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Pas son genre (Lucas Belvaux - 2014)

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Message par adeline Jeu 15 Mai 2014 - 18:55

Pas son genre n'est pas seulement pas mon genre, c'est aussi pas bon du tout.

Quelqu'un ici a-t-il vu des films de Lucas Belvaux et pourrait-il me dire pourquoi on en dit tellement de bien ? Le "on" regroupant des gens que je connais et dont j'apprécie pourtant parfois les goûts et puis encore une fois les fameux critiques qui n'ont pas d'yeux pour regarder les films. Le monde, quatre étoiles, le nouvel obs, quatre étoiles, les inrock, quatre étoiles, etc. C'est affligeant.

Je veux bien qu'on puisse toujours parler de l'histoire d'un film, oui c'est vraisemblable, non je ne suis pas d'accord avec ça, et quel salaud, tu as vu ce qu'il lui dit ?, etc. Mais enfin, en premier lieu il faut voir les films, les voir, et voir qu'ils sont mauvais.

Dans une histoire d'amour qui ne fonctionne pas, on a toujours envie de raconter, qu'on était du côté de la fille, du garçon, que c'est trop injuste, qu'on ne comprend pas pourquoi elle a réagi comme ça, pourquoi il n'a pas dit qu'il l'aimait. Tout ça n'a aucun intérêt, mais c'est amusant. Et pour le faire, il faut au moins que le film ressemble à un film.

Là, pas possible. Tout est mauvais. Le cadre, le jeu des acteurs, l'écriture de l'histoire, le scénario.

Le grand truc à dire : il dépasse les clichés. Wahouu, dépasser les clichés ! Le sésame, quelques clichés dans les premières scènes, quelques soi-disant renversements de clichés dans les suivantes et hop, vous avez un film.
Si ça fonctionnait ainsi, toutes les merdes seraient des films.

J'ai fait une expérience. A un moment, Emilie Dequenne chante "I will survive" en karaoké. Elle est jolie, elle chante bien, il y a des paillettes partout et la musique est vraiment lyrique. Mais c'est nul. Même pas moyen d'être entraîné un tant soit peu dans sa tristesse pleine de défi et d'envie de vivre. C'est plat, c'est creux, ça se passe à des milliers de kilomètres. Je me suis dit, c'est le cadre. Il cadre tout trop près, il n'y a pas d'air dans ses plans, on étouffe. Puis il élargit. Alors là, on était trop loin. Trop d'air, trop d'espace, on sent encore moins Emilie Dequenne. Finalement, pourquoi c'est mauvais ? Parce que la mise en scène, c'est un tout, c'est aussi de l'inexplicable, la capacité à faire surgir quelque chose d'indicible, à faire sentir le sourire d'une jeune femme sans la faire sourire constamment, à faire sentir la vie insouciante sans la dire.
Pour faire comprendre qu'à un moment, le Parisien grand bourgeois prof de philo se rend compte de la vulgarité de la jeune femme (qui soit dit en passant ne l'est pas du tout, vulgaire), je vous le donne en mille, que fait-il ? Il filme la trace de rouge à lèvres sur un verre. Mais ça ne suffit pas. Auparavant, il avait filmé la trace de rouge à lèvres sur une serviette. Magnifique.

adeline

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Message par Invité Lun 19 Mai 2014 - 18:41

Quelqu'un ici a-t-il vu des films de Lucas Belvaux et pourrait-il me dire pourquoi on en dit tellement de bien ?
Salut Adeline, je connais un peu le cinéma de Belvaux; vu les films au cinéma sans les avoir revus alors il est difficile de donner une sentiment très prononcé. J'avais aimé pour rire avec Léaud mais ça date; ses films sont devenus de plus en plus sinistres, c'est l'impression que j'en ai, du cinéma du fond du déterminisme, des trucs aigres comme le cinéma de qualité française honni en son temps. Le dernier que j'ai vu, c'est 38 témoins. Plus lugubre, je connais pas, enfin on peut toujours trouver. La petitesse des petites gens, leur frayeur de vivre, leur défaite éthique, leur appart étriqué et sous éclairé (tu parlais de clichés) et en miroir la rigueur morale des institutions de l'ordre ou de l'enquête: l'autopsie d'un corps social angoissé dont la maladie serait la sarkozie?
J'avais trouvé ça aussi distrayant qu'un catafalque et assez nul;
Ca arrive souvent dans les films français, faits par des cinéastes ou des types côtés, cette fascination pour le gendarme, le flic, le juge, celui qui donne un cadre à la parole; souvent une figure austère fascinée contre laquelle il n'y a pas ou peu de résistance.
Le dernier film d'Amalric, adapté de Simenon, confronte les deux mondes, l'intériorité, le subjectif, face à une vérité offerte à la collectivité, construite à partir d'éclats de vies isolés, de relations recouvertes par le quotidien ou le silence et tenues par on ne sait quel lien, quelle colle rigide qui en calfeutre la solitude et l'imperçu. Histoires de cadres aussi, trop proches, désirs irréfragables et joueurs, comme absents à l'esprit, ou trop lointains; j'ai pas trouvé ça réussi non plus lol.

