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L'Esprit de la ruche et les démons de l'enfance

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Message par adeline Lun 5 Sep 2011 - 18:17

Ce film est une sorte de mythe pour moi, depuis qu'il est passé à Paris à l'occasion de l'exposition Erice-Kiarostami. Je ne l'avais pas vu alors, mais je me souviens très bien de la belle affiche horizontale au fronton du Champo. Il me semblait que c'était un film absolu, un horizon à atteindre, une idée du cinéma qui se dévoilerait.

Je n'ai pas été déçue. Il faut le remarquer, il est rare que des films très attendus remplissent les attentes dont ils sont l'objet.

Évidemment, je ne sais pas comment écrire dessus.

C'est un mélange étrange de plans de Kiarostami et de Bergman, avec des impressions symétriques d'Oliveira et le souvenir de Cria Cuervos. Ana Torrent a une bien étrange présence, d'une force étonnante pour sa petite taille. Elle et sa sœur sont les pendants féminins des frères Ahmadpour. Aussi fragiles, aussi petits et aussi forts les uns que les autres, et la caméra s'accroche dans les deux films à leurs grands yeux bruns insondables. Les courses d'Ana répondent aux courses d'Ahmad, même si elles n'ont pas du tout le même but. Ana court à la rencontre de l'esprit du monstre, seule petite fille à avoir encore foi en lui ; Ahmad est ancré dans une réalité sans échappatoire.

Dans l'entretien en bonus du dvd, Victor Erice parle de l'ellipse, de la manière dont il a utilisé, inconsciemment, cette forme narrative pour ne pas affronter la censure directement (le film est tourné avant la mort de Franco). J'ai pensé à Ashgar Farhadi, à qui l'on a reproché ses ellipses, et qui ne cherche pas non plus à affronter directement la censure. Mais la comparaison s'arrête là. Chaque plan est un étonnement chez Erice, chaque plan semble précieux. Les mots sont rares, les petites filles ne font que chuchoter, et le monde est habité des bruits du hors champ. Il semble qu'il n'existe aucun autre film sur l'enfance que ces deux-là, Où est la maison, est l'Esprit de la ruche, et ceux d'Ozu, bien sûr.

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Message par Borges Lun 5 Sep 2011 - 19:17

il y a aussi "la nuit du chasseur"; trois films avec une touche fantastique, assez forte, même dans le K; dans les trois films, les enfants vont par deux; l'un allant plus loin que l'autre; "la nuit du chasseur", le seul des trois, à faire jouer la différence sexuelle; c'est sans doute le plus idéologique des trois; son idée de la femme est assez chrétienne, péché originel et tout le reste; de tous ces gosses acteurs, ou actrices, seule, je crois, Ana a eu une "carrière"; je l'avais "découverte" dans "Cria cuervos", et pendant longtemps, à cause de sa présence, j'ai confondu les deux films...
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Message par Maal Mar 6 Sep 2011 - 12:00

Bien sûr qu'il existe beaucoup plus de films d'enfance que les quelques-uns que vous citez.

Mais c'est vrai que ceux-là sont parmi les plus grands. Borges parle de la présence du fantastique, c'est un point essentiel du film d'enfance, que l'on retrouve presque à chaque fois. L'enfance dessinant de nouveaux possibles, créant d'autres mondes, il n'y a que le fantastique qui puisse évoquer cette possibilité de création, et l'ouverture à quelque chose d'autre.

