White Material (C. Denis)
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White Material (C. Denis)
Imagerie / Iconographie
Vu le dernier film de Claire Denis qui s’appelle White material : amertume terrible, mais pas tout à fait la gueule de bois, parce qu’au fond je le savais déjà, depuis Beau Travail, sans doute pas avant, et pourtant : depuis Nénette et Boni, je savais sans doute combien Claire Denis fait du Claire Denis ─ ou plutôt je le pense à rebours, ce qui est terrible, et néanmoins patent. S’il y a un point commun entre tous les cinéastes authentifiés auteurs internationaux, il réside avant tout dans un rapport morbide à l’image, à l’icône en tant que telle, et plus du tout au plan ou au temps qui passe. Mais dans le même temps le ressort pervers de la chose, c’est qu’ils continuent à faire semblant de tourner des plans. Or ce n’est plus par leur rapport à l’espace, par la place de la caméra, ni par la durée des plans ou leur rapport au temps qui passe (ou ne passe pas) que ces auteurs se singularisent : c’est par la singularisation de l’image, donc avant tout : prééminence de l’attitude lascive des comédiens, primauté accordée à la beauté des corps, des visages, des postures des acteurs. Et puis, éventuellement : beauté des paysages (les vallons africains de White material), photographie léchée, jeu sur les flous et la profondeur de champ, etc., dans un but purement esthétique ou esthétisant, en tout cas jamais en incidence avec un enjeu de mise en scène ─ des ray-ban sur le nez de Vincent Gallo à l’arrière de la décapotable, dans le dernier Coppola ─ auquel il faudra revenir, même si le temps des Outsiders est décidément bien loin ─ jusqu’aux films estampillés « asiatiques », de certains cinéastes sans foi ni loi, de Wong Kar-wai à Tsai Ming-liang, ces deux derniers ayant pour point commun non négligeable de travailler avec des couturiers, et de faire des films qui ne sont que de longues et fastidieuses publicités pour du prêt-à-porter (Wong), ou pour de la haute couture (Tsai).
Je pense que cette imagerie venue tout droit de la publicité ─ et qui infecte même les films les plus « singuliers » ou « auteuristes », et d’ailleurs cause à ces derniers un mal terrible, évidemment, là plus qu’ailleurs, puisqu’ailleurs c’était de toute façon sa place, le commerce, la pub, la séduction, l’audimat ─ cette imagerie va peu à peu s’étioler en perdant d’abord de sa superbe : en effet, elle est née exclusivement d’une idéologie individualiste et forcenée, et n’a été permise que par l’expansion économique à tout crin, et d’ailleurs « au forceps » ─ l’échec en Europe de la politique économique « au coup de trique » conjuguée à la politique monétaire de l’euro fort, bref l’échec d’une politique de croissance à tout prix le montre très bien. Donc, si nous sommes contraints ─ ouf ! ─ à dévaluer la monnaie, et malheureusement sans doute si nous vivons également une vraie période de récession, donc de déflation durable, toute cette imagerie, qui ne vaut que pour les « gagnants », pour les beaux et pour les forts, qui est issue d’une idéologie de toute-puissance, non pas toute cette imagerie, dont une bonne part perdurera sans doute dans la pub et à la télé, tout en se faisant tout de même plus aléatoire, mais disons que cette imagerie se dissipera comme un nuage, disons au moins dans les films et dans les images pas tout à fait « conformées » (qui certes ont pour l’instant presque complètement disparu).
Malheureusement, tout ça va laisser des traces, et franchement il serait étonnant que le cinéma s’en relève de si tôt, si toutefois il s’en relève (enfin tout de même, je le pense, si je n’ose « y croire »).
White Material : malaise premier, celui du retour du colon sur ses traces. Pour quoi faire ? me demandai-je bien avant la projection, dès que j’entendis évoquer le sujet du film ─ d’ailleurs à grand renfort de publicité télévisée. Mais quel est-il, ce sujet ? Bien malin qui pourrait l’affirmer avec assurance. Que (re-)vient faire Claire Denis en Afrique ?
Réponse : filmer la fin des temps. Guerre civile aux confins de l’horreur et de l’incommensurable. Incompréhensible d’abord : on ne sait jamais qui domine, qui prend le dessus, probablement personne, entre les « rebelles » et l’armée ou la milice officielle. De toute façon le conflit en soi n’intéresse aucunement Claire Denis. Et cela, c’est tout à son mérite : l’un des films américains les plus franchement dégueulasses de ces dernières années n’est-il pas Blood diamond, dans lequel une star mondialement adulée entend nous prendre par la main pour nous expliquer comme se passe l’exploitation du tiers-monde, remplaçant au passage (évidemment c’est Daney qui l’avait vu, et dit, avant tout le monde) toute image réelle par une imagerie humanitaire rodée depuis bien longtemps. Dans ce sens, Claire Denis prend franchement à rebours les récentes fictions « géopolitiques » à l’américaine, et son film n’est pas dénué de « morale » : c’est d’ailleurs vrai d’abord au niveau de la « fable », au niveau du récit, puisque toute la famille de blancs périra (ce qu’annonçait le titre en un dernier et glaçant retournement : le « black material », ce sont les ouvriers noirs, les esclaves, les sous-hommes des anciennes colonies ─ expression qui rappellerait Coke en stock, Tintin et la fiction du complexe de culpabilité du colon ─ une fiction et rien d’autre, évidemment, d’ailleurs une fiction sordide, sale, honteuse et bancale).
