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Inglorious Basterds

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Message par Largo Jeu 20 Aoû 2009 - 12:05

Pas encore vu le film, mais vu l'intérêt que le monsieur a toujours suscité, j'ouvre d'ores et déjà ce topic pour encourager tout le monde a venir en discuter. pirat
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Message par Eyquem Ven 21 Aoû 2009 - 1:26

Cette note, de Jonathan Rosenbaum (lue sur son site) :

Recommended Reading: “When Jews Attack” by Daniel Mendelsohn*, a two-page spread in the August 24 & 31 issue of Newsweek, begins to help me account for what I find so deeply offensive as well as profoundly stupid about Inglourious Basterds [sic sic — or maybe I should say, sic, sic, sic]. A film that didn’t even entertain me past its opening sequence, and that profoundly bored me during the endlessly protracted build-up to a cellar shoot-out, it also gave me the sort of malaise that made me wonder periodically what it was (and is) about the film that seems morally akin to Holocaust denial, even though it proudly claims to be the opposite of that. It’s more than just the blindness to history that leaks out of every pore in this production (even when it’s being most attentive to period details) or the infantile lust for revenge that’s so obnoxious. When Mendelsohn asks, “Do you really want audiences cheering for a revenge that turns Jews into Nazis, that makes Jews into `sickening’ perpetrators?”, he zeroes in on what’s so vile about this gleeful celebration of savagery. He also clarifies the ugly meaning of Tarantino’s final scene when he points out that Nazis carved Stars of David into the chests of rabbis before killing them — a fact I either hadn’t known before or had somehow managed to suppress.
It’s amazing to me that some fellow Jews who were so indignant about Sophie’s Choice (by which I mean the Styron novel — arguably his best — and not the hollow Pakula movie) can give Tarantino a free ride on this one, presumably under the theory that this boy should be allowed to enjoy every last drop of his all-American fun, even at the expense of real-life Holocaust victims. As far as I’m concerned, whatever Tarantino’s actual or imagined politics might be, he’s become the cinematic equivalent of Sarah Palin, death-panel fantasies and all**.

(* l'article de Mendelsohn est là :
http://www.newsweek.com/id/212016
Mendelsohn, c'est celui qui a écrit le roman que Godard serait sur le point d'adapter : "Les Disparus")

(**les "death-panel fantasies" de Sarah Palin, c'est une allusion à l'invraisemblable polémique lancée par les conservateurs contre la réforme du système de santé proposée par le gouvernement Obama)


Pas vu le film pour le moment - pas mal de réticences, à vrai dire, mais je suis sûr que je vais finir par y aller. C'est ça, le talent des Américains : donner envie d'aller voir des films qu'on n'a pas envie de voir.)
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Message par balthazar claes Ven 21 Aoû 2009 - 14:47

Pendant ce temps EB a décidé de ne pas faire dans la demi-mesure.

Et c'est aussi un conte de cinéma, où celui-ci a force de résurrection, de réécriture de l'Histoire. (...)
Inglourious basterds (...) nous fait avancer dans la connaissance d'un des plus grands cinéastes de ce temps. Et il brûle.

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Message par Borges Ven 21 Aoû 2009 - 16:24

Avant toute chose, il faut dire que ce film est incroyablement mauvais; après, on est tranquille et on peut sans mauvaise conscience analyser, réfléchir, parler de Pabst, de Clouzot, de Leone, du cinéma dans le cinéma... du feu, des flammes, de la pellicule, de jeanne d'arc...de toutes l'histoire du cinéma, et de tout le reste : la nazisme, le talmud, Israël, le terrorisme... Je crois qu'il est aussi nécessaire d'ajouter que c'est moins drôle que "Papy fait de la résistance", ou que "la grande vadrouille", et très loin des "douze salopards".
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Message par Invité Ven 21 Aoû 2009 - 23:18

oui, d’entrée c’est l’ennui, j’ai failli quitter la salle dès le premier chapitre tant c’est bavardé connement, mais j’aurais eu tort parce qu’il y a quand même une grande scène de burlesque d’un gars qui en explose un autre avec une batte, et il est probable que Tarantino a excédé sa ration ordinaire de cocaïne sur cette scène. Après, à propos de "Tarantino rewrite Holocaust", Tarantino fait ça avec une telle audace de junkie, impossible de prendre ça au sérieux, d’en faire débat. Ou on pourrait dire aussi que QT est à un pic de son syndrome de Peter Pan avec ce film(et c’est peut-être son chef-d’oeuvre, comme i dit Brad à la fin) ; il y a une séquence assez réussie tout de même qui se termine par un explosage de couilles, j’en dis pas plus pour ceux qui vont voir le film… Là-aussi, je regrette pas d’être resté… Donc pour moi ce film vaut d’abord par un détronchage + un explosage de couilles, et la somme des deux n’est jamais aussi importante que dans ce cinéma américon sorti des usines à gaz hollywoodiennes.

