#3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
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#3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
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Dernière édition par JM le Mer 5 Aoû 2009 - 17:48, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Il prendra son sens, dans l'ensemble; avec mon texte.
Borges- Messages : 6044
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
(Re)bonsoir Borges,
C'est que tu places toujours la barre haut, avant de sauter, je n'en doute pas
(Mais quand même, et c'est pas très important, mais j't'aime mieux "autrement" )
C'est que tu places toujours la barre haut, avant de sauter, je n'en doute pas
(Mais quand même, et c'est pas très important, mais j't'aime mieux "autrement" )
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Salut
Pas de miracle pour les spectres, Clint et les interventions des Borges sur le forum des cdc constituent l'ensemble de textes le plus riche que j'ai pu lire sur le dernier Eastwood. Comme d'habitude, vous cherchez à démonter les agencements de la grande machine fasciste d'aujourd'hui, même dans les endroits où on ne l'attend pas vraiment, ici chez Eastwood, tantôt chez Folman, et par delà les consensus critiques. J'aimerais, dans les lignes qui suivent, réagir à votre travail autour de deux grands axes 1) sur Eastwood même, ainsi que sur Spike Lee 2) sur les "limites" de l'article et sur les films qu'on pourrait défendre contre justement ces attitudes que vous dénoncez.
1) Je n'ai pas caché sur le forum des cahiers mon enthousiasme pour Gran Torino, par delà les discours et les idées malsaines qui traversent le film. J'ai aimé cette "incarnation", cette manière d'être envers et contre tout sous la forme d'une fidélité à soi-même que représente le parcours d'Eastwood. Dans ce cas, j'ai du mal à comprendre l'assimilation abusive d'Eastwood aux libertariens et autres fascistes. Elle est certes indubitable, mais il y a autre chose. Eastwood a toujours voulu transmettre quelque chose de lui-même qui n'a rien à voir avec le mythe (comme vous l'avez très bien montré), mais plutôt avec une sorte de devenir-homme supérieur, au sens nietzschéen du terme (j'avais employer à tort l'idée du surhomme). C'est un fait assez rare au cinéma de voir ses individualités se créer et de détacher du troupeau. On ne peut pas nier la volonté de puissance active du vieux Clint, mais très bien concevoir la forte présence des forces réactives.
Bien sûr, cette qualité n'est pas lisible, visible, elle ne se donne pas à même l'image comme ces prescriptions fascistes d'une autre époque. Il faut accepter d'aller voir derrière, et de refuser la prédominance du discours sur l'incarnation. Très phénoménologique vous allez me dire . Ça ne pèse pas bien lourd, mais ça me paraît être la "vérité-eastwood". De toute façon, après ma leçon de tennis reçue par Borges (6/2 6/1), il faut certainement préférer votre lecture, d'autant que les références à Freud et Deleuze viennent renforcer le poids de l'ensemble.
Quant à Spike Lee, j'ai un rapport étrange avec ce film. Je l'avais vu à Deauville justement, dans une salle comble, où l'acceuil avait été très bon (relayé par une presse à ce qu'il paraît impressionnée. Or j'ai entendu le contraire par la suite, l'accueil aurait été glacial). Donc, au départ, un très bon accueil public avait été réservé au film. Je pensais, sous le coup de l'émotion, qu'on tenait ici l'un des films les plus originaux de la fin d'année, une sorte de classique en devenir. Jamais je n'aurais imaginé pareil destin. Après coup, néanmoins, je n'avais pas trouvé le film si bon que ça, assez ampoulé, et je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit. J'étais étonné par la grosse bulle que Garson avait attribuée dans le conseil des 10. Était-ce justifié ? Que représente réellement ce film ?
Miracle à Santa-Anna est une sorte de Païsa trash à la sauce Lee. Son plus grand atout demeure son ironie. Et quelle ironie ! Elle s'impose constamment, jusqu'à la fin, typiquement à la Lee, où on attribue un paradis idéal, mais purement imaginaire, aux afro-américains. Tout le film doit se regarder avec cet écart en tête. Tout n'est qu'ironie, inaccessibilité, rien ne changera, puisque nous sommes, nous les noirs, toujours dans le même merdier. Reste plus que la croyance, les miracles, pour s'en sortir et pour qu'on se souvienne de nous : à travers des images, et en particulier le cinéma, même si ce cinéma, comme dans le film avec Wayne, trahira toujours la réalité.
Bref, j'avais été assez séduit par ce discours, qui plus est grand public,et qui effaçait les nombreux défauts du film. On ne pouvait que détenir un succès. Alors oui, si le film est passable, et que le public (Deauville) a bien réagit, il y a eu censure, il y a eu un contrôle quelque part. Mais lequel...
