-29%
Le deal à ne pas rater :
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 – 16 Go / 512Go (CDAV : ...
499.99 € 699.99 €
Voir le deal

Take Shelter de Jeff Nichols

+2
gertrud04
Eyquem
6 participants

Page 2 sur 2 Précédent  1, 2

Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Dim 15 Jan 2012 - 11:10

on peut sans doute voir dans cette pluie d'oiseaux la fin ( où le début car le ciel est aussi ici source d'effroi ) d'une menace venue du ciel. on se souvient qu'à l'époque de film d'hitchcock, les oiseaux étaient une métaphore assez transparente de péril nucléaire.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Borges Lun 13 Fév 2012 - 14:43


hello à tout le monde

eyquem :
On se rappelle que Curtis commence à perdre les pédales au moment où son pote lui dit, avec un peu de jalousie, qu’il l’admire parce que Curtis a une « bonne vie », il a fondé un foyer modèle, exemplaire.

tout est là, mais plus que de jalousie, il faudrait peut-être plutôt parler d'envie (j'avais évoqué la différence dans le topic sur tree of life); ce jugement, qui n'est pas sans ressentiment, bien entendu, provoque la parano du héros, mais en même temps fallait déjà quelque chose d'un peu parano en lui pour ressentir dans ce "compliment" l'envie, qui va provoquer la peur de tout perdre, et la perte de tout.



C'est un film sur la folie sécuritaire, la folie que peut provoquer le désir de sécurité absolue, le désir de mettre sa vie, les siens, à l'abri (l'épisode où la mère court vers le jardin pour tenter d'empêcher sa fille de jouer avec la planche).

La tempête ne menace rien, ni personne, quand elle vient à la fin, si elle vient vraiment, c'est presque une libération, pour nous, pour les personnages.


(cette tempête, ces visions, c'est presque une manière de penser l'origine d'un certain cinéma catastrophe : comment les effets de l'angoisse séparés de leur origines, de leurs causes adéquates engendrent des images, des fictions, des monstres, et des super héros; c'est ça la prophétie, chez spinoza, des signes pour l'imagination; le régime de l'interprétation, ici, sans dieu; le mec ne va pas à l'église, n'a rien de croyant. Ce qui distingue le mec d'un prophète, c'est qu'il n'avertit personne de rien, il ne moralise pas; il ressemblerait plus à job; un job qui sentirait venir le coup, et qui tenterait de l'éviter, le provoquant finalement. Le personnage ne pense qu'à soi et aux siens; personne d'autre n'existe dans son monde; il n'est pas très sympa, même si on est dévasté par son devenir-fou )


film étouffant sur la dette, l'endettement, le crédit (dans tous les sens du mot; le crédit, c'est aussi la foi, la confiance; on n'accorde du crédit, un crédit qu'à celui en qui on a confiance; c'est d'abord çà le crédit; une confiance;)

y a cette terrible sensation que la vie normale (dans tous les sens du mot) ne tient à rien, qu'il suffit d'une perte ou l'autre, de perdre son boulot, de ne pas avoir de quoi se soigner (une bonne assurance-maladie), de quoi rembourser ses dettes, ses crédits, pour que le sol se dérobe sous vos pieds, pour être emporté.

C'est vraiment un film sur le délire au sens de deleuze; on ne délire par sur papa-maman, mais sur la dette, l'endettement;la tempête n'est pas naturelle, théologique, mais économique, politique...

On peut comparer le film à habemus papam, mais d'un côté y a un mec qui refuse le poids de la charge, et de l'autre un autre qui l'accepte absolument, follement, qui fait tout pour être à la hauteur, de manière délirante, de peur de ne pas y arriver. Il en fait trop, tout en restant dans la logique du rôle du père, du mari, qu'il pervertit, qu'il fait délirer. L'impératif devient impossible : comment s'assurer une bonne vie, se protéger, protéger les siens, quand tout devient menaçant, l'ami, la nature, le chien, votre femme, et soi... Quand on est peut-être la première des menaces.








chercher à fuir la tempête-catastrophe et finalement courir vers elle (c'est un sujet d'analyse psy, mais aussi de la littérature, par exemple de la tragédie, oedipe, par exemple)


Y a un conte arabe que raconte clément rosset dans le réel et son double :


"
Il était une fois, dans Bagdad, un calife et son vizir. Un jour, le vizir arriva devant le calife, pâle et tremblant...

