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Clones de J. Mostow

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Message par Invité Jeu 26 Nov 2009 - 10:04

"Clones" mérite un peu plus d'attention que "The Box" dont nous parlions il y a peu. J. Mostow pose d'emblée "historiquement" les éléments constitutifs du film, sans chichi, en s'épargnant de faire jou-jou avec les spectateurs en leur cachant stupidement ce qu'on ne cesse de leur demander de chercher à comprendre. Le monde est submergé par les "clones" fabriqués par une entreprise, androïdes pilotés at home par des humains allongés dans le noir (Il ne s'agit pas à proprement parler de clonage humain, de clonage génétique. C'est en France que le mot "clone" apparaît, le film ayant en fait pour titre "Surrogates"). Dans des ghettos réservés aux humains, une résistance s'organise contre cette société harmonieuse de clonage. On retrouve grosso-modo la thématique d'"Ultimate Game", évoquée ailleurs, dans lequel les humains vivaient par procuration dans des mondes virtuels en restant enfermés chez eux devant leurs écrans tandis qu'un groupe de rebelles tentait de semer la zizanie. Mais, dans "Clones", le chef des rebelles se révèlera en fait être un "clone", et pas n'importe quel "clone" : un de ceux de l'homme, rongé de remords, qui a inventé et vendu les "clones" à toute la population.

De "Children of men", "Je suis une légende" à "V pour Vendetta" (sur ce film on pourrait partir des propos de Zizek) en passant par "Ultimate Game" et ce "Clones", il faudrait étudier la figure récurrente de la résistance dans le cinéma de fiction hollywoodien du début du XXIe siècle. On en viendrait probablement à la conclusion que celle-ci passe avant tout par un destin individuel, contournant, fuyant toujours ou presque, d'une façon ou d'une autre, le collectif. Certainement faudrait-il articuler cela avec le "Che" de Soderbergh sorti l'année dernière.

Mostow parvient, tout en sobriété et parce qu'il s'en donne la peine (ce qui ne signifie pas forcément : avec des moyens extraordinaires), à rendre à l'image parfaitement insupportable ce monde de "clones". Plus peut-être que les grands morceaux de bravoure de course-poursuite, les simples scènes où les "clones" basculent d'un seul coup de mobiles à immobiles comme d'étranges poupées de cire parce que les humains qui se cachent derrière s'en sont déconnectés, sont particulièrement saisissantes. Inquiétant monde de poupées dans lequel l'interlocuteur perd tous ses traits, toutes ses expressions. Le fait que Disney produise ce film et le fasse réaliser via sa filiale Touchstone Pictures laisse songeur. Il ne s'agit surtout pas d'une rencontre entre Bruce Willis (très bon choix d'acteur) et Bresson, car ici, ni le jeu d'acteur, ni l'acteur comme modèle ne doivent percer à l'écran. Reste donc les effets numériques pour lisser les visages afin de s'assurer qu'absolument rien ne ressorte de ces "clones". Mostow dessine les contours d'un cinéma à visage humain non sans cicatrices, simplement, sans basculer pour autant dans l'éloge mièvre et frimeur de la difformité du dernier film de Kelly qui se croit obligé, là encore, de surligner à grand coups de discours imbitables sa pseudo-filiation avec David Lynch. Plus honnête que Neveldine et Taylor dans leur "Hyper Tension", et sans doute plus moral aussi, Mostow prend la peine d'élaborer soigneusement un monde qui soit de marionnettes avant de lui rentrer dedans. Lorsque, en fin de film, une voiture emboutie les passants-clones dans les rues de la ville ou lorsque Greer appuie sur le bouton pour mettre en panne définitivement des milliards de "clones", la jubilation ou le suspens des spectateurs restent dans un cadre éthique.

