The Long Goodbye
The Long Goodbye
“I see Marlowe as a loser. But a real loser, not the fake winner that Chandler made out of him. A loser all the way", a dit Robert Altman à propos de "the long goodbye".
C'est pas la première fois qu'un réalisateur se sera trompé sur la signification de l'un de ses films. A aucun moment on ne sent que Marlowe est un loser. Y a une telle élégance, une telle supériorité, une indifférence (dans un sens un peu stoïcien) au monde si détachée dans l'attitude d'Elliot Gould que la société perd toute capacité à le juger, à déterminer sa valeur. Il est au-delà de l'échec et du succès, comme on peut être au-delà du bien et du mal ; ce qui ne signifie pas au-delà du bon et du mauvais.
Marlowe n'est pas un loser "all the way", ni un "fake winner", parce qu'il ne joue pas le jeu. Ne jouant pas le jeu, il ne peut gagner ni perdre ; c'est le monde qui perd parce qu'il ne peut exercer aucune force sur lui.
Elliot Gould semble avoir merveilleusement compris cela. Il flotte, glisse dans les plans, d'un lieu à l'autre, presque toujours d'enfermement. Rien ne semble le concerner, pas même la trahison de son ami. Ce dégagement (rêvé, comme dirait Rimbaud) sensori-moteur constitue la condition d'accès à une attitude de détachement, moral et esthétique. Les premiers plans du film sont d'une beauté à couper le souffle, la caméra et Elliot Gould se déplacent dans un rythme d'une perfection à rendre dingue de jalousie. On ne peut que tomber amoureux de l'acteur, qui par moment ressemble au Belmondo de "Pierrot le fou", mais il réussit mieux que lui à conquérir un espace d'absolu, au sens étymologique ; un rapport sans rapport au monde, et aux êtres, à la situation. Ce sont ses jolies voisines un peu tartes qui font du yoga, mais c'est Marlowe qui est zen.
La séquence avec le chat au début n'est pas seulement drôle, et génialement filmée, en elle semble s'exprimer la morale du film, et de Marlowe. Si le chat, en poète mallarméen, semble dire à son maître que sa faim ne se régale d'aucune nourriture chez lui, faisant par là preuve encore d'un désir, Marlowe a pris congé du monde, mais aussi de l'idéal ; il a fait ses adieux, dit au revoir à tout désirable. C'est un chat mort, si on veut. On pense à l'histoire zen racontée par Salinger : “In Zen Buddhism a master was once asked what was the most valuable thing in the world, and the master answered that a dead cat was, because no one could put a price on it.”
"The Long Goodbye", c'est ça, plus encore que, comme le voulait de manière excessive Pauline Kael, "probablement le meilleur film américain de tous les temps".
C'est pas la première fois qu'un réalisateur se sera trompé sur la signification de l'un de ses films. A aucun moment on ne sent que Marlowe est un loser. Y a une telle élégance, une telle supériorité, une indifférence (dans un sens un peu stoïcien) au monde si détachée dans l'attitude d'Elliot Gould que la société perd toute capacité à le juger, à déterminer sa valeur. Il est au-delà de l'échec et du succès, comme on peut être au-delà du bien et du mal ; ce qui ne signifie pas au-delà du bon et du mauvais.
Marlowe n'est pas un loser "all the way", ni un "fake winner", parce qu'il ne joue pas le jeu. Ne jouant pas le jeu, il ne peut gagner ni perdre ; c'est le monde qui perd parce qu'il ne peut exercer aucune force sur lui.
Elliot Gould semble avoir merveilleusement compris cela. Il flotte, glisse dans les plans, d'un lieu à l'autre, presque toujours d'enfermement. Rien ne semble le concerner, pas même la trahison de son ami. Ce dégagement (rêvé, comme dirait Rimbaud) sensori-moteur constitue la condition d'accès à une attitude de détachement, moral et esthétique. Les premiers plans du film sont d'une beauté à couper le souffle, la caméra et Elliot Gould se déplacent dans un rythme d'une perfection à rendre dingue de jalousie. On ne peut que tomber amoureux de l'acteur, qui par moment ressemble au Belmondo de "Pierrot le fou", mais il réussit mieux que lui à conquérir un espace d'absolu, au sens étymologique ; un rapport sans rapport au monde, et aux êtres, à la situation. Ce sont ses jolies voisines un peu tartes qui font du yoga, mais c'est Marlowe qui est zen.