- Pardonne mon épouvante, Lumière des Croyants, mais devant le palais une femme m'a heurté dans la foule. Je me suis retourné : et cette femme au teint pâle, aux cheveux sombres, à la gorge voilée par une écharpe rouge était la Mort. En me voyant, elle a fait un geste vers moi. Puisque la mort me cherche ici, Seigneur, permets-moi de fuir et me cacher loin d'ici, à Samarkand. En me hâtant, j'y serai avant ce soir.

Sur quoi il s'éloigna au grand galop de son cheval et disparut dans un nuage de poussière vers Samarkand. Le calife sortit alors de son Palais et lui aussi rencontra la Mort. Il lui demanda :

- Pourquoi avoir effrayé mon vizir qui est jeune et bien-portant ?

Et la Mort répondit :

- Je n'ai pas voulu l'effrayer, mais en le voyant dans Bagdad, j'ai eu un geste de surprise, car je l'attends ce soir à Samarkand. »




on peut lire aussi le film en comparant la fille-sourde au père; l'une n'entend rien de ce que les gens ordinaires entendent, l'autre entend plus que tout le monde; une espèce de compensation hyperbolique au handicap de la fille, finalement. La fille ne peut jamais entendre venir le danger, la catastrophe...







Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Lun 13 Fév 2012 - 19:20

pardon Borges je ne suis pas très convaincu par l'angle que prend ton post.
Au fond, tu réduis l'itinéraire du film à une question biographique : quel événement passé fonde le délire de ruine de Curtis ? alors que c'est bien plutôt selon moi pourquoi le personnage est il rédimé ? Quelle en est la raison d'être et de quelle transformation intérieure cela procède t'il chez Jeff Nichols.

On ne peut pas parler d'un côté toujours de l'auteur - Tree of life - et de l'autre n'en jamais rien dire - Take Shalter.

Or je crois que la question de l'auteur doit se poser, ici, fût elle risquée ou prématurée.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Borges Mar 14 Fév 2012 - 8:08

hello slimfast; je suis d'accord avec toi, mais je pense que partir de la phrase de eyquem permet aussi de penser des choses, et ça rejoint la question de l'auteur, de la politique, de la politique de l'auteur, qui est aussi une poétisation de l'auteur; toute politique de l'auteur est d'abord la création d'un personnage cinématographique appelé auteur; il y a pas un auteur qui fait des films, mais des films qui créent un auteur. JN est encore bien jeune pour que l'on parle d'auteur à son sujet; mais s'il faut le faire, il faut partir de ce qu'il dit de sa relation au cinéma, qui nécessite selon lui de partir de la vie, de l'existence, ses propres existences; le personnage du film c'est une traduction de sa propre expérience d'angoisse, de peur de la perte

I imagined myself as Curtis

" 

There was this fear of loss and this anxiety of the world around me not hanging together. It was something I could wake up to, tasting in the morning. I think it’s a really powerful tool to have something that clear, a feeling that clear. I was moving from my 20s into my 30s. I had just gotten married and my first film had done all right. I finally had something to lose. The anxiety grew out of that. Not to mention, shit was going crazy: Bush was in the White House, the economy was collapsing, there were wars everywhere, towns were getting destroyed by storms. It was just like, what’s going on? It felt like the world at large was losing its grasp of keeping everything together. That was just in the air. It sill is (...)For this, I imagined myself as Curtis. In this film, the beginning of the problem is the beginning of the film. There’s family history there that starts to weave its way in.