2) Passons aux choses plus sérieuses (pardonnez moi pour la longueur du passage ci-dessus, un peu inutile vis à vis d'Eastwood). Je vais vous le dire franchement : pour moi, cette polémique, ce sont des bobards. Un truc de has-been, pour le buzz, que Lee a employé pour masquer les carences de son film. Pourquoi ? Non pas pour la question qu'il soulève (essentielle), mais dans la manière dont il y répond. Vous avez raison : Lee expose des noirs, il ne crée rien. Par rapport à ce film, même Eastwood, dans certaines de ses œuvres, filme mieux les noirs que Lee. Nous sommes très loin ici des "chefs d'œuvres" de ce dernier, qui restent je pense ses 4 premiers et indispensables films. Là, il y avait un regard, une pensée de la différence, de la mobilisation, un vrai désir de poser des questions et de filmer sa communauté. Miracle à Santa-Anna, à côté, passe pour une mauvaise farce
D'autant plus, et c'est mon second argument, que le film de Lee ne se prive pas pour réserver une sort eastwoodien à une autre communauté, en l'occurrence celle de la résistance italienne. D'ailleurs, vous le soulignez à juste titre, peut-être trop discrètement. Il veut valoriser les noirs (les exposer ici), mais en singeant les résistants, qu'il fait passer pour des traitres, voire des lâches. Et que dire du peuple italien, filmé comme une bande de primitifs ahuris ? C'est tout aussi crapuleux que de ne pas filmer le noir dans le diptyque sur la guerre du vieux Clint.
Ainsi, il n'y a aucun débat entre les deux cinéastes, simplement une même logique du partage et du faire-valoir. Car ce qui me choque le plus chez Eastwood, ce ne sont pas ses élans fascistes (à la Travis Bickle si on veut, et j'en passe et des meilleurs. La comparaison avec Taxi Driver n'éclaire-t-il pas le sens de vos propos ?), mais sa manière, en bon despote, d'élire une classe plutôt qu'une autre. Ici, les bons hmongs contre la racaille. Gran Torino ne me dérangerait pas plus que ça sans ce partage, il serait ainsi plus proche de Taxi driver. Lee suit ce même principe, même si le sien est, disons, justifié par la cause défendue, "politiquement correct", alors que le même sacrifice à lieu (l'intégrité, la réalité d'une culture).
Tout ça pour en arriver à mes questions : Pourquoi ne pas défendre les vrais contrechamps ? Pourquoi opposer Lee à Eastwood, avec un prétexte de censure, plutôt que d'aller chercher ailleurs, dans les marges ? Il existe de nombreux films américains qui sont exactement des anti-Gran Torino. Par exemple, l'excellent film choisi par Erwan sur le topic du jeu sur le forum : Remember the Daze. Plus de racailles ou de bons, mais une seule et même jeunesse, malgré leurs différences. Rien de tel que pour juger de la vision délibérément idéalisée et vieillotte d'Eastwood et de sa manière, infecte, de tirer les scénarios vers des cas limites dans le seul but de faire valoir ses idées "fascistes".
D'autant plus que Remember the daze n'a pas été distribué et n'a bénéficié de très peu de soutien médiatique. Certes, il contient encore des traces du formatage du cinéma US indépendant. N'étais-ce pas avec ce type cinéma qu'il fallait riposter contre la grande machine fasciste ? Ne fallait-il pas tout bonnement recentrer les propos sur Lee, et plutôt revenir à ses premiers et magnifiques films ?
Je m'égare p-e, ce texte n'est nullement un reproche (vous l'aurez compris). Je cherche bien entendu à épouser votre réflexion pour y voir, moi aussi, plus clair comme dit
Bonne après midi
Pas de miracle pour les spectres, Clint et les interventions des Borges sur le forum des cdc constituent l'ensemble de textes le plus riche que j'ai pu lire sur le dernier Eastwood. Comme d'habitude, vous cherchez à démonter les agencements de la grande machine fasciste d'aujourd'hui, même dans les endroits où on ne l'attend pas vraiment, ici chez Eastwood, tantôt chez Folman, et par delà les consensus critiques. J'aimerais, dans les lignes qui suivent, réagir à votre travail autour de deux grands axes 1) sur Eastwood même, ainsi que sur Spike Lee 2) sur les "limites" de l'article et sur les films qu'on pourrait défendre contre justement ces attitudes que vous dénoncez.
1) Je n'ai pas caché sur le forum des cahiers mon enthousiasme pour Gran Torino, par delà les discours et les idées malsaines qui traversent le film. J'ai aimé cette "incarnation", cette manière d'être envers et contre tout sous la forme d'une fidélité à soi-même que représente le parcours d'Eastwood. Dans ce cas, j'ai du mal à comprendre l'assimilation abusive d'Eastwood aux libertariens et autres fascistes. Elle est certes indubitable, mais il y a autre chose. Eastwood a toujours voulu transmettre quelque chose de lui-même qui n'a rien à voir avec le mythe (comme vous l'avez très bien montré), mais plutôt avec une sorte de devenir-homme supérieur, au sens nietzschéen du terme (j'avais employer à tort l'idée du surhomme). C'est un fait assez rare au cinéma de voir ses individualités se créer et de détacher du troupeau. On ne peut pas nier la volonté de puissance active du vieux Clint, mais très bien concevoir la forte présence des forces réactives.
Bien sûr, cette qualité n'est pas lisible, visible, elle ne se donne pas à même l'image comme ces prescriptions fascistes d'une autre époque. Il faut accepter d'aller voir derrière, et de refuser la prédominance du discours sur l'incarnation. Très phénoménologique vous allez me dire . Ça ne pèse pas bien lourd, mais ça me paraît être la "vérité-eastwood". De toute façon, après ma leçon de tennis reçue par Borges (6/2 6/1), il faut certainement préférer votre lecture, d'autant que les références à Freud et Deleuze viennent renforcer le poids de l'ensemble.