La fascination de Mostow pour les androïdes n'est pas vraiment nouvelle. Déjà dans son "Terminator 3", le cinéaste s'en donnait à cœur joie avec ce thème. Lors d'une bagarre à mains nues entre le T-X et Swartzie, transformés en véritables poupées de chiffon dans les mains de l’autre, le cinéaste prenait plaisir à filmer les deux robots se faisant traverser les murs et passer la tête dans les conduits de chaque compartiment des sanitaires. Swartzie adoptait ici un bon visage d’imbécile heureux (comme du reste pendant tout le film) et semblait définitivement accepter son sort de robot débile dépourvu de tout sentiment. Plus tôt dans le film, on découvrait un T-X qui se déplaçait sous les traits d’une femme au visage froid, à la démarche de top model et au bras bionique plein d’armes vicieuses. Lors de son apparition celle-ci se faisait chopper par les flics à bord d’une voiture volée et, inspirée par un panneau publicitaire pour de la lingerie fine, elle décidait pour tromper la vigilance du cogne et lui piquer son flingue de gonfler à bloc sa poitrine extensible à souhait. La garce semblait plus débarquer du passé (film noir) que du futur.

Dans "Clones", un relent similaire de misogynie larvée traîne également. Ces marionnettes sont censées représenter non seulement les dangers potentiels de la cybernétique mais aussi ceux des cosmétiques. Tous ces visages lissés numériquement rappellent évidemment les photos de modèles que nous voyons un peu partout aujourd'hui sur les affiches ou les pages publicitaires. Et l'agent Tom Greer, bien sûr, "décroche" des clones tandis que sa femme ne peut pas en sortir dans sa soif d'apparente jeunesse. Dans "The Box", le déclin de l'humanité ne semble être dû qu'à la femme qui par cupidité appuie un peu trop souvent sur le bouton de la fameuse boîte à la place de l'homme. Fort désagréable misogynie récurrente qui voit la fin de l'humanité dans la femme.

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Message par DB Jeu 26 Nov 2009 - 10:46

C'est pas un truc chrétien aussi ? La fin du paradis chez les cul bénis c'est pas à cause de la femme ?

Hollywood est très misogyne, rien de très surprenant là dedans, l'image des femmes y est toujours soit un fantasme masculin (style Hancock) soit un conservatisme rance (style sur la route de madison)...

AH oui, personnellement, j'aime pas du tout le mérite.

Je ne comptais pas aller voir ce film mais tu piques mon intérêt, intérêt que j'avais perdu devant le T3 au bout de la énième partie de démolition de camions et de grues. Mais bon, je veux voir la Danse avant. Héhé.

Par contre, je n'ai pas compris ce qu'il y a de plus éthique dans la démarche de Mostow lorsque des surrogates se font emboutir par une caisse.
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Message par Invité Jeu 26 Nov 2009 - 11:07

David_Boring a écrit:C'est pas un truc chrétien aussi ? La fin du paradis chez les cul bénis c'est pas à cause de la femme ?

Hollywood est très misogyne, rien de très surprenant là dedans, l'image des femmes y est toujours soit un fantasme masculin (style Hancock) soit un conservatisme rance (style sur la route de madison)...

AH oui, personnellement, j'aime pas du tout le mérite.

Je ne comptais pas aller voir ce film mais tu piques mon intérêt, intérêt que j'avais perdu devant le T3 au bout de la énième partie de démolition de camions et de grues. Mais bon, je veux voir la Danse avant. Héhé.

Par contre, je n'ai pas compris ce qu'il y a de plus éthique dans la démarche de Mostow lorsque des surrogates se font emboutir par une caisse.

Salut DB,

Je partage ton agacement devant T3, j'ai notamment le souvenir d'une séquence de poursuite interminable avec un gros camion (je suis ni fan de grosses hélices, ni fan de gros camions, comme tu vois !). "Clones" est beaucoup plus sobre. Les quelques moments d'action sont brefs et bien ficelés, il s'agit essentiellement de poursuites entre humains et "clones". Par ailleurs Mostow s'épargne (ou on lui a épargné ?) les nombreuses séquences pub agaçantes qui émaillaient T3.

