Melancholia (L von Trier)

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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 13:52

Baudouin II de Barvaux a écrit:
Spoiler:
Laughing
tu sais que Laura Ingalls a vraiment existé et que ce feuilleton débile est vaguement inspiré des huit volumes de ses mémoires - qui sont un document assez incroyable sur la vie des pionniers us à la fin du xix° siècle ? cette chère Laura était tout à fait folle et magnifique.


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Message par Dr. Apfelgluck Sam 25 Aoû 2012 - 14:08

Stéphane Pichelin a écrit:
Baudouin II de Barvaux a écrit:
Spoiler:
Laughing
tu sais que Laura Ingalls a vraiment existé et que ce feuilleton débile est vaguement inspiré des huit volumes de ses mémoires - qui sont un document assez incroyable sur la vie des pionniers us à la fin du xix° siècle ? cette chère Laura était tout à fait folle et magnifique.


La voici d'ailleurs avec Almanzo Laughing

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Dans les années 30 , elle était devenue une icône du libertarianisme.
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Message par adeline Sam 25 Aoû 2012 - 15:35

Oh là là, moi j'ai pas regardé la série, mais dévoré les livres quand j'étais petite. Celui que j'avais préféré, c'était le volume sur l'enfance d'Almanzo : la rude vie des pionniers paysans, travaillant dur au rythme des saisons, communiant avec la nature qu'il fallait pourtant dominer, une vie faite de renoncement et de sacrifice, mais qui vous forge un caractère d'acier. En gros…

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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 16:59

ouais, sacré volume. mais qu'est-ce qu'ils bouffent dans la famille d'Almanzo. rien qu'à lire leur menu (lecture faite à ma gamine), j'en avais des indigestions.


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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 17:42

Stephane Pichelin a écrit :
lecture faite à ma gamine

c'est émouvant
sunny

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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 17:51

Pour en revenir au film :
jerzy, je ne cherche pas du tout à supprimer ta lecture et à imposer la mienne, ce serait trop dommage, ni bien sûr à effacer la mienne devant la tienne. Je reconnais largement qu’il y a dans le film ce que tu y vois et je continue à me fier à ce que j’y vois, malgré la contradiction. C’est avec les deux, à mon avis, qu’on peut dégager la morale du film.

