Un lac
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Re: Un lac
J'ai juste vu des bouts de dumont, et un extrait de grandieux dont j'ai le dvd. L'extrait du grandieux ne m'a pas vraiment convaincu, mais il faut que je vois le film en entier, (La vie nouvelle).
Re: Un lac
(Grandrieux, je crois que ça ne passe pas du tout en DVD. C'est tellement sombre, tout ce qu'on doit voir, c'est les grosses traces de doigt sur l'écran...lol)
Eyquem- Messages : 3126
Re: Un lac
En guise de note en bas de page :
C'est dommage que Jerzy soit pas inscrit. Je me souviens qu'il adore "29 Palms".
Je me demande comment on peut être Becketto-Dumontien comme lui...
BRUNO DUMONT : Je suis quelqu'un qui se méfie des intentions, de la pensée... C'est pourquoi je fais ce genre de cinéma, aussi.
...
Je crois beaucoup à la purge et au catharsis du cinéma. (…) Au cinéma, j'ai besoin de m'en prendre plein la gueule.
...
Ce qui m'intéresse dans l'être humain, c'est l'animal. La relation du spectateur au cinéma est la relation d'un être soi-disant humain et civilisé avec une expérience de l'animalité. Il y a une partie animale en nous qu'il faut filmer et révéler. Donc faire un cinéma humain n'aboutit pas à un film pour moi. C'est la critique que je faisais au cinéma contemporain, qui est très humain, très gentil, pétri de bonnes intentions, mais qui m'emmerde, qui ne sert à rien. La confrontation à l'animalité est une nécessité du cinéma.
http://archive.filmdeculte.com/entretien/dumont1.php
C'est dommage que Jerzy soit pas inscrit. Je me souviens qu'il adore "29 Palms".
Je me demande comment on peut être Becketto-Dumontien comme lui...
Eyquem- Messages : 3126
Re: Un lac
Eyquem a écrit:Je me demande comment on peut être Becketto-Dumontien comme lui...
Je me pose la question également...
Pr ceux que ça intéresse (je n'ai pas encore eu le temps de les visionner):
http://www.grandrieux.com/content/lac_scenario_video_01.php?lang=fr
http://www.grandrieux.com/content/lac_making_video_02.php?lang=fr
et
http://www.grandrieux.com/content/lac_making_video_01.php?lang=fr
^x^- Messages : 609
Re: Un lac
Hello.
Étrange, tout cet acharnement contre Dumont; sa prétendue rigidité, son animalité, son anti-humanisme.
Il me semble au contraire que c'est une sorte de cinéma très noble, qui ne rabaisse jamais, n'écrase pas mais crée une victoire du spectateur, même si c'est une victoire difficile. Quand Dumont filme ses personnages, ce n'est jamais pour nous dire "ah, regardez comme ils sont bas! quel ennui! ... et cette campagne! ça alors, comme la nature humaine est moche!".
Le film est difficile, mais le spectateur est le plus important: respecter son intégrité est ce qui compte finalement le plus. J'entends très bien ce qu'il dit lorsqu'il parle d'un certain cinéma actuel, pétri de bonnes intentions, qui nous assène une morale: il y a des montages qui sont pas sains. La dignité, c'est vraiment la façon dont le spectateur se trouve dans la salle, et Dumont semble très attaché là-dessus: il travaille, asticote, connecte, agence; ça marche ou ça marche pas. Il prend des câbles, il connecte. Mais il n'y a jamais rien de méprisant là-dedans (et après tout l'écriture en est également concernée, quand on se cause, sur le forum, ailleurs)
Je ne connais pas Grandrieux, mais le peu d'images vues ne sont pas enthousiasmantes.
Étrange, tout cet acharnement contre Dumont; sa prétendue rigidité, son animalité, son anti-humanisme.
