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Bachelor Mountain ( Guangyi Yu)-le charlot des montagnes

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Bachelor Mountain ( Guangyi Yu)-le charlot des montagnes Empty Bachelor Mountain ( Guangyi Yu)-le charlot des montagnes

Message par Borges Ven 6 Avr 2012 - 9:13

c'est pas un grand film, pas un petit non plus; ça passe de la presque nullité, un côté reportage sur les dures conditions de vie dans la chine lointaine, au sublime, si bien qu'on sait pas très bien quoi penser; ce passage même?

le sublime n'est pas dans la nature: elle est là, filmée n'importe comment, sans rhétorique, sans approche, sans perspective, sans l'enjoliver, la durcir, sans même en faire d'images; les hommes vivent durement, comme des bêtes, dans le froid, la neige, à la fin il fait plus beau, mais la vie n'en est pas plus belle;

rien de virtuose dans le film, et c'est pas un désir, un calcul, pas non plus de la maladresse, seulement un technique pas suffisamment apprise, maîtrisée; on sait pas ce qui est voulu, ce qui est l'effet d'une volonté de création; le mec est aussi touchant, maladroit parfois que son héros dans son approche de son aimée; il réussit mieux, bien entendu; mais l'analogie n'est pas neutre: c'est pas un film se faisant, c'est le film d'un type qui apprend son art en le faisant; y a quelque chose du bûcheron, au sens négatif du mot; on dira que les conditions n'étaient pas des meilleures, sans doute

que dit le film? dit-il quelque chose? et à qui? pas simple d'en trouver le sujet; le célibat, le manque de femmes (vrai et gros problème en chine, où manquent plusieurs millions de femmes; trop d'hommes pas assez de femmes), le manque de sexe, le manque de sentiment...la pauvreté...



le défaut du film, pour moi, c'est de ne montrer le type que bossant, une vraie bête de travail, de somme... et mangeant, c'est la vie nue, la plus nue possible, on dira que c'est comme ça, oui, on peut le dire, mais la vie c'est pas que ça; vivre, n'est pas survivre, disait l'autre; et ce qui plaît peut-être à variety, par exemple, c'est la présentation de cette chine sauvage, arriérée, primitive, une chine qui devient touristique même pour les chinois; la présentation de l'autre comme sauvage, pas très civilisé; on se dit parfois si la fille ne veut pas de lui, c'est qu'elle le voit comme le cinéaste; rien de désirable chez ce type, pas même sa complète soumission; sa vie monastique, dont se foutent ses amis, grossièrement... rien du glamour courtois dans la sublimation du désir, ici... le mec n'est jamais montré comme un prêtre...rien non plus de la force d'un désir qui ne renonce pas; le mec n'est pas assez légendé, sauf quand il se détache de dos, sur la route, comme une charlot primitif...


on pense au charlot de la ruée vers l'or; c'est un peu la même histoire, la poésie et le happy end en moins;


on est dans le survival une grande partie du film, on s'en fatigue, mais, c"est le sublime du film, ce survival est traversé par l"amour, un amour illusoire, sans retour, bête, comme tous les amours sans retour... l'amour de la vieille chine, de la montagne, pour l'avenir de la chine, sa jeunesse; le bucheron, c'est la vieille chine, la jeune fille dont il est amoureux, la nouvelle, la chine du fric, celle qui n'a qu'une passion, l'argent;


la scène de l'arrivée des touristes donne au film une ampleur qui lui manquait jusque là; le personnage omniprésent est soudain absent, devient imperceptible; je connais pas de film qui réussisse ce genre de truc, sans presque le vouloir, sans même le chercher;magnifique devenir imperceptible de cette soirée...

tout ce qui n'était pas dit entre le type et la fille est dit dans la chanson, et le feu, les feux prennent une autre allure;




ai pensé à tulpan (une autre histoire d'amour sans retour, dans des conditions de survival); et à "l'homme qui tua liberty valence" : nouvel âge du désir et de l'amour, qui condamne certains éthos, corps, à la solitude, chez ford l'éducation, la démocratie, ici, le fric; les lois de la reproduction biologique sont aussi déterminées par le social
(cf bourdieu)
la force physique n'est pas un argument de séduction


comparer la scène des touristes à ceci












Borges
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Message par adeline Ven 13 Avr 2012 - 18:29

Je l'ai vu aussi ce film, qui va de festival en festival depuis la Chine. C'est étrange, car je ne sais pas quoi en penser non plus. Par moments, je me rappelle de plans magnifiques sur San Liangzi, aussi mélancolique que Charlot en effet, assis sur un souche dans la forêt ou marchant vers le soleil sur une route enneigée et déserte, en plein village. Par moments, je me dis que c'est une magnifique histoire d'amour sans fin, qui ouvre sur un amour qui dure depuis dix ans et se termine sur un carton disant que ce même amour continue inchangé après le film. Un amour malheureux et sans espoir, respectueux et parfois en colère. Ce sont des plans incroyables, ces plans de colère. San Liangzi marche seul dans la nuit, sous la neige ou sous la pluie. A-t-il en main une lampe torche dont le faisceau fait signe à la caméra qui le suit de loin ? Je ne sais plus. Mais il marmonne, ou crie et éructe sa déception, sa colère, sa détestation temporaire de la jeune fille qu'il aime. Il est ivre alors, et ce n'est que l'exutoire d'une passion calme qu'il tait sinon.

Mais il y a aussi le souvenir de plans un peu maladroits, d'un montage parfois époustouflant, parfois étrange, d'une absence complète de maîtrise de la lumière. Et en effet, le réalisateur explique qu'il apprenait à filmer en filmant. Le diaphragme automatique ne me dérangerait pas, s'il n'était pas gênant dans certains plans, par exemple le plan des parents de la jeune fille, filmés en contre-jour dans leur véranda. Ils déplorent le choix de vie de leur fille qui ne fait que travailler, ne songe pas à se marier, et vit seule pour gagner le plus d'argent possible. Dans cette véranda lumineuse, qui change beaucoup de la grisaille des montagnes et de la pénombre de la chambre de San Liangzi, la caméra ne maîtrise pas la luminosité. Tantôt on ne peut distinguer les traits des parents, car les visages sont filmés en contre-jour et la caméra règle automatiquement sur les fenêtres, tantôt ils sont bien exposés, et leurs émotions sont lisibles. Dans certains films, la maladresse devient une vraie force ou ne gâche rien. Ici, la volonté de ne pas faire de belle image, la confiance accordée à l'histoire d'amour pour relever le quotidien sombre sont des forces qui auraient encore gagné, dans leur sobriété, à être totalement maîtrisées.

Asketoner (http://fromafog.blogspot.com/2012/03/cinema-du-reel-7-five-broken-cameras-de.html) n'a pas du tout aimé le film. C'est vrai qu'il y a une drôle de volonté de tout filmer de cet homme célibataire, jusqu'au plus sombre, personnel, intime. Et la chambre où il dort est tellement obscure que cela touche presque au sordide. Le film aurait bien pu se passer de cette proximité, qui n'est proche qu'en distance, alors que tant d'autres choses sont dites dans un simple plan de marche, ou de repos.

adeline

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