The Wire
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Re: The Wire
La saison 2 de TREME est à la hauteur de la première... "Accentuate the positive" est le credo moral fondamental que la série met en scène contre le chaos social post Katrina...
Invité- Invité
Re: The Wire
Vu les trois premiers épisodes de la saison 1 (après 8 ans).
C'est intéressant, mais à ce stade la série procède surtout par la caractérisation des personnages, tant du point de vue sociologique (le flic de classe moyenne corrompue, celui plus fragile socialement intègre, Greggs qui parle de ce qu'elle veut ensuite cacher, la série se concentre sur son professionnalisme, là où est le manque auquel elle répond) que moral (dès le début on sent que d'Angelo est un des personnage de la série a réellement mourir, parce qu'il possède une l'idée de le rédemption et du scrupule qui précède le début de la série, et est peut-être ainsi plus pure et christique que la bonne foi de la série elle-même, à l'inverse on a l'impression que tous les autres personnages naissent et apparaissent lors du procès initial).
en ce moment je suis en train de lire le livre de Krakauer sur le roman policier (Sphères, préface étonnante) et il est frappant de voir que the Wire correspond beaucoup avec ce que Kracauer dit de la fiction policière: mise en scène de la raison émancipée, qui devient le substitut d'une idée de salut qui pourrait passer par la communauté mais qui a un contenu individuel, légalisme par rapport auquel la pureté est située à la fois en dessous et au dessus de lui, politique conçue comme généralisation infinie de l'idée de médiation : dès le début il est dit que la lutte des policiers n'est pas une guerre, car elle ne se finit pas, la série décrit le monde de la cité des pavillons comme un non-environnement, finalement une transition pas investie pour elle-même mais où l'on séjourne longtemps, mais paradoxalement du fait de ce délabrement la valeur morale des personnages est directement visible, elle et ce qui ne transforme pas, et s'exprime comme subjectivité . La série ne semble pas mettre en scène la communauté directement, mais la communauté qui devient objet de compassion pour la raison (ainsi l'usage de la technique et de la surveillance est toujours légitime, même dans le raid raté du troisième épisode, il surplombe et conditionne objectivement l'interventionnisme politique des flics: le flic responsable des écoutes est l'ange gardien discret qui annule le risque que McNulty échoue et se perde, mais n'a pas d'autre consistance ).
Mais vais continuer, il y a un truc qui colle dans la représentation de la ville, qui évoque à la fois Jules Dassin et GTA (même si les personnages, paradoxalement ne se déplacent jamais tant ils interviennent immédiatement, on dirait qu'il n'y pas d'espace intermédiaire entre le commissariat et la cité, à part peut-être des intérieurs où se développe la vie privée des personnages),
C'est intéressant, mais à ce stade la série procède surtout par la caractérisation des personnages, tant du point de vue sociologique (le flic de classe moyenne corrompue, celui plus fragile socialement intègre, Greggs qui parle de ce qu'elle veut ensuite cacher, la série se concentre sur son professionnalisme, là où est le manque auquel elle répond) que moral (dès le début on sent que d'Angelo est un des personnage de la série a réellement mourir, parce qu'il possède une l'idée de le rédemption et du scrupule qui précède le début de la série, et est peut-être ainsi plus pure et christique que la bonne foi de la série elle-même, à l'inverse on a l'impression que tous les autres personnages naissent et apparaissent lors du procès initial).
en ce moment je suis en train de lire le livre de Krakauer sur le roman policier (Sphères, préface étonnante) et il est frappant de voir que the Wire correspond beaucoup avec ce que Kracauer dit de la fiction policière: mise en scène de la raison émancipée, qui devient le substitut d'une idée de salut qui pourrait passer par la communauté mais qui a un contenu individuel, légalisme par rapport auquel la pureté est située à la fois en dessous et au dessus de lui, politique conçue comme généralisation infinie de l'idée de médiation : dès le début il est dit que la lutte des policiers n'est pas une guerre, car elle ne se finit pas, la série décrit le monde de la cité des pavillons comme un non-environnement, finalement une transition pas investie pour elle-même mais où l'on séjourne longtemps, mais paradoxalement du fait de ce délabrement la valeur morale des personnages est directement visible, elle et ce qui ne transforme pas, et s'exprime comme subjectivité . La série ne semble pas mettre en scène la communauté directement, mais la communauté qui devient objet de compassion pour la raison (ainsi l'usage de la technique et de la surveillance est toujours légitime, même dans le raid raté du troisième épisode, il surplombe et conditionne objectivement l'interventionnisme politique des flics: le flic responsable des écoutes est l'ange gardien discret qui annule le risque que McNulty échoue et se perde, mais n'a pas d'autre consistance ).
Mais vais continuer, il y a un truc qui colle dans la représentation de la ville, qui évoque à la fois Jules Dassin et GTA (même si les personnages, paradoxalement ne se déplacent jamais tant ils interviennent immédiatement, on dirait qu'il n'y pas d'espace intermédiaire entre le commissariat et la cité, à part peut-être des intérieurs où se développe la vie privée des personnages),
Dernière édition par Tony le Mort le Ven 23 Aoû 2013 - 10:38, édité 7 fois
Invité- Invité
Re: The Wire
c'est également énoncé dans TREME, il est dit que le rôle des flics responsables de la cité orleanaise n'a de sens que dans la mesure où les individus eux-mêmes sont impliqués dans une volonté de vivre ensemble. Quand ils s'éloignent de cette idée de salut, ils se disent des choses moins sensibles...Tony le Mort a écrit:mise en scène de la raison émancipée, qui devient le substitut d'une idée de salut qui pourrait passer par la communauté mais qui a un contenu individuel, légalisme qui voit la pureté à la fois en dessous et au dessus d'elle...
Une des histoires fortes dans TREME, c'est sûrement le récit autobiographique de Donald Harrison Jr. qui est incarné par le personnage Delmond Lambreaux(Rob Brown), le fils de Big Chief Lambreaux(Clarke Peters)... Il n'est pas dans la tradition de son père et les rapports qu'ils entretiennent sont toujours un peu tendus, comme dans cette scène :
La saison 2 de TREME raconte comment Donald Harrison Jr. trouve son style qui donnera l'album imposant Indian Blues sorti en 91.
Je peux en citer notamment deux séquences,
dans la première c'est le choc des deux musiques du "straight jazz" et du "straight new-orleans", c'est pas évident que l'anecdote soit tout à fait exacte mais elle doit s'approcher de ce qui s'impose à Harrison dans des circonstances avoisinantes:
Dans la seconde (explicative), on voit en effet Donald Harrison Jr. qui incarne son propre rôle face au personnage Delmond Lambreaux qui raconte donc l'histoire de la musique de Harrison (et certainement un peu de son histoire familiale) dans la série :
J'ai récupéré un magazine(soul bag) de septembre 2012 où on trouve une playlist de 40 morceaux qui ont marqué le groove orleanais...
http://ti1ca.com/1a4byktu-DR.-JOHN-PLAYLIST-SOUL-BAG-DR.-JOHN-PLAYLIST-SOUL-BAG.pdf.html
Dernière édition par breaker le Ven 23 Aoû 2013 - 13:37, édité 1 fois
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Re: The Wire
Je crois qu'il me faudra 8 autres années avant de regarder la seconde saison de the Wire et 32 pour attaquer Treme. Récemment quelqu’un m'a demandé quelles séries je regardais sur un ton qui il y aurait 60 ans aurait dit "Avez-vous lu Proust?", ce qui m'a un peu agacé, même si l'intention était gentille: parler de quelque chose, mais j'ai senti que cette question situait trop vite sociologiquement l'autre, plus que ne l’impliquerait la même question sur un film (d'ailleurs l'écart est encore pire sur ce forum).