Ce que j’y vois, je le répète, c’est d’abord Justine humiliant sas sœur. Elle ne se contente pas d’anéantir son « plan merdique », elle anéantit tous ses désirs – humilier, ce n’est rien d’autre – et elle ne lui offre pas l’occasion d’en voir naître d’autres. Ensuite, elle enrôle son neveu, le fils de Claire, par un pieu mensonge. Enfin, Claire les rejoint, rejoint son fils et sa sœur, ce qu’il reste de sa famille, pour construire la fabuleuse « cabane magique ». Et c’est vrai qu’elle a l’air calmée. Mais la question est : est-elle calmée parce que la cabane magique est un plan si super-canon face à la fin du monde ? j’en doute quand je vois la tête qu’elle fait une fois dans la cabane magique : plus du tout détendue. Mais tu as toi-même remarqué que, dans la 1° partie, Claire est dans une dynamique de service, qu’elle est celle qui se démène pour arrondir les angles, aplanir les difficultés, s’occuper du bonheur de tous et de chacun, à commencer par Justine. Alors, face au gros problème Melancholia, insurmontable, la logique du personnage suggère, au moins comme hypothèse, qu’elle est simplement soulagée que ce soit sa sœur qui prenne les choses en main. Là, je crois dire à peu près la même chose que toi et ne pas « inventer des scènes « .
S’il y a un balancement d’une partie à l’autre, elle me semble concerner moins l’évolution « psychologique » des personnages que les rapports de pouvoir. Dans la 1° partie, la générosité de Claire est toute entière au service des rituels sociaux qui entourent le mariage. Dans la 2° partie, la cabane magique est le rituel de Justione face à la mmort. Et Justine n’est pas moins généreuse que Claire, bien sûr, elle est pleine des bonnes intentions dont l’enfer est pavé. Mais ce qu’elle fait ressemble pourtant à s’y méprendre à une revanche sur les obligations sociales auxquelles on voulait la soumettre : elle ramasse le pouvoir dont l’arrivée de la planète a provoqué la chute (mort du père scientifique et chef de famille) et elle en use seule pour le bien de tous. Elle est en quelque sorte dans l’obligation de faire ce putsch où son désir à elle-seule fait office de désir pour tous, où l’exubérance des désirs multiples propre à la vie fait place à l’uniformisation morbide du désir.
C’est ce que j’appelle le fascisme du désir. Je ne prétends pas qu’il s’agisse d’une intention consciente ou inconsciente de Justine, ni même de LVT – aucune psychanalyse dans tout ça (l’ « inconscient du film » dont je parle à propos de Ford, et auquel tu me parais faire allusion, n’a rien d’un inconscient freudien mais est une instance organisée par le réalisateur sur le modèle freudien). C’est plutôt un désir social qui s’exprime dans le film, le désir uniforme et rassurant de la mort fasciste.
J’en parlais sur un autre topic (Cosmopolis). J’écrivais que nous sommes tous fascistes mais je dois revenir là-dessus. Par prudence, il vaut mieux laisser ce mot de « fasciste » pour désigner les seuls promoteurs du fascisme. Mais ça ne change rien au fond du problème, qui est que nous vivons dans une société fasciste et que rares sont ceux qui peuvent prétendre y échapper. La plupart de ceux-là sont de toute manière en cabane ou au cabanon. Il est impossible de vivre, d’exister dans une société fasciste sans en être teinté d’une façon ou d’une autre, à un degré ou à un autre. Car le fascisme est partout, et il est d’abord dans la langue, dans ce qui nous fait nous constituer un corps en premier lieu (cf. Butler et Foucault). C’est le fascisme de consommation courante, qui trouve à s’exprimer dans l’autoritarisme généreux de ceux qui veulent à toute force être les guérisseurs du monde, autant que dans l’humilité de ceux qui préfèrent obéir ou se démettre. Et ce fascisme a beau être châtré de ses attributs guerriers, contrairement au franquisme et au mussolinisme, il est quand-même porteur comme eux d’un « Vive la mort ».
De ce « Vive la mort » aussi je parlais sur le topic du Cronenberg. ce n’est pas un désir du néant mais un désir de l’enfer, une stricte inversion des valeurs catholiques. Le catholicisme des fascismes historiques (en Italie, en Espagne) ne se confond pas avec le paganisme hitlérien. Ça me parait d’autant plus important de faire la distinction que l’usage habituel se sert du second pour emporter et mystifier les premiers (voir les militants anti-FN français criant « f comme fasciste, n comme nazi »). [nazi] est bien la couverture qui permet d’effacer ce que le fascisme a de permanent dans les variations de ses formes : l’aliénation des désirs de chacun dans le désir unique du chef, qu’il soit individu-dictateur, bureaucratie ou Sauveur. (Toute la contradiction, à re-réfléchir, du christianisme, c’est de placer le Sauveur à la fois dans l’immédiateté des prochains – plurivocité des désirs du dieu – et dans l’éloignement infini da la transcendance du Dieu unique.)
« Vive la mort », ce n’est pas un désir de mourir, c’est au contraire un désir de continuer à vivre, mais dans les conditions infernales d’une vie épuisée et toujours plus douloureuse. L’enfer n’est rien d’autre : un processus d’éloignement, une absence sans cesse grandissante de la vie à la vie, la souffrance d’une vie qui s’amenuise et qu’on ne perçoit plus que par sa différenciation toujours plus petite d’avec la mort. Ce que Blanchot, si je t’ai bien compris, décrit comme condition (stable ou processorale, je ne sais pas) du passage de l’existence à l’être, le christianisme, au moins chez les partisans de l’apocatastase, l’envisage comme le processus de réduction infinie de l’être dans l’existence. « Vive la mort », c’est l’affirmation d’une valeur positive de ce processus, c’est son accentuation volontaire, le désir de plus de mort pour sentir cette vie toujours moins sensible – et d’encore plus de mort pour compenser ce que le plus de mort a enlevé à la vie. C’est un retournement des valeurs catholiques et une exacerbation folle et pervertie de la condition humaine que tu décris d’après Blanchot.
Dans le film, il y a la planète dont la venue inéluctable, datable, épuise déjà la vie dans un compte-à-rebours terrifiant et plonge toute la réalité dans une crise insurmontable. Et il y a Justine qui, face à l’urgence de cette crise, et sans doute dans un généreux souci d’efficacité, donne aux siens, à sa famille, son désir comme dernier remède contre leur sentiment d’insécurité. Mais la crise et son urgence, la générosité et l’efficacité, le sentiment d’insécurité, ce sont justement les termes contemporains de notre fascisme.

Voilà le développement en guise de démonstration qui manquerait dans mon post introductif. Mais je ne suis pas sûr qu’un article sur un film sur un obscur site internet nécessite absolument une démonstration. A moins de jouer pour la postérité, bien sûr.


