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"L'enfant d'en haut" (Ursula Meier)

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Dr. Apfelgluck
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Message par Borges Mar 8 Mai 2012 - 14:05

erwan a écrit:
L'enfant d'en haut d'Ursula Meier.

Dans son film précédent, Home, la réalisatrice se concentrait sur une maison familiale et un tronçon d'autoroute attenant, en fin de construction, en voie de circulation. Une façon de faire cohabiter des lieux, des constructions de l'imaginaire et de l'espace, en se concentrant sur les manières de les emprunter, de les habiter, de les lier par la géographie des flux ou des inactions, des immobilismes, de les nourrir des impossibilités à vivre, de la folie de l'expérience d'une vie en commun, quand les désirs s'intoxiquent.

La maison se vivait peut être comme une salle de cinéma, une fenêtre rectangulaire sur le monde, un monde fait de la circulation insensée et organisée des biens et des êtres, au son des klaxons, incessant.

Dans l'enfant d'en haut, le monde se déploie, elle y adjoint une lecture marxiste peut être, avec toujours à l'esprit cette notion de déplacement, de parcours entre chaque lieu, chaque espace, découvrir les possibilités de ses mouvements, tracé avec la précision d'un géographe, d'un sociologue, affabulateur, ou disons amoureux des fables.

Il y a le haut, la station de montagne, habitée temporairement d'une faune fortunée ainsi que de travailleurs saisonniers. Il y a le bas, une tour d'habitation isolée, sale, qu'une route départementale dessert; et puis plus loin un village, peut être, ou quelques commerces, et l'arrêt de bus.

C'est l'histoire d'un couple, un kid et une meuf; il vivent en bas. Elle, passe de branche en branche, en a marre des boulots minables, qu'elle se résout à abandonner, puis à reprendre, vivote, entre deux romances, comme des aires d'autoroutes, regarde au loin.

Lui, l'enfant du titre, lui demande de faire des tours sur elle même _ l'aime immobile, endormie dans la vie, en stase _ quand elle se paye, avec son argent, un nouveau jean. Billie Jean.

Chaque jour il emprunte les remontées mécaniques pour se rendre à la station, tout en haut, là où il y a les pistes de skis, les voies des privilégiés. Il vole des skis, des sandwichs, des gants, des casques; il a des planques. Redescend une partie de son larcin, le ramène sur une luge jusqu'à la tour, le revend sur le bord de la route, achète des pâtes et du papier toilette.

Il ne sait pas skier.

Elle veut partir; ses copains éphémères sont motorisés, sont liés à la route. Mais ça marche pas. Les liens entre elle et l'enfant sont ce qu'ils sont.

Le film semble interroger les possibilités de côtoiement, d'approche, d'une classe sociale privilégiée par des orphelins, des laissés-pour-compte, verticalement, par les vols que commet le gamin, en parasitant le marché libéral, et puis lors d'une scène, dans un chalet, horizontalement, quand le gamin accompagne la fille faire des ménages, quand les statuts sociaux sont clairement définis, les liens de dominations implacablement identifiés, recouvrant une chaleur un instant prise, consentie, abandonnée.

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Message par Dr. Apfelgluck Mer 9 Mai 2012 - 7:12

Je n'ai pas vu encore le film, mais dans le canton où il a été en partit tourné (le Valais), il y a tout une panoplie de "private jokes" et de clichés entre le "Bas" et le "Haut". Le "Bas" : c'est la vallée du Rhône, plutôt industrielle aux villes dépressives (il y a eu un article dans les années 60 intitulé "Comment peut-on vivre à Monthey ?", ville qui accueille des usines pharmaceutiques, qui a fait une sorte de mini-scandale).

Le "Haut", c'est le pays de la haute-montagne, de la grande Dixence de Godard, des stations de ski. Un coin nettement plus rural, avec des villages encore plus ou moins reculés. C'est une région encore pleine de mythes et de légendes comme la vallée du Lötschental et ses masques de Carnaval. C'est d'ailleurs un coin où des scientifiques du 19ième siècle s'étaient rendu afin d'étudier le "crétinisme alpin". J'ai eu l'occasion de lire un article des années 20 glorifiant les paysages de la région, mais regrettant le "côté ignares de ses habitants". Dans la culture populaire suisse, le canton du Valais est souvent connoté comme étant un des chef-lieu de l'alcoolisme en Suisse.