L'idée du binôme est à creuser je crois, je ne l'avais jamais remarqué jusqu'ici (pourtant j'ai fait du film d'enfance ma "spécialité"). Sans doute que les binômes fonctionne par pôles, négatif et positif. Ana Torrent était toujours le pôle positif. Smile

J'ai ouvert un site pour parler de ce sujet :

http://enfancesdecinema.free.fr

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Message par adeline Mar 6 Sep 2011 - 17:06

Hello Maal,

ah oui bien sûr qu'il en existe d'autres, des films sur l'enfance Wink Mais face à la puissance de ces trois-là, on dirait que tous les autres disparaissent. Je ne sais pas si le fantastique, en tous cas dans L'Esprit de la ruche, est là pour évoquer la possibilité de création de l'enfance. L'enfance qui dessine de nouveaux possibles, je ne le sens pas trop. Frankenstein, c'est la rencontre avec la mort, la mort d'une petite fille. Et Ana est confrontée à des choses d'une force et d'une tonalité qui sont loin de "nouveaux possibles". Elle a sans doute la foi dans "autre chose", une foi immense dans les esprits, une fois qui la fait rencontrer réellement Frankenstein. Erice explique dans les bonus que c'est la principale raison du choix d'Ana Torrent pour le rôle : elle voyait vraiment Frankenstein dans l'acteur, et elle croyait aux esprits. Elle se trouve dans une grande solitude, loin de cette sœur qui sait qu'au cinéma, les gens ne meurent pas vraiment, qui n'a pas peur du feu, et qui peut jouer à la mort. J'ai plutôt l'impression que le fantastique, c'est la rencontre avec la part sombre du monde.

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Message par Maal Mar 6 Sep 2011 - 17:17

La possibilité d'autre chose n'exclue pas la rencontre avec la part sombre du monde, à mes yeux. Il n'est pas question d'idéaliser la création du monde propre à l'enfance, plutôt d'en voir les contours. Vers où vont ces gamins ? Parfois, leur quête peut être sombre et mortifère (comme celle de Ana, dans L'esprit de la ruche, comme dans Cria Cuervos), mais toujours ils voient autre chose. C'est un peu la cosmogénèse de ToL, même si c'est pas toujours des mondes très sympas que ces gamins dessinent, ou voient. Comme Sa Majesté des Mouches.

Deux autres films d'enfance immenses : L'Enfance d'Ivan, de Tarko et Les Innocents, de Clayton. Deux autres films où le fantastique pointe le bout de son nez, comme ça, fortuitement dans le premier, de façon plus consciente et travaillée dans l'autre.

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Message par adeline Mar 6 Sep 2011 - 18:01

Sur l'Esprit de la ruche :

- le parcours de l'exposition organisée par Alain Bergala au centre Pompidou en 2008
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-erice-kiarostami/ENS-erice-kiarostami.html

- un article de 1998
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cehm_0396-9045_1998_num_22_1_904


Voici le texte que dit la voix off qu'on pense être celle du père, tiré du livre de Maeterlinck "La vie des abeilles" :

" Quelqu'un à qui je montrais dernièrement dans une de mes ruches de verre, le mouvement de cette roue aussi visible que la grande roue d'une horloge, quelqu'un qui voyait à nu l'agitation innombrable des rayons… l'effort impitoyable et inutile… le sommeil ignoré hormis dans des berceaux que déjà guette le travail de demain, le repos même de la mort éloigné d'un séjour qui n'admet ni malades ni tombeaux, quelqu'un qui regardant ces choses, l'étonnement passé, ne tardait pas à détourner ses yeux où se lisait je ne sais quel effroi attristé."

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Message par Invité Mer 7 Sep 2011 - 4:15

Un autre grand film sur l'enfance:

Spoiler:

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Message par Maal Mer 7 Sep 2011 - 9:36

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Message par adeline Mer 7 Sep 2011 - 18:31

D'où viennent ces trois photogrammes Maal ? C'est presque pire que Blanche-Neige (qui est l'un des mes grands traumatismes d'enfant). Je dis ça idiotement, je trouve tes images sincèrement terribles…

(Jerzy, on parle de l'enfance, pas des bébés, c'est pô pareil).

Je n'ai pas vu Les Innocents, mais justement je me disais qu'à parler des films sur l'enfance, on doit aussi parler des films d'horreur avec des enfants. Evidemment Le Village des damnés, en classique (le gamin qui joue dans Le Village des damnés est celui qui joue dans Les Innocents) ; puis The Children, Le Ruban blanc, etc.

