Detective Dee (Tsui Hark)

Detective Dee de Tsui Hark; A l'intérieur de l'enceinte du récit, percée de part en part de mouvements poétiques et individués, Tsui laisse apercevoir des îlots de cosmopolitisme, montrant la Chine de la fin du 7è siècle comme un territoire traversé (au moment où la régente assène l'implacabilité de sa théorie du pouvoir "être à même de tuer ses proches dans l'instant", l'arrière- plan est constitué de navires multiples allant et venant hors et dans le cadre);
le personnage principal, le détective Dee, doit enquêter par delà le monde bourgeonnant et de façade que le pouvoir matriarcal de la prochaine impératrice veut imposer; ainsi, Dee, un temps fait prisonnier pour avoir pris part à une rébellion contre le pouvoir brutal de cette dernière, se fait passer pour aveugle en collant deux pétales de fleur sur ses pupilles, pétales blancs tombant des arbres en fleurs le long des routes qu'empruntent les personnages, et tapissant, drapant, les chemins de la vérité; le vieil aveugle qui lui servait de compagnon de cellule se gausse de lui alors qu'on lui propose de quitter sa geôle afin d'enquêter sur un crime mettant en péril le sacre de l'impératrice, "tu ne seras jamais plus libre qu'ici" et il éclate de rire en compagnie de Dee: ainsi le personnage est écartelé entre un désir de solitude, de refoulement hors du monde, d'apaisement, et un désir de justice, de dévoilement des arcanes conduisant les destinées des hommes; et des femmes.
Au mouvement de recouvrement par la régence répond un second mouvement usant de flammes qui creusent les chairs des sujets du pouvoir; cependant ce n'est pas un dessillement qui en résulte mais une destruction, pas une vérité qui apparaît, mais un mystère supplémentaire qui s'y adjoint.

Et puis le Thor de Branagh qui peut se prêter au jeux des comparaisons avec Dee, mais dont le penchant allégorique frise la réaction, et dont tout le reste est ridicule, pas un seul plan ne se hisse au niveau d'une case dessinée par Kirby ou Buscema lol.

edit 21/01/2014

Tsui Hark a réalisé un joli prequel à detective dee depuis; formellement, l'image s'effeuille comme un livre d'illustration que l'aiguillon de la 3d transperce de part en part, feuille à feuille (d'où l'intérêt du conte policier, de l'enquête). Il prend la métaphore d'une maladie qui transmute la peau de l'intérieur et s'immisce dans son épaisseur (s'immisce dans l’émotion); phénomène qui éveille la sagacité de Dee. A la cour, au pouvoir dictatorial, par des détours narratifs, Il fait ingurgiter de l'urine comme seul vaccin disponible. Le sacré ramené au rang du corps, de ses excrétions  (peut être le dégoût du corps est il le meilleur antidote à l'amour Smile). Je trouve cela à la fois 'savoureux' et impertinent. Mais ce qui me touche le mieux dans les derniers films de Tsui Hark, c'est un regard faussement distant et triste sur les relations humaines, sur les amours humaines: amants qui se cherchent sans se trouver, sans se reconnaître, défiance des sentiments, et le monde qui bouge et bouscule tout cela.