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Canine (Lanthimos)

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Message par Eyquem Ven 11 Mar 2011 - 20:09

Gertrud a écrit:Sinon, j'ai vu hier soir Canine de Yorgos Lanthimos. Film très impressionnant. Jerzy l'avait évoqué sur "le Forum" (comme on dit "la Revue" sur Indepencia pour parler des cahiers) mais je n'avais pas voulu lire sa chronique avant d'avoir vu le film. Et maintenant que j' ai vu le film, je ne peux plus lire sa chronique lol.
Abracadabra.

Jerzy a écrit:Canine (Yorgos Lanthimos) : fort perturbant, percutant, interrogateur. Selon la formule consacrée, il ne fera pas l'unanimité. Bcp seront tentés de le classer rapidement (j'imagine d'ici un le comte horrifié par tant d'abjection: "mais, mais... Je n'ai pas la berlue, cette chose répugnante et nihiliste n'invente pas sous nos yeux de nouvelles possibilités de vie"... Pas sûr) dans la catégorie "provocation morbide", "jeu de massacre gratuit", "négativisme contemporain", "exercice masochiste", "schéma à l'épate", etc.

Or pas du tout. Je le vois comme un électrochoc nécessaire, un refus très sain d'un état du monde asphyxié et asphyxiant. Et c'est pas du tout gratuit: ça fait longtemps que je n'avais pas vu un film qui donne autant à penser (au sens de "réfléchir") sur la nature exacte de ce qu'on est en train de regarder. Bien au delà d'une "métaphore" sadique sur la "famille", ce qu'il est aussi, mais au niveau de son interprétation la plus pauvre, c'est une sorte de conte fantastique au bord de la sf. Je serais tenté de parler de film d'horreur épistémologique et politique.


(A partir d'ici, attention, spoiling)

On compare ça à du Haneke, à du Sedl, à du Pasolini. Bof, non, c'est pas vraiment ça. On sent ces influences, mais ça part ailleurs...
Pour le dispositif, ce serait plutôt, au petit jeu des comparaisons, ce que Nolan a échoué à produire avec son "inception": le déroulé imperturbablement logique d'une hypothèse de "sf" intra-psychique (ici, une opération de dressage humain complète en vase clos, à base de programmation neuro-linguistique, un peu comme dans une nouvelle de Bradbury du "Pays d'octobre"). Ou, si on veut encore, "le village" de Shyamalan, mais à la ville, moins divertissant, sans sorcières de folklore et sans costumes.

Dans le Nolan, on comprend strictement rien, parce qu'il n'y a rien à comprendre, en fait. Le tube est creux. C'est un tour d'illusionniste, mais raté, on ne sent aucune fluidité dans le passage d'un plan de réalité à un autre. Les raccords sont bidonnés, et on se désintéresse rapidement de ce qui se passe, pour se consacrer aux traumas "psychanalytico-mémoriels" de Di-Caprio, aussi convenus que la tempête sous un crâne qui l'agitait dans "shutter island".

Ici, on n'arrête pas de s'étonner de ce qui se passe (car ce qui se passe défie littéralement notre entendement, et les plus sensibles n'iront pas jusqu'au bout), tout en se retrouvant à y réfléchir constamment, et à se dire: "mais non, c'est totalement cohérent, rien n'est fantaisiste ou surréaliste là-dedans".
On plonge dans un monde de pure folie, franchement oppressant tout en étant comique (la chorégraphie et la chanson apprises par coeur, en "yahourt"), et cette folie n'est rien d'autre qu'un processus de rationalisation poussé jusque dans ses ultimes conséquences.

Pour être un peu pédant, je dirais que c'est un film "foucaldien": il nous parle de conditions de réalité ou d'horizon de réalité produits par une épistémè, un paradigme, indissociables dans leur arbitraire d'un "savoir-pouvoir", d'un processus de contrôle, de gestion des corps et des têtes dans un espace-temps donné.