"L'enfant d'en haut" (Ursula Meier) Loetschental_131_medium_simplebig

"L'enfant d'en haut" (Ursula Meier) 6t1g1803_simplebig

A noter que le "Bas" valais est une région francophone, alors que le "Haut" est en grande partie germanophone. Il y a également un grande nombre de "patois" qui varie selon les vallées et les villes.


Le "Bas"
"L'enfant d'en haut" (Ursula Meier) BASF_Abfallverbrennungsanlage_Monthey_565

Le "Haut"
"L'enfant d'en haut" (Ursula Meier) Lotschental
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Message par balthazar claes Mer 9 Mai 2012 - 11:53

Dr. Apfelgluck a écrit:C'est une région encore pleine de mythes et de légendes comme la vallée du Lötschental et ses masques de Carnaval.

Vallée prise pour sujet dans l'effroyable navet franco-hélvético-luxembourgeois de 2009 "Humains", qui suppose qu'on y trouve encore des hommes préhistoriques Wink

balthazar claes

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Message par Invité Mer 9 Mai 2012 - 11:57

on en a bien en belgique

Very Happy

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Message par Invité Mer 9 Mai 2012 - 12:04

Merci Doc pour cette mise en perspective; je trouve qu'il y a de belles résonances avec le film.
(ya plein de fautes d'accord et tutti quanti dans mon texte, c'est la honte lol)



Dernière édition par erwan le Dim 17 Juin 2012 - 13:24, édité 1 fois

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Message par adeline Dim 3 Juin 2012 - 18:51

'lo Erwan, tous,

j'ai vu le film il y a quelques jours, et je suis restée vraiment sur ma faim. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai eu l'impression de ressentir tout à l'envers de ce que le film, je le suppose, aurait voulu rendre : je n'ai pas si bien senti la différence des espaces, mais plutôt la lourdeur des lieux de passages, des espaces entre les espaces (par exemple, le bas et le haut me semblent décrits de manière très découpée, de manière ponctuelle, quand les forces me semblent être le téléphérique, les téléphériques, et les routes). De même, alors que le film est de manière évidente du côté du gamin, je n'ai pas réussi à être de son côté, moi. Je lui en voulais presque, à certains moments, de voler, de voler ces gens dont le film n'appuie à mon avis pas assez ce qu'ils peuvent représenter aux yeux du gamins (des profiteurs, des voleurs aussi, etc.)

Mais dans ces sentiments négatifs, il n'y avait non plus aucune grande force, comme s'il manquait au film de la tension. La caméra est très proche du gamin, des personnages en général, les plans larges sont rares, et même si certains cadres sont très marquants, ils sont alors presque trop larges ; pourtant, le film est à distance de ce qu'il filme. Dans une sorte d'observation curieuse et circonspecte de ce qui se passe entre les deux personnages. La "révélation" du milieu, grosse comme une maison et qui me semble être une grande faiblesse de scénario, qui n'ajoute rien et se joue même plutôt des personnages comme des spectateurs, montre bien que le spectateur est à la porte de la relation entre le gamin et la fille, à la porte des clés de leur vie, au moins pendant la moitié du film.

Je comprends un peu ce que le film a tenté de faire, montrer ce couple hors du monde, évoluant entre des espaces déconnectés, victime de cette organisation géographique qui est en fait une organisation sociale, de classe. Mais j'ai eu l'impression que la construction de ce qui entoure le couple était artificielle. Dans le voisinage, on ne trouve que des gamins. Les hommes surgissent de nulle part. Rien ni personne pour incarner les institutions, une société qui existe pourtant bien en bas aussi. Et en haut, soudain, le monde des adultes, et l'étranger, c'est l'enfant alors qui est complètement isolé, déconnecté. C'est évidemment ce que la réalisatrice voulait rendre. Mais tout ça est trop théorique. Il manque au film de l'épaisseur, quelque chose que je n'arrive pas à définir.