Quant à Spike Lee, j'ai un rapport étrange avec ce film. Je l'avais vu à Deauville justement, dans une salle comble, où l'acceuil avait été très bon (relayé par une presse à ce qu'il paraît impressionnée. Or j'ai entendu le contraire par la suite, l'accueil aurait été glacial). Donc, au départ, un très bon accueil public avait été réservé au film. Je pensais, sous le coup de l'émotion, qu'on tenait ici l'un des films les plus originaux de la fin d'année, une sorte de classique en devenir. Jamais je n'aurais imaginé pareil destin. Après coup, néanmoins, je n'avais pas trouvé le film si bon que ça, assez ampoulé, et je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit. J'étais étonné par la grosse bulle que Garson avait attribuée dans le conseil des 10. Était-ce justifié ? Que représente réellement ce film ?
Miracle à Santa-Anna est une sorte de Païsa trash à la sauce Lee. Son plus grand atout demeure son ironie. Et quelle ironie ! Elle s'impose constamment, jusqu'à la fin, typiquement à la Lee, où on attribue un paradis idéal, mais purement imaginaire, aux afro-américains. Tout le film doit se regarder avec cet écart en tête. Tout n'est qu'ironie, inaccessibilité, rien ne changera, puisque nous sommes, nous les noirs, toujours dans le même merdier. Reste plus que la croyance, les miracles, pour s'en sortir et pour qu'on se souvienne de nous : à travers des images, et en particulier le cinéma, même si ce cinéma, comme dans le film avec Wayne, trahira toujours la réalité.
Bref, j'avais été assez séduit par ce discours, qui plus est grand public,et qui effaçait les nombreux défauts du film. On ne pouvait que détenir un succès. Alors oui, si le film est passable, et que le public (Deauville) a bien réagit, il y a eu censure, il y a eu un contrôle quelque part. Mais lequel...
2) Passons aux choses plus sérieuses (pardonnez moi pour la longueur du passage ci-dessus, un peu inutile vis à vis d'Eastwood). Je vais vous le dire franchement : pour moi, cette polémique, ce sont des bobards. Un truc de has-been, pour le buzz, que Lee a employé pour masquer les carences de son film. Pourquoi ? Non pas pour la question qu'il soulève (essentielle), mais dans la manière dont il y répond. Vous avez raison : Lee expose des noirs, il ne crée rien. Par rapport à ce film, même Eastwood, dans certaines de ses œuvres, filme mieux les noirs que Lee. Nous sommes très loin ici des "chefs d'œuvres" de ce dernier, qui restent je pense ses 4 premiers et indispensables films. Là, il y avait un regard, une pensée de la différence, de la mobilisation, un vrai désir de poser des questions et de filmer sa communauté. Miracle à Santa-Anna, à côté, passe pour une mauvaise farce
D'autant plus, et c'est mon second argument, que le film de Lee ne se prive pas pour réserver une sort eastwoodien à une autre communauté, en l'occurrence celle de la résistance italienne. D'ailleurs, vous le soulignez à juste titre, peut-être trop discrètement. Il veut valoriser les noirs (les exposer ici), mais en singeant les résistants, qu'il fait passer pour des traitres, voire des lâches. Et que dire du peuple italien, filmé comme une bande de primitifs ahuris ? C'est tout aussi crapuleux que de ne pas filmer le noir dans le diptyque sur la guerre du vieux Clint.
Ainsi, il n'y a aucun débat entre les deux cinéastes, simplement une même logique du partage et du faire-valoir. Car ce qui me choque le plus chez Eastwood, ce ne sont pas ses élans fascistes (à la Travis Bickle si on veut, et j'en passe et des meilleurs. La comparaison avec Taxi Driver n'éclaire-t-il pas le sens de vos propos ?), mais sa manière, en bon despote, d'élire une classe plutôt qu'une autre. Ici, les bons hmongs contre la racaille. Gran Torino ne me dérangerait pas plus que ça sans ce partage, il serait ainsi plus proche de Taxi driver. Lee suit ce même principe, même si le sien est, disons, justifié par la cause défendue, "politiquement correct", alors que le même sacrifice à lieu (l'intégrité, la réalité d'une culture).
Tout ça pour en arriver à mes questions : Pourquoi ne pas défendre les vrais contrechamps ? Pourquoi opposer Lee à Eastwood, avec un prétexte de censure, plutôt que d'aller chercher ailleurs, dans les marges ? Il existe de nombreux films américains qui sont exactement des anti-Gran Torino. Par exemple, l'excellent film choisi par Erwan sur le topic du jeu sur le forum : Remember the Daze. Plus de racailles ou de bons, mais une seule et même jeunesse, malgré leurs différences. Rien de tel que pour juger de la vision délibérément idéalisée et vieillotte d'Eastwood et de sa manière, infecte, de tirer les scénarios vers des cas limites dans le seul but de faire valoir ses idées "fascistes".