Là où le film est fort, c'est précisément par son caractère indécidable: contrairement au "village" de S cité pour l'analogie, le réalisateur nous refuse, du début à la conclusion, un point de vue en surplomb, transcendant les points de vue présentés et autorisant une résolution, dans une zone qui serait un "dehors".

ça en indisposera plus d'un. On pourrait croire que c'est un problème, que la fonction cathartique ou libératrice des "contes" est grippée, que nous sommes pris en otages, livrés à un point de vue pervers, et que donc voilà une fois encore un film bien "dégueulasse", qui ne remplit pas sa mission humaniste ou "émancipatrice".
C'est au contraire dans ce parti pris que le film atteint sa dimension véritablement critique (ou "réflexive", serait-on tenté de dire, si ce terme n'était désormais suspect).
Là ou "le village" nous rassure, nous infantilise, nous prenant par la main et nous conduisant gentiment vers la porte de "sortie", ouf, enfin le vrai monde retrouvé (malgré ses vicissitudes), le monde familier, accueillant, rassurant, avec ses gyrophares multicolores de voitures de police et leurs émissions radios qui grésillent (comme dans tout bon panoramique conclusif de fiction urbaine), "Canine" sème un doute inconfortable sur la possibilité de cette ouverture, et de ce fait nous dessille brutalement, sans prendre de gants, nous prenant au collet et semblant nous demander si le "dehors" n'est pas lui-même "enfermé", pour reprendre la formule de Blanchot. En tout cas, je l'ai vu comme ça.

La frontière entre le monde de "Canine" et le monde "extérieur" est incertaine. Dehors, loin, vastes entrepôts toujours plus ou moins déserts, d'un complexe usinaire dont le père est le super-pdg. De rare rapports inter-personnels gouvernés par une logique marchande (domestication, punitions, gratifications, terreur).

Le monde de "Canine" pousse juste cette logique de quelques degrés, de telle sorte que, dans cet effet de loupe grossissante, nous commençons sérieusement à nous inquiéter de ce que notre propre production de réalité, ou "savoir-pouvoir", dans laquelle nous nous mouvons (usages du langage, du corps, représentations du monde, processus de subjectivation et de socialisation, etc), ne diffère fondamentalement pas du dispositif psychotique auquel nous assistons. Et qui tout simplement nous est insupportable. Que nous supportons, pourtant, quelques degrés en dessous.

Oui, en effet, je te remercie pour cette précision.


Je parlais du "village" parce que l'analogie semblait s'imposer (la construction d'une réalité en vase clos), et, j'y pensais, pour précision, ça pourrait venir de cette vieille nouvelle de Bradbury, donc: "le diable à ressort" (on accuse souvent Shy de piller des bouts d'idées sans citer ses sources, alors pourquoi pas):

un petit garçon élevé par une mère paranoïaque, dans une immense demeure séparée de la ville par une clôture voilant la grand'route. Parce que le père est mort dans un accident de voiture sur cette grand'route.

Cette maison est l'univers, le plafond est la voûte céleste, etc. Dehors, c'est la mort.
Evidemment, la mère finit par se casser la pipe. Le petit garçon, après avoir longtemps essayé de la réveiller, finit par s'aventurer au delà de cette clôture.
A la fin de la nouvelle, on nous fait part d'une information donnée par un policier, qui aurait aperçu un petit garçon marcher le long d'un trottoir en répétant: "je suis mort, je suis mort..."




Mais bien sûr, le principe du Shyamalan est tout autre que le film décrit et aborde des problèmes différents: paranoïa, métaphore de l'Amérique sécuritaire repliée sur elle-même, etc.

Le twist final signifie révélation, pour le spectacteur surtout, et éventuellement les enfants qui habitent le village, d'un monde au delà de leur monde, qui le "transcende", donc. Je ne pense pas que le film "approuve" la décision finale d'y rester, il expose cette décision. Le reste, on peut se lancer dans l'interprétation...