La séquence avec le chat au début n'est pas seulement drôle, et génialement filmée, en elle semble s'exprimer la morale du film, et de Marlowe. Si le chat, en poète mallarméen, semble dire à son maître que sa faim ne se régale d'aucune nourriture chez lui, faisant par là preuve encore d'un désir, Marlowe a pris congé du monde, mais aussi de l'idéal ; il a fait ses adieux, dit au revoir à tout désirable. C'est un chat mort, si on veut. On pense à l'histoire zen racontée par Salinger : “In Zen Buddhism a master was once asked what was the most valuable thing in the world, and the master answered that a dead cat was, because no one could put a price on it.”
"The Long Goodbye", c'est ça, plus encore que, comme le voulait de manière excessive Pauline Kael, "probablement le meilleur film américain de tous les temps".
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Re: The Long Goodbye
Très exactement. lol
(et assez déçu de voir à quel point Altman n'a pas bien capté son propre film )
(enfin, j'exagère. Je pense qu'il savait pas "dire", surtout en interview, qu'il racontait un peu n'importe quoi, pour qu'on lui fiche la paix, dans un contexte où il devait peut-être répondre devant une incarnation de "winner". Je vois en Altman, pour ses meilleurs films, un peu ce cinéaste zen lui-même.)
(et assez déçu de voir à quel point Altman n'a pas bien capté son propre film )
(enfin, j'exagère. Je pense qu'il savait pas "dire", surtout en interview, qu'il racontait un peu n'importe quoi, pour qu'on lui fiche la paix, dans un contexte où il devait peut-être répondre devant une incarnation de "winner". Je vois en Altman, pour ses meilleurs films, un peu ce cinéaste zen lui-même.)
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Re: The Long Goodbye
Jerzy m'avait dit y a très longtemps adorer ce film; je l'avais vu, sans plus; puis revu, après notre discussion, trouvant ça à peine supportable; d'ailleurs, j'ai pas terminé; c'était en version française, à la télévision. Scandale, pour Jerzy; il a raison; ça ne peut pas se voir en français, impossible. Le film ne tient pas, tant le travail sur les voix, comme souvent chez RA, est essentiel. je dirai pas que c'est le plus grand film américain de tous les temps, faut pas pousser, mais plutôt que c'est un chat mort, un film sur lequel on ne peut pas mettre de prix, qui soit alors ne vaut rien, soit vaut tout; un film très fragile donc, dont la valeur peut se retourner en son contraire; il suffit d'un rien pour passer à côté; un écart dans la disposition affective, dans le tempo, et ça ne ressemble plus à rien; le vide zen se retrouve transformé en nullité. Les premiers plans sont tout simplement hallucinants; en regardant, je me suis dit, oui, c'est bien les séries, mais y a là quelque chose qu'aucune série ne peut rendre; une autre idée de la durée. Deleuze se trompe je crois quand il parle de cliché, ou de travail sur le cliché, y a de ça, bien entendu; c'est pas simplement un film noir, c'est un film noir sur le film noir...faudrait pouvoir préciser...
Borges- Messages : 6044
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Re: The Long Goodbye
Altman réussit un film dépressif où l'on circule séquentiellement du haut au bas de Los Angeles et où les mythologies des seventies sont recyclées. C'est ce côté "déja vu" qui me fait douter du grand film.
Je l'avais déjà vu, je n'avais retenu que son appart bizarre avec celui des filles à côté.
Je l'avais déjà vu, je n'avais retenu que son appart bizarre avec celui des filles à côté.
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Re: The Long Goodbye
le dispositif de son appartement renvoie à la scène finale de course à pied après la voiture et ce sont les scènes que je préfère. Marlowe est complètement démodé avec sa vieille guimbarde, ses cravates et ses valeurs - un avatar de Colombo.