Mais à la réflexion, lorsque je repense à L'Esprit de la ruche, je n'arrive plus à le cantonner à cette idée de "film sur l'enfance". C'est d'une évidence crasse, puisqu'il est rempli de pistes, de suggestions, de citations, et qu'il parle d'Ana autant que du monde dans lequel elle vit (et je crois que c'est la même chose pour Où est la maison). Il y a évidemment la critique de la société sous le fascisme et tout ce qui est suggéré à ce propos dans le film (le soldat, la situation du père, etc.) Il y a les références picturales, le travail du cadre, qui décrivent un monde qui n'a rien de spécifiquement enfantin, un monde habité d'ombres et d'échappés ; il y a le hors champ du son, très travaillé, qui fait que chaque histoire effleurée peut se déployer de mille manières ; il y a évidemment le monde des abeilles et de la ruche, qui ne dit rien de l'enfance si ce n'est qu'il fascine Ana, etc.

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Message par Maal Mer 7 Sep 2011 - 20:00

L'horreur et l'enfance sont souvent étroitement liées oui, parce qu'il est souvent affaire de possession ; la grande peur occidentale, c'est de voir son enfant lui échapper, et pire qu'il nous échappe pour quelqu'un d'autre. C'est peut-être pourquoi les trois photos que j'ai postées sont si effrayantes.

Ces trois photogrammes reviennent assez régulièrement sur les forums internet. Il s'agit probablement d'un photo-montage (il faut bien regarder l'aigle, beaucoup moins net que le bébé), mais le doute est maintenu, probablement à dessein.

Quant au terme "film sur l'enfance", tu as raison, il est mal choisi, parce que trop réducteur. Je lui préfère "film d'enfance" tel que l'a théorisé François Vallet dans son "l'image de l'enfant au cinéma". Dans l'expression, "film sur l'enfance", tout est ramené à l'idée de l'enfance des personnages principaux, et c'est dommage parce que de ce point de vue là, on passe à côté de milliers de choses qui n'ont rien d'enfantines, comme tu le soulignes. "Film d'enfance" au contraire part d'une idée, et propose des choses nouvelles. Il y a autant d'enfances que de films, et c'est ce que suggère cette expression selon moi.

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Message par Invité Jeu 8 Sep 2011 - 22:08

adeline a écrit:J'ai pensé à Ashgar Farhadi, à qui l'on a reproché ses ellipses, et qui ne cherche pas non plus à affronter directement la censure. [/justify]

Je ne réagis pas sur le centre de ton propos à double titre.

1) si c'est à "Une Séparation" que tu fais allusion, il en m'a pas semblé du tout elliptique quant à ce qui pourrait susciter la censure. ll me semble qu'il fasse au contraire une critique frontale d'une sorte d'indifférence de l'état au racisme de classe en Iran (en même temps le but de tout état est peut-être d'entretenir cette indifférence et définir la société par cette indifférence, plus ou moins subtilement),;et de manière intéressante, une critique beaucoup plus implicite et indirecte de la religion, notamment lors de la séquence où c'est le père "éclairé" qui demande à sa bonne de jurer sur le coran, alors qu'elle était sur le point d'avouer qu'elle avait avorté.
La religion dans ce film est toujours montrée comme un impératif mal compris, peut-être un néant, mais avant tout quelque chose dont l'intériorisation échoue, elle est aussi liée à une forme de domination politique qui s'exerce aussi à travers la critique des intérêts sociaux particuliers, qu'elle transforment en objet d'une interprétation. Le film ne franchit jamais toute à fait la frontière qui lie la critique de la religion à la critique d'une loi. Mais il montre que la référence publique à l'islam comme source de la morale permet au système judiciaire d'évacuer l'idée de jugement et de serment. Au contraire du serment religieux, l'enquête bureaucratique est permanente, et est produite par la reconnaissance de la faute (ce que la fille du couple bourgeois a très bien vu: son père fait l'aveu de sa culpabilité dès le début), elle ne porte que sur la mise à jouer des raisons de la violence, mais ne juge pas pas le tort.
Je m'éloigne du sujet, mais il n'y pas d'ellipse sur ce qui est politique dans le film: la mort du père qui sert à donner au film un prétexte mélodramatique est complètement évacuée , et le film se concentre de plus en plus de l'engrenage judiciaire dans lesquels les deux familles tombent d'abord, puis finissent se complaisent, dans l'espoir que leur appartenance sociale et leur intérêt de classe, puisqu’ils sont contradictoire, puissent être directement convertis en source de la reconnaissance de leur bon droit au moyen d'un procès. Ce que j'aime bien dans le film, c'est qu'il montre de manière très subtile, à la fois symbolique et réaliste, que le père de la famille prolétarisée prend plus rapidement conscience que son antagoniste de la bourgeoisie intellectuelle que justement le but du système judiciaire iranien est de ne surtout pas trancher cet antagonisme de classe, qu'il n'y aura qu'une enquête mais pas de jugement (il n'est pas seul, la femme -assez chiante mais honnête- de couple bourgeois est très proche de lui sur cela). Comme il pète un câble immédiatement après, et replonge dans la violence conjugale, il ne peut pas exploiter cet avantage (il y a un côté fassbinderien pour le coup assez intéressant). Tu fais allusion à des critiques qui qualifient d'ellipse justement la part d'irrésolution que le film arrive à montrer au sein du système qu'il critique.