La tempête est peut-être importante, mais faut pas oublier la cause adéquate : l'économique, le politique, la propriété (j'avais enfin quelque chose à perdre, dit JN)

-c'est tout de même l'un des rares films us où le travail occupe une si grande place; curtis a peut-être une bonne vie, à en croire son ami, mais en même temps faut aussi dire qu'il n'a pas de vie; il se lève il va bosser, rien de plus, et à côté, y a les soucis de sa fille; la vie de sa femme n'est pas très différente...

-c'est aussi l'un des rares films us où le fric joue un tel rôle.

-n'oublions pas l'origine de la "folie" de la mère; le départ du père, du mari; elle abandonne ses enfants dans une bagnole dans le parking d'un supermarché, et on la retrouve mangeant dans une poubelle.


l'entretien ici est très intéressant :

http://www.indiewire.com/article/interview_take_shelter_director_jeff_nichols_on_making_an_indie_epic_and_th

je retiens ce point (en plus des passage sur TM) du point de vue du cinéma, la question pour N : comment faire un film épique (les hallucinations spectaculaires ) indépendant pauvre (le social-politique-économique); ça confirme ce que je disais, le film pense la genèse du cinéma catastrophe, qui est un cinéma du fric; ne peuvent détruire que ceux qui sont plein de fric et qui peuvent en gagner plus en reconstruisant; le capitalisme de la catastrophe (MD, NK) a pris la place du dieu biblique, autrement dit.





Derrière la fatalité, l’épuration sociale A la Nouvelle-Orleans, un capitalisme de catastrophe
Par Mike Davis

La Maison Blanche a promis de « reconstruire » La Nouvelle-Orléans « plus grand et mieux ». De ce programme de travaux d’un montant de 200 milliards de dollars, les premiers bénéficiaires seront les entreprises chéries du président qui, déjà repues des dividendes de l’Irak, se sont spécialisées dans le capitalisme de catastrophe. Elles en profiteront sans doute pour « purifier » la ville de sa population noire et pauvre, la reléguer dans les bayous, et pour ériger une sorte Disneyland du jazz.

(...)

L’inondation épargna les zones touristiques comme le Vieux Carré et le Garden District, ainsi que certains des quartiers les plus huppés, comme Audubon Park, bâtis plus en hauteur. Mais, partout ailleurs, le déluge atteignit le niveau des toits, endommageant ou détruisant près de 150 000 unités d’habitation. Après avoir prétendu que « la tempête n’a[vait] pas fait de discrimination », même M. George W. Bush a fini par l’admettre : il n’est pas un aspect de la catastrophe qui n’ait été marqué par les inégalités de classe et de race. Non seulement l’ouragan a mis à nu les promesses mensongères du ministère de la sécurité intérieure, censé protéger tous les Américains, mais il a exposé au grand jour les conséquences dévastatrices de l’abandon dans lequel les grandes métropoles à majorité noire et hispanique et leurs infrastructures vitales sont laissées par le gouvernement fédéral.

Quant à l’incroyable incompétence de l’Agence fédérale de gestion des urgences, la Federal Emergency Management Agency (FEMA), elle démontre l’absurdité de confier des postes de responsabilité publique aussi vitaux à des courtisans politiques ineptes et aveuglés par leur hostilité idéologique à l’intervention de l’Etat. Lorsqu’on pense aux prodiges de lenteur bureaucratique déployés par la FEMA, on ne peut qu’admirer la rapidité avec laquelle Washington a agi pour suspendre les normes salariales en vigueur, en vertu du Davis-Bacon Act (2), et ouvrir les portes de La Nouvelle-Orléans, pour la reconstruction et la « sécurité », aux prédateurs en col blanc de sociétés comme Halliburton, le Shaw Group et Blackwater Security, tout juste repus des profits faciles accumulés en Irak sur les rives du Tigre.