D'autant plus que Remember the daze n'a pas été distribué et n'a bénéficié de très peu de soutien médiatique. Certes, il contient encore des traces du formatage du cinéma US indépendant. N'étais-ce pas avec ce type cinéma qu'il fallait riposter contre la grande machine fasciste ? Ne fallait-il pas tout bonnement recentrer les propos sur Lee, et plutôt revenir à ses premiers et magnifiques films ?
Je m'égare p-e, ce texte n'est nullement un reproche (vous l'aurez compris). Je cherche bien entendu à épouser votre réflexion pour y voir, moi aussi, plus clair comme dit
Bonne après midi
Le_comte- Messages : 336
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
C'est un fait assez rare au cinéma de voir ses individualités se créer et de détacher du troupeau.
Salut Le_comte; merci de discuter.
C'est pas sérieux ce que tu dis dans cette phrase; c'est la définition même du cinéma américain; selon Deleuze, le cinéma américain, l'image-action (le rêve américain) c'est essentiellement deux choses : la naissance d'une nation (composée d'individus de provenances diverses), et l'individualité "supérieure" capable de répondre aux exigences de la situation; on retrouve ces deux idées dans le dernier Eastwood; non?
Borges- Messages : 6044
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Hello Le_compte, Borges,
Ce passage que tu retiens de la réponse de Le_compte nous renvoie bien sûr à "Le Rebelle" de Vidor, donc à Ayn Rand, donc aux libertariens. Eastwood figure sur la liste des réalisateurs susceptibles d'adapter un de ses bouquins au cinéma.
Bon, sinon merci pour ta lecture attentive Le_compte. En effet nous aurions pu choisir un autre agencement pour évoquer le film d'Eastwood, peut-être meilleur. Faut pas perdre de vue que même si nous sommes critiques envers le dernier SL, on peut toujours lire en filigrane dans ces critiques un "contrechamp meilleur". Ceci dit, il ne s'agissait précisément pas ici pour nous de proposer un contre-feu au film de CE, enfin je ne crois pas, GLJ te précisera peut-être. Il s'agissait plutôt d'étudier un peu où en est la situation aujourd'hui entre les deux...
Sur la représentation des résistants par Lee, je te répondrais que ça n'est pas la seule chose qui m'ait choqué, j'ai aussi constaté que les personnages portoricains étaient assez portés sur la chose, la femme qui saute sur le mec qui fait tomber son journal par la fenêtre, et surtout le soldat qui crée la zizanie dans la compagnie parce qu'il veut se faire la belle italienne.. peut-être s'agit-il d'une coïncidence, peut-être pas.. Spike Lee, ironique sur ce coup-là ? mouais.. je vais commencer à croire qu'il faut que je m'achète un détecteur d'ironie après le coup de Godard ...
Je n'ai pas vu "Remember the daze", je ne sais pas GLJ. Merci du conseil, j'essaierai de le voir à l'occasion.
Ce passage que tu retiens de la réponse de Le_compte nous renvoie bien sûr à "Le Rebelle" de Vidor, donc à Ayn Rand, donc aux libertariens. Eastwood figure sur la liste des réalisateurs susceptibles d'adapter un de ses bouquins au cinéma.
Bon, sinon merci pour ta lecture attentive Le_compte. En effet nous aurions pu choisir un autre agencement pour évoquer le film d'Eastwood, peut-être meilleur. Faut pas perdre de vue que même si nous sommes critiques envers le dernier SL, on peut toujours lire en filigrane dans ces critiques un "contrechamp meilleur". Ceci dit, il ne s'agissait précisément pas ici pour nous de proposer un contre-feu au film de CE, enfin je ne crois pas, GLJ te précisera peut-être. Il s'agissait plutôt d'étudier un peu où en est la situation aujourd'hui entre les deux...
Sur la représentation des résistants par Lee, je te répondrais que ça n'est pas la seule chose qui m'ait choqué, j'ai aussi constaté que les personnages portoricains étaient assez portés sur la chose, la femme qui saute sur le mec qui fait tomber son journal par la fenêtre, et surtout le soldat qui crée la zizanie dans la compagnie parce qu'il veut se faire la belle italienne.. peut-être s'agit-il d'une coïncidence, peut-être pas.. Spike Lee, ironique sur ce coup-là ? mouais.. je vais commencer à croire qu'il faut que je m'achète un détecteur d'ironie après le coup de Godard ...
Je n'ai pas vu "Remember the daze", je ne sais pas GLJ. Merci du conseil, j'essaierai de le voir à l'occasion.
Invité- Invité
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
JM a écrit:Hello Le_compte, Borges,
Ce passage que tu retiens de la réponse de Le_compte
Bon, sinon merci pour ta lecture attentive Le_compte.
3 fois de suite, le compte est-il bon ? Je crois en tout cas qu'il a son compte.
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
salut le comte, jm, borges, largo,
pour repondre rapidement à le comte, le texte " pas de miracle..." ne fait pas que voir l'aspect fascisant et libertaire d'Eastwood ( même si cela représente une part non négligable de son oeuvre et plutot dissimulé aux yeux du grand public : c'est pour cette raison que les Spectres appuient peut-être un peu lourdement la-dessus ) , il essaye de prendre à bras le corps tous les aspects qui travaillent le cinéaste dans ces films et de voir ou en est le bonhomme au jour d'aujourd'hui avec ses démons.