adeline

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Message par Invité Lun 4 Juin 2012 - 16:13

Salut Adeline,
je suis d'accord avec toi au sujet de l'importance des lieux de passage. La dernière scène _ ce sont ces téléphériques qui se croisent, je l'ai trouvée assez poignante, mais c'est juste mon sentiment.
En ce qui concerne, le haut, la station d'hiver, elle est liée à l'image de la mère je crois, avec le personnage de Gillian Anderson: une mère avec des enfants, sans soucis autre que le bien être, que la question de l'argent ne semble pas perturber, sauf quand le kid lui propose de payer son repas (enfin il me semble). C'est la mère rêvée, douce, compréhensive. Le kid creuse constamment l'espace de la station, pour y dissimuler ses vols, les skis et autres objets. C'est une manière de différencier les espaces, y comprendre une volonté de tendresse prénatale; voler les skis, et les dissimuler, c'est empêcher le temps de s'écouler peut être, retenir ce qui a fui depuis bien longtemps.
En parallèle à ce geste _ payer le repas d'une inconnue avec ses enfants, au bord des pistes, le kid "rétribue" le personnage de Léa Seydoux pour pouvoir "coucher" avec elle, qu'elle lui témoigne une tendresse qu'elle lui refuse ordinairement; mais cette scène est à la limite glauque, on ne peut que penser à un acte de prostitution en la voyant. Et pourtant elle synthétise toute la difficulté des liens entre les deux, confrontés à une situation sociale destructrice, avec en vue un idéal inaccessible.
C'est un cinéma qui reste du côté de l'archaïque, je ne sais pas si c'est le bon terme, qui interroge des liens fondamentaux, premiers, dans un monde justement sans loi autre celle du capitalisme, c'est mal dit et pensé sorry. C’est peut être pour cela qu'il n'y a pas d'institutions, à l'instar de son film précédent Home.
Mais je suis d'accord, c'est trop théorique sans doute, il y a un cadre glacé, glaçant. Mais c'est paradoxalement pour cela que je l'ai aimé, par cette manière d'observer ces êtres tâcher de s'évader, creuser ce monde, artificiel oui, qui aurait pu être dessiné sur un bout de papier.

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Message par adeline Lun 4 Juin 2012 - 19:34

Je sens ce que tu as ressenti Erwan, et la dernière scène est vraiment forte, réussie, quand j'y repense. J'ai pensé à un moment hier soir que le film, plus que théorique, était trop didactique, dans sa manière d'appuyer quelques éléments de manière marquée.

En fait, pour résumer, j'ai ressenti les choses ainsi : je pourrais expliquer et approuver tout ce qui constitue le film, la recherche d'une mère idéale en haut, où il creuse en effet, où il semble naître aussi lorsqu'il sort de la cache à skis, opposée au rejet qu'il subit en bas, qu'il essaye de transformer en pouvoir le jour, pouvoir sur elle, mais qu'il n'assume pas la nuit, etc. Les espaces, les lieux de passage, les mondes entre lesquels il évolue (ni adulte ni enfant, les adultes le battent, les enfants l'idolâtrent), tout est pensé, millimétré, cadré. Certaines choses sont fortes. Mais je n'ai rien ressenti pour ce garçon ou cette fille, j'ai eu l'impression que le film dressait entre eux et moi une barrière. J'ai pensé à Rosetta, ou à Kes, d'autres films de la même veine, et les plus réussis à mes yeux me remuent vraiment, me laissent claquée, choquée, et si je n'ai jamais réussi à aimer Rosetta, j'ai été bouleversée par sa hargne, sa dureté, sa ténacité, et je la comprenais, et je savais d'où ça venait. Ce que je n'ai pas ressenti dans ce film, où la réflexion prenait toujours le pas sur ce que je ressentais.

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Message par Invité Mar 5 Juin 2012 - 16:01

je ne peux pas vraiment te contredire Adeline, ce que tu dis est très juste; sur le côté millimétré, didactique. J'ai souvent pensé à tomboy de Céline Sciamma en voyant le film, à certains aspects du film; à ce qu'en disait Jerzy.