Dans the Wire les acteurs sont bien meilleurs que dans les autres séries (vu 3 épisodes de Dexter c'est par l’interprétation que la bât blessait, en plus du fait que la série ne développe et répète que les conséquences pratiques d'une situation, mais à ce stade the Wire un peu aussi d'ailleurs), c'est là que la communauté réelle se joue. Enfin c'est surtout vrai pour les gangs (et le personnage de l'indic), les flics eux ont un peu tendance à n'avoir qu'une seule expression(le sourire mélancolique confronté à une vieille souffrance), j'ai parfois envie de gifler McNulty et Greggs. Lawrence Gilliard Jr est excellent.
Dans the Wire les acteurs sont bien meilleurs que dans les autres séries (vu 3 épisodes de Dexter c'est par l’interprétation que la bât blessait, en plus du fait que la série ne développe et répète que les conséquences pratiques d'une situation, mais à ce stade the Wire un peu aussi d'ailleurs), c'est là que la communauté réelle se joue. Enfin c'est surtout vrai pour les gangs (et le personnage de l'indic), les flics eux ont un peu tendance à n'avoir qu'une seule expression(le sourire mélancolique confronté à une vieille souffrance), j'ai parfois envie de gifler McNulty et Greggs. Lawrence Gilliard Jr est excellent.
Dernière édition par Tony le Mort le Ven 23 Aoû 2013 - 11:41, édité 1 fois
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Re: The Wire
Si the Wire descend du cinéma, c'est sans doute plus de Capra que du film noir: McNulty c'est un peu "Mr Smith chez les Stups"
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Re: The Wire
http://www.film-documentaire.fr/Original_Funk_-son_de-Nouvelle-Orl%C3%A9ans.html,film,4571
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TREME, KILLER OF SHEPP
sans doute une des grosses faiblesses de la série, c'est l'opposition entre New York et la Nouvelle-Orléans qui se répète dans plusieurs scènes avec des personnages variés. Ici par exemple, lors d'une séance d'enregistrement à la Nouvelle-Orléans, c'est Dr. John qui le dit : "La Nouvelle-Orléans infecte la musique, ça la reconstutionalise(?)"
Dans le documentaire écrit et réalisé par Bintou Simporé, Jean-François Bizot et Mathias Sanderson qui date de 96, on voit Donald Harrison Jr (avec son père) témoignant de l'importance de vivre à la Nouvelle-Orléans pour l'élaboration de sa musique.
Je découvre Archie Shepp dans un film de Frank Cassenti, et Shepp répondait à Cassenti : je n'aime pas ce mot de "jazz"! C'est un mot qui est né dans les bordels de la Nouvelle Orléans... On dit que la musique a commencé à la Nouvelle-Orléans, mais la musique a commencé partout...
Dans le documentaire écrit et réalisé par Bintou Simporé, Jean-François Bizot et Mathias Sanderson qui date de 96, on voit Donald Harrison Jr (avec son père) témoignant de l'importance de vivre à la Nouvelle-Orléans pour l'élaboration de sa musique.
Je découvre Archie Shepp dans un film de Frank Cassenti, et Shepp répondait à Cassenti : je n'aime pas ce mot de "jazz"! C'est un mot qui est né dans les bordels de la Nouvelle Orléans... On dit que la musique a commencé à la Nouvelle-Orléans, mais la musique a commencé partout...
Invité- Invité
Re: The Wire
Un des morceaux incontournables de la Nouvelle-Orléans est le fameux "Gimme My Money Back" repris par le Treme Brass Band...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lionel_Batiste
je n'ai pas beaucoup d'infos mais Shepp en donnait vraisemblablement une version en 71 avec Money blues.
Les Indiens de la Nouvelle-Orléans semblent avoir le vent en poupe chez Utopia :
http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=2229&mode=film
https://www.facebook.com/events/412619132176508/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lionel_Batiste
je n'ai pas beaucoup d'infos mais Shepp en donnait vraisemblablement une version en 71 avec Money blues.
Les Indiens de la Nouvelle-Orléans semblent avoir le vent en poupe chez Utopia :
http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=2229&mode=film
https://www.facebook.com/events/412619132176508/
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Re: The Wire
Il ya quand-même quelque chose de malaisé dans la première saison de the Wire.
La série est intéressante car elle ne montre pas uniquement les policiers, mais en parallèle filme également la vie dans la cité. Cependant c'est principalement les trafiquant qui sont montrés? Ils sont insaisissables pour les policiers (qui les comprennent de l'extérieur en violant les codes de communications téléphoniques qu'ils mettent en place, ce qui produit un décalage intéressant avec la sensation de proximité physique entre les différentes scènes de la série) , tandis que les habitant de la cité qui ne sont pas lié au trafic sont directement positionnsé par rapport à la police : les mères des trafiquants, le témoin du premier épisode. Intéressant ce témoin d'ailleurs: c'est son meurtre qui justifie l'enquête, qui n'est pas liée directement à l'éradication du traffic, mais à la garantie de la continuité des opérations policière (la police de Baltimore doit pouvoir continuer à enregistrer des dénonciations, et la mort d'un témoin à charge que personne ne s'est soucié de protéger est à ce titre une catastrophe). Lorsque les policiers arrêtent temporairement d'Angelo, ils inventent pour le faire craquer en improvisant un faux récit hagiographique de la vie du témoin (ce n'était pas un balayeur, mais aussi un père et même un vicaire: il fallait qu'il soit un saint laïc pour peser). La vieille femme qui est le seul témoin du meurtre a aussi cette phrase lorsque les flics l'interrogent, qui évitent fait au flic le travail de mise en place de l'enquête: "un black et un blanc ensemble dans ce quartier, en imperméable, ne peuvent être que des flics enquêtant sur ce meurtre".
La série insiste sur le fait que les flics appartiennent partiellement au même monde que la cité, ou plutôt, sont dans une position intermédiaire (qui se marque dans la mixité noirs/blancs ) et médiane entre la travail informel de la cité et celui officiel mais inefficace du pouvoir (Omar est lui-même un médiateur au sein de cette médiation: les flics l'apprécient car ils parlent leur langage, a les mêmes méthodes d'enquête qu'eux)
Mais l'inverse n'est pas vrai. La thématique de la série n'est pas celle de la reconnaissance entre deux univers (comme c'est le cas dans Derrick par exemple, qui enquête dans des milieux qu'il ne connaît pas, et comprends avant de les quitter et référer après trouver le coupable), mais de la connaissance , et elle s'effectue toujours du peuple vers l'instance de la légalité. L'idée que nul n'est sensé ignorer la loi et connaisse exactement mais sans pouvoir les expliquer les conséquence de son effraction tient lieu d'inconscient aux personnages. Il n'y pas la distinction que Kracauer fait quand il parle du roman policier entre l'illégal et le a-légal (qui correspond à la distinction policier/détective): la série contient tout un monde mais tant que celui-ci ne se positionne que face à la loi.
