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La piel que habito (P. Almodovar, 2011)

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Message par Largo Mar 30 Aoû 2011 - 15:10

Largo a écrit :
Dans les films de l'été, on a eu aussi un bon Almodovar

Eyquem a écrit :

J'aime bien certains Almodovar, sans en être fou. Mais celui-là m'a semblé nanardesque d'un bout à l'autre. Il y a beaucoup de scènes extrêmement risquées et je suis pas sûr qu'elles en vaillent la chandelle.
Le seul truc que je me suis dit en voyant ce film tiré à quatre épingles, c'est qu'il y avait trop d'argent dans le cinéma.

Pourquoi devant ce film-là en particulier et pas Transformers 3 ou La Planète des singes, en fait ?

Moi, j'ai trouvé qu'Almodovar s'en tirait pas trop mal de ses quatre épingles. On retrouve un peu le même plaisir éprouvé devant les grands films noirs américains du style : "qu'importe la vraisemblance, pourvu qu'on ait l'ivresse".

J'aime bien cette tendance à dériver vers le conte foutraque, quand la noirceur du récit est désamorcée par le surgissement du grotesque (le personnage de "l'homme-tigre").

Et puis, j'aime bien aussi Louise Bourgeois (dont quasiment aucun critique n'a parlé alors qu'elle joue un rôle important dans le film. Dans le générique Almodovar remercie LB pour ses oeuvres qui ont "sauvé" le personnage de Vera/Vincent). Enfin, je dis j'aime bien, je sais pas si c'est le mot. Disons que ça m'a marqué. Quand on déambule entre les pattes de son énorme araignée, en général, on s'en souvient.

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Quelqu'un a lu le roman de Jonquet (Mygale) ?
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Message par adeline Dim 4 Sep 2011 - 10:05

'lo Largo,

mais n'as-tu pas trouvé que le film peinait à démarrer ? Que les personnages de la mère, du tigre, l'histoire de l'accident de voiture, celle entre le frère et le femme, tout cela était mal écrit, mal défini, désincarné ?

J'ai vraiment détesté les deux premiers tiers du film. Rien n'est lié, rien ne tient, rien ne répond à rien. Parfois, je suis saisie par la force romanesque d'Almodovar. Je n'aime pas trop son cinéma, mais il parvient de temps à autre à atteindre un équilibre qui me touche. Là, je trouve que la machine narrative tourne à vide, rien n'existe en dehors de la volonté de dramatisation.

Mais aux deux tiers du film, au moment de la scène du mariage qui est sans doute la plus belle scène, avant l'étrange tentative de viol, quelque chose commence à se nouer, et finalement le film s'en sort un peu lorsqu'il s'intéresse à ce qui aurait dû être son seul sujet, Véra. Là, j'ai commencé à sentir un film, une histoire, un personnage et de l'émotion. Sans pour autant que ça soit grandiose.

Je n'ai pas lu le roman, mais j'ai trouvé inutiles les pistes autour de la déontologie médicale. Elles avortent et ne crée rien. La référence aux Yeux sans visage n'est vraiment pas à l'avantage d'Almodovar.

adeline

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Message par Van Stratten Mar 27 Sep 2011 - 12:12

Salut,
Voici des choses posées hier dans l'urgence (j'en avais bien davantage à écrire, mais je ne le ferai pas), à lire si vous voulez - c'est très brouillon, désolé. En fait je passe pour m'absenter : je vais désormais me consacrer à un examen plutôt coton, toutes affaires cessantes donc. Mais ceci est une façon de vous faire signe auparavant, et de vous dire aussi que je vous lis, spectres, régulièrement, et que malgré les inévitables manques de discernement, et surtout de mesure (certains propos outranciers, mais sporadiques) bref je trouve que beaucoup ici écrivent des choses passionnantes (premier texte au sujet d'Habemus papam par exemple, lu hier - c'était je crois de Raphaël 'Largo'). Continuez donc, et depuis mon silence je ne manquerai pas de vous lire,
Bien à vous.