2) Mais en fait le rapprochement entre l'esprit de la Ruche et une Séparation me semble pas mal vu justement à propos de la représentation de l'enfance. Le personnage de la petite fille de la bonne est très proche de celui du film d'Erice (elles comprennent toutes les deux des dictatures qui semblent du même ordre, car elles sentent que l'ordre social est tellement kafkaïen qu'il n'est pas moins ésotérique pour les adultes que les enfants), mais le sens de l''expérience de l'enfance du personnage est inversé; l'une traverse la prison comme s'il s'agît d'un spectacle (la scène étrange où elle croise le regard d'un détenu visiblement pédophile, et arrive à s'en dégager sans finalement beaucoup de douleurs) tandis que celle d'Erice transforme l'expérience de l'émerveillement cinématographique, l'intersection de la terreur et de le poésie, en pressentiment d'un rapport à la morale et à la mort qui puisse être d'ordre objectif.
Les deux films se répondent : la petite fille d'une Séparation monte l'escalier et regarde à travers la porte de l'appartement de la famille bourgeoise de la même manière qu'Anna Torrent marche, va au cinéma, regarde l'écran. Je pense (mais je suis pas sûr) que dans les deux films il y a une sorte de fugue, et que c'est l'enfant qui décide du retour juste avant que les adultes ne s'inquiètent. Toutes deux perçoivent que qui oppose l'appropriation d'un monde déjà parcouru, déjà perçu comme répétitif (elles comprennent dès le début que le système social qui les entoure a la prétention de déterminer la mémoire qu'elles auront à acquérir), à sa critique. Ces deux films ne sont politiques que par le fait de montrer que le régime, tout aussi bien qu'eux, doit placer les enfance à l'extérieur de l'ordre qu'il instaure, et que les enfants qui ont conscience de la pauvreté de leur propre imaginaire sont fatalement amenés dans un tel système une conscience du caractère construit de l'ordre, mais c'est déjà beaucoup.


Sinon des films sur l'enfance au cinéma il y en plein. Même Godard en a réussit un dans son histoire de France en vidéo à la fin des années 70 ("France tour/ Détour" je crois). A la limite Il y a le Silence de Bergman, Shining. Tout le cinéma italien d’après guerre est travaillé par l'enfance. Les Super 8 des familles. Pleins.

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Message par Invité Mar 22 Mai 2012 - 17:21

c'est impressionnant comme la petite est filmée et donne l'impression qu'elle s'approprie le mystère de la vie à travers cette mort qui rôde et dont finalement elle se délivre - sans doute par la magie du cinéma et le secours de l'imaginaire.

Même impression que toi Adeline : " film absolu, horizon à atteindre ".

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