La série est intéressante car elle ne montre pas uniquement les policiers, mais en parallèle filme également la vie dans la cité. Cependant c'est principalement les trafiquant qui sont montrés? Ils sont insaisissables pour les policiers (qui les comprennent de l'extérieur en violant les codes de communications téléphoniques qu'ils mettent en place, ce qui produit un décalage intéressant avec la sensation de proximité physique entre les différentes scènes de la série) , tandis que les habitant de la cité qui ne sont pas lié au trafic sont directement positionnsé par rapport à la police : les mères des trafiquants, le témoin du premier épisode. Intéressant ce témoin d'ailleurs: c'est son meurtre qui justifie l'enquête, qui n'est pas liée directement à l'éradication du traffic, mais à la garantie de la continuité des opérations policière (la police de Baltimore doit pouvoir continuer à enregistrer des dénonciations, et la mort d'un témoin à charge que personne ne s'est soucié de protéger est à ce titre une catastrophe). Lorsque les policiers arrêtent temporairement d'Angelo, ils inventent pour le faire craquer en improvisant un faux récit hagiographique de la vie du témoin (ce n'était pas un balayeur, mais aussi un père et même un vicaire: il fallait qu'il soit un saint laïc pour peser). La vieille femme qui est le seul témoin du meurtre a aussi cette phrase lorsque les flics l'interrogent, qui évitent fait au flic le travail de mise en place de l'enquête: "un black et un blanc ensemble dans ce quartier, en imperméable, ne peuvent être que des flics enquêtant sur ce meurtre".
La série insiste sur le fait que les flics appartiennent partiellement au même monde que la cité, ou plutôt, sont dans une position intermédiaire (qui se marque dans la mixité noirs/blancs ) et médiane entre la travail informel de la cité et celui officiel mais inefficace du pouvoir (Omar est lui-même un médiateur au sein de cette médiation: les flics l'apprécient car ils parlent leur langage, a les mêmes méthodes d'enquête qu'eux)
Mais l'inverse n'est pas vrai. La thématique de la série n'est pas celle de la reconnaissance entre deux univers (comme c'est le cas dans Derrick par exemple, qui enquête dans des milieux qu'il ne connaît pas, et comprends avant de les quitter et référer après trouver le coupable), mais de la connaissance , et elle s'effectue toujours du peuple vers l'instance de la légalité. L'idée que nul n'est sensé ignorer la loi et connaisse exactement mais sans pouvoir les expliquer les conséquence de son effraction tient lieu d'inconscient aux personnages. Il n'y pas la distinction que Kracauer fait quand il parle du roman policier entre l'illégal et le a-légal (qui correspond à la distinction policier/détective): la série contient tout un monde mais tant que celui-ci ne se positionne que face à la loi.
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Re: The Wire
Pardon d'y revenir mais la série est vraiment très (trop!?) proche des vieux romans analysés par Kracauer: la question de l'efficacité des trafiquants et de policiers est liée de la même manière dans les deux cas à celle de leur propre célibat (le couple est souvent filmé comme une attache de trop). McNulty a remplacé complètement sa femme par la procureur.
La seule différence par rapport à des séries moins ambitieuses, c'est que les personnages le savent et assument que leur vie sexuelle et la familiale soit compensée.
La seule différence par rapport à des séries moins ambitieuses, c'est que les personnages le savent et assument que leur vie sexuelle et la familiale soit compensée.
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Re: The Wire
L'intégrité des policiers est définie par leur capacité à tenir un discours sur leur propre impuissance , à ce titre, les trafiquants n'ont pas vraiment d'intégrité, ils ne connaissent pas réellement l'échec car leur techniques et pratiques du terrain peuvent toujours être modifiées et reconfigurées (tout leur trafic est organisé pour intégrer les perquisitions comme des évènements normaux et prédictibles), leurs scrupules (refuser de se réveiller et d'aider sa sœur à faire ses devoirs) ne change rien à cela (Omar est d'ailleurs opposé aux trafiquants: comme il n'est pas du quartier, il ne connaît pas de fatigue par rapport à ce qu'il vit comme une mission: annihiler les Barksdale. Pas étonnant qu'un président le trouve fascinant, il incarne une conscience qui ne dort jamais, qui pour cela est d'emblée une autorité).
Le peuple n'est quant à lui pas situé par rapport à cette reconfiguration: il est filmé comme ce qui demeure et dort, situé uniquement par rapport à son domicile (le seul geste de McNulty par rapport à ses enfants: leur acheter un lit, signe qu'il considère ses propres enfants comme des éléments du peuple) il est toujours du côté de ce par rapport à quoi les éléments de l'espace public sont des messages. Quand la série débute; la transformation de l'espace public en message est en fait déjà complète, les écoutes ne sont pas montrée comme des techniques d'intrusion, mais de déchiffrement d'un code intentionnellement public. La loi est aussi montrée à la fois comme un langage et la source d'interprétation, ce qu'elle n'est peut-être pas dans la réalité (l'idée d'une irréductibilité entre la loi et la langue annulerait tout simplement les personnages).
Le peuple n'est quant à lui pas situé par rapport à cette reconfiguration: il est filmé comme ce qui demeure et dort, situé uniquement par rapport à son domicile (le seul geste de McNulty par rapport à ses enfants: leur acheter un lit, signe qu'il considère ses propres enfants comme des éléments du peuple) il est toujours du côté de ce par rapport à quoi les éléments de l'espace public sont des messages. Quand la série débute; la transformation de l'espace public en message est en fait déjà complète, les écoutes ne sont pas montrée comme des techniques d'intrusion, mais de déchiffrement d'un code intentionnellement public. La loi est aussi montrée à la fois comme un langage et la source d'interprétation, ce qu'elle n'est peut-être pas dans la réalité (l'idée d'une irréductibilité entre la loi et la langue annulerait tout simplement les personnages).
Dernière édition par Tony le Mort le Jeu 12 Sep 2013 - 10:35, édité 3 fois
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Re: The Wire
La première image de la série est du sang qui coule et décrit le motif d'une écriture, au point de se teinter d'un bleu d'encre, reflet d'un girophare sur le tarmac: la loi finalement va écrire son roman.
Puis McNulty dans ce pré-générique interroge un adolescent sur un meurtre (sur lequel la série ne reviendra plus jamais, il est déjà résolu parce que la paradoxe de la personnalité du mort, qui souffrait de ne pas pouvoir partciper au jeu des personens qu'il rackettait, est énoncé en 1 minute)
Puis McNulty dans ce pré-générique interroge un adolescent sur un meurtre (sur lequel la série ne reviendra plus jamais, il est déjà résolu parce que la paradoxe de la personnalité du mort, qui souffrait de ne pas pouvoir partciper au jeu des personens qu'il rackettait, est énoncé en 1 minute)
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Re: The Wire
Vu la fin de la première saison. Lucane a défendu il y a quelque temps la série tout en pointant l’omniprésence gênante des bons sentiments, j’ai aussi lu le début de la discussion sur la position des scénaristes sur la guerre à la drogue et je voulais revenir un peu là-dessus, très en retard (11 ans après).
La série est très bien jouée et mise en scène, je l’ai aimée, beau travail sur la durée qui étoffe les personnages, à la fin de la première série on comprend mieux une des ses idées : mettre au centre de l’intrigue non pas les policiers et les trafiquants, mais finalement ceux qui sont entre les deux, les indics (Bubbs, mais finalement aussi Wallace et d’Angelo) et les défendre, montrer que ce sont eux qui assument le plus de risque, qui portent et résolvent les meilleures questions, qu'on leur a mis sur la gueule, qui sont conscients que la violence n’est jamais une vocation, même où elle est inéluctable.
Finalement c’est uniquement pour ces indics que quelque chose du rêve américain existe encore dans la série. Ce sont les seuls personnages fordien de la série, pour lesquels l’accès à une place politique se fait au moyen d’ un itinéraire initiatique qui se construit au moment de sa vision. A l’opposé, les flics et les trafiquants connaissent dès le départ toutes les clés de leur monde, dans le cas contraire ils se font descendre avant d’exister pour le spectateur. Il y a très belle scène d’ailleurs quand d’Angelo exprime sa fatigue, son souhait d'être jugé pour disparaître et ne plus être un personnage placé là par sa famille ou les flics ou les institutions.