Qu’en est-il de la « fiction » que nous propose White material ? Et d’abord, le film échappe-t-il vraiment à la fiction cache-sexe de la culpabilité blanche ? Si on prend le récit pour ce qu’il est, la fable pour ce qu’elle raconte, la réponse est non ! Voilà qui me gène au premier chef. Passons pour le moment, sachant qu’il faudra y revenir.
Disons pour commencer que le film semble avoir une « morale ». On examinera ladite morale dans un second temps. Le film, dans sa forme, distille des fragments de séquences, comme des blocs de temps parfaitement autonomes et hétérogènes, fidèle en cela au rapport qu’entretient depuis toujours la cinéaste au plan, au montage et à la construction narrative. Chaque personnage tire sa présence, son existence de personnage, de ces fragments de durée que nous partageons avec lui. Par ailleurs le mouvement du corps (souvent à pied), parfois transporté par un véhicule (voiture) ou un autre (moto), singularise lui aussi les personnages, chacun ayant son propre rythme, non seulement de déplacement, mais sa propre respiration. D’ailleurs dans les premières séquences ils ne se croisent pas (le mari et la femme se manquent d’ailleurs volontairement chez le maire de la ville, où ils se sont tous deux rendus, et le savent, mais où ils ne se verront pas). C’est comme si chaque personnage vivait dans son propre système de rapport au monde, son propre système de relation. Dans le même temps cela singularise et distancie le personnage : il est à la fois intensément présent, qui plus est par des blocs incroyables de perception pour le spectateur, et impénétrable, in-préhensible, hétérogène aux autres personnages comme au spectateur.
Cette morale, qui est un vrai rapport au monde, fût-il indéchiffrable, cette morale nous la connaissons : depuis Chocolat, depuis S’en fout la mort (auquel White material me fait beaucoup penser), elle n’a pas changé, preuve que Claire Denis est pour le moins un véritable, et un grand, artiste. Alors pourquoi ai-je tant de réserve, comme on dit, vis-à-vis du film ? Pourquoi tant de réserve depuis Beau Travail ? (Je n’ai pas vu 35 rhums). Premier signe : l’arrivée d’un acteur non neutre, pas plus neuf qu’innocent : Michel Subor. Et puis dans ce film-ci : le drôle de mélange, le couple improbable, que Claire Denis rend presque trop probable à force d’être probant, c’est-à-dire approuvé par les faits, par la juxtaposition des plans : Huppert-Lambert. Alors là…
D’abord, première réserve immédiatement exprimée : l’imagerie évoquée précédemment. Ça n’est pas sans rapport avec les acteurs, avec leurs visages comme avec leurs corps. En tout cas avec celui d’Isabelle Huppert, dont la silhouette presque décharnée enjolivait déjà tout récemment deux films à l’imagerie résolument exotique (et franchement désinvolte, pour ne pas dire malhonnête) : deux films pourtant très différents par leur sujet, mais qui se rejoignaient sur le motif casse-bonbons de « l’adaptation lettrée », autant que littéraire : il s’agissait de Villa Amalia, et de Barrage contre le Pacifique. Or ce dernier était déjà un « film de colonie », et comportait donc le bagage inévitable de l’imagerie coloniale, ou précoloniale, ou encore post-coloniale, puisqu’en fait il n’y a aucune différence (des chaînes de grands magasins de meubles exotiques sont là pour en témoigner) : l’image d’Epinal des colonies est toujours la même, fidèlement préservée, attestant d’une nostalgie qu’on n’arrive même pas à cacher. C’est logique, puisque la colonisation est plus active que jamais, à travers par exemple les délocalisations d’entreprises, et la colonisation économique.
J’ai appris hier à la télé (sur la cinquième, dernière chaîne française où l’on peut encore, souvent, apprendre) que la colonisation est plus forte que jamais en Afrique, où désormais les investisseurs indiens le disputent aux européens et aux américains, en tout cas pour ce qui est d’exproprier les paysans éthiopiens, puis de les employer ensuite à exploiter une terre qui ne leur appartient plus, tout cela aux fins d’une agriculture ultra-extensive dans des plaines très fertiles, et bradées dix dollars l’hectare (dix dollars l’hectare ! pour un an !!!) par un Etat-fantôme. (Là vraiment je me dis qu’il faudrait que je revoie Beau Travail, qui décidément ne me laisse pas tranquille).