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Message par Invité Lun 19 Mai 2014 - 19:37

J'avais bien aimé Blanc et Rouge dans la trilogie, et aussi le film avec Mutti, Chapey et Léaud il y a 20 ans . Rouge était assez ancré dans la mémoire des années 80, où la différence entre l'engagement gauchiste/thriller policier rejoignait curieusement mais assez habilement la différence France/Belgique (le personnage joué par Belvaux était un croisement exact entre les ex d'Action Directe et Patrick Haemers).
Après Rouge il a repris les même personnages en inversant à chaque fois de plus en plus le jugement porté sur le personnage du terroriste gauchiste (dépeint comme un caractère) et en vidant complètement l’ambiguïté du sujet é(la raison du Plus Faible" et"Rapt" adapté de l'affaire Empain Les films perdaient de plus en plus de leur sympathie à l'égard du personnage du hors la loi, d'ailleurs Belvaux cessait de le jouer lui-même au troisième.
Je ne suis pas sûr que cela soit un grand cinéaste, mais il y a quelque chose de curieux: ses films liquident à chaque fois complètement leur situation de départ, à la fin il n'en reste rien. Ce n'est même pas l'échec du gauchisme qu'il filme, mais plutôt sa liquidation, ce qui n'est pas la même chose.
C'est peut-être en cela seulement que son cinéma est "politique" et colle à l'air du temps

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Message par adeline Mar 20 Mai 2014 - 16:49

Je ne vois pas quels sont les films dont tu parles, TLM. Je ne trouve ni Rouge ni Blanc dans la filmographie de Delvaux (et si ce sont les films de Kieslowski, quel est le lien avec Delvaux ?), je ne vois pas du tout quel serait ce film avec Mutti il y a 20 ans… Je n'ai vu que 38 témoins et Pas son genre, mais je ne vois pas ce que ces deux films ont à voir avec l'échec du gauchisme ou sa liquidation. Peut-être te trompes-tu de films ?


Erwan, c'est vraiment bien la manière dont tu décris 38 témoins, j'avais ressenti exactement la même chose en le voyant. En y repensant, je ressens même du dégoût, d'autant que la soi-disant étude de psychologie collective détaillant les réactions au meurtre, sur quoi des théories entières se sont basées, était fausse. Dans la réalité, des gens sont intervenus, ont appelé la police, ont cherché à aider la fille. Toute cette noirceur à partir de rien…

J'ai l'impression qu'il échoue absolument à dire quoi que ce soit des différences de classe ou d'origine sociale, culturelle, dans Pas son genre, mais il semble ne pas très bien savoir que penser de la figure de l'intellectuel. Quand tu parles de celui qui "donne un cadre à la parole", c'est exactement le nœud du problème du couple : le mec sait, il explique, il théorise, et la fille peu à peu se sent inférieure, elle l'appelle "monsieur le professeur", ne veut rien apprendre, veut garder son avis dont elle cherche à défendre la valeur face au savoir du mec. Finalement, même si l'un ne veut pas s'engager alors que l'autre est déjà folle amoureuse, le plus mesuré, le plus ouvert, c'est le mec. C'est la figure d'autorité qui fait les frais de "l'impossibilité" de leur histoire.

J'ai parcouru quelques lignes il y a quelques jours du livre La Dentellière, dont on avait parlé de l'adaptation, très belle, par Goretta. Les quelques lignes du quatrième de couverture sont très fortes :

Certes c'était une fille des plus communes. Pour Aimery, pour l'auteur de ces pages, pour la plupart des hommes, ce sont des êtres de rencontre, auxquels on s'attache un instant, seulement un instant, parce que la beauté, la paix qu'on y trouve ne sont pas de celles qu'on avait imaginées pour soi; parce qu'elles ne sont pas où l'on s'attendait à les trouver. Et ce sont de pauvres filles. Elles savent elles-mêmes qu'elles sont de pauvres filles. Mais pauvres seulement de ce qu'on n'a pas voulu découvrir en elles. Quel homme n'a pas dans sa vie commis deux ou trois de ces crimes ?

Rien de tel dans Pas son genre, aucune force, aucune idée des vrais déterminismes qui peuvent bouffer les gens, ou des comportements de classe qui détruisent les autres. Il réduit tout à des histoires de caractère, ce qui peut être bien, quand on est un vrai metteur en scène…

adeline

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Message par Invité Mar 20 Mai 2014 - 17:58

Je parlais de la trilogie grenobloise. Je ne sais pas si Bleu Blanc rouge étaient les vrais titres, mais il y avait un code de couleur pour chaque film, visible sur les affiches et le DVD (Bleu la comédie sur les impairs amoureux assez franchouillarde, Blanc le mélo "sirkien"-avec Dominique Blanc d'ailleurs, assez bonne-, et Rouge le thriller un peu politique). Le film avec Mutti je crois que c'était le même que celui mentionné par Erwan: Pour Rire

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