Quand Bubbs (personnage très fort, mais dans une position incroyable : comment se fait-il que personne ne veuille le tuer et que tout le monde le reconnaisse : c’est un ange) revient chez sa sœur qui accepte de l’héberger pour qu’il ne soit plus dans la cité, il y a un drapeau américain fordien à l’arrière plan, qui reprend l’imagerie de la fondation de la nation.
Je crois que ce rêve américain est placé habilement (de manière idéologique et assumée comme temme) au cœur d’une ambiguïté morale, au moment où deux itinéraires contradictoires se rencontrent : dans la série il y a à la fois l’idée que seule une mobilisation de la communauté entière assure le salut des individus (c’est la logique des interrogatoires, où les flics se posent la question de la protection et de la réhabilitation des trafiquants prêt à craquer et à balancer le système, ce qui les amène peu à peu à être autonomes vis à vidleur hiérarchie), et celle que la culpabilité est malgré tout collective, est héritée plus qu’elle ne relève d’une praxis.
Cela apparaît dans l’introduction réellement miraculeuse de la mère de D’Angelo qui apparaît brutalement comme le vrai cerveau du trafic, au moment où son fils veut partir, elle la force dà choisir entre sa famille et le salut ; l’échec de l’exfiltration de Wallace causée par Wallace lui-même, vaincu par son background, alors qu'en symétrie une c’est au moment où cette enquête se dénoue que pour la première fois les flics semblent prendre conscience que la corruption est générale à Baltimore.
Comme s’il n’y avait une sorte « de second départ », de reconstruction sociale et politique possible après qu’une première loi ait déjà été construite et mise en crise, que pour ceux qui étaient à l’intersection de ces deux dimensions ; entre ce qui donne à un projet collectif sa valeur et l’idée d’une culpabilité diffuse, presque métaphysique. Comme si privilégier une seule des deux interprétations annulerait le cadre de de reconstruction.
Je crois que cela renvoie aussi au 11 septembre et à une illustration l’idée de « croisade » politique, conçue à la fois comme liée à la violence de l’autorité et à un humanisme immanent au corps social.
A la fin de la saison, quand le procès d’Avon se met en place et que l’on examine le casier d’un de ses lieutenant (d’Angelo lui-même je crois) les dates des meurtres sont données, et ceux pour lesquels il n’a pas pu être mis en cause sont toutes situées avant le 11 septembre, tandis les autres, qui correspondant à ceux commis pendant l’enquête, après. Le meurtre de l’amie de Barksdale (dont le réexamen déclenche l’enquête et qui est en fait l’erreur qui fait le fait tomber: s’il ne l’avait pas tuée, son neveu n’aurait pas été impliqué dans les meurtres qu’il ne pouvait pas assumer, et la police n’aurait rien du tout pour le coffrer), est situé en août 2001, l’enquête commence en fait juste au moment du 911. La série a en fait une attitude ambiguë via à vis de l’idée de croisade contre la drogue, en tout cas dans cette saison. Elle ne critique pas cette croisade en l'opposant à en morale où à une pratique sociologique, mais elle le fait en en lui opposant en lieu et placel’histoire. Je ne crois pas qu’elle se positionne clairement en affirmant que cette croisade est de la démagogie, ou qu’après tout le trafic structure économiquement et socialement des quartiers laissés à l’abandon (la série montre cela de manière peut-être trop complaisante sans que cela change le cours de ’enquête : les trafiquants étant d’assez bons administrateurs, et établissent tous un distinguo clair entre les gens du business, soumis à la logique du règlement de compte, et les citoyen clients, soumis à celui de la bavure) et qu’on ne lutte contre lui qu’en proposant mieux. Elle ne dit pas non plus qu’une approche par la réhabilitation serait meilleure que la répression (c’est tout le contraire : la grosse magouille d’Avon Barskdale est un traffic immobilier autour précisément d’un centre de réhabilitation, et surtout ces centres sont montrés comme le sommet de la corruption et de l’inefficacité : le meurtre d’une psychologue qui traitait avec Avon n’éveille aucune compassion, lorsque la seule blessure de Greggs est montrée comme un traumatisme, et le gamin qui passe par un de ces centres, et se montre un peu gauche au point d’éveiller un peu de compassion chez Herc et Carver devient ensuite une vraie crevure à sa sortie du centre). Mais les flics énoncent constamment le fait que la lutte contre le trafic de drogue devrait être considérée comme une autre forme de croisade, à mettre sur le même plan que la lutte contre le terrorisme, mais rivale. Comme si l’idée d'une communauté se sachant vulnérable, sachant ce qui l'a traumatisée devait absorber les questions sur la légitimité ou l’illégitimité de la violence et des méthodes de sa police. Il y a la mise en scène cohérente d’un slogan humanisme qui n’oppose pas un pluralisme politique à ce traumatisme, mais qui déplace plutôt ce pluralisme politique à l’intérieur de ce traumatisme. C’est la mise en scène d’un monde où les seuls à être fatigués, sceptiques vis à vus de la violence de la loi sont ceux qui l’exercent, et où cette situation est radicalisée, depuis cette blessure : la paix devient une sorte de loi qui n’admettrait plus d’extériorité, à force de souffrir et d’être la seule à assumer une compassion pour ceux qu’elle châtie.
Une réserve : l’épisode où Klima se fait tirer dessus et est à l’hôpital est quand-même un sommet dans la représentation du corporatisme policier, même si c’est bien très réalisé. Al noie un peu le poisson et relève d’une certaine facilité scénaristique. Après cet évènement tous les policier s’impliquent dans la résolution d’ l’affaire, et les plus pourris (comme Daniels) deviennent des anges civiques, sans que grand-chose ne soit expliqué (leur malaise moral actuel devient le cliffhanger pour la saison suivante). De plus l’évènement évacue l’opposition entre l’enquête sur les flux de drogues, malgré tout routinière, et placée sur le terrain de la prophylaxie sociale et le sécuritaire, et celle sur les flux d’argent qu’avait pu mettre à jour Freamon, iédite. C’est à nouveau une mise en abîme du 11 septembre dans la série : la souffrance héroïque d’un « civil servant » qui devient la raison d’un engagement politique collectif entièrement conscient, alors que la corruption était au contraire montrée comme un mode de fonctionnement tellement intériorisé. L’économie qui est un déterminisme inconscient, et la blessure une vie visible et sue, et la police est l’expression d'un juste savoir de cet partage.
La série est très bien jouée et mise en scène, je l’ai aimée, beau travail sur la durée qui étoffe les personnages, à la fin de la première série on comprend mieux une des ses idées : mettre au centre de l’intrigue non pas les policiers et les trafiquants, mais finalement ceux qui sont entre les deux, les indics (Bubbs, mais finalement aussi Wallace et d’Angelo) et les défendre, montrer que ce sont eux qui assument le plus de risque, qui portent et résolvent les meilleures questions, qu'on leur a mis sur la gueule, qui sont conscients que la violence n’est jamais une vocation, même où elle est inéluctable.
Finalement c’est uniquement pour ces indics que quelque chose du rêve américain existe encore dans la série. Ce sont les seuls personnages fordien de la série, pour lesquels l’accès à une place politique se fait au moyen d’ un itinéraire initiatique qui se construit au moment de sa vision. A l’opposé, les flics et les trafiquants connaissent dès le départ toutes les clés de leur monde, dans le cas contraire ils se font descendre avant d’exister pour le spectateur. Il y a très belle scène d’ailleurs quand d’Angelo exprime sa fatigue, son souhait d'être jugé pour disparaître et ne plus être un personnage placé là par sa famille ou les flics ou les institutions.
