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In the air (Reitman)

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Message par Eyquem Dim 7 Fév 2010 - 0:37

Vu "In the air", avec Clooney.

Aussi naze que "Juno", aussi faux-cul.
Les critiques américains présentent ce cinéaste comme une espèce de satiriste qui aurait le don de mettre le doigt sur les sujets sensibles (l'avortement dans "Juno", la crise sociale ici), alors que toute son ambition, c'est juste de trouver le socle de la société américaine quand tout fout le camp. A tous les coups, c'est la famille, les enfants, et le retour aux vraies valeurs.

Quelle barbe.
Le métier de Clooney, c'est de virer les gens. Et vous croyez que c'est ça qui l'empêche de dormir ? Nan : c'est le fait que la fille qu'il met au lit entre deux avions lui ait caché qu'elle avait une famille. Le pauvre, on compatit et le coeur nous serre quand il s'éloigne dans le soleil couchant, sur son siège de Classe Affaires, comme un cow boy des temps modernes, voué à accomplir le sale boulot.

Je vous recommande le dernier quart d'heure. C'est du grand art. On vous apprend que la famille, y a rien de tel pour supporter la dure épreuve du chômage ; que les bras de votre mari sont plus réconfortants qu'un bon salaire ; que votre épouse est toujours là pour vous faire aller de l'avant, même quand les temps sont difficiles.
(parce que, n'est-ce pas, c'est bien connu que le chômage renforce les liens familiaux : c'est les pages Sociologie de Vanity Fair qui le disent, alors on peut le croire).
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Message par Le_comte Dim 7 Fév 2010 - 11:27

Pourtant, des étudiants en cinéma m'ont conseillé d'aller le voir. "C'est excellent", "tu vas a-d-o-r-e-r", "c'est vraiment bien ficelé, le cinéaste joue avec nos attentes, puis il retourne tout d'un coup, et ça fait pam". Bref, merci de m'épargner ça.

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Message par Eyquem Dim 7 Fév 2010 - 11:59

Salut Le Comte,

faudrait affiner ; j'y vais avec mes gros sabots. Mais globalement, ça donne ça.

De toute façon, y a un truc qui cloche dès le départ : c'est un film qui cherche à plaire à tout le monde, aux chômeurs et aux gens qui les ont virés ; qui cherche à les réconcilier sur la bonne vieille base des valeurs familiales.

Je ne sais pas comment ça a été tourné, mais un des principes du film, c'est de confronter Clooney à de "vrais gens" lors des séances de licenciement. He bien, ces vrais gens sont effrayants, à les entendre à la fin ululer sur le "home" et les liens sacrés du mariage.

Quand j'y repense, ce film est vraiment impossible...
Un autre exemple : tous les gens licenciés sont joués par des amateurs, on dirait. Ils vident leur sac, ils disent combien c'est dur, etc. Bon. Mais il y a un entretien qui dure plus que les autres : c'est celui au cours duquel Clooney convainc le type que son licenciement est une chance, parce qu'il va pouvoir se remettre à la cuisine, sa passion d'enfance, et pouvoir enfin trouver le bonheur dans son travail, se réaliser, inspirer respect et admiration à ses enfants par son courage, et blablabla. Du pur bullshit, vis-à-vis duquel le film ne prend aucune distance (à croire que le cinéaste endosse chacun de ces mots et croit dur comme fer à ce pipotage qui combine réussite professionnelle, accomplissement personnel, et flexibilité du marché du travail). Le type viré est convaincu, et c'est à peine s'il ne se jette pas au cou de Clooney pour le remercier de lui ouvrir les yeux sur le sens de la vie, comme s'il était devant un de ces foutus anges rédempteurs à la Frank Capra.
Croyez-le ou pas, mais cette scène-là est la seule jouée par un acteur professionnel - comme si le cinéaste, imbécile heureux mais futé jusqu'au bout des ongles, avait bien senti que ce dialogue ne passerait pas la rampe s'il était prononcé devant un acteur amateur, un type ayant vraiment connu le chômage.