Et Claire Denis dans tout ça ? Elle nous fournit, encore et toujours, et je l’en tiens pour responsable, un nouvel avatar d’imagerie coloniale. Ce n’était pas le cas de Chocolat, dont pour commencer le héros était noir. Et ça change beaucoup de choses. Et n’était pas star. Et ça change tout. Ça faisait du film lui-même un acte politique. Enfin on sait que Claire Denis n’est pas n’importe qui. Qu’elle reste un grand artiste.
Mais comment défendre les plans de beaux paysages africains qui ponctuent çà et là la fiction de l’homme blanc déchu que nous propose White material ? Comment ne pas voir que ce sont exactement les même images que celles de Gorilles dans la brume ? Bien sûr il y a chez Claire Denis une attention de chaque plan à l’écoulement du temps, à la vie, et à la marche de la mort. La mort rôde dans chaque plan d’un film de Claire Denis, à commencer par ce premier plan de la course ininterrompue à moto, Isabelle Huppert levant les bras dans une espèce de posture christique assez déroutante, et planant comme, ou appelant peut-être, la mort. Le plan, me semble-t-il, sera interrompu brutalement par une « coupe franche », laissant comme indéterminée l’issue de l’action et suspendue l’idée de la mort. Le danger d’une chute mortelle est patent dans ce plan. Il est à l’image de tout le film. Depuis S’en fout la mort, chaque film de Claire Denis est une course entre la vie et la mort de personnages bien décidés à aller jusqu’au bout d’eux-mêmes et de leur désir, quoiqu’il en coûte, sans le moindre doute, jamais. Les personnages de Claire Denis ne doutent pas. Depuis lors, il est difficile de ne pas songer à une espèce de surenchère, de film en film, vers un dépassement toujours plus violent, toujours plus indépassable. Cela donne l’idée peu à peu désagréable d’une vieille recette qui à force d’être appliquée n’est plus seulement amorale de la part des personnages, mais aussi, petit à petit, et à son corps défendant, de la part de la cinéaste. Parce que le problème est peut-être que d’un sujet à l’autre (et ils sont tout de même variés) la recette ne varie pas d’un iota.
L’imagerie, encore : la fin du film rejoint presque, picturalement, celle d’Apocalypse Now. La trajectoire des personnages, et du monde autour d’eux, fait d’ailleurs penser à l’épopée conradienne. Ce qui m’ennuie, bien sûr, ce n’est pas le parcours, c’est le point d’arrivée : non pas les ténèbres, loin de là, mais une imagerie presque puérile, tant elle se veut une représentation du « bout de l’humain », de ses derniers retranchements, de l’horreur. Au final, elle n’est qu’un gentil cauchemar éveillé, presque ridicule. On est très loin des représentations premières du mal, de la pulsion, qui étaient portées dans les premiers films par les comédiens (souvent noirs) tout au long du film, mais jamais par l’image, qui se contentait d’enregistrer, et de montrer des blocs de temps. Enfin tout ça est très vite dit, un peu forcé, mais le contraste entre ces premiers films, particulièrement S’en fout la mort et J’ai pas sommeil, et le dernier, ce contraste est sidérant.
Dans White material, comment distinguer entre la tribalité et le retour du refoulé ? Si la tribalité et la guerre civile africaines sont le refoulé des blancs, et des pays développés, alors comment présenter le sujet du film autrement qu’en disant : « Claire Denis se sert des guerres civiles africaines comme d’une métaphore pour mieux décrire le malaise de l’occident. » Mais alors c’est tourner le dos au cinéma ! C’est faire une métaphore littéraire, qui plus est assez rance et de mauvais aloi, digne des écrivains « coloniaux », qui sont légion (non pas Duras, évidemment, mais Pierre Loti, Jules Verne, Paul Claudel etc.)
Et puis, au bout de quoi va-t-on dans White material ? Au bout d’un acharnement à la fois stupide, inhumain et condamné d’emblée. En quoi le sujet (une femme chef d’entreprise qui sacrifie sa vie et sa propre famille, à son commerce) peut-il nous concerner, nous spectateur de cinéma ? En littérature, la métaphore pourrait garder son éloquence : l’aveuglement auquel mène la cupidité, la civilisation occidentale qui précipite le monde entier dans le gouffre du profit, etc. Mais en film, et surtout chez Claire Denis, ce sujet ne peut pas prendre. Le cinéma, le vrai cinéma, ne juge pas ses personnages : il leur offre au contraire d’exister. À plus forte raison, c’est le cas du cinéma de Claire Denis, et c’est l’une de ses plus grandes forces. Mais dans White material, cette existence même devient inepte, voire méprisable. Oui. C’est le choix du sujet qui devient finalement condamnable (choix du sujet du film par Claire Denis, choix de vie du sujet-personnage). Et il ne reste rien d’autre. Ce que je vois là, c’est l’incompatibilité radicale entre cinéma et récit littéraire, entre personnage de cinéma, et personnage littéraire, entre représentation cinématographique, et représentation littéraire. Là où le cinéma se colletine de l’humain, la littérature a des idées, là où le cinéma commence à penser, la littérature ne fait que raconter. Le cinéma commence par le concret du temps et du « facteur humain » (comme disait Preminger) ─ l’enregistrement ─ pour finir par donner des idées ─ le montage. La littérature, elle, commence directement par avoir des idées (les mots), et trouve alors une histoire pour les porter.