Un truc chrétien, je sais pas. Pour "The Box" je dirais oui, là je suis moins sûr. Le film en tout cas ne me paraît pas particulièrement "cul-béni" contrairement à bien des films états-uniens de sci-fi récents, en effet..

Plus éthique dans le sens où l'univers qu'il construit puis détruit est proprement un univers de poupées, même si elles sont dirigées par des humains, contrairement au film "Hyper Tension" qui baigne le personnage principal directement dans une prétendue "réalité" pour s'y livrer, en tant qu'on est censé être dans la "réalité", à toutes sortes de choses, tandis que son modèle est le jeu-vidéo.

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Message par Eyquem Jeu 26 Nov 2009 - 21:33

Je crois que l'idée de Mostow est toute simple : le cinéma d'action n'en a pas fini avec le corps des acteurs.
C'était déjà l'idée de Terminator 3 : au lieu de suivre la vogue lancée par Matrix (kung fu, amplification chorégraphique des gestes, apesanteur, corps numériques, etc : le toutim intégral), il prenait le Terminator pour ce qu'il était : une machine d'un autre âge, très lourde, très lente. Ce qui donnait lieu à deux scènes que j'avais trouvées très plaisantes : une course poursuite en camion qui faisait beaucoup de poussière, et un combat titanesque dans des toilettes, qui faisait s'effondrer des murs de ciment.
J'avais trouvé ça non seulement stimulant mais reposant - c'était reposant de voir des bagarres à l'ancienne, où les mecs faisaient pas des triples saltos pour éviter les coups. C'est pas que j'adore quand il y a de la bagarre : c'est juste une affaire de croyance (dès qu'un personnage voltige dans les airs au ralenti, je décroche totalement, parce que c'est trop facile : je ne peux pas prendre au sérieux un film d'action qui ne se confronte pas, un minimum, à la résistance des choses et des corps).
Le film produisait alors un effet assez curieux : avec Matrix, le corps humain prenait un sérieux coup de vieux, et Scharwzenegger apparaissait vraiment comme une machine : c'était le corps humain, le corps réel, qui semblait d'un coup une vieille mécanique rouillée, pesant des tonnes, maladroite, cassant tout sur son passage (pendant que Keanu Reeves, lisse et léger, surfait dans l'espace numérique sans même déranger sa coiffure).

C'est de ce point de vue que "Clones" m'a aussi intéressé : que faire des vieux acteurs, des "sacs à viande", des rides et de la vieille barbe de Bruce Willis, quand le cinéma peut le remplacer par un effet numérique bien plus leste, capable de sauter d'un immeuble à l'autre ?
Le début du film a pas mal d'idées amusantes sur le sujet - la deuxième partie me paraît plus faible, trop soucieuse de mener à son terme un scénario policier dont on se fiche un peu.


Vous avez vu U 571 et Breakdown ? Pas mal du tout, à mon avis.
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Message par Le_comte Jeu 26 Nov 2009 - 21:36

Vous avez vu U 571 et Breakdown ? Pas mal du tout, à mon avis.

Erwan m'a sérieusement conseillé le dernier (merci), qui est en effet pas mal du tout.

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Message par glj Jeu 26 Nov 2009 - 21:39

d'accord avec toi eyquem, et Mostow est un réalisateur de toute facon interessant et son discour sur le cinéma d'action n'a rien de bourrin mais est au contraire réfléchit au plus haut point.
glj
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Message par Eyquem Jeu 26 Nov 2009 - 22:15

Oui, Mostow, c'est un peu le Chateaubriand du film d'action, "nageur entre deux rives" faisant du conflit entre l'Ancien et le Nouveau Régime des images la turbine secrète de sa poétique. Chaque pas vers les effets spéciaux, il le fait à reculons : les trucages mécaniques avec Terminator, les trucages numériques avec Clones. Il suit le mouvement, en soupirant.
Ce sera le premier à nous faire un film mélancolique en 3D.
lol
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Message par Borges Ven 27 Nov 2009 - 7:20