26 09 2011

En vrac pour ne rien perdre.
Straub. Repensé aux débuts des Straub. Mis en parallèle à Godard, ça fait sens. Je pense au Petit soldat, à Masculin Féminin ou à Vivre sa vie dans une moindre mesure (c’est aussi politique) ou encore à Bande à part ou à Alphaville, d’abord pour la forme, mais aussi pour la quête d’un système formel, la mise en place d’une geste de cinéma, toujours pas achevée à ce jour, (et combien ! mais je voudrais tout de même bien voir les derniers Straub, tous manqués depuis longtemps) bref à ces quelques Godard des années soixante que j’affectionne (du verbe affectionner qui finalement n’est pas si mal que ça, parce qu’il est différent de aimer, des films qui m’ont donné un peu d’affect, donc d’abord des films « en forme »).
Ces deux films sont très impressionnants, et particulièrement Machorka Muff, malgré (ou à cause de ?) la distance littérale établie d’emblée avec le personnage. Finalement c’est la même forme que quête encore un Skolimowski (et il a raison) particulièrement avec le labyrinthique Ferdydurke (celui là je voudrais bien le revoir).
Tant et tant de films que je n’ai pas vus non plus. Ruiz, Skolimowski en Pologne, tant des Straubfilms, Biette, Varda aussi tiens.

Ai-je affectionné le dernier film d’Almodovar ? Je crois. C’est étrange. J’ai détesté chaudement le précédent, C trouve que le dernier est dans la même lignée, froid, et surtout très artificiel, sans chair, donc ( ?) sans âme. Cela s’appelle La peau que j’habite. Il est sous-entendu que ce n’est pas sa peau (celle du personnage) mais une nouvelle peau, on le découvre dans le film, que Vincente a dû prendre contraint et forcé. Parviendra-t-il à l’habiter ? Le film répond franchement oui, et c’est cela qui m’a convaincu (« convaincu » est froid, tout de même).