Qu’en est-il du cinéma de Claire Denis ? Il me semble qu’elle était déjà allée au plus loin qu’il est possible dans Trouble every day, qui ne semblait avoir d’autre enjeu que de tenir, de continuer à filmer jusqu’à complète traversée de l’horreur humaine. La suite ne serait donc qu’une prolongation, certes combattive, mais pourtant vaine. Comme celui de ses personnages, le combat de Claire Denis semble avoir perdu le sens.
Vu le dernier film de Claire Denis qui s’appelle White material : amertume terrible, mais pas tout à fait la gueule de bois, parce qu’au fond je le savais déjà, depuis Beau Travail, sans doute pas avant, et pourtant : depuis Nénette et Boni, je savais sans doute combien Claire Denis fait du Claire Denis ─ ou plutôt je le pense à rebours, ce qui est terrible, et néanmoins patent. S’il y a un point commun entre tous les cinéastes authentifiés auteurs internationaux, il réside avant tout dans un rapport morbide à l’image, à l’icône en tant que telle, et plus du tout au plan ou au temps qui passe. Mais dans le même temps le ressort pervers de la chose, c’est qu’ils continuent à faire semblant de tourner des plans. Or ce n’est plus par leur rapport à l’espace, par la place de la caméra, ni par la durée des plans ou leur rapport au temps qui passe (ou ne passe pas) que ces auteurs se singularisent : c’est par la singularisation de l’image, donc avant tout : prééminence de l’attitude lascive des comédiens, primauté accordée à la beauté des corps, des visages, des postures des acteurs. Et puis, éventuellement : beauté des paysages (les vallons africains de White material), photographie léchée, jeu sur les flous et la profondeur de champ, etc., dans un but purement esthétique ou esthétisant, en tout cas jamais en incidence avec un enjeu de mise en scène ─ des ray-ban sur le nez de Vincent Gallo à l’arrière de la décapotable, dans le dernier Coppola ─ auquel il faudra revenir, même si le temps des Outsiders est décidément bien loin ─ jusqu’aux films estampillés « asiatiques », de certains cinéastes sans foi ni loi, de Wong Kar-wai à Tsai Ming-liang, ces deux derniers ayant pour point commun non négligeable de travailler avec des couturiers, et de faire des films qui ne sont que de longues et fastidieuses publicités pour du prêt-à-porter (Wong), ou pour de la haute couture (Tsai).
Je pense que cette imagerie venue tout droit de la publicité ─ et qui infecte même les films les plus « singuliers » ou « auteuristes », et d’ailleurs cause à ces derniers un mal terrible, évidemment, là plus qu’ailleurs, puisqu’ailleurs c’était de toute façon sa place, le commerce, la pub, la séduction, l’audimat ─ cette imagerie va peu à peu s’étioler en perdant d’abord de sa superbe : en effet, elle est née exclusivement d’une idéologie individualiste et forcenée, et n’a été permise que par l’expansion économique à tout crin, et d’ailleurs « au forceps » ─ l’échec en Europe de la politique économique « au coup de trique » conjuguée à la politique monétaire de l’euro fort, bref l’échec d’une politique de croissance à tout prix le montre très bien. Donc, si nous sommes contraints ─ ouf ! ─ à dévaluer la monnaie, et malheureusement sans doute si nous vivons également une vraie période de récession, donc de déflation durable, toute cette imagerie, qui ne vaut que pour les « gagnants », pour les beaux et pour les forts, qui est issue d’une idéologie de toute-puissance, non pas toute cette imagerie, dont une bonne part perdurera sans doute dans la pub et à la télé, tout en se faisant tout de même plus aléatoire, mais disons que cette imagerie se dissipera comme un nuage, disons au moins dans les films et dans les images pas tout à fait « conformées » (qui certes ont pour l’instant presque complètement disparu).
Malheureusement, tout ça va laisser des traces, et franchement il serait étonnant que le cinéma s’en relève de si tôt, si toutefois il s’en relève (enfin tout de même, je le pense, si je n’ose « y croire »).