Si l’agonie de La Nouvelle-Orléans est largement due à l’incurie des autorités fédérales, le gouverneur de l’Etat et la mairie de la ville y ont aussi leur part de responsabilité. C’est le maire (démocrate) Ray Nagin – un riche entrepreneur afro-américain, dirigeant d’une société de télévision par câble et élu en 2002 avec 87 % des voix des électeurs blancs (3) – qui était responsable en dernière instance de la sécurité de ses administrés, dont un quart environ étaient trop pauvres ou trop handicapés pour posséder un véhicule. Son incroyable incapacité à mobiliser les ressources nécessaires à l’évacuation des habitants non motorisés et des patients des hôpitaux – malgré le signal d’alarme qu’avait constitué l’impréparation de la municipalité face à la menace de l’ouragan Ivan, en septembre 2004 – reflète plus qu’une simple incompétence personnelle : elle révèle l’égoïsme de classe des élites de la ville, qu’elles soient blanches ou noires, parfaitement insensibles au sort de leurs concitoyens pauvres des cités délabrées et des zones marginales.

Catastrophe annoncée ? De fait, tout au long de l’histoire des Etats-Unis, aucun désastre n’a été anticipé avec un tel degré de précision, contrairement aux affirmations fallacieuses du ministre de la sécurité intérieure, M. Michael Chertoff. S’il est vrai que les spécialistes ont été surpris par la montée en puissance ultrarapide de Katrina, ils ne nourrissaient aucun doute sur les conséquences d’un ouragan majeur.









Independent film shouldn’t be an excuse to make shitty-looking films.” I love “Lawrence of Arabia,” big sweeping films. I want my films to feel that way, to be on a big canvas.

So for starters, I always shoot on film and I always shoot on 2:35 aspect ratio. It’s just when you’re flipping through the TV at night and you come across a John Carpenter film in 2:35, you feel like you’re watching a movie.

I think it’s all about the approach. The approach from the beginning is we’re trying to make an epic film. The fact that we have limited resources, that shouldn’t change the approach.


le portrait de l'auteur, selon JN : quelqu'un qui a quelque chose à perdre et qui s'enfonce dans le délire spectaculaire pour le garder, cela pourrait être aussu l'avenir du cinéma de JN



le cinéma de ceux qui ont quelque chose à perdre?



Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Mar 14 Fév 2012 - 17:17

tout le monde a toujours quelque chose à perdre. l'intérêt du film, à mes yeux, est qu'il ose justement ce scénario catastrophe pour aboutir à la comédie musicale, sinon dans la lettre du moins dans l'esprit.
il y a une transfiguration de curtis, qui de monstre en tout point, est, c'est ainsi que je le sens, rédimé.

cette rédemption va à complétement à l'encontre des clichés de genre ; elle est à l'oeuvre dans la douceur ( sa fille, sa femme ) la violence ( la table au diner du club renversée, l'altercation avec son ami, qui ne le trouve plus maintenant si formidable, la porte claquée quant sa psychologue noire est remplacée etc ).

si le personnage a un devenir, c'est un devenir héros ordinaire. il apprend peut être de sa fille muette, ce qu'est voir, déciller et voir.

ce mouvement du film du ciel ( qui l'obsède et l'obscurcit ) vers la terre ferme ( qui l'adoube, le révèle à lui même ) est poétique et politique.

( mais la dimension sociale n'est qu'esquissée ; on reste dans l'intime ; il sera certainement attendu là ; en tout cas c'est quelqu'un dont j'ai envie de voir le prochain film !! ).

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Borges Mer 15 Fév 2012 - 9:08