Pour ce qui est de la polémique avec Lee, elle est peut-être monté en épingle par celui-ci mais d'un autre coté elle fixe le point essentiel de la visibilité d'une oeuvre d'un cinéaste blanc par rapport à celle d'un cinéaste noir. Elle concrétise et cristallise un état de fait dans la distribution des films à l'heure actuelle. Elle dit aussi des choses sur Eastwood, sur son rapport à la communauté noire je trouve.
Cela dit le film de Lee n'est pas très bon ( voir par moment très mauvais ) mais c'est autre chose comme le dit jm qui nous a intéressé ici.
Je n'ai pas vu " remenber the daze" malheureusement.
pour repondre rapidement à le comte, le texte " pas de miracle..." ne fait pas que voir l'aspect fascisant et libertaire d'Eastwood ( même si cela représente une part non négligable de son oeuvre et plutot dissimulé aux yeux du grand public : c'est pour cette raison que les Spectres appuient peut-être un peu lourdement la-dessus ) , il essaye de prendre à bras le corps tous les aspects qui travaillent le cinéaste dans ces films et de voir ou en est le bonhomme au jour d'aujourd'hui avec ses démons.
Pour ce qui est de la polémique avec Lee, elle est peut-être monté en épingle par celui-ci mais d'un autre coté elle fixe le point essentiel de la visibilité d'une oeuvre d'un cinéaste blanc par rapport à celle d'un cinéaste noir. Elle concrétise et cristallise un état de fait dans la distribution des films à l'heure actuelle. Elle dit aussi des choses sur Eastwood, sur son rapport à la communauté noire je trouve.
Cela dit le film de Lee n'est pas très bon ( voir par moment très mauvais ) mais c'est autre chose comme le dit jm qui nous a intéressé ici.
Je n'ai pas vu " remenber the daze" malheureusement.
glj- Messages : 518
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Merci
Je me suis peut-être emporté en disant trop vite que le débat était uniquement "médiatique". Surtout que ces questions sont au centre de vos projets. Il y a pour moi un goût de trop peu, je ne sais pas. Par exemple, vous auriez pu évoquer Benjamin Button, dans lequel une scène m'avait particulièrement choquée : celle où des noirs s'asseyaient dans le tram alors qu'on sait très bien que c'était impossible à l'époque. Mais c'est un autre débat.
Borges : oui, mais chez Eastwood, j'ai l'impression que c'est différent, ce ne sont pas les mêmes modalités que dans Le rebelle que JM cite. Je ne comprends pas comment tu arrives à prendre les images pour identiques, égales, les unes aux autres. L'agencement peut aussi se jouer à un autre niveau. Il y a des propriétés différentes, des "profondeurs" variables. Comparer Eastwood au personnage du Vidor, il y a quelque chose de réducteur, tout comme réduire à ce pôle unique. (tu as surement raison, je parle encore dans le vide)
JM : J'avais oublié le cas du portoricain. Lee, et ce n'est plus à prouver maintenant , s'est complètement planté avec ce film, estwoodenement parlant (ils sont les mêmes ici). Ironique ? Son film ne l'est pas sur ces points là, mais bien dans sa conclusion sur la place des noirs (comme je l'ai écrit). Il serait étonnant que Lee prenne au sérieux toute cette histoire de miracle,etc. C'est pour moi le point fort du film, ce qui le sauve. Penses-tu que Lee se contenterait d'un paradis pour les noirs ? Il ne les transforme pas en effigie, il y a une ambiguïté, une ironie.
Je me suis peut-être emporté en disant trop vite que le débat était uniquement "médiatique". Surtout que ces questions sont au centre de vos projets. Il y a pour moi un goût de trop peu, je ne sais pas. Par exemple, vous auriez pu évoquer Benjamin Button, dans lequel une scène m'avait particulièrement choquée : celle où des noirs s'asseyaient dans le tram alors qu'on sait très bien que c'était impossible à l'époque. Mais c'est un autre débat.
Borges : oui, mais chez Eastwood, j'ai l'impression que c'est différent, ce ne sont pas les mêmes modalités que dans Le rebelle que JM cite. Je ne comprends pas comment tu arrives à prendre les images pour identiques, égales, les unes aux autres. L'agencement peut aussi se jouer à un autre niveau. Il y a des propriétés différentes, des "profondeurs" variables. Comparer Eastwood au personnage du Vidor, il y a quelque chose de réducteur, tout comme réduire à ce pôle unique. (tu as surement raison, je parle encore dans le vide)
JM : J'avais oublié le cas du portoricain. Lee, et ce n'est plus à prouver maintenant , s'est complètement planté avec ce film, estwoodenement parlant (ils sont les mêmes ici). Ironique ? Son film ne l'est pas sur ces points là, mais bien dans sa conclusion sur la place des noirs (comme je l'ai écrit). Il serait étonnant que Lee prenne au sérieux toute cette histoire de miracle,etc. C'est pour moi le point fort du film, ce qui le sauve. Penses-tu que Lee se contenterait d'un paradis pour les noirs ? Il ne les transforme pas en effigie, il y a une ambiguïté, une ironie.