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Message par Invité Sam 22 Aoû 2009 - 15:15

Je reviens sur ce film, quitte à prendre un virage à 180°… c’est une grande surprise à vrai dire ; c’est avec ce film de Tarantino, inglorious Basterds, que Tarantino m’apparaît vraiment doué, comme semble le dire Burdeau, "l’un des plus grands cinéastes de notre temps"… Je crois qu’il y a une réelle subversion dans ce film, une furie d’agencements, un délire flamboyant du cinéaste-cinéphile Tarantino(faire sauter le cinéma pour tuer le nazi), je pense qu’il y a beaucoup de choses à en dire… Je vous ferai passer un entretien important, Tavernier-Tarantino, qui amènera une contribution non négligeable à la discussion ici… Je suis allé voir ce film à reculons, parce qu’Hollywood m’exaspère avec sa violence d’attardés, mais il s’agit d’autre chose avec ce film-là…
Désolé, tout ça est très approximatif… Pour l’instant, j’avais juste envie de vous conseiller d’aller voir le film… Je l’ai vu en vf, et les doublages sont lamentables, à voir absolument en vost si vous avez le choix.

Quentin Tarantino : Je crois que la cinéphilie doit être une chose vivante et qu’aimer le cinéma ne s’arrête pas à la première vision d’un film, qu’elle évolue tout le temps et qu’il n’y a jamais rien de définitif…

Bertrand Tavernier : Evoquant les sources de Kill Bill, un critique du Guardian parlait du danger à s’inspirer de n’importe quel cinéma. La question, et votre cinéma la pose de façon prégnante, est de savoir si on doit puiser obligatoirement son inspiration dans des œuvres dites mineures(séries Z, comics books) ou aller la chercher dans des sources, des sujets plus « nobles » - j’utilise les guillemets à dessein. Il ajoutait aussi que le cinéma des pionniers s’inspirait de la Bible, ou de grands romans, anglais, russes ou français. Où se situe la frontière ? Est-ce que c’est mieux d’être influencé par des comic books ou par John Steinbeck, par Elmore Leonard ou par Shakespeare ?

Quentin Tarantino : … franchement, la subversion vient toujours de la minorité. Et je défends le désordre en cinéphilie… Les réalisateurs de série B – au sens très large – de toutes les générations offrent la même chose : ce truc un peu impertinent qu’on ne trouve pas dans les films de série A, et qui fait que les films de série B existent, tout simplement ! Vous y trouvez plus de sensationnel, plus d’excitation, plus d’émotions basiques, pour le même tarif...

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Message par wootsuibrick Sam 22 Aoû 2009 - 15:20

t'es assez curieux comme gars, breaker.
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Message par adeline Sam 22 Aoû 2009 - 15:30

Euh, Breaker, tu es sûr ? Wink

Lol, je viens de le voir, et je dois dire que j'ai trouvé ça très très très mauvais, et pourtant, j'aime bien plein de films de Tarantino. Mais à mes yeux, il n'y a rien à sauver, dans ce film...
Subversion ? Quelle subversion ?

Y va y avoir du spooooort, si on n'est pas d'accord...

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Message par Le_comte Sam 22 Aoû 2009 - 16:09

Breaker, l'homme de toutes les contradictions, celui qui brûle des drapeaux américains pour ensuite aimer un de ses pires représentants Very Happy (Je plaisente)

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Message par Invité Sam 22 Aoû 2009 - 17:14

je me suis surpris à aimer le film par moments, et aussi à repousser cette sensation, rapport à l’agacement dont j’ai parlé des films hollywoodiens. L’exercice critique ici me paraît moins évident qu’il en a l’air…
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http://ti1ca.com/exsc06my-TAVERNIER-TARANTINO-TAVERNIER-TARANTINO.rar.html
désolé, je n’ai pas réduit la taille des fichiers, ce qui en fait un dossier assez volumineux (42,6 Mo)

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Message par wootsuibrick Sam 22 Aoû 2009 - 19:01

oui, un grand cinéphile Tarantino... il aime Matrix et Speed.


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Message par Eyquem Sam 22 Aoû 2009 - 22:26

lol
On s'attendait pas non plus à ce qu'il cite Angelopoulos.

(en plus, il a raison sur "Speed" : en 94, c'était super.)
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Message par Largo Dim 23 Aoû 2009 - 0:16

Breaker est peut-être curieux (de beaucoup de choses, c'est certain) mais je le remercie pour l'entretien. Wink

Et sinon, j'ai vu le film, beaucoup aimé (mais en ce moment je fais pas beaucoup de sport, désolé Adeline !). What a Face

Borges tu juges le film très mauvais mais sans doute faudrait-il préciser à quel niveau parce que si tu parles de son esprit, alors il y aura personne pour affirmer le contraire, lol.