Qu’il puisse entrer désormais (je l’ai compris en vivant un désaccord complet avec C) une telle part de subjectivité dans la relation que l’on a d’emblée à un film (et non seulement à son souvenir) me laisse inquiet, préoccupé, un peu pessimiste quant à la suite (pour le cinéma, pour son devenir). Alors moi j’y aurais cru, et C, non ? Et il faudrait se résoudre à cela ? Trouver que c’est suffisant ?
Je pourrais écrire, je le ferai sans doute, beaucoup de choses à propos de La piel que habito, mais d’abord je bute sur cela : que C et moi n’avons pu rien objectiver du film, rien retenir, ou conclure, de quoi nous pourrions être d’accord. Pour elle, le film est radicalement antipathique, ne fait que participer d’une civilisation dont l’humain ne cesse peu à peu de se retirer. Quant à moi il me semble que c’est le sujet, terrible et donc froid, mais que c’est bien le sujet traité par le film, donc que le film lui-même, et les personnages, échappent à une détermination radicale, qu’il reste donc tout de même une part d’humanité chez ces personnages, enfin plutôt dans au moins deux des personnages, la fille du médecin d’une part, et son agresseur d’autre part. Le fait que ce dernier soit sauvé, ou plutôt sauve sa peau in extremis, même si on ne peut dire qu’il s’agisse d’une happy end, loin s’en faut (d’ailleurs ce n’est pas sa peau qu’il sauve – même s’il parvient finalement à l’habiter -, et il a dû entre-temps se défaire d’une autre peau) le fait donc qu’il réagisse et rentre chez lui prouve que les personnages sont doués d’un libre-arbitre, que tout n’est pas déterminé chez eux par la maladie, le trouble, l’aliénation.
Toutefois j’ai bien l’impression que le sujet du simulacre, et comme un retour terrible du simulacre qui se venge d’humains pervertis par les images, est ce qui aiguillonne Almodovar ici. Ce n’est pas forcément bon signe. Mais c’est en prise sur son temps, une certaine prise.
Alors, quid de la perversion du chirurgien ? Quid de ce retournement de situation, de l’acharnement sadique à l’amour-phantasme ? Est-ce un abîme voulu de la part du cinéaste, trou noir sans véritable réponse, sans solution (de continuité), ou bien est-ce une dérobade, un évitement coupable, un signe que le madrilène s’est résolument mis de côté, comme se croyant peut-être dans l’arène face au taureau qui rue ? La perversion du personnage est à peine évoquée, ne semble même pas posée, et en tout cas ne pose pas problème. Comme d’habitude Almodovar est prolixe, et parfois (souvent, dans ses derniers films) c’est dommageable au film. Peut-être la construction du film n’est-elle pas maîtrisée (au contraire des premiers Straub, ou du Skolimowski – Ferdydurke - auxquels j’ai beaucoup pensé récemment). Le film est bancal c’est certain. Mais il me semble montrer que le mythe de Frankenstein est plus que jamais d’actualité, et qu’il est devenu partie intégrante de nos existences, par le biais des images, omniprésentes.
Les premières séquences font penser au Testament du docteur Mabuse (dont je n’ai vu que des photogrammes et quelques extraits), on songe aussi évidemment aux Yeux sans visage. La créature est retenue dans une immense pièce capitonnée, et observée à distance à travers des écrans de tailles variables, qui sont l’exacte reproduction de nos téléviseurs à écran plat : deux petits écrans dans la cuisine, et un écran géant dans la chambre du chirurgien, qui lui permet de rester des heures fasciné devant la reproduction par des pixels d’un corps lui-même factice, et d’ailleurs caché sous une combinaison moulante.
Quelque chose là me surprend beaucoup : dans le film précédent, Etreintes Brisées, l’écran était un Totem, une Idole vénérée et immaculée, tandis qu’ici la fascination exercée par l’image sur le personnage est d’emblée maladive, jalouse, dénotant par la mise en scène une relation au corps de l’autre dénaturée, voire contre-nature. Comment le même cinéaste peut-il envisager d’un film à l’autre la fascination des images d’un avis aussi radicalement contraire ? C’est ce que je ne parviens à m’expliquer, mais il est patent qu’Almodovar tourne toujours, depuis son film précédent, autour du même pot, et il me semble bien que ce dernier pourrait se nommer simulacre.
Ici, au tout début du film, la fascination benoîte et tranquille qui fait que le personnage, sitôt rentré chez lui, un verre à la main, saisit dans l’autre sa télécommande et allume un écran, cette fascination est à la fois perverse (il allume l’écran au lieu de passer dans la pièce à côté et de rejoindre la jeune-femme en chair et en os) et tout à fait banale (nous faisons tous le même geste, régulièrement, en rentrant du travail).
Nous reconnaissant à travers lui, pouvons-nous simplement juger ce type pervers, ou ne devons nous pas grincer des dents ? Pour ma part j’ai trouvé la séquence glaçante, et formidable. D’autant que l’image de la femme contemplée est un nu, et que cette nudité hésite, ou peut nous faire hésiter, entre une référence picturale classique, et une référence tout à fait contemporaine, et purement publicitaire (le corps éthéré, excitant mais frigide à la fois, de l’égérie publicitaire, particulièrement dans la réclame de parfumeur). Du reste, d’hésitation, il ne doit pas beaucoup y avoir. Il ne s’agit pas d’une satire. C’est plus franc, plus passionnel, plus ambigu aussi chez le madrilène ; mais il nous tend bien un miroir, un peu déformant peut-être, mais un miroir en lequel force est que nous nous voyions. Et le spectacle est glaçant : si nous en sommes là, c’est terrible.

Van Stratten

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Message par Invité Sam 28 Jan 2012 - 11:33

Comment traduire le titre espagnol : la peau que je hante ? Mais le film parle d'une autre peau que la sienne...

Alors qui est ce je : qui hante ma peau ?




je suis totalement en désaccord avec vous et d'ailleurs jamais d'accord ou peut s'en faut avec Adeline, en particulier ; ce film me semble être un des meilleurs Almodovar.