Son appart ouvre sur l'appart voisin, celui des femmes toujours éclairé, la nuit par des bougies, en un espace sécurisant, mais les femmes dansent dehors et captent la lumière d'une nuit menaçante et aliénante car à distance du propre appart de Marlowe. De la même façon la vue de l'appart de Marlowe qui élargit l'espace mais isole de l'appart voisin (les femmes) isole aussi de l'espace urbain.
La course finale derrière la voiture de la femme de l'écrivain joue des mêmes ingrédients, le proche et le lointain (Altmam adore zoomer), les reflets de l'éclairage sur la voiture qui file hors de sa portée.
Subjectivement Marlowe n'a pas de chance avec les femmes, ni avec les hommes, ni avec les chats, ni avec les chiens. Que lui reste-t-il ? Le public : je ne sait pas s'il a eu beaucoup de chance avec lui.
La maison de l'écrivain, elle, ouvre sur l'océan et ça lui sera fatal dans une scène qui rappelle En quatrième vitesse.
La chance de Marlowe, son bien le plus précieux est peut être de rester en vie.
Son appart ouvre sur l'appart voisin, celui des femmes toujours éclairé, la nuit par des bougies, en un espace sécurisant, mais les femmes dansent dehors et captent la lumière d'une nuit menaçante et aliénante car à distance du propre appart de Marlowe. De la même façon la vue de l'appart de Marlowe qui élargit l'espace mais isole de l'appart voisin (les femmes) isole aussi de l'espace urbain.
La course finale derrière la voiture de la femme de l'écrivain joue des mêmes ingrédients, le proche et le lointain (Altmam adore zoomer), les reflets de l'éclairage sur la voiture qui file hors de sa portée.
Subjectivement Marlowe n'a pas de chance avec les femmes, ni avec les hommes, ni avec les chats, ni avec les chiens. Que lui reste-t-il ? Le public : je ne sait pas s'il a eu beaucoup de chance avec lui.
La maison de l'écrivain, elle, ouvre sur l'océan et ça lui sera fatal dans une scène qui rappelle En quatrième vitesse.
La chance de Marlowe, son bien le plus précieux est peut être de rester en vie.
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Re: The Long Goodbye
on voit tout au long du film la frustration de Marlowe qui tente de s'approcher des femmes sans jamais y parvenir.
Le seul acte positif et réussi qu'il fera est un acte de violence, tuer son ami.
C'est pour cela qu'on peut dire que le film est dépressif. L'habileté d'Altman étant de faire passer l'intrigue bien après les caractères, les personnages refusant de faire de leurs relations une histoire - il y a toute une tradition du cinéma américain et européen dans ce sens là.
Dans Le privé il ajoute la chose essentielle à la réussite de cette entreprise : la peinture des moeurs de l'époque, jouant sur les contrastes d'imprégnation des différents personnages au milieu ambiant (à cette égard, le trafiquant qui signe le visage de la fille qu'il aime d'une bouteille de coca-cola est un film dans le film ...).
Le seul acte positif et réussi qu'il fera est un acte de violence, tuer son ami.
C'est pour cela qu'on peut dire que le film est dépressif. L'habileté d'Altman étant de faire passer l'intrigue bien après les caractères, les personnages refusant de faire de leurs relations une histoire - il y a toute une tradition du cinéma américain et européen dans ce sens là.
Dans Le privé il ajoute la chose essentielle à la réussite de cette entreprise : la peinture des moeurs de l'époque, jouant sur les contrastes d'imprégnation des différents personnages au milieu ambiant (à cette égard, le trafiquant qui signe le visage de la fille qu'il aime d'une bouteille de coca-cola est un film dans le film ...).
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Re: The Long Goodbye
slimfast a écrit:on voit tout au long du film la frustration de Marlowe qui tente de s'approcher des femmes sans jamais y parvenir.
Le seul acte positif et réussi qu'il fera est un acte de violence, tuer son ami.
C'est pour cela qu'on peut dire que le film est dépressif.
hi; que le sujet du film cela soit le désir, je le crois; la question est de savoir si marlowe est libéré du désir de manière négative (dépressive) ou positive (zen); je n'ai senti à aucun moment qu'il tentait d'aller vers les femmes du film, ou vers quoi que ce soit, ce qui serait d'ailleurs en contradiction avec ce que tu appelles le caractère dépressif du film...