hello slimfast

la dimension sociale n'est qu'esquissée

en ce qui me concerne je crois que c'est l'essentiel, même si le terme "social" doit être pensé, et précisé; cette dimension est plus qu'esquissée : il y a le social, et les hallucinations; la tempête n'est là que pour nous "cacher" les causes empiriques adéquates à la genèse de l'image-castrophe; il ne faut pas tant se demander si le mec est prophète ou fou que se demander ce que le cinéma-catastrophe doit au prophétisme, comme régime des signes et de l'interprétation; comme le dit DB, dans un texte à venir : le film est une méditation cinématographique des signes, et de leur régime (signes de la nature, signes du langage sourd muet, signes de la maladie...); c'est un film sur l'interprétation, et la solitude où plongent des signes sans code commun de lecture; mais tout régime des signes et de l'interprétation isole, un individu, une communauté : le régime des signes est le régime du non-rapport, de l'incertitude, de l'équivocité, de l'angoisse, de la passion, qui isole, de manière très ordinaire; par exemple dans la jalousie; pensons à la scène au restaurant dans la Recherche entre saint loup, rachel et le narrateur; saint loup l'amoureux jaloux est le seul à voir des signes de l'infidélité de sa maîtresse... mais toute la Recherche est une méditation de ce que spinoza appelait le premier genre de connaissances, celui des effets séparés de leur cause...


selon moi : la dernière image n'est ni subjective ni objective, c'est une image transcendantale, une illusion transcendantale, engendrée par la pensée même; on peut aussi dire que c'est une image de cinéma; le désir de JN de faire un film avec de gros moyens qui va balayer le monde...


"
Listen up! There is a storm coming! "

cet énoncé c'est une manière d'étendre au monde la surdité de la petite fille; c'est pas ma fille qui est sourde, c'est le monde entier;

à la fin du film, ils sont ensemble, ils jouent, il ne creuse plus, ils bâtissent un château, hélas de sable;

on a comparé parfois le film à shining, avec raison;

on peut aussi penser à la petite filles dans "la guerre des mondes" que le père veut absolument rendre sourde, aveugle, à ce qui se passe...





Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Mer 15 Fév 2012 - 15:15

au fond le film est une méditation intimiste et tout aussi désincarnée que les oiseaux d'hitchcock.

un peu de glamour, un peu d'horreur et roulez jeunesse.

je ne crois pas à ton inerprétation de la fin des films à travers celle de ce film là. parfois un film commence ou le précédent s'est achevé et cela donne une oeuvre qui n'a rien à voir avec des conditions d'aisance matérielles ou de reconnaissance de leur auteur.

tu sembles habiller le film ( les signes, les codes, le genre etc ... ) un peu comme stewart habillait dans vertigo cette femme qu'il n'aimait pas pour se donner le plaisir de déshabiller l'image de celle qu'il aimait.
le film semble être une piece entre tes mains que tu retournes pour en présenter une facette.

à l'inverse je vois dans ce film une épreuve intime et lisse de quelqu'un qui se tire d'un mauvais pas, de quelqu'un qui dépasse à la force du poignet, nonobstant la femme aimée, aimante, la fille - quel besoin ce dépressif aurait il besoin d'entendre sa voix, maintenant ? elle retrouvera la parole.

c'est la voix et la voie de curtis qui s'offrent à notre regard : c'est l'mage-temps ...

ton post est séduisant. mais je n'y crois pas, trop pesé, trop pensé, trop calibré, l'art est autre chose. l'art est dans ce rapport à l'absent, à l'absence que tu dénies au film, l'art c'est comme la caverne de Curtis, ces ombres enfantines à penser que la lumière leur sera à jamais interdites : l'art est dans ce frisson. je pense que la filiation hitcockienne tient la corde.

les signes se lisent en creux : quel besoin du medecin le malade a t-il ? ou du gros temps quand on veut vivre ( comme l'autrichien de claustria ) dans son bunker au jardin ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Borges Jeu 16 Fév 2012 - 8:54

hello slimfast; rien de ce que je dis qui ne se trouve dans le film; le rapprochement avec hitch et ses oiseaux peut laisser voir des choses, et résonner des différences; hitch a fait ce que JN rêve de faire : il plonge ses personnages dans la tempête apocalyptique, sans croire devoir passer par les images subjectives, sans prendre le détours de l'intime, comme tu dis, ou de la fêlure du sujet; c'est depuis la tempête qu'il va vers la subjectivité, la famille, et ses secrets; la grande différence est que nous sommes dans la névrose oedipienne...