Mostow, donc; je l'ai vu ce film, très intéressant, et même parfois émouvant; deux ou trois plans; et si on doit, comme y invite Eyquem, aller du côté de chateaubriand, c'est vers celui du génie du christianisme; bon, tout est dit, en matière d'idée, dès le début du film; il y a l'image, la bonne, celle de l'homme fait à l'image de dieu, par dieu, et la seconde, les secondes, celle de l'homme à l'image de son désir d'effacer la mort, le danger, le vieillissement, la laideur...l'homme doit rester à l'image de dieu; tout le film nous montre le devenir Jésus de BW; il s'incarne; voyez ses blessures, ses stigmates, ses larmes; une image nous montre d'ailleurs en croix son substitut... comme le dit le prophète, l'image, la vraie celle du corps glorieux, au-delà de la mort, de la souffrance, de la douleur, elle viendra après la mort, après la résurrection...

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Message par Borges Sam 28 Nov 2009 - 12:18

Mostow, donc; je l'ai vu ce film, très intéressant, et même parfois émouvant; deux ou trois plans; et si on doit, comme y invite Eyquem, aller du côté de chateaubriand, c'est vers celui du génie du christianisme; bon, tout est dit, en matière d'idée, dès le début du film; il y a l'image, la bonne, celle de l'homme fait à l'image de dieu, par dieu, et la seconde, les secondes, celle de l'homme à l'image de son désir d'effacer la mort, le danger, le vieillissement, la laideur...l'homme doit rester à l'image de dieu; tout le film nous montre le devenir Jésus de BW; il s'incarne; voyez ses blessures, ses stigmates, ses larmes; une image nous montre d'ailleurs en croix son substitut... comme le dit le prophète, l'image, la vraie celle du corps glorieux, au-delà de la mort, de la souffrance, de la douleur, elle viendra après la mort, après la résurrection...

Notez : chaque fois que l'on passe du substitut à son "propriétaire", on tombe sur un corps pas très pub, grotesque...

Qui sont ces horreurs derrière leur écran, qu'est-ce qu'ils ont a cacher, qui les tienne hors du visible, de la visibilité, c'est la question.



Que pensez du rôle deux Noirs?



Que Disney ait produit ce film, comme le fait remarquer JM, n'étonne donc pas.
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Message par Invité Sam 28 Nov 2009 - 12:59

En effet, l'idée apparait.

Bruce Willis a souvent représenté cet increvable type scarifié, blessé, dans les films d'action hollywoodiens, le sommet se trouvant dans son personnage de McClane dans la série des "Die Hard", c'est pourquoi son emploi ici est plutôt pertinent il me semble.

il y a l'image, la bonne, celle de l'homme fait à l'image de dieu, par dieu, et la seconde, les secondes, celle de l'homme à l'image de son désir d'effacer la mort, le danger, le vieillissement, la laideur...

Borges a écrit:Que Disney ait produit ce film, comme le fait remarquer JM, n'étonne donc pas.

Ca demande quelques explications, non ?

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Message par Borges Sam 28 Nov 2009 - 13:15

JM a écrit:En effet, l'idée apparait.

Bruce Willis a souvent représenté cet increvable type scarifié, blessé, dans les films d'action hollywoodiens, le sommet se trouvant dans son personnage de McClane dans la série des "Die Hard", c'est pourquoi son emploi ici est plutôt pertinent il me semble.

J'ai pensé la même chose.
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Message par wootsuibrick Ven 2 Juil 2010 - 9:43

hum...
Il y a une tradition, dans les fictions sur la réalité virtuelle, où le virtuel est vécut comme un rêve durant lequel le corps est inactif, qu'une série d'animation japonaise "Dennou Coil", bouscule puissamment. J'avoue avoir été très agréablement surprit par cette série...
Zappez un peu la notion de corps inactif, dominante chez le gamer pré "wii", hors salle d'arcade, et le surfeur internet... dans la série d'animation dennou coil le réel n'est pas nié par le cyber espace, il est superposé à lui. Mais pas à la manière de Clones ou du film de cameron, où les avatars sont contrôlés à distance... ici peu de choses sont contrôlés à distance, l'avatar et le virtuel sont à même les corps et l'espace.
J'en dirai beaucoup plus, sur cette oeuvre qui me semble très importante, pour dépasser un peu la dichotomie corps réel/virtuel, qui caractérise à la fois l'emploi dominant des technologies informatiques à l'heure actuelle, et les fictions populaires sur ce sujet.
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Message par Le_comte Ven 2 Juil 2010 - 13:49