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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 18:52

à la fin je ne sais même plus de quoi vous parlez. c'est une joute record sur ce forum !!!

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Message par wootsuibrick Sam 25 Aoû 2012 - 19:29

ça me rappelle les belles heures du forum des cahiers du cinéma. à l'époque où on s'étripait avec VincentDel et HarryTuttle. Cool
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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 19:35

c'est vrai que c'est plus apaisé ici, pour le meilleur !

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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 20:12

oOoh mince... C'est pas fini, alors? Rhaa..

Bon. Euh... Stéphane, je bats en retraite et je te propose de faire "pause". Je garde précieusement ton post en réserve. Remettons à plus tard, si tu le veux bien, la suite (interminable en droit) de cette discussion.

C'est que j'ai énormément graphopathisé sur ce seul topic depuis quelques jours, ne dormant quasi plus, avalant mon sandwouiche d'une bouchée, même pas le temps de me raser, de me brosser les dents. Donc je sature un peu, j'ai besoin de me changer les idées, voir quelques films, causer d'autres sujets, prendre un bon bain, faire un peu d'abdos-fessier, etc.

Merci pour ta patience, l'impeccabilité de gentleman dont tu as fait preuve tout au long de ce marathon agité, je veux dire une étape, bien sûr, de ce marathon agité. Wink

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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 21:47

prends tout ton temps, jerzy. surtout que j'ai peut-être deux ou trois choses à ajouter sur Berkeley, que je n'ai pas lu - mais tu sais que je ne parle jamais aussi bien que sur les choses que je n'ai pas lues. Wink


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Message par Invité Sam 25 Aoû 2012 - 22:09

Je m'en réjouis d'avance, Stéphane.

(D'autant que j'évoquais moins Berkeley "lui-même" que Berkeley-vu-par-Kant.

Et comme "voir", c'est un peu comme "lire", j'opposerai à tout ajout éventuel la clause: "on ne "lit" pas tout bonnement un livre. que ce qu'on lit, c'est déjà la traduction qu'on s'en donne en fonction de son savoir, de ses affects, de sa situation sociale", .

Ce qui promet des discussions passionnantes et sans fin sous la lune.)

lol

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Message par adeline Jeu 19 Déc 2013 - 19:49

C'est étrange la manière dont on peut oublier les choses. J'avais lu tous ces échanges au moment de la sortie de Melancholia, mais je les avais oubliés.

J'ai vu le film hier soir. Il est vraiment très beau. Très triste. Et très prenant. Rien ne correspond, dans ce film, à tout ce qu'on peut dire de LVT, à tout ce qui circule autour de lui (vagues souvenirs des histoires à Cannes), tout ce parfum sulfureux qui annonce certains de ses films (le prochain, Nymphomaniac, est précédé de sa réputation alors que personne ne l'a encore vu…).

Je suis d'accord avec ce que Jerzy dit du film. Ça n'est pas un film de mort, au contraire. Et c'est un film d'amour, d'attention à l'autre, une grande et belle attention, même si elle est compliquée par ce qui meut les gens au fond d'eux-mêmes. Qu'est-ce que fait que Claire prend ainsi soin de Justine ? Sans doute comme le dit Jerzy y a-t-il également dans cet amour pour sa sœur, dans la prise en charge de sa maladie un refus de son deuil de la vie (sa mélancolie), refus de la mort qui est un refus de la vie. Sans doute le mari de Claire, avec son golf à 18 trous, son argent, son château à la Marienbad est-il insupportable. Pourtant, il ne veut de Justine qu'une chose pour ne pas lui reprocher l'argent jeté par les fenêtres à son mariage, qu'elle soit heureuse. Et vouloir que quelqu'un soit heureux, c'est déjà une trop grande pression, c'est déjà une demande à laquelle on ne peut répondre. Mais c'est aussi de l'amour.
Un moment, l'enfant jette ses bras autour du cou de Charlotte Gainsbourg, c'est magnifique.

C'est un film simple aussi. Une soirée. Quatre jours. Un château vide. Une pelouse. Quelques personnages. Et la fin du monde filmée exactement de manière inverse à tout ce qu'a fait, fait et fera le cinéma américain.

Je me souvenais vaguement de Breaking the Waves et de Dancer in the Dark. Tout ce que je retiens, aujourd'hui, c'est qu'il est toujours question d'aider l'autre, les autres, à vivre leur vie mieux, ou en souffrant un peu moins.

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