White Material : malaise premier, celui du retour du colon sur ses traces. Pour quoi faire ? me demandai-je bien avant la projection, dès que j’entendis évoquer le sujet du film ─ d’ailleurs à grand renfort de publicité télévisée. Mais quel est-il, ce sujet ? Bien malin qui pourrait l’affirmer avec assurance. Que (re-)vient faire Claire Denis en Afrique ?
Réponse : filmer la fin des temps. Guerre civile aux confins de l’horreur et de l’incommensurable. Incompréhensible d’abord : on ne sait jamais qui domine, qui prend le dessus, probablement personne, entre les « rebelles » et l’armée ou la milice officielle. De toute façon le conflit en soi n’intéresse aucunement Claire Denis. Et cela, c’est tout à son mérite : l’un des films américains les plus franchement dégueulasses de ces dernières années n’est-il pas Blood diamond, dans lequel une star mondialement adulée entend nous prendre par la main pour nous expliquer comme se passe l’exploitation du tiers-monde, remplaçant au passage (évidemment c’est Daney qui l’avait vu, et dit, avant tout le monde) toute image réelle par une imagerie humanitaire rodée depuis bien longtemps. Dans ce sens, Claire Denis prend franchement à rebours les récentes fictions « géopolitiques » à l’américaine, et son film n’est pas dénué de « morale » : c’est d’ailleurs vrai d’abord au niveau de la « fable », au niveau du récit, puisque toute la famille de blancs périra (ce qu’annonçait le titre en un dernier et glaçant retournement : le « black material », ce sont les ouvriers noirs, les esclaves, les sous-hommes des anciennes colonies ─ expression qui rappellerait Coke en stock, Tintin et la fiction du complexe de culpabilité du colon ─ une fiction et rien d’autre, évidemment, d’ailleurs une fiction sordide, sale, honteuse et bancale).
Qu’en est-il de la « fiction » que nous propose White material ? Et d’abord, le film échappe-t-il vraiment à la fiction cache-sexe de la culpabilité blanche ? Si on prend le récit pour ce qu’il est, la fable pour ce qu’elle raconte, la réponse est non ! Voilà qui me gène au premier chef. Passons pour le moment, sachant qu’il faudra y revenir.
Disons pour commencer que le film semble avoir une « morale ». On examinera ladite morale dans un second temps. Le film, dans sa forme, distille des fragments de séquences, comme des blocs de temps parfaitement autonomes et hétérogènes, fidèle en cela au rapport qu’entretient depuis toujours la cinéaste au plan, au montage et à la construction narrative. Chaque personnage tire sa présence, son existence de personnage, de ces fragments de durée que nous partageons avec lui. Par ailleurs le mouvement du corps (souvent à pied), parfois transporté par un véhicule (voiture) ou un autre (moto), singularise lui aussi les personnages, chacun ayant son propre rythme, non seulement de déplacement, mais sa propre respiration. D’ailleurs dans les premières séquences ils ne se croisent pas (le mari et la femme se manquent d’ailleurs volontairement chez le maire de la ville, où ils se sont tous deux rendus, et le savent, mais où ils ne se verront pas). C’est comme si chaque personnage vivait dans son propre système de rapport au monde, son propre système de relation. Dans le même temps cela singularise et distancie le personnage : il est à la fois intensément présent, qui plus est par des blocs incroyables de perception pour le spectateur, et impénétrable, in-préhensible, hétérogène aux autres personnages comme au spectateur.
Cette morale, qui est un vrai rapport au monde, fût-il indéchiffrable, cette morale nous la connaissons : depuis Chocolat, depuis S’en fout la mort (auquel White material me fait beaucoup penser), elle n’a pas changé, preuve que Claire Denis est pour le moins un véritable, et un grand, artiste. Alors pourquoi ai-je tant de réserve, comme on dit, vis-à-vis du film ? Pourquoi tant de réserve depuis Beau Travail ? (Je n’ai pas vu 35 rhums). Premier signe : l’arrivée d’un acteur non neutre, pas plus neuf qu’innocent : Michel Subor. Et puis dans ce film-ci : le drôle de mélange, le couple improbable, que Claire Denis rend presque trop probable à force d’être probant, c’est-à-dire approuvé par les faits, par la juxtaposition des plans : Huppert-Lambert. Alors là…
D’abord, première réserve immédiatement exprimée : l’imagerie évoquée précédemment. Ça n’est pas sans rapport avec les acteurs, avec leurs visages comme avec leurs corps. En tout cas avec celui d’Isabelle Huppert, dont la silhouette presque décharnée enjolivait déjà tout récemment deux films à l’imagerie résolument exotique (et franchement désinvolte, pour ne pas dire malhonnête) : deux films pourtant très différents par leur sujet, mais qui se rejoignaient sur le motif casse-bonbons de « l’adaptation lettrée », autant que littéraire : il s’agissait de Villa Amalia, et de Barrage contre le Pacifique. Or ce dernier était déjà un « film de colonie », et comportait donc le bagage inévitable de l’imagerie coloniale, ou précoloniale, ou encore post-coloniale, puisqu’en fait il n’y a aucune différence (des chaînes de grands magasins de meubles exotiques sont là pour en témoigner) : l’image d’Epinal des colonies est toujours la même, fidèlement préservée, attestant d’une nostalgie qu’on n’arrive même pas à cacher. C’est logique, puisque la colonisation est plus active que jamais, à travers par exemple les délocalisations d’entreprises, et la colonisation économique.