Borges- Messages : 6044
Re: The Long Goodbye
il tourne autour de la blonde au propre comme au figuré (derrière sa voiture) ; moi je ne voit rien de zen chez lui et je ne pense pas non plus que le film ait échappé à Altman : il bouscule les attentes du public en montrant un Marlowe ballotté dans tous les sens, le contraire d'un héros, c'est ça que j'appelle le délire dépressif du film, une version lente d'En quatrième vitesse. Les minables personnages secondaires, le malfrat et le médecin de la clinique ne remontent pas le moral. Seule scène drôle et déjantée quand ils se déshabillent tous pour se montrer mutuellement leur bonne foi, sauf Marlowe du reste, qui renvoie à la nudité de ses voisines, qui les émoustille sauf Marlowe encore une fois.
Un gars qui n'a n'a pas de désir dans un monde où tout est désir, la Californie des années 70, pour moi, c'est un gars déprimé et s'il est zen il fait autre chose.
Un gars qui n'a n'a pas de désir dans un monde où tout est désir, la Californie des années 70, pour moi, c'est un gars déprimé et s'il est zen il fait autre chose.
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Re: The Long Goodbye
oui, mais un dépressif n'a pas de désir, il ne peut donc pas tourner autour d'une fille, ou de quoi que ce soit; un dépressif ne désire rien; tu lis marlowe à partir du manque, comme son pote qui le traite de loser, à la fin du film; marlowe le descend et s'en va joyeusement...
Borges- Messages : 6044
Re: The Long Goodbye
j'ai jamais vu un mec zen fumer autant comme un pompier par contre on peut fumer et avoir des principes qui tiennent lieu de principe de plaisir. le plaisir, le désir, tu le sais bien, peuvent aller chez se nicher dans de drôles d'endroit. sait-on pourquoi il le tue et pour qui il travaille ?
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Re: The Long Goodbye
et quand je dis dépressif c'est au sens où le public va de déception en déception (rigolotes quant on y réfléchit : la baffe cinglante du docteur à l'immense sterling comme réponse de la fille à celui qui la tiens lui aussi, son maquereau).
c'est un condensé de rapports humains où Marlowe ne présente aucune faille : qu'est-ce-qu'il fait là ? il est a peu près le seul à jouer lui même alors que le type à la barrière donne une clé du film en singeant tel ou tel (ce que fait chacun).
c'est un condensé de rapports humains où Marlowe ne présente aucune faille : qu'est-ce-qu'il fait là ? il est a peu près le seul à jouer lui même alors que le type à la barrière donne une clé du film en singeant tel ou tel (ce que fait chacun).
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Re: The Long Goodbye
Marlowe ne fait rien, précisément...il est là sans y être, et par sa seule présence-absence dans ce monde, il en révèle le vide; c'est comme ça que je le vois; il est même pas détective, mais le vide de cette activité, si mythologique au cinéma, et dans la littérature; il ne séduit pas de fille, ne fait preuve d'aucun génie de la déduction, de l'induction, ne se montre à aucun moment un roi du flingue ou du coup de poing...c'est un cinéma du relâchement des liens sensori-moteurs, comme disait deleuze du cinéma de la crise...marlowe passe d'un lieu d'enfermement à l'autre, la prison, l'hôpital, le quartier riche...il erre, flotte, se bal(l)ade..., même le grand thème de l'amitié-trahison si cher à ce genre de cinéma est traité avec la plus grande désinvolture, ne parlons pas du cliché de la panne du désir du grand écrivain...tous les personnages semblent des clichés, ils remplissent leur fonction, ne sont rien de plus que ce que le monde demande d'eux, veut d'eux; ou plutôt, ce sont tous des losers, au sens, où ils en font trop; ainsi l'écrivain qui se la joue Hemingway, le gangster qui défigure sa petite amie pour montrer à quel point il est vraiment un dur des durs...marlowe lui indique le vide de sens de ces vies, de ce monde...