Clones, tout comme Avatar, superposent eux aussi le virtuel et le réel, enfin il me semble. Tu as raison lorsque tu dis qu'ils recourent encore au "contrôle à distance", typique du rapport au virtuel aujourd'hui puisque, dans les deux films, les corps humains sont à l'arrêt et les avatars contrôlés à distance. Or, cette virtualité est bien réelle car elle a supplanté la réalité. Dans Clones, le monde des clones n'est pas un jeu vidéo, idem dans Avatar. Le virtuel n'est plus simplement dans les écrans, il fait partie du monde, il s'est greffé à lui. Un écart reste présent, mais je ne les opposerais pas totalement.

Dans les bonus des Fils de l'homme, Zizek dit que l'intérêt de tous ces films américains se situent dans leur arrière-plan. Je ne sais plus quel terme il utilise : "vision latérale", "vision transversale", je ne sais plus... Mais je crois qu'il a raison, et c'est de cette manière qu'il faut les regarder (et les aimer) : que nous apprennent-ils sur le devenir du virtuel ? Comment se redéfinissent, aujourd'hui, les frontières ? Et les frontières entre les arts ? Qu'apporte l'électronique, les jeux-vidéos, la simulation, internet ?

Les films : ceux que JM cite plus haut. J'aimerais quand même ajouter certains blockbusters récents, même si ce sont des "merdes" : l'hyper-technologie de GI Joe (en arrière-plan, toujours), le Terminator 4 (avec lequel je vous ai beaucoup ennuyé, mais j'ai toujours l'impression que ce film construit une ambiance particulière, un rapport étrange entre la machine et la nature) ou Richard Kelly.

Il ne faudrait pas oublier, à ce sujet, de parler du phénomène qui illustre le mieux l'imbrication du réel et du virtuel : la télé-réalité, et en particulier cette nouvelle émission, Dilemme ! J'ai jamais regardé bien longtemps, assez pour en avoir un aperçu. Voir tous ces avatars en direct me fascinent. Ce sont les corps de qui ? On pense à Clones évidemment, au spectateur qui se les réapproprie et reproduit ensuite certains mœurs...

Et il y a le porno aussi. Depuis l'explosion des sites X, il n'y a pas eu beaucoup de films (voire pas du tout) qui parlent du phénomène, si ce n'est peut-être, timidement, Afterschool d'Antonio Campos (dans les années 80-90, on pourrait citer De palma et Cronenberg, mais ce n'est pas vraiment la même chose). Alors qu'il s'agit quand même d'un problème central du rapport entre le réel et le virtuel aujourd'hui, de leur superposition, leur indifférence.


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Message par wootsuibrick Ven 2 Juil 2010 - 14:55