Bref. Rolling Eyes


Dernière édition par Eyquem le Dim 7 Fév 2010 - 12:08, édité 1 fois
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Message par Borges Dim 7 Fév 2010 - 12:05

ce dialogue ne passerait pas la rampe s'il était prononcé devant un acteur amateur, un type ayant vraiment connu le chômage.

voilà un énoncé idéologique


Dernière édition par Borges le Dim 7 Fév 2010 - 13:08, édité 1 fois
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Message par Eyquem Dim 7 Fév 2010 - 12:14

En quel sens ?
Si tu précises, je verrai si je peux préciser à mon tour.


En attendant :
Il faut aussi dire quelque chose de la mise en scène de ces entretiens. Ce sont des champs-contrechamps basiques - mais je note que Clooney n'est jamais dans le même plan que les amateurs. (bref, c'est sans doute un simple jeu de montage, et les contrechamps "documentaires" ont dû être tournés en l'absence de Clooney, par une autre équipe, à un autre moment).

Autant dire que le film est incapable de tenir les deux en même temps, sur un même plan d'égalité : son espèce de fable humaniste où tout le monde s'en sort, dans le meilleur des mondes libéraux possible (ça c'est la fiction) et ses velléités de faire entendre le peuple américain à l'heure de la crise (le versant documentaire).

Quand je parle de la scène au-dessus, je veux dire que ce n'est pas étonnant que le rôle du type viré soit joué par un acteur professionnel à ce moment-là, parce que le discours de Clooney se dénoncerait comme un pur mensonge s'il était simplement confronté à un corps étranger à la fiction qu'il nous vend à ce moment-là. Le hiatus serait visible - et le but du film, c'est quand même de nous faire croire qu'il n'y a aucun hiatus et que la tirade de Clooney, selon laquelle la main invisible du marché est une main providentielle qui force chacun à prendre des risques et à s'accomplir personnellement, cette tirade-là doit paraître vraie et convaincante.
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Message par Borges Dim 7 Fév 2010 - 13:16

Eyquem a écrit:En quel sens ?
Si tu précises, je verrai si je peux préciser à mon tour.
.

cf "Moments politiques. Interventions, 1977-2009", Rancière

le texte sur la souffrance; y a pas de corps étranger à la fiction, pas même le corps souffrant; tout homme est acteur

(et bien des acteurs connaissent et vivent le chômage; pro ou pas pro)
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Message par Invité Jeu 6 Mai 2010 - 22:21

Eyquem a écrit:Vu "In the air", avec Clooney.

Aussi naze que "Juno", aussi faux-cul.
Les critiques américains présentent ce cinéaste comme une espèce de satiriste qui aurait le don de mettre le doigt sur les sujets sensibles (l'avortement dans "Juno", la crise sociale ici), alors que toute son ambition, c'est juste de trouver le socle de la société américaine quand tout fout le camp. A tous les coups, c'est la famille, les enfants, et le retour aux vraies valeurs.

Quelle barbe.
Le métier de Clooney, c'est de virer les gens. Et vous croyez que c'est ça qui l'empêche de dormir ? Nan : c'est le fait que la fille qu'il met au lit entre deux avions lui ait caché qu'elle avait une famille. Le pauvre, on compatit et le coeur nous serre quand il s'éloigne dans le soleil couchant, sur son siège de Classe Affaires, comme un cow boy des temps modernes, voué à accomplir le sale boulot.

Je vous recommande le dernier quart d'heure. C'est du grand art. On vous apprend que la famille, y a rien de tel pour supporter la dure épreuve du chômage ; que les bras de votre mari sont plus réconfortants qu'un bon salaire ; que votre épouse est toujours là pour vous faire aller de l'avant, même quand les temps sont difficiles.
(parce que, n'est-ce pas, c'est bien connu que le chômage renforce les liens familiaux : c'est les pages Sociologie de Vanity Fair qui le disent, alors on peut le croire).

