Fool's Gold (La bataille des cinq armées)
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Fool's Gold (La bataille des cinq armées)
Si un ennemi du cinéma voulait prouver que le cinéma n'est pas un art, c'est sur ce film qu'il devrait s'appuyer. C'est tellement con qu'on se demande comment c'est possible, même dans le genre. Les deux premiers avaient un truc ou l'autre : dans le premier le début, et le texte de Tolkien ; dans le second, le dragon. Ici tout est foiré, raté, à croire que les mecs l'ont fait exprès, fatigués de prétendre être des âmes naïves, des gosses séduits par l'univers de la fantasy. Y a tellement de mouvements, de la caméra, des personnages, les plans sont si nuls, si on peut encore parler de plans, qu'on rêve de l'époque où les images ne bougeaient pas encore. C'est peut-être cette nostalgie, agissant de manière inconsciente sur les faiseurs de ce trucs, qui explique les dessins de la fin. On a envie de retourner à ses bouquins d'enfance, les Jules Verne illustrés, par exemple. J'ai une théorie, déjà expliquée : y a toujours dans un film un moment où il parle de lui-même, fait en quelque sorte sa critique, avoue ses faiblesses. Dans cette merde, c'est la scène de la mort du roi des nains. "Ah, se dit-on, si plus de monde pouvait rester chez soi à lire un bon livre plutôt qu'aller voir une merde ne visant qu'à faire de l'or (sur le dos de pauvres idiots qui prennent tout ce qui brille pour de la magie d'enfance) et à nous chanter la beauté de la guerre, le monde serait un bien meilleur endroit, un endroit plus heureux".
Rien ne marche, ça ne prend à aucun moment ; la construction est une catastrophe, avec ses déséquilibres entre les parties. La ville est détruite, le dragon est tué, avant même qu'on prenne conscience de ce qui se passe, et quand c'est fait, on se demande si c'est déjà fini. Non, c'est pas fini, y a des trucs bidons, encore plus risibles que les effets psychédéliques nanars de Tsui Hark ; puis la bataille, dont on se fout comme c'est pas permis, et les duels ; et quand meurent nos héros, on s'y attendait si peu, tellement c'est cartoonesque, qu'on ne sait pas quoi ressentir, c'est comme assister à la mort de Bugs Bunny...
(Une belle tentative, celle d'humaniser les méchants vraiment méchants et très forts ; on voit leurs yeux, l'image s'attarde sur leur mort)
Dans la salle, comme c'est censé être une morale sur la folie de l'or, je repensais aux paroles de Fool's Gold...
"I'm standing alone
I'm watching you all
I'm seeing you sinking
I'm standing alone
You're weighing the gold
I'm watching you sinking
Fool's gold "
Borges- Messages : 6044
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