Quand Bubbs (personnage très fort, mais dans une position incroyable : comment se fait-il que personne ne veuille le tuer et que tout le monde le reconnaisse : c’est un ange) revient chez sa sœur qui accepte de l’héberger pour qu’il ne soit plus dans la cité, il y a un drapeau américain fordien à l’arrière plan, qui reprend l’imagerie de la fondation de la nation.
Je crois que ce rêve américain est placé habilement (de manière idéologique et assumée comme temme) au cœur d’une ambiguïté morale, au moment où deux itinéraires contradictoires se rencontrent : dans la série il y a à la fois l’idée que seule une mobilisation de la communauté entière assure le salut des individus (c’est la logique des interrogatoires, où les flics se posent la question de la protection et de la réhabilitation des trafiquants prêt à craquer et à balancer le système, ce qui les amène peu à peu à être autonomes vis à vidleur hiérarchie), et celle que la culpabilité est malgré tout collective, est héritée plus qu’elle ne relève d’une praxis.
Cela apparaît dans l’introduction réellement miraculeuse de la mère de D’Angelo qui apparaît brutalement comme le vrai cerveau du trafic, au moment où son fils veut partir, elle la force dà choisir entre sa famille et le salut ; l’échec de l’exfiltration de Wallace causée par Wallace lui-même, vaincu par son background, alors qu'en symétrie une c’est au moment où cette enquête se dénoue que pour la première fois les flics semblent prendre conscience que la corruption est générale à Baltimore.
Comme s’il n’y avait une sorte « de second départ », de reconstruction sociale et politique possible après qu’une première loi ait déjà été construite et mise en crise, que pour ceux qui étaient à l’intersection de ces deux dimensions ; entre ce qui donne à un projet collectif sa valeur et l’idée d’une culpabilité diffuse, presque métaphysique. Comme si privilégier une seule des deux interprétations annulerait le cadre de de reconstruction.
Je crois que cela renvoie aussi au 11 septembre et à une illustration l’idée de « croisade » politique, conçue à la fois comme liée à la violence de l’autorité et à un humanisme immanent au corps social.
A la fin de la saison, quand le procès d’Avon se met en place et que l’on examine le casier d’un de ses lieutenant (d’Angelo lui-même je crois) les dates des meurtres sont données, et ceux pour lesquels il n’a pas pu être mis en cause sont toutes situées avant le 11 septembre, tandis les autres, qui correspondant à ceux commis pendant l’enquête, après. Le meurtre de l’amie de Barksdale (dont le réexamen déclenche l’enquête et qui est en fait l’erreur qui fait le fait tomber: s’il ne l’avait pas tuée, son neveu n’aurait pas été impliqué dans les meurtres qu’il ne pouvait pas assumer, et la police n’aurait rien du tout pour le coffrer), est situé en août 2001, l’enquête commence en fait juste au moment du 911. La série a en fait une attitude ambiguë via à vis de l’idée de croisade contre la drogue, en tout cas dans cette saison. Elle ne critique pas cette croisade en l'opposant à en morale où à une pratique sociologique, mais elle le fait en en lui opposant en lieu et placel’histoire. Je ne crois pas qu’elle se positionne clairement en affirmant que cette croisade est de la démagogie, ou qu’après tout le trafic structure économiquement et socialement des quartiers laissés à l’abandon (la série montre cela de manière peut-être trop complaisante sans que cela change le cours de ’enquête : les trafiquants étant d’assez bons administrateurs, et établissent tous un distinguo clair entre les gens du business, soumis à la logique du règlement de compte, et les citoyen clients, soumis à celui de la bavure) et qu’on ne lutte contre lui qu’en proposant mieux. Elle ne dit pas non plus qu’une approche par la réhabilitation serait meilleure que la répression (c’est tout le contraire : la grosse magouille d’Avon Barskdale est un traffic immobilier autour précisément d’un centre de réhabilitation, et surtout ces centres sont montrés comme le sommet de la corruption et de l’inefficacité : le meurtre d’une psychologue qui traitait avec Avon n’éveille aucune compassion, lorsque la seule blessure de Greggs est montrée comme un traumatisme, et le gamin qui passe par un de ces centres, et se montre un peu gauche au point d’éveiller un peu de compassion chez Herc et Carver devient ensuite une vraie crevure à sa sortie du centre). Mais les flics énoncent constamment le fait que la lutte contre le trafic de drogue devrait être considérée comme une autre forme de croisade, à mettre sur le même plan que la lutte contre le terrorisme, mais rivale. Comme si l’idée d'une communauté se sachant vulnérable, sachant ce qui l'a traumatisée devait absorber les questions sur la légitimité ou l’illégitimité de la violence et des méthodes de sa police. Il y a la mise en scène cohérente d’un slogan humanisme qui n’oppose pas un pluralisme politique à ce traumatisme, mais qui déplace plutôt ce pluralisme politique à l’intérieur de ce traumatisme. C’est la mise en scène d’un monde où les seuls à être fatigués, sceptiques vis à vus de la violence de la loi sont ceux qui l’exercent, et où cette situation est radicalisée, depuis cette blessure : la paix devient une sorte de loi qui n’admettrait plus d’extériorité, à force de souffrir et d’être la seule à assumer une compassion pour ceux qu’elle châtie.
Une réserve : l’épisode où Klima se fait tirer dessus et est à l’hôpital est quand-même un sommet dans la représentation du corporatisme policier, même si c’est bien très réalisé. Al noie un peu le poisson et relève d’une certaine facilité scénaristique. Après cet évènement tous les policier s’impliquent dans la résolution d’ l’affaire, et les plus pourris (comme Daniels) deviennent des anges civiques, sans que grand-chose ne soit expliqué (leur malaise moral actuel devient le cliffhanger pour la saison suivante). De plus l’évènement évacue l’opposition entre l’enquête sur les flux de drogues, malgré tout routinière, et placée sur le terrain de la prophylaxie sociale et le sécuritaire, et celle sur les flux d’argent qu’avait pu mettre à jour Freamon, iédite. C’est à nouveau une mise en abîme du 11 septembre dans la série : la souffrance héroïque d’un « civil servant » qui devient la raison d’un engagement politique collectif entièrement conscient, alors que la corruption était au contraire montrée comme un mode de fonctionnement tellement intériorisé. L’économie qui est un déterminisme inconscient, et la blessure une vie visible et sue, et la police est l’expression d'un juste savoir de cet partage.
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Re: The Wire
tu parlais de la mise en scène d'un slogan humaniste et c'est vraisemblablement ce qui cloche dans les séries de David Simon. Stringer Bell et Avon Barksdale sont deux personnages remarquables de la série, des hommes d'affaires ambitieux à peine criminels, presque des modèles de réussite. "Generation Kill", sa série sur une unité de reconnaissance des Marines en Irak est un fiasco égal à La chute du faucon noir dans les intentions. "Treme"(qui m'avait enthousiasmé dans la foulée des deux dernières saisons de The wire) contient assez peu d'audaces avec le recul, je crois que je vais même ignorer la saison 3...
"The corner" est au même niveau, c'est jamais ennuyeux non plus, mais aussi pas tellement intéressant...
"The corner" est au même niveau, c'est jamais ennuyeux non plus, mais aussi pas tellement intéressant...
