Winter's Bone (D. Granik)
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Eyquem
Largo
6 participants
Winter's Bone (D. Granik)
Eyquem :
Gertrud04 :
J'ai aussi vu ce film hier et j'ai trouvé ça assez réussi. On parle pas mal des Coen ces derniers temps, et j'ai repensé à leur premiers films, Fargo & co, en me disant que c'était un peu le même point de départ : une intrigue policière dans l'Amérique profonde, mais délesté de la méchanceté et de l'ironie des deux frères. Le trait reste néanmoins épais, les personnages ont tous "des gueules" et on est jamais loin de la caricature involontaire des bouseux de la campagne.
Le film se tient à mi-chemin entre l'intrigue policière et la chronique familiale, on s'attend à ce que la première prenne le pas sur la seconde et puis finalement, non. La réalisatrice a l'intelligence de ne pas céder à la tentation du suspens pour tenir le rythme. Elle attache autant d'importance à une chasse à l'écureuil entre frères et soeurs qu'à la quête de l'ainée pour retrouver le père dealer. Cet enjeu, cette inconnue de départ, sert plutôt de prétexte à l'exploration de la communauté dans laquelle l'héroïne a grandi.
La photo oscille du gris pâle au marron foncé, elle m'a rappelé les peintures d'Andrew Wyeth :
"Winter's bone", à première vue, ressemble à pas mal de petits films indépendants. Mais il laisse le souvenir tenace d'une enquête qui, au lieu de s'éclaircir, s'opacifie à mesure qu'elle progresse.
Gertrud04 :
En revanche, pas trop aimé winter's bone : son naturalisme un peu forcené (surtout les dernières scènes dans le marais qui ne font pas dans la dentelle) m'a à vrai dire pas mal rebuté. Et puis entendre Michel Ciment au Masque et la plume prédire qu'on tenait là l'un des meilleurs films de l'année a fini par me rendre le film totalement antipathique.
Mais je sais Eyquem que tu ne feras qu'une bouchée de cet argument de mauvaise foi... Wink
J'ai aussi vu ce film hier et j'ai trouvé ça assez réussi. On parle pas mal des Coen ces derniers temps, et j'ai repensé à leur premiers films, Fargo & co, en me disant que c'était un peu le même point de départ : une intrigue policière dans l'Amérique profonde, mais délesté de la méchanceté et de l'ironie des deux frères. Le trait reste néanmoins épais, les personnages ont tous "des gueules" et on est jamais loin de la caricature involontaire des bouseux de la campagne.
Le film se tient à mi-chemin entre l'intrigue policière et la chronique familiale, on s'attend à ce que la première prenne le pas sur la seconde et puis finalement, non. La réalisatrice a l'intelligence de ne pas céder à la tentation du suspens pour tenir le rythme. Elle attache autant d'importance à une chasse à l'écureuil entre frères et soeurs qu'à la quête de l'ainée pour retrouver le père dealer. Cet enjeu, cette inconnue de départ, sert plutôt de prétexte à l'exploration de la communauté dans laquelle l'héroïne a grandi.
La photo oscille du gris pâle au marron foncé, elle m'a rappelé les peintures d'Andrew Wyeth :
Re: Winter's Bone (D. Granik)
Toutes proportions gardées, j'ai trouvé que le film avait quelque chose de faulknérien. Sans avoir lu le roman dont c'est adapté, ça paraît son modèle évident. A plusieurs titres : même délimitation d'un comté, dont le personnage retrace, par ses déambulations, la généalogie, qui reste lacunaire, sujette à des confusions. Mêmes circonvolutions narratives, tournant autour des événements passés et présents de telle manière qu'on se demande toujours "qu'est-ce qui se passe ? qu'est-ce qui s'est passé ?" J'ai trouvé que ça donnait quelques scènes d'une grande intensité (en particulier dans la seconde partie).Gertrud a écrit:pas trop aimé winter's bone : son naturalisme un peu forcené (surtout les dernières scènes dans le marais qui ne font pas dans la dentelle) m'a à vrai dire pas mal rebuté.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Winter's Bone (D. Granik)
Woodrell qui a fait le bouquin c'est pas le gars dont on dit qu'il a inventé le country noir ?
DB- Messages : 1528
Re: Winter's Bone (D. Granik)
Eyquem a écrit:Toutes proportions gardées, j'ai trouvé que le film avait quelque chose de faulknérien. Sans avoir lu le roman dont c'est adapté, ça paraît son modèle évident.
Sûrement parce que j'avais lu ton post avant de voir le film, j'ai pensé à Faulkner tout le temps, même quand y avait rien qui puisse y faire penser. C'était étrange. Façon peut-être de ne pas voir, de ne pas regarder simplement ce que le film nous montre. (La ferme en haut de la colline, où la fille se fait tabasser, c'est un peu comme ce lieu dans "Sanctuaire" où a lieu le viol. On n'y fabrique pas de l'alcool mais de la "meth" - mais peut-être j'ai complètement fantasmé ce lieu : qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qui arrive... mais aussi, où on est ?)
