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Fruitvale Station (Ryan Clooger)

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Message par Eyquem Dim 5 Jan 2014 - 13:34

Borges a écrit:Ce n'est sans doute pas un grand film en terme de cinéma, si cela veut dire quelque chose, mais c'est un film dont on ne sort pas indemne; c'est terrifiant, d'une tristesse infinie; la scène finale, on pense à la fin du procès de kafka, appelée à la mémoire sans doute par la mort du chien.
Film très remuant. C'est comme une longue scène d'adieu qui durerait 1h30: à cause de la vidéo qui ouvre le film, toutes les scènes, même les plus anodines, deviennent tristes. Ca n'a pas l'ampleur de Carlito's way, mais c'est un peu le même récit: l'histoire d'un gars qui tente de sortir de la rue, et qui est rattrapé sur le quai d'une gare, au moment où il avait fait la promesse d'un nouveau départ.
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Message par Borges Dim 5 Jan 2014 - 14:47

hi, oui, j'y avais pas pensé (selon moi, c'est le meilleur de palma, et je suis prêt à le prouver, en le redisant trois fois ), mais plus loin, ça rappelle aussi le conte fameux, que tu avais "cité" aussi, si je me trompe pas :


Farid ud-Dîn Attar a écrit:"Il y avait une fois, dans Bagdad, un Calife et son Vizir. Un jour, le Vizir arriva devant le Calife, pâle et tremblant :

« Pardonne mon épouvante, Lumière des Croyants, mais devant le Palais une femme m’a heurté dans la foule. Je me suis retourné : et cette femme au teint pâle, aux cheveux sombres, à la gorge voilée par une écharpe rouge était la Mort. En me voyant, elle a fait un geste vers moi. Puisque la mort me cherche ici, Seigneur, permets-moi de fuir me cacher loin d’ici, à Samarcande. En me hâtant, j’y serai avant ce soir »

Sur quoi il s’éloigna au grand galop de son cheval et disparu dans un nuage de poussière vers Samarcande. Le Calife sortit alors de son Palais et lui aussi rencontra la Mort. Il lui demanda :

« Pourquoi avoir effrayé mon Vizir qui est jeune et bien-portant ? »

- Et la Mort répondit :

« Je n’ai pas voulu l’effrayer, mais en le voyant dans Bagdad, j’ai eu un geste de surprise, car je l’attends ce soir à Samarcande "


Une histoire tragique à la Oedipe, tout ce que l'on fait pour s'en tirer, pour empêcher le pire, le prépare en fait, ce qu'exprime la mère effondrée quand elle dit à l'infirmière : "je lui avais dit de prendre le métro, et pas la voiture, pour sa sécurité.."....
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Message par Eyquem Dim 5 Jan 2014 - 15:08

Oui; ou bien: s'il n'avait pas été sympa avec la blonde, elle ne l'aurait pas interpellé dans le wagon, la bagarre n'aurait pas commencé...


Je cite Carlito's way parce que le film de Coogler s'en prend plein les dents dans certaines critiques, au motif que c'est une histoire pleine de clichés et de bien-pensance. Si c'est Al Pacino, c'est génial, c'est une tragédie, c'est du cinéma. Si c'est inspiré d'un fait divers, c'est manichéen, manipulateur, roublard.
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Message par Borges Dim 5 Jan 2014 - 15:15

Eyquem a écrit:Oui; ou bien: s'il n'avait pas été sympa avec la blonde, elle ne l'aurait pas interpellé dans le wagon, la bagarre n'aurait pas commencé...


Je cite Carlito's way parce que le film de Coogler s'en prend plein les dents dans certaines critiques, au motif que c'est une histoire pleine de clichés et de bien-pensance. Si c'est Al Pacino, c'est génial, c'est du cinéma. Si c'est inspiré d'un fait divers, c'est manichéen, manipulateur, roublard.

oui, j'ai parcouru certains de ces trucs, surtout français...ils sont assez cons, parce que le film ne se situe pas uniquement sur le plan de la fatalité sociale, raciste...au fond, je vois pas trop ce que l'on peut reprocher à un fait divers raciste, c'est pas le film qui est manichéen, c'est le réel, c'est le réel qui manipule, qui se joue de nous; nous sommes agis, là où nous croyons agir; comme toute tragédie, le film éveille le regret, le fameux "ah si seulement..."; la tragédie comme disait l'autre, c'est le redoublement du réel, par le possible...Le réel, c'est quoi que l'on fasse, cela se terminera pas bien....

en revoyant "touch of sin" après ce film, j'ai pensé quelle veine, ils ont en chine : ils quittent un boulot, et en retrouvent un autre sans le moindre problème...