Le_comte- Messages : 336
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Le_comte a écrit:Je me suis peut-être emporté en disant trop vite que le débat était uniquement "médiatique". Surtout que ces questions sont au centre de vos projets. Il y a pour moi un goût de trop peu, je ne sais pas. Par exemple, vous auriez pu évoquer Benjamin Button, dans lequel une scène m'avait particulièrement choquée : celle où des noirs s'asseyaient dans le tram alors qu'on sait très bien que c'était impossible à l'époque. Mais c'est un autre débat.
Là dessus, je peux te renvoyer à notre critique du film de Fincher qui insistait sur ce point :
Cependant, étonnant de constater que le scénariste du film a transformé une petite remarque entre parenthèses du père de Benjamin Button qui reflétait avec beaucoup d'ironie l'état d'esprit de l'époque (fin de la guerre de Sécession) des bourgeois blancs vis-à-vis des noirs (après la naissance de son fils, en passant avec lui près d'un marché aux esclaves, Fitzgerald écrit : "pendant un court instant de désespoir M. Button avait regretté amèrement que son fils ne soit pas noir") en une grosse reconstitution de la Nouvelle-Orléans du début du siècle où nulle part, si je me souviens bien, n'apparaît la ségrégation : c'est aussi ça l'horloge qui remonte le temps pour effacer les erreurs de l'Histoire, elle fonctionne dirait-on à l'intérieur même du film de Fincher, elle travaille dangereusement (négationnisme) le scénario. En fait, la fameuse phrase prononcée par le père dans le bouquin est prononcée par la mère noire d'adoption dans le film. C'est-à-dire que cette phrase se fait d'un coup, dans le film, auto-réflexive : les noirs rigolent et nous font rigoler de leur condition d'alors (vieux cliché hollywoodien).
Et le scénariste d'inventer un nouveau personnage, un freak, à l'intérieur même des personnages noirs du film tous bien intégrés : c'est le pygmée qui va donner une leçon de vie à Benjamin Button, lui apprendre que les gens comme eux, différents, sont toujours seuls. Le procédé semble foncièrement malhonnête, mais qu'importe, Fincher le sage - comme on aime aujourd'hui à nous le présenter - nous répondra que c'est cela, la "magie du cinéma".
http://spectresducinema.blogspot.com/2009/02/critiques-vos-papiers-letrange-histoire.html
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Ok, très juste sur BB. Ce négationnisme propre aux grosses productions est vraiment le point faible qui mine le cinéma américain (le meilleur cinéma hollywoodien, celui que j'aime, s'oppose à cette tendance, du moins en grande partie) . Fincher me paraît bien plus à droite que d'autres.
J'aurais une question générale à vous poser (elle est bête, mais c'est pour un point de vue méthodologique, car je n'arrive pas toujours à vous suivre). J'ai vu avant-hier Le port de la drogue de Fuller, et je repensais justement aux spectres. Pour vous, ce film est-il "anti-communiste", de "droite" ? Je prends ce film, mais on pourrait également faire intervenir les meilleurs cinéastes américains classiques, ou prendre des films comme Naked city de Dassin, analyser le partage des places chez Minnelli, etc.
J'aurais une question générale à vous poser (elle est bête, mais c'est pour un point de vue méthodologique, car je n'arrive pas toujours à vous suivre). J'ai vu avant-hier Le port de la drogue de Fuller, et je repensais justement aux spectres. Pour vous, ce film est-il "anti-communiste", de "droite" ? Je prends ce film, mais on pourrait également faire intervenir les meilleurs cinéastes américains classiques, ou prendre des films comme Naked city de Dassin, analyser le partage des places chez Minnelli, etc.
Le_comte- Messages : 336
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Le_comte a écrit: Pour vous, ce film est-il "anti-communiste", de "droite" ?
Ben, tout dépend de la configuration de départ de ton DVD. Soit tu mets la v.o., auquel cas il est anticommuniste. Soit tu mets la v.f., et là, il est antinarcotique. CQFD
Cela étant, red scare movie ou film "droitiste", ça n'en demeure pas moins un putain de morceau de cinéma...
lorinlouis- Messages : 1691
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
lol, j'ai entendu cette histoire, c'est assez incroyable quand même. Les films de Fuller ont vraiment connu un massacre en VF, que soit les titres de films (The naked kiss traduit dans cet idiot "police spéciale"...) ou, dans le cas présent, le film lui-même.
Le_comte- Messages : 336
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Le_comte a écrit:
JM : J'avais oublié le cas du portoricain. Lee, et ce n'est plus à prouver maintenant , s'est complètement planté avec ce film, estwoodenement parlant (ils sont les mêmes ici). Ironique ? Son film ne l'est pas sur ces points là, mais bien dans sa conclusion sur la place des noirs (comme je l'ai écrit). Il serait étonnant que Lee prenne au sérieux toute cette histoire de miracle,etc. C'est pour moi le point fort du film, ce qui le sauve. Penses-tu que Lee se contenterait d'un paradis pour les noirs ? Il ne les transforme pas en effigie, il y a une ambiguïté, une ironie.
Salut,
Je ne comprends pas ton histoire de "paradis pour les noirs", je vois pas en quoi c'est un paradis pour les noirs puisqu'il y retrouve le jeune italien...