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Re: The Wire
Oui, ces personnages clochent même si Wood Harris et Idris Elba sont géniaux. D'une certaine manière ils n'ont pas de background, ne sont pas situés socialement (contrairement à leurs lieutenanst), et réussissent leur intégration à la bourgeoisie, et tout va comme si leur autorité politique et l'accomplissement de cette intégration replaçaient l'origine, et la série ne montre pas cela comme un paradoxe ou une faille (sur Wikipédia, la fiche d'Avon le désigne comme "philanthopist", et la série insiste sur le fait que Stringer ne sent jamais plus lui-même que dans ses cours du soir où dans sa couverture de gérant de boutique de photocopie). Mais c'est aussi la force de la série,ce qui la rend plus réaliste que disons un film comme "Heat" de Mann, qui évacue cette naïveté politique derrière les passions et la fascination pour la captation d'identité. The Wire est plus froide moins passionnée, mais pour cela laisse une place à l'image de sa propre erreur politique, même cette erreur est montrée comme l'objet d'une foi qui réintègre les passions.
Un truc impressionnant dans la première saison, c'est la place de la sexualité, montrée (réalistement?) chez tous les personnages comme quelque chose de technique, de nécessaire et omniprésent mais cliniquement désinvesti (même chez les hôtesses de d'Orlando). Il y a un puritanisme qui traverse tous les milieux et les relie (qui en retrait de ce que Hawthorne analysait avec plus de franchise et de courage il y a 180 ans, à propos de la même région des USA). Avon d’ailleurs tue son amie un peu pour cela: il comprend que la sexualité est une faille s'il veut le pouvoir absolu mais cette abstinence est valorisée (c'est une force), mais d'Angelo, pourtant beaucoup plus humain et complexe, est condamné dès lors qu'il tombe réellement amoureux de quelqu'un (c'est le seul de la série dans toute cette galaxie à qui ça arrive, avec peut-être Klima, et Omar, d'ailleurs positionnés principalement par leur sexualité qui leur tient lieu d'histoire -Klima est la seule des flics en couple dont la conjointe existe un peu-, et en plus pour Omar le deuil perpétuel de son amant devient un motif qui en fait un ange exterminateur errant): l'hôtesse qui ensuite devient l'indic de la police qui permet (presque accidentellement) son arrestation. D'Angelo ne pourra plus monter, il ne lui reste plus qu'à être tué.
Ca intervient même dans des petites trucs ce puritanisme: la seule chose que se reproche le "repenti" qui sort Bubbles du trou, c'est d 'avoir transmis le sida à sa femme, mais comme ce n'est pas passé chez son enfant, c'est encore supportable, à part ça c'est la lumière perpétuelle (mais on devine qui a renoncé à la fois à la drogue et à la sexualité: il dit très bien que seule la lassitude due à la vieillesse représente une chance de salut).
Un truc impressionnant dans la première saison, c'est la place de la sexualité, montrée (réalistement?) chez tous les personnages comme quelque chose de technique, de nécessaire et omniprésent mais cliniquement désinvesti (même chez les hôtesses de d'Orlando). Il y a un puritanisme qui traverse tous les milieux et les relie (qui en retrait de ce que Hawthorne analysait avec plus de franchise et de courage il y a 180 ans, à propos de la même région des USA). Avon d’ailleurs tue son amie un peu pour cela: il comprend que la sexualité est une faille s'il veut le pouvoir absolu mais cette abstinence est valorisée (c'est une force), mais d'Angelo, pourtant beaucoup plus humain et complexe, est condamné dès lors qu'il tombe réellement amoureux de quelqu'un (c'est le seul de la série dans toute cette galaxie à qui ça arrive, avec peut-être Klima, et Omar, d'ailleurs positionnés principalement par leur sexualité qui leur tient lieu d'histoire -Klima est la seule des flics en couple dont la conjointe existe un peu-, et en plus pour Omar le deuil perpétuel de son amant devient un motif qui en fait un ange exterminateur errant): l'hôtesse qui ensuite devient l'indic de la police qui permet (presque accidentellement) son arrestation. D'Angelo ne pourra plus monter, il ne lui reste plus qu'à être tué.
Ca intervient même dans des petites trucs ce puritanisme: la seule chose que se reproche le "repenti" qui sort Bubbles du trou, c'est d 'avoir transmis le sida à sa femme, mais comme ce n'est pas passé chez son enfant, c'est encore supportable, à part ça c'est la lumière perpétuelle (mais on devine qui a renoncé à la fois à la drogue et à la sexualité: il dit très bien que seule la lassitude due à la vieillesse représente une chance de salut).
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Re: The Wire
Entamé la deuxième saison de the Wire, quand-même quelques ambiguïtés liées à la forme série et les contraintes de la dramaturgie du genre:
1-le personnage de Poot, qui dans la première saison devenait le meurtrier de Wallace (soit l'acte le plus grave et le plus décisif de toute la saison), redevient un petit jeune qui doit faire ses preuves dans l'organisation Barksdale, peu sûr de lui mais minutieux. Il représente un peu le spectateur dans la série (reprenant le rôle de d'Angelo) Cette évolution est assez peu réaliste, mais permet à la série de durer.
A contrario, l’extraordinaire personnage de d'Angelo est sacrifié (Larry Gilliard Jr est le meilleur acteur la série, toujours juste), alors que son parcours était beaucoup plus crédible: il a su transformer ce qui au départ un manque de sang-froid et une immaturité en scrupule moral. C'est le seul personnage de la série à contester l'ordre où il est placé. Mais la série se désintéresse de cela. Ce qui l'intéresse c'est plutôt la démarche d’initiation infinie des personnages les plus violents (Stringer et ses cours du soir, Avon qui repart presque à la base). D'Angelo apparaît comme une balance juste à cause de son intégrité morale (alors que c'est plutôt le meurtre commis par Poot -il est vrai sous les ordres d'Avon-, lui qui intègre paradoxalement le cœur du groupe, qui a fait tomber les Barksdale), mais la série endosse ce décalage sans y voir un paradoxe: c'est une mécanique
Elle attribue un lieu judicieux à l'éthique: celui où la conversion des rapports d'autorité en rapport de connaissance se casse, et correspond à un épuisement intellectuel possible ou réel, mais pour l'évincer.
2: les flics sont quasiment immortels (pratiquement pas un seul qui meurt en 5 ans), les trafiquants sont pratiquement les seuls à mourir, et mêmes deux fois de la même manière, notamment pour les amants d'Omar (la série enracine le fait d'être gay dans la tragédie: c'est une occasion de montrer des personnage qui ne sont identifiés que comme amant, et en meurent). Mais ce partage de la fatalité n'est pas vraiment quelque chose lié à de la lucidité sociologique, en fait la série décrit l’affrontement et la fascination réciproque (essentiellement symboliques )entre un pôle bureaucratique (la police, où le destin n'existe que sous la forme des avancements et mutations) et un pôle tragique: le crime.