En attendant mieux, grosse kassedédi à Léa Seydoux pour son très beau, très émouvant rôle de...figuration. Elle est dotée d'un bouleversant roulement de globes oculaires. C'est la Laurent qui a du rire sous cape.
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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 4:07

adeline a écrit:
Subversion ? Quelle subversion ?
La subversion est sans doute toujours la même chez Tarantino, dont l’engagement cinéphilique déborde totalement l’industrie du film avec laquelle ses films ont peu de rapports en définitive ; je parlais de cette furie d’agencements à ce sujet, dont il me parait pas si simple de faire l’examen critique…
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Je viens de lire l’entretien Cahiers("on n’a pas besoin de dynamite quand on a de la pellicule "), cette idée de tuer Hitler, Goebbels, Goering… en créant un grand incendie avec la pellicule nitrate - l’arme d’un attentat antinazi - d’une extrême inflammabilité qui a pour nom Leone, Peckinpah, Fuller, Aldrich, Lubitsch, Dreyer, Pabst… "D’un côté c’est une métaphore fructueuse sur la puissance du cinéma, de l’autre ce n’en est pas une, c’est littéral"… Et ce côté littéral(les chasseurs de scalps) coexiste très bien avec l’exigence cinéphilique de Tarantino, qui n’est jamais affichée de façon à épater la galerie...
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Message par wootsuibrick Dim 23 Aoû 2009 - 5:23

gros débat en perspective... j'espère. (=
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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 7:10

breaker a écrit:
La subversion est sans doute toujours la même chez Tarantino, dont l’engagement cinéphilique déborde totalement l’industrie du film avec laquelle ses films ont peu de rapports en définitive ; je parlais de cette furie d’agencements à ce sujet, dont il me parait pas si simple de faire l’examen critique…

Hello,

Je ne suis pas d'accord du tout, que l'on dise cela à propos d'un Godard pour ses "Histoire(s)", que l'on parle d'agencements, pourquoi pas, mais là les "agencements" de Tarantino qui n'en sont pas ne sont qu'un amas schizo-cinéphile furieux de références empilées les unes sur les autres qui ne déplacent en aucune manière l'oeuvre d'origine vers un nouveau devenir, dont au passage l'industrie du film sait parfaitement s'accommoder. Il suffit de voir toute la batterie de trucs sortis à l'époque de Kill Bill, il y a carrément des livres d'art avec toutes les références du film dedans, tout cela exposé comme dans un rayon de supermarché (ou de vidéo-club). On pourrait penser que cela n'a pas grand chose à voir avec le travail de Tarantino mais en fait si quand on se rend compte que la plupart de ses références valent essentiellement pour elles-mêmes dans les films. D'ailleurs moi ce truc avec papy Tavernier ça me fait plutôt sourire..

Tu prends une vengeance, tu prends ta collection de films que tu kiffais quand tu avais 16 piges et tu as un film de Tarantino..bien sûr j'exagère pour jouer la carte du débat, Tarantino est aussi un putain de dialoguiste..

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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 13:42

salut JM, je te réponds en quelque sorte avec le travail d’un autre, la critique de Jean-Marc Lalanne disponible sur le site Inrocks qui me convient parfaitement. Il parle d’un manifeste pour le détournement, en énonçant que Tarantino cherche dans les franges les moins fréquentées du cinéma une possibilité d’abolir les hiérarchies(entre culture haute et culture populaire)… "Il n’est pas de cinéma aujourd’hui qui ait un tel sens du mélange, du métissage(jusqu’à imaginer une love story impensable dans le cinéma de la France occupée entre une pseudo Darrieux et son employé noir), et fasse de l’hybridation(des genres, sexuels, cinématographiques) une telle puissance salvatrice".
Pour moi, cette aventure Inglorious Basterds remet pas mal en cause certains cadres rigides de ma cinéphilie, engoncée dans un point de vue moral, voire moralisateur. Pour autant je ne suis pas encore prêt à accepter Gran Torino ou Public enemies!
http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/1250606640/article/inglourious-basterds-1/

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Message par Borges Dim 23 Aoû 2009 - 14:02

Je ris devant tant de niaiseries, et de stéréotypes.



Un texte que j'avais cité sur le forum des Cahiers (mais que devient-il?), il y a bien du temps.






Guy-Ernest Debord / Gil J. Wolman

Mode d'emploi du détournement

Paru initialement dans LES LÈVRES NUES N.8 (MAI 1956)



Tous les esprits un peu avertis de notre temps s'accordent sur cette évidence qu'il est devenu impossible à l'art de se soutenir comme activité supérieure, ou même comme activité de compensation à laquelle on puisse honorablement s'adonner. La cause de ce dépérissement est visiblement l'apparition de forces productives qui nécessitent d'autres rapports de production et une nouvelle pratique de la vie. Dans la phase de guerre civile où nous nous trouvons engagés, et en liaison étroite avec l'orientation que nous découvrirons pour certaines activités supérieures à venir, nous pouvons considérer que tous les moyens d'expression connus vont confluer dans un mouvement général de propagande qui doit embrasser tous les aspects, en perpétuelle interaction, de la réalité sociale.