Dans "Clones" comme dans "Avatar", le corps d'origine reste inactif, et le virtuel n'est que le réel.
Dans la série "dennou coil", il s'agit en fait d'un cyber espace posé à même le réel. C'est à dire qu'une image du réel est posé sur le réel lui même, et un corps virtuel est posé sur le corps lui même... Ainsi les personnages de dennou coil se meuvent avec sur eux leurs corps virtuels, qu'ils ne distinguent pas d'eux.
Ce qui permet à des images purement virtuelles, sans référent réel, de côtoyer les corps réels. Le basculement dans l'imagerie virtuelle, se fait par le port de lunettes "3D?". Des lunettes qui permettent à la fois de voir le réel, et l'imagerie virtuelle 3D qui se mêle à lui... par exemple, dans une scène de "dennou coil", on voit du point de vue d'une fillette, trois chats allongés à l'ombre les uns contre les autres... La fillette qui porte des lunettes, les enlève, et n'en voit plus que deux. L'un des chats était virtuel, elle ne peut le voir sans ses lunettes. Il en est de même pour l'espace, des images se mêlent aux espaces réels, se confondent avec eux. Il arrive qu'un espace, un bus dans une décharge par exemple, apparaisse entier par le port des lunettes, mais un enfant y entre, et sa jambe traverse le "plancher", qui pourtant semblait intact. Il enlève ses lunettes, et constate que le plancher est en fait troué, et que l'image en est resté à un état du bus avant sa détérioration.
Ces espaces visuels persistants sont comme des bugs, des persistances "rétinienne" virtuelles, qu'un antivirus, doit se charger de nettoyer pour éviter toute confusion.
Il semble exister dans l'univers de denno coil, d'autres types de persistances visuelles, des restes des doubles visuels, de personnes disparues... qui fonctionnent comme de bons vieux fantômes mâtinés à la sauce cyber espace. Les trous, bug, anomalies du cyber espace, réinvestissent un répertoire qui existe en dehors de l'imagerie "cyber espace", celui de l'audelà et des fantômes, une "cinquième" dimension... Vu qu'en plus du réel et d'une dimension supplémentaire artificiellement créée par l'imagerie virtuelle, se superpose les restes, les persistances d'une rétine informatique globale, qui parfois perd sa concordance avec l'espace réel. Des bugs etc. Il y a parfois des morceaux de quartier entier qui sont "des espaces obsolètes", des images de lieux qui n'existent plus, mais dont l'image persiste et fausse le réel.
Les enfants de "dennou coil", font de ces défauts du cyber espace, leur terrain de jeux. Et prennent le risque de se mettre hors la loi, passant ainsi une bonne partie de leur temps à jouer au chat et la souris avec les anti virus.

Dans l'univers de Dennou coil, on évacue pas la dimension "jeu vidéo", c'est plus complexe je crois, ça reste du jeu... on rend juste caduque la limite entre jeu, imagerie virtuelle, et réel. Le réel se drape d'une image de lui même... mais cette image n'étant pas le réel, il devient un espace mal maîtrisé, un travail de faussaire, qui devient le terrain de jeu d'enfants fascinés par les plis que provoque cette robe immatérielle. On ne peut pas dire que ce soit un roi nu; c'est un roi qui porte en plus de son habille, une image de la matière de son habit, qui vieillit, se troue différemment de la matière dont est fait l'habit réel...
arff c'est un peu embrouillé je vais nettoyer ça.


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Message par wootsuibrick Sam 3 Juil 2010 - 5:42

Mais je crois surtout qu'en dehors de ces jeux de confusions image/matière, le côté le plus frappant de la série, c'est la remise en jeu de ce vieil adage, de cette vieille dichotomie qui fait de la réalité virtuelle, même la plus poussée dans sa confusion avec le réel (Matrix, Clone, Avatar, Avalon etc), un cousin du rêve, ou un rêve lucide (ou non) artificiel : "Un jour, le philosophe Zhuangzi s’endormit dans un jardin fleuri, et fit un rêve. Il rêva qu’il était un très beau papillon. Le papillon vola çà et là jusqu’à l’épuisement ; puis, il s’endormit à son tour. Le papillon fit un rêve aussi. Il rêva qu’il était Zhuangzi. À cet instant, Zhuangzi se réveilla. Il ne savait point s’il était, maintenant, le véritable Zhuangzi ou bien le Zhuangzi du rêve du papillon. Il ne savait pas non plus si c’était lui qui avait rêvé du papillon, ou le papillon qui avait rêvé de lui."

L'univers de Dennou Coil perd la division des corps, perd l'avatar, donne juste au corps d'origine la possibilité d'évoluer entier dans l'univers virtuel... C'est le point le plus déceptif de la série à mon goût, la démultiplication des corps n'enlèverait rien à la cohérence de l'univers, ce serait juste un truc, un jeu de plus...