Pour le reste, si si c'est très proche Eastwood et Le Rebelle, l'idée du génie qui s'auto-détruit pour emmener son oeuvre dans sa tombe, c'est proche de ce que fait Eastwood avec "GT", non ?
lOlO :
Fuller, anti-communiste, certainement, mais pas à la manière des crevures qui ont soutenu et participé au McCarthysme à Hollywood, des noms ?
Je comprends mal tes interrogations Le_compte, je vois pas bien où on va avec ça..
Invité- Invité
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
JM a écrit:
Fuller, anti-communiste, certainement, mais pas à la manière des crevures qui ont soutenu et participé au McCarthysme à Hollywood, des noms ?
Moi, je n'en donnerai pas...
Au fait, JM, Largo a raison: tu as quelques obnubilations comptables en ce moment...
lorinlouis- Messages : 1691
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Le_comte a écrit:Merci
Borges : oui, mais chez Eastwood, j'ai l'impression que c'est différent, ce ne sont pas les mêmes modalités que dans Le rebelle que JM cite. Je ne comprends pas comment tu arrives à prendre les images pour identiques, égales, les unes aux autres. L'agencement peut aussi se jouer à un autre niveau. Il y a des propriétés différentes, des "profondeurs" variables. Comparer Eastwood au personnage du Vidor, il y a quelque chose de réducteur, tout comme réduire à ce pôle unique. (tu as surement raison, je parle encore dans le vide)
Hello Le comte; je n'ai jamais dit que c'était la même chose; je n'ai pas rapproché du film de Vidor; j'ai rien dit, en fait, sinon que Deleuze définissait l'image-action, l'ensemble du cinéma américain par l'idée de la nation, du groupe, et de l'individualité capable de répondre à la situation; c'est tout. Et naturellement Deleuze ne dit pas que tout le cinéma américain c'est ça, qu'il n'y a pas de variation, etc.; par exemple, le rêve américain (donc l'image-action) chez Kazan, c'est pas celui de Ford...
Borges- Messages : 6044
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
JM a écrit:
Pour le reste, si si c'est très proche Eastwood et Le Rebelle, l'idée du génie qui s'auto-détruit pour emmener son oeuvre dans sa tombe, c'est proche de ce que fait Eastwood avec "GT", non ?
Non.
Borges- Messages : 6044
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
lorinlouis a écrit:Le_comte a écrit: Pour vous, ce film est-il "anti-communiste", de "droite" ?
Ben, tout dépend de la configuration de départ de ton DVD. Soit tu mets la v.o., auquel cas il est anticommuniste. Soit tu mets la v.f., et là, il est antinarcotique. CQFD
Cela étant, red scare movie ou film "droitiste", ça n'en demeure pas moins un putain de morceau de cinéma...
Ah ah ah, Lolo, on attend ton stadn up avec impatience !
DB- Messages : 1528
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Salut
Oui, je ne suis pas clair, c'est la canicule belge qui me fait trop d'effets lol. Je vais reprendre mes niaiseries en tentant de me faire mieux comprendre (ça n'a plus vraiment de rapport avec l'article, ça le prolonge pourrait-on dire)
Comme je vous l'ai dit, lire les spectres pour moi est devenu indispensable. D'une part afin de ne plus être berné par ce que je lis ou entends ou vois (comme avec Gran Torino par exemple), et d'autre part pour remettre en question l'establishment cinéphilique, ses auteurs de prédilections, ses hiérarchies, son manque d'ouverture, ses nombreuses impasses critiques et théoriques, ses incohérences internes, ses tendances politiques, etc.
C'est donc en tant que spectateur-lecteur, en vue d'une expérience personnelle de cinéma, d'écriture et de critique que je vous pose ses questions (pcq vos textes et vos forums sont excellents). Quelles sont ces questions ?
Quelle est la "politique" des spectres, votre ligne de conduite ? Comment choisissez-vous vos films ? Sous-questions : quel regard portez-vous sur le cinéma américain classique et son idéologie ? Par exemple, le Fuller (la plupart de ses films), malgré son côté "droite", rend visible des mondes et des personnages voilés (Moe,...), ce qui en fait, esthétiquement et moralement, un cinéaste de gauche. Comme, d'ailleurs, la plupart des grands cinéastes américains classiques. Comment gérez-vous ce "paradoxe" ? Que représente-t-il ? Quel rapport avez-vous avec cet héritage, ce spectre, encore aujourd'hui bien présent, dans les meilleurs films US ?
Il est évident que Eastwood touche de près à ces questions.
Pour moi, ces questions sont importantes pour vous suivre et me repérer dans vos excellents textes, pour ensuite en faire le meilleur usage possible. Or, comme vous le constatez, j'ai des difficulté à me retrouver dans votre "politique", à saisir réellement où vous emmenez votre lecteur (Je ne vous fais aucun reproche ! Je n'oserais pas ! Tout est lié à ma démarche personnelle)
Putain je suis méga-lourd ! Vraiment désolé, vous n'êtes pas obligé de répondre, tellement ça semble niais. Je crois que j'ai eu mon comte cette fois-ci !