Sur les formes et la nature même d'une propagande éducative, plusieurs opinions s'affrontent, généralement inspirées par les diverses politiques réformistes actuellement en vogue. Qu'il nous suffise de déclarer que, pour nous, sur le plan culturel comme sur le plan strictement politique, les prémisses de la révolution ne sont pas seulement mûres, elles ont commencé à pourrir. Non seulement le retour en arrière, mais la poursuite des objectifs culturels "actuels", parce qu'ils dépendent en réalité des formations idéologiques d'une société passée qui a prolongé son agonie jusqu'à ce jour, ne peuvent avoir d'efficacité que réactionnaire. L'innovation extrémiste a seule une justification historique.

Dans son ensemble, l'héritage littéraire et artistique de l'humanité doit être utilisé à des fins de propagande partisane. Il s'agit, bien entendu, de passer au-delà de toute idée de scandale. La négation de la conception bourgeoise du génie et de l'art ayant largement fait son temps, les moustaches de la Joconde ne présentent aucun caractère plus intéressant que la première version de cette peinture. Il faut maintenant suivre ce processus jusqu'à la négation de la négation. Bertold Brecht révélant, dans une interview accordée récemment à l'hebdomadaire "France-Observateur", qu'il opérait des coupures dans les classiques du théâtre pour en rendre la représentation plus heureusement éducative, est bien plus proche que Duchamp de la conséquence révolutionnaire que nous réclamons. Encore faut-il noter que, dans le cas de Brecht, ces utiles interventions sont tenues dans d'étroites limites par un respect malvenu de la culture, telle que la définit la classe dominante : ce même respect enseigné dans les écoles primaires de la bourgeoisie et dans les journaux des partis ouvriers, qui conduit les municipalités les plus rouges de la banlieue parisienne à réclamer toujours "le Cid" aux tournées du T.N.P., de préférence à "Mère Courage".

A vrai dire, il faut en finir avec toute notion de propriété personnelle en cette matière. Le surgissement d'autres nécessités rend caduques les réalisations "géniales" précédentes. Elles deviennent des obstacles, de redoutables habitudes. La question n'est pas de savoir si nous sommes ou non portés à les aimer. Nous devons passer outre.

Tous les éléments, pris n'importe où, peuvent faire l'objet de rapprochements nouveaux. Les découvertes de la poésie moderne sur la structure analogique de l'image démontrent qu'entre deux éléments, d'origines aussi étrangères qu'il est possible, un rapport s'établit toujours. S'en tenir au cadre d'un arrangement personnel des mots ne relève que de la convention. L'interférence de deux mondes sentimentaux, la mise en présence de deux expressions indépendantes, dépassent leurs éléments primitifs pour donner une organisation synthétique d'une efficacité supérieure. Tout peut servir.

Il va de soi que l'on peut non seulement corriger une oeuvre ou intéger divers fragments d'oeuvres périmées dans une nouvelle, mais encore changer le sens de ces fragments et truquer de toutes les manières que l'on jugera bonnes ce que les imbéciles s'obstinent à nommer des citations.

De tels procédés parodiques ont été souvent employés pour obtenir des effets comiques. Mais le comique met en scène une contradiction à un état donné, posé comme existant. En la circonstance, l'état de choses littéraire nous parraissant presque aussi étranger que l'âge du renne, la contradiction ne nous fait pas rire. Il faut donc concevoir un stade parodique-sérieux où l'accumulation d'éléments détournés, loin de vouloir susciter l'indignation ou le rire en se référant à la notion d'une oeuvre originale, mais marquant au contraire notre indifférence pour un original vidé de sens et oublié, s'emploierait à rendre un certain sublime.

On sait que Lautréamont s'est avancé si loin dans cette voie qu'il se trouve encore partiellement incompris par ses admirateurs les plus affichés. Malgré l'évidence du procédé appliqué dans "Poésies", particulièrement sur la base de la morale de Pascal et Vauvenargues, au langage théorique - dans lequel Lautréamont veut faire aboutir les raisonnements, par concentrations successives, à la seule maxime - on s'est étonné des révélations d'un nommé Viroux, voici trois ou quatre ans, qui empêchaient désormais les plus bornés de ne pas reconnaître dans "les Chants de Maldoror" un vaste détournement, de Buffon et d'ouvrages d'histoire naturelle entre autres. Que les prosateurs du "Figaro", comme ce Viroux lui-même, aient pu y voir une occasion de diminuer Lautréamont, et que d'autres aient cru devoir le défendre en faisant l'éloge de son insolence, voilà qui ne témoigne que de la débilité intellectuelle de vieillards des deux camps, en lutte courtoise. Un mot d'ordre comme "le Plagiat est n'ecessaire, le progrès l'implique" est encore aussi mal compris, et pour les mêmes raisons, que la phrase fameuse sur la poésie qui "doit être faite par tous".