Il me semble au contraire que c'est une sorte de cinéma très noble, qui ne rabaisse jamais, n'écrase pas mais crée une victoire du spectateur, même si c'est une victoire difficile. Quand Dumont filme ses personnages, ce n'est jamais pour nous dire "ah, regardez comme ils sont bas! quel ennui! ... et cette campagne! ça alors, comme la nature humaine est moche!".
Le film est difficile, mais le spectateur est le plus important: respecter son intégrité est ce qui compte finalement le plus. J'entends très bien ce qu'il dit lorsqu'il parle d'un certain cinéma actuel, pétri de bonnes intentions, qui nous assène une morale: il y a des montages qui sont pas sains. La dignité, c'est vraiment la façon dont le spectateur se trouve dans la salle, et Dumont semble très attaché là-dessus: il travaille, asticote, connecte, agence; ça marche ou ça marche pas. Il prend des câbles, il connecte. Mais il n'y a jamais rien de méprisant là-dedans (et après tout l'écriture en est également concernée, quand on se cause, sur le forum, ailleurs)
Ce n'est pas une distraction, ce n'est pas une attraction. Le cinéma, passer une heure et demi comme ça, ce n'est pas un manège. Je veux que le spectateur soit victorieux. Vraiment. Je veux que ce film, il crée une victoire, même si c'est difficile. Mais d'abord, je pense que ça doit être une victoire. Sinon, ce n'est pas la peine de faire des films.
Je ne connais pas Grandrieux, mais le peu d'images vues ne sont pas enthousiasmantes.
Dr. Strangelove- Messages : 5
Re: Un lac
Dr. Strangelove a écrit:J'entends très bien ce qu'il dit lorsqu'il parle d'un certain cinéma actuel, pétri de bonnes intentions, qui nous assène une morale
La distinction intentions/instincts est à dépasser, non ?
On peut faire quelque chose sans intentions, sans morale, qui ne soit pas des illustrations figuratives de concepts, etc. sans pour autant tomber dans l'autisme, dans l'"auteurisme"...
La parole c'est une composante comme une autre du langage ciné ; qu'un artiste s'en serve ou pas, c'est son choix. Il me semble que ce qui rend un film plus facile, accrocheur, moins autiste, c'est la vitesse à laquelle s'enchaînent indifféremment images, sons, parole, etc. et non pas la seule présence de la parole.
Leurtillois- Messages : 131
Re: Un lac
Mais la question est moins d’avoir ou de ne pas avoir des intentions, une morale. La question c’est d’en avoir la plus noble, la plus haute, celle qui n’indigne jamais. Je ne sais pas, je ne suis pas sur qu’il vise réellement l’humanité ou un quelconque volontarisme en disant ça. Aucun culte du mépris. On a plus l’impression qu’il parle de tous ces films estampillés « indé US » qui pourrissent sur nos écrans : petites affaires privées et envies pleurnichardes d’être aimé.
Si mes souvenirs sont bons, cette année - à moins que ce fût déjà l’année dernière - à Cannes, le prix du « meilleur premier film » pour Hunger a été attribué par Dumont. Il serait intéressant de partir de la confrontation de ces deux cinémas, qui me semblent très proches, bien qu’ils se distinguent sur certains points.
Si mes souvenirs sont bons, cette année - à moins que ce fût déjà l’année dernière - à Cannes, le prix du « meilleur premier film » pour Hunger a été attribué par Dumont. Il serait intéressant de partir de la confrontation de ces deux cinémas, qui me semblent très proches, bien qu’ils se distinguent sur certains points.
Dr. Strangelove- Messages : 5
Re: Un lac
Leurtillois a écrit:
La distinction intentions/instincts est à dépasser, non ?
oui, je le crois parfaitement. dans une oeuvre c'est constamment fait, dans la critique que l'on fait d'une oeuvre ça l'est moins.
Re: Un lac
Eyquem a écrit:Largo a écrit:Oui, je suis bien sûr aussi d'accord avec ce que Woot cite, mais ca ne répond pas vraiment à cette hypothèse là :Largo a écrit:Peut-être que si leurs personnages sont aussi peu bavards, c'est qu'ils cherchent dans le travail sur les images des réponses à des questions face auxquelles les mots, la parole, la pensée ne suffisent pas.
