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The Cabin in the Woods

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Message par Borges Jeu 20 Déc 2012 - 15:08

"Cabin in the woods"; j'ai pas adoré, mais après quelques trucs que je regrettais d'avoir vu, c'était presque inespéré; on peut se demander si avec le comique ce n'est pas le genre qui engendre le moins de chef d’œuvres; comme toi, je déteste la réflexivité méta-filmique dans ce genre, surtout quand elle fait dans l'ironie, la "déconstruction" des personnages et du récit, mais l'idée était bonne, je trouve; ils n'ont pas cru jusqu'à la fin à Lovecraft et au retour des grands anciens mais (dans une jolie traduction) le pouvoir de l'amour l'a emporté;le film pose une vraie question "morale" sur les fondements sacrificiels de l'humanité; peut-on sacrifier un innocent pour sauver le monde? Et le film répond, même si c'est pas sérieux, plutôt la destruction de la planète que la mort d'un seul innocent. Fiat justitia, et pereat mundus
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Message par BK Jeu 20 Déc 2012 - 20:38

hm
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Message par Invité Jeu 20 Déc 2012 - 21:06

hello BK toi aussi tu es Body double !!

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Message par lucane Ven 21 Déc 2012 - 12:44

Borges a écrit:"Cabin in the woods"; j'ai pas adoré, mais après quelques trucs que je regrettais d'avoir vu, c'était presque inespéré
Mouais, Cabin in the woods, c’est vraiment l’énième saloperie hollywoodienne. Le monstre, la singularité, la dissonance, l’événement : réduit au catalogue, à la banque de données, à la petite jouissance du cabinet de curiosités cocaïné. Paradoxale réduction du monstre par le biais de sa démultiplication. Suffit de considérer la disproportion du nombre et de l’effet. Tout est là : multiplier le monstre, jouer la pseudo-frénésie, faire les fous, bacchanale d’opérette, jusqu’à ce que le monstre ne soit plus rien, du tracé de synthèse, de la petite peur infantile, une attraction. Le projet est annoncé dès le titre : faire son affaire à la cabane, lui régler son compte. Celle qui, de Naissance d’une Nation à Massacre à la Tronçonneuse en passant par Antichrist, reste le lieu d’enjeux primordiaux, historiques, politiques, l’espace clos propice aux dérèglements, aux dévoilements, une zone de potentiels. Par le biais d’un supposé secret révélé (petite pensée complotiste qui développe stratégiquement son emphase cul-de-sac et funeste), désactiver les potentiels. Stériliser l’espace, faire de la cabane un espace vain, le relier au vaste parc d’attractions postmoderne (multiplicité de fragments insensés sous verre, aussi transparents que nuls, ne machinant plus rien, aussi déviants qu’un catalogue d’escort-girls sur papier glacé). Bête, confondant et destructeur, sale film hygiéniste, arpentant le territoire de l’effroi, le grattoir à la main, cherchant à récurer la moindre trace de danger, de risque, d’échappée. La révélation de l’abîme complotiste technoïde sous la cabane est à lire tout à l’envers : le film comble tout abîme, toute possibilité de fracture, de brèche. Le film suture : en la cabane, il n’y a rien à voir du tout. Aucun monstre. Aucun péril. Plus rien. La zone est nettoyée, espace mort. On peut tous dormir tranquille.
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Message par Borges Ven 21 Déc 2012 - 13:56

salut lucane : c'est bien compliqué ta lecture... le titre ne vise pas à faire un sort à la petite cabane mais plutôt à replacer dans le contexte du sacrifice (c'est pas très loin de girard; il s'agit de révéler ce qui est caché depuis la fondation du monde, pour girard la culture du sacrifice s'arrête avec jésus...) un certain type d'histoire d'horreur où des jeunes gens et des jeunes filles sont massacrés par un monstre ou l'autre; le film nous dit, c'est réel, ce que vous voyez quand vous regardez un film d'horreur, c'est la réalité, mais on vous le cache; pour ceux qui savent, c'est un show-réalité; l'humanité sacrifie des vies innocentes pour se continuer...etc.
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Message par Invité Ven 21 Déc 2012 - 17:13

Oui, je l'ai compris comme ça aussi.

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Message par lucane Ven 21 Déc 2012 - 18:11

Il y a des choix de réels, dira-t-on. Des choix de contexte. Des choix de secrets révélés. Jamais anodins. Et quel réel nous dit le film? Quel secret? Quelle vérité? Derrière le tueur, derrière le monstre, il y a quelque chose qu’on n’avait pas vu : une vaste conspiration. Ce coup-ci sous sa forme techno-primitive, la conjonction de l'ordinateur et de Cthulu, des Dieux Anciens et de l’ingénieur en blouse, le grand cirque du complot global. Un grand cirque, mais aussi un ordre et pas des moindres : tout s’explique. Tous les mystères à jour, et plus rien qui échappe. Le(s) monstre(s)? Pas d’inquiétude, il y a un ordre sous-jacent, un motif, un plan. Comme tu dis : révéler ce qui est caché depuis la fondation du monde, que ce soit réglé, mis en boîte, qu’on sache. Mais en d'autres temps et d'autres cabanes, le tueur, le monstre, c’est tout autre chose : le dérèglement, le désordre aux limites et sans retour (sinon pourquoi l’horreur?), l’explication qui bute sur son os. Leatherface n’a rien à exposer d'un secret complotiste courant depuis la fondation du monde, aucune grande théorie unificatrice à défendre, montrer, personnifier. Leatherface révèle des dynamiques, des potentiels qui le traversent, qu’il incarne (et qui ont une Histoire, mais pas celle d’un complot). Leatherface en femme au foyer inquiète, fils angoissé, loup de Tex Avery, ouvrier au rebut, viande-machine sans visage, prolétaire révolté, idiot congénital, animal sauvage, etc., surgissant, disparaissant, jamais mis en boîte. Et pas d’explication à cette chaîne ouverte d’associations, pas de résolution. Aucun point ne vient clore la ligne qui s’est ouverte, ce qui se révèle à nos yeux échappe à la raison : on ne nous cache plus rien, et pourtant on continue à ne pas pouvoir savoir. Un autre, Norman Bates, à la fin, signe et contresigne, malgré l’acharnement discursif du psy, malgré tout : quelque chose résiste, se dérobe, fuit. L’horreur se niche là. Cabin in the Woods, c’est tout le contraire, c’est l’espace rassurant, celui du complot, espace-temps déterminé, hyper-rationalisé. Rien de l’horreur, tout le contraire. Et un contraire qui, ici, veut résoudre toute l’horreur, tous les monstres. On a tracé le plan de la cabane (remarquer qu’il n’y a pas besoin de souterrains insondables dans Massacre pour que l’espace de la cabane y soit proprement infini). La cabane dans les bois est déterminée, elle a sa grande Histoire, officielle, plus rien qui échappe, lumineux, et il peut même y avoir, pourquoi pas, un livre de Girard sur l’étagère du salon. Mais quelque chose a disparu. Comme dans Scream (autre vaste entreprise de résolution). Quelque chose a été perdu. La cabane s’est faite espace déterminé, clos, fermé, cellulaire, aussi rassurant que mensonger. Les monstres, tous en boîte, obéissaient à un programme. Les monstres, au fond, étaient raisonnables.
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