Retrospective RR au FEMA de La Rochelle

Ce matin passait La prise du pouvoir par Louis XIV.
Dans le Roberto Rossellini de Bergala et Narboni on peut lire sous la plume de Rudolf Thome ceci qui clôt son commentaire :
"L'énigme du film est : comment pareil jeune homme, qui a des sentiments vrais et qui les exprime aussi, en arrive-t-il à se comporter avec un tel cynisme ? Car il n'y a pas d'autre terme pour qualifier la façon dont il manipule complètement un Etat tout entier. La réalité de son Etat est mise en scène. Le rapprochement entre Louis XIV et un cinéaste saute aux yeux."
C'est juste. Quel pied de nez du cinéaste !

Aujourd'hui Le Général Della Rovere 1959.
Rossellini dit avoir regretté d'avoir fait ce film, qui connait pourtant un gros succès, Lion d'or à Venise, assurant au génial Roberto qui réussit son affaire, divers contrats pour des films à venir. RR après India remet en question les artifices du film de fiction et proclame le règne du documentaire en montrant en longs plans séquence ce qui est difficilement montrable, l'intérieur d'un être la force et l'énergie qui le maintiennent en vie.
Quel péché d'envie a cependant poussé Rossellini a choisir pour interpréter le personnage de Bardone, Vittorio de Sica, un cinéaste beaucoup plus en faveur que lui ? Luc Moullet : "De Sica est très exactement le Bertone - sic, c'est Bardone - du cinéma italien, un escroc qui fonde sa fortune sur l'exploitation de la misère et des pauvres gens, qu'aveugle, il croit ainsi défendre, et se prend pour un grand personnage avec une conviction si belle que tout le monde finit par le croire".  Enno Patalas :"Peut être De Sica est-il tellement bon dans ce rôle parce qu'il y a en lui aussi un "Bardone". Ses films observés avec une méfiance excessive, pourraient peut-être en témoigner".
Plus vraisemblablement, puissance des doubles au cinéma, le rôle de Bardone est un autoportrait plus ou moins inconscient de Rossellini, qu'il a tenu caché derrière l'envie envers un metteur en scène qui a plus de succès. On ne saurait jamais se dépeindre autre qu'en soi même.

Enfin Rossellini restera comme celui qui faisait des films pour ses meufs - comme Fellini, Godard ou Truffaut, et bien d'autres : c'est minable.

Godard narcissique est lui, le seul à avoir joué dans un film de sa compagne, Anne-Marie Miéville pour Après la réconciliation, un rôle hygiénique et documentaire.