La "résolution" dont je parle ici, ce n'est pas cette histoire de "pharmakos", c'est simplement, pour le spectateur, cette révélation épistémologique que le Village est un simulacre, la possibilité pour lui de différencier un "dedans" et un "dehors". Je ne dis pas plus que ça.


Dans "Canine", les problèmes sont donc différents tout en recoupant parfois ceux du "Village". Mais fort intéressants (sans être d'une folle originalité).
Plus particulièrement recentrés, à la manière d'une étude clinique, sur le dispositif de dressage en tant que tel, la programmation, le conditionnement; leurs effets sur les "enfants" (de jeunes adultes, en fait); les modes de "subjectivation" qu'ils induisent, des états de corps et langage; les processus d'apprentissage, qui consistent à désigner des objets (physiques ou non) par des mots qui usuellement en désignent d'autres (une forme de nov'langue destinée à annuler les possibilités de compréhension et de communication en dehors du champ familial); des exercices permanents, sous forme de défis à relever, de compétitions sportives, de paris (à base de récompenses ou de blâmes), de rites à accomplir; des croyances engrammées comme le rôle de la "canine" (le jour où votre canine gauche ou droite tombe , vous serez adulte, et quand elle repousse, vous pourrez conduire la voiture de papa pour sortir - car il est impossible de sortir sans la voiture, en raison de la présence de monstres cannibales au delà de la clôture. Un chat, par exemple, ayant fait intrusion dans le jardin; occasion d'une scène assez trash, sans précision).

C'est une famille de 5 personnes (plus une employée, qui vient de temps en temps, recrutée dans l'usine, suivant des consignes hyper-paramétrées, et se révélant un peu starbée elle-même), et il n'y a pas de révélation, ou alors, s'il y en a une (y aura pas de réponse à cette question, même si... Faut voir le film), elle sera sans doute extrêmement bizarre, et en tout cas pas évidente à saisir.

Pour plusieurs raisons possibles, qui ne sont pas développées et laissées à l'appréciation du spectateur (qui est aussi, par là, invité à réfléchir sur les "programmations" arbitraires formant l'épistémè à laquelle il appartient) :

il leur est psychiquement impossible de saisir le concept même d'un "simulacre"; leur monde est bâti par leur parent sur un système délirant mais qui n'est que la maximalisation d'une psychose régnant aussi à l'extérieur; il n'y a tout simplement pas de "dehors"; quelle est la durée de repousse d'une canine; etc, etc.


Enfin, c'est juste pour donner envie de voir le film que je raconte tout ça, hein. lol.


Bon, je vais me coucher, parce que je commence à ne plus avoir les idées très claires. Ma condition de réalité étant la nuit, et le jour une sorte de simulacre qui ne me concerne pas vraiment
Eyquem
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Message par gertrud04 Ven 11 Mar 2011 - 23:18

Merci magic Eyquem.

Et avec tes pouvoirs tu pourrais pas aussi faire réapparaître tout le forum... J'avais encore tellement de choses à relire dessus Crying or Very sad
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Message par Invité Dim 28 Oct 2012 - 21:20

je suis en train de le regarder et je trouve ça particulièrement chiant. Ca dépasse les limites du réalisme que je supporte. Les exercices de style ni les trucs tordus ne sont pour moi. Mais j'ai encore la fin pour changer d'avis.

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 9:43

jerzy a écrit :
Bcp seront tentés de le classer rapidement

ben c'est mon cas car je ne peux pas retenir des scènes hormis une ou deux qui d'ailleurs m'ont amusé - étaient-elles faites à cette intention ? - comme quand elle essaie avec une belle énergie de faire tomber sa canine - mais seulement des images éparses et qui mises bout à bout forment une petite boucle du récit qui me plaît, comme par certains côté le personnage du frère, mais c'est bien ténu.

je me rappelle d'un autre film grec, il y a deux ans à peu près bien traité par la critique et à côté duquel j'étais aussi passé.

je ne dirai pas que je suis allergique à ces films grecs modernes un peu trop marqués par l'art contemporain ce serait une généralisation bête mais quand même au cinéma comme ailleurs en ce moment il y a une absence de logique grecque à laquelle je suis plus que moins hermétique.