Wink




(les clichés comme disait deleuze, y a en partout, et surtout dans les têtes de ces "critiques")




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Message par adeline Dim 12 Jan 2014 - 11:23

Oui, on se demande en lisant ces critiques qui parlent de manipulation, d'instrumentalisation, ce qu'ils font quand ils voient un film. Moi, j'ai regardé ce film comme la fille qui en a fait la critique dans 20 minutes "avec la gorge serrée et le cœur en miettes". Et il est resté fort en moi après. Et tout ce que j'en ai pensé, honte sur moi qui ne suis pas critique à l'égard de ce qu'on me montre, c'est que la vie est profondément injuste, pas du tout que le cinéma m'arnaquait en me la montrant telle.
Il faut lire ce que raconte le mec d'avoir-alire (http://www.avoir-alire.com/fruitvale-station-la-critique-du-film-evenement-de-ryan-coogler) ou celui de critikat (ils sont quand même fort ceux-là : http://www.critikat.com/Fruitvale-Station.html)…

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Message par DB Mar 21 Jan 2014 - 13:40

Je crois que c'est un gars du New York Post qui a lancé un peu toutes les polémiques en accusant le film de faire l'ombre sur certains faits.

En ce qui me concerne j'ai lâché l'affaire quand j'ai lu ça :

la vision du cinéaste est totalement bornée et naïve, centrée sur Oscar qui représente, plus que jamais, la version ghetto d’un personnage Disney né au mauvais moment, au mauvais endroit


Bon pour tout vous avouer, le film m'a beaucoup ému et je trouve la mise en scène assez forte pour un film qui ne raconte pas grand chose (la meilleure idée du scénario c'est de ne pas avoir chercher à inventer ou créer de la dramaturgie mais de plier les faits de la journée sur son film, l'effet d'accumulation en empilant les scènes les unes les derrières les autres est très réussi). En même temps, c'est aussi l'écueil qu'on peut lui reprocher, que raconte le film sinon l'illustration du fait divers ? Quel est l'enjeu de cinéma qui anime Ryan Clooger ? Pour un premier film, on ne pourrait aussi ne pas lui en demander autant et se contenter de ce qu'on a, un film aussi bref que vif.

Même si j'étais un peu dubitatif et irrité par les "based on a true story" sur l'affiche et tous les commentaires que cela inspire, le film m'a cueilli. Pourtant je suis toujours méfiant avec l'adaptation de faits divers mais rien que l'utilisation du 16mm avec son grain et ses caméras légères m'a transporté en Californie. La gorge se noue quand le dernier train s'en va et que le point ne se fait pas correctement sur les vitres.

Le chien écrasé c'est plus Dostoïevski que Kafka. A quel point est on libre de décider de nos actes ? Oscar est il vraiment libre d'aller et venir ? Une espèce d'image d'Oscar abattu par le policier sans raison sinon que tout allait très vite ? Je suis pas sur que ce soit tout à fait le message du film, c'en est certainement une partie, l'agression policière est ignoble mais le policier tueur n'apparait pas comme une brute (à la différence du gros/grand faf crane rasé).

C'est assez fou que personne ne reproche au Wolf de Wall Street ses plus qu'arrangements avec la réalité mais que ce soit le cas pour celui-ci.Je ne sais pas si le film se revoit bien mais en tout cas, je n'en suis pas sorti tranquille.
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Message par Borges Mar 21 Jan 2014 - 14:59

DB a écrit:que raconte le film sinon l'illustration du fait divers ? Quel est l'enjeu de cinéma qui anime Ryan Clooger ? Pour un premier film, on ne pourrait aussi ne pas lui en demander autant et se contenter de ce qu'on a, un film aussi bref que vif.



Le chien écrasé c'est plus Dostoïevski que Kafka. A quel point est on libre de décider de nos actes ? Oscar est il vraiment libre d'aller et venir ? Une espèce d'image d'Oscar abattu par le policier sans raison sinon que tout allait très vite ? Je suis pas sur que ce soit tout à fait le message du film, c'en est certainement une partie, l'agression policière est ignoble mais le policier tueur n'apparait pas comme une brute (à la différence du gros/grand faf crane rasé).

-le film n'illustre pas un fait divers, il met en scène à partir d'un fait divers un destin, une destination, un mouvement qui n'est pas celui de la conscience...comme dans la tragédie Oscar paye très cher une faiblesse : il s'emporte...

-le rapprochement entre kafka, le chien tué sur la route et le jeune assassiné est une allusion à la fin du procès : "Mais les mains de l'un des messieurs se plaquèrent contre la gorge de K. pendant que l'autre lui planta le couteau profondément dans le coeur et l'y tourna deux fois. De ses yeux qui s'obscurcissaient K. vit encore, tout près de son visage, joue contre joue les deux messieurs observer l'issue : " Comme un chien dit-il; c'était comme si la honte devait lui survivre ".




peux-tu développer le rapport à dosto?
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Message par DB Mar 21 Jan 2014 - 16:11

D'accord pour le procès mais je sais pas pour Kafka, je trouve que l'univers de Fruitvale Station est trop ancré dans la réalité, dans le concret.