J’ai appris hier à la télé (sur la cinquième, dernière chaîne française où l’on peut encore, souvent, apprendre) que la colonisation est plus forte que jamais en Afrique, où désormais les investisseurs indiens le disputent aux européens et aux américains, en tout cas pour ce qui est d’exproprier les paysans éthiopiens, puis de les employer ensuite à exploiter une terre qui ne leur appartient plus, tout cela aux fins d’une agriculture ultra-extensive dans des plaines très fertiles, et bradées dix dollars l’hectare (dix dollars l’hectare ! pour un an !!!) par un Etat-fantôme. (Là vraiment je me dis qu’il faudrait que je revoie Beau Travail, qui décidément ne me laisse pas tranquille).
Et Claire Denis dans tout ça ? Elle nous fournit, encore et toujours, et je l’en tiens pour responsable, un nouvel avatar d’imagerie coloniale. Ce n’était pas le cas de Chocolat, dont pour commencer le héros était noir. Et ça change beaucoup de choses. Et n’était pas star. Et ça change tout. Ça faisait du film lui-même un acte politique. Enfin on sait que Claire Denis n’est pas n’importe qui. Qu’elle reste un grand artiste.
Mais comment défendre les plans de beaux paysages africains qui ponctuent çà et là la fiction de l’homme blanc déchu que nous propose White material ? Comment ne pas voir que ce sont exactement les même images que celles de Gorilles dans la brume ? Bien sûr il y a chez Claire Denis une attention de chaque plan à l’écoulement du temps, à la vie, et à la marche de la mort. La mort rôde dans chaque plan d’un film de Claire Denis, à commencer par ce premier plan de la course ininterrompue à moto, Isabelle Huppert levant les bras dans une espèce de posture christique assez déroutante, et planant comme, ou appelant peut-être, la mort. Le plan, me semble-t-il, sera interrompu brutalement par une « coupe franche », laissant comme indéterminée l’issue de l’action et suspendue l’idée de la mort. Le danger d’une chute mortelle est patent dans ce plan. Il est à l’image de tout le film. Depuis S’en fout la mort, chaque film de Claire Denis est une course entre la vie et la mort de personnages bien décidés à aller jusqu’au bout d’eux-mêmes et de leur désir, quoiqu’il en coûte, sans le moindre doute, jamais. Les personnages de Claire Denis ne doutent pas. Depuis lors, il est difficile de ne pas songer à une espèce de surenchère, de film en film, vers un dépassement toujours plus violent, toujours plus indépassable. Cela donne l’idée peu à peu désagréable d’une vieille recette qui à force d’être appliquée n’est plus seulement amorale de la part des personnages, mais aussi, petit à petit, et à son corps défendant, de la part de la cinéaste. Parce que le problème est peut-être que d’un sujet à l’autre (et ils sont tout de même variés) la recette ne varie pas d’un iota.
L’imagerie, encore : la fin du film rejoint presque, picturalement, celle d’Apocalypse Now. La trajectoire des personnages, et du monde autour d’eux, fait d’ailleurs penser à l’épopée conradienne. Ce qui m’ennuie, bien sûr, ce n’est pas le parcours, c’est le point d’arrivée : non pas les ténèbres, loin de là, mais une imagerie presque puérile, tant elle se veut une représentation du « bout de l’humain », de ses derniers retranchements, de l’horreur. Au final, elle n’est qu’un gentil cauchemar éveillé, presque ridicule. On est très loin des représentations premières du mal, de la pulsion, qui étaient portées dans les premiers films par les comédiens (souvent noirs) tout au long du film, mais jamais par l’image, qui se contentait d’enregistrer, et de montrer des blocs de temps. Enfin tout ça est très vite dit, un peu forcé, mais le contraste entre ces premiers films, particulièrement S’en fout la mort et J’ai pas sommeil, et le dernier, ce contraste est sidérant.
Dans White material, comment distinguer entre la tribalité et le retour du refoulé ? Si la tribalité et la guerre civile africaines sont le refoulé des blancs, et des pays développés, alors comment présenter le sujet du film autrement qu’en disant : « Claire Denis se sert des guerres civiles africaines comme d’une métaphore pour mieux décrire le malaise de l’occident. » Mais alors c’est tourner le dos au cinéma ! C’est faire une métaphore littéraire, qui plus est assez rance et de mauvais aloi, digne des écrivains « coloniaux », qui sont légion (non pas Duras, évidemment, mais Pierre Loti, Jules Verne, Paul Claudel etc.)