David Simon a une intuition géniale: peut-être que la seule limite de la bureaucratie c'est qu'elle éprouve un sentiment de manque face à la mort, mais là pour s'en désintéresser là-encore aussitôt
3: la seconde saison ressemble à un Derrick de luxe et dilué dans la durée, même souci du background sociologique. Mais filmer un docker qui soupire en faisant le café ne fait pas une conscience prolétarienne, cela délimite plutôt un regard extérieur sur l'idée que les dockers se font de la fatalité. Qui regarde ce show finalement, à qui il s'adresse? La vue surplombante de la bourgeoise sur les classes sociales ressemble ici à celle des jeux comme GTA ou Sim City sur un micro-monde péri-urbain et total
Le pilote de la première saison était génial car il enfermait le spectateur dans une intériorité qu'il n'avait pas encore les moyens de comprendre. La morale de la série était énoncé dès la première phrase ("le paradoxe c'est que les tueurs suivent les règles du jeu posées par leurs victimes"), tous les protagonistes étaient rassemblés dans un procès, la police et sa bureaucratie mettait en scène dans les épisodes suivants la nécessité de prouver cette proximité, puis l’oubliait pour la retrouver, et la généraliser à une analyse économique. Ici il n'y a plus rien de tel. La mort des 14 femmes est juste un mcguffin et une manière de typer simultanément économiquement et moralement les dockers (le déclassement plus que la pauvreté rend aveugle). cela permet aussi de situer les policiers dans un féminisme consensuels (le problème aurait été résolu par un syndicat de prostituées dit la flic du port: elle présente comme une solution ce qui pour Brecht et Lanng était le début d'un cauchemars politique)
4: les personnages féminins sont très schématiques: soit ils incarnent ce qui ramène l'homme au foyer et a une loin domestique qu'il subit en plus de la loi civique, soit les femmes sont des outsiders éternellement meilleurse que les personnages qu'elles n'arrivent pas à détrôner, mais qui restent toujours outsider (Klima, les deux alliées d'Omar). Sauf la mère de D'Angelo, mais elle c'est une figure mythologique: Médée
5: le 4ème épisode de la seconde saison est très bon. Comme il n'y pas grand chose à raconter (deux personnages annoncent à leur femme leur mutation, l'argument de 58 minutes), les réalisateurs s'amusent à essayer des trucs de mise en scène qui ne passeraient pas au cinéma (les deux travellings latéraux entremêlés avec seule la musique baroque sur les dîners au chandelles des couples Daniels et Klima)
1-le personnage de Poot, qui dans la première saison devenait le meurtrier de Wallace (soit l'acte le plus grave et le plus décisif de toute la saison), redevient un petit jeune qui doit faire ses preuves dans l'organisation Barksdale, peu sûr de lui mais minutieux. Il représente un peu le spectateur dans la série (reprenant le rôle de d'Angelo) Cette évolution est assez peu réaliste, mais permet à la série de durer.
A contrario, l’extraordinaire personnage de d'Angelo est sacrifié (Larry Gilliard Jr est le meilleur acteur la série, toujours juste), alors que son parcours était beaucoup plus crédible: il a su transformer ce qui au départ un manque de sang-froid et une immaturité en scrupule moral. C'est le seul personnage de la série à contester l'ordre où il est placé. Mais la série se désintéresse de cela. Ce qui l'intéresse c'est plutôt la démarche d’initiation infinie des personnages les plus violents (Stringer et ses cours du soir, Avon qui repart presque à la base). D'Angelo apparaît comme une balance juste à cause de son intégrité morale (alors que c'est plutôt le meurtre commis par Poot -il est vrai sous les ordres d'Avon-, lui qui intègre paradoxalement le cœur du groupe, qui a fait tomber les Barksdale), mais la série endosse ce décalage sans y voir un paradoxe: c'est une mécanique
Elle attribue un lieu judicieux à l'éthique: celui où la conversion des rapports d'autorité en rapport de connaissance se casse, et correspond à un épuisement intellectuel possible ou réel, mais pour l'évincer.
2: les flics sont quasiment immortels (pratiquement pas un seul qui meurt en 5 ans), les trafiquants sont pratiquement les seuls à mourir, et mêmes deux fois de la même manière, notamment pour les amants d'Omar (la série enracine le fait d'être gay dans la tragédie: c'est une occasion de montrer des personnage qui ne sont identifiés que comme amant, et en meurent). Mais ce partage de la fatalité n'est pas vraiment quelque chose lié à de la lucidité sociologique, en fait la série décrit l’affrontement et la fascination réciproque (essentiellement symboliques )entre un pôle bureaucratique (la police, où le destin n'existe que sous la forme des avancements et mutations) et un pôle tragique: le crime.
David Simon a une intuition géniale: peut-être que la seule limite de la bureaucratie c'est qu'elle éprouve un sentiment de manque face à la mort, mais là pour s'en désintéresser là-encore aussitôt
3: la seconde saison ressemble à un Derrick de luxe et dilué dans la durée, même souci du background sociologique. Mais filmer un docker qui soupire en faisant le café ne fait pas une conscience prolétarienne, cela délimite plutôt un regard extérieur sur l'idée que les dockers se font de la fatalité. Qui regarde ce show finalement, à qui il s'adresse? La vue surplombante de la bourgeoise sur les classes sociales ressemble ici à celle des jeux comme GTA ou Sim City sur un micro-monde péri-urbain et total
Le pilote de la première saison était génial car il enfermait le spectateur dans une intériorité qu'il n'avait pas encore les moyens de comprendre. La morale de la série était énoncé dès la première phrase ("le paradoxe c'est que les tueurs suivent les règles du jeu posées par leurs victimes"), tous les protagonistes étaient rassemblés dans un procès, la police et sa bureaucratie mettait en scène dans les épisodes suivants la nécessité de prouver cette proximité, puis l’oubliait pour la retrouver, et la généraliser à une analyse économique. Ici il n'y a plus rien de tel. La mort des 14 femmes est juste un mcguffin et une manière de typer simultanément économiquement et moralement les dockers (le déclassement plus que la pauvreté rend aveugle). cela permet aussi de situer les policiers dans un féminisme consensuels (le problème aurait été résolu par un syndicat de prostituées dit la flic du port: elle présente comme une solution ce qui pour Brecht et Lanng était le début d'un cauchemars politique)
4: les personnages féminins sont très schématiques: soit ils incarnent ce qui ramène l'homme au foyer et a une loin domestique qu'il subit en plus de la loi civique, soit les femmes sont des outsiders éternellement meilleurse que les personnages qu'elles n'arrivent pas à détrôner, mais qui restent toujours outsider (Klima, les deux alliées d'Omar). Sauf la mère de D'Angelo, mais elle c'est une figure mythologique: Médée
5: le 4ème épisode de la seconde saison est très bon. Comme il n'y pas grand chose à raconter (deux personnages annoncent à leur femme leur mutation, l'argument de 58 minutes), les réalisateurs s'amusent à essayer des trucs de mise en scène qui ne passeraient pas au cinéma (les deux travellings latéraux entremêlés avec seule la musique baroque sur les dîners au chandelles des couples Daniels et Klima)
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Re: The Wire
David Simon a écrit:You know if you've read Capital or if you've got the Cliff Notes, you know that his imaginings of how classical Marxism – of how his logic would work when applied – kind of devolve into such nonsense as the withering away of the state and platitudes like that. But he was really sharp about what goes wrong when capital wins unequivocally, when it gets everything it asks for.
That may be the ultimate tragedy of capitalism in our time, that it has achieved its dominance without regard to a social compact, without being connected to any other metric for human progress.
http://www.theguardian.com/world/2013/dec/08/david-simon-capitalism-marx-two-americas-wire
Baldanders- Messages : 351
Re: The Wire
Wikipédia:
Before VICE News was founded Vice published news documentaries and news reports from around the world through their YouTube channel alongside other programming. Vice had previously published reporting about various events and conflicts overseas including Crime in Venezuela, the Israeli-Palestinian conflict, Protests in Turkey, the North Korean regime, the Syrian Civil War, and much more through their own YouTube channel and website. After the creation of VICE News as a separate division, their reporting greatly increased with worldwide coverage starting immediately with videos published on their YouTube account and articles on their website daily ever since.[4]
In August 2013, Rupert Murdoch's corporation 21st Century Fox invested $70 million (US) in Vice Media (of which VICE News is a division), resulting in a 5% stake.[5][6]
On August 29, 2014 A&E Networks—a joint venture of Hearst Corporation and The Walt Disney Company—announced it would acquire a 10% minority stake in Vice Media, VICE News' parent company, for $250 million.[7]
In November 2014, Vice launched its French language version.