Borges- Messages : 6044
Re: The Long Goodbye
la scène du meurtre de Marlowe à la fin est à ce propos géniale : il tue le mec qui a tué auparavant et s'en va au loin comme chaplin en faisant un ou deux pas de danse et en chantant certainement ce meurtre est un coup de poing dans la figure du specyateur en ce que Marlowe tendait vers ça un meurtre sidérant de bêtise ( mais hors du sol américain ).
Après ça allait devenir monnaie courante chez Peckinpah par exemple.
Mais voila à quelle bêtise, contente d'elle, Altman promet Marlowe ? De quoi décevoir, non ? Mais tout déçoit dans ce film et curieusement attire. Non Altman n'est pas passé à côté de son film.
Après ça allait devenir monnaie courante chez Peckinpah par exemple.
Mais voila à quelle bêtise, contente d'elle, Altman promet Marlowe ? De quoi décevoir, non ? Mais tout déçoit dans ce film et curieusement attire. Non Altman n'est pas passé à côté de son film.
Invité- Invité
Re: The Long Goodbye
rien ne peut justifier ce meurtre alors allons le commettre chez ces sauvages de mexicains : ironie suprême il tombe à l'eau comme Sterling.
Pour ceux qui n'ont pas le sous-titre second degré ça peut être désarmant.
Pour ceux qui n'ont pas le sous-titre second degré ça peut être désarmant.
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Re: The Long Goodbye
à la réflexion, oui le film est vraiment bien pas seulement pour les amateurs de plans-séquences aux petits oignons.
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Re: The Long Goodbye
Excellent film en effet, on dirait the Big Lebowski avec un contenu.
La plus belle scène de chien du cinéma: celle où le doberman de Sterling Hayden, aussi paniqué que les humains dans la noyade (mais lui ne fait pas semblant), arrête d'aboyer et effectue le seul geste acte décent du film en ramenant la canne sur la plage.
Beaucoup de plans de chiens dans le film: qui réussissent ce que les humains avortent (par exemple s'accoupler).
Lynch a quelque peu pompé le personnage de Frank dans Blue Velvet sur Augustine.
Les scènes de prisons au début du film sont très justes: ce n'est pas juste la cellule qui est montrée comme chez Hawks (dans Mr Bébé, qui fonctionne un peu comme l'Altman finalement), mais la psychologie et le langage d'un système et de ceux qu'il piège. Des trucs comme the Wire lui empruntent beaucoup.
La plus belle scène de chien du cinéma: celle où le doberman de Sterling Hayden, aussi paniqué que les humains dans la noyade (mais lui ne fait pas semblant), arrête d'aboyer et effectue le seul geste acte décent du film en ramenant la canne sur la plage.
Beaucoup de plans de chiens dans le film: qui réussissent ce que les humains avortent (par exemple s'accoupler).
Lynch a quelque peu pompé le personnage de Frank dans Blue Velvet sur Augustine.
Les scènes de prisons au début du film sont très justes: ce n'est pas juste la cellule qui est montrée comme chez Hawks (dans Mr Bébé, qui fonctionne un peu comme l'Altman finalement), mais la psychologie et le langage d'un système et de ceux qu'il piège. Des trucs comme the Wire lui empruntent beaucoup.
Dernière édition par Tony le Mort le Mer 2 Oct 2013 - 12:41, édité 9 fois
Invité- Invité
Re: The Long Goodbye
En même temps c'est déjà la même chose dans les meilleurs films noirs classiques des années 40. Le détective sert souvent juste à procurer des alibis à d'autres plus riches que lui qui ont déjà écrit un scénario et ont besoin d'un spectateur (à la fois naïf et introduit dans le "shady underground") assistant à la mise en scène d'un crime parfait pour traduire ce scénario dans la "réalité" (en fait tout juste la légalité). Les détectives sont ces spectateurs leurrés: là où ils croient observer un rituel social et faire de l'analyse des classes un peu marxienne ils observent en fait un scenario criminel, et inversement (le sens du fait que Marlowe revient lui-même chez Augustine pour être témoin de la vérité: c'est Eileen Wade qui dirigeait tout, Augustine est un amateur à côté d'elle, par contraste quand il arrive la première fois chez les Wade seuls les domestiques silencieux du lotissement privatif qu'il entraperçoit de sa voiture semblent réels, et portent un regard direct sur le monde).Borges a écrit:Marlowe ne fait rien, précisément...il est là sans y être, et par sa seule présence-absence dans ce monde, il en révèle le vide; c'est comme ça que je le vois; il est même pas détective, mais le vide de cette activité, si mythologique au cinéma, et dans la littérature; il ne séduit pas de fille, ne fait preuve d'aucun génie de la déduction, de l'induction, ne se montre à aucun moment un roi du flingue ou du coup de poing...