L'oeuvre de Lautréamont - que son apparition extrêmement prématurée fait encore échapper en grande partie à une critique exacte - mis à part, les tendances au détournement que peut reconnaître une étude de l'expression contemporaine sont pour la plupart inconscientes ou occasionnelles; et, plus que dans la production esthétique finissante, c'est dans l'industrie publicitaire qu'il faudra en chercher les plus beaux exemples.


Dernière édition par Borges le Dim 23 Aoû 2009 - 14:03, édité 1 fois
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Message par Borges Dim 23 Aoû 2009 - 14:02

On peut d'abord définir deux catégories principales pour tous les éléments détournés, eet sans discerner si leur mise en présence s'accompagne ou non de corrections introduites dans les originaux. Ce sont les détournements mineurs, et les détournements abusifs.

Le détournement mineur est le détournement d'un élément qui n'a pas d'importance propre et qui tire donc tout son sens de la mise en présence qu'on lui fait subir. Ainsi des coupures de presse, une phrase neutre, la photographie d'un sujet quelconque.

Le détournement abusif, dit aussi détournement de proposition prémonitoire, est au contraire celui dont un élément significatif en soi fait l'objet; élément qui tirera du nouveau rapprochement une portée différente. Un slogan de Saint-Just, une séquence d'Einsenstein par exemple.

Les oeuvres détournées d'une certaine envergure se trouveront donc le plus souvent constituéees par une ou plusieurs séries de détournements abusifs-mineurs.

Plusieurs lois sur l'emploi du détournement se peuvent dès à présent établir.

C'est l'élément détourné le plus lointain qui concourt le plus vivement à l'impression d'ensemble, et non les éléments qui déterminent directement la nature de cette impression. Ainsi dans une métagraphie relative à la guerre d'Espagne la phrase au sens le plus nettement révolutionnaire est cette réclame incomplète d'une marque de rouge à lèvres : "les jolies lèvres ont du rouge". Dans une autre métagraphie ("Mort de J.H.") cent vingt-cinq petites annonces sur la vente de débits de boissons traduisent un scuicide plus visiblement que les articles de journaux qui le relatent.

Les déformations introduites dans les éléments détournés doivent tendre à se simplifier à l'extrême, la principale force d'un détournement étant fonction directe de sa reconnaissance, consciente ou trouble, par la mémoire. C'est bien connu. Notons seulement aui si cette utilisation de la mémoire implique un choix du public préalable à l'usage du détournement, ceci n'est qu'un cas particulier d'une loi générale qui régit aussi bien le détournement que tout autre mode d'action sur le monde. L'idée d'expression dans l'absolu est morte, et il ne survit momentanément qu'une singerie de cette pratique, tant que nosautres ennemis survivent.

Le détournement est d'autant moins opérant qu'il s'approche d'une réplique rationnelle. C'est le cas d'un assez grand nombre de maximes retouchées par Lautréamont. Plus le caractère rationnel de la réplique est apparent, plus elle se confond avec le banal esprit de répartie, pour lequel il s'agit également de faire servir les paroles de l'adversaire contre lui. Ceci n'est naturellement pas limité au langage parlé. C'est dans ceet ordre d'idées que nous eûmes à débattre le projet de quelques-uns de nos camarades visant à détourner une affiche antisoviétique de l'organisation fasciste "Paix et Liberté" - qui proclamait, avec vues de drapeaux occidentaux emmêlés, "l'union fait la force" - en y ajoutant la phrase "et les coalitions font la guerre".

Le détournement par simple retournement est toujours le plus immédiat et le moins efficace. Ce qui ne signifie pas qu'il ne puisse avoir un aspect progressif. Par exemple cette appellation pour une statue et un homme : "le Tigre dit Clemenceau". De même la messe noire oppose á la construcion d'une ambiance qui se fonde sur une métaphysique donnée, une construction d'ambiance dans le même cadre, en renversant les valeurs, conservées, de cette métaphysique.

Des quatre lois qui viennent d'être énoncées, la première est essentielle et s'applique universellement. Les trois autres ne valent pratiquement que pour des éléments abusifs détournés.

Les premières conséquences apparentes d'une génération du détournement, outre les pouvoirs intrinsèques de propagande qu'il détient, seront la réappropriation d'une foule de mauvais livres; la participation massive d'écrivains ignorés; la différenciation toujours plus poussée des phrases ou des oeuvres plastiques qui se trouveront être à la mode; et surtout une facilité de la production dépassant de très loin, par la quantité, la variété et la qualité, l'écriture automatique d'ennuyeuse mémoire.

