Place Tahrir / de Stefano Savona

L'hiver a beau approcher, le printemps arabe continue
24 novembre 2011
Les affrontements sanglants de la place Tahrir en Egypte reflètent certes les incertitudes entourant l'avenir de l'Egypte (voir les reportages de notre envoyé spécial ici et là), mais ils témoignent surtout de l'état d'esprit d'une population qui refuse de se faire confisquer sa révolution. Les Égyptiens voulaient faire table rase du passé, alors que les militaires qui ont poussé Moubarak dehors pour lui succéder se seraient bien contentés d'aménagements superficiels qui préservent le statu quo. Les premiers sont donc redescendus dans la rue depuis une semaine pour rappeler aux seconds les exigences du peuple et les promesses de ce début d'année.

Un ex-premier ministre de Moubarak obtient «les pleins pouvoirs» en Egypte
25 novembre 2011

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui exerce sa tutelle sur le gouvernement égyptien, a écarté l'idée d'abandonner immédiatement le pouvoir sous la pression des manifestants et a chargé Kamal El-Ganzouri, ancien premier ministre (1996-1999) du président déchu Hosni Moubarak, de former un gouvernement de salut national, jeudi 24 novembre, après la chute du précédent dirigé par Essam Charaf.

La télévision d'Etat égyptienne a annoncé, vendredi, sa nomination «avec les pleins pouvoirs».

Les occupants de la place Tahrir ont appelé à une manifestation massive, vendredi, jour de la prière et donc de rassemblement.

Nouveaux heurts place Tahrir
26 novembre 2011

Un manifestant a été tué samedi au Caire dans des heurts entre la police égyptienne et des militants qui bloquaient l'entrée du siège du gouvernement, selon des sources médicales. L'incident s'est produit tôt le matin lorsque la police anti-émeute a attaqué à coup de grenades lacrymogènes des manifestants hostiles au pouvoir militaire.

Toute la nuit, les opposants ont campé devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination d'un nouveau premier ministre par l'armée. Des renforts de manifestants sont arrivés de la place Tahrir et ont répliqué avec des pierres et cocktails Molotov.

Il s'agit du premier regain de violences depuis une trêve conclue jeudi entre la police anti-émeute et les manifestants après une semaine marquée par la mort de 41 personnes lors d'affrontements.

Egypte: début des législatives, les Frères musulmans favoris
28 novembre 2011

Au Caire, plusieurs milliers de manifestants sont toujours rassemblés place Tahrir refusant de participer à des élections dont l'alternative consiste en l'ancien régime ou les islamistes. Jeudi 24 novembre, la commission électorale a prévenu que les Egyptiens inscrits avaient l'obligation de voter sous peine d'une amende de 500 livres égyptiennes (63 euros).
Le mouvement des Frères musulmans, principale formation de cette tendance, est donné favori de ce scrutin. Ils ont prévenu qu’en cas de victoire, ils exigeraient le poste de premier ministre: «Le futur Parlement est supposé représenter le peuple. Le Conseil militaire doit charger le parti qui remporte la majorité des voix de former le gouvernement», a déclaré leur porte-parole.

Juste avant les élections, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige réellement le pays, a nommé Kamal El-Ganzouri, ancien premier ministre de Moubarak de 1996 à 1999, à ce poste.

Au départ, une leçon de cinéma
Nous sommes dans le documentaire, pas dans le reportage ou l'explication historique : aucun commentaire, aucune légende à la photo. Comment procède Savona ? D'abord, lui qui se rend chaque année en Egypte, perçoit qu'il se passe quelque chose d'important et arrive dès le début de l'occupation de la place Tahrir. Il est muni de cet appareil photo Canon 5D Mark II suffisamment discret pour échapper aux contrôles mais capable de faire de très bonnes vidéos.

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Le cinéma face aux islamistes
La question de savoir ce qui est négociable avec les islamistes ou les schèmes dominants divise les cinéastes. Etonnamment, les deux cinéastes égyptiens qui ont le plus travaillé ensemble, Ibrahim El Batout et Ahmad Abdalla, se sont opposés sur cette question. Ce dernier, évoquant durant la table ronde ses rapports avec les islamistes sur la place Tahrir, semblait opter pour un dialogue, appliquant en quelque sorte - et espérant que s'applique pour lui - le très tolérant verset du Coran (34, de la sourate Foussilat) : "Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux". Ibrahim El Batout, prévoyant que les islamistes égyptiens gagneront les élections, n'a pas l'intention de perdre son temps à négocier sans cesse les choses avec eux : il continuera de faire ses films en guérilla, comme il le pourra.
http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=10491

Pourquoi tu ne viens pas ici? Ici les gens sont un spectacle merveilleux...