Pour ce qui est de se poser des questions, je doute qu'ils se posent les bonnes.
Sinon, "les mots, la parole, la pensée", je ne confondrais pas tout ça.
L'opposition mots/images, c'est une opposition paresseuse. Elle ne marche pas.
Il suffit de lire ce qui s'écrit sur Dumont et Grandrieux, ce qu'ils disent eux-mêmes, pour voir que leur corps à corps avec l'impensable est d'une importance tout à fait relative pour la pensée.
Tu sembles dire qu'il n'y a rien de pire pour eux que la "banalité psychologique". Il me semble que ce qui est pire, c'est de croire qu'il suffit de se taire pour y échapper et se donner l'illusion de son propre génie.
La banalité, je ne trouve pas ça effrayant - et d'abord parce qu'elle définit un lieu commun. M'intéresse davantage ce qui s'élabore là, que le silence hautain où s'enferme celui qui ne veut pas compromettre son génie avec le bien commun de tous - ces mots inexacts qui sont les seuls à notre portée pour dire les choses exactement.
Bon, j'ai l'impression qu'il faudrait s'appuyer plus concrètement sur les films pour continuer la discussion. Pour moi ce n'est pas Dumont qui se mure dans le silence, d'ailleurs il fait partie de ceux qui ne rechignent pas à s'expliquer, à échanger avec des spectateurs etc.
Il faut aussi, je crois, prendre en considération le type de personnages auxquels s'intéresse Dumont. Reproche-t-on aux paysans de Depardon d'être taiseux ?
Pour répondre à sa citation sur l'animalité, on peut en prendre une autre qui va dans le sens de ce que je disais (c'est marrant comme jeu )
La pureté, Dieu, l’amour, ce sont des mots tellement… On peut les écrire, je n’ai pas peur de les écrire, mais quand on a un visage devant soi… L’amour peut venir d’un pas, d’un bruit, d’une branche, il peut venir de n’importe où, il faut être vigilant pour le saisir quand il passe.
http://fr.blogs.dissidenz.com/2008/03/19/entretien-avec-bruno-dumont/
Voilà la différence entre son activité passée de prof de Philo, et son travail de cinéaste actuel.
A mon sens, la grande force, l'originalité d'un film tel que Flandres, c'est d'avoir porté un regard sur la guerre et le départ des soldat entièrement nouveau. Ca tient à une manière de filmer les paysages, les personnages dans ces paysages, de telle sorte qu'on puisse sentir à quel point, l'homme est façonné par l'environnement dans lequel on vit. A l'arrivée dans le pays en guerre, on perçoit très fortement le sentiment de perte de repère des soldats. Et ça, par exemple, ca ne passe pas par le langage, mais c'est un sentiment qu'aucun film américain par exemple n'avait pu traduire. Bien sur, c'est un exemple parmi beaucoup d'autres...
Re: Un lac
Largo a écrit:
Pour répondre à sa citation sur l'animalité, on peut en prendre une autre qui va dans le sens de ce que je disais (c'est marrant comme jeu )
La pureté, Dieu, l’amour, ce sont des mots tellement… On peut les écrire, je n’ai pas peur de les écrire, mais quand on a un visage devant soi… L’amour peut venir d’un pas, d’un bruit, d’une branche, il peut venir de n’importe où, il faut être vigilant pour le saisir quand il passe.
Hello,
Ca va plutôt dans le sens d'une certaine animalité, non ? Etre "aux aguets", comme on dit.. le chat qui doit toujours surveiller dans son dos ce qu'il s'y passe.. L'amour ? Je sens quelque peu de cynisme dans cette citation.
Un bouquin de Derrida est allé très loin dans l'exploration philosophique des frontières poreuses entre l'homme et l'animal, jusqu'à y perdre peut-être le lecteur : "L'animal que donc je suis".