Non seulement le détournement conduit à la découverte de nouveaux aspects du talent, mais encore, se heurtant de front à toutes les conventions mondaines et juridiques, il ne peut manquer d'apparaître un puissant instrument culturel au service d'une lutte de classes bien comprise. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie avec laquelle on bat en brêche toutes les murailles de Chine de l'intelligence. Voici un réel moyen d'enseignement artistique prolétarien, la première ébauche d'un communisme littéraire.

Les propositions et les réalisations sur le terrain du détournement se multiplient à volonté. Limitons nous pour le moment à montrer quelques possibilités concrètes à partir des divers secteurs actuels de la communication, étant bien entendu que ces divisions n'ont de valeur qu'en fonction des techniques d'aujourd'hui, et tendent toutes à disparaître au profit de synthèses supérieures, avec les progrès de ces techniques.

Outre les diverses utilisations immédiates des phrases détournées dans les affiches, le disque ou l'émission radiophonique, les deux principales applications de la prose détournée sont l'écriture métagraphique et, dans une moindre mesure, le cadre romanesque habilement perverti.

Le détournement d'une oeuvre romanesque complète est une entreprise d'un assez mince avenir, mais qui pourrait se révéler opérante dans la phase de transition. Un tel détournement gagne à s'accompagner d'illustrations en rapports non-explicites avec le texte. Malgré les difficultés que nous ne nous dissimulons pas, nous croyons qu'il est possible de parvenir à un instructif détournement psychogéographique du "Consuelo" de George Sand, qui pourrait être relancé, ainsi maquillé, sur le marché littéraire, dissimulé sous un titre anodin comme "Grande Banlieue", ou lui-même détourné comme "La Patrouille Perdue" (il serait bon de réinvestir de la sorte beaucoup de titres de films dont on ne peut plus rien tirer d'autre, faute de s'être emparé des vieilles copies avant leur destruction, ou de celles qui continuent d'abrutir la jeunesse dans les cinémathèques).

L'écriture métagraphique, aussi arriéré que soit par ailleurs le cadre plastique où elle se situe matériellement, présente un plus riche débouché à la prose détournée, comme aux autres objets ou images qui conviennent. On peut en juger par le projet, datant de 1951 et abandonné faute de moyens financiers suffisants, qui envisageait l'arrangement d'un billard électrique de telle sorte que les jeux de ses lumières et le parcours plus ou moins prévisible de ses billes servissent à une interprétation métagraphique-spaciale qui s'intitulerait "des sensations thermiques et des désirs des gens qui passent devant les grilles du musée de Cluny, une heure environ après le coucher du soleil en novembre". Depuis, bien sûr, nous savons qu'un travail situationniste-analytique ne peut progresser scientifiquement par de telles voies. Les moyens cependant restent bons pour des buts moins ambitieux.

C'est évidemment dans le cadre cinématographique que le détournement peut atteindre à sa plus grande efficacité, et sans doute, pour ceux que la chose préoccupe, à sa plus grande beauté.

Les pouvoirs du cinéma sont si étendus, et l'absence de coordination de ces pouvoirs si flagrante, que presque tous les films qui dépassent la misérable moyenne peuvent alimenter des polémiques infinies entre divers spectateurs ou critiques professionnels. Ajoutons que seul le conformisme de ces gens les empêche de trouver des charmes aussi prenants et des défauts aussi criants dans les films de dernière catégorie. Pour dissiper un peu cette risible confusion des valeurs, disons que "Naissance d'une Nation", de Griffith, est un des films les plus importants de l'histoire du cinéma par la masse des apports nouveaux qu'il représente. D'autre part, c'est un film raciste : il ne mérite donc absolument pas d'être projeté sous sa forme actuelle. Mais son interdiction pure et simple pourrait passer pour regrettable dans le domaine, secondaire mais susceptible d'un meilleur usage, du cinéma. Il vaut bien mieux le détourner dans son ensemble, sans même qu'il soit besoin de toucher au montage, à l'aide d'une bande sonore qui en ferait une puissante dénonciation des horreurs de la guerre impérialiste et des activités du Ku-Klux-Klan qui, comme on sait, se poursuivent à l'heure actuelle aux Etats-Unis.

Un tel détournement, bien modéré, n'est somme toute que l'équivalent moral des restaurations des peintures anciennes dans les musées. Mais la plupart des films ne méritent que d'être démembrés pour composer d'autres oeuvres. Evidemment, cette reconversion de séquences préexistantes n'ira pas sans le concours d'autres éléments : musicaux ou picturaux, aussi bien qu'historiques. Alors que jusqu'à présent tout truquage de l'histoire, au cinéma, s'aligne plus ou moins sur le type de bouffonnerie des reconstitutions de Guitry, on peut faire dire à Robespierre, avant son exécution : "malgré tant d'épreuves, mon expérience et la grandeur de ma tâche me font juger que tout est bien". Si la tragédie grecque, opportunément rajeunie, nous sert en cette occasion à exalter Robespierre, que l'on imagine en retour une séquence du genre néo-réaliste, devant le zinc, par exemple, d'un bar de routiers - un des camionneurs disant sérieusement à un autre : "la morale était dans les livres des philosophes, nous l'avons mise dans le gouvernement des nations". On voit ce que cette rencontre ajoute en rayonnement à la pensée de Maximilien, à celle d'une dictature du prolétariat.