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Message par Invité Ven 9 Nov 2012 - 8:29

Versant scolaire et sans souffle du film de Le Besco "Demi-tarif" (qui avait pour lui, en revanche, un côté brouillon et "cinéma direct" tout à fait attachant). Ursula Meier est trop maline, elle s'arrange pour que se rabatte systématiquement la question du statut social du fils et de sa mère sur celle de leur situation familiale problématique, si bien que même s'il y a une intention manifeste de dépeindre un monde séparé entre pauvres et riches (bas et haut), celui-ci reste une toile de fond d'où les personnages ne cherchent pas à, et surtout ne peuvent jamais, s'extirper. L'exclusion sociale est ici soumise à tout un tas de justifications scénaristiques (la mère est paresseuse, le gamin est trop jeune pour travailler, il est voleur, la mère ne veut pas reconnaître son enfant, etc.) qui font écran aux relations de classe dont la réalisatrice n'use que comme contexte.

Il n'est à aucun moment donné question d'en sortir, et encore moins d'entrer en lutte avec la situation telle qu'elle est dépeinte. Bien au contraire : le gosse s'éprend de la touriste friquée, la mère tente de retravailler en nettoyant chez les riches, la fin laisse deviner une sorte de nostalgie du gamin pour l'époque hivernale où il pouvait monter en haut sur son terrain de jeu… dans ce cadre, il sera facile de conclure, en s'en lavant les mains, que dans les dernières images les téléphériques dans lesquels le fils et la mère se croisent symbolisent tout aussi bien l'incommunicabilité des deux personnages que leur aliénation. Il aurait été plus difficile de partir de cette séquence pour tenter d'en briser la mécanique bien huilée plutôt que de la garder sous le coude jusqu'à la fin du film et l'utiliser comme simple conclusion qui synthétise ce qui a été vu une heure et demie durant.

Les acteurs sont insupportables, en particulier le gamin sans naturel qui donne systématiquement l'impression de réciter son texte, mais aussi Léa Seydoux dont on sent sans arrêt l'effort de composition et qui prouve qu'elle n'est pas plus douée que d'autres actrices de sa génération pour jouer des rôles de prolo (cf aussi Adèle Haenel totalement à côté de la plaque dans l'horrible "Vers le Sud").

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Message par Invité Ven 9 Nov 2012 - 18:19

Apparemment ce serait "Après le Sud"
Je me disais que c’est bien que l'on ait laissé à Van der Keuken son titre, mais Laurent Cantet s'était en fait déjà chargé de le dépecer.

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Message par Invité Ven 9 Nov 2012 - 23:23

Tony le Mort a écrit:Apparemment ce serait "Après le Sud"

Absolument. Merci.

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Message par Sibelius Mer 21 Nov 2012 - 13:47

Assez déçu également. J'en attendais trop après Home, mais les idées de mise en scène sont bien plus plates.

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Message par gertrud04 Sam 4 Mai 2013 - 21:50

Je viens de le voir. Suis définitivement du coté de Erwan.

Je comprends pas les réserves d’Adeline à propos du twist. D’abord, pour le spectateur c’est souvent stimulant un twist, on croit être dans une histoire et on est en fait embarqué dans une autre. Les meilleures séries actuelles en sont plein. On les trouve même là où on les attend le moins Je me souviens par exemple que Cassavetes dans Love Streams a recours lui aussi au twist autour du lien familial des deux personnages (certes de façon moins spectaculaire). Pour moi, il est doublement réussi dans le film de Meier car 1) il ne m'apparait pas gratuit, il ne répond pas au seul besoin de berner le spectateur. Il correspond au mensonge que les personnages ont décidé eux-mêmes d'élaborer vis-à-vis des autres. Et quand il éclate, ce n'est pas un hasard, c'est à un moment précis où le gamin se sent abandonné et s'en sert comme d'une arme vis-à-vis de son rival 2) perso, je ne l'ai pas du tout vu venir.