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 14:36

Salut slimfast, c'est clair que t'es pas obligé d'apprécier.

Je relève juste comme assez marrante la différence de perception; perso j'ai trouvé dans ce ce film non pas une absence de logique, mais une présence, je dirais même une hyperprésence de logique, un hyperlogicisme, donc - et c'est sa dimension comique. Cette façon de pousser la logique jusqu'à son degré de folie sociale la plus hermétique (c'est le mot).
Cette logique grecque se double, tu n'y a pas été sensible apparemment, d'une dimension politique assez saillante. Quant à la scène de la canine (attention, t'as spoilé, là), elle ne m'a pas amusé, elle m'a terrifié...

Mais c'est vrai, c'est un film dont l'accueil critique n'a pas été des plus folichons. Il s'est fait abattre à vue par presque tout le panel du mieux-disant légitime de la presse "cinéphilique" ...

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 15:29

salut Slimfast, Baudoin,
oui, l'aspect politique est très saillant. tel que je m'en souviens (ça fait un moment, tout ça), c'est l'objet immédiat des scènes à l'usine : rappeler que le père est le patron, rapproché les rapports économiques des rapports familiaux, et par contagion de l'ensemble des rapports sociaux, etc...
et oui aussi, la construction du film est "hyperlogique", au moins en apparence. j'étais ressorti de la salle avec l'impression que Lanthimos s'était amusé (si on peut dire) à mettre en place un dispositif, une machine, et à n'y introduire ensuite que le minimum, ou en tout cas des choses qui découleraient du dispositif (la prostituée pour calmer le fils, par exemple). (au fait, c'est grave de spoilé ?)
mais j'avais également trouvé, au delà de la justesse du constat quant à nos "épistémè"* , et regretté que la machine soit interdite de suivre son train, qu'au lieu d'en suivre le processus de l'intérieur, on en visite les pièces et morceaux les uns après les autres. en somme, que la belle machine ne fonctionnait pas, en fait. d'où je retirais justement une impression de surplomb, une volonté de ne laisser aucune chance à la situation et une certaine complaisance.
en même temps, ce que j'écris là, ce n'est pas loin de dire que Canine s'arrête avant de passer au burlesque - et je tombe dans la catégorie que tu avais prévue, de ceux qui n'y voient pas de "nouvelles possibilités de vie". et c'est assez injuste de ma part, ce rapprochement avec le burlesque (conditionné par les conditions dans lesquels je l'ai vu), qui n'est pas, ou de façon indirecte, dans le projet du film. il faudrait que je puisse le revoir.

*là, tu me fais ressembler un peu à M. Jourdain - j'ai des épistémè sans le savoir - quelle découverte ! Wink


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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 16:00

oui y'a la dimension politique c'est évident mais derrière le colonel de père, va savoir pourquoi, je voyais toujours tati faire ses conneries dans l'usine de matière plastique où on l'a embauché - c'est mon oncle ?

Impossible de prendre ce type au sérieux, ce film au sérieux, une scène au sérieux, à mon avis tout est raté et surtout ce parti pris d'asseoir vaguement les plans sur des références à l'art contemporain.

Il y a quelques années était sorti le film portugais O Fantasma qui créait un monde d'une tout autre étrangeté où courait le désir.

Dans Canine le désir ne circule pas. C'est ça que vous trouvez bien ?

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 19:38

C'est une figure de "colonel" ET de "PDG".