Invité- Invité
Re: Un lac
Leurtillois a écrit:
La distinction intentions/instincts est à dépasser, non ?
Oui, perso en tant que j'écris un peu sur le cinéma, je suis tout à fait d'accord avec ça !
Invité- Invité
Re: Un lac
JM a écrit:Largo a écrit:
Pour répondre à sa citation sur l'animalité, on peut en prendre une autre qui va dans le sens de ce que je disais (c'est marrant comme jeu )
La pureté, Dieu, l’amour, ce sont des mots tellement… On peut les écrire, je n’ai pas peur de les écrire, mais quand on a un visage devant soi… L’amour peut venir d’un pas, d’un bruit, d’une branche, il peut venir de n’importe où, il faut être vigilant pour le saisir quand il passe.
Hello,
Ca va plutôt dans le sens d'une certaine animalité, non ? Etre "aux aguets", comme on dit.. le chat qui doit toujours surveiller dans son dos ce qu'il s'y passe.. L'amour ? Je sens quelque peu de cynisme dans cette citation.
Du cynisme ? Je crois pas que Dumont soit quelqu'un de franchement cynique. Et l'amour n'est pas traité sur ce ton du tout dans ses films...
Après, une certaine animalité oui, oui, il n'est pas question de le nier. Est-ce que ca rejoint pas un peu la question du "cinéma animalier" de RAZ ?
Merci pour la référence du bouquin de Derrida.
PS : Je suis aussi d'accord avec ce que dit Leurtillois
Re: Un lac
Largo a écrit:
Après, une certaine animalité oui, oui, il n'est pas question de le nier. Est-ce que ca rejoint pas un peu la question du "cinéma animalier" de RAZ ?
Attendre pour capter quelque chose, comme dans le doc animalier, je ressens ça chez RAZ, c'est pourquoi il y a une poétique chez RAZ, une vraie liberté dans le rythme, tout ça, peu de calcul. Chez Dumont je sais pas pourquoi j'ai l'impression que ses plans ont toujours un sens forcé, que tout est très préparé, qu'on va allumer du feu pour pouvoir filmer les braises, etc. Trop esthétisant peut-être, sans doute. Y'a pas vraiment d'"évolution" chez Dumont, du moins c'est mon impression, faut regarder d'où on part et où on arrive. Ce qui n'empêche pas de ne pas rejeter Dumont en bloc.
Pas de cynisme dans "29palms" ? Peut-être.
Invité- Invité
Re: Un lac
Oui, c'est vrai que dans les films de Dumont il y a un aspect "tableau", statique et très calculé aussi. Il n'est pas donné à tout le monde d'atteindre "le définitif par hasard".
Sinon pour revenir un peu à Un lac, je me demandais pourquoi il n'avait pas appelé le film "Le lac" puisque ce lac qu'il avait en tête il l'a cherché partout en Europe.
Pour Michaux, c'est bien "Le lac". Et de l'homme, de la bête, il fait clairement la part des choses
(Henri Michaux in La nuit remue
Sinon pour revenir un peu à Un lac, je me demandais pourquoi il n'avait pas appelé le film "Le lac" puisque ce lac qu'il avait en tête il l'a cherché partout en Europe.
Pour Michaux, c'est bien "Le lac". Et de l'homme, de la bête, il fait clairement la part des choses
LE LAC
Si près qu'ils approchent du lac, les hommes n'en deviennent pas pour ça grenouilles ou brochets.
Ils bâtissent leurs villas tout autour, se mettent à l'eau constamment,, deviennent nudistes... N'importe. L'eau traîtresse et irrespirable à l'homme, fidèle et nourrissante aux poissons, continue à traiter les hommes en hommes et les poissons en poissons. Et jusqu'à présent aucun sportif ne peut se vanter d'avoir été traité différemment.
(Henri Michaux in La nuit remue
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