x-men le commencement

erwan a écrit:

x-men le commencement

du travail de Vaughn, retenir un goût pour le bavardage et la répétition peu savoureux, dandyesque, précieux; son penchant pour les transformations mimétiques de Raven rejoignent une esthétique de la copie, copie du réel (l'affaire des missiles de cuba), copie plus aguicheuse et simple (un émule de l'apocalypse ordonne des deux côtés du mur la mort atomique à venir, afin que des cendres, il puisse régner sur un nouvel idéal mutant comme un proche écho aux délires raciaux nazis).

A l'origine du comic book (1963), une discrète école tenue par un télépathe, le prof Xavier, que fréquentent de jeunes gens aux pouvoirs singuliers, émergeant le plus souvent au moment de la puberté, et dont l'origine tient de leur patrimoine génétique, contrairement à des super héros comme Spiderman ou Captain America (prochain long métrage marvel) dont les pouvoirs sont postérieurs à la naissance. Ainsi le prof Xavier explique que ses parents ont travaillés sur la première bombe A, de là découlerait sa mutation, qui a pour conséquence de lui fournir le don de lire et manipuler les esprits.

Dès la première aventure, ils sont confronté à un « super-vilain » , un mutant comme eux, nommé magnéto pour sa capacité à agir sur les ondes électro-magnétiques; ce dernier oppose violemment les mutants, qu'il englobe malgré leur diversité et nomme leur ensemble homo superior_, au commun des mortels, homo sapiens; il appuie ses volontés hégémonique (le terme esclavage apparaît; dans le numéro 4 de uncanny x-men, il s'alloue les services d'une armée disciplinée évoquant la Wehrmacht ) d'une thèse à double entrée: les mutants sont voués à être pourchassés et annihilés par les humains ordinaires, s'ils ne prennent pas le pouvoir auparavant, et _ petit 2 _ d'une lecture biaisée de la théorie de l'évolution de Darwin.



Il est secondé de personnages archétypaux venant d'un barnum gothique ou folklorique contrairement aux X-men, jeunes gens auxquels les jeunes lecteurs pouvaient s'identifier à loisir par les similarités avec leur propre vie (le collège, les blagues potaches, l'impression d'être à part).

Il est d'ailleurs intéressant de noter la partition que le film accompagne jusqu'à la fin, entre les mutants choisissant le parti de magnéto (issus de minorités ou dont la mutation est voyante et affirmée fièrement), et ceux optant pour l'humanisme discret de Xavier (le film n'est pas d'une grande clarté quant aux propositions abracadabrantesques scindant l'humanité en deux groupes plongés dans le bain de l'évolution; une seule scène dans laquelle Xavier admire une mutation rare mais pas exceptionnelle dans la teinte des cheveux d'une femme permet de croire un peu à un lot commun).

Ainsi dans un premier temps, la proposition du créateur des personnages, Stan Lee (et Kirby) était de trouver une accroche nouvelle dans la conception de super héros, les mutations génétiques, mais cette idée n'était pas sans incidence sur la suite, puisque les relations entre « mutants » et « humains ordinaires » rejouaient le temps de quelques scènes, au fil des aventures, le thème de la ségrégation raciale, des individus pourchassés à cause de leur différence ou regardés avec dédain, peur.

Autre élément fondamental, les relations entre maître et élève (entre maître et esclave du côté de Magneto?); Xavier dirige une école dont les principes d'enseignement s'écartent sensiblement de la doxa, je ne parle pas des matières classiques mais des cours particuliers que reçoit chaque élève afin qu'il puisse maitriser avec le plus de finesse ses pouvoirs mutants: le professeur n'a donc pas vis à vis de son élève une connaissance première et plus approfondie; sa position, son statut n'est pas celui d'un coach ou d'un entraineur non plus, pouvant s'appuyer sur une expérience, une pratique, puisque les dons des élèves sont multiples et différenciés, physiques ou mentaux; le mouvement n'est pas celui de l'élève vers un maître au savoir mouvant et inaccessible mais au contraire celui du maître vers l'élève, qu'il émancipe de la tutelle d'un corps anormal, ou de le représentation qu'il en a construit; le handicap de Xavier est en cela essentiel.