J'ai vu O Fantasma, mais excuse moi, y aucun rapport avec ce film. O Fantasma, c'est juste le contraire: c'est une allégorie sur un type qui veut actualiser intégralement son désir (sous un angle strictement érotique) jusqu'à érotisation de la matière même (une décharge publique, un sac plastique). C'est un film sur la toute-puissance de la libido dans sa dimension éventuellement mortifère. (Et perso, si je m'accorde de donner mon avis, j'ai peu goûté ce film. D'accord, le mec est mignon, musclé & sexy: sa combinaison en latex lui sied à ravir - juste assez pour un chouette pèlerinage à Compostelle, je veux dire, lol -, mais j'ai trouvé ça esthétisant et vain, et cette panoplie d'homo-érotisme chic et choc me faisait surtout penser aux déguisements qu'on trouve à la Samaritaine pour quelque soirée thématique Cuir-sado-maso dans un nightclub select)

ça n'a donc rien à voir avec Canine, et je ne vois pas pourquoi il faudrait les opposer, du seul fait qu'ils n'ont rien à voir.

Canine dénonce, si on veut, une machinerie de dressage-pouvoir pour précisément empêcher tout désir de circuler, annuler toute forme d"étrangeté". Elle y échoue peut-être, mais la conclusion reste "ouverte", malgré la volonté absolue d'enfermer le dehors, comme disait Blanchot commentant Foucault. Donc, d'une certaine manière, cet étouffement absurde, dans son hyperrationalité, du désir, fait ressortir l’irréductibilité d'un désir, ou encore d'un dehors.

Le sujet du film, c'est donc bien que le désir ne circule pas, en effet. Pourquoi alors le lui reprocher, et en déduire que c'est ça que "nous", enfin "je", trouve ça bien? ça n'a aucun sens.
C'est comme si je disais: Full metal jacket est un film sur le dressage, la transformation de marines - dont on veut annuler toute singularité personnelle d'affects, de sentiments - en machines à tuer. Et c'est ça que vous trouvez bien?

Ben... oui, notamment. Sinon, je peux lui opposer Mary Poppins, ou La mélodie du bonheur, qui créaient au moins un monde plus respirable, où courait le désir, etc...
Simple question de logique minimale, de cohérence, dans la critique, là-encore, histoire de comprendre de quoi on parle, de ne pas reprocher vainement à un film de traiter précisément le sujet qu'il se propose de traiter, sous prétexte qu'il aurait mieux fallu qu'il en traite un autre. Après, on peut ne pas aimer, trouver ça nul, certes. Mais au moins on se met un peu d'accord sur ce qui est vu ou donné à voir, la singularité du film en question...


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Lun 29 Oct 2012 - 20:17, édité 2 fois

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 19:57

je donne les images nettes, solaires, clean de Canine contre les images sales, brumeuses et sombres de Nuits d'ivresse printanière un mélo d'un réalisme noir. Une femme fait surveiller son mari qu'elle soupçonne de la tromper. Il voit effectivement quelqu'un mais c'est un autre homme. L'homosexualité taboue en chine passera vite au second plan, derrière l'âpreté et la violence des sentiments. On pense à Truffaut, à ce sujet mais aussi pour Jules et Jim. Mais le film doit beaucoup à la clandestinité dans laquelle il est filmé, le remplissage stérile des plans auquel il échappe et la violence ou la rage qui sourdent à la fois de la fiction mais aussi de façon raccord des conditions de sa réalisation.
Pour moi, un film superbe.

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 20:08

Mais donne ce que tu veux pour ce que tu veux, voyons. Je peux dire que je donne une mesure de Ma Mère l'Oye de Ravel contre toutes les symphonies de Mahler: il n'en demeure pas moins que si on peut goûter ceci ou cela, cela n'inclut nulle part une interprétation consistant à postuler que l'un et l'autre peuvent se comparer comme échouant, l'un, là où l'autre réussirait, sur un matériau identique. Mais justement, le matériau n'est pas identique.