La caricature des "bouseux de la campagne", j'ai trouvé que c'était plutôt évité. Le personnage de la fille est assez étrange. La scène de l'entretien avec le sergent pour s'engager dans l'armée - on s'attend pas trop à ce qu'elle dise : à part l'argent, j'ai pensé que ça serait bien de voyager un peu...
Au début du film, deux petites scènes qui se suivent, un peu trop signifiantes. Dans cet endroit lui aussi plutôt indéfini, d'abord une sorte de cours pour apprendre à tenir dans ses bras un nouveau-né ; puis dans un gymnase, un entraînement militaire : un petit groupe qui apprend à marcher en cadence sous un panier de basket. À chaque fois (et de la même façon), la fille regarde, se tenant pensive sur le seuil de la porte.
De manière inattendue, l'intrigue policière se résout finalement très vite. Ce qui rend, après la scène de la tronçonneuse et du cadavre dans le marais (qui dénote effectivement avec le reste), la fin un peu curieuse.
Leurtillois- Messages : 131
Re: Winter's Bone (D. Granik)
Bonjour à toutes et à tous, mon premier message ici.
Vu hier soir. J'ai bien aimé, belle photo. Il y a pas mal de choses intéressantes autour de ce film à dire je crois.
Dans Winter's Bone, ce sont toujours les femmes qui font les intermédiaires. Les hommes, eux, restent dans l'ombre et en disent peu. C'est la scène de la grange en résumé : les femmes tabassent, les hommes restent autour, silencieusement.
Ree croit dur comme fer aux valeurs de la famille, à l'entraide, la fierté d'être une Dolly.
Mais la famille est déjà gangrenée d'avance : le père inexistant, la meth, les cousins dégénérés.
En même temps, elle est tiraillée entre le foyer et l'aventure (les bébés vs l'armée). Comme elle le dit, elle veut s'engager pour l'argent mais aussi pour les voyages.
Quand elle coupe les mains du père, est-ce qu'elle ne se débarrasse pas aussi un peu de son emprise ? Du poids d'être "la cheffe de famille" ?
Vu hier soir. J'ai bien aimé, belle photo. Il y a pas mal de choses intéressantes autour de ce film à dire je crois.
Dans Winter's Bone, ce sont toujours les femmes qui font les intermédiaires. Les hommes, eux, restent dans l'ombre et en disent peu. C'est la scène de la grange en résumé : les femmes tabassent, les hommes restent autour, silencieusement.
Ree croit dur comme fer aux valeurs de la famille, à l'entraide, la fierté d'être une Dolly.
Mais la famille est déjà gangrenée d'avance : le père inexistant, la meth, les cousins dégénérés.
En même temps, elle est tiraillée entre le foyer et l'aventure (les bébés vs l'armée). Comme elle le dit, elle veut s'engager pour l'argent mais aussi pour les voyages.
Quand elle coupe les mains du père, est-ce qu'elle ne se débarrasse pas aussi un peu de son emprise ? Du poids d'être "la cheffe de famille" ?
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Winter's Bone (D. Granik)
Welcome par ici, Doc' (c'est plus facile que le nom complet, ma foi) !
Ca m'a surpris aussi cette emprise des femmes, sur la famille, c'est assez habituel, mais sur le business, c'est plus étonnant, peut-être parce que les deux sont liés et que les hommes paraissent tous ravagés. Ces femmes ont une dureté incroyable (leur visage, à l'image de leur caractère).
Elle se libère de la menace d'expropriation qu'il avait fait peser sur la famille, mais ça ne la libère pas de ses responsabilités vis-à-vis du frère, de la soeur et de la mère..
Ca m'a surpris aussi cette emprise des femmes, sur la famille, c'est assez habituel, mais sur le business, c'est plus étonnant, peut-être parce que les deux sont liés et que les hommes paraissent tous ravagés. Ces femmes ont une dureté incroyable (leur visage, à l'image de leur caractère).
Quand elle coupe les mains du père, est-ce qu'elle ne se débarrasse pas aussi un peu de son emprise ? Du poids d'être "la cheffe de famille" ?
Elle se libère de la menace d'expropriation qu'il avait fait peser sur la famille, mais ça ne la libère pas de ses responsabilités vis-à-vis du frère, de la soeur et de la mère..
Re: Winter's Bone (D. Granik)
Les hommes, eux, sont parmi les bêtes (la vente du bétail plus la course poursuite où le cousin de Ree cours parmi les vaches). Dans la scène de l'anniversaire, c'est aussi la chanteuse "le leader" du groupe et les hommes sont accompagnateurs.
J'ai bien aimé aussi l'apprentissage de la chasse.
J'ai bien aimé aussi l'apprentissage de la chasse.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
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