La lumière du détournement se propage en ligne droite. Dans la mesure où la nouvelle architecture semble devoir commencer par un stade expérimental baroque, le complexe architectural - que nous concevons comme la construction d'un milieu ambiant dynamique en liaison avec des styles de comportement - utilisera vraisemblablement le détournement des formes architecturales connues, et en tout cas tirera parti, plastiquement et émotionnellement, de toutes sortes d'objets détournés : des grues ou des échafaudages métalliques savamment disposés prenant avantageusement la relève d'une tradition sculpturale défunte. Ceci n'est choquant que pour les pires fanatiques du jardin à la française. On se souvient que, sur ses vieux jours, d'Annunzio, cette pourriture fascisante, possédait dans son parc la proue d'un torpilleur. Ses motifs patriotiques ignorés, ce monnument ne peut qu'apparaître plaisant.

En étendant le détournement jusqu'aux réalisations de l'urbanisme, il ne serait sans doute indifférent à personne que l'on reconstituât minutieusement dans une ville tout un cartier d'une autre. L'existence, qui ne sera jamais trop déroutante, s'en verrait réellement embellie.

Les titres mêmes, comme on l'a déjà vu, sont un élément radical du détournement. Ce fait découle de deux constatations générales qui sont, d'une part, que tous les titres sont interchangeables, et d'autre part qu'ils ont une importance déterminante dans plusieurs disciplines. Tous les romans policiers de la "série noire" se ressemblent intensément, et le seul effort de renouvellement portant sur le titre suffit à leur conserver un public considérable. Dans la musique, un titre exerce toujours une grande influence, et rien ne justifie vraiment son choix. Il ne serait donc pas mauvais d'apporter une ultime correction au titre de la "Symphonie héroïque" en en faisant, par exemple, une "Symphonie Lénine".

Le titre contribue fortement à détourner l'oeuvre, mais une réaction de l'oeuvre sur le titre est inévitable. De sorte que l'on peut faire un usage étendu de titres précis empruntés à des publications scientifiques ("Biologie littorale des mers tempérées") ou militaires ("Combats de nuit des petites unités d'infanterie") ; et même de beaucoup de phrases relevées dans les illustrés enfantins ("De merveilleux paysages s'offrent à la vue des navigateurs").

Pour finir, il nous faut citer brièvement quelques aspects de ce que nous nommerons l'ultra-détournement, c'est-à-dire les tendances du détournement à s'appliquer dans la vie sociale quotidienne. Les gestes et les mots peuvent être chargés d'autres sens, et l'ont été constamment à travers l'histoire, pour des raisons pratiques. Les sociétés secrètes de l'ancienne Chine disposaient d'un grand raffinement de signes de reconnaissance, englobant la plupart des attitudes mondaines (manière de disposer des tasses ; de boire ; citations de poèmes arrêtées à des moments convenus). Le besoin d'une langue secrète, de mots de passe, est inséparable d'une tendance au jeu. L'idée-limite est que n'importe quel signe, n'importe quel vocable, est susceptible d'être converti en autre chose, voire en son contraire. Les insurgés royalistes de la Vendée, parce qu'affublés de l'immonde effigie du coeur de Jésus, s'appelaient l'Armée Rouge. Dans le domaine pourtant limité de la politique, cette expression a été complètement détournée en un siècle.

Outre le langage, il est possible de détourner par la même méthode le vêtement, avec toute l'importance affective qu'il recèle. Là aussi, nous trouvons la notion de déguisement en liaison étroite avec le jeu. Enfin, quand on en arrive à construire des situations, but final de toute notre activité, il sera loisible à tout un chacun de détourner des situations entières en en changeant délibérément telle ou telle condition déterminante.

Les procédés que nous avons sommairement traités ici ne sont pas présentés comme une intention qui nous serait propre, mais au contraire comme une pratique assez communément répandue que nous nous proposons de systématiser.

La théorie du détournement par elle-même ne nous intéresse guère. Mais nous la trouvons liée à presque tous les aspects constructifs de la période de transition présituationniste. Son enrichissement, par la pratique, apparaît donc comme nécessaire.

Nous remettons à plus tard le développement de ces thèses.


GUY-ERNEST DEBORD et GIL J WOLMAN
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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 15:21

avoir un enfant, et l’appeler "guerre civile".
Très beaux textes de Debord, merci Borges.

ô, mon soleil...

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... lala, lala.

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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 15:26

Hello breaker,

Je devrai aussi te répondre de cet article alors..

J'entends souvent parler de crise de la critique de cinéma, un papier comme ça signé d'un professionnel, diffusé sur le site internet d'une grosse revue culturelle me donne un argument de plus en faveur de l'idée que je me fais de causes internes à la critique expliquant la crise de celle-ci.