Parmi toutes les choses écrites par {o}, que j'avoue avoir du mal à comprendre, il y a par exemple ceci "même s'il y a une intention manifeste de dépeindre un monde séparé entre pauvres et riches (bas et haut), celui-ci reste une toile de fond d'où les personnages ne cherchent pas à, et surtout ne peuvent jamais, s'extirper (...) Il n'est à aucun moment donné question d'en sortir, et encore moins d'entrer en lutte avec la situation telle qu'elle est dépeinte".

D'abord sur la peinture du haut et du bas, ce n'est pas aussi tranché, on est quand même pas dans Metropolis puisque en haut par exemple le film s'attache aussi à montrer l'envers du décor, les cuisines (au sens propre) de la fête, les dortoirs où vivent les saisonniers (Erwan l'avait dit) à qui l'enfant revend son butin.

Et puis il m'a semblé que si la soeur est le plus souvent démissionnaire, le gamin lui lutte tout le temps pour payer la bouffe, l'appart, et que son arme c'est le vol. Et à la fin si le gamin pleure, ce n'est pas "par nostalgie pour l'époque hivernale où il pouvait monter en haut sur son terrain de jeu", mais plutôt par crainte du lendemain vu que son gagne pain s'est envolé avec la fin de la saison.

Enfin dire que les acteurs sont insupportables, j'en reste sans voix tellement je les ai trouvés pour ma part justes.

La fin du film en apesanteur est vraiment très belle.

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Message par Invité Dim 5 Mai 2013 - 7:08

Tu vois, le monde se divise en deux catégories.

Y'a ceux qui font du cinéma, et ceux qui filment. Ursula elle filme.


Clem Leek - Mystery Moor

Fredi M. Murer - Höhenfeuer (1985)

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Message par Invité Lun 6 Mai 2013 - 7:54

gertrud04 a écrit:
D'abord sur la peinture du haut et du bas, ce n'est pas aussi tranché, on est quand même pas dans Metropolis puisque en haut par exemple le film s'attache aussi à montrer l'envers du décor, les cuisines (au sens propre) de la fête, les dortoirs où vivent les saisonniers (Erwan l'avait dit) à qui l'enfant revend son butin.

Oui, bien sûr, il y a du "bas" dans le "haut", puisque c'est le "bas" qui fait fonctionner le "haut", ce n'est que trop souligné dans le film. C'est moins la description de ce partage social en lui-même qui pose problème que l'aliénation apolitique de la cinéaste vis-à-vis de celui-ci dans une veine très "réaliste". La conscience de celui-ci et sa mise en apparence suffisent parfois, comme dans certains documentaires par exemple, mais ici nous ne sommes pas dans ce cas de figure puisque la cinéaste greffe une fiction familiale psychologisante par-dessus tout ça. En définitive, donc, le film est construit de manière à ce que tout soit ramené à la mère-soeur (à l'heure de la révélation).


Et puis il m'a semblé que si la soeur est le plus souvent démissionnaire, le gamin lui lutte tout le temps pour payer la bouffe, l'appart, et que son arme c'est le vol. Et à la fin si le gamin pleure, ce n'est pas "par nostalgie pour l'époque hivernale où il pouvait monter en haut sur son terrain de jeu", mais plutôt par crainte du lendemain vu que son gagne pain s'est envolé avec la fin de la saison.

Oui, le vol. Mais il y a vol et vol. Faudrait comparer avec le film de RAZ. Ici le vol est essentiellement à but individualiste, le gamin vit dans la débrouille, refourgue, c'est de la petite magouille pour joindre les deux bouts. Il arnaque même ses amis.. Rien à voir avec le geste émancipateur de la bande à Mandrin, sur le marché de laquelle on ne distribue pas que des pelices dérobées...

Elle fait pleurer le gamin à la fin, du coup il perd même son côté dur, donc tout semblant de résistance au sens où tu l'entends...

