videodrome

relecture du caravage par cronenberg dans son plus beau film

l'homme au trou dans le ventre revenu à la vie n'est pas l'idole des jeunes et l'autre éberlué n'est pas chirurgien, ce sont Jésus et Saint Thomas - on ne sait jamais.

Très pertinente, cette association des deux références. Comme Borges, le lien ne s'est jamais tissé, bien que ces deux images m'aient frappé.

Sinon,

S'il existe encore aujourd'hui
Il doit vivre aux Etats-Unis
Il doit jouer de la guitare
Et coucher sur les bancs des gares
Il doit fumer de la marijane
Avec un regard bleu qui plane

Jésus, Jésus-Christ
Jésus-Christ est un hippie

Oui, la fameuse peinture (Le Caravage) de Merisi...

Caravaggio navegó entre todas estas definiciones de hombre violento y le aderezó el asesinato; como buscando, en un futuro, ser un personaje del director canadiense David Cronenberg.

http://arteyartistas.org/2008/02/03/caravaggio/

Oui, c'est ça, lol; ton prix, l'autre chanson, à quoi je pensais :

de qui est l'original?

quelques versions;



par le maître :








et par l'homme en black :

de Tim Hardin je crois.

On ne s'est pas trompé de topic là ? lol



en écoute

Oui, il semblerait.

En effet, il me semble qu'il semblerait qu'on rassemble là des semblants.
Reprenons:

Oui, la fameuse peinture (Le Caravage) de Merisi...

Caravaggio navegó entre todas estas definiciones de hombre violento y le aderezó el asesinato; como buscando, en un futuro, ser un personaje del director canadiense David Cronenberg.

http://arteyartistas.org/2008/02/03/caravaggio/

Aux Beaux Arts on devait visionner aussi le Caravaggio de Jarman (avec Tilda Swinton...)

en Gaule tout finit par des chansons ... à part ça je me rappelle un commentaire de Lacan qui collerait à ces images il me faut juste mettre la main dessus, il est question de jouissance ...

Et cette pietà inversée où le corps qui pleure est avachi sur les jambes tandis que le défunt est assis ?



Le cinéma de Cronenberg dispose de nombreux liens avec la Renaissance et l'ère baroque -Le Caravage, Michel-Ange- mais aussi avec le maniérisme (c'est le génie de Cronenberg de dresser des ponts entre le grand sadien William S. Burroughs et Titien).

Ou de rejouer (jusque dans son film The Fly) la musca depicta...

oui il est question dans le film et la peinture de dieu, de l'existence de dieu, peut être même que rien ne montre autant que caravage l'invocation à " cette jouissance de dieu " ( hormis cronenberg ) dont lacan disait que le " christianisme a éduqué les hommes à être peu regardants " de ce côté là ( Ecrits).

Pour le dernier plan de Dead Ringers, je pense que c'est un mélange du Christ couché de Mantegna (également cité chez Godard) et d'une figure de la Chapelle Sixtine.
De toutes façons, le gros point mort de la critique des filmes de Cronenberg, c'est son rapport au christianisme - depuis Rabid : revoyez l'enragée morte portée en croix vers la benne à ordure !

Stéphane écrit :

depuis Rabid : revoyez l'enragée morte portée en croix vers la benne à ordure !

qu'est ce que ça veut dire ?

Oops, désolé ! Première intervention sur le forum et je suis déjà incompréhensible. Ca promet.
Pour ceux qui n'ont pas vu le film, Rabid (Rage, 1977) tourne autour d'une femme, Rose, mon "enragée", qui se retrouve dotée sous le bras gauche d'une petite plaie qui ressemble beaucoup à une vulve et d'où sort un dard suppurant qui a tout d'un pénis en érection. A la fin du film, elle est morte sur un tas d'ordures et deux éboueurs la ramasse : elle est déjà raide, toute droite, les pieds joints et les bras en croix tendus à 90° par rapport au corps.
Je pense qu'il y a là deux allusions plastiques au Christ. D'abord, la plaie vulvaire et le dard pénien : dans l'iconographie chrétienne primitive, le Christ en croix était souvent représenté avec une volumineuse érection et la plaie qu'il avait reçue au côté gauche était déplacé hors du corps, sous le bras, et peinte sous la forme d'une vulve - ceci pour signifier le caractère androgyne de Jésus en qui est réunie toute l'humanité, hommes et femmes. Quant aux bras en croix, leur rigidité renvoie moins au crucifié qu'au crucifix qui en est la représentation symbolique.
Ce n'est qu'un exemple, et peut-être pas le meilleur, de l'importance de l'iconographie chrétienne chez Cronenberg. Je ne suis pas très fort en peinture mais je crois qu'il y aurait un sujet pour une étude que j'aimerais bien lire.

salut,


je savais pas du tout; à quelle époque? Ca s'est arrêté quand?

Vers les 4°-5° siècle, je crois.
J'ai trouvé le renseignement dans le livre d'Emmanuel Dauzat, "Les sexes du Christ".

ok, merci; je vois que t'es très intéressé par le sexe de choses.

Et par les choses du sexe aussi bien !
Pas toi ?

non lui il est pur esprit

Tu as prêché un convaicu, Stéphane, la perméabilité visuelle du cinéma de Cronenberg à la mise en scène chrétienne et je vais m'essayer au livre de Dauzat que je découvre.
merci

Revu le film hier. Frappé par la façon dont le rapport des deux "conglomérats" (comment dire autrement ? les deux instances sociales ?) que sont la Cathode Ray Mission et la Spectacular Optical recoupe le partage des deux cités augustiniennes : la cité de Dieu et celle du monde. Avec en signe commun Vidéodrome, c'est-à-dire une arêne où les mises à mort ne sont pas simulées : les jeux du cirque, qu'Augustin a tant aimés avant de les vouer à la perdition. D'un côté, le monde (la Spectacular Optical), qui veut se servir de Vidéodrome pour asservir l'humanité, de l'autre le Ciel qui a conçu Vidéodrome pour libérer la puissance hallucinatoire de la même humanité - comme les Jeux du cirque tiennent le peuple dans l'ignorance et la brutalité alors qu'ils ont d'abord été créés en l'honneur des dieux : c'est l'argumentaire d'Augustin, qui y joint aussi le théâtre. Mais les dieux païens et les pratiques du théâtre et du cirque censées leur rendre hommage sont aussi défendus par les philosophes - et Vidédrome "has a philosophy". A l'autre bout, la Cathode Ray Mission se veut libératrice et elle l'est jusqu'à un certain point puisqu'elle met un terme au complot à grande échelle de Barry Convex finalement assassiné par Max Renn. Mais elle ne le fait (ne peut le faire que) en s'appuyant sur la foi en la "Nouvelle chair" (Long live the new flesh) et on retrouve encore Augustin faisant écho aux lettres de Saint Paul en les radicalisant dans un sens gnostique : la métamorphose de la chair actuelle en nouvelle chair, le renouvellement de la chair qui implique aussi sa sanctification (la sanctification de la chair présente) devient le remplacement de la chair peccamineuse par une chair autre, avec à la clé la fuite hors d'un monde condamné à la damnation (influence du manichéisme sur la pensée augustinienne). Le suicide final est la façon la plus directe de tirer toutes les conséquences de cet aspect du discours d'Augustin.
Cronenberg a répété plusieurs fois qu'il n'est pas chrétien. Peut-on aller jusqu'à dire qu'il est anti-chrétien ? Et la forme spécifique de son anti-christianisme ne l'enferme-t-elle pas dans une espèce de gnose laïque ?

Borges a écrit:

Stéphane Pichelin a écrit:
Cronenberg a répété plusieurs fois qu'il n'est pas chrétien. Peut-on aller jusqu'à dire qu'il est anti-chrétien ?

lol : comme il est plutôt "juif"; c'est une drôle de question.

"Et toi, Shimon, qu'est-ce que tu ferais si tu avais une ile déserte ?
-Je ferais construire trois synagogues.
-Pourquoi trois ?
-Il y aurait celle où je vais,
celle où je ne vais pas,
et celle où je ne mettrais jamais les pieds !"

Ceci pour dire que le christianisme est aussi un judaïsme comme un autre.

Merci pour le lien, je n'avais pas encore vu le cm. Intéressant. Mais où ai-je déjà entendu cette histoire d'un juif qui fait de son exécution un suicide ?