Et puis, au bout de quoi va-t-on dans White material ? Au bout d’un acharnement à la fois stupide, inhumain et condamné d’emblée. En quoi le sujet (une femme chef d’entreprise qui sacrifie sa vie et sa propre famille, à son commerce) peut-il nous concerner, nous spectateur de cinéma ? En littérature, la métaphore pourrait garder son éloquence : l’aveuglement auquel mène la cupidité, la civilisation occidentale qui précipite le monde entier dans le gouffre du profit, etc. Mais en film, et surtout chez Claire Denis, ce sujet ne peut pas prendre. Le cinéma, le vrai cinéma, ne juge pas ses personnages : il leur offre au contraire d’exister. À plus forte raison, c’est le cas du cinéma de Claire Denis, et c’est l’une de ses plus grandes forces. Mais dans White material, cette existence même devient inepte, voire méprisable. Oui. C’est le choix du sujet qui devient finalement condamnable (choix du sujet du film par Claire Denis, choix de vie du sujet-personnage). Et il ne reste rien d’autre. Ce que je vois là, c’est l’incompatibilité radicale entre cinéma et récit littéraire, entre personnage de cinéma, et personnage littéraire, entre représentation cinématographique, et représentation littéraire. Là où le cinéma se colletine de l’humain, la littérature a des idées, là où le cinéma commence à penser, la littérature ne fait que raconter. Le cinéma commence par le concret du temps et du « facteur humain » (comme disait Preminger) ─ l’enregistrement ─ pour finir par donner des idées ─ le montage. La littérature, elle, commence directement par avoir des idées (les mots), et trouve alors une histoire pour les porter.
Qu’en est-il du cinéma de Claire Denis ? Il me semble qu’elle était déjà allée au plus loin qu’il est possible dans Trouble every day, qui ne semblait avoir d’autre enjeu que de tenir, de continuer à filmer jusqu’à complète traversée de l’horreur humaine. La suite ne serait donc qu’une prolongation, certes combattive, mais pourtant vaine. Comme celui de ses personnages, le combat de Claire Denis semble avoir perdu le sens.
Dernière édition par Van Stratten le Dim 9 Mai 2010 - 15:52, édité 1 fois
Van Stratten- Messages : 165
Re: White Material (C. Denis)
Encore un mot pour dire que décidément, dans White material, les travellings ont bien du mal à rester une affaire de morale. L'ère du tout-image n'est décidément pas celle du cinéma.
Van Stratten- Messages : 165
Re: White Material (C. Denis)
je trouve ta distinction entre la littérature et le cinéma très convenue et artificielle; y a cette belle anecdote; je ne sais plus quel jeune homme va trouver Valéry :
-Maître, je voudrais écrire, j'ai plein d'idées...
-Mais mon ami, répond le maître, c'est pas avec des idées que l'on écrit, c'est avec des mots
"travelling, affaire de morale" ou "morale, affaire de travelling"?
c'est deux choses très différentes; d'un côté on dit qu'il n'y a pas d'autre morale que le travelling, donc la morale au cinéma, c'est le cinéma, comme la morale en littérature, c'est la littérature; soit on pose une morale extérieure, transcendante, qui jugerait du cinéma, des films...
alors, c'est quoi, cette morale qui devrait décider d'un travelling?
-Maître, je voudrais écrire, j'ai plein d'idées...
-Mais mon ami, répond le maître, c'est pas avec des idées que l'on écrit, c'est avec des mots
"travelling, affaire de morale" ou "morale, affaire de travelling"?
c'est deux choses très différentes; d'un côté on dit qu'il n'y a pas d'autre morale que le travelling, donc la morale au cinéma, c'est le cinéma, comme la morale en littérature, c'est la littérature; soit on pose une morale extérieure, transcendante, qui jugerait du cinéma, des films...
alors, c'est quoi, cette morale qui devrait décider d'un travelling?
Borges- Messages : 6044
Re: White Material (C. Denis)
Bonjour VS,
J’ai vu le film relativement récemment maintenant. Et donc, je découvre votre texte.