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Message par Invité Lun 17 Juin 2013 - 20:52

Je viens de voir ce film et d'emblée, contrairement à Adeline, ce gamin filmé d'en haut dans les toilettes en train de voler m'a séduit. Il vole, il ment, il le fait avec une conviction naîve et complètement décalée par rapport à son âge, son audace, son obstination, sa tristesse : j'ai pense c'est Poelvoorde en mignature, une espèce d'ange acide du marché noir qu'il organise.
J'ai eu peur un moment que Seydoux ne vienne gâcher cette fête véritable de voir ce gamin évoluer et puis non le film avance alors qu'on attend les choses mais évite de les dévoiler comme on les attend.
Bien sûr il y a le haut, le bas, les classes sociales etc... mais ça je m'en fiche, pour moi cet enfant d'en haut est une espèce d'étoile, un enfant en apesanteur. C'est un beau personnage d'enfant, ni niais ni démonstratif, seulement dans le dénuement du manque d'amour.

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Message par Invité Lun 17 Juin 2013 - 21:04

"L'enfant d'en haut" (Ursula Meier) Affiche-Montag-Montag-kommen-die-Fenster-2005-1
Dans ce film là, dont j'aime beaucoup l'auteur, il y a une scène de montagne où une femme voulant prendre un peu de distance avec son mari, rejoint par téléphérique un hôtel complètement surréaliste et mystérieux, où Ilie Nastase en personne, qu'elle rencontre donc, fait des démonstrations de tennis en costume. Ici c'est un "haut" moins banal.

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Message par Invité Mar 18 Juin 2013 - 9:27

gertrud04 a écrit:Je viens de le voir. Suis définitivement du coté de Erwan.

Je comprends pas les réserves d’Adeline à propos du twist. D’abord, pour le spectateur c’est souvent stimulant un twist, on croit être dans une histoire et on est en fait embarqué dans une autre. Les meilleures séries actuelles en sont plein. On les trouve même là où on les attend le moins Je me souviens par exemple que Cassavetes dans Love Streams a recours lui aussi au twist autour du lien familial des deux personnages (certes de façon moins spectaculaire). Pour moi, il est doublement réussi dans le film de Meier car 1) il ne m'apparait pas gratuit, il ne répond pas au seul besoin de berner le spectateur. Il correspond au mensonge que les personnages ont décidé eux-mêmes d'élaborer vis-à-vis des autres.  Et quand il éclate, ce n'est pas un hasard, c'est à un moment précis où le gamin se sent abandonné et s'en sert comme d'une arme vis-à-vis de son rival 2) perso, je ne l'ai pas du tout vu venir.

Parmi toutes les choses écrites par {o}, que j'avoue avoir du mal à comprendre, il y a par exemple ceci "même s'il y a une intention manifeste de dépeindre un monde séparé entre pauvres et riches (bas et haut), celui-ci reste une toile de fond d'où les personnages ne cherchent pas à, et surtout ne peuvent jamais, s'extirper (...) Il n'est à aucun moment donné question d'en sortir, et encore moins d'entrer en lutte avec la situation telle qu'elle est dépeinte".

D'abord sur la peinture du haut et du bas, ce n'est pas aussi tranché, on est quand même pas dans Metropolis puisque en haut par exemple le film s'attache aussi à montrer l'envers du décor, les cuisines (au sens propre) de la fête, les dortoirs où vivent les saisonniers (Erwan l'avait dit) à qui l'enfant revend son butin.

Et puis il m'a semblé que si la soeur est le plus souvent démissionnaire, le gamin lui lutte tout le temps pour payer la bouffe, l'appart, et que son arme c'est le vol. Et à la fin si le gamin pleure, ce n'est pas "par nostalgie pour l'époque hivernale où il pouvait monter en haut sur son terrain de jeu", mais plutôt par crainte du lendemain vu que son gagne pain s'est envolé avec la fin de la saison.

Enfin dire que les acteurs sont insupportables, j'en reste sans voix tellement je les ai trouvés pour ma part justes.

La fin du film en apesanteur est vraiment très belle.



Je suis complètement d'accord avec tout ce que tu écris. J'ajouterai que le gamin n'a pas le choix il est obligé de payer de sa personne, voler pour exister aux yeux de Seydoux et surtout aux yeux de cette salope d'anglaise à fourrure par laquelle le drame semble se dénouer. La fin est ouverte.
Avant Seydoux n'était jamais là-haut ...



j'ai pas trouvé comment on utilise la citation. si quelqu'un veut m'expliquer.

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