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Message par 에르완 Sam 7 Mai 2022 - 21:40

En 1937 Wellman ouvrait un espace, au zénith de l'hiver, au rêve machiné par les magazines et les revues de cinéma ; Hollywood désirait ardemment comme un loup vorace imposer sa puissance et la célébrer dans un monde où sa religion tenait le lieu de l'église chrétienne, et s'y substituait .
Janet Gaynor prêtait sa fragilité mutine à ce désir suprême de reconnaissance, de célébrité et Wellman, de nouveau après heroes for sale, accolait deux histoires en apparence éloignées, d'un part la séquence de la conquête de l'ouest, la destinée manifeste, représentée par la grand mère de Janet qui est le témoin, la survivante de cette épopée, et d'autre part le rêve photogénique de la frêle jeune femme du midwest qui regarde les photos des stars dans les magazines.
Chez Wellman, les femmes sont souvent dotées d'un force et d'un résistance terrienne qui accompagne la destiné tragique des hommes.
Ce sont les hommes qui font le jeu de la guerre et les femmes qui leurs survivent et affrontent l'existence, à la notable exception de la mort de Loretta Young dans heroes for sale qui est l'une des plus violente du cinéma (merci  Doc).

A star is born est la suture entre une histoire, à première et courte vue, de pygmalion, de supériorité ou d'emprise d'un homme/professeur/notable sur une femme/élève/inconnue, et une histoire de déclin, de déchéance, ici lié à l'alcoolisme, qui inverse par la suite les données initiales; on se souvient de ce que deleuze disait de l'alcool dans son développement sur le rêve américain. Le problème de l'alcoolique c'est de ne croire ni en la réalité du rêve, ni en la puissance de celui-ci en tant que rêve.
De ce point de vue il est remarquable dans le film de Wellman que leur première rencontre, enfin la première fois où ils se voient, ce soit dans l'enceinte d'un amphithéâtre où l'acteur alcoolique qui deviendra son amant refuse de se faire photographier par un journaliste. Ce n'est pas tant un désir d'anonymat qu'un dégoût de l'image, de ce moi qui est un autre, de l'apparition à l'image, ce qui pour la logique de la visibilité au cinéma signifie un désir de mort.
Le film déploie en fait deux idées, la puissance du cinéma qui transfigure la vie d'une inconnue, donnée téléologique, qui la fait accéder à la notoriété, la positivité du cinéma (à une époque où la dépression a mis des millions de personnes dans la pauvreté), et en négatif, le cinéma est aussi un immense cimetière hanté de fantômes, ce qui advient à l'acteur alcoolique, un devenir spectre.
Les ombres sont comme les sentinelles silencieuses de ce film en technicolor, il y a comme une paradoxe, qui occupent l'espace du plan et domestiquent le rayonnement des couleurs.

L'histoire fut reprise au gré des générations et des impressions musicales, parfois, et des variations en résultèrent dont la liste qui suit n'est sans doute pas exhaustive:

A star is born 1937 Wellman  
A star is born 1954 Cukor    
the helen morgan story 1957 Curtiz  
confessions of an actress 1967 Kim Soo Yong  
Nashville 1975 Altman
A star is Born 1976 Pierson  
New York, New York 1977 Scorcese  
The Rose 1979 Mark Rydell
Nashville Lady Coal Miner's Daughter 1980 Michael Apted
What's Love Got to Do with It 1993 Brian Gibson
A star is born 2018

De cette liste, je retiendrais mis à part le film de Wellman, le très beau Curtiz (qui réalisa pratiquement que des beaux films dans les années 50), confessions d'une actrice de Kim Soo Yong et bien entendu le Scorcese.

에르완

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