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Message par Invité Sam 3 Juil 2010 - 6:33

Cela pourrait évoquer vaguement un film que connait sûrement aussi à Le_comte ( Wink ), "A Scanner Darkly" de Linklater tiré d'un bouquin de K. Dick. Ces combinaisons-caméléons que les flics portent pour changer de personnage et s'infiltrer. Des sortes de déguisements qui permettent de glisser d'une fausse "identité" à une autre.

At the police station, Arctor is codenamed Fred, and hides his identity from his fellow police officers by wearing a high-tech scramble suit that changes every aspect of the wearer's appearance. Arctor's superior officer, Hank, like all other undercover officers at the station, also wears a scramble suit.
Wikipédia

Ici, seule l'enveloppe de certains individus est réellement virtuelle (intervention de la sf), le monde alentour ne l'est pas. Mais la représentation que Linklater choisi d'en donner (à l'aide du procédé technique du rotoscoping) est "purement" (pas si purement, bien sûr, puisque le procédé graphique a pour origine un support filmé "classique") graphique et donc virtuelle. Les personnages se meuvent dans ce qu'on pourrait appeler un monde virtuel du point de vue du spectateur du film, tandis que pour les personnages il s'agit d'un monde réel passé au filtre des fantasmes réalisés sous l'emprise de drogues.

Et ce qui est intéressant, c'est que Linklater, dit-il pour se faire la main, avait déjà travaillé avec ce procédé technique dans un film précédent moins connu (mais tout aussi passionnant et sympathique) qui s'appelle "Waking Life" et dans lequel cette vision graphique du monde était directement connectée aux rêves du personnage principale. J'avais vaguement tenté des ponts avec d'autres de ses films "conventionnels" lorsque je me suis particulièrement intéressé à ce cinéaste que, comme Le_comte, j'aime bien ; si je retrouve mes notes et que c'est lisible je posterai...

Clones de J. Mostow Waking-Life-Poster

Je voulais me réinteresser de près à ce film, à ce procédé face à la 3D, après la sortie d'"Avatar", mais j'ai jamais eu le temps... C'est un procédé qui date des débuts du cinéma, la rotoscopie, on trouve les premiers films utilisant cette technique dès la fin du XIXème. Ici la technique est sensiblement améliorée :

Rotoshop animation, however, makes use of vector keyframes, and interpolates the in-between frames automatically.
Wikipédia. (pour faire plaisir à Badiou)

Apparemment le travail avec l'équipe technique qui devait s'occuper de faire tout le film à partir de ce procédé a été épique, et Linklater c'est juré de ne jamais réutiliser ce procédé, il y a des histoires là-dessus sur le net, qui reviennent longuement sur les divers conflits et les rebondissements, etc. Là où "Avatar" semble avoir été réalisé par une bande de techniciens tous au service de Cameron et fiers de l'être ?

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Message par wootsuibrick Sam 3 Juil 2010 - 8:26

Y a un film d'animation du seigneur des anneaux, réalisé avant les mammouths de peter jackson, en rotoscopie.

On peut dire que l'univers de dennou coil est un système de rotoscopie à l'échelle d'une ville... mais à part ça, je ne vois que très peu de lien avec ce que je lis de "a scanner darkly" sur internet.
faut que je jette un oeil au film.
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Message par wootsuibrick Mar 6 Juil 2010 - 7:15

Fini la série dennou coil, il y a finallement sur les derniers épisodes démultiplication des corps, mais c'est très décevant... un énorme potentiel gâché, comme le soulignait un camarade, que j'ai contredit sur la base des dix premiers épisodes.
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Message par Le_comte Jeu 8 Juil 2010 - 11:38

J'ai téléchargé les premiers épisodes de la série, je vais voir ça d'ici peu. Merci pour la découverte.

Concernant les deux films de Linklater, je suis assez d'accord, il y a une proposition intéressante et il faudrait la comparer avec Avatar, etc. Je te laisse cet honneur JM, tu as déjà pas mal écrit dessus et tu sembles plus calé que moi sur ce sujet.


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