« C'est le choix du sujet qui devient finalement condamnable (choix du sujet du film par Claire Denis, choix de vie du sujet-personnage). Et il ne reste rien d'autre. »
Je trouve que vous évacuez trop radicalement le « boxeur », les petites marmailles, le mec à la radio, pour ne citer qu’eux. Il me semble qu’il y a souvent quelque chose comme un personnage-conducteur dans les films de Claire Denis : pas conducteur au sens de quelqu’un qui nous emmènerait vers une résolution privilégiée de/par la fiction, mais simplement au sens de la voiture dans laquelle le film nous fait monter. C’est principalement aux côtés de ce personnage-là que nous faisons le chemin, et précisément à ses côtés d’ailleurs : pas dans un rapport d’identification. L’exemple le plus net et le plus littéral restant pour moi Golubeva dans J’ai pas sommeil. Et ici le personnage est évidemment Huppert. Alors peut-être que quelque chose se joue et se rate dans le fait que ce personnage-ci serait trop présent, qu’il tendrait à devenir «central». Je ne sais pas (encore). C’était d’ailleurs peut-être déjà le cas de Denis Lavant dans Beau Travail…
Vous écrivez aussi : « En quoi le sujet (une femme chef d’entreprise qui sacrifie sa vie et sa propre famille, à son commerce) peut-il nous concerner, nous spectateur de cinéma ? ». Mais je ne comprends pas comment vous arriver à parler de « l'aveuglement auquel mène la cupidité ». Le personnage m’apparaît comme une somme de dénis, c’est quelque chose qui m’intéresse assez spontanément, ces mécanismes-là.
D’ailleurs, je n’exclus pas de faire un déni quant aux possibilités de descendre ce film Je n’arrive en effet pas à suivre votre démonstration sur « l’imagerie » : sur le principe qui ouvre votre billet oui, mais dans le concret du film je ne fais pas le lien. Peut-être que vous n’avez pas écrit tout ce que vous aviez en tête, et/ou que nos intuitions divergent à son propos.
Je ne doute pourtant pas qu’il y ait à faire quelque chose du soupçon qu’induisent l’extrême beauté des plans (mais je ne les qualifierais pas de publicitaires) ou la présence d’Huppert. Mais ce n’est pas encore « démêlé » de mon côté.
J’ai vu le film relativement récemment maintenant. Et donc, je découvre votre texte.
« C'est le choix du sujet qui devient finalement condamnable (choix du sujet du film par Claire Denis, choix de vie du sujet-personnage). Et il ne reste rien d'autre. »
Je trouve que vous évacuez trop radicalement le « boxeur », les petites marmailles, le mec à la radio, pour ne citer qu’eux. Il me semble qu’il y a souvent quelque chose comme un personnage-conducteur dans les films de Claire Denis : pas conducteur au sens de quelqu’un qui nous emmènerait vers une résolution privilégiée de/par la fiction, mais simplement au sens de la voiture dans laquelle le film nous fait monter. C’est principalement aux côtés de ce personnage-là que nous faisons le chemin, et précisément à ses côtés d’ailleurs : pas dans un rapport d’identification. L’exemple le plus net et le plus littéral restant pour moi Golubeva dans J’ai pas sommeil. Et ici le personnage est évidemment Huppert. Alors peut-être que quelque chose se joue et se rate dans le fait que ce personnage-ci serait trop présent, qu’il tendrait à devenir «central». Je ne sais pas (encore). C’était d’ailleurs peut-être déjà le cas de Denis Lavant dans Beau Travail…
Vous écrivez aussi : « En quoi le sujet (une femme chef d’entreprise qui sacrifie sa vie et sa propre famille, à son commerce) peut-il nous concerner, nous spectateur de cinéma ? ». Mais je ne comprends pas comment vous arriver à parler de « l'aveuglement auquel mène la cupidité ». Le personnage m’apparaît comme une somme de dénis, c’est quelque chose qui m’intéresse assez spontanément, ces mécanismes-là.
D’ailleurs, je n’exclus pas de faire un déni quant aux possibilités de descendre ce film Je n’arrive en effet pas à suivre votre démonstration sur « l’imagerie » : sur le principe qui ouvre votre billet oui, mais dans le concret du film je ne fais pas le lien. Peut-être que vous n’avez pas écrit tout ce que vous aviez en tête, et/ou que nos intuitions divergent à son propos.
Je ne doute pourtant pas qu’il y ait à faire quelque chose du soupçon qu’induisent l’extrême beauté des plans (mais je ne les qualifierais pas de publicitaires) ou la présence d’Huppert. Mais ce n’est pas encore « démêlé » de mon côté.
Re: White Material (C. Denis)
Bonjour, cher D&D, vous m'invitez à travailler davantage. C'est entendu !
To be continued, donc.
(Mais quand ? Le manque de temps est le pire de mes maux).
To be continued, donc.
(Mais quand ? Le manque de temps est le pire de mes maux).
Van Stratten- Messages : 165
Re: White Material (C. Denis)
Van Stratten a écrit:L'ère du tout-image n'est décidément pas celle du cinéma.
Certaines personnes il y a quelques décennies condamnaient le cinéma parce qu'il était soit-disant pour elles, déjà dans l'ère du tout-image. Pendant que certains dédaignent l'image, d'autres s'enfoncent profondément en elle.
Les pixels ne sont pas plus une surface que la forme des graphèmes qui composent les mots. Parfois ne pas réduire les puissances de l'image à une soumission à la "prise de vue", au découpage, cadrage d'espaces réels, peut mener quelque part :
http://www.chrismarker.org/2010/04/ouvroir-the-movie/
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