Xavier est un maître ignorant qui accompagne le trajet de ses élèves; mais son accompagnement ne s'incarne pas dans les livres, les films, les expériences de vie, ou du moins pas uniquement: son intrusif et volatil talent lui permet de dresser les pensées et les émotions de son élève en un tableau immédiat, lui permet de s'adresser à lui sans les outils, organes ou membres, du corps; cela change-t-il quoi que ce soit? Faut-il redouter une manipulation des jeunes gens placés sous sa charge? Dans quel but organise-t-il leurs destinées? Sont-ils uniquement des extensions, marionnettes actives d'un spectacle dont il est à la fois un spectateur impassible et un créateur?

(edit :La relation maître élève pose la question de l'héritage de la seconde guerre mondiale peut être, et cette voix intérieur de Xavier agit sans doute comme une boussole d'éthique historique face à l'adversité quand ses étudiants affrontent une manifestation de la bête immonde. Le film se recentre quand à lui sur le couple Xavier/Erik Lehnsherr [Magnéto] et abandonne les théories raciales/eugénistes à un troisième personnage, Sebastian Shaw)

Le film débute comme celui de B. Singer, reprend la scène initiale d'un enfant séparé de ses parents devant l'entrée d'un camp de concentration, filmé avec un aplomb désagréable, pour le moins; un nouveau personnage apparaît alors dans la continuité de la scène qui, on le comprend, était un observateur de la manifestation des pouvoirs de l'enfant (magnéto); et on se dit que cette position, flegmatique et légèrement ironique n'est pas sans ressemblance avec celle du cinéaste :copie d'une séquence de B Singer qu'il développe par la suite comme il souhaite développer le personnage de Magnéto à partir d'un substrat initial, le comic book, revenons-y:

l'enfance de Magnéto n'est inscrite dans le mouvement de l'histoire évolutive des Xmen, et dans l'Histoire, que tardivement, par un scénariste du nom de Claremont, en 1981, soit un peu moins de vingt ans après sa création;



l'atmosphère pop et potache des débuts que ne désapprouvait pas des annotations critiques vis à vis de la société, s'est obscurcie au fils des ans, et Claremont, je ne sais pas si la tendance était présente avant sa venue aux commandes, s'est révélé un scénariste hanté par la destruction et l'apocalypse (le nom d'un personnage de l'univers des xmen), comme s'il avait révélé, dans une optique plus réaliste, le rapport de descendance des personnages vis à vis de l'héritage de la seconde guerre mondiale (bombe A pour Xavier). Au nombre de ses créations, l'état imaginaire de Genosha réinventant l'apartheid en cours en Afrique du sud mais cette fois à l'encontre des mutants.

Cette précision amène à reconsidérer le titre du long métrage de Vaughn, le Magnéto qu'il fait agir et parler n'est pas celui des commencements, tyran aux relents nauséabonds, mais celui que réécrit Claremont, personnage traumatisé en quête de vengeance, qui considère le sort de ses «pareils » mutants (proscrits, obligés de se cacher [le film est extrêmement mal construit et écrit de ce point de vue]) à l'aune de l'extermination de son peuple par les nazis.

Mais au jeu des équivalences, les thématiques étant remontées à la surface du récit, que désigne ce mot de mutant, quelle allégorie dans la forêt des signes? chaque personnage semble opter pour la sienne propre, ségrégation raciale, mal-être adolescent, extermination des juifs, prochaine étape dans l'évolution, et le film peine à penser cette multiplicité, à tenir un propos intelligible, ne faisant qu'ânonner ce que les autres films avaient déjà prélevés des récits et expérimentations du comic-book.