Voilà que notre bon Lalanne sort la tarte à la crème du "métissage" pour défendre le cinéma de Tarantino, pourquoi pas aussi le fameux "multiculturalisme" dont les Inrocks font leurs choux gras à longueur d'année pendant qu'on y est ? Pensons à Kaganski qui, lui-aussi, pratique une forme de "métissage" dans ses textes… C'est un peu notre Tarantino de la critique de cinéma. Lalanne, dans ce papier à peu près illisible qui semble avoir été écrit sur un coin de table, nous dit qu'il est frappé par une évidence grandiose, je veux bien lui accorder d'être sincère mais difficile de trouver trace d'une quelconque grandeur dans les scènes qu'il nous raconte : cet épisode dans une ferme, comme il le raconte, ça fait peur, ça dure vraiment 25 minutes, on arrive vraiment à rester dans la salle pour regarder la suite du film, et on se met où, sous le plancher ou autour de la table avec le paysan français (j'imagine qu'il a une casquette et une cigarette au bord des lèvres - whaou le rebelle : la cigarette) et le nazi qui fait de l'esprit ?



"De façon de plus en plus marquée, Tarantino cherche dans les franges les moins fréquentées du cinéma, dans les marges de son histoire officieuse (blaxpoitation, cinéma bis italien des années 60/70, films d’arts martiaux) une possibilité d’abolir les hiérarchies (entre culture haute et culture populaire), qui puisse faire du bien au monde."

Comment écrire un truc aussi con, franchement ? Lalanne croit-il vraiment à toutes ces âneries de Tarantino à propos du bûcher que la pellicule peut faire des gros méchants de l'Histoire pour prévenir et dissuader de loin avec un boucan de tous les diables les prochains qui voudraient se prendre pour Hitler ? Attention, œil pour œil, dent pour dent, si t'es méchant moi aussi mais moins que toi parce que c'est toi qui a commencé et en plus c'est moi qui va gagner : ça marche avec les victimes juives de la seconde guerre mondiale, mais aussi avec une femme tueuse samouraï, avec des filles cools qui aiment les cascades de voitures etc, etc... il y avait probablement quelque chose de nazi en Bill, Cascadeur Mike, on y avait pas fait gaffe à l'époque, faudra retourner y voir de plus près.. Faut lui expliquer que Tarantino est un mec un peu excentrique à Lalanne, qui vit essentiellement dans la salle de cinéma de sa villa à LA en se passant et se repassant des films et aime parfois raconter n'importe quoi pour se faire remarquer quand il en sort.. C'est ça la quintessence du "métissage" du cinéma de QT ? "Faire du bien au monde" ? Un peu comme "We are the world" quoi, on écoute la chanson, on regarde le clip avec tous ces gens qui sont d'horizons très différents et on culpabilise un peu et puis après z'on se sent déjà un peu mieux dans ses baskets. Pour le coup rien de plus moral. A quand QT chez Walt Disney ? Plus sérieusement on a presque envie de rouvrir la question de Cavell là : "le cinéma de Tarantino nous rend-il meilleur ?"

Bon, je crois qu'il faut pas chercher à comprendre les propos de Lalanne, c'est juste médiocre, moins de la critique que de la critoc, ça cherche à justifier la part abjecte du film pour éviter de se la coltiner, c'est bien un truc de l'école Inrocks ça, ça me rappelle justement la critique du dernier Eastwood par Kaganski..

J'aime pas ces clivages "culture haute", "culture populaire", même si c'est pour les faire exploser par la suite, comme si on savait a priori ce qui est pour les uns, ce qui est pour les autres. Je comprends pas cette façon de raisonner, ça pu. Le n'importe quoi du bric-à-brac que je critique chez Tarantino n'est pas lié à un empilement d'objets qui seraient d'inégales valeurs et donc de mauvais goût.

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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 16:18

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Hitler’s Madman de Douglas Sirk, l’une des références les plus évidentes de Tarantino pour Inglorious Basterds.
Smile

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Message par ^x^ Dim 23 Aoû 2009 - 18:29

...


Dernière édition par Careful le Mer 26 Aoû 2009 - 19:09, édité 3 fois
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Message par Eyquem Dim 23 Aoû 2009 - 18:33

Donc c'est ça le top 20 de Tarantino ?!!
Pas tout à fait ça, non : "The Blade", c'est pas le Wesley Snipes. C'est celui de Tsui Hark :
http://www.imdb.com/title/tt0112800/
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Message par wootsuibrick Dim 23 Aoû 2009 - 18:37

Oui c'est autre chose, le The Blade de Tsui Hark.
Le seul film que j'approuve dans sa liste. avec incassable.
Pas vu The Host, et Memories of Murder... ni pas mal d'autres, mais en dehors de ces deux là ça me donne pas envi.
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