Le comte a écrit:Trouvé cette interview du pote d'Eyquem, Jason Reitman, l'auteur de "Up in the air" :

"Son regard sur l'activité de son personnage principal n'apparaît nullement critique dans le film. L'intéressé confirme : "Les gens doivent être virés des entreprises ! Vous pensez que dès lors que vous êtes employé par une boîte vous êtes en droit de rester aussi longtemps que vous le souhaitez ? Ce n'est pas le rôle d'une entreprise de rendre les gens heureux. Son travail, c'est de faire de l'argent. Et mon propos n'est pas de porter un jugement sur les entreprises..."



http://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/01/26/jason-reitman-les-gens-doivent-etre-vires-des-entreprises_1296867_3476.html#ens_id=1285822

Eyquem a écrit:lol
Faut lire l'article en entier : c'est du lourd.
(merci pour le lien Le Comte)


Hello,

J'y pensais récemment, la dernière fois (et la première) où j'ai pris l'avion, lorsque j'ai vu cette chose impressionnante, toutes ces villes de haut, leur structure globale, lumineuse, et tentaculaire qui m'apparaissait ainsi pour la première fois :

"[..] The village is the place to which the roads tend, a sort of expansion of the highway, as a lake of a river. It is the body of which roads are the arms and legs,—a trivial or quadrivial place, the thoroughfare and ordinary of travellers. The word is from the Latin villa, which, together with via, a way, or more anciently ved and vella, Varro derives from veho, to carry, because the villa is the place to and from which things are carried. They who got their living by teaming were said vellaturam facere. Hence, too, apparently, the Latin word vilis and our vile; also villain. This suggests what kind of degeneracy villagers are liable to. They are wayworn by the travel that goes by and over them, without travelling themselves.

Some do not walk at all; others walk in the highways; a few walk across lots. Roads are made for horses and men of business. I do not travel in them much, comparatively, because I am not in a hurry to get to any tavern or grocery or livery-stable or depot to which they lead. I am a good horse to travel, but not from choice a roadster. The landscape-painter uses the figures of men to mark a road. He would not make that use of my figure. I walk out into a Nature such as the old prophets and poets, Manu, Moses, Homer, Chaucer, walked in. You may name it America, but it is not America: neither Americus Vespucius, nor Columbus, nor the rest were the discoverers of it. There is a truer account of it in mythology than in any history of America, so called, that I have seen. [..]"


C'est un extrait du "Walking" de HD Thoreau. On trouve, je crois, des résonances à ce passage étymologique dans un film de Farocki..

Je me demande si on pourrait pas partir de là pour évoquer ce film médiocre justement scandé par des vues d'avion de divers villes des USA où s'arrête Clooney. Sauf que depuis Thoreau, les "men of business" utilisent les autoroutes du ciel et non plus les routes. Le film semble incapable de se frayer un chemin entre la "dégénérescence" de la ville, de ses habitants cloués sur place à participer en boucle à la reproduction des schémas archaïques de la société (c'est tout le passage avec la sœur de Clooney qui se marie, le couple casanier qui se rêve faisant le tour du pays avec les photos des autres. Mais aussi ce travelling arrière exposant un Clooney seul et comme emprisonné dans la cellule d'un hôtel dans la ville, lieu qui n'est définitivement pas fait pour lui), et celle engendrée par les déplacements de "business" incessants et à grande vitesse (vivre pour accumuler des points sur ses cartes de fidélité, des pass pour les meilleurs hôtels, etc). Reitman est incapable de trouver un passage entre les deux parce qu'il est très certainement (au vu de l'entretien posté par Le_comte) foncièrement bien trop abruti par les deux types de "dégénérescences" pour en envisager, de quelque manière que ce soit, une quelconque sortie. …

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