En 4ème Vitesse, Somewhere in the Night, Dead Reckoning, d'un certain côté les derniers Lang racontent cette même histoire, mettent la même passivité au cœur du récit, qui confère l'allure d'un code à la violence.
A la limite Marlowe s'en tire encore pas trop mal comparé aux détectives de ces films, et a plus d'autonomie de manœuvre...
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Re: The Long Goodbye
J'aime bien la remarque de Slim: "4ème Vitesse au ralenti", c'est vraiment cela.
Intéressant aussi la différence/complémentarité d'interprétation entre Borges et Slimfast sur la scène de la défiguration, effectivement marquante, pour l'un il "signe" le visage de l'aimée avec une cannette de coca (les deux passages où elle intervient renvoient un peu aux yeux sans visage de Franju d'ailleurs), pour l'autre c'est une scène "morale" qui permet à Marlowe d'avoir un discours, et d'au moins "guérir" Augustine en lui montrant son inexistence, ou se guérir lui-même, en cessant d'endosser tout.
Ils ont tous les deux raison, même si ces deux vues sont irréconciliables (car il est vrai que la parcours du film, c'est de montrer un choc moral réaliste qui termine une histoire dans un monde qui ne l'est plus, et qui en livre le sens: seul ce sursaut est réel: le film s'ouvre sur un réveil, mais on ne sait pas pourquoi Marlowe s'est endormi habillé et n'a pas fait à manger, tous les contacts sont des apparitions, sauf son désir de vérité. Par ailleurs Marlowe a un peu l'onction bienveillante mais condescendante d'un psy avec toutes les personnes qu'il rencontre, Altman lui donne une épaisseur morale de confesseur thérapeute).
Par contre pas d'accord sur l'inconsistance, Marlowe est quand-même animé d'un fort désir: élucider la vérité (dans une histoire qui finalement le concerne peu), qui n'est pas anodin ni innocent, rien ne l'obligeait à avouer à Mme Wade qui l'avait surprise donnant des ordres à Augustine (personnage assez fascinant, et qui semble provenu d'un autre film en effet).
Intéressant aussi la différence/complémentarité d'interprétation entre Borges et Slimfast sur la scène de la défiguration, effectivement marquante, pour l'un il "signe" le visage de l'aimée avec une cannette de coca (les deux passages où elle intervient renvoient un peu aux yeux sans visage de Franju d'ailleurs), pour l'autre c'est une scène "morale" qui permet à Marlowe d'avoir un discours, et d'au moins "guérir" Augustine en lui montrant son inexistence, ou se guérir lui-même, en cessant d'endosser tout.
Ils ont tous les deux raison, même si ces deux vues sont irréconciliables (car il est vrai que la parcours du film, c'est de montrer un choc moral réaliste qui termine une histoire dans un monde qui ne l'est plus, et qui en livre le sens: seul ce sursaut est réel: le film s'ouvre sur un réveil, mais on ne sait pas pourquoi Marlowe s'est endormi habillé et n'a pas fait à manger, tous les contacts sont des apparitions, sauf son désir de vérité. Par ailleurs Marlowe a un peu l'onction bienveillante mais condescendante d'un psy avec toutes les personnes qu'il rencontre, Altman lui donne une épaisseur morale de confesseur thérapeute).
Par contre pas d'accord sur l'inconsistance, Marlowe est quand-même animé d'un fort désir: élucider la vérité (dans une histoire qui finalement le concerne peu), qui n'est pas anodin ni innocent, rien ne l'obligeait à avouer à Mme Wade qui l'avait surprise donnant des ordres à Augustine (personnage assez fascinant, et qui semble provenu d'un autre film en effet).
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