tu sembles habiller le film ( les signes, les codes, le genre etc ... ) un peu comme stewart habillait dans vertigo cette femme qu'il n'aimait pas pour se donner le plaisir de déshabiller l'image de celle qu'il aimait.


tu vois juste, et te trompes, quand tu me compares à Jimmy stewart (pour ceux qui veulent rire, je conseille l'imitation qu'en fait un personnage secondaire dans "le privé" d'altman) habillant cette pauvre fille, essayant de lui donner une élégance, un style qui n'est pas de sa classe, je crois que tu parles en fait de l'art, de la politique de jeff nichols. Son impératif : "c'est pas parce qu'on est pauvre qu'on doit pas s'habiller bien".

Suffit de lire :


Independent film shouldn’t be an excuse to make shitty-looking films.” I love “Lawrence of Arabia,” big sweeping films. I want my films to feel that way, to be on a big canvas.

So for starters, I always shoot on film and I always shoot on 2:35 aspect ratio. It’s just when you’re flipping through the TV at night and you come across a John Carpenter film in 2:35, you feel like you’re watching a movie.

I think it’s all about the approach. The approach from the beginning is we’re trying to make an epic film. The fact that we have limited resources, that shouldn’t change the approach.


le but, c'est le film épique, ne pas avoir de sous ne doit pas être un obstacle. il faut habiller le petit film indépendant pour qu'il donne une impression épique : c'est le truc; c'est la raison des hallucinations; deux genres en un : l'intime (le petit film indépendant) relevé en épique...autrement dit, JN refuse la morale de Brel : c'est pas parce qu'on n'a pas d'argent qu'on ne doit pas jouer les riches.

L'argent, c'est le truc du film.


sinon, je crois que tout artiste, comme jimmy stewart habille le réel pour ressusciter l'idée pure, nue.

ce que font les films catastrophe qui ne sont pas pure complaisance dans la destruction

(citation à venir)












Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par DB Jeu 16 Fév 2012 - 13:10

Je n'avais pas non plus autant vu cette dimension de l'argent, de son importance, mais c'est vrai qu'avec l'extrait d'interview que tu nous as fais suivre, on est séduit de penser le film en ces termes.

Je ne crois pas non plus que les Oiseaux soit un film désincarné. En revanche ce que tu dis Slimfast sur l'opposition terre-ciel comme moteur de l'énergie de Curtis est juste mais un peu faussée par la scène finale chez le psychiatre. Point de rédemption pour le personnage, pas de happy ending pour avoir ouvert la porte de l'abri, bien au contraire au moment où sa femme lui hurle de "lâcher le symptôme" (enfin de prendre la clé et d'ouvrir) et qu'il s’exécute, il est groggy, lâché de tous et par tous.

Bon, je ne vois pas trop non plus vers quelle rédemption Curtis irait, vers quoi il se redeem ?
DB
DB

Messages : 1528

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Jeu 16 Fév 2012 - 17:48

bon le fric est invisible ; il serait caché au fond de cette cave enterrée sous le jardin pour laquelle il aura fallu à Curtis remuer toute cette boue : où Norman Bates cachait t-il le sien ?
Tout me fait furieusement penser à Ressources Humaines pour lequel Laurent Cantet prétend avoir à l'acmé de l'émotion de ce film social, tourné cette scène que quiconque a vu le film garde en mémoire, celle où Franck le fils accouche de sa rancoeur envers son père et ou finalement on ne sait plus distinguer l'accoucheur de l'accouché.

Quand je pense à Take Shelter ou Les oiseaux je voit des bribes de personnages sans doute en proie aux éléments mais désespérèment seul.

Et j'en tire la conclusion que fric ou pas il y a une certaine économie du filmage, une question mentale aussi qui consiste à peu près à faire les prises successivement avec chacun des acteurs.