Ce que tu fais, assez souvent, c'est que ta préférence personnelle et subjective t'amène à comparer, pour les hiérarchiser, des films qui n'ont strictement aucun rapport. En expliquant que le film A échoue à transmettre une émotion que le film B transmet. Mais justement, le film A ne cherche nulle part à transmettre cette émotion-là. On peut préférer B à A, mais il est aussi vain qu'absurde de les placer sur un même plan imaginaire, depuis lequel l'un réussit et l'autre échoue. Je préfère Tex Avery à Robert Bresson, mais je vais pas dire que Tex Avery réussit à transmettre l'émotion que Bresson tentait en vain d'exprimer, et me mettre à comparer les pertes et profits de l'un par rapport à l'autre.

C'est pourtant pas chinois ce que je raconte.


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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 20:09

non je voulais simplement dire que ce film portugais qui m'avait fait grosse impression s'employait à créer une ambiance à créer une atmosphère avec trois bouts de ficelle. Comme là, y'avait pas vraiment d'intrigue. C'est quand même le cas avec Canine. Après le rendu est différent mais le procédé est identique. Je pense encore à un autre film allemand que j'ai beaucoup aimé et est aussi un film "d'atmosphère" : c'est Bungalow.
Et j'ai oublié le titre de l'autre film grec dont je parlais : il y avait une scène farfelue où deux filles esquissaient un pas de danse plutôt excentrique. tu vois pas ?

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 20:15

non c'est pas chinois et je suis bien content que ce soir, par dessus le marché, tu ne m'engueules pas d'être comme je suis. Que veux tu ? Je bifurque pour y voir - pas très souvent - clair.
Parfois on se dit voir à la manière d'un autre ça doit être dépaysant. Je n'ai besoin de personne je me dépayse tout seul. lol.
Il n'empêche que je suis content pour toi.

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 20:31

enfin ton choix de Full Metal Jacket , est douteux car c'est tout simplement un très mauvais Kubrick.
Enfin c'est un film comme un autre : parler c'est ce qu'a montré l'échec d'Itard c'est reconnaître un objet dans une collection. Une assiette c'est n'importe quelle assiette pas une assiette en particulier.
Penser un film c'est pareil, c'est le penser dans la collection. Et je ne vois pas pourquoi il faudrait avoir nécessairement ton outil pour ce faire, l'interprétation diégétique. Moi je préfère les formes et l'architecture du bloc de sentiments qu'est cet objet.
Et donc je peux mettre en perspective deux films qui pour toi n'ont rien à voir car tu ne vois que le contenu. Na.

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 20:45

et je pense même que mon point de vue, même s'il est mal défendu, est bon car corroboré par une clique d'auteurs qui ont mon respect.
Et sauf le tien de respect, il me met beaucoup moins souvent en colère que le tien.

J'aime parce que j'aime. si j'explique, je retire à l'amour. Je suis un amant du cinéma, pas un amateur de cinéma. Mon pote Jankélévitch m'en a touché deux mots.


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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 20:56

slimfast a écrit:Et donc je peux mettre en perspective deux films qui pour toi n'ont rien à voir car tu ne vois que le contenu. Na.


Ouh la mauvaise foi, rha. Je parle pas que du contenu, justement, je parle aussi du régime d'affects, qui est différent. Contenu et régime d'affects sont d'ailleurs pour moi indissociables, donc je m'efforce de ne jamais les dissocier. C'est bien pourquoi je me contente de dire qu'il est vain d'opposer, en les comparant et en les hiérarchisant, un régime d'affects "x", procuré par l'expérience d'un film A, à un régime d'affects "y", procuré par l'expérience d'un film B, qui n'ont rien à voir.

Sinon, le point de vue (éventuellement) critique qu'on peut exprimer sur un film se réduit de facto, soit à l'énoncé qu'on préfère une émotion "x" à une émotion "y", ce qui est indiscutable et ne se prête à aucune forme de discussion, soit à l'énoncé, plus généralement, de la préférence personnelle pour ceci plutôt que cela, ce qui est tout aussi indiscutable et ne se prêtant à aucune forme de discussion.