Invité- Invité
Re: The Wire
Maintenant, je ne peux m’empêcher de me rappeler tous mes moments préférés de The Wire à travers une lentille qui me fait me demander si le show n’était pas à la fois trop mou sur la police et incroyablement dédaigneux sur la capacité des gens à s’organiser pour un vrai changement.
Hi, tous; j'avais souvent marqué mes distances avec cette série, allant jusqu'à dire que sa vision du monde, de la société, de la domination, n'était pas très loin d'un reportage TF1 consacré aux banlieues.
"La capacité des gens à s'organiser pour un vrai changement", voilà ce qui lui manque, exactement; et c'est tout. On ne va pas reparler de Badiou et Rancière.
Invité- Invité
Re: The Wire
J'allais poster le lien...intéressant ce que dit Dave Zirin. Cela me rappelle des propos que certains proches me disaient au sujet de la série..."comment tu peux être aussi aveugle mec ?!"
Il y a quelques années déjà:
"il y a quelque chose dans the wire qui est un peu sociologisant, au sens négatif du mot, des mondes qui ne communiquent pas, des règles à quoi on n'échappe pas... pas de lignes de fuite... c'est pas la série la plus émancipatrice qui soit; et le pauvre burdeau en "ranciérien" essaye de s'en tirer comme il peut; son problème, c'est comment aimer ce truc, tout en étant ranciérien; un double bind, qui l'amène, comme il faut s'y attendre, à multiplier les âneries, comme souvent, par exemple, à parler de pryz, le flic au début de la série très raciste, comme d'un prof ignorant (les ignorants sont les vrais maîtres", p,21), ou de fabulation (deleuzienne) quand un flic ment, dans le but de protéger ses hommes responsable d'une bavure; s'il y a bien un truc qui manque à la série, c'est la fabulation, la fiction, la capacité à légender... aucun personnage n'échappe au schématisme sociologisant, tous semble des produits d'enquêtes journalistiques, sans imagination;
au fond, on peut dire ce qu'on veut, cette série est plus ou moins de droite, même si elle a été inscrite à des programmes de harvard, même si obama adore omar, et des tas de choses dans le genre...
comme disait klee, le peuple manque.
Au fond pourquoi obama dit adorer omar, que les idiots qui ont bossé avec le simple d'esprit de burdeau tentent de faire passer pour un brigand social (alors qu'il vole et tue les méchants bandits, dans le strict respect de la hiérarchie de la valeur des vies construite par le pouvoir et la domination : plus une vie est institutionnalisée plus elle a de valeur (pas touche) plus une vie est marginalisée moins elle a de valeur : au sommet y a les politiques, puis les flics, ensuite les citoyens, et après ça c'est la jungle, qui tue un voyou bosse pour l'Etat, et l'Etat ne peut qu'applaudir... Omar, c'est l'esclave au service du pouvoir, celui qui accomplit le rêve du pouvoir, échapper à la loi pour liquider les hors la loi... un vieux truc américain, à la tête de quoi se trouve le président des usa...l'assassin en chef"
Borges.
Il y a quelques années déjà:
"il y a quelque chose dans the wire qui est un peu sociologisant, au sens négatif du mot, des mondes qui ne communiquent pas, des règles à quoi on n'échappe pas... pas de lignes de fuite... c'est pas la série la plus émancipatrice qui soit; et le pauvre burdeau en "ranciérien" essaye de s'en tirer comme il peut; son problème, c'est comment aimer ce truc, tout en étant ranciérien; un double bind, qui l'amène, comme il faut s'y attendre, à multiplier les âneries, comme souvent, par exemple, à parler de pryz, le flic au début de la série très raciste, comme d'un prof ignorant (les ignorants sont les vrais maîtres", p,21), ou de fabulation (deleuzienne) quand un flic ment, dans le but de protéger ses hommes responsable d'une bavure; s'il y a bien un truc qui manque à la série, c'est la fabulation, la fiction, la capacité à légender... aucun personnage n'échappe au schématisme sociologisant, tous semble des produits d'enquêtes journalistiques, sans imagination;
au fond, on peut dire ce qu'on veut, cette série est plus ou moins de droite, même si elle a été inscrite à des programmes de harvard, même si obama adore omar, et des tas de choses dans le genre...
comme disait klee, le peuple manque.
Au fond pourquoi obama dit adorer omar, que les idiots qui ont bossé avec le simple d'esprit de burdeau tentent de faire passer pour un brigand social (alors qu'il vole et tue les méchants bandits, dans le strict respect de la hiérarchie de la valeur des vies construite par le pouvoir et la domination : plus une vie est institutionnalisée plus elle a de valeur (pas touche) plus une vie est marginalisée moins elle a de valeur : au sommet y a les politiques, puis les flics, ensuite les citoyens, et après ça c'est la jungle, qui tue un voyou bosse pour l'Etat, et l'Etat ne peut qu'applaudir... Omar, c'est l'esclave au service du pouvoir, celui qui accomplit le rêve du pouvoir, échapper à la loi pour liquider les hors la loi... un vieux truc américain, à la tête de quoi se trouve le président des usa...l'assassin en chef"
Borges.
careful- Messages : 690
Re: The Wire
à la lecture de ce texte, je n'arrive plus trop à savoir non plus ce qui m'avait tant emballé dans cette série lolA la lumière du soulèvement à Baltimore, le pessimisme de The Wire me semble enfantin, et je vais le ranger pendant un certain temps. Je pourrais la revoir à l’avenir, peut-être au milieu d’un moment politique plus morne. Mais ce moment n’est pas maintenant. Baltimore en 2015 nous montre que nous pouvons faire plus que de rendre simplement compte des outrages imposés par les structures de pouvoir enracinées urbaines, nous pouvons les défier.
j'avais écrit que montrer la logique de cloture des communs propre au capitalisme, c'est ce qui peut justifier que la série s'inscrive dans une perspective communiste en quelque sorte... mais ça m'apparaît comme une belle foutaise.
Invité- Invité
Re: The Wire
finalement sur cette affiche promotionnelle de Treme, Simon se posait la question à lui-même quant à l'écriture de ses séries
Invité- Invité
Re: The Wire
Mais justement, est-ce que Treme ne prend pas les choses à l'envers, sur tout cela ?
GM- Messages : 95
Re: The Wire
Treme, est-ce que c'est pas aussi des histoires individuelles ou sentimentales qui sont toujours prises dans l'étau de la corruption, du crime, de la dévastation?GM a écrit:Mais justement, est-ce que Treme ne prend pas les choses à l'envers, sur tout cela ?
il me semble que c'est ce même "pessimisme"(pour reprendre le terme de Zirin) qui enveloppe les personnages et les isole les uns des autres comme sur l'affiche.
Le prof qui parle de "transcendance urbaine" de la Nouvelle-Orléans se suicide,
https://youtu.be/JYbeCBMjLgw
l'histoire du grand chef indien qui porte la série dévale dans la maladie, le cancer...
"The corner" (série qui se basait aussi sur le travail journalistique de Simon et Burns) ne montrait que des déchéances...
https://youtu.be/QDQuQ5bb5rE
enfin bon, après les déclarations de Simon sur les émeutes à Baltimore, je pense surtout à ce podium des séries policières:
1 : Starsky et Hutch
2 : Chips
3 : The Wire, ex aequo avec 21 jump street
Invité- Invité
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