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Titicut Follies

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Message par Invité Sam 16 Mar 2013 - 23:56

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Dernière édition par supercool le Lun 15 Avr 2013 - 12:01, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 18 Mar 2013 - 16:00

supercool a écrit:


« Je n’ai rien contre Freud, mais s’il pouvait voir au travers de Juvenile Court et Welfare ce qu’on a fait de certaines de ses idées, il aurait veillé à ce qu’on ne publie pas ses livres. La technique d’interviews utilisée dans Welfare est issue de l’attitude paternaliste freudienne. Si vous voulez, je suis frappé par la façon dont les idées-maîtresses comme celles de Freud sont dénaturées, trahies par des gens qui ne les comprennent pas mais s’en servent pour contrôler l’attitude, la conduite des autres. À la fin de Titicut Follies, le psychiatre prend le micro en pleine réunion et prononce le diagnostic : « schizophrène à tendance paranoïaque » du ton de quelqu’un qui croit qu’il a dit quelque chose. Alors qu’il s’est servi tout simplement d’un des mots « sacrés » du vocabulaire des sciences sociales pour l’appliquer au comportement très complexe du jeune « cas » en face de lui. Et les autres de se sentir réconfortés croyant qu’ils ont compris quelque chose au cas clinique, alors qu’ils sont surtout indifférents au jeune homme. Ils n’ont jamais cherché à comprendre ce qui pouvait lui convenir comme traitement. Ils trouvent le diagnostic et réagissent non pas aux besoins du malade mais à sa classification. »

(Entretien avec Fred Wiseman, Claire Clouzot, Ecran 76, septembre 1976).


C'est en effet les deux scènes les plus marquantes du film: un prisonnier psychotique (qui semble être n'avoir rien commis de délictueux: il a apparemment sollicité les "conseils" d'une maison de quartier au cours d’une crise de paranoïa et s'est retrouvé en tôle, car son cas est à la fois bénin et irréductible à la normalité) encore jeune et plein d'aplomb physique est contraint par l’institution à développer pour survivre une critique fondée et mesurée de la technique psychiatrique, mais plus personne ne l'écoute quand il y parvient.
"vos questions sont: combien de fois je vais aux toilettes, si mes amis vont aussi souvent que moi aux toilette, et si je crois aux toile...en Dieu.Mais qu'est ce que cela dit de mon état mental enfin? Est-ce que je vous demande combien de fois vos amis vont aux toilettes? C'est ridicule, même si j’admets moi-même ma folie, cela reste techniquement ridicule, je ne suis pas à un endroit qui va m'aider". "vous avez fait un lapsus, je ne confond pas Dieu et les toilettes moi, c'est bien pour cela que je suis psychiatre et vous ici". L' achèvement de cette critique est de la considérer comme un symptôme.
Le point aveugle des psychiatres du film, c'est qu'ils n'ont pas conscience d'avoir désinvesti eux-même la norme qu'ils imposent aux malades. On sent que dans l'asile est un monde purement laïc, hyper-sexuel,, mais qu'il ne tient que pour se détacher dans un contexte globalement puritain où l'absence de salut signifie l'intériorité de l'asile par rapport à la société. Il n'est pas demandé de croire en Dieu, mais exigé de conserver en creux l'idée de salut liée à la religion.
On voit aussi tout le sadisme des médecins, qui poussent encore plus loin le diagnostic de ce prisonnier justement parce que sa vitalité prouve encore une chance de réinsertion, et que les psys sont fascinés par l'ascendant intellectuel qu'il a sur eux malgré la camisole chimique, ils veulent tester la limite de la séduction qu'il exerce sur eux, le soignent pour rendre cette limite inconsciente, donc tolérable socialement. Les experts ne supportent pas que le malade énonce lui-même que l'intégration sociale comme un objet de désir, les médicament sont là pour lui signifier que cette intégration ne peut pas être liée à un désir, avec une dialectique du manque, du sens et de l'inachevé, mais à l'épuisement d'un processus.
L'institution dénie globalement aux prisonnier la conscience qu'ils ont d'eux même (les derniers mots du prisonnier agonisant sont un mordant "I'm going not too bad" aux gardiens qui le réveillent et lui demandent pour la forme comment il va avant de l'intuber), tout en reprochant à un autre en particulier d'être trop lucide sur lui par-même par rapport aux marges fixées par le diagnostic moyen de la psychose. Ce qu'André Green disait, c'est qu'il n'y a qu'une seule limite ("border-line") entre la psychose et le comportement névrotique, et qu'elle n'est pas un seuil mais un évènement, maix eux en voient deux, en deçà et au delà de l'idée moyenne de conscience de soi: ils entretiennent un rapport cartographique , essentialiste et quantitatif avec l'humanité.
La scène de l'enterrement du vieux est aussi poignante: la mort est clairement un substitut de réintégration sociale. Les gardiens semblent conscient du tragique d’une situation que les psys ne voient pas. Il y a finalement un partage d'expertise: le savoir des psys ne considère la mort que comme une pulsion et un concept dans une dialectique abstraite, celui des gardien uniquement comme un fait, seuls les malades assument les deux en même temps.


Dernière édition par Tony le Mort le Lun 18 Mar 2013 - 18:44, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 18 Mar 2013 - 18:28

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Message par Invité Lun 18 Mar 2013 - 18:38

Je ne connais pas trop bien Foucault, mais le film de Wiseman me semble antérieur à cette période où Foucault lie l'émergence de la psychiatrie à un discours du pouvoir (à cette époque le point d'appui du discours de Foucault sur la folie est le ne va pas de soi que la folie soit l'enjeu d'une connaissance et d'un protocole curatif qui objectivise son objet pour le traiter, que le ça va de soi de ce protocole est ce par quoi la modernité ne se méconnaît, la folie est une des ouverture par laquelle la modernité devient elle-même l'objet d'une archéologie, plutôt que l'instance qui porte un regard archéologique "final" sur l'histoire.). Wiseman est peut-être venu à ce sujet en s'appuyant sur Laing et Cooper qui sont des praticiens que sur Foucault (même si Foucault par ailleurs a je crois une petite expérience pratique de psychologue dans le domaine de la psychiatrie phénoménologique avant d'écrire l'Histoire de la Folie).

1966, c'est l'année des Mots et des Choses je crois, où Foucault pense encore que l'on peut faire le projet d'une sorte de grande herméneutique critique du savoir, de la connaissance, qui relie Marx Freud et Nietzsche. Ce que filme Wiseman est déjà à la fois un cran plus loin (les prisonniers du films sont déjà capables de déplacer le discours qui les enferme, de porter un potin de vue herméneutique du savoir psychiatrique, mais ils ne sont pas plus libres pour autant) et un cran moins loin (en voyant le film j'ai l'impression que pour Wiseman c'est de l'extérieur qu'il faut les sortir de cet environnement, le spectateur est interpellé avant tout pour son impuissance, mais comme un recours direct possible, il est la même chose que l’œil de la caméra qui juge un environnement qu'elle n'a pas créé. Il y a peut-être une différence entre Watkins et Wisemen, Watkins recourt à la fiction pour indiquer que le spectateur est aussi bien solidaire avec le système oppressif qu'avec celui qui essaye de s'en extraire: la caméra de "la Bombe" n'échappe pas à la mort qu'elle décrit, et le système qu'elle recommande d'annuler est hors-champ par rapport à l'image).

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Message par Invité Lun 18 Mar 2013 - 19:24

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Dernière édition par supercool le Lun 15 Avr 2013 - 12:00, édité 3 fois

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Message par adeline Lun 18 Mar 2013 - 19:24

supercool : Wink courage

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