Laissons d'emblée l'argument pingre Eyquem qui fait à ce film- le procès de l'argent : parce que l'Espagne va mal ? A ce tarif, Kiarostami n'a pas le droit de tourner : j'exècre le malthusianisme.

Quant à la forme, les références au cinéma d'une certaine époque des Tourneur et Arnold est passionnante. L'opposition des lieux et leur composition - en tout premier l'hôtel particulier/clinique du chirurgien - me semblent réussies en ce qu'elles alimentent la dramaturgie, la resserrent... D'ailleurs aucune scène n'a son autonomie propre : toutes servent le scénario. La maillage serré de l'intrigue me semble être l'ancrage à partir duquel le baroque " de référence " du film peut se développer ( comment ne pas voir en Banderas, C. Grant gravir l'escalier avec son verre de lait dans Soupçons ? ).

Il souffle sur les lieux du film alternativement le chaud et le froid, sous une lumière souvent saturée, anti expressionniste au possible : l'ombre ne convient pas à un chirurgien dans l'exercice de sa profession ( et chez lui on ne sait pas trop s'il se détend, ou s'il travaille ; bref il se surmène et fume l'opium, comme Sherlock Holmes ). Voila pour le décor du film, obsessionnel, haut en relief ( Kubrick a fait de tels films ).


Sur le fond le rapprochement de la peau et des écrans, par l'entremise de cette enquête à la S.Holmes sur la création d'un personnage ( Frankensteinesque !) m'apparaît à la fois comme l'actualisation d'un mythe et la métaphore du cinéma lui même en ce que le spectateur bute sur les écrans comme on est en bute avec la peau qui nous contient.

Voila le titre : la peau qui me contient !


J'ajoute que j'adhère totalement ici, à la singularité et la sensibilité de la mise en scène d'Amodovar.

Belle fête païenne.

Impeccable.


ps j'ai été très sensible ici, outre à l'imagerie médicale, aux échelles de plans différentes dans le plan, comme celui récurrent ou Bandéras dans sa chambre ( ? ) zappe sur l'écran où s'inscrit le corps de la fille jusqu'à ce qu'il rétrécisse ( Arnold, L'homme qui rétrécit ) à la dimension de son visage à elle. Tout se dimensionne alors à l'aune de sa boîte crânienne. Sublime.

Ce n'est pas un film cerveau, c'est un film crânien.

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Message par Invité Sam 28 Jan 2012 - 17:08

lol


Adeline a écrit :

J'ai vraiment détesté les deux premiers tiers du film

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Message par Invité Sam 28 Jan 2012 - 17:13

moi aussi c'est une position de principe je déteste en permanence les deux premiers tiers.

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Message par Invité Sam 14 Avr 2012 - 17:45

changer de peau entre éthique et monstruosité, à l'américaine - et avec la resource de l'art omniprésent dans le film, pour son étude sur le gernre à laquelle croit intestablement Almodovar.

ce mélo où l'imaginaire médical tient le haut du pavé est gonflé à l'heure où tant de fictions combien plus fades sont déjà moins crédibles.

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Message par Invité Sam 14 Avr 2012 - 17:54

Almodovar est parvenu à évoluer à l'intérieur d'une Espagne taraudée par le monde médical et la différence de sexes et lui tenir la gragée haute : il y a du Quichotte dans l'entreprise !

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Message par Invité Sam 14 Avr 2012 - 18:00

mais d'où vient que ce film soit en même temps absurde et convaincant ?
d'où vient qu'il dépasse de beaucoup son objet propre ( son enveloppe, sa peau ) ?

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Message par Invité Sam 14 Avr 2012 - 18:00

sa peau de celluloïd ?

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Message par Invité Sam 14 Avr 2012 - 19:00

qui de l'art ou la science emballera la fiction - comme on emballe un corps ( ici nommément élément fictionnel centrifuge, d'un point a vers un point b ) est le dispositif symbolique et quasi-documentaire du film.

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Message par Invité Dim 15 Avr 2012 - 9:52

Almodovar comme Cronenberg fait se rencontrer le médical et le monstrueux, mais revitalisé chez le premier ou largué des amarres chez le second.

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