Les Géants + fermeture de l'Arenberg à Bruxelles

Vu les Géants de Boulli Lanners, à l'Arenberg, cinéma assez emblématique de Bruxelles qui est en train de fermer (il avait un peu le même positionnement qu'un MK2 mais n'appartenait pas à une chaine, mais surtout organisait un très bon cycle de rétrospective l'été, l'Ecran Total. la meilleure part de la cinéphilie bourgeoise s'est déplacée vers le home studio).
Il sera remplacé par un projet culturel qui espère être rentable esn surfant sur la bulle marketing du multimédia et semble bien parti pour se planter très vite . La relance de l'Ancien Pathé Palace sous le nom Klaradatasch avait été aussi un échec,a lors que le projet était sans doute plus légitime.

http://www.arenberg.be/fr/5/article/231/L%27Arenberg-menac%C3%A9-par-la-culture-2.0

http://www.lesoir.be/debats/cartes_blanches/2011-09-23/avenir-de-l-arenberg-non-les-repreneurs-ne-se-livreront-pas-au-business-culturel-865266.php

Apparemment l'Arenberg pourait être relancé près du Wiels, un Musée d'art moderne installé à Anderlecht (malheuresement pas facile d'accès en transport en commun), ce serait bien que cela réussisse mais ce n'est pas gagné:
http://archives.lesoir.be/l-8217-arenberg-au-wiels-trop-cher_t-20110608-01FAKR.html

Sinon les Géants, j'ai trouvé cela pas désagréable mais en fait triste. Des adolescents tentent d'échapper au mystères de l'inceste, de l'abandon et de l'hyperviolence familiale en milieu ardennais post-Fourniret en se laissant dériver sur la rivière. Ils réussissent à fuire où le grotesque de cette violence est évident, et échouent là où ils ne comprennent pas qu'elle est encore plus fragile qu'ils ne le sont eux-même.
Bouli Lanners sort de la veine d'Eldorado, et on sent qu'il aime bien "La Nuit du Chasseur", les films de Gus Van Sant etc... et qu'il a voulu les transporter au bord de la Semois, en mêlant hommage et dérision élégante. La forêt représente à la fois un endroit de mystère et de peur enfantine, et un dépaysement suranné des citadins qui se prête au décalage et au rire culturellement codifié. Le principal élément humoristique du film est la survie des décalages de classe sociale dans un environnement onirique (le squat de la maison de vacance luxueuse, le silence du personnage de Marthe Keller). C'est en fait plutôt réussi mais le film ne dit pas beaucoup plus que ses références, et finalement en le regardant en pense de façon mélancolique plus aux conditions de production du film ("il s'est donné du mal pour trouver de l'argent pour défendre cette histoire et en faire un produit soigné, beaucoup plus que s'il avait fait le film il y a 20 ans") qu'au contenu. Le film ne prétend sans doute raconter rien d'autre que ce décalage.
Côté Flamand "Crazy Love" de Dominique Derurddere, dans un esprit proche, me semblait mieux parce qu'il croyait plus en son histoire.

Ceci dit le Critique des Cahiers a pas complètement tord de comparer ce film à du post-Spielberg. Super 8 et les Géants sont souvent assez proches dans la manière d'utiliser le regard d'adolescents pour montrer une sorte d'incrédulité à la fois sur le provincialisme et l'idéal qu'il n'arrive pas à atteindre (un système de consommation qui veut à la fois l'indépendance à la fois vis-à-vis de la ville et de la nature)