C'est dommage mais il y a là une résurgence prégante, économique, industrielle du champ/contrechamp qui a la peau dure.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Borges Sam 24 Mar 2012 - 8:30

Tirer du film l'opinion que l'Amérique souhaite la politique du pire ou l'apocalypse pour bientôt me semble bien osé. Qu'en revanche, la mystique new âge, post The tree of life ait encore gagné du terrain, cela ne fait aucun doute.

l'avis d'un simple d'esprit, Jean-Luc Lacuve aka jll
Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par DB Dim 25 Mar 2012 - 11:02

C'est Ciné club de caen ?
DB
DB

Messages : 1528

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Mer 4 Avr 2012 - 16:21

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 %25255BClio%252520Team%25255D%2525201927%252520Magritte%252520Le%252520Ciel%252520Meurtrier%25252C%25252073x100%252520cm


Le ciel meurtrier : un tableau de Magritte, une résonance du film.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Largo Jeu 5 Avr 2012 - 15:24

A propos de JLL, il a récemment eu les honneurs d'un article dans Le Monde :

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2012/04/03/faiseurs-de-culture-jean-luc-lacuve-a-caen_1679680_3476.html
Largo
Largo

Messages : 3181

http://www.raphaelclairefond.com/

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Jeu 5 Avr 2012 - 15:29

Very Happy


Ce statisticien de 51 ans, attaché à l'Insee, se révèle l'auteur passionné d'une véritable encyclopédie du cinéma en ligne. Lancé en 2001, Le Ciné-Club de Caen (cineclubdecaen.com) propose près de 4 000 analyses de films, 500 biographies d'auteurs, 400 fiches thématiques et affiche pour 2011 un million et demi de visiteurs uniques


4 000 analyses de films, dont 3527 sont des repiquages de textes préexistants sous forme de citations. Et des textes qui souvent racontent un truc qui n'a rien à voir avec le film. Quand c'est le cas (quand ça a à voir avec), c'est, hélas, sur le plan statistique toujours, 72% à côté de la plaque... (lol)


Maintenant, statistiquement, au niveau de la gestion du "fréquentiel" et du "fréquentatif", il est bon, faut le reconnaître: quand tu tapes un titre de film, 8 fois sur 10, le "ciné-club de Caen" arrive juste après "wiikipedia". Donc: "bon boulot", comme on dit - d'occupation monopolistique de l'espace.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Borges Jeu 5 Avr 2012 - 15:50

ça en dit plus sur le monde que sur jll, dont y a vraiment rien à dire;
Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Jeu 5 Avr 2012 - 15:52

On peut cependant ajouter: quand il "raconte" les films sur ses fameuses "fiches", j'ai le sentiment, 8,84 x sur 10, qu'il parle d'un autre film rabbit

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Jeu 5 Avr 2012 - 18:29

là-dessus je suis précautionneux autant que sur la pensée unique SPECTRES ou autre ....

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Lun 9 Avr 2012 - 12:25

et si Take Shelter n'était qu'une lointaine réplique du Magicien d'Oz, la marque solennelle de l'impasse narcissique de l'Amérique à se défaire de ses propres mythes, d'en poisser l'interdit ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Sam 28 Avr 2012 - 16:08

Wink


Ce qui enfin nous sauve, c'est d'être sans abri. Rilke.


Je pense que Rilke et Nichols n'écoute pas la même fréquence.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Ven 22 Juin 2012 - 20:19

Shortgun Stories de belles choses au fond qui ne sont rien sans la fierté américaine de pouvoir détenir en toute liberté une arme à feu. Tout est là !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Invité Mer 22 Aoû 2012 - 21:04

l'autre jour je me suis dis comme ça brutalement et de façon désabusée que ce Take Shelter prenait ses racines dans le nouvel Hollywood comme Five easy pieces.

Immédiatement ce film que j'avais aimé s'est trouvé comme un décalque sous un autre et il m'a fait vaguement dégoût.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Take Shelter de Jeff Nichols - Page 2 Empty Re: Take Shelter de Jeff Nichols

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 2 sur 2 Précédent  1, 2

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum