The Limits of Control
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DB
Largo
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Re: The Limits of Control
http://www.independencia.fr/indp/3.0_THELIMITSOFCONTROL_JARMUSCH.html
Le film serait donc mauvais parce que trop "art", et pas assez dans le sang et la poigne de la révolte. Ou comment l'art qui, selon eux, s'inscrit chez Jarmush dans la pose et le refus du politique, en vient à stériliser le vrai geste politique, qui est un acte militant, révolutionnaire, etc.
Mais est-ce que tout cela est vraiment approprié à The limits of control ? Est-ce qu'il est honteux de le défendre, quand on est à gauche ou plus, simplement sous prétexte qu'il ne dépeint pas la révolte, et se réfugie, soi-disant, dans le "culturel bobo a-politique mais qui se veut engagé" ?
Le film serait donc mauvais parce que trop "art", et pas assez dans le sang et la poigne de la révolte. Ou comment l'art qui, selon eux, s'inscrit chez Jarmush dans la pose et le refus du politique, en vient à stériliser le vrai geste politique, qui est un acte militant, révolutionnaire, etc.
Mais est-ce que tout cela est vraiment approprié à The limits of control ? Est-ce qu'il est honteux de le défendre, quand on est à gauche ou plus, simplement sous prétexte qu'il ne dépeint pas la révolte, et se réfugie, soi-disant, dans le "culturel bobo a-politique mais qui se veut engagé" ?
Le_comte- Messages : 336
Re: The Limits of Control
Le_comte a écrit:http://www.independencia.fr/indp/3.0_THELIMITSOFCONTROL_JARMUSCH.htmlquand on est à gauche ou plus, simplement sous prétexte qu'il ne dépeint pas la révolte, et se réfugie, soi-disant, dans le "culturel bobo a-politique mais qui se veut engagé" ?
C'est ce qu'on appelle "introspection", parler de soi même sans parler du film....
DB- Messages : 1528
Re: The Limits of Control
Le film est aussi massacré par Tessé, dans son style propre, paresseux et maigre, qui va marquer l'histoire de la revue (sic) (désolé, une nouvelle fois, pour ces bassesses de ma part, mais qu'il y-a-t-il de plus bas entre mes petits mots et sa critique ?). (En gros, celle-ci se résume à un foutage de gueule, à l'ennui, à "ça veut rien" dire, donc c'est con. De la grande critique quoi) (il n'y a plus aucune différence entre un texte de Tessé et une "critique"' belge).
Reprenons les choses simplement, comme un critique digne de ce nom le ferait. Que fait Jarmusch ? Quelle la "vérité" est mise en oeuvre dans son cinéma ? L'autre jour, je demandais pourquoi on ressortait Fellini, pourquoi il était moderne, et JLL me répond "Deleuze" (il y a en effet de très très belles pages sur Fellini).
Alors, repartons de Deleuze, et précisément de la fin de L'image-mouvement. Il affirme, en gros, que l'avenir du cinéma, son âme comme il dit lui-même, se perpétuera non plus dans une image-action molle, mais dans les explorations de l'image-temps. Et que tout le cinéma inintéressant de ces 30 dernières étaient de l'image-action "commerciale". Bref, il y a là un appel à discerner toutes les formes possibles, combinaisons ou formulations, de cette image-temps comme âme du cinéma. (Bien entendu, cet énoncé est discutable, et il faudrait le préciser. Car l'image-action, chez ses maîtres, pense évidemment tout autant qu'une image-temps, bien que cette dernière face de la pensée son objet propre)
Soit, le dernier Jarmusch, qui est incontestablement de l'image-temps : sonsignes et opsignes ; situations optiques et sonores pures ; ruptures des schèmes sensori-moteurs ; cooprésense du physique et du mental, de la réalité et de l'imaginaire, etc. ; Espaces quelconques, etc. The limits of control est donc, par définition, un film "moderne" au sens deleuzien du terme, un film au sein duquel se joue le cinéma et son actualité, le renouvellement de ses formes.
Et quelle forme invente Jarmusch ? Dans quel "courant" se situe-t-il ? Il semble reprendre la mutation de l'image-mouvement en l'image-temps à sa racine, comme s'il en redécouvrait l'origine et les potentialités. Il épure cette image-temps vers sa forme la plus simple, la plus "minimaliste" qui soit. Il essaye d'atteindre sa frontière et ses limites, afin de toucher au voir et au entendre pur. Comme une grande table rase pour mieux prendre le virage d'un nouveau cinéma (le virage, le tournant, figures majeures de ses deux derniers films).
J'en reste là pour le moment, ne sachant pas dans quelle direction aller. Une chose est sûre : le dernier Jarmusch, ce n'est pas n'importe quoi, ni de l'ennui, ni de l'autoparodie ou je ne sais quelle appellation erronée. Le dernier Jarmusch pense, montre, découvre, bien plus qu'un tas de films figurant dans le TOP 2009 des cahiers, par exemple (qui sera le même partout, dans chaque revue, après tout).
(Maintenant, il faut régler du problème de l'image-action d'aujourd'hui, et des films qui la portent, et établir un parallèle).
Reprenons les choses simplement, comme un critique digne de ce nom le ferait. Que fait Jarmusch ? Quelle la "vérité" est mise en oeuvre dans son cinéma ? L'autre jour, je demandais pourquoi on ressortait Fellini, pourquoi il était moderne, et JLL me répond "Deleuze" (il y a en effet de très très belles pages sur Fellini).
Alors, repartons de Deleuze, et précisément de la fin de L'image-mouvement. Il affirme, en gros, que l'avenir du cinéma, son âme comme il dit lui-même, se perpétuera non plus dans une image-action molle, mais dans les explorations de l'image-temps. Et que tout le cinéma inintéressant de ces 30 dernières étaient de l'image-action "commerciale". Bref, il y a là un appel à discerner toutes les formes possibles, combinaisons ou formulations, de cette image-temps comme âme du cinéma. (Bien entendu, cet énoncé est discutable, et il faudrait le préciser. Car l'image-action, chez ses maîtres, pense évidemment tout autant qu'une image-temps, bien que cette dernière face de la pensée son objet propre)
Soit, le dernier Jarmusch, qui est incontestablement de l'image-temps : sonsignes et opsignes ; situations optiques et sonores pures ; ruptures des schèmes sensori-moteurs ; cooprésense du physique et du mental, de la réalité et de l'imaginaire, etc. ; Espaces quelconques, etc. The limits of control est donc, par définition, un film "moderne" au sens deleuzien du terme, un film au sein duquel se joue le cinéma et son actualité, le renouvellement de ses formes.
Et quelle forme invente Jarmusch ? Dans quel "courant" se situe-t-il ? Il semble reprendre la mutation de l'image-mouvement en l'image-temps à sa racine, comme s'il en redécouvrait l'origine et les potentialités. Il épure cette image-temps vers sa forme la plus simple, la plus "minimaliste" qui soit. Il essaye d'atteindre sa frontière et ses limites, afin de toucher au voir et au entendre pur. Comme une grande table rase pour mieux prendre le virage d'un nouveau cinéma (le virage, le tournant, figures majeures de ses deux derniers films).
J'en reste là pour le moment, ne sachant pas dans quelle direction aller. Une chose est sûre : le dernier Jarmusch, ce n'est pas n'importe quoi, ni de l'ennui, ni de l'autoparodie ou je ne sais quelle appellation erronée. Le dernier Jarmusch pense, montre, découvre, bien plus qu'un tas de films figurant dans le TOP 2009 des cahiers, par exemple (qui sera le même partout, dans chaque revue, après tout).
(Maintenant, il faut régler du problème de l'image-action d'aujourd'hui, et des films qui la portent, et établir un parallèle).
Le_comte- Messages : 336
Re: The Limits of Control
Jarmusch, depuis le début, c'est bidon; j'ai suivi ses débuts, avait été épaté par son premier film, mais là déjà on pouvait sentir une arnaque; ça n'existe pas, ce truc; d'ailleurs, y a qu'à voir la tête de Jarmusch pour se poser des questions, et savoir qu'il faut pas le prendre au sérieux; c'est un comique avant tout; c'est du cinéma pour les inrock, et même eux n'en veulent plus, je crois. Mais l'image-temps, c'est aussi vieux que Ozu; c'est plus une catégorie "moderne", ni rien; d'ailleurs, on peut se poser des questions sur cette opposition comme le fait Rancière, y-a-t-il vraiment coupure, différence...n'importe qui fait de l'image-temps... de nos jours; je dis ça mais j'ai pas encore vu le film, si ça se trouve, je vais le voir et le trouver vraiment bien, surtout si c'est de l'autoparodie, parce que son cinéma était déjà de la parodie, alors faire de l'autoparodiedelaparodie c'est bien; mais la question n'est pas là, c'est celle de l'identité, de l'auto... comme disait derrida : comment savoir, reconnaître qu'un énoncé, une oeuvre colle à elle-même, ne s'autoparodie pas, ne se réfléchit pas en elle-même; comment savoir qu'un énoncé n'est pas ironique? par exemple, comment savoir si Douglas sirk parodie ou pas le mélodrame...
Borges- Messages : 6044
Re: The Limits of Control
trop pour certains qui la juge mortifère, comme Joachim Lepastier
Celui-ci écrit d'ailleurs maintenant pour les cahiers.
Oui, mais pas complètement. Il y a l'image-action sans relief, et ceux qui en font un "art", le cinéma photographié narratif vs Hawks, Mizoguchi, etc. Et cela vaut pour chaque genre. Mais qu'en est-il de Jarmusch, dans quel "pôle" se trouve-t-il, le traditionnel ou la maîtrise et l'exploration ?n'importe qui fait de l'image-temps... de nos jours
Jarmusch, depuis le début, c'est bidon; j'ai suivi ses débuts, avait été épaté par son premier film, mais là déjà on pouvait sentir une arnaque; ça n'existe pas, ce truc; d'ailleurs, y a qu'à voir la tête de Jarmusch pour se poser des questions, et savoir qu'il faut pas le prendre au sérieux; c'est un comique avant tout; c'est du cinéma pour les inrock
Bon, tu sembles avoir tranché lol. Mais je ne sais pas, certains films oui, il y a beaucoup de frime, mais après... quelque chose fonctionne malgré tout, transversalement. Mais ce ne sont surement pas des grands affects purs, ou de grandes intensités.
Le_comte- Messages : 336
Re: The Limits of Control
, lol : oui, en tant qu'amateur de foot, je vois ce que tu veux dire.transversalement
Mais qu'en est-il de Jarmusch, dans quel "pôle" se trouve-t-il, le traditionnel ou la maîtrise et l'exploration ?
Toujours se souvenir de ce que disait Deleuze, un cinéaste crée des concepts, des images, qui ne valent que pour lui; c'est pourquoi, il est un peu artificiel comme le fait jll, par exemple, de passer son temps à chercher où classer tel ou tel auteur selon les catégories de Deleuze; lui-même opposait deux modes de classements...
Jarmusch, comme il n'a rien inventé, il n'aurait pas intéressé deleuze...
Borges- Messages : 6044
Re: The Limits of Control
Largo a écrit :
Un des films que j'attendais le plus cette année
c'te blague !
ps je connais Chantal Akerman mais pas Chantale Akerman
Un des films que j'attendais le plus cette année
c'te blague !
ps je connais Chantal Akerman mais pas Chantale Akerman
Invité- Invité
Re: The Limits of Control
J'ai vu, en évitant de trop regarder; à moins de vouloir passer sa vie dans l'illusion, on ne peut pas s'y tromper; dès la première image, mais le mot trompe, c'est un film où il y a pas une image, pas une seule, on comprend que ce truc tient du miracle et qu'il pose une question essentielle : comment être à ce point proche du néant, de la nullité absolue, et pourtant exister? On peut être nul et exister.
Borges- Messages : 6044
Re: The Limits of Control
Le_comte a écrit:Comment peut-on aimer ce film ?
T'inquiètes cousin.
DB- Messages : 1528
Re: The Limits of Control
Parfait, j'essaierai t'emboiter ton pas, je verrai...
Le_comte- Messages : 336
Re: The Limits of Control
Une première critique du film : http://spectresducinema.blogspot.com/2009/12/critiques-vos-papiers-limits-of-control.html
En celle de David Boring : http://spectresducinema.blogspot.com/2009/12/critiques-vos-papiers-limits-of-control_15.html
En celle de David Boring : http://spectresducinema.blogspot.com/2009/12/critiques-vos-papiers-limits-of-control_15.html
Re: The Limits of Control
Le groupe dans lequel Jarmusch est (a été) chanteur : http://www.myspace.com/delbyzanteens
Re: The Limits of Control
Ce qu'il faut vraiment saisir dans Limits of control, c'est plutôt la question de savoir jusqu'où peut-on contrôler une oeuvre d'art, en la fixant, en la montrant telle quelle pour référence ? La toute fin du film, la dernière image après le générique révèle justement ce qu'en pense exactement Jarmusch.
Et puis Jarmusch varie dessus, ne se préoccupe pas de ce qu'il faut faire, ou ne pas faire, mais de ce qu'il veut vivre, veut sentir.
Entre Limits of control et ce que l'on appelle la musique minimaliste (ou répétitive, choisissez votre catégorisation), il y a un lien, qui dépasse la simple analogie mais va chercher ailleurs, dans la création même, dans la conception de l'œuvre d'art.
Limits of control c'est un film aussi qui raconte sa création (...) Parfait parce que ce film est un film sur la subjectivité, sur ce que les aéroports cachent et surtout c'est la plus réussie des comédies musicales. Et puis, peut-être aussi, parce qu'il ne vaut rien.
Tout cela me parait très juste.
Le_comte- Messages : 336
Re: The Limits of Control
(je sais pas si vous avez écouté le groupe de Jarmusch, mais je trouve ça 'achement bien !)
Re: The Limits of Control
si,si, il y a tres longtemps de cela même.
Grâce à une compile incroyable et indispensable achetée chez un ptit disquaire comme on en fait plus, vindiou.
http://jacket.subtonic.jp/va-ny-no-wave/
Tu peux aussi y trouver le groupe de Basquiat.
Tout ces groupes, dont Del Byzanteens, faisaient partie de la même scène.
"No Wave Punks, Bowery summer 1978: Harold, Kristian Hoffman, Diego Cortez, Anya Phillips, Lydia Lunch, James Chance, Jim Sclavunos, Bradley Field, Liz Seidman, KILL YOUR IDOLS, a Palm Pictures release 2006."
Grâce à une compile incroyable et indispensable achetée chez un ptit disquaire comme on en fait plus, vindiou.
http://jacket.subtonic.jp/va-ny-no-wave/
Tu peux aussi y trouver le groupe de Basquiat.
Tout ces groupes, dont Del Byzanteens, faisaient partie de la même scène.
"No Wave Punks, Bowery summer 1978: Harold, Kristian Hoffman, Diego Cortez, Anya Phillips, Lydia Lunch, James Chance, Jim Sclavunos, Bradley Field, Liz Seidman, KILL YOUR IDOLS, a Palm Pictures release 2006."
^x^- Messages : 609
Re: The Limits of Control
David_Boring a écrit:
Il faut dire aussi que c'est un film qui affiche son écriture, sa façon d'être particulière dès le début, on y lit à peu près tout ce qui a amené la création du film.
Salut DB,
Exact, le film débute par une citation de Rimbaud mais on pense à Verlaine et à son "art poétique" dans la manière de mettre en place la première scène du film.
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.
C'est des beaux yeux derrière des voiles
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi
Le bleu fouillis des claires étoiles!
Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance!
Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !
Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur
Et tout cet ail de basse cuisine !
Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?
Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?
De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.
bon, le "programme" n'est bien sûr pas vraiment le même. Par exemple le refus de la pose, chez Jarmush, il faudra repasser !
Invité- Invité
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