in fine, presque par accident, elles le nourrissent aussi et en renforcent, entre les lignes, la complexité.



* Aparté : j'insite sur ce "si j'ose dire". Evidemment que la "façon américaine" et la "façon française" restent des inventions culturelles, qu'ici j'emploie par utilité autant que facilité d'usage. Mais il se trouve aussi que le film en traite, s'y positionne sans le dire. Je ne perds toutefois pas de vue ce qu'un ami m'écrivait il y a peu, scandalisé que "français", pour un film, puisse devenir un adjectif péjoratif : "Déclaration inutilement agressive et bête et superstitieuse et normative et typologiste et essentialisante et incapable de se détacher de sa propre détestation politique même dans le hors-sujet total qui avait valu une situation publique assez ridicule à un ami écrivain ayant eu l'idée saugrenue de défendre devant moi l'idée qu'il existe une "littérature américaine" (c'est qui ? Coover ? Stein ? Reznikov ? Ellroy ? Stephen King ? Melville ? etc. C'est quoi ? Des descriptions de voitures ? Des phrases courtes ? Longues ? A moitié ? Du nationalisme ? Le contraire ? Des chiens qui parlent ? Des bûchers sur Time Square ?). Pauvre petit écrivain français honteux. Honteux de quoi ? S'il avait pu le dire... Qu'est-ce qu'on tire de francité d'un film français ? Ca lui préexiste ou ça en découle? C'est pérenne ? C'est étendu au Poitou ? Au marxisme? A 1905 ? C'est où le champ, le paradigme, le début de la queue de l'analyse? Quelle grossiereté de vue, quelle absence de compréhension de l'art... Les oeuvres d'art sont faites par des artistes, pas par leur biotope, artistes dont la position DEROGE à la socialité fonctionnelle, questionne l'assurance normative et ne la reconduit pas, ce ne sont pas des petites fleurs qui poussent sur la tapisserie commune ni des faits de sociologie."

GM chez chez FDC

« Ce film est une improvisation. Un journal de travail. Un poème un peu long fait de morceaux d’autres films, de bout de phrases, de musiques et de sons d’un peu de tout. Écrit dans la langue du cinéma. Sans dialogues. Sans commentaire. Muet. Mais bavard aussi parce qu’il raconte beaucoup d’histoires. Une vingtaine. Brèves, infimes et qui mises ensemble font ce qu’on appelle la grande histoire. Ça parle d’Amérique. Donc de nous. Des morceaux de la vie de chacun. Un enfant, son père, sa mère, le lapin, le chien, les fleurs, votre enfance, la mienne, la nôtre. Les Indiens, Christophe Colomb, Apollo, la lune. Chaque personnage dit je. C’est le journal intime de chacun. L’autobiographie de tout le monde... » Voilà comment des Pallières présente son dernier opus, dont Diane Wellington (2010), avait déjà donné la méthode : montage d’archives anonymes au service de récits collectifs pour engranger, bien plus que des savoirs : des sensations, des émotions, et faire mûrir entre elles des greffes inédites. Si Gertrude Stein, dont il avait fait le Portrait Incomplet reste là, en embuscade, c’est dans cet art de faire tenir les choses ensemble en un fragile monument qui menace sans cesse de s’effondrer, nous emportant avec bonheur dans sa chute.

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Message par Borges Jeu 15 Sep 2011 - 14:35

"parc" était nul, des images que n'habite pas la moindre idée; un côté glauque sans intérêt; le film tient deux secondes, par des images d'arbres, de forêt... "Poussières d'Amérique", que j'ai vu, en accéléré, après quelques images à vitesse normale, et encore sans tenir jusqu'à la fin, c'est encore plus nul...des banalités mise ensemble, des images, des sons, et des cartons... dont on n'a rien à foutre; à la poussière tout ça retournera...

le truc qu'il a fait sur GS, c'est encore ce qu'il a fait de mieux; je trouve;


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Message par Largo Jeu 15 Sep 2011 - 16:18

C'est vrai que Parc est assez raté. Tu avais vu Disneyland, Drancy Avenir...?

J'étais crevé en regardant, beaucoup de mal à suivre le rythme lent imposé par les cartons, j'ai pas tenu jusqu'au bout, mais il me semblait qu'il y avait des constructions intéressantes entre les récits et les images. Le fait que les mots donnaient du sens à ces images "brutes", comme si à partir d'une même séquence, on pouvait imaginer des tonnes d'histoires complètement différentes.

J'aime bien son docu sur GS aussi.
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