Moi aussi, slimfast, je suis capable, si si, n'en doute pas, de préférer ceci à cela, de préférer une émotion à une autre, et tu n'a pas le monopole de l'expérience (esthétique - au sens de l'aesthesis, sensation, affect- ) du beau (lequel, rappelons-le, se définit pour Kant comme un universel sans concept, un plaisir désintéressé et une finalité sans fin).


PS:

FMJ, mauvais ou bon Kubrick, c'est toi qui le dis, mais surtout, peu importe dans mon explication qu'il soit bon ou mauvais. C'est l'exemple qui compte ici, qui donne bien à comprendre la distorsion logique de ton "et c'est ça que vous aimez?".

Enfin, soit. On discute, à la fraiche. Pris en flagrant délit de petite-bourgeoisie indifférente au sort des sdf aux abords des McDo de Pékin ou d'ailleurs. A 23h, c'est important. Very Happy


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Lun 29 Oct 2012 - 21:20, édité 2 fois

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 20:58

slimfast a écrit:
J'aime parce que j'aime. si j'explique, je retire à l'amour. Je suis un amant du cinéma, pas un amateur de cinéma. Mon pote Jankélévitch m'en a touché deux mots.



rhoô, ça continue.

Mais moi aussi, slimfast, je suis capable d'aimer, je suis un lover, un amant, de ce que j'aime. J'aime ce que j'aime et je n'aime pas ce que je n'aime pas, tu n'as pas le monopole de l'aimer, et pas besoin de me chanter la rengaine de Ferrat: "sais-tu ce que c'est qu'aiiiiimer, etc, rhzzz".

Oh mais hein, dis. Pff

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 21:17

Jerzy a écrit :
ça continue.

ça continue pas, c'est.

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 22:03

Non, ça n'est pas: là où ça parle, là où y a du désir, de l'affect, de l'amour, y compris dans le discours qui consiste à dire que ça échappe au discours, l'être manque, ou, autre façon de le signifier: l'être apparait comme se dérobant. Il apparait sur le fond de son retrait. Et c'est de ce manque, de ce retrait, que l'être peut advenir, comme soustrait au fantasme d'une pure présence, évidente et auto-suffisante, en deçà des mots pour la dire..

Ou encore: ce qu'on nomme l'être est affaire de langage, même s'il ne s'y réduit pas. Sans discours sur ce qui est, l'être n'apparaît nulle part ni pour personne. Dire, performativement, comme tu le fais sempiternellement: c'est, c'est du discours, ce sont des mots, c'est quitter l'être, sortir de l'être, de la plénitude fantasmée de cet être qui serait, en deça de tout discours.
Si c'était, seulement, simplement, just like that, tu n'aurais pas à le dire, tu ne pourrais même pas le dire.

Donc, ça continue.
Tu campes admirablement sur cette éternelle contra-diction de ceux qui discourent pour dire qu'on a pas à discourir. Une variante, ô combien stéréotypée, de cette posture, c'est bien la posture du pur amant: celui qui (dit qu'il) aime, simplement, sans en faire (dit-il, car il lui faut le dire) un discours, sans quoi il "retirerait" de cet amour. Ce faisant, il se contre-dit, et prouve exactement le contraire de ce qu'il affirme: que l'être, ou l'objet de son pur amour, sont pour lui surtout des mots, plus encore peut-être que pour ceux qui admettent habiter le monde depuis le langage: il est amoureux des mots plus encore que de la chose, du mot "être", du mot "amour", de leur rhétorique, de l'éternelle Rhétorique consistant à faire le procès de toute rhétorique. C'est pour ça qu'il n'en veut rien "expliquer", par crainte d'en "retirer" de cet amour tout de rhétorique, protégé de tout manque, de toute altération, par crainte d'en déchoir, de déchoir dans le réel, qui est manque d'être.
Aussi un des passe-temps favoris du pur amant, c'est d'additionner, accumuler, entasser, depuis sa citadelle close de pur amour du beau inaltéré, les pièces, les tableaux de son beau musée imaginaire, parquet d'antiquaire parfaitement ciré, pur étang limpide que nul souffle ne vient strier, que nulle stridence ne vient altérer, contredire ou impurifier, jamais. Un beau musée, oui, mais qui dit, oh oui, qui dit, pourtant, quelque chose, et de façon lancinante: "circulez, y a rien à voir, rien à dire".