Enfin pour Dostoïevski par rapport au chien, je pensais au dialogue entre Ivan et aliocha dans les frères Karamazov quand Ivan affirme que "quand on parle parfois de la cruauté "bestiale" de l'homme, c'est une injustice terrible et blessante pour les animaux; un animal ne pourra jamais être aussi cruel qu'un homme, cruel avec un tel sens artistique, un tel art." Je trouve que c'est un peu un discours sur le film (cruel avec les spectateurs puisqu'en bonne tragédie l'issue nous est déjà donnée) à la fois qu'une façon d'annoncer la cruauté de la mort à venir.

Si je me souviens bien c'est un animal considéré comme dangereux, réputé pour être méchant un american pit bull ou un dogue non ? Mais rien n'est plus méchant que l'homme dit le film, que ceux qui déclenchent une baston pour rien, que ceux qui brutalisent parce qu'ils en ont le pouvoir, que ceux qui licencient, etc...

D'une certaine manière on pourrait aussi dire qu'Oscar est abattu alors qu'il commençait à croire que deux et deux pouvait faire cinq.
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Message par Borges Mer 22 Jan 2014 - 8:55

une fois de plus, je n'ai pas dis que "fruitval station", c'était du kafka, j'ai rapproché deux moments du film : celui du chien renversé par une bagnole, et l'assassinat d'Oscar; la construction des deux plans crée un montage, une comparaison, une analogie dans l'esprit...la mort d'oscar c'est comme celle du chien... d'où chez moi un troisième rapprochement, la comparaison faite par kafka entre la mort de Josef K et un celle d'un chien : "Mais les mains de l'un des messieurs se plaquèrent contre la gorge de K. pendant que l'autre lui planta le couteau profondément dans le coeur et l'y tourna deux fois. De ses yeux qui s'obscurcissaient K. vit encore, tout près de son visage, joue contre joue les deux messieurs observer l'issue : " Comme un chien dit-il; c'était comme si la honte devait lui survivre ".




je vais pas entrer dans une discussion sur le réel dans kafka... mais fruitval est moins concret, réel, qu'on  peut le penser à première vue, c'est un conte, une fable tragique sur l’être-pour-la mort : nous ne prenons jamais qu'un seul métro, celui pour la mort...

je vois pas ce que tu veux dire avec cette histoire de bestialité, et de cruauté...(si le sujet t'intéresse y a le séminaire de derrida "la bête et le souverain", qui examine cet énoncé et bien d'autres...)

Oscar ne cherche pas à affirmer le 2+2 font 5 de Dosto, l'impossible de la foi, à échapper donc à la vie normale, rationnelle,  mais bien plutôt  à y revenir...


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Message par DB Mer 22 Jan 2014 - 11:21

Je sais pas comment lire les scènes de prière dans Fruitvale Station autrement que comme ça, ce que tu appelles "l'impossible de la foi". Mais la foi ça m'intéresse pas beaucoup,lol.
Merci pour le séminaire, j'irai voir.

Non, en fait, ce qui m'a rappelé Dosto c'est plus le rapport à la cruauté entre les hommes et, de mémoire, toute la discussion entre Ivan et son frère repose là dessus.
Ce qui me fait écrire ça c'est que le chien qui se fait renverser dans le film n'est pas de n'importe quelle race. C'est un de ses chiens très costauds que l'on utilise dans les combats de chiens, dans les règlements de compte : le genre de chien que l'on associerait bien à un dealer, un gangster, un méchant pour le dire vite. Le genre de chiens qui font peur au cinéma. (En gros ce n'est pas un labrador qu'on écrase. )

On dit souvent de ces chiens qu'ils sont cruels, violents, qu'il faut s'en méfier. Là, c'est le chien qui ne s'est pas méfié de l'homme. Il traverse la route et se fait percuter comme Oscar quitte la rame de métro et se fait abattre. Quand Ivan raconte ça, c'est pas très compliqué c'est pour souligner la cruauté de l'homme, un animal ne ferait jamais ça à un autre animal mais un homme oui, d'où la remise en question de l'existence d'un dieu miséricordieux, etc...
Dans les Frères Kamarazov on se pose aussi souvent la question "où est papa".

Mais pour Là où tu as vu/senti Kafka, j'ai vu/senti Dostoeïvski. La possibilité de choisir, d'avoir et d'user de son libre arbitre contre le déterminisme. Oscar n'est pas l'homme du souterrain mais c'est aussi un peu une sorte de paria, sur qui s'exerce une avalanche de pouvoirs surplombants.

Oui, c'est très juste pour le métro, belle formule.
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