Aller je vais continuer à faire griller mes pauvres neurones, bonne canicule à tous
Oui, je ne suis pas clair, c'est la canicule belge qui me fait trop d'effets lol. Je vais reprendre mes niaiseries en tentant de me faire mieux comprendre (ça n'a plus vraiment de rapport avec l'article, ça le prolonge pourrait-on dire)
Comme je vous l'ai dit, lire les spectres pour moi est devenu indispensable. D'une part afin de ne plus être berné par ce que je lis ou entends ou vois (comme avec Gran Torino par exemple), et d'autre part pour remettre en question l'establishment cinéphilique, ses auteurs de prédilections, ses hiérarchies, son manque d'ouverture, ses nombreuses impasses critiques et théoriques, ses incohérences internes, ses tendances politiques, etc.
C'est donc en tant que spectateur-lecteur, en vue d'une expérience personnelle de cinéma, d'écriture et de critique que je vous pose ses questions (pcq vos textes et vos forums sont excellents). Quelles sont ces questions ?
Quelle est la "politique" des spectres, votre ligne de conduite ? Comment choisissez-vous vos films ? Sous-questions : quel regard portez-vous sur le cinéma américain classique et son idéologie ? Par exemple, le Fuller (la plupart de ses films), malgré son côté "droite", rend visible des mondes et des personnages voilés (Moe,...), ce qui en fait, esthétiquement et moralement, un cinéaste de gauche. Comme, d'ailleurs, la plupart des grands cinéastes américains classiques. Comment gérez-vous ce "paradoxe" ? Que représente-t-il ? Quel rapport avez-vous avec cet héritage, ce spectre, encore aujourd'hui bien présent, dans les meilleurs films US ?
Il est évident que Eastwood touche de près à ces questions.
Pour moi, ces questions sont importantes pour vous suivre et me repérer dans vos excellents textes, pour ensuite en faire le meilleur usage possible. Or, comme vous le constatez, j'ai des difficulté à me retrouver dans votre "politique", à saisir réellement où vous emmenez votre lecteur (Je ne vous fais aucun reproche ! Je n'oserais pas ! Tout est lié à ma démarche personnelle)
Putain je suis méga-lourd ! Vraiment désolé, vous n'êtes pas obligé de répondre, tellement ça semble niais. Je crois que j'ai eu mon comte cette fois-ci !
Aller je vais continuer à faire griller mes pauvres neurones, bonne canicule à tous
Le_comte- Messages : 336
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
à moi, comte, deux mots :
"Ne plus être berné" : oui, sans doute, c'est un beau voeu. Et l'immortel Cicéron le disait déjà dans son immortel traité sur l'amitié : "qu'y a-t-il de plus honteux que d'être trompé ?" - Quid autem turpius quam illudi ? (je le mets en latin, pour faire mon beau.)
Il le disait sous forme de question, mais tu sens bien comme moi que ce n'en est pas une, que ce n'est qu'une de ces fichues armes rhétoriques destinées à nous faire acquiescer. Soit. Alors prenons Cicéron à son petit jeu, et faisons comme si, la question, il la posait vraiment. Quid autem turpius quam illudi ? Qu'y a-t-il de plus honteux que d'être trompé ? Je dirais : croire qu'on ne l'est jamais.
Quant à l'autre, déboulonner l'establishment des statues de commandeur de la critique, tout ça, c'est bien joli, mais on n'est pas obligé d'aimer ce genre de luttes de pouvoir. En tout cas, je préfèrerais ne pas. Car on peut rêver de bien autre chose ; et, par exemple, de n'être jamais le roi du monde (même pas du petit monde de la cinéphilie).
J'ai bien failli m'étrangler tout de même. Ces ambitions, l'une et l'autre, ne me paraissent pas terribles : et même, je dirai que je les trouve terribles, vraiment.D'une part afin de ne plus être berné par ce que je lis ou entends ou vois (comme avec Gran Torino par exemple), et d'autre part pour remettre en question l'establishment cinéphilique, ses auteurs de prédilections, ses hiérarchies, son manque d'ouverture, ses nombreuses impasses critiques et théoriques, ses incohérences internes, ses tendances politiques, etc.
"Ne plus être berné" : oui, sans doute, c'est un beau voeu. Et l'immortel Cicéron le disait déjà dans son immortel traité sur l'amitié : "qu'y a-t-il de plus honteux que d'être trompé ?" - Quid autem turpius quam illudi ? (je le mets en latin, pour faire mon beau.)
Il le disait sous forme de question, mais tu sens bien comme moi que ce n'en est pas une, que ce n'est qu'une de ces fichues armes rhétoriques destinées à nous faire acquiescer. Soit. Alors prenons Cicéron à son petit jeu, et faisons comme si, la question, il la posait vraiment. Quid autem turpius quam illudi ? Qu'y a-t-il de plus honteux que d'être trompé ? Je dirais : croire qu'on ne l'est jamais.
Quant à l'autre, déboulonner l'establishment des statues de commandeur de la critique, tout ça, c'est bien joli, mais on n'est pas obligé d'aimer ce genre de luttes de pouvoir. En tout cas, je préfèrerais ne pas. Car on peut rêver de bien autre chose ; et, par exemple, de n'être jamais le roi du monde (même pas du petit monde de la cinéphilie).
Eyquem- Messages : 3126
Re: #3 - Pas de miracle pour les Spectres, Clint
Y'a véritablement quelque chose de Stewart dans les mimiques du méchant Eastwood, dans ses yeux plissés quand il est pas content. lol
Invité- Invité
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