Le pur amant du beau tomberait, s'il assumait le fait de parler en déniant qu'il parle, hors de l'être pur; il tomberait dans le manque, l'altération, l'impureté, l'écart. Or le manque, l'écart, l'altération, l'impureté, c'est tout ce qui fait un affect, un désir, un amour... Du moins dans une certaine pensée de la "négativité", bien sûr.
Deleuze ne serait pas d'accord, évidemment. Mais Deleuze n'affirmerait pas contre ça qu'il est impossible de parler, penser, conceptualiser. Tout au contraire, il dira que ce qu'on nomme l'affect, s'il n'est pas manque, est production de sens, de discours, de concept. Donc, jamais la coïncidence, imaginaire, fantasmée, à la chose-même, pure, telle qu'en soi-même.



Mais on va pas refaire un tour de manège sur ce sophisme digne des classes maternelles. On l'a fait, ad libitum, mais la foi du charbonnier, inaltérée...

Pourtant, même Bruckner, l'organiste de Saint-Florian, le paysan souabe, charbonnier de la foi inébranlable, dédiant sa 9è symphonie inachevée "au bon dieu", y fait entendre des cataclysmes terrifiants, des blocs de pure angoisse cosmique, questions sans réponses. Muss es sein, es muss sein! Disait Ludwig.


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Lun 29 Oct 2012 - 23:13, édité 1 fois

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Message par Eyquem Mer 2 Oct 2013 - 13:41

Cauchemardesquissime. C'est dire si ça m'a plu: je le classerais dans le genre "horreur", sous-section "cauchemar hyper rationnel", comme suggéré par Jerzy: j'adhère à tous tes messages postés plus haut, ceci en particulier:
Jerzy a écrit:"Canine" sème un doute inconfortable sur la possibilité de cette ouverture, et de ce fait nous dessille brutalement, sans prendre de gants, nous prenant au collet et semblant nous demander si le "dehors" n'est pas lui-même "enfermé", pour reprendre la formule de Blanchot. En tout cas, je l'ai vu comme ça.
qui me semble justement exprimer pourquoi le dernier plan est le plus atroce du film.

Je l'ai rattrapé via le site d'Arte, où il est visible en ce moment.

Tu as vu "Alps" ? Il est sur streamiz-filmze et je suis curieux de le voir maintenant.
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Message par Invité Mer 2 Oct 2013 - 21:10

Tu fais plaiz, Eyquem.


(Je note, pour Alps. En espérant que le lien reste dispo)



J'écris peu et court, en ce moment. Je prépare mon contrôle de l'onem. C'est pour demain. Un cauchemar sans dehors, mais non cinématographique. Wink 

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Message par Eyquem Mer 2 Oct 2013 - 21:18

ah merde! bon courage alors!

"Alps" y est encore ce soir, et en vo en plus.
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Message par Invité Mer 2 Oct 2013 - 21:44

En effet, et ça a l'air intéressant.

spoiler:

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Message par Invité Jeu 3 Oct 2013 - 14:40

http://dico-des-mots.com/definitions/traczir.html

alors ces allocs ?

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Message par Invité Jeu 3 Oct 2013 - 16:13

spoiler:

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Message par Invité Sam 5 Oct 2013 - 0:41

Alors, tu l'as vu ce Alps, Eyquem?

Question "récompense", c'était plutôt une punition, en ce qui me concerne.

C'est pô. Vraiment, je sais po... Laughing

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