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La Captive aux Yeux Clairs (the Big Sky), Hawks

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La Captive aux Yeux Clairs (the Big Sky), Hawks Empty La Captive aux Yeux Clairs (the Big Sky), Hawks

Message par Invité Dim 7 Juil 2013 - 13:29

J’ai l’impression que le Dr Apfelgluck avait écrit un article intéressant dessus, avec des copies d'écran tirées du film, mais n’arrive plus à le retrouver.
En anglais il s’appelle « The Big Sky », comme la chanson à la fois païenne et mélancolique des Kinks, qui correspond bien au ton du film.
Dans les deux premier tiers il s'agît un film d’aventure, assez languide mais distrayant, qui semble un peu  daté pour 1952 (noir et blanc, en plus la copie DVD est bien abîmée). La dernière demi-heure est vraiment émouvante.
Au début du XIXème siècles, à Saint Louis, trois aventuriers américains, un peu paumés (Kirk Douglas aka Deakins, dont on ne saura rien de la vie, Boone, un jeune homme qui rappelle celui des « Searchers » de Ford, métis, dont la famille a été massacrée et à la fois recherche d’un père et d’une possibilité de vengeance, puis Zeb Calloway l’oncle de celui-ci un trappeur aguerri et haut au couleur, très bon Arthur Hunnicutt) s’associent à des bateliers basques qui veulent remonter le Missouri jusqu’en pays Pieds Noir, dans le Montana, dans une zone inexplorée  près du Mont Téton, pour acheter aux Indiens des peaux à bas-prix (trafiquer quoi…). Ils ont comme viatique une princesse de la tribu, qu’ils ont la fois sauvée de la noyade et kidnappée, qu’ils comptent utiliser comme sauf-conduit pour en pas être attaqué. Elle est la seule femme indienne dans le bateau, dans un univers complètement masculin…heureusement le décalage culturel entre les Français, qui forment l’équipage du bateau et les aventuriers américains, qui doivent travailler ensemble, dévie l’attention qui pourrait porter sur elle (il y a trois langues dans le film ; l’anglais, le français et l’indien, et le scénario est assez génial, en ayant imbriqué les difficultés de se comprendre dans l’intrigue, en ce sens le film est beaucoup plus crédible que "la Flèche Brisée" ).
C’est l’oncle trappeur, qui a vécu longtemps en pays indiens, parle les langues locales et dont on sent qu’il aime les cultures indiennes et se considère comme un nomade plutôt qu’un colon, qui sert d’interprète. Mais la Compagnie du Missouri, qui détient le monopole de fait du commerce sur le fleuve, et possède plusieurs forts qui servent de relais, ne l’entend pas de cette oreille, et s’allie au Crows, ennemis des Pieds Noirs, pour entraver l’expédition…


Quelque éléments à la va-vite :
-Hawks a décidément une  manière forte de filmer la nuit. Celle où meurt Scarface après avoir « réussi » l’inceste avec sa soeur, celle de Mr Bébé, ou Cooper et Hepburn, qui se fuient ou s’envoient des piques dans les journées, et se séduisent (et n’ont pas peur de sortir dans la forêt, d’explorer le territoire) pendant la nuit. Il y a un partage à la fois comparable et inverse dans « the Big Sky ». Pendant la journée, le bateau doit remonter le fleuve en affrontant à la fois les Crows et la Compagnie, il n’y en fait pas beaucoup de dialogues : ce que l’on montre plutôt l’effort de hâler le bateau (scènes vraiment très bonnes), ainsi qu'une suite de batailles et des négociations commerciales. Une fête de jour improvisée où les bateliers essayent de danser en plein jour (et miment aussi le mélange des sexualité pas si loin de Mr Bébé) les transforme en cible pour les Indiens, un des danseurs est tué net d’une flèche dans la nuque. Hawks représente ce fait : la journée est un moment « trop tôt » pour la vraie fraternité. Par contre la nuit apporte une sécurité, une possibilité de s’immobiliser sans être attaqué, où on peut se parler et une chance de fraternité. A la fin les trois personnages, lorsqu'ils doivent se cacher dans la cascade à cause de la blessure de Deakins, discutent d'ailleurs explicitement de cela
-Beau processus dans le film. Les personnages ne créent pas une communauté marginale, mais partent d’elle, et celle-ci crée ensuite ses propres dissidences internes, ses propres tensions, sa propre notion de l’irréconciliable. Mais ce processus de maturation politique interne, est aussi une inconscience politique externe. Les trafiquants finissent par assumer consciemment et revendiquer leur amour pour la communauté des Pieds Noirs, le film se finit sur la promesse de revenir l’année prochaine, c'est-à-dire que la rencontre sera convertie en rapport colonial (les Indiens auront à choisir l’intégration économique dans une communauté qui ne leur laisse pas de place sur leur propre sol soit la guerre). Mais les personnages ne le voient pas, et croient en la possibilité d’alliances sexuelles et individuelles (ils ont raison, mais ne comprennent pas que le rapport de force politique culturel qu’ils ont créé survivra à leur propre mort, ce qui est peut-être le vrai mécanisme de l’impérialisme). Par contre leurs querelles, leur désir, et leurs tentative de subvertit de l’intérieur leur minicommunautés sont montrés et développés, ils constituent une vérité non-historique, mais plausible : un espace pour l’imaginaire, qui tient à ce qu’il y ait une durée, un jeu de répétition, disparition et de retour, au sein de ce que l’histoire a oublié.
-le dénouement du film est le constat de la valeur morale d’une psychologie qui en fait était déjà donnée telle quelle au début : « Je n’aurais pas cru que tu aurais le bon sens de rester [chez les Pïeds Noirs, avec la Princesse qui veut t’épouser et qui m’a rejetée, dont tu n’es pas sûr de vouloir ]». Chez Hawks il y a la notion d’intrigue qui avance par un jeu de disparation et de reconnaissance comme chez Aristote, mais non pas d’une identité, que les phénomènes ont changé, mais d’une morale que ces phénomènes cachent. Cette reconnaissance est aussi le mécanisme de la vieillesse, sous une forme « laïque », sans qu’elle n’admette forcément un au-délà (il n’y a rien qui embraye après la leçon morale, elle est elle-même un phénomène "pur").
- la Plus belle scène du film : quand Hunnicut avoue à Douglas (après avoir raconté la suicide de sa femme) que le frère de Dewey Martin n’a jamais été tué par les Indiens, et que le scalp qu’il lui a donné (et que la princesse voulait lui voler) pour lui raconter la vérité sur sa famille était du bidon, pour être sûr qu’il ne serait pas seul de sa famille dans ce voyage, alors que Dewey Martin semble avoir lui-même oublié qu’il a fait ce voyage avec une arrière-pensée de vengeance contre les indiens. On n'est pas chez Ford. Il n’y a rien, c’est juste deux phrases, mais elles changent complètement le film.

EDIT:
-la chanson des Kinks est sand doute une allusion directe au film. Le Ciel qui nous regarde, c'est le développement du dialogue dud ébut entre Kirk Douglas et Dewey Martins, lorsqu'ils parlent du cadavre du vieil épicurien que transporte Kirk Douglas
-il y a un potentiel pour un remake bis de science fiction à la Event Horizon Wink . La bateau sur le fleuve est vraiment similaire à un vaisseau spatial perdu dans le cosmos
La Captive aux Yeux Clairs (the Big Sky), Hawks Big+2
. Il y a d'ailleurs pas mal d'éléments du film qui se retrouvent de manière infantile dans "Starwars" (notamment